Dernière réunion de l’instance de concertation MEN / associations d’élus
Suite au dernier remaniement ministériel je tenais à évoquer le départ de Pap N’Daye du Ministère de l’Éducation Nationale. Il ne m’appartient certainement pas de juger du bien fondé du remplacement ou non d’un ministre par tel ou tel, mais il me semblait cependant honnête de souligner le plaisir que j’ai eu à représenter l’Association des Petites Villes de France, dans l’instance de concertation qu’il avait mise en place avec les différentes associations d’élus depuis de nombreux mois.
Je n’aborderais évidemment dans ce billet que la nature des relations entre la « maison Éducation Nationale », les collectivités et leurs associations d’élus, non l’action engagée au sein du ministère que ce soit auprès des enseignants, des programmes ou encore de la gestion des examens, hors de notre périmètre de compétence.
L’instance de concertation mise en place par Pap n’Daye s’est réunie plus de cinq fois en quelques mois, alors que nous n’avions jamais rencontré son prédécesseur en cinq ans. Lors de chaque réunion de travail, nous disposions d’un Ministre à l’écoute, ouvert au dialogue, n’oubliant pas que l’éducation est une responsabilité partagée, notamment avec les collectivités.
Les échanges, toujours directs, portaient sur les problèmes concrets rencontrés dans nos territoires et des questions de fond peu abordées jusque là, notamment pour ce qui concerne les spécificités liées à l’école primaire : carte scolaire, problématiques des différents temps de vie des élèves dans une même journée scolaire, école inclusive et accompagnement du handicap, complémentarité nécessaire entre action de l’éducation nationale et des collectivités, numérique éducatif …
Nous avions la parole libre, parfois même libérée, pour aborder à la fois le quotidien et le fond des problématiques relatives à l’éducation et avancer comme sur la carte scolaire (avec sur ce dossier de véritables résultats notamment pour les collectivités rurales) ; à des années lumière des polémiques médiatiques et attaques politiciennes ou procès en « déconstruction du pays et de ses valeurs» instruits tant par l’extrême droite que d’autres politiques s’en rapprochant ( wokisme, décolonialisme, laïcité …) qui ont accompagné l’action de Pap N’Daye depuis l’origine.
Faut il rappeler l’état dans lequel son prédécesseur avait laissé l’éducation nationale et l’absence totale de dialogue et de respect minimum qui avaient prévalu toutes ces années avec les collectivités ?
Une situation critique qui a atteint son paroxysme lors de la crise sanitaire, véritable point de non retour. Le concept « d’école de la confiance’’ lancé alors par Jean-Michel Blanquer marquant de fait une vraie rupture avec les collectivités locales, reléguées au rôle de simples prestataires et devant s’adapter, trop souvent du jour au lendemain, aux décisions en mode descendant prises de manière unilatérale par le Ministre dont les relations avec le monde enseignant étaient également plus qu’altérées.
L’école de la confiance aux yeux de trop d’acteurs de la communauté éducative devenant de fait celle de la défiance.
Il fallait absolument apaiser, écouter, échanger, retisser pour pouvoir construire … Pap N’Daye incontestablement l’a fait et rétablit, pour ce qui concerne les collectivités, une confiance considérablement abimée par les cinq années de pratique solitaire et autoritaire du pouvoir de Jean Michel Blanquer.
Les associations d’élus au regard de l’importance de l’enjeu éducatif qui constitue une priorité absolue à laquelle les collectivités consacrent beaucoup de moyens humains, logistiques ou financiers, ont répondu positivement à l’invitation du Ministre de participer à une instance de concertation d’un format inédit allant des communes aux régions.
Configuration permettant d’aborder de manière globale et transversale, pour les collectivités (de l’école au lycée), l’éducation, au sens le plus large, et les problématiques rencontrées concrètement au quotidien sur le terrain
Au fil de nos réunions, des désaccords sont évidemment apparus, ont été exprimés, des propositions émises … J’aborderais dans un prochain billet les problématiques soulevées par les Petites Villes qui n’ont toujours pas eu à nos yeux de réponses satisfaisantes, faute de temps certainement, tant il est difficile de traiter du fond en quelques mois pour rattraper 5 ans d’absence totale de concertation. Faut il rappeler la force d’inertie du système éducatif au niveau de son administration centrale évoqué il y a quelques années par un ministre l’ayant comparé à un pachyderme disparu depuis ?
Pour le reste Pap N’Daye a t’il disposé réellement des marges de manœuvre nécessaires pour lancer de nouveaux chantiers ? A écouter le Président aborder directement et frontalement les questions éducatives, ici ou là, au fil de ses déplacements, il est permis d’en douter, sans même vouloir aborder le bien fondé ou nom d’un débat sur le port de l’uniforme ?
L’enjeu éducatif, essentiel, se doit de mobiliser de manière constructive toutes les énergies positives. Pour les collectivités, la question est de savoir comment contribuer utilement à relever un défi aussi majeur pour le devenir de notre société et sa cohésion que celui de l’Éducation, au sens le plus global ? Une problématique allant bien au delà des seules structures scolaires, surtout aujourd’hui.
Les évènements des dernières semaines soulignent l’urgence d’agir, certes sur les conséquences, mais surtout sur les causes. Chacun doit pouvoir trouver sa juste place comme citoyen (droits et devoirs). L’école de la république ne doit laisser personne au bord du chemin et renouer avec sa mission émancipatrice dans tous les territoires qu’ils soient métropolitains, urbains, péri urbains ou ruraux.
Bienvenue au nouveau ministre, nous espérons que Gabriel Attal poursuivra la concertation initiée avec les collectivités par son prédécesseur, qui en ce domaine a vériatblement ouvert la voie. Nous avons tant et tant à faire ensemble sur le fond et dans tous les territoires, il y a urgence.
Les associations d’élus sont prêtes à s’engager afin de relever ce défi commun tant l’éducation est une responsabilité partagée.
« L’école faisons là ensemble »