La cigale et la fourmi

Les Maires de l’Association des Petites Villes à Amboise

Retour sur les assises des Petites Villes de France qui se sont tenues à Amboise il y a quelques jours. Prévues initialement en juin, ce rendez vous annuel trés attendu des élus avait été reporté suite à la dissolution et à l’absence de ministres en titre.
En septembre, rien de nouveau sous le soleil d’Amboise, toujours pas de ministre et pour cause le pays fonctionne depuis juin sans gouvernement et à priori sans problème apparent ! Mieux la France a organisé durant l’intervalle des jeux olympiques et paralympiques qui feront date, marqué les esprits et enthousiasmé toute la planète, comme quoi !
Un esprit des jeux toujours présent à Amboise : absence de ministre, chaleur de l’accueil de Brice Ravier et de ses équipes, qualité des débats, douceur du Val de Loire, envie de prolonger quelque peu cette parenthèse enchantée avant un retour au réel risquant d’être brutal et incertain ? Sans doute un peu de tout cela …

Comment ne pas évoquer la colère légitime des élus suite aux déclarations provocantes de ministres démissionnaires n’ayant rien trouvé de mieux que de désigner les collectivités territoriales « co-responsables » de la dérive des finances publiques ?
Cette ituation paradoxale du pompier pyromane se plaignant de l’incendie qu’il a lui même provoqué me rappelle une fable de mon enfance écrite par Jean de La Fontaine : « la cigale et la fourmi ». Ces ex ministres feraient bien de méditer toute la portée, la profondeur et l’intérêt de la morale ayant bercé des générations d’écoliers de France et de Navarre … « La Cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue ».

Précision utile les maires, surtout ceux des petites villes, sont en mode « Fourmis By Design ». Ce mode gravé au plus profond de leur ADN provient sans doute du fait d’être confrontée directement, en toute saison, de jour comme de nuit, à la dure réalité du terrain et au monde réel, ce qui impose d’être dans l’action et le concret plutôt que dans les mots et promesses sans lendemain.
Conséquence, si certains de nos concitoyens s’interrogent sur l’utilité même d’un gouvernement et le prouvent régulièrement dans les urnes, à contrario ils ne doutent pas de celle de leur maire.
Ce dernier mandat municipal, totalement atypique, en constitue la meilleure illustration. La succession de crises inédites et majeures que les élus locaux ont du affronté et surmonté, toujours en première ligne, ne leur a jamais fait perdre pour autant la nécessité d’apporter des réponses concrètes, quotidiennes et durables aux besoins et urgences de leurs territoires comme aux détresses de celles et ceux qui y vivent. Ils ont ainsi pu préserver, contre vents et marées parfois, la cohésion du pays afin de « faire société ».
Nos collectivités, ces « petites républiques », ont tenu le pays quand d’autres le fracturaient. Ce ne fut pas sans douleur, tant ce mandat a constitué pour les maires et leurs équipes un véritable parcours du combattant : Covid, gilets jaunes, crise de l’énergie, inflation, violences urbaines, dissolution … Excusez du peu … Il a fallut non seulement assurer sur le terrain mais trop fréquemment assumer le S.A.V de décisions malheureuses prises au plus haut niveau.
Qui est cigale, qui est fourmi ?

Cette réalité indiscutable souligne le caractère totalement infondé d’attaques qui ne sont ni respectueuses, ni dignes, ni surtout justes. D’autant que ces ministres, au premier rang duquel Bruno Lemaire, n’auront au final tenu ni leurs promesses, ni le budget de la nation, se retrouvant dans l’incapacité de proposer des perspectives crédibles au pays et en étant sanctionnés durement dans les urnes !
Il est dommageable qu’au lieu d’assumer, ils ne trouvent rien de mieux que de chercher des boucs émissaires et désigner à la vindicte populaire les collectivités comme responsables de la dette publique ! Trop c’est trop, la coupe est pleine et la ficelle surtout un peu grosse …
Ce sont nos collectivités. de la région aux communes, en passant par les départements, aujourd’hui en grande difficulté financière, qui permettent au pays de tenir, d’avancer, d’investir, et qui assurent au quotidien la cohésion de territoires durement mise à l’épreuve, palliant lorsqu’il y a nécessité à l’absence de services publics ou d’investissement de l’état (réseau routier).
Contrairement au gouvernement rappelons que nos collectivités votent leur budget à l’équilibre chaque année, et lorsqu’elles empruntent le font, non pour boucler leur dépenses de fonctionnement mais bien pour investir et préparer leur territoire à affronter les transitions que nous rencontrons.
Qui est cigale, qui est fourmi ?

Ce mauvais procès dessert d’autant plus le débat démocratique et le pays que gouvernement et collectivités ont destins liés. Ils représentent tous deux la république auprès des citoyens et sont les deux faces de l’action publique.

Les maires des petites villes ne demandent que peu de choses : transparence, prévisibilité, confiance et respect … Ce contrat qu’ils appellent de leurs voeux depuis tant d’années leur permettra simplement d’être en capacité d’agir au service de leurs concitoyens, d’accomplir leur missions quotidiennes, notamment celles que l’état n’assurent plus, ou de moins en moins, de répondre aux urgences et catastrophes, au sentiment d’abandon d’habitants déboussolés, désorientées, qu’il faut rassurer et soutenir. Sans oublier l’impératif de travailler la résilience de leurs territoires afin de les préparer aux transitions majeures auxquels ils sont confrontés !

Dix huit mois nous sépare des prochaines élections municipales, six petites années seulement de 2030 et de ses objectifs pour la planète, alors qu’il reste tant et tant à faire ! Le compte à rebours est désormais enclenché dans un contexte politique et budgétaire incertain, plus que délicat, complexe voir même explosif.
Nous aurons besoin n’en déplaise à la Cour des Comptes, de faire corps et de l’alliance de toutes les énergies positives et constructives pour agir dans chaque territoire, y compris et surtout pour soutenir l’action de celles et ceux qui en première ligne donne consistance et sens à l’action publique.
Il est urgent et vital d’être présent dans toutes les communes, sans exclusives, de l’hexagone et au delà, je pense évidemment à nos amis des DOM TOM, surtout les territoires les plus délaissés, là où à chaque élection les votes témoignent d’un sentiment d’abandon d’habitants qu’il serait bon de ne plus mépriser afin d’être en capacité de surmonter, ensemble, les crises politique, sociale, citoyenne, budgétaire, démographique, climatique que nous traversons.

Les élus locaux en ont pleinement conscience, c’est pourquoi ils s’adressent chaque jour à l’essentiel laissant de coté l’accessoire, ils portent avec d’autres, mais eux en première ligne, le « vivre ensemble », patrimoine commun fragile qu’il nous faut savoir préserver et protéger

Le nouveau gouvernement serait bien inspiré de suivre cet exemple et de faire preuve d’esprit de responsabilité, ce serait nouveau, bienvenue et pour tout dire, à la hauteur de la situation que connait notre pays aujourd’hui.

De devenir quelque peu fourmi

Ces valeurs qui font république

La république est une responsabilité partagée qui engage et nécessite de rassembler au lieu de cliver, provoquer, exclure et fracturer. Ses valeurs nous rappellent d’où nous venons, qui nous sommes, vers où nous allons et constituent un ciment fédérateur qui nous unit et fait société, dans le respect absolu de nos différences : genre, couleur de peau, origine et statut social, opinions politiques ou religieuses, ou orientations sexuelles …
Des mots qui prennent aujourd’hui une nouvelle dimension eu égard aux conséquences dramatiques pour notre pays d’une dissolution totalement irresponsable devant la montée du vote RN lors du scrutin européen.

Les élections du 30 juin et du 7 juillet sont, à bien des titres, déterminantes. Elles obligent non seulement les électeurs, mais également les dirigeants des organisations politiques du pays ; chacun doit se montrer dignes de ce rendez-vous républicain et faire preuve de discernement comme d’esprit de responsabilité dans ses choix.
Faut-il rappeler le discrédit actuel de la politique nationale auprès de nos concitoyens ? Un discrédit provoqué notamment par l’attitude de certains députés qui ont donné de l’Assemblée nationale une image lamentable et désastreuse abimant durablement la démocratie aux yeux de l’opinion publique.

Je constate malheureusement que cet esprit de responsabilité n’a pas prévalu dans de trop nombreux cas de désignation, dont celui de la 6eme circonscription de Seine et Marne.
Nous ne saurons être les otages de choix irresponsables, négociées par des dirigeants qui ne respectent ni les électeurs, ni les valeurs qui font république. Ils nuisent à l’engagement légitime de militants sincères et investis qui représentent avec honneur et dignité sur le terrain les forces de progrès.

Homme de gauche, élu de terrain, j’ai toujours placé les valeurs au premier rang de mes engagements et de mes responsabilités.
Comme beaucoup d’élus locaux, mon quotidien est d’œuvrer pour réconcilier nos concitoyens de toutes générations avec les principes républicains et de laïcité qui fondent le vivre ensemble.
En qualité de Maire, je m’honore de travailler tous les jours avec les pompiers et les forces de police qui représentent l’état de droit, contribuent à la cohésion de nos territoires, à la tranquillité de nos quartiers et protègent celles et ceux qui y vivent.  

Fidèle à mes engagements de toujours, en cohérence avec mes valeurs et la volonté de défendre le vivre ensemble dont nous avons tant et tant besoin aujourd’hui, afin de faire barrage et obstacle au Rassemblement National, je voterais en responsabilité dès le 1er tour pour Régis Sarazin, élu de terrain, homme d’ouverture et de dialogue, ne me reconnaissant pas dans d’autres candidatures aux valeurs contraires à ce que je suis.

La situation particulière de cette circonscription n’est heureusement pas représentative du pays, où d’autres candidatures méritent respect et considération eu égard à l’engagement politique et à la qualité des candidat(e)s en lice, porteurs d’une véritable espérance pour la France.

Projet Suez « Valorpole » : faire appel à l’intelligence collective

Le site remarquable du Grand Voyeux, réserve naturelle régionale, joyau écologique


Le Préfet de Seine et Marne vient de prendre l’arrête d’exploitation autorisant la société Suez à lancer son projet de développement d’activités sur le site d’Isle les Meldeuses (Valorpole).
Cette décision, lourde de conséquences, marque une nouvelle étape dans ce dossier (voir note précédente) et nous amène à interpeller désormais l’état, y compris s’il nous semble essentiel de privilégier un dialogue républicain constructif et responsable en faisant appel au bon sens et au dialogue, d’autant que la position que nous défendons depuis le début est équilibrée.
Si nous ne nous positionnons pas, pour ou contre ce projet industriel, il nous semble cependant de notre responsabilité d’élu local d’exiger une totale transparence sur ses conséquences éventuelles. C’est le moins que nous devons à nos habitants, actuels et à venir. Sera t’il source de nuisances potentielles pour nos concitoyens, de nouvelles contraintes sur les mobilités quotidiennes de nos habitants et de nos entreprises, menace t’il l’intégrité de sites naturels qui constituent non seulement des atouts essentiels de notre territoire, mais un patrimoine naturel précieux et fragile auquel nous tenons pour le présent et le futur ?

Je me refuse à signer un chèque en blanc pour un projet auquel nous n’avons été ni associés, ni concertés, et sur lequel subsiste trop de zones d’ombres et de non réponses aux observations argumentées émises lors de l’enquête publique, alors qu’il concerne directement nos communes et risque de menacer l’intégrité même de sites écologiques et environnementaux majeurs.
Nous dénonçons l’absence des études d’impact préalables indispensables. Aux yeux des élus locaux, il y a, à priori deux poids, deux mesures entre ce que l’état exige de nos collectivités pour tout aménagement urbain d’ampleur et ce qu’il ne demande pas aux industriels pour un projet d’une telle dimension, c’est absolument inacceptable.
A titre plus personnel, j’estime qu’il y a également deux poids, deux mesures entre le nord de la Seine et Marne et les territoires dits du Grand Paris. Je rappelle que l’essentiel des déchets « traités » à Isles les meldeuses, avant d’être « déversés » sur le site, traverseront toute l’Ile de France, bonjour les émissions de Co2. La vocation de la Seine-et-Marne n’est pas de devenir la décharge du Grand Paris, notre département a bien d’autres atouts à faire valoir et il me semble que la loi impose à chaque territoire de s’occuper de ses déchets
Plus inquiétant encore, la durée d’exploitation étant d’une trentaine d’années le projet « Valorpôle » de Suez impactera durablement notre région, sans compter toutes les années qui seront nécessaires à une éventuelle « remise en état » du site, qui au regard du dimensionnement actuel du projet m’apparait pour le moins hypothétique.

Voilà en substance ce que j’ai indiqué au Préfet de Seine et Marne lors du long entretien qu’il a eu l’amabilité de m’accorder en décembre dernier.

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2024, année paralympique

La séquence des vœux touche à sa fin. Constat évident, le contexte général (réchauffement climatique, guerre d’Ukraine, conflit israélo palestinien, situation politique nationale) pèse incontestablement sur l’état d’esprit de nos concitoyens et ne prête pas à un optimisme béat, loin s’en faut.
Cependant le rôle d’un élu de ces territoires trop souvent oubliés et laisser pour compte, loin des démagogies de tout ordre, est d’ouvrir des perspectives afin d’élargir le champ des possibles et faire que demain soit mieux qu’hier. C’est tout le sens de notre action, elle nécessite d’être à la fois mobilisé, constructif et positif
Le #aquabonisme ou le «#YaKaFautKon sont de fait des non réponses face aux défis que nous devons surmonter. Des attitudes qui ne datent pas d’hier si l’on en croit ce célèbre dramaturge anglais : « le sage ne s’afflige jamais des maux présents, mais emploie le présent pour les régler et en prévenir d’autres. » … Plutôt que se limiter au constat ou au commentaire et subir, mieux vaut agir sur les causes et se confronter directement aux problèmes rencontrés en tentant d’y apporter les réponses les plus adaptées.

Notre feuille de route 2023 était simple : retrouver les marges de manœuvre perdues afin d’être, de nouveau, en capacité d’agir pour nos concitoyens. Tenir le cap avait été effectivement très difficile en 2022 et mis nos budgets à rude épreuve. C’est pourquoi nous avons abordé 2023 avec la plus grande vigilance. Heureusement les nuages se sont dissipés au fil de l’année et les objectifs tenus.
Non seulement la feuille de route initiale a été respecté mais nous avons amélioré concrètement le quotidien des trilportais. J’en veux pour illustration, deux nouveaux services plébiscités par les habitants :
– L’instruction des demandes de passeports et cartes nationales d’identité. Nos concitoyens pour obtenir ces documents essentiels à la vie quotidienne n’ont plus à accomplir le parcours du combattant d’auparavant …
– La création de l’Action Seniors, un service d’animation dédié à nos ainés.

Rappelons que la dimension humaine, au cœur de tout projet politique est essentielle et dans toute sa plénitude. « Si les maisons font la ville, les citoyens font la cité ». Faire société nécessite de produire du commun et du partagé.
Nous pourrons cependant dans les prochaines années considérer 2023 comme une année déterminante pour ce territoire, du fait de deux avancées essentielles pour son devenir :

  • L ‘inscription de la déviation de Trilport au prochain Schéma Directeur de la Région Ile de France. J’avais proposé au Président du département, Jean-François Parigi, d’étudier la réalisation d’un contournement destiné à dérouter les poids lourds du centre-ville tout en améliorant la fluidité du trafic traversant la commune. Le département a fait de notre proposition une de ses priorités auprès du Conseil régional ;
  • La signature du Contrat de plan Etat région 2023-2027 inclut l’électrification de la ligne Trilport / la ferté Milon. C’est une magnifique victoire pour les usagers du Pays de Meaux et du Pays de l’Ourcq qui concrétise à titre personnel 20 ans de mobilisation avec les collectifs d’usagers (association AOUT, Collectif de La Ferté Milon de la Ligne P, Collectif Paris Château Thierry) et le soutien d’un nombre croissant d’élus nous rejoignant au fil des ans.

Rappelons à celles et ceux qui font la fine bouche aujourd’hui et n’ont jamais brillé dans le passé par leur mobilisation sur ces deux sujets, que ces formidables nouvelles démontrent que les seuls combats perdus sont ceux que l’on ne mène pas et que rien ne vaut l’alliance des acteurs du terrain pour défendre des territoires trop souvent oubliés.

Quelles perspectives pour 2024 ?

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Electrification de Trilport / La Ferté Milon, #gameisover …

Le message de Jean François Parigi, Président du Conseil Départemental de Seine et Marne confirmant l’adoption dans le cadre du protocole d’accord entre l’Etat et la Région Ile de France de l’électrification de la ligne Trilport / La Ferté Milon est une belle annonce et une magnifique victoire pour nos territoires.
C’est la démonstration par l’exemple que les seuls combats perdus, sont ceux que l’on ne mène pas et que rien ne vaut le travail collectif et la coalition des énergies.
A titre plus personnel, c’est la concrétisation de plus de 20 ans d’engagements sur ce dossier mené notamment avec les différents Collectifs d’usagers et le soutien de plus en plus d’élus au fil des années.
Je tiens à saluer le travail de Jean François Parigi, celui de Valérie Pécresse et remercier le ministre des transports Clément Beaune pour son écoute bienveillante.

Notre rôle en tant qu’acteur de territoire oubliés, loin des démagogies de tout ordre, est d’agir, travailler, y compris dans l’ombre, afin d’apporter des solutions et faire avancer nos dossiers pas à pas. C’est ainsi que nous ouvrirons de nouvelles perspectives, élargirons le champ des possibles de nos concitoyens. Nous ne pouvons le faire qu’ensemble car rien ne vaut le travail d’équipe.

C’est ainsi que nous améliorerons le présent, tout en préparant l’avenir. C’est la seule méthode pour réconcilier nos concitoyens avec la Politique …  Là est l’essentiel, là est bien l’urgence.

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Ligne P, travaux : la question de l’acceptabilité sociale est posée

De janvier à juin 2024, le quotidien des usagers de la ligne P en soirée : bus de substitution

Quoi de neuf sur la ligne P ? Rien de très enthousiasmant, les conditions de transport quotidiennes des usagers sont toujours aussi dégradées et tristes que la météo pluvieuse de novembre et décembre : retards, annulations, travaux, bus de substitution …

Pour ce qui concerne l’électrification, le travail de fond se poursuit, inlassablement, à bas bruit. Il nous faut encore et toujours argumenter pour faire évoluer les positions des uns et des autres dans le bon sens. Travail partagé désormais avec le département et la Région, tant la réussite de la mobilisation de Trilport du 14 octobre dernier a souligné la dimension emblématique et symbolique de l’électrification Trilport / La Ferté Milon.
Le rôle d’un élu, c’est aussi et surtout cela, contrairement à ce que beaucoup pensent. Rien ne tombe tout seul du ciel, aucun ruissellement. ici. Il faut simplement ne jamais rien lâcher, multiplier prises de contacts et rencontres, repérer les obstacles à lever un à un, rechercher les partenariats, alliances ou subventions éventuels, argumenter et convaincre, toujours et encore convaincre, en privilégiant une logique, « gagnant / gagnant », voilà le job …
Des dernières semaines riches en échanges de tout ordre et au plus haut niveau (jusqu’à la Première Ministre) … J’ai le sentiment qu’enfin les lignes bougent. Le projet d’électrification de la ligne Trilport / La Ferté Milon a avancé comme jamais en 2023, y compris si les planètes ne sont pas encore tout à fait alignées …

C’est ce que je crois lire en creux dans la réponse de Clément Beaune suite aux échanges que nous avons eu ces derniers mois (voir plus loin). J’avais rencontré le ministre des Transports lors de sa venue à Meaux en février dernier, puis quelques semaines après, dans le cadre d’une audience accordée à une délégation de l’Association des Petites Villes de France à laquelle je participais en qualité de Vice-Président. J’y avais évoqué les relations « difficiles » entre collectivités et SNCF Réseau et l’absence totale de concertation sur l’échéancier, la priorisation et l’intensité des travaux décidés par le gestionnaire d’infrastructure ferroviaire français.
L’ampleur des contraintes liées à ces multiples travaux provoque l’exaspération croissante et légitime d’usagers confrontés à une dégradation continue de leurs conditions de transport, notamment en Ile de France. Contexte qui altère durement et en profondeur la vie sociale, professionnelle et familiale de chaque famille, surtout de celles vivant dans la grande couronne.

En matière de travaux en Ile-de-France (70 % de la circulation nationale de la SNCF) 2023 constitue une véritable « annus horribilis » : jamais autant de travaux en si peu de temps n’avaient été lancé.
Si le déraillement mortel de Brétigny-sur-Orge, il y a un peu plus de dix ans, a provoqué un électro choc salutaire, il a fallu cependant patienter plusieurs années avant la montée en puissance d’une rénovation du réseau que nous attendions depuis longtemps et dont personne ne conteste l’urgence après plus de 30 ans de sous-investissement sur les trains du quotidien au profit des lignes à grande vitesse.
A ces travaux de rénovation indispensables à la sécurité des voyageurs et l’efficience de nos mobilités, s’ajoutent toute une succession de chantiers impactant directement l’ensemble du réseau francilien : Grand Paris Express (4 nouvelles lignes, 68 gares, 200 km de voies, CDG express (8 km de voies nouvelles), prolongement du RER E à l’ouest (55 km de voies nouvelles et rénovées), infrastructures liées aux JO et JOP d’été de Paris 2024 …

Pour les usagers de la grande couronne, aujourd’hui c’est triple peine :
– Dégradation continue et croissante de conditions de transport pourtant déjà pas fameuses initialement, loin s’en faut ;
– Les améliorations porteront principalement sur la petite couronne. Aucune perspective d’amélioration ne concernant la desserte de la Grande couronne, pourtant la plus sinistrée. Deux exemples, la priorité donnée au CDG Express (35 000 passagers / jour) vis-à-vis du million d’usagers du RER B ou l’absence de réponse officielle du gouvernement sur l’électrification Trilport / la Ferté Milon …
– L’impact sur la vie sociale devient de plus en plus prégnant et intolérable avec la disparition des trains en soirée remplacée par des bus de substitution. La situation dégradée est désormais la norme ;

La question de l’acceptabilité sociale se pose et se doit d’être considérée désormais comme un enjeu majeur, sinon un préalable. Elle est de plus en plus présente face à l’absence de perspective d’amélioration proche, à la dégradation continue des conditions de transports du quotidien, et à l’impact sur la vie sociale notamment des jeunes générations ne pouvant plus se rendre sur Paris en soirée …
Je l’ai rappelé aux représentants de SNCF Réseau, d’Ile de France Mobilités et du Transilien lors de notre dernière réunion, soutenu par les associations d’usagers et les autres élus participants à cette réunion.

Ces contraintes influent directement sur le moral des habitants de nos territoires qui se sentent oubliés et relégués. N’oublions jamais les conséquences de tel ressentis dans les urnes.
Un sondage d’Odoxa publié le 12 novembre souligne cette dégradation. En Ile de France près d’un habitant sur deux (44 %) considère que l’accueil des Jeux Olympiques est une mauvaise chose (ils n’étaient que 22 % à exprimer cette opinion en septembre 2021), l’essentiel de l’inquiétude (81%) provenant principalement de la problématique «mobilités » ; or la feuille de route des travaux planifiés par SNCF Réseau jusqu’à l’été risque fort d’amplifier ce désamour croissant.
Il devient urgent d’aborder, frontalement si nécessaire, avec SNCF Réseau la séquence qui suivra les Jeux Olympiques et Paralympiques, qui se doivent être une belle fête populaire, afin d’alléger le poids et la pression des contraintes quotidiennes subies par les usagers.

Les arbitrages effectués ne peuvent plus se limiter aux seuls critères et priorités techniques mais tenir compte des conséquences sociales plus que déstabilisatrices qui y sont liées.
Les élus des territoires exigent d’être entendus sur ce point : la question de l’acceptabilité sociale doit être au cœur d’une véritable concertation entre SNCF Réseau, opérateurs et territoires.

Eléments de réponse du ministre des Transports, Clément Beaune aux demandes exprimées par le Maire de Trilport

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