Les rencontres nationales de la communication numérique, organisées chaque année à Issy les Moulineaux au siège de Microsoft, rassemblent les acteurs de la communication publique qui grâce aux conférences, retours d’expérience, ateliers organisés, ont l’occasion d’enrichir leur palette. Ils complètent ainsi leur boîte à outils, découvrent les dernières innovations et échangent également sur les problématiques de fond liées à un domaine en effervescence quasi permanente. Base line de la manifestation : « La communication publique est un service public » …
Au menu de cette 8eme édition, les thématiques correspondant à l’actualité du moment : ouverture des données publiques, protection des données personnelles, Big Data, et plus surprenant, la place de l’Ethique dans la mutation digitale de notre société.
J’ai participé à une table ronde consacrée « à la place de l’éthique dans les pratiques numériques ». La ville de Trilport étant effectivement une des premières collectivités à avoir noué un partenariat avec la société Qwant qui a fait de cette valeur un véritable marqueur et son cheval de bataille principal.
Satisfaction personnelle, l’annonce faite par lssy les Moulineaux de la signature d’un partenariat similaire à celui que nous avions noué l’an dernier avec Qwant. Le mouvement initié prend ainsi au fil des mois de plus en plus d’ampleur, y compris auprès d’une ville aussi emblématique dans le domaine du numérique qu’Issy les Moulineaux !
C’est peu de dire que nous n’avons pourtant pas les mêmes moyens financiers, humains ou logistiques !
Pourquoi la volonté de se préoccuper d’éthique devient elle aussi essentielle aujourd’hui dans une société de plus en plus numérique ?
Société de la confiance ou de la défiance?
Depuis l’affaire Snowden, il n’est plus possible d’aborder le numérique comme auparavant, tant le problème du respect de la démocratie et des libertés individuelles doit désormais constitué un préalable.
D’autant que la situation est loin de s’être améliorée depuis : fake news, cyber attaques, multiples failles de plusieurs réseaux sociaux, fuite de données personnelles, avec pour point d’orgue le scandale « Cambridge Analytica » qui a démontré l’incidence que les algorithmes peuvent avoir sur le déroulement d’élections démocratiques, y compris dans le pays le plus puissant au monde… Excuser du peu …
La problématique est simple, voir limpide. Comment bâtir une démocratie numérique de la confiance et non de la défiance ou de la méfiance généralisée ?
Dans ce contexte, le Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD), adopté au niveau européen, arrive à point nommé pour rappeler à la planète la priorité absolue de protéger les données personnelles.
Le moteur de recherche clé de voute ou cheval de Troie ?
Soulignons les spécificités de ce qu’est un moteur de recherche. Il constitue par nature la plate forme numérique la plus intime, et potentiellement également la plus intrusive. Collectant les données qui accompagnent tous les actes de la vie quotidienne (achats, voyages, loisirs, moeurs, opinions personnelles qu’elles soient cultuelles ou politique … ), il est en capacité de les stocker, modéliser, analyser pour mieux les agréger ensuite et les traiter de manière soit globale, soit individualisée, pouvant même à partir des techniques du Big Data et de l’Intelligence Artificielles, développer des capacités prédictives …
Ce positionnement clé a fait de Google l’hydre tentaculaire hégémonique que nous connaissons aujourd’hui ; à des années lumière de la jeune pousse sympathique créée par deux étudiants de Standford d’une vingtaine d’années en 1995 …
Le moteur de recherche américain a tissé depuis une véritable toile d’araignée dont la vocation unique est de collecter le maximum de données concernant chacun de ses utilisateurs. Pour atteindre cet objectif, la société de Moutain view a développé une galaxie d’applications lui permettant de multiplier des points de contacts tout azimuts et d’alimenter ainsi sa gigantesque base de données. Une stratégie omnicanal, toutes les données collectées convergeant vers le « réacteur du système ».
Tim Cook, le CEO d’Apple qui milite pour étendre la protection des données aux USA a récemment dénoncé cette situation : « chaque jour, les données de millions de personnes sont collectées, assemblées, traitées afin de définir des profils en ligne. Des algorithmes transforment des préférences inoffensives en préjugés durcis ».
« Savoir se rendre indispensable à chacun, dans tous les actes de sa vie quotidienne, le plus simplement, le plus directement possible et où que l’on soit et qui que l’on soit » est devenue la seconde nature des entreprises des GAFA (Google, Apple, Facebbok, Amazon).
Elles sont ainsi parfaitement placées pour connaître habitudes et préférences et proposer directement à ses utilisateurs ce qu’ils souhaitent y compris intimement ; toutes développant des services qui dépassent leur coeur de métier initial et qui ont vocation à étendre leur toile d’araignées et à vous accompagner partout.
« Les gens sont heureux ils obtiennent ce qu’ils veulent, et ils ne veulent jamais ce qu’ils ne peuvent obtenir. »
Le meilleur des mondes / Aldous Huxley
L’envers du décor est cependant beaucoup plus sombre. S’il n’y a pas de modèle unique de moteur de recherche, excepté dans les pays totalitaires, ou les requêtes des citoyens sont pour le moins « cadrées » et « filtrées », Google représente cependant aujourd’hui 93 % du marché européen.
Ce quasi monopole constitue un risque économique du fait d’une position ultra dominante, politique au niveau de la souveraineté et de la sécurité des données collectées, mais également éthique, tant Google est loin d’être exemplaire en ce domaine …
Rappelons que la société a travaillé sur un projet de moteur de recherche « autorisé » en Chine : « Project Dragonfly », qui n’a pu se développer pour des raisons internes (opposition des salariés), chacun connait également le soin que les GAFA apportent au respect de la vie privée, aux données individuelles comme aux règles fiscales nationales et européennes.
Il est donc nécessaire d’encourager et d’accompagner des alternatives lorsqu’elles existent, y compris si le combat semble perdu d’avance ; mais les combats perdus ne sont ils pas ceux que l’on ne mènent pas ?
Avec Qwant « Essayez un autre monde »
Une des alternatives les plus intéressantes aujourd’hui est incontestablement le moteur de recherche français Qwant. Ce qui explique le partenariat que nous avons signé avec cette société l’an dernier, notamment du fait de son positionnement remarquable sur les questions liées à l’éducation des jeunes publics et aux règles éthiques qu’elle s’applique.
Créé en France en 2013, la jeune pousse française met depuis les bouchées doubles : accord avec la Fondation Mozilla, lancement de Qwant junior et des applications mobiles pour Android et iOS, levée de fonds de près de 20 millions d’euros auprès de la Caisse des dépôts et d’Axel Springer le plus grand groupe de presse allemand, le moteur de recherche soutenu par la Commission Européenne a été adopté il y a quelques semaines par l’Assemblée Nationale.
Sa fréquentation ne cesse de progresser : de 3,5 millions de visites mensuelles à son lancement, à presque 60 millions de visites et 32 millions de visiteurs en Europe en 2018 contre seulement 8 millions fin 2015. Qwant a géré plus de 9,8 milliards de requêtes en 2017. C’est certes une goutte d’eau par rapport à Google, mais cela commence à devenir significatif.
Qwant dispose de trois atouts majeurs pour ses utilisateurs :
- Son modèle économique : qui n’est pas basé sur le profilage, l’analyse des cookies ou la conservation de l’historique des recherches. La société gagne de l’argent grâce à un système de liens sponsorisés et de partenariats avec des plateformes de e-Commerce.
- Le respect de la vie privée : Qwant ignore qui vous êtes et ce que vous faites, c’est votre vie privée. Le moteur de recherche ne garde rien en mémoire et n’exploite aucune donnée personnelle à des fins publicitaires ou de profilage, contrairement à Google ; aucun cookie de traçage n’est déposé sur votre navigateur. Une recherche n’est ni stockée sur le serveur, ni associée à un profil pour être réutilisée à des fins publicitaires, celle-ci est immédiatement anonymisée car dissociée de votre adresse IP, en conformité avec les préconisations de la CNIL.
- La neutralité : Les algorithmes de classement sont appliqués partout et pour tous les utilisateurs, sans avantager certains sites ou en pénaliser d’autres, que ce soit pour des motifs commerciaux, politiques ou moraux. Qwant respecte une totale neutralité, sans discrimination, ni modification de l’ordre des résultats en fonction de ses intérêts commerciaux ou des sensibilités de l’utilisateur.
Six points clés permettent de respecter ces trois priorités : aucun cookie, aucun historique de recherche, des requêtes et adresses IP chiffrées, des serveurs sécurisés et localisés en France, l’application du droit à l’oubli.
Protéger donnés et utilisateur, innover et grandir
Le panel de services proposé ne cesse de s’étendre, outre Qwant Junior qui s’impose dans les écoles et collèges, la société française a lancé Qwant Music, moteur de recherches dédié, doublé « d’outils technologiques innovants » créés par l’Institut de recherche et coordination acoustique musique (Ircam), et depuis peu avec le soutien de l’association Villes Internet un portail spécialisé pour les collectivités et les élus #Elunum
La société développe également des solutions autour de la cartographie, se positionne dans le domaine de la voiture connectée et noue de nouveaux partenariats avec divers partenaires, tant institutionnels que technologiques, lui permettant de se positionner sur de nouveaux créneaux, en complémentarité : assistants vocaux, clouds, sécurité, objets connectés …
Une stratégie agile, et à priori habile au regard des résultats déjà obtenus qui se veut à la fois généraliste et spécialisée, par une politique de niche.
Un constat, depuis son origine Qwant anticipe des tendances sociétales de fond, mais ne sommes nous pas dans le monde de l’intelligence prédictive pour lequel manifestement la société française a quelque pré-dispositions.
En outre, Qwant assume des positions volontaristes dans les débats de société actuels autour de la sécurité, du respect des données et de la « Privacy », autant de prises de position dignes d’intérêt, aux antipodes de celles défendues aujourd’hui par Google.