14 juillet singulier …
Cette cérémonie solennelle et intemporelle, qui chaque 14 juillet depuis 1789 célèbre la prise de la Basteille revêt cette année une saveur toute particulière. Nous fêtons pour l’occasion, notre ville et son histoire, en rendant hommage au plus illustre de ses enfants, le Vicomte Ponton d’Amecourt : Numismate, archéologue, savant, connu dans le monde entier par son invention, l’hélicoptère, mais aussi Maire de Trilport.
Une ville est avant tout une communauté de vie qui s’honore lorsqu’elle retrouve la mémoire … C’est au nom de ce devoir de mémoire que le Conseil Municipal a décidé de donner le nom de « Gustave Ponton d’Amecourt, père de l’hélicoptère » au parc municipal. Lieu symbolique pour la famille Ponton d’Amecourt et notre commune. Ce parc était en effet leur demeure familiale et constitue aujourd’hui un poumon vert de Trilport qui accueille nombre d’évènements festifs et populaires…
Aux trois valeurs républicaines qui se sont propagées sur la planète comme autant de graines d’espoir, semées au fil de l’histoire et de l’évolution du monde et des hommes, nous voulons mettre en avant en ce jour, deux autres valeurs auxquelles nous croyons : fidélité et respect …
Fidélité à notre histoire commune et respect pour les jommes qui l’ont porté, avec leurs joies, leurs peines et leurs contradictions quelquefois…
Il peut paraitre paradoxal, que le petit fils d’anarchistes espagnols que je suis fête aujourd’hui cet aristocrate légitimiste. Certes je n’appartiens pas à sa famille de pensée politique, et de loin, la belle affaire, est ce là l’essentiel ?
J’ai oeuvré pour que cette commémoration se déroule par respect et devoir de mémoire. L’histoire est un filtre fédérateur qui permet avec sérénité et sagesse de s’éloigner du tumulte des passions et de séparer le bon grain de l’ivraie … Qu’on le veuille ou non, et de la manière la plus incontestable qui soit, Gustave Ponton d’Amecourt a marqué durablement et positivement, son époque, ses contemporains, ce territoire et Trilport …
IL est bon de se rémémorer que si Paul Cornu s’est envolé le 13 novembre 1907 à bord d’un hélicoptère de sa fabrication pour atteindre l’altitude de 1,5 mètres, c’est bien à l’invention de ce Trilportais qu’il le doit.
Il conçu en 1861 un appareil en acier mu par un mouvement d’horlogerie et se soutenant dans l’espace sans le secours d’un gaz plus léger que l’air, grâce à deux hélices sustentatrices qu’il dénomma « Hélicoptère ». Déposant le brevet à Londres sous le nom de « helicoptere ».
Ponton d’Amecourt était de ces aventuriers qui ont inspiré tant de romans de Jules Verne.; avec son ami Nadar (le Michel Ardan de Robur le Conquérant) n’a-t-il pas fondé la « Société d’encouragement pour la Navigation aérienne au moyen d’appareils plus lourds que l’air » ? La Poste, en 2006 lui a rendu hommage et lui a dédié un des six timbres consacrés aux « drôles de machines volantes » dont la « Demoiselle » d’Alberto Santos-Dumont, l’avion III de Clément Ader (1897) à ailes repliables. Et l’hydravion, d’Henri Fabre …
Mais cet homme de culture, curieux de tout, passionné, tout à fait représentatif de ce véritable siècle des lumières scientifique qu’a été son époque, était également Maire de notre commune …
A ce titre il a influé la destinée de ce territoire : en facilitant l’introduction de nouvelles techniques agricoles venues d’outre-manche permettant une plus grande productivité, en créant la première société de musique de l’agglomération : la société Sainte Cécile, en accueillant l’Empereur Napoléon III venu célébrer la suppression du péage du pont de Trilport qui pénalisait tant les habitants.
Une histoire que nous connaissons grâce à la passion et au labeur des deux « passeurs de mémoire » qu’étaient Michele Bardon et son père. Ils ont permis cette célébration.
Ces « drôles de rêveurs » que sont les historiens locaux mènent un travail de fourmi, trop souvent anonyme, explorant avec méthode et minutie les différentes sources documentaires, archives, vestiges, nous aidant ainsi à mieux comprendre la réalité d’aujourd’hui. Sartre ne disait il pas que l’identité est une trajectoire ?
Trilport est la résultante de cette trajectoire, de ce passé, de ce présent qui sont autant de forces projetées en avant pour affronter le futur. A l’heure d’Internet et au royaume de l’instantané, nous devons saisir tout le poids du passé et prendre le temps de la réflexion.
La science devrait nous enseigner avant tout l’humilité et le doute … Car si l’homme est seulement de passage, sa trace sur Terre est tout sauf éphémère et peut remettre en cause le devenir même de notre planète.
Gustave Ponton d’Amecourt aimait l’Histoire, la grande comme la petite.Ce spécialiste de l’archéologie mérovingienne, Président de la Société Numinastique de France n’a-t-il pas écrit …
« Chaque village, chaque hameau, chaque champ, chaque nom d’homme ou de lieu devrait avoir son histoire. Rien n’est mesquin de ce qui touche à l’histoire de la famille humaine, les plus petits détails grandissent à mesure qu’on les examine ».
Une phrase qui sied à merveille à Michele Bardon et à son père, historiens locaux qui ont toute leur vie œuvré pour que son nom soit connu de tous et reconnu à sa jsute valeur.
Force est de constater que celle qui est notre première citoyenne d’honneur a réussit, cette inauguration en est la plus belle démonstration et Trilport s’honore aujourd’hui en célébrant sa mémoire …
Discours d’Yves Ponton d’Amecourt
(descendant de Gustave Ponton d’Amecourt)
Comme vous l’imaginez, nous sommes tous très heureux d’être ici à Trilport aujourd’hui. L’organisation de cette manifestation est une réussite et nous sommes tous très fier de voir honoré notre aïeul Gustave dans cette bonne ville de Trilport qu’il aimait tant.
Gustave de Ponton d’Amécourt est né à Paris le 16 août 1825.
Il fait ses études rue de Vaugirard, où, brillant élève, il remporta plusieurs prix de grec et de latin au concours général. Il étudia le sanskrit, les mathématiques mais se passionna surtout pour les lettres, l’histoire et la géographie. Les récits de Grégoire de Tours et de ses contemporains le conduisirent à s’intéresser à l’époque mérovingienne.
Il se fit connaître de bonne heure par de curieux travaux sur la numismatique et la géographie de la France sous les successeurs de Clovis. En même temps, il collaborait à plusieurs revues scientifiques et archéologiques. Amateur persévérant autant qu’érudit, il parvint à réunir de merveilleuses collections de médailles qui furent très admirées à l’Exposition Universelle de 1867 et dont une, dit-on, celle des médailles mérovingiennes, était d’une telle richesse qu’on n’aurait pas pu en former une semblable en puisant dans tous les cabinets publics et privés du monde entier.
On aurait pu en dire autant de la série de monnaies romaines en or.
En 1889, un an après sa mort, les chambres votèrent un crédit de 180000 F pour le rachat de ses collections par l’état français.
Comme écrivain, il a conservé les traditions littéraires du grand siècle.
Son style, toujours correct, élevé, pur de toute négligence, a surtout été remarqué dans Notice nécrologique du Duc de Blacas qu’il a publié en 1866.
Parmi les autres travaux qu’il a publiés, on peut citer :
– Essai sur la numismatique mérovingienne comparée à la Géographie de Grégoire de Tours,
– lettre à M.Alfred Jacobs (1864).
– Excursion archéologique en Seine et Marne (1865),
– Excursion numismatique dans la Bourgogne du VII° siècle (1866),
– Recherches sur les monnaies mérovingiennes de Touraine(1872),
– Monnaies mérovingiennes du Gévaudan (1883),
– Enfin, son Essai sur les monnaies mérovingiennes du Maine qui a été couronné par l’institut en 1884.
Mais si nous sommes là aujourd’hui, c’est pour parler du rôle de Gustave dans La Navigation aérienne.
Gustave de Ponton d’Amécourt s’est beaucoup occupé de recherches scientifiques.
Il a remis à l’ordre du jour la question de la navigation aérienne, et a grandement contribué à la faire entrer dans le domaine de la science, en démontrant la possibilité du vol artificiel par la construction des hélicoptères.
Ce nom il le donna le premier en 1861 à un appareil en acier mu par un mouvement d’horlogerie et se soutenant dans l’espace sans le secours d’un gaz plus léger que l’air, grâce à deux hélices sustentatrices.
Son ami Nadar, le photographe, avait été fasciné par les ballons depuis sa tendre enfance et gardait pour magique l’idée de s’élever dans les airs. En 1857 il avait réalisé sa première ascension, avec le projet de prendre des photographies aériennes. Il lui apparût bientôt que ces ballons, si merveilleux que fût leur vol silencieux, étaient impossibles à diriger.
Ayant observé le vol des oiseaux, des cerfs-volants et son exemple favori, un ouvrier qui imbibe d’eau son éponge avant de la lancer à son collègue sur un échafaudage, il en vint à la conclusion que la navigation aérienne contrôlée exigeait de l’objet volant qu’il fût plus lourd que l’air.
C’est donc tout naturellement qu’il s’est fait l’ardent propagateur de l’invention de Gustave avec Messieurs Babinet et de La Landelle. On doit à Monsieur de La Landelle l’invention du mot « aviation ».
Ce quatuor devenu les champions du plus lourd que l’air eurent de nombreux imitateurs de leur hélicoptère.
Jules Vernes évoquera leurs travaux par la bouche de son héros Robur le Conquérant qui outre le « Je ferai mieux que Ponton d’Amécourt », prononcé devant l’académie des sciences, reprend dans ses démonstrations, toute la théorie de Gustave exposée dans La Conquête de l’air par l’hélice.
Gustave inventa et monta plusieurs hélicoptères à ressort de montre qui furent très en vogue à l’époque et qui montaient à 2 et 3 mètres.
Et puis il y eut aussi le modèle en Aluminium dont la hauteur totale atteint 63 cm et le poids est de 2 kilos. Ce dernier est exposé au musée de l’Air du Bourget.
L’aluminium était une matière toute nouvelle à l’époque et l’hélicoptère de Gustave en constitue la toute première application aéronautique. L’Aluminium est toujours aujourd’hui le matériau de prédilection de l’aviation.
En cherchant un moteur léger, Gustave a aussi découvert les chaudières à petits tubes, au moyen desquelles il peut faire bouillir et entretenir à haute pression cent litres d’eau avec un kilogramme de houille.
Ce générateur de vapeur sera perfectionné par M. Temple et mis en application vingt ans plus tard par Léon Serpollet.
A ce propos, on a cité de lui quelques mots qui montrent l’efficacité de son système et la foi qui l’animait. Gustave écrivait en effet : «Si tous les fils télégraphiques du monde étaient de petits tubes, j’en ferais une pelote, je la jetterais dans le Vésuve et je ferais bouillir la Méditerranée».
Un jour, quelques sceptiques posèrent la question suivante à Gustave : « Et quand bien même vous réussirez à faire un hélicoptère, à quoi vous servira-t-il ? »
Il répondit :
« A quoi sert d’imprimer ? nous avons les mains pour écrire…
A quoi sert la vapeur ? Nous avons des forces motrices…
A quoi sert la locomotive ? Nous avons les diligences…
A quoi sert le télégraphe électrique ? Nous avons la poste…
A quoi sert de forger le métal ? Nous avons les outils en silex…
Et termina ainsi son propos : « Songeons que la perfection est notre but, que le progrès est notre loi et que nous devons le bien-être aux générations futures.
Nous passons, mais que notre passage soit signalé par un progrès ; et que sur les sentiers que nous avons frayés, la postérité puisse écrire ces mots : « Pertransierunt benefaciendo » c’est-à-dire « ils sont passés en faisant le bien ».
Monsieur le Maire, aujourd’hui, en honorant le souvenir de Gustave, vous écrivez dans la mémoire collective de la ville de Trilport « il est passé en faisant le bien »…
En honorant son souvenir, vous honorez le souvenir de 3 générations de notre famille à Trilport dont Antoine son Père, qui fut Maire avant lui, Gustave qui fut Maire et Président de la Société de Secours Mutuels, et Henry sont fils, Président, lui aussi, de la Société de Secours Mutuels, et qui mourût pour la France en 1915, comme 5 autres Trilportais, à Mesnil-les-Hurlus, hameau d’un village de la Marne.
Les destins d’Antoine, de Gustave, et d’Henri de Ponton d’Amécourt, sont intimement liés à la ville de Trilport, une ville qu’ils ont habitée, aimée, conduite, … Une ville qui les a élus, choyés, bercés, accompagnés dans leurs projets les plus fou.
Mais toute cette histoire, nous ne la connaitrions pas parfaitement, et nous ne pourrions pas en parler aujourd’hui avec autant de facilité, et d’érudition, sans l’aide précieuse de Michèle Bardon, qui depuis tant d’année recherche, analyse, écrit, relate, édite, …sur Trilport et sur notre famille.
Au fil des ans, Michèle Bardon et Gustave de Ponton d’Amécourt sont devenus des amis hors du temps.
Michèle Bardon a faite sienne cette phrase de Gustave dans une lettre à son ami l’abbé Thiercelin : « Chaque village, chaque hameau, chaque champ, chaque nom d’homme ou de lieu devrait avoir son histoire. Rien n’est mesquin de ce qui touche à la famille humaine ; les plus petits détails grandissent à mesure qu’on les examine. »
L’honneur que vous rendez aujourd’hui à Gustave de Ponton d’Amécourt, vous le rendez aussi à Michèle Bardon, que vous avez faites il y a quelques mois, Citoyenne d’honneur de Trilport, et pour laquelle cette journée, est la plus belle des reconnaissances, le couronnement de son travail, la cerise sur le gâteau qu’est son œuvre !
Alors Monsieur le Maire, Madame Leguay, chers amis de Trilport, soyez ici remerciés pour cette belle journée.
La mémoire de Gustave et la mémoire de Trilport ont destin lié…
Ensemble entretenons cette mémoire !
Vive Gustave et sa mémoire, Vive Trilport, Vive la France !