Les élections locales qui donneront leurs verdicts dans quelques jours, risquent d’apporter de fausses réponses nationales, beaucoup d’observateurs craignant un vote défouloir, à de vrais problèmes locaux.
Il est bon de rappeler que les élus des 22 et 29 mars devront avant tout gérer des départements, ce que trop d’électeurs que je rencontre ont tendance à oublier.
Depuis le scrutin municipal de l’an dernier, tout semble se brouiller aux yeux de nos concitoyens, ils risquent d’apprendre à leur dépens qu’un vote local n’est pas un sondage d’impopularité mais bien la désignation d’élus qui devront assumer un mandat destiné à améliorer leur quotidien, il y a toujours des lendemains aux soirées électorales.
Ce problème de représentation politique illustre la fracture croissante entre le Politique et le local dont chacun, surtout nos responsables, doit saisir à la fois la gravité et le risque démocratique. La politique plus que jamais doit, non seulement se rapprocher de la vie réelle, mais en être l’incarnation, et ne plus rester la chasse gardée d’un sérail d’élèves de grandes écoles et de collaborateurs de cabinet laissant à une technostructure hors sol la maitrise des dossiers.
L’occasion de saluer la disparition d’un élu local, qui toute sa vie n’a jamais oublié le monde du réel et dont le travail au quotidien a permis de réconcilier nombre de nos concitoyens à l’action politique, surtout lorsqu’elle est authentique, légitime, et plus que tout utile, je veux bien évidemment parler de Claude Dilain.
Elu exemplaire s’il en est, humain et humaniste, homme simple mais déterminé, il nous manque cruellement tant il a fait honneur à son mandat local en agissant au quotidien et en portant la voix des oubliés de la république.
Il a démontré que l’humilité, le doute, l’engagement sincère, et plus que tout l’écoute, permettent concrètement de changer la vie au quotidien, y compris et surtout celle des plus humbles, des exclus de la « France invisible » et sont autant de clés pour ouvrir des perspectives de monde meilleur à partager.
Il a agit à l’endroit même, ou certains n’avaient fait qu’attiser et semer par des déclarations irresponsables, haine, division, colère et désespérance. Montrant avec sérénité la force du faire et de la vague inlassable et à contrario la faiblesse du dire et de l’écume médiatique ou sémantique éphémère.
Claude Dilain a représenté plus que quiconque la noblesse de l’action politique lorsqu’elle est au service de tous et non un outil de promotion à usage personnel. Sa meilleure école a été celle de la vie vécue, de celle qui jour après jour nous façonne et nous amène à nous construire concrètement, avant de vouloir prétendre construire pour les autres.
Trop de nos politiques aujourd’hui sont à des années lumière de cette démarche authentique, prisonniers d’une bulle médiatique ou d’un microcosme clos, véritable chambre d’écho et de réverbération pour les égos de quelques uns et d’exaspération pour les citoyens. Arrivés aux responsabilités, ils se coupent de ces sentinelles de proximité que sont les élus locaux, qui placés en première ligne sont pourtant autant de lanceurs d’alerte vigilants.
Les digues de solidarité entretenues au quotidien à grand peine par ces « petits élus », malgré tous les aléas et obstacles placés sur leurs routes, permettent de maintenir encore le minimum de lien et de cohésion sociale qui fait république, là où c’est le plus difficile mais certainement le plus utile, là ou les communes sont trop souvent le dernier acteur public présent et actif (« s’il n’en reste qu’un ! »), des digues de solidarités qui risquent de lâcher et de laisser en plan des citoyens de plus en plus paumés qui se sentant abandonnés votent alors pour le parti du désespoir.
La montée du FN n’est pas irrémédiable, ce n’est ni une fatalité, ni un argument de congrès ou une posture de tribune. Il doit exister certainement plusieurs réponses pour l’endiguer ou la combattre, sur lesquelles beaucoup de nos responsables planchent « activement » en y consacrant moult argumentaires théoriques, moi je n’en connais qu’une, simple, urgente, qui devrait interpeller toute la classe politique nationale : « Retour vers le réel » …
Ce réel qui habitait Claude Dilain et était au centre de son engagement politique, ce réel qui l’a amené a interpellé durement la classe politique dans une tribune politique célèbre en 2010.
Je lui dédie ce texte d’Etienne Roda Gil, qui symbolise magnifiquement son action au service des autres, car il a été avant tout UTILE à VIVRE ET surtout et plus que tout à REVER …
Utile
Etienne Roda Gil
A quoi sert une chanson, si elle est désarmée ?
Me disaient des chiliens, bras ouverts, poings serrés.
Comme une langue ancienne qu’on voudrait massacrer,
Je veux être utile, à vivre et à rêver.
Comme la lune fidèle, à n’importe quel quartier,
Je veux être utile à ceux qui m’ont aimé,
À ceux qui m’aimeront et à ceux qui m’aimaient.
Je veux être utile à vivre et á chanter.
Dans n’importe quel quartier, d’une lune perdue,
Même si les maitres parlent et qu’on ne m’entend plus,
Même si c’est moi qui chante à n’importe quel coin de rue,
Je veux être utile à vivre et á rêver.
À quoi sert une chanson, si elle est désarmée ?