Pour la Côte Rotie …

Trilport, le 23 mai

J’ai été agressé alors que je m’interposai pacifiquement à une installation illicite de gens du voyage, jugeant cet acte inadmissible, j’ai décidé de porter plainte mais il est essentiel à mes yeux qu’un acte isolé et fâcheux commis par un individu ne porte préjudice à toute une communauté, en l’occurrence, celle des gens du voyage.

Certains peuvent se demander pourquoi des élus de terrain réputés, plutôt « cool » et conciliant peuvent s’interposer physiquement afin d’éviter une intrusion sur une propriété privée. Notre réaction est la conséquence directe de « l’occupation » vécue l’année dernière sur le même site, au lieu dit « La Côte Rotie ». Ce n’est qu’après un marathon de plus de quatre mois de formalités, de démarches administratives, officielles et juridiques, uniquement assumées par nous mêmes et nos services que nous sommes parvenus à obtenir le départ des dernières caravanes.
Je ne peux accepter l’invasion de plus de 400 véhicules sur un site de la commune totalement inadaptée à cette occupation : les entrées possibles (cinq différentes), le nombre potentiel de caravanes pouvant y séjourner, la qualité paysagère remarquable du site, ce coteau offre une exceptionnelle perspective sur ma commune, la proximité immédiate avec les habitations et le Collège (un jet de pierre), les risques d’accidents de la route (deux routes départementales : RD 33 et RD 17), la configuration des lieux est totalement inadaptée aux allers et venues des véhicules, la situation foncière (nombre important de propriétaires et de nombreuses parcelles situées sur deux communes), l’état de dégradation de ces terrains après les quatre mois d’occupation …

L’estimation des frais occasionnés par ce « séjour » se monte à environ 10 000 euros (dont les frais de justice et d’huissier) ; un calcul qui ne tient pas compte des heures passées (montage juridique du dossier, temps passé avec les riverains, les pouvoirs publics et les gens du voyage, nettoyage du site) et des 1000 m3 de consommation d’eau non réglées. Les aménagements réalisés cette année afin de prévenir une nouvelle intrusion (installation de barrières, dépôt de terre) sont estimés eux à 5 000 euros.

L’attitude de nos communes durant des années face aux gens du voyage, a toujours été conciliante et responsable. Trilport finance depuis l’origine, tant en investissement qu’en fonctionnement, l’aire d’accueil de Poincy, nous respectons le Schéma Départemental d’Accueil des gens du Voyage (pour les grands passages). L’exaspération monte, devenant inquiétante, cet événement le démontre même s’il n’a pas eu et il faut s’en féliciter de conséquence dramatique.
Une commune isolée est désarmée. La situation vécue l’année dernière m’incline à penser qu’elle est abandonnée à son triste sort. Comment faire passer un message de médiation auprès de nos concitoyens mais également auprès de la communauté des gens du voyage, afin de gérer une cohabitation de plus en plus délicate lorsque l’Etat de droit n’est pas respecté et qu’aucune solution alternative n’est proposée aux nomades.

Je n’ai fait que mon devoir d’élu, en m’interposant pacifiquement mais avec détermination afin d’empêcher une nouvelle intrusion sur la Côte Rôtie ; fort heureusement la situation n’a pas dégénérée, mais pour combien de temps ?

Disen a bend … Bin ich ein Engener


4 juin 2005, Engen

« Un jumelage réussi est plus une suite de petits échanges réguliers, qu’une grande célébration tous les cinq ou dix ans », cette phrase prononcée à l’occasion de la signature de notre jumelage, illustre à merveille le jumelage entre Engen et Trilport. Chaque année depuis juin 2000, est ponctuée de rencontres amicales, de visites, de manifestations communes entre Trilportais et habitants d’Engen … nous vivons entre nos deux villes un jumelage épanoui et réussi.
Notre relation privilégiée a la particularité d’avoir été initiée en amont par plus de 10 ans d’échanges entre les deux collèges d’Engen et Trilport, leurs élèves et leurs parents … Ainsi ce sont les jeunes allemands et les jeunes français qui sont à l’origine de ce partenariat. Un jumelage signé en juin 2000, date symbolique s’il en est, qui marque à la fois la fin d’une époque et l’arrivée d’un nouveau millénaire …


Dans l’histoire, il n’existe pas d’équivalent à la démarche pacifique de nos deux pays qui a permis, pas à pas, de nouer puis de tisser des liens, avant de les approfondir et d’en tisser avec d’autres pays, afin de passer peu à peu, de l’Europe de la guerre et des nationalismes, à l’Europe de la paix et de l’amitié entre les pays et les peuples.
C’est ce parcours, qui donne toute sa valeur à ce choix réfléchi, de s’unir pour exister, et de proposer au monde une autre alternative reposant sur une vision humaniste de la société. C’est cette sagesse, dont la planète a tant besoin …
Si depuis De Gaulle et Adenauer, une suite d’images symboliques se sont succédées traversant l’histoire et forgeant nos consciences, depuis l’an 2000, plus que des images, ce sont des moments d’amitié partagés et vécus qui unissent désormais Trilportais et habitants d’Engen … Le jumelage est enfin l’occasion rêvée de passer de l’Europe du symbole à celle du concret. Et l’Europe a tant besoin de concret !

Il faut remercier Johanes Moser, Burgermester d’Engen, d’avoir associé à cet anniversaire, nos amis hongrois de Pannonhalma, présence à laquelle nous attachons beaucoup d’importance et nous nous réjouissons du séjour organisé cet été en Hongrie entre les jeunes d’Engen, de Trilport et de Pannonhalma. La Communauté Européenne compte désormais 25 pays, pouvait on imaginer une Europe sans Hongrie ? ’Europe politique et économique rejoignent peu à peu l’Europe géographique …

Un écrivain allemand qui a croisé la route de Mozart et de Beethoven, et marqué l’histoire de l’humanité, Goethe, a écrit une phrase qui illustre à merveille cette démarche initiée il y a 60 ans …

«J’aime celui qui rêve l’impossible»,

Il y a soixante ans, qui aurait pu prédire ce que nous vivons aujourd’hui entre nous …

Disen a bend … Bin ich ein Engener