Ligne P : « Soyons réalistes demandons l’impossible »

La manifestation organisée gare de Trilport en partenariat avec le département de Seine et Marne a été une vraie réussite, très bien relayée par les médias (presse quotidienne régionale, radios locales, BFM et FR3 Ile de France).
Objectif de la mobilisation : obtenir de l’État et de SNCF Réseau, les financements nécessaires à la réalisation de l’électrification de la liaison Trilport / La Ferté Milon, dernière ligne d’Ile de France à ne pas l’être encore.
Un combat pour l’électrification je mène depuis 2004 aux cotés des différents comités d’usagers qui se sont succédés. Il en a fallut du temps et de l’énergie pour sensibiliser, argumenter, échanger, convaincre, fédérer afin de faire avancer pas à pas ce dossier, trop souvent contre vents et marées et malheureusement toujours contre SNCF Réseau. Mobilisation dont ce blog s’est souvent fait l’écho, Aussi j’ai été très sensible à l’attention de Jean François Parigi, Président du Conseil départemental lorsqu’il m’a proposé de lancer la campagne de mobilisation du département de Seine et Marne à Trilport.

Cette manifestation est la meilleure illustration, bien au delà du symbole, que l’électrification est désormais un enjeu collectif et partagé. Le nombre et la qualité des élus présents à Trilport l’atteste ; outre Jean François Parigi, nous avons accueilli Valérie Pécresse, les présidents des agglomérations du Pays de Meaux et de l’Ourcq (Jean François Copé et Pierre Elboode), le Vice Président du département en charge des mobilités Brice Rabaste, de nombreux maires ou conseillers départementaux et régionaux, Céline Le Frère Maire de La Ferté Milon et Aurore Sancier représentante emblématique des usagers de cette ligne.
L’électrification de la ligne Trilport / la Ferté Milon est désormais une priorité pour l’Ile de France, ce qu’a rappelé Valérie Pécresse. La région s’engageant concrètement dans le financement des études et de sa réalisation, en faisant une priorité du Contrat de Plan avec l’État et de son Schéma Directeur.
C’est un véritable combat pour l’équité territoriale et le respect des habitants de nos territoires de la Grande Couronne que nous menons. Nous ne sommes pas des « sous citoyens » et avons droit également à des conditions de mobilité dignes, robustes, sobres et efficientes. Dans notre république, il ne peut y avoir de « petites lignes » destinées aux « petites gens » mais des mobilités qui se doivent d’être inclusives et durables dans tous les territoires et pour tous les habitants.
Précisons que l’électrification ne concerne pas que les 5 000 usagers de La Ferté Milon, mais bien tous les voyageurs de la ligne P jusqu’à Chelles. Elle seule permettra de déployer de nouvelles liaisons directes vers Paris pour le Pays de Meaux (110 000 habitants) lors des heures de pointe du matin et du soir, soulageant les usagers d’Esbly, Lagny, Vaires, d’autant que la situation risque fort d’empirer avec l’arrivée du Grand Paris Express.

L’état se doit de faire preuve d’un minimum de cohérence et de responsabilité. Exiger de nos territoires, du fait notamment de la loi SRU, de se développer, construire de nombreux logements, accueillir de nouvelles familles, impose de poser le préalable des infrastructures nécessaires, dont prioritairement celles liées aux mobilités. Faut il rappeler les investissements publics massifs, se chiffrant en milliards d’euros, consacrés aux travaux du réseau du Grand Paris Express, à la liaison CDG Roissy, au prolongement de lignes de métro, bientôt aux RER métropolitains ? Autant de travaux qui impactent et dégradent nos conditions de transports depuis de trop nombreuses années, sans aucune perspective pour l’instant d’un simple retour à la normale.
Il ne peut y avoir d’Ile de France à deux vitesses, celle du Grand Paris et celle des territoires dits périphériques ou « servants », condamnés à galérer au quotidien, à accueillir les déchets du Grand Paris et les infrastructures que ce grand territoire se refuse d’accueillir !
La ligne Trilport / La Ferté Milon est la dernière à rouler au diésel ; les engagements de l’Etat en matière de neutralité carbone et de réduction des émissions de GES ( 21 % d’ici 2030, par rapport à 2015) sont pourtant clairs et doivent se traduire concrètement sur le terrain, comme le rappelle l’excellente analyse ( Infrastructures de transport : le chantier commence) de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) . Le gouvernement veut consacrer 100 milliards d’euros pour une « nouvelle donne ferroviaire » suite au rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI) dédiés notamment à la régénération du réseau existant et à sa modernisation, composante significative de la facture de l’électrification selon SNCF Réseau, qui demande aux collectivités de financer ce que dans le cadre normal de ses missions il n’a pas réalisé afin de privilégier sans nul doute les travaux du CDG express.

Autre élément, certainement plus symbolique, mais ne parlons nous pas de deniers publics ? Pour accéder à la Cité Internationale de la Langue Française de Villers Cotteret, comme l’a rappelé excellemment Céline Lefrère, Maire de La Ferté Milon, la ligne P est encore le meilleur moyen de s’y rendre à partir de Paris et ce sans utiliser sa voiture particulière.

Il faut souligner, c’est ll’ADN même de cette mobilisation, que la situation devient intenable au quotidien pour les usagers : trains bondés, manque de ponctualité et fiabilité, inconfort, multiplication des pannes, développement des bus de substitution … Combien de générations d’usagers ont été ainsi sacrifiées ? Le pire est que les conditions de transport des habitants de la Ferté Milon se sont dégradées ces dernières années. Comment partir chaque matin sereinement au travail, au lycée, à la fac, si l’on a pas la certitude de revenir chez soi à l’heure, sans problème ?

Cette mobilisation ne fait que commencer. Nous ne lâcherons rien, tant l’électrification constitue une urgence vitale pour nos communes. Nous avons appris de nos relations avec l’État que les seuls combats perdus pour les territoires, dits « périphériques » aux yeux de certains mais lieu d’épanouissement et d’innovation pour celles et ceux qui y vivent, sont ceux qui ne sont pas menés avec détermination par leurs élus de terrain.

Le titre de ce billet reprend la conclusion de l’intervention de Jean François Parigi citant un fameux slogan de 68, ce qui dans la bouche d’un gaulliste aussi convaincu que lui indique que l’heure est bien à la mobilisation générale.

Revue de Presse

Reportage BFM

Le Parisien

Actu.fr « La Marne »

1/2 Éducation : de l’école de la défiance, à l’école « faisons là ensemble … »

Dernière réunion de l’instance de concertation MEN / associations d’élus

Suite au dernier remaniement ministériel je tenais à évoquer le départ de Pap N’Daye du Ministère de l’Éducation Nationale. Il ne m’appartient certainement pas de juger du bien fondé du remplacement ou non d’un ministre par tel ou tel, mais il me semblait cependant honnête de souligner le plaisir que j’ai eu à représenter l’Association des Petites Villes de France, dans l’instance de concertation qu’il avait mise en place avec les différentes associations d’élus depuis de nombreux mois.
Je n’aborderais évidemment dans ce billet que la nature des relations entre la « maison Éducation Nationale », les collectivités et leurs associations d’élus, non l’action engagée au sein du ministère que ce soit auprès des enseignants, des programmes ou encore de la gestion des examens, hors de notre périmètre de compétence.

L’instance de concertation mise en place par Pap n’Daye s’est réunie plus de cinq fois en quelques mois, alors que nous n’avions jamais rencontré son prédécesseur en cinq ans. Lors de chaque réunion de travail, nous disposions d’un Ministre à l’écoute, ouvert au dialogue, n’oubliant pas que l’éducation est une responsabilité partagée, notamment avec les collectivités.
Les échanges, toujours directs, portaient sur les problèmes concrets rencontrés dans nos territoires et des questions de fond peu abordées jusque là, notamment pour ce qui concerne les spécificités liées à l’école primaire : carte scolaire, problématiques des différents temps de vie des élèves dans une même journée scolaire, école inclusive et accompagnement du handicap, complémentarité nécessaire entre action de l’éducation nationale et des collectivités, numérique éducatif …
Nous avions la parole libre, parfois même libérée, pour aborder à la fois le quotidien et le fond des problématiques relatives à l’éducation et avancer comme sur la carte scolaire (avec sur ce dossier de véritables résultats notamment pour les collectivités rurales) ; à des années lumière des polémiques médiatiques et attaques politiciennes ou procès en « déconstruction du pays et de ses valeurs» instruits tant par l’extrême droite que d’autres politiques s’en rapprochant ( wokisme, décolonialisme, laïcité …) qui ont accompagné l’action de Pap N’Daye depuis l’origine.

Faut il rappeler l’état dans lequel son prédécesseur avait laissé l’éducation nationale et l’absence totale de dialogue et de respect minimum qui avaient prévalu toutes ces années avec les collectivités ?
Une situation critique qui a atteint son paroxysme lors de la crise sanitaire, véritable point de non retour. Le concept « d’école de la confiance’’ lancé alors par Jean-Michel Blanquer marquant de fait une vraie rupture avec les collectivités locales, reléguées au rôle de simples prestataires et devant s’adapter, trop souvent du jour au lendemain, aux décisions en mode descendant prises de manière unilatérale par le Ministre dont les relations avec le monde enseignant étaient également plus qu’altérées.
L’école de la confiance aux yeux de trop d’acteurs de la communauté éducative devenant de fait celle de la défiance.


Il fallait absolument apaiser, écouter, échanger, retisser pour pouvoir construire … Pap N’Daye incontestablement l’a fait et rétablit, pour ce qui concerne les collectivités, une confiance considérablement abimée par les cinq années de pratique solitaire et autoritaire du pouvoir de Jean Michel Blanquer.
Les associations d’élus au regard de l’importance de l’enjeu éducatif qui constitue une priorité absolue à laquelle les collectivités consacrent beaucoup de moyens humains, logistiques ou financiers, ont répondu positivement à l’invitation du Ministre de participer à une instance de concertation d’un format inédit allant des communes aux régions.
Configuration permettant d’aborder de manière globale et transversale, pour les collectivités (de l’école au lycée), l’éducation, au sens le plus large, et les problématiques rencontrées concrètement au quotidien sur le terrain
Au fil de nos réunions, des désaccords sont évidemment apparus, ont été exprimés, des propositions émises … J’aborderais dans un prochain billet les problématiques soulevées par les Petites Villes qui n’ont toujours pas eu à nos yeux de réponses satisfaisantes, faute de temps certainement, tant il est difficile de traiter du fond en quelques mois pour rattraper 5 ans d’absence totale de concertation. Faut il rappeler la force d’inertie du système éducatif au niveau de son administration centrale évoqué il y a quelques années par un ministre l’ayant comparé à un pachyderme disparu depuis ?
Pour le reste Pap N’Daye a t’il disposé réellement des marges de manœuvre nécessaires pour lancer de nouveaux chantiers ? A écouter le Président aborder directement et frontalement les questions éducatives, ici ou là, au fil de ses déplacements, il est permis d’en douter, sans même vouloir aborder le bien fondé ou nom d’un débat sur le port de l’uniforme ?

L’enjeu éducatif, essentiel, se doit de mobiliser de manière constructive toutes les énergies positives. Pour les collectivités, la question est de savoir comment contribuer utilement à relever un défi aussi majeur pour le devenir de notre société et sa cohésion que celui de l’Éducation, au sens le plus global ? Une problématique allant bien au delà des seules structures scolaires, surtout aujourd’hui.
Les évènements des dernières semaines soulignent l’urgence d’agir, certes sur les conséquences, mais surtout sur les causes. Chacun doit pouvoir trouver sa juste place comme citoyen (droits et devoirs). L’école de la république ne doit laisser personne au bord du chemin et renouer avec sa mission émancipatrice dans tous les territoires qu’ils soient métropolitains, urbains, péri urbains ou ruraux.

Bienvenue au nouveau ministre, nous espérons que Gabriel Attal poursuivra la concertation initiée avec les collectivités par son prédécesseur, qui en ce domaine a vériatblement ouvert la voie. Nous avons tant et tant à faire ensemble sur le fond et dans tous les territoires, il y a urgence.

Les associations d’élus sont prêtes à s’engager afin de relever ce défi commun tant l’éducation est une responsabilité partagée.

« L’école faisons là ensemble »

2/2 Assises des Petites Villes : Deux enjeux absolument vitaux

Une partie de l’équipe de l’APVF à Millau autour de son Président Christophe Bouillon & de la Ministre

Les défis auxquels nos communes sont confrontés ont été au cœur des débats de Millau, défis que les maires se doivent d’aborder à 360 degrés tant leurs enjeux sont de plus en plus liées. Si l’élu n’est que le premier maillon de différentes chaînes de partenaires, il se doit d’appréhender au mieux les différentes dimensions d’une problématique donnée, afin tout en intervenant sur les conséquences, d’agir dans le même temps sur ses causes.

Deux enjeux ont occupé la majeure partie de nos échanges y compris si d’autres priorités mobilisent également les élus au quotidien telles la question lancinante du logement véritable bombe à fragmentation pour la société avec un risque sérieux d’effet domino ou
les mobilités, priorité partagée par tous les territoires. Être ou non en capacité de se déplacer conditionne l’accès aux études, au travail, à la santé, est surtout permet de ne plus être assigné à résidence. L’intervention volontariste de la Présidente de l’Occitanie, Carole Delga a été très appréciée des élus …

L’enjeu essentiel que nous devons affronter aujourd’hui et sans doute encore plus demain, tant il est systémique et universel est celui de la transition climatique et écologique. Nous sommes dans le dur, beaucoup d’ailleurs disent dans le mur.
2022 marque incontestablement une étape clé dans la prise de conscience collective du phénomène, notamment et surtout en Europe : incidents météos extrêmes, méga incendies, canicules, stress hydrique … Si Christophe Béchu, Ministre de la transition écologique qualifie son ministère comme celui de l’impossible (et qui peut objectivement lui donner tort ?) nous n’avons cependant plus le choix, nous sommes collectivement condamnés à réaliser l’impossible, d’autant que le contexte empire chaque année.
C’est apparu dans beaucoup de nos échanges à Millau notamment l’accès à l’eau qui devient critique dans un nombre croissant de nos territoires. Une situation qui rabat toutes les cartes : économiques, agricoles, environnementales ou sociales ; la question de la soutenabilité est posée tant la gouvernance de cette ressource vitale constitue désormais pour nombre de mes collègues une priorité quasi obsessionnelle.

Autre problématique majeure, tout aussi angoissante : la santé … la faillite est totale et globale : désertification médicale, urgences, dégradation de l’offre, crise hospitalière … le modèle hexagonal est non seulement à bout de souffle mais littéralement en fin de cycle et le pire est sans doute à venir. Six millions de Français ne disposent pas aujourd’hui de médecin traitant et une quarantaine de départements sont sous le seuil critique de 40 médecins pour 100 000 habitants ; dés lors, avoir accès ou non à un médecin généraliste devient un marqueur insupportable d’inégalité territoriale. Une nouvelle fracture se dessine, terrible car vitale : la fracture médicale. Concrètement elle se traduit par une perte de chance intolérable entre habitants selon leur lieu de résidence !

Ne nous y trompons pas, nous devrons dans les prochains mois faire pivoter nombre de nos modèles afin de pouvoir simplement apporter quelques réponses à ses enjeux vitaux . Les élus locaux en ont conscience, ils savent que cela nécessite l’obligation d’embarquer le plus grand nombre de nos concitoyens, non de les diviser

Entrons dans le vif de ces deux sujets …

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1/2 Assises des Petites Villes : « rallumons les étoiles » …

Les 25eme assises de l’Association des Petites Villes de France (APVF) qui se sont déroulées début juin, à mi mandat et un an après les présidentielles, ont lancé le cycle des rendez vous des différentes associations nationales d’élus.
Comme à chaque édition, les débats passionnés se sont succédé et les analyses croisées entre expertises des uns et retours d’expériences des autres ont permis de traiter du fond. Les maires en prise directe avec le terrain et le quotidien sont aussi proches, ce que trop de monde oublie, des solutions concrètes. Des échanges argumentés, cash, vifs, et souvent instructifs.

La thématique 2023, « bâtir des ponts », inspiré évidemment de Millau ville d’accueil de ces assises, était en phase avec l’état d’esprit des élus. Bâtir des ponts constituant à leurs yeux une priorité après les crises systémiques des derniers mois : Covid, guerre en Ukraine, transition climatique et énergétique, sans omettre un conflit des retraites qui a provoqué une fracture profonde entre l’exécutif et le pays.
Il n’est pas si anecdotique que pour une simple réunion annuelle d’élus, une ville comme Millau soit, du fait de la venue de quelques ministres, placée littéralement en état de siège afin d’éloigner tout risque de « casserolades ».

La France traverse une crise de défiance démocratique dont il serait dangereux de sous estimer portée et ampleur. Beaucoup de participants ont souligné lors des ateliers et tables rondes l’urgence de réconcilier le pays à la parole politique, considérablement dévaluée et abimée au niveau national après la séquence des retraites, mais également d’ agir pour que les habitants redeviennent des citoyens responsables.
« Bâtir des ponts » est incontournable si l’on veut combattre l’individualisme, les bulles captives des réseaux sociaux, les complotismes divers et variés ou répondre à « l’archipellisation » croissante du pays, souligné avec justesse par Jérôme Fourquet.
La France oscille aujourd’hui entre deux mondes, celui d’avant et celui qui vient, hybride, incertain, imprévisible.
Pour appréhender les mutations profondes que nous rencontrons, mieux vaut effectivement s’adapter et faire résilience que de se réfugier dans un déni sans perspectives si ce n’est celles du déclassement et de la relégation … Encore faut il dissiper ce « clair obscur » mortifère et inquiétant qui s’installe peu à peu dans le paysage politique national.

La démission du Maire de Saint Mexin, durement ressentie par les élus locaux, a provoqué un véritable électrochoc. Les Maires, à proximité directe de leurs concitoyens étant devenus comme l’a souligné François Bayrou « les paratonnerres d’une société déstabilisée, désaxée, de plus en plus intolérante. Lorsque la foudre tombe, c’est d’abord eux qu’elle frappe» .

Le prochain billet abordera des axes de réflexion qui ont remonté lors de ces assises : les transition écologique et climatique, la désertification médicale, le droit au logement ou aux mobilités, priorités majeures désormais.
Mais il semble essentiel de revenir sur le « vivre ensemble », priorité absolue des Maires et enjeu absolument vital si l’on désire éviter toute dislocation du pays du fait de la montée des intolérances, des égoïsmes et d’un repli sur soi contagieux.

Les Maires, plus globalement les élus locaux, apparaissent aujourd’hui comme les seuls acteurs publics qui soient encore en capacité de « rallumer les étoiles », afin de « faire société » pour partager du commun et construire un projet d’avenir.

Il y a effectivement urgence …

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Non aux 210 camions jours de la décharge Suez

J’ai remis à la Commissaire Enquêteur de l’enquête publique relative au projet de décharge de Suez, les observations de la ville de Trilport et une pétition qui en moins d’une semaine a réuni plus de 750 signataires s’opposant à la démesure du projet.
Nous partageons la conviction que ce projet transformerait nos rues en véritable enfer avec une fréquence de plus de 200 camions / jour soit environ un camion toutes les 3 minutes) s’ajoutant à tous les autres …

Je n’ai découvert cette initiative que tardivement, Trilport pourtant impacté directement du fait du trafic poids lourds projeté ne figurait même pas dans le périmètre d’une enquête publique se déroulant jusque-là en mode « plus que confidentiel ».
Il est vrai que le mois de mai, entre vacances scolaires et ponts, n’est guère propice à la mobilisation collective.

Aussi, j’ai joué le rôle de lanceur d’alerte au regard des conséquences potentielles de ce projet sur la qualité de vie de mes concitoyens et des risques de paralysie routière de nos territoires, Trilport constitue de fait une véritable plaque tournante du trafic routier du département.

Si certaines collectivités peuvent y trouver un intérêt financier immédiat selon le volume du tonnage traité, il est important de mettre en perspective la démesure des objectifs poursuivis et leurs conséquences sanitaires et environnementales sur le moyen et long terme.
L’ambition de Suez est effectivement de traiter sur ce site enclave les gisements de déchets industriels du BTP de toute l’Île de France et du Grand Paris, et ce durant 28 ans. Elle prévoit d’aménager un « trou » de 8 millions de m3 permettant d’accueillir à terme 235 000 tonnes / an de déchets dits non dangereux, 100 000 m3 / an de déchets inertes puis « grâce » au déploiement de nouvelles plateformes de traiter les résidus d’incinération à forte teneur en métaux polluants.
Conséquence : la multiplication des volumes traités comme leur natur sur le site, acheminés chaque jour par des norias de camions de tout tonnage dans les deux sens : aller et retour.

Soulignons les dégâts environnementaux irréversibles sur un site localisé à proximité de la réserve naturelle régionale du Grand Voyeux, véritable paradis pour la faune et la flore, aucune étude prospective d’impact sur la proximité des deux sites, en soulignant également que la décharge est située sur une zone humide.

Je suis d’autant plus mobilisé que dans ce projet nos territoires et leurs habitants ne sont pas respectés et traités comme partie négligeable.
Précision, l’essentiel des futurs déchets proviendront majoritairement de l’Ouest et du Sud parisien ; ce que ne manque pas de souligner le Plan Régional de Prévention et de Gestion des déchets (PRGD) qui préconise pourtant et fort logiquement de se rapprocher des « gisements ».
Solution non retenue par Suez qui disposent pourtant de sites plus accessibles, y compris par route, et proches de Paris.
Je m’interroge sur les raisons du choix d’un site enclavé et éloigné des axes importants de circulation.

La Seine et Marne comme nos communes n’ont pas pour vocation à devenir les décharges du Grand Paris, pour lequel nous donnons déjà collectivement beaucoup, que ce soit en contraintes multiples et quotidiennes ou encore en matière fiscale sans grand retour positif.
La cupidité a des limites, il n’est pas entendable que les profits des uns reposent sur des modèles économiques basés sur le fait que les nuisances occasionnées dans nos territoires (sanitaires, sonores, environnementales, cadre de vie) sont totalement insignifiantes et négligeables, surtout lorsque ces contraintes sont totalement déraisonnables, au regard du sous dimensionnement manifeste des rues du Centre Ville de Trilport pour cette nature de trafic.

Il s’agit pour nous d’une question vitale. Les Trilportais ne s’arrêteront pas à la seule enquête publique, loin s’en faut, vu l’enfer qui les attend dans le cas où ce projet se concrétiserait.

Quelle sont nos principales observations ?

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Démission du Maire de Saint-Brevin : évidemment #solidaire

Yannick Morez, Maire démissionnaire de Saint-Brevin les bains devant ses voitures et sa maison incendiées (photo : Jean-Yves Rigaud / correspondant local)

Les raisons qui ont mené mon collègue Yannick Morez, maire de Saint-Brevin à démissionner me consternent. Autant d’engagement quotidien et de dévouement pour un tel retour est inconcevable, inadmissible, au combien décourageant. Sa démission constitue une alerte républicaine qui se doit de nous interpeller tant elle est lourde de sens.

De tous les mandats celui de Maire est certainement le plus passionnant. Nous sommes résolument dans l’action et le concret, alors que tant et tant sont dans les mots et les postures.
C’est aussi le plus exposé, surtout pour un Maire de Petite Ville qui vit dans sa ville, en première ligne et affronte, trop souvent esseulé faute de moyens, les problèmes quotidiens rencontrés, la détresse humaine à laquelle il est confronté, les aléas à surmonter, le manque de moyens pour agir et faire, les combats à mener pour défendre des territoires parfois malmenés, les injonctions contradictoires en provenance de l’état à appliquer … Que ceux qui doutent en parlent à nos familles ou à nos collaborateurs.
La mission d’un élu local est de « faire société » aux coté de ses concitoyens, de les accompagner dans les moments heureux ou la peine, la douleur lorsqu’elle survient, parfois même la colère. Le maire directement accessible, à portée d’engueulade, représente, qu’il le veuille ou non, un symbole d’autorité qui en fait potentiellement une cible privilégiée et le bouc émissaire de tous les maux de la société sur lesquels il n’a pas de prise et ne peut grand chose.

Notre pays est en souffrance, face aux multiples transformations auxquelles il est confronté et qui semblent s’accélérer, il navigue littéralement « entre deux eaux », celui du monde d’avant et celui à venir.
Jamais pourtant nous n’avons eu autant besoin de « faire société » ce qui nécessite le concours de chacun. Les Maires l’ont prouvé au moment du COVID, en redonnant toute sa place à l’action publique de proximité face aux OVNI institutionnels XXL impuissants car totalement déconnectés des besoins et de la réalité du terrain.
Le combat d’un élu local est d’agir chaque jour, afin de mobiliser, animer, impulser les solidarités et dynamiques territoriales qui irriguent un territoire et de combattre inlassablement cet « aquabonisme » mortifère, insidieux, démobilisateur et contagieux.

Ne nous y trompons pas, chacune de nos communes, constitue un Saint Brévin en puissance et peut, du jour au lendemain, devenir la cible d’activistes dont le seul objectif est de semer la discorde y compris s’ils n’y habitent pas.

Parfois, la coupe est pleine et la ficelle casse. C’est ce qui est arrivé à notre collègue de Saint Brévin. Un maire est avant tout un être humain, y compris s’il constitue de fait, encore plus aujourd’hui qu’hier, la clé de voute de la cohésion de nos territoires.

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