Eco quartier : de l’efficacité énergétique

bonne-4.jpgRetour sur la Conference nationale
à Grenoble(2)

L’intervention d’Olivier Sidler a constitué un autre temps fort de la Conférence.

Energéticien renommé (c’est un des techniciens à l’origine de la RT 2012), il dirige depuis plus de 30 ans Enertech, bureau d’étude spécialisé dans l’énergétique des bâtiments et a mené, à ce titre, une trentaine de projets BBC (consommant moins de 50 KWhep/an au m2, pour le chauffage) et conduit actuellement des chantiers de bâtiments à énergie positive. 

Selon  lui, la très basse consommation répond à plusieurs impératifs :

  • La diminution des ressources énergétiques fossiles,
  • L’augmentation prévisible du prix de l’énergie, sous l’effet de la rupture offre/demande (dite pic de Hubbert), il faut anticiper cette hausse, qui touchera de plein fouet les  personnes les plus défavorisées avec des conséquences dramatiques,
  • Certaines des ressources énergétiques, qu’elles soient fossiles (gaz de schistes, pétrole offshore) ou d’origine nucléaire posent plus de problèmes que de solutions, malgré les affirmations des pétroliers et d’EDF

Sans oublier le réchauffement climatique, conséquence directe des émissions de Gaz à effet de serre due à l’homme et son empreinte écologique. Quelques degrés de plus et c’est un véritable changement d’ère climatique qui survient. Pour s’en convaincre, rappelons que depuis le dernier maximum glaciaire (20.000 ans), la moyenne des températures sur terre n’a augmenté «que» de 5°C, c’est dire !

Olivier Sidler n’y va pas par quatre chemin, l’heure est plus que grave et nécessite une réaction rapide de notre part. L’équilibre planétaire, instable aujourd’hui, dépend de la capacité des océans et forêts à absorber le carbone rejeté.
Les spécialistes l’estiment à 3 milliards de tonnes / an, soit 0,5 t. de Carbone/pers/an (base des 6 milliards d’habitants), correspondant à environ 1,8 t. de CO2/pers/an. En France, nous atteignons environ 2,4 tonnes de carbone/hab/an. Pour être dans les clous, il faut diviser nos émissions par plus de quatre, c’est le fameux facteur 4 (voir note précédente).
Surtout que la terre comptera en 2050, 10 milliards d’habitants (et non plus 6) et un plus grand nombre de pays développés, du moins faut il l’espérer. Le rejet annuel ne pourra alors dépasser 0,3 t. de Carbone/pers/an : nous arriverons au facteur ….7.

Tendance soulignée par de grands spécialistes qui s’accordent sur un constat, le facteur 4 ne peut être considéré que comme un minimum, nous en sommes pourtant toujours trop éloigné. Mais plus le choix dsormais, nous devons y arriver très vite, sinon la machine terre pourrait bien s’emballer et entrainer dans son sillage, le climat. Deux pistes prioritaires pour y arriver  : les transports et le bâti

Justement concernant le bâti Olivier Sidler propose de vraies pistes d’actions, basées sur ses retours d’expérience et les mesures recueillies au fil des ans, qui lui ont permis de constituer une des plus importantes bases de données au monde dédiée aux usages de l’énergie, afin de comprendre ou se situent les consommations dans un bâtiment.

Le Grenelle prévoit qu’en 2020,  le parc de bâtiments dans son ensemble devra consommer 38% de moins qu’aujourd’hui. L’objectif est louable mais y arriver sera un peu plus difficile en pratique, il implique que l’on rénove 900 000 « vieux »  logements (d’avant 1975) par an, pour ramener leur consommation à 50 Kwh/m2/an et ce durant 12 années !

 Alors rêve ou réalité ?

 

 

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Quelques données de cadrage …

80.5% de la consommation de chauffage des bâtiments d’avant 1975, qui sont les plus énergivores et de loin, se trouvent dans les bâtiments de moins de 10 logements

Les maisons individuelles qui représentent les 2/3 de la consommation de chauffage des logements d’avant 1975 doivent constituer la cible numéro 1. Pour atteindre l’objectif « facteur 4 », il suggère de raisonner à l’échelle du parc français, en tenant compte des contraintes différentes selon la localisation du bâti afin de pondérer quelque peu les performances à atteindre selon la géographie des lieux.

En fonction de cette localisation, les consommations peuvent varier de 20 à 80 kWhep/m²/ an, ce qui n’empêche pas d’obtenir un parc à 50 kWhep/m²/an (moyenne), tout en gardant en tête

l’objectif d’atteindre non seulement une consommation de chauffage inférieure à 50 kWhep/m² / an (facteur 4) mais à 30 kWhep/m2 / an (facteur 7) !

L ‘innovation technologique dans le domaine de l’enveloppe, de l’isolation ou des énergies renouvelables se poursuit, et promet des résultats spectaculaires d’ici peu, tant sur les contraintes (épaisseur, cout) que sur les performances. Dans l’attente de ces bouleversements encore potentiels, il est cependant possible d’agir sur certains postes de consommation énergétique :

  • le chauffage,
  • l’énergie  « grise », correspondant à la consommation d’énergie nécessaire à la fabrication des matériaux de construction,
  • l’eau chaude sanitaire
  • l’électroménager et l’éclairage.

Car, il ne faut plus s’arrêter au seul chauffage, dans les bâtiments à très faible consommation les serveurs informatiques sont désormais les plus grands consommateurs d’énergie , bien au delà du chauffage, rappelons que l’électroménager et l’ordinateur sont à l’origine des surchauffes de l’été.

Au delà des matériaux et du hight tech une idée simple permet d’arriver également à de bons résultats, l’habitat bio climatique.
En jouant sur l’orientation du bâti, sa compacité, le rapport surface utile / surface des parois extérieures (réduire ces dernières c’est réduire les surfaces de déperdition), on arrive à des résultats surprenants tant sur l’efficacité énergétique que sur le confort de vie, été comme hiver.

Le meilleur exemple en est le verre, réduire les surfaces vitrées, permet de limiter les phénomènes de surchauffe l’été et de froid l’hiver.

  

Scénario pour la rénovation du parc des bâtiments anciens 

 Pour rénover 10 millions de logements en 10 ans, il faut intervenir sur 1.000.000 par an. Chaque année, c’est à peu prés 470.000 logements anciens qui sont mis en vente, il faudrait obligatoirement les rénover.

Car atteindre les 50 kWh/m² de consommation an va exiger bien des efforts et personne ne s’imposera cette cible de manière spontanée. Il suggère de rendre obligatoire cet objectif d’isolation, avec une réglementation stricte et ne plus se limiter aux seules incitations .

Le gouvernement allemand octroie une subvention de 20 à 30% du montant des travaux pour une rénovation Facteur 4, le reste étant finançable par des prêts bancaires.

 Sa base de données lui a permis de construire différents modèles (solutions techniques de référence ou STR) selon les choix techniques opérés et la localisation du bâti, en combinant les différents points techniques sur lesquels il est possible et intéressant d’intervenir.

  • Les parois opaques : murs, planchers bas, toitures
  • Les parois vitrées
  • La ventilation, car pour lui, l’étanchéité à l’air de l’enveloppe est à l’origine d’énormes économies d’énergie (ventilation mécanique : simple flux autoréglable, hygroréglable ou double flux avec récupération de chaleur).

N’importe laquelle des combinaisons proposés, appliquée à l’échelle du pays, permettant d’atteindre l’objectif d’une consommation de 50 kWh/m² / an sur le parc de bâtiments.

 Son étude lui permet d’ériger certains principes et un constat:

  • La nature du mur d’origine n’a aucune incidence influence sur le résultat final, ce qui remet en cause un diagnostic de performance sur ce point.
  • La qualité de l’enveloppe à la perméabilité à l’air est un élément essentiel. Il faut à la fois obtenir une bonne isolation et une bonne perméabilité, cette dernière ayant autant d’impact que l’isolation.
  • La récupération de chaleur sur l’air extrait est indispensable et permet de gros gains. Cependant elle nécessite  Elle permet un gain de plus de 20 kWh/m²/an sur les besoins. Sans elle, rien n’est possible. Même si au niveau sanitaire, elle induit d’autres problématiques portant sur la qualité de l’air et la nécessité de bien maitriser cette technique au niveau de la maintenance et de son entretien.
  • Si atteindre le « facteur 4 » est non seulement possible mais techniquement aisé, l’objectif du  « facteur 7 » est beaucoup plus difficile à atteindre aujourd’hui.

 

Cette politique a forcemment un cout, mais qui a considérablement baissé ces dernières années, puisqu’il se situe  désormais  en dessous du seuil des 200 € HT/m². Sur les bases 2009 et de  200 € HT/m² hab, l’effort national reviendrait au montant des bénéfices annuels de TOTAL de 2008 et des bénéfices cumulés de TOTAL, BNP et France Télécom de 2009.

Encore faut il pour avoir de bonnes bases de comparaison, considérer l’évolution du prix de l’énergie. Avec un baril à 70 dollars, tous les travaux dont le coût est inférieur ou égal à 200 euros/m² sont finançables par des prêts à 4,5% disponibles sur le marché et cela sans aide de l’Etat. A 135 dollars le baril, rénover à basse consommation devient une opération financière intéressante permettant de gagner de l’argent  !

 

Quelques pré requis, cependant

 Une fois les principes théoriques posés, reste à trouver le savoir faire.

Force est de constater, qu’au regard des expériences du terrain, bien du chemin en ce domaine, reste à accomplir.

Il est incontournable de mettre en place :

un plan de formation obligatoire de toutes les composantes de la profession (MOE, entreprises, voire MOU), afin qu’elle maitrise le bouquet de techniques nouvelles qu’exige une bonne efficacité énergétique (isolation extérieure, étanchéité à l’air, VMC double flux, etc)

Etre facilitateur auprès des particuliers et considérer globalement une opération de rénovation, qui nécessite pour être efficace l’intervention de plusieurs  corps d’état par corps d’état. Il faudrait offrir un guichet unique à l’usager. 

Instaurer un agréement, permettant au consommateur de choisir des professionnels formés.

Encore faut il que les produits industriels suivent et en fassent une priorité désormais, ce qui n’est à priori pas encore tout à fait le cas !

Concernant le logement social, inciter les bailleurs à intervenir dans leur parc en  modifiant si nécessaire les règles de financement du logement social ( label basé sur des performances énergétiques validées ouvrant droit à un déplafonnement de loyer et à une assiette de subvention majorée).

Cette prise de conscience se doit d’être collective et accompagnée des financeurs que sont les banques et l’Etat au travers de sa politique fiscale …

Si l’objectif est donné, encore faut il l’atteindre, et pour cela, jouer collectif mais surtout rapide

 

 

Eco quartier : du métabolisme urbain

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Retour sur la Conference nationale
à Grenoble(1)

La dernière  Conférence Nationale du Club des éco quartiers  (cf note précédente) était consacrée à la thématique « Eco-renouvellement, Eco-rénovation » se déroulait à Grenoble. Au programme de la journée, outre la visite de l’éco quartier de Bonne, référence du développement durable à la française, des ateliers, durant lesquelles deux interventions m’ont particulièrement marqué, celle d’Alain Maugard,  l’ancien président du CSTB (1993 à 2008), je l’avais croisé à l’époque, et qui depuis 2009 conduit la destinée de QUALIBAT, et d’Olivier Sidler, expert en énergétique du bâtiment, dirigeant du cabinet Enertech, certainement  un des meilleurs spécialistes français des bâtiments à basse consommation énergétique actuellement.

Avant d’aborder dans une prochaine note la visite de l’éco quartier lui même, j’ai jugé important de revenir plus en détail, sur les interventions marquantes de la journée, ou plutôt les interpellations, de deux grands témoins invités à s’exprimer devant nous pour l’occasion, Alain Maugard et Olivier Sidler.

D’un coté un visionnaire, de l’autre un grand technicien menant deux approches très complémentaires, reposant sur deux histoires personnelles très différentes mais nous proposant e la même ligne de fuite.

 Avant-gardiste de renom, Alain MAUGARD, nous a livré sa vision, non seulement technique mais également urbaine, de la ville de demain confrontée aux impératifs environnementaux aujourd’hui, dont nous devons absolument tenir compte.

Il a centré son intervention sur le métabolisme humain et a appelé à revenir à la ville médiévale … Paradoxal ou non ?

Jugez plutôt …

 

 

 

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Rappelons tout d’abord le parcours professionnel d’Alain Maugard qui est des plus éloquents …

Cet ancien élève de l’École polytechnique et ingénieur des ponts et chaussées, mène tout d’abord une carrière de haut fonctionnaire, avant de rejoindre en 1981, Roger Quilliot, ministre de l´Urbanisme et du Logement, comme directeur adjoint de son cabinet, poursuivant sa carrière, il devient président du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) en 1993, puis devant partir à la retraite président de Qualibat.

 

 

Agir sur le vieux bâti

Il est revenu sur l’avancée technologique considérable des dernières années qui conduit vers des bâtiments « autonomes », à énergie positive, ce qui représente une véritable révolution. La performance n’est pas mince, le « zéro effet de serre en exploitation » sur du neuf est en effet aujourd’hui atteignable (au niveau expérimental), à titre de comparaison le secteur automobile en est encore fort éloigné.

Les bâtiments à énergie positive contribueront à réduire considérablement notre empreinte sur l’environnement, le bâti des lors ne semble plus un problème de plus à résoudre, mais devient une des solutions à la problématique  de l’effet de serre.
Encore faut il pour être réellement efficace, agir sur le stock du bâti existant, et diminuer sa forte consommation. Elle est en moyenne de 240kWh/an alors qu’en 2012, celle  d’un logement neuf sera de 50 kWh/an. La principale difficulté globalement provient du faible taux de renouvellement du stock (1 % par an) … dans 50 ans, la moitié seulement serait remplacée. Un rythme qui n’est pas tolérable au regard de la situation environnementale, et qui demeure un scénario inverse à celui des pays en développement qui construisent principalement du neuf.

L’illustration de cette  situation dramatique est celle, essentielle à plus d’un titre, de l’empreinte écologique … Pour faire sens, en partant des données économiques d’aujourd’hui : si les pays de la planète se mettent à l’heure européenne, il nous faudrait  donc 3 planètes, à l’heure américaine 6 planètes … Nous ne sommes pas loin du mur et pour en sortir, nous ne devons plus nous contenter d’agir à la marge mais bien de conduire une vraie révolution de nos modes de vie et de pensée.

Nuance importante, un bâtiment durable ne peut être déconnecté de son environnement, il faut raisonner à l’échelle du quartier, de la ville, du territoire  et des modes de vie de ses habitants. Ce dernier point lui semble être la vraie porte de sortie, qu’il oppose au totalitarisme écologique. Encore faut il se mettre très rapidement en mouvement et progresser sur le stock du bâti.

L’enjeu aujourd’hui est d’inverser le rapport entre l’offre et la demande faut placer les réponses autour de la Demande et plus au niveau de l’offre. Cette demande est la conséquence directe de notre civilisation urbaine qui doit aujourd’hui répondre à deux défis : celui de l’efficacité énergétique et la question environnementale, qui deviennent de plus en plus incompatibles avec les ressources de la planète mais également son futur. Si la France a heureusement dans ce domaine beaucoup progressé, elle a toujours deux points faibles : celui des chantiers et de la santé environnementale (qualité de l’air, et de l’eau).

 

 

Le retour à la ville médiévale

Il propose d’abandonner une certaine « naïveté », menant à la quête inaccessible de la forme ou de la morphologie urbaine idéale, mais plus simplement de revenir à la ville historique, quasi médéviale, telle qu’elle étant avant l’arrivée de l’automobile. Un mode de déplacement  qui a totalement bouleversé nos modes de vie, la centralité des villes et considérablement renforcé l’individualisme et l’isolement. En réhabilitant la morphologie urbaine ancienne, on agit  sur le « métabolisme » humain.

Constat : les villes concentrent de plus en plus l’essentiel de la population humaine et centralisent la majeure partie des flux d’énergie et de ressources. Les sociétés urbanisées anciennes se développaient au contraire de manière infinie en exploitant   des stocks d’énergie fossile à priori inépuisables. Leur développement a été basé sur l’expansion de leur périmètre d’approvisionnement, ce qui a augmenté l’empreinte écologique humaine selon le niveau de développement du pays et a perturbé puis dérégulé les écosystèmes, d’abord localement puis plus globalement.

Le paradigme a désormais changé, au regard de la catastrophe climatique qui menace. L’heure est au questionnement essentiel sur le mode de fonctionnement. C’est l’usage qui fait sens : celui de la gestion de la ville et du territoire.

Pour pouvoir agir efficacement sur le métabolisme, il faut d’abord transformer durablement nos comportements, et nos envies …

 

 

Offrir du grain à moudre

La piste suggérée par Alain Maugard est celle de l’autonomie, déjà à l’échelle du quartier, afin de limiter les déplacements et de reconquérir des formes d’optimum et de mutualisation autour de certains concepts : intensité, densité, espaces ouverts ou semi fermé ou fermé (car il faut de l’espace), agriculture urbaine, commerce de proximité …

En recherchant ou inventant de nouvelles centralités et en s’appuyant sur les innovations technologiques  …

Il faut  redonner toute leur importance aux valeurs collectives et solidaires, et dans le même temps mener une approche systémique afin de répondre aux crises identitaires d’aujourd’hui de plus en plus omniprésentes et d’éviter toute ghettoïsation ou standardisation.

Plus que jamais la régulation doit être sociale …

Pour ce faire il est indispensable de redonner des marges de manœuvre qui permettent à chacun de s’épanouir en s’impliquant et obtenir des avancées …

Et pour cela il faut absolument du grain à moudre. Du grain à moudre pour bâtir de nouvelles perspectives et pouvoir se projeter positivement dans l’avenir.

 

Schiste, le vent de la révolte souffle grave …

manif-gaz-de-schiste-Meaux_5.jpgJuste avant de prendre quelques jours de vacances, j’ai participé à la manifestation organisée par le collectif «STOP PETROLE DE SCHISTE 77», qui avait été annoncée lors du rassemblement de Doue (cf note précédente) afin de maintenir la pression auprés du gouvernement et protester contre le début des campagnes d’exploration qui devaient débuter à la mi-avril.

Autant le dire, cette manifestation a été un véritable succés, mobilisant malgré des conditions défavorables (vacances scolaires, reculade gouvernementale) plus de 2000 manifestants dans les rues de Meaux, dont de nombreux élus (manifestement depuis Doue certains s’étaient informés sur ce dossier explosif), et les médias nationaux, attirés sans nul doute par les présences de Corinne Lepage et Eva Joly, José Bové présent à Doue, défilant dans le sud le même jour.

Force est de constater que le vent de révolte, qui depuis novembre dernier secoue le pays, prend une ampleur considérable, obligeant du coup, gouvernement et UMP à faire volte face et revoir entièrement leur copie.
C’est du Larzac, que l’étincelle à été allumée, redonnant une seconde jeunesse à José Bové. Christophe De Margerie, PDG de Total, ne s’y est pas trompé lorsqu’il a déclaré que débuter la campagne d’exploration dans cette région n’avait pas été une bonne idée (il a du employer un style plus direct).

Les images pour le moins évocatrices du documentaire de Josh Fox, “Gasland”, ont du ouvrir les yeux à beaucoup de français et d’élus locaux, totalement écartés jusque là d’un dossier quasi “secret defense”; bien que les permis d’exploration delivrés concernent pourtant prés d’un tiers du territoire national !
Au 1er janvier 2011, c’est en effet 62 permis d’exploration (62 942 km2) qui ont été accordés et 83 demandes de permis (121 134 km2) à l’instruction ! 
Tout cela, dans la plus totale discretion, sans que personne ou presque ne le sache, un peu gros non ?

Le mouvement s’est étendu depuis à toutes les régions concernées, grâce à des initiatives citoyennes qu’il convient de saluer, habitants, associations se structurant autour de collectifs, dont celui de Seine et Marne, organisateur des manifestations de Doue et Meaux.

Stop Pétrole de Schiste 77” est né le 17 février 2011 à Fontenay-Trésigny, composé de citoyens, d’associations à vocation départementale (NE77, les Amis de laTerre) ou plus locales, et de 5 partis politiques, dont les PS et les Verts, chacun peut y adherer et suivre l’activité grace à ses pages internet ou facebook.

Que dire de la manifestation et du cortège, si ce n’est qu’il fut imposant, bon enfant, et quelque peu caustique devant les tentatives de récupération politique de l’UMP, mais l’essentiel n’est il pas qu’un maximum de citoyens se rassemblent pour défendre l’environnement.

Il me semble important de revenir sur les interventions de Corinne Lepage et Nicole Bricq lors des prises de parole qui ont précédé le départ du cortège, tant elles ont permis de lever un coin du voile sur de nouveaux d’éléments troublants, qui démontrent la duplicité du gouvernement dans cette affaire et les collisions avec le lobby pétrolier.

Car manifestement tout était programmé, jusqu’au grain de sable de “Gasland” ! Comme quoi le choc des images est toujours aussi efficace et la capacité d’indignation du plus grand nombre encore intacte, qui le regrettera ?

Mais Corinne Lepage et Nicole Bricq nous ont apporté un autre éclairage sur un dossier réellement complexe qui ne se limite pas au seul gaz de schiste.

 

 

 

 

 

L’intervention de Corinne Lepage, Député européenne, Présidente de Cap 21, mais surtout avocate reconnue et qui fait autorité dans les dossiers environnementaux, nous a alerté sur la modification du code minier opérée en toute discrétion, en janvier 2011, qui pose quelques problèmes, tant sur la forme que le fond.

Sur la forme, il faut souligner que cette modification ne fait pas l’objet d’une loi ratifiée par le parlement, mais d’une simple ordonnance, signée du Président de la République, du Premier Ministre, du Ministre de l’Economie, du Ministre chargé de l’Industrie, du Ministre de l’Intérieur et du Ministre de l’Ecologie (Jean Louis Borloo n’est donc plus seul dans ce dossier !). Cette procedure permettant également d’escamoter tout débat contradictoire parlementaire, ce qui pour un texte aussi sensible pose problème, le motif de moderniser ce code n’apparaissant trés vite que comme un subfertuge.

Deux problèmes, entre autres, cependant :  l’article 38 de la constitution qui permet au gouvernement d’intervenir par ordonnance pour simplifier le droit, ne comprend pas le domaine du code minier, d’autre part délivrer de tels permis sans information, constitue une deuxième illégalité. 

Sur le fond, ce texte simplifie l’action des prospecteurs et exploitants d’hydrocarbures, mais également à ceux qui voudront stocker le carbone, exploiter des ressources sous-marines … Simplification « attendue depuis longtemps par la profession ».

Corinne Lepage est intervenue au Parlement Européen sur cette ordonnance et a deposé un recours en Conseil d’Etat dés sa parution, les modifications inscritent supprimant « les études d’impact et des enquêtes publiques pour les permis de recherche préalables à l’autorisation d’exploitation.» et sont sur beaucoup de points, en totale contradiction avec les engagements internationaux, notamment communautaires de notre pays (la convention d’Aarhus signee par la France en 2002) : ni information aux habitants, ni enquête publique et étude d’impact, aucune information sur les produits chimiques utilisés dans le mélange permettant la fracturation du shiste.

Nicole Bricq, Vice Présidente de la Commission des Finances au Sénat, Sénatrice de Seine et Marne, mais également spécialiste reconnue des questions environnementales, elle avait d’ailleurs animé avec beaucoup d’énergie et de compétence, les travaux du pôle écologie du PS est intervenue, présentant la proposition de loi dépose fin mars et visant à interdire l’exploration comme l’exploitation des gaz et huiles de schiste sur le territoire français, dénonçant également  

« l’opacité qui a entouré les procédures d’attribution des permis de recherche de gaz et huile non conventionnels », et soulignant « les risques pour la santé et l’environnement induits par la technique de forage utilisée ». Sa proposition de loi se distingue de celle déposée par les deputes UMP (voir peu après) :

  • Elle ne se limite pas à un procédé d’extraction, contrairement au texte proposé par la majorité gouvernementale conditionnant l’interdiction à l’utilisation de la seule technique de la fracturation hydraulique, alors que l’impact environnemental de cette exploitation et les nuisances occasionnées ne se limitent pas à la seule extraction,
  • Elle abroge tous les permis accordés, alors que le texte proposé par la majorité gouvernementale la limite à ceux spécifiquement liés aux hydrocarbures non conventionnels. Il convient pourtant de les abroger dans leur ensemble afin de déterminer ceux qui sont conventionnels et ceux qui ne le sont pas afin de n’autoriser réellement que les premiers.

La Sénatrice de Seine et Marne s’est félicitée de l’initiative citoyenne à l’origine du collectif qui a permis de faire découvrir aux élus le scandale démocratique et environnemental qui était en train de se produire, et a entraîné la mobilisation des habitants, des associations et des élus locaux.

Mais elle est également revenue sur une disposition fiscale, discutée le 14 novembre 2010, relative à la loi de Finances 2011, notamment avec la prise de parole de Mme Mélot, sénatrice UMP de Seine-et-Marne, defendant un amendement visant à réintroduire un avantage fiscal pour les sociétés d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures, dont elle n’avait pas à l’époque saisie toute la portée. Nicole Bricq interrogeant le gouvernement, début avril sur cet avantage fiscal accordé, notamment au regard du contexte budgétaire national et de l’ampleur du déficit public, n’a obtenu aucun engagement de suppression du Ministre du Budget.

Ce qui me donne l’occasion d’aborder un coté rarement abordé dans ce dossier, lié aux profits boursiers. Certains des détenteurs ou demandeurs des permis accordés par le gouvernement, sont de fait des fonds d’investissement, qui ont vu leur cours s’envoler dés l’attribution des permis d’explorration, et qui ont pu ensuite monnayer les permis décrochés. Car le modèle économique de beaucoup ces entreprises est basé sur une recherche de profit à court terme en spéculant sur la hausse future des prix du gaz et du pétrole et l’incidence de ces hausses sur le cours de leur action.

 

Je ne peux pas, ne pas souligner le virage spectaculaire effectué par l’UMP sur le dossier de l’exploitation des gaz de schiste. Ceci étant  l’opération « Com » à laquelle nous avons assisté le jour de la manif, est apparue tout de même un peu grosse : tracts distribués le jour de la manifestation sur le thème  “Soutenez la proposition de loi de Jean François Copé et de Christian Jacob contre les gaz de schistes”, banderoles déployées … Excusez du peu …

Mais où est la cohérence ? Entre d’un coté les permis accordés en catimini, l’ordonnance réformant le code minier dans les conditions décrites, les avantages fiscaux acordés aux entreprises pétrolières, de l’autre la proposition de loi de Christian Jacob, qui fait des pieds et des mains pour que son texte soit discuté avant celui des élus de gauche … Le grand écart n’est pas loin, attention au claquage !

Juste pour l’anecdote, rappelons le lapsus révélateur de François Fillon à l’Assemblée indiquant effectivement que le « Gaz de shit » pose problème …

Un bon mot qui fait l’unanimité,  non ?

 

 

Eco quartier à la française ou pas ?

fsm.jpgTout l’enjeu, dans la montée en puissance des projets d’EcoQuartiers sur le territoire, est de ne pas perdre le cap initial, « agir contre le réchauffement climatique ».
J’en suis d’autant plus convaincu après ma participation à la journée nationale des éco quartiers qui s’est déroulée à Grenoble, il y a tout juste quelques jours.

Les interventions lumineuses d’Olivier Siedler et d’Alain Maugard, l’ancien président du CSTB, sur lesquelles je reviendrais dans un prochain post, ont dressé constat clair. Notre société est plus que jamais à un moment critique du fait du stress énergétique imminent qui menace et du réchauffement climatique.

Il nous faut anticiper et repenser notre modèle économique, nos modes de consommation et habitudes de vie  au plus vite. Limiter l’efficacité énergétique à la seule consommation du bâti est par trop réducteur, l’élaboration des matériaux, leur transport, recyclage après usage, comme leur localisation sont des déterminants incontournables. Le bilan énergétique doit être global, c’est l’unité de mesure pertinente d’un éco quartier : modes de déplacements, localisation des pôles générateurs de flux urbains, atténuation et adaptation aux changements climatiques …

L’EcoQuartier n’est qu’un des premiers signes précurseurs de la ville durable, responsable et en tant que telle consciente de l’empreinte de son métabolisme sur la planète et de sa capacité à diffuser (« essaimer ») des pratiques environnementales plus vertueuses à ses alentours.
Un futur proche qui ne doit pas nous faire perdre de vue, que le présent nous impose d’agir sur le bâti actuel, tant il est énergivore. Au delà des bonnes intentions, toujours louables, qui jusque là caractéristisait la démarche environnementale de nos sociétés, l’heure est aux réalisations concrètes et à l’efficacité réelle, il y a urgence.
Pour ce faire, il est nécessaire de se fixer un cap et des objectifs ambitieux à atteindre:

  • Se doter d’indicateurs significatifs, suffisamment simples pour être appropriables de tous, et communs à tous les projets (comparaisons, seuils d’excellence ou de qualité, références  …)
  • travailler sur les processus afin de pouvoir piloter les actions, de faire évoluer si besoin les objectifs, et de pérenniser la démarche,
  •  réfléchir sur les outils « facilitateurs » des mises en pratiques et poursuivre la sensibilisation de la population
  •  élargir le regard au-delà? de nos frontières pour s’inscrire dans les démarches communautaires (cadre de référence européen de la ville durable notamment), nous y reviendrons également dans un prochain post
  •  faciliter transferts, partages de connaissance entre les différents acteurs, qu’ils soient chercheurs, concepteurs, décideurs ou professionnels (agriculture, bâtiment, urbanise, architecture, aménagement paysager, énergéticien …)

Force est de constater que la démarche EcoQuartier initiée par le Ministère répond à cette attente et favorise un processus continu d’ auto apprentissage collectif, quasi « cognitif », ouvert à l’innovation quelle soit technique, sociale, citoyenne ou organisationnelle.
Le contexte financier actuel impose de considérer dés son origine le cout global final d’un équipement ou d’un aménagement (investissement, charges de fonctionnement ou de maintenance, qualité d’usage, devenir : déconstruction, recyclage ou réversibilité …), il se traduit encore aujourd’hui par un surcout significatif.
Ce qui n’est pas admissible, tant cela  est discriminatoire. C’est paradoxalement lorsque l’on a peu de moyens, qu’il est important de s’interroger, d’explorer des pistes de travail, d’anticiper afin de dépenser moins et mieux. Plus on est en crise, plus il faut réfléchir afin de ne pas commettre d’erreurs qui coutent cher au final.
Les collectivités pauvres, n’ont pas la capacité de bâtir économe, c’est ce qui a notamment motivé notre candidature à l’appel à projet régional sur les « Nouveaux Quartiers urbains », nous voyons les résultats aujourd’hui.

Le ministère souhaite créer pour 2012 un « label EcoQuartier », dont l’intérêt est d’approcher plus finement ce que doit être un EcoQuartier, ou plutôt ce qu’il ne doit pas être. La difficulté de l’exercice est bien de trouver le juste équilibre entre trop contraindre, ce qui découragerait tout esprit d’innovation et standardiserait une démarche qui n’a pas à l’être et trop permettre, ce qui du coup enlèverait tout intérêt à la démarche

Certains parlent d’« éco quartier à la française », ce qui semble prétentieux compte tenu de notre retard sur ces questions, et constitue également un non sens, tant les enjeux environnementaux d’aujourd’hui dépassent les simples frontières nationales, l’épisode de Fukushima en étant une illustration éclatante. N’oublions pas de plus, qu’une réflexion sur la ville durable européenne est en cours..

Ci joint à la débottée, quelques idées d’ordre général …

 

 

 

Ma participation active à diverses instances, tant nationales que locales sur cette thématique m’a permis d’engager certaines réflexions, non personnelles, « restons humble » dirait Uriah Heep le personnage de Dickens, mais que je partage et que pour certaines, j’ai pu appliquer concrètement sur le projet d’éco quartier de Trilport.

Bâtir un projet en cohérence et en résonnance avec le territoire, en s’appuyant sur les démarches urbaines en cours (PLU, SCoT et documents associés PLH, PDU, etc.) qui doivent faciliter la traduction technique d’une vision stratégique et politique. Le diagnostic de territoire est un levier d’action indispensable, il permet de voir « grand angle » et de prendre le contexte local dans sa globalité et tout son potentiel, qui peut dépasser les limites de l’identifié ou du connu : ressources, savoir faire des acteurs locaux, développement de nouvelles  filières … Etape trop souvent négligée, qui ne nécessite pourtant que de faibles investissements en temps et en argent, juste un peu de curiosité et d’esprit d’initiative.

Sinspirer avant tout et surtout du contexte local. Un tel projet ne peut être un produit de consommation. A l’ère ou le copier, couper, coller devient un structurant de la manière de penser, cette technique est totalement inadaptée à la démarche Eco quartier. Il ne peut y avoir de généralisation des dispositifs d’organisation ou de standardisation à mettre en place, toute reproductibilité est par nature limitée, tant les contextes diffèrent : ressources techniques et budgétaires, nature des projets, dimensionnement, enjeux territoriaux … Chaque collectivité possède ses propres spécificités, et chaque quartier ses contraintes, son histoire, son parcours de vie …
Imaginer un projet adapté à l’espace-temps, il est nécessaire de situer un projet non seulement dans son contexte territorial mais également dans sa temporalité, afin tout en respectant l’existant d’anticiper l’avenir ou du moins de le permettre afin qu’il puisse s’adapter à un contexte futur potentiellement différent. Il faut apprendre à imaginer, ou à prendre conscience d’échelles de temps variables … Le temps long n’est pas toujours compatible avec le temps court … Celui de la planète avec la vie des hommes, la vie des hommes avec la satisfaction immédiate et non réflechie d’un besoin consumériste immédiat, et ce dernier, de la temporalité d’un mandat politique.
Faire de l’EcoQuartier un laboratoire d’expérimentation et de diffusion des bonnes pratiques ou usages (living labs), allant bien au-delà? de ses limites et de son échelle. Sa vocation n’est pas de se contenter de demeurer un territoire d’exception mais d’être  l’initiateur d’un cycle vertueux, vecteur de progrès et levier vers la ville durable.

Ancrer le projet dans une démarche réellement et résolument politique. L’ambition est bien d’agir à terme sur toute la ville, puis de rétro agir sur le territoire, ce qui nécessite un portage politique soutenu tout au long du projet : échanger, dialoguer, proposer, innover, s’adapter, faciliter …. Autant d’actions constituant une garantie du maintien des objectifs sur la durée.

S’appuyer sur une équipe pluridisciplinaire impliquant un large panel des métiers et des savoir faire qui font la ville et la vie de la ville. L’approche systémique est incontournable, elle nécessite cependant une véritable acculturation des différents acteurs (équipe d’ingénierie administrative et technique, décideurs, collectivités, entreprises, professionnels, utilisateurs, etc.).et leur décloisonnement afin de favoriser une approche transversale du projet d’EcoQuartier, guidée par des outils de pilotage et d’évaluation spécifiques facilitateurs et permettant réactivité, adaptivité, quelquefois même anticipation.
Bousculer les schémas classiques et pratiques habituelles afin de mettre en place un nouveau type d’organisation qui soit participatif, collaboratif, privilégiant une approche quasi cognitive, « auto apprenante ». La réalisation du projet dépendant de la capacité du maître d’ouvrage à savoir s’entourer des talents nécessaires, pour certains nouveau (Assistance à Maitrise d’Ouvrage en Développement Durable). Pour ce faire,  l’identification des besoins et des limites du projet est incontournable: compétences et expertises attendus ? nature des missions, phasage du projet … Le paradigme change : comment passer d’un urbanisme prescripteur à un urbanisme du mieux vire aprés vente. L’obligation de résultat remplace l’obligation de moyens, l’évaluation est un passage critique obligé, qui doit tenir compte cependant du contexte afin de ne pas se limiter à un calcul ésotérique.

S’insérer dans un processus d’amélioration continue : en ce domaine, les retours d’expérience manque. Si les critères d’évaluation doivent être définis dès la phase amont, ils doivent pouvoir être adaptés si nécessaire, tant le processus est évolutif, à l’aune du contexte économique et le prix de l’énergie n’est pas le moindre, mais également à celui des réalisations, des usages … L’évaluation continue n’est pas dans la culture française, elle entraine son lot d’incertitudes, de remise en cause, elle ne doit cependant pas être une fin mais un moyen permettant de répondre à un besoin avéré.

Assurer une veille environnementale et technique, portant tant sur le contexte et l’environnement de l’EcoQuartier (le foncier, le cadrage réglementaire, …), l’avancement du projet que les usages.
Prendre en compte dès l’amont les usages et leurs évolutions. Un EcoQuartier, avant que d’être un projet technique, politique, urbain, est avant tout et surtout un projet humain. Il faut encourager les habitants à s’approprier l’espace et à s’épanouir en usant du (utilisant) le territoire (transports, équipements, services, etc.), cela impose la création d‘espace de respiration, d’attention, l’aménagement d’espaces publics de qualité et diversifié permettant d’accepter une autre ville, un peu plus dense et la nécessité de mieux prendre en considération les priorités environnementales (place de l’automobile). Un EcoQuartier est une opportunité pour favoriser des changements de comportements et sensibiliser les habitants ou usgers du quartier aux enjeux du développement durable.

Co produire la ville durable. Aller au-delà de la simple information afin d’aboutir à une véritable co-construction requiert une impulsion forte de la collectivité, mais également du citoyen, qui doit laisser de coté le modèle du consommateur impulsif et individualiste. Si la participation citoyenne est un enjeu majeur du développement urbain durable et qu’on ne peut réduire à une simple « recherche d’adhésion à un projet », elle est de plus en plus difficile à obtenir. Le succés des réseaux sociaux apportant cependant des éléments de réflexion et d’interrogation, pertinents à prendre en compte.

Un fait est désormais acquis, le changement de nos modes de vie est le principal levier de réduction des émissions de carbone. Il faut faciliter cette quête vers la sobriété énergétique, en facilitant l’adoption de comportements responsables. Sans un bouleversement majeur des usages en cours, rien ne sera possible. Le politique doit contribuer à faire bouger les lignes, d’horizon et de perspectives.
Une volonté qui n’est pas obligatoirement auto flagellante, à nous d’inventer une nouvelle urbanité, de rendre la ville de demain aimable, vivable, désirable et durable. La ville de demain doit donner envie …

Pour ce faire, il est important de surmonter certains obstacles dans cette véritable course de haies : 

  • Financier tout d’abord. Le coût de lancement d’un EcoQuartier (ingénierie de l’évaluation, énergies renouvelables …) représente un budget considérable, dont les élus ne voient pas le retour sur investissement, qui n’interviendra qu’au fil des ans. Ce qui dans le contexte budgétaire actuel des collectivités est un handicap majeur.
  • D’angle de vue et de « focale ». Les projets actuels ne concernent que trop souvent la seule dimension environnementale. Pourtant un quartier est un morceau de ville, avec des dimensions sociale, économique et culturelle et une ville est avant tout un organisme vivant, doté de son propre métabolisme.
  • Culturels. L’omni présence de l’automobile dans la vie quotidienne et son corollaire, le stationnement ; mais également le peu de la dimension évaluation (manque d’outils et de références), qui lorsqu’elle existe est trop souvent déconnectée du projet concret ou du terrain. Le choc provoqué par quelques concepts urbains : densité, compacité, verticalisation … Ce qui nécessite un minimum de pédagogie et de talent pour apporter un « bien vivre ». Avec un corollaire que ceux qui font (architectes, aménageurs, urbanistes …) y vivent ou y travaillent.

Enfin, y compris si certains poètes ou artistes parlent de ville étérnelle ou intemporelle, la ville est avant tout temps et espace … Tout est question de temporalité et d’échelle, dont de relativisme …

Schiste : Doue, ton univers impitoyable !

 

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Nous étions certainement plus de  2000, samedi dernier sur la butte de Doue pour protester contre le projet d’extraction du pétrole de schiste.

Malgré la véritable omerta qui entoure ce dossier, le retentissement médiatique qu’a connu la manifestation est une bonne nouvelle ; si pour certains décideurs parisiens ou texans, Doue est au bout du bout, du bout de l’Ile de France, presque le bout du Monde, l’ampleur de la mobilisation permettra peut être à cette magnifique colline verdoyante et à son remarquable panorama de sauver son intégrité, élément fort du patimoine naturel et historique du territoire …

Réunir en pareil endroit, José Bové, Eva Joly, Vincent Eble Président du Conseil général, Alain Amedro Vice Président de la Région, Nicole Bricq Sénatrice de Seine et Marne, et des dizaines élus de toutes tendances, dont votre serviteur, n’est pas si fréquent. Les médias ne s’y étaient d’ailleurs pas trompé en étant nombreux au rendez vous. Cause de ce remue ménage, un permis d’exploration du sous-sol minier accordé en catimini par le gouvernement à deux compagnies américaines Toreador et Hess, associées au pétrolier « écologique »,Total, et au groupe GDF Suez ; détail important cependant, il s’agit de prospecter du pétrole « non conventionnel », par fractutation hydraulique.

Sur le site, chacun a pu s’apercevoir que le stade de la rumeur était depuis longtemps dépassé,  la plate-forme technique déjà bien en place,  (voir photo à la fin de l’article) n’attendant plus que les tours de forage, au grand dam des habitants et des élus, mis devant le fait accompli, sans l’ombre d’une concertation préalable. Devant le tollé et la levée de bouclier déclenchée notamment grâce à Internet, uen vraie vague de fond, les travaux ont été interrompus sur intervention directe de la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, mais qui pourraient reprendre autour du 15 avril.

Les besoins de recettes d’un gouvernement dont l’horizon budgétaire se limite à l’année en cours, et encore, est un élément à prendre en compte et doit nous inciter à la plus grande prudence, lorsque des intérêts économiques sont en jeu, mieux vaut être parano ! D’autant que si ce type d’exploitation n’était pas trés rentable il y a quelques années, le modèle économique s’est considérablement transformé et la donne a changé devant la modernisation des techniques, la baisse des coûts d’exploitation et à contrario l’augmentation du prix du pétrole.

Intéressons nous aux acteurs concernés par cette affaire et le manque de transparence et de concertation intolérable  qui l’accompagne depuis l’origine, car tous les seine-et-marnais pourraient être directement concernés si jamais les permis d’exploration puis d’exploitation pétrolières autorisant la fracturation hydraulique étaient autorisées …

 

 

 

 

 

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C’est le le 10 mai dernier que deux sociétés américaines, Toreador et Hess, ont annoncé officiellement leur partenariat, autour de permis d’exploration accordés par le gouvernement sur un Bassin Parisien “version grand angle”, car regroupant l’Île-de-France, la Bourgogne, le Centre, la Champagne-Ardenne et la Picardie, suite à des demandes remontant à juillet 2007. Selon Julien Balkany, Vice – président de la société pétrolière Toreador, demi – frère de qui vous savez, et ami intime de Nicolas Sarkozy, des permis obtenus en toute légalité, dans le respect des procédures. Soulignons cependant la discrétion totale qui a accompagné depuis le début cette initiative, car détail, l’autorisation gouvernementale porte sur la prospection de gisements de pétrole ou de gaz dits “non-conventionnels”. Logique lorsque l’on sait que notre pays a importé 98 % du gaz qu’il a consommé en 2009. Car le cas n’est pas isolé, en decembre dernier un permis de prospection portant sur prés de 9700 km2 a été octroyé aussi discrètement à Total et à un groupe texan associé à GDF Suez et d’autres exemples notamment en Ardèche pourraient être énoncés.  C’est à une offensive de grande ampleur des lobbies pétroliers que nous assistons.

 

La société Toreador n’est pas une inconnue en terre de Brie. Outre des actifs aux USA et à l’étranger, elle intervient principalement en France et en région parisienne, puique cela fait 15 ans que cette société américaine, trés présente dans l’Hexagone, explore et produit du pétrole “conventionnel” dans notre région. L’Ile de France compte 2000 puits forés depuis 1958, pour une production cumulée de 285 millions de barils, soit 10.000 barils jour de pétrole dont 10% sont produits par Toreador. Cette  société a quitté Dallas pour s’implanter à Paris, avec des objectifs ambitieux sur un terrain à fort potentiel de croissance, l’hexagone.

L’Institut français des pétroles a estimé que c’est de 60 à 100 milliards de barils de pétrole qui dorment sous le Bassin parisien, soit l’équivalent de 70 à 120 années de production du Koweït ! Seul souci, il s’agit de pétrole de schiste, dit “non conventionnel”, et Toreador ne possède ni les compétences, ni le “savoir faire” pour l’extraire.

C’est pour s’entourer des compétences nécessaires, qu’elle s’est associée avec un “expert” de l’activité, l’entreprise Hess, pour 120 millions de dollars, en échange du partage des futures recettes pétrolières Signalons au passage que cette séquence est une bonne affaire pour les actionnaires, le titre boursier de la société Toreador Resources, suscitant la convoitise de grandes majors pétrolières.

Enfer ou paradis ?

La production actuelle de Toreador est de 1 000 barils / jour, pour un coût d’extraction inférieur à 15 dollars par baril, le baril de brut étant vendu en moyenne à 51 dollars, avec une rentabilité de 64%.La société puise 883 barils par jour, vendus à la raffinerie Total de Grandpuits en Seine-et-Marne. Elle estime que produire du pétrole en France est rentable à un baril autour de 80 dollars, la valeur actuelle. Lorsque l’on sait que le pétrole américain a atteint un pic de 150 dollars le baril durant l’été 2008, avant de s’effondrer à 30 dollars du fait de la crise, chacun mesure les perspectives à venir et les intérêts financiers en jeu, encore faut il récupérer l’or noir ou le gaz «non conventionnel» piégé dans des couches de schiste à plus de 2500 mètres de profondeur.

Pour ce faire une seule technique, la fracturation hydraulique. Le principe est simple : effectuer des forages très profond, poser un drain horizontal et fracturer la roche via une injection d’eau sous haute pression, de sable et de produits chimiques. Autant dire que les nuisances sont nombreuses, tant en sous sols, qu’en surface, avec des conséquences inattendues, surs lesquelles nous reviendrons, dans une prochaine note.

 

Fort opportunément, quelques citoyens, militants d’associations  (NE77, les Amis de la Terre) et de partis politiques, se sont rassemblés dans une structure, le  « collectif Stop pétrole de schiste (77) » pour s’opposer à la fracturation hydraulique.

Ils exigent : l’arrêt immédiat et définitif de toutes opérations liées à l’exploration ou l’extraction d’hydrocarbures et/ou de tous produits dérivés ou miniers susceptibles d’utiliser cette technique, une information précise et publique sur les sites ayant déjà fait l’objet de fracturations hydrauliques et les modalités techniques mises en oeuvre pour chacun d’eux (produits utilisés, origine et volumes d’eau prélevés, lieu et conditions du traitement des eaux résiduelles etc…) comme sur les conditions financières, fiscales et de mise en concurrence appliquées pour l’attribution de ces permis.

 

Alors pourquoi tant d’inquiétudes pour une exploitation pétrolière qui finalement pourrait rendre tant de service à notre économie ? Un pays ne dépendant plus pour s’approvisionner de situations géopolitiques pour le moins fragiles, voir tendues et  explosives, acquérant de fait une certaine indépendance énergétique et touchant des revenus substanciels permettant de rétablir quelque peu une balance commerciale pour le moins en difficulté ?

Tout n’est pourtant pas si simple.  Le documentaire, GASLAND, visible sur Internet montre les conséquences de techniques similaires employées aux USA. Les images font froid au dos et ne laisse pas indifférent, normal c’est ce documentaire qui a mis le feu au poudre et permis d’allumer un contre feu pour le moins salutaire.

 

 

 

 

Tapis rouge pour les éco quartiers

l3-frassati.jpgC’est au « Tapis rouge »,  à deux pas de la gare de l’Est, dans les locaux de ce qui a été le plus ancien « grand magasin » (1784) de Paris, que s’est déroulée la 2eme conférence nationale des Eco quartiers. Deux objectifs affichés : établir un point d’étape sur l’éco quartier « à la française », et présenter la feuille de route 2011 .

Un cadre quasi intimiste comparé au Musée Branly choisi par Jean Louis Borloo, un an auparavant, pour l’annonce du premier palmarès. La symbolique du fond muséographique, l’architecture épurée de Nouvel, l’intégration spectaculaire du végétal, la luminosité du lieu et la disparition de Levy Strauss la veille, avait créé un climat propice aux envolées lyriques, très présentes dans le  discours ministériel, abordant tant le sens de la vie et le devenir d’une « civilisation » arrivée à un véritable carrefour  (« On the turning away ») que sur les éco quartier?. La dynamique du Grenelle n’était pas alors encore encalminé

Palmarès, somme toute honorifique (pas de subvention à la clé, contrairement à l’appel à projets régional) distinguant surtout des opérations d’aménagement de quartier d’habitat, sans véritable incidence sur les alentours sinon la verticalité, et très éloignés encore du standard des éco quartiers de référence européens et de l’émergence d’une conception « globale ».

J’avais regretté au moment de la candidature de ma commune au concours national, l’option prise de privilégier une approche thématique et segmentée (eau, déchets, biodiversité, mobilité, sobriété énergétique et énergies renouvelables, densité et formes urbaines, éco-construction) contrairement à celle de la Région Ile de France (appel à projets «  Nouveaux Quartiers Urbains ») transversale, et abordant également les questions de fond relatives au pilotage, à la question sociale, à la rétro action sur la ville …
Les choses évoluent cependant, car en lançant la convention dans la grande salle du Tapis Rouge, le secrétaire d’Etat au logement, Benoist Apparu, a présenté l’appel à projets 2011 qui intègre notamment une grille de critères élargie (cadre de vie, préservation des ressources, pilotage …), et témoigne une perception plus globale de la thématique, inflexion due aux travaux du Club National des Eco Quartiers.

Car au delà de ce concours et de son palmarès officiel, certainement la partie la plus visible et la plus « communicante » mais peut être la plus discutable de la démarche initiée vu les standards retenus, il faut souligner l’importance du « Club national Ecoquartier » créé en cette occasion. Si cette initiative pouvait faire sourire à l’origine, force est de constater qu’elle a démontré sa crédibilité et son intérêt.

Ce club est le révélateur d’une démarche innovante, atypique et quelque peu iconoclaste, inspirée des pratiques anglo saxonnes, selon Laurent Thery (Grand Prix de l’urbanisme 2010). Durant une année porteurs de projets, élus, professionnels, scientifiques, services de l’Etat se sont retrouvés pour ensemble approfondir leurs connaissances de manière pour le moins transversale, échanger sur les réussites ou difficultés rencontrées, les freins à surmonter, confronter points de vue ou méthodes et explorer des pistes de progrès ou de réflexion  … 

Adossé aux activités du club, un Comité Scientifique composé de spécialistes des questions liées à l’urbanisme, au bâtiment, aux inter relations entre vie sociale et habitat, a également planché sur la question …  L’objectif commun étant d’élaborer un référentiel national des éco quartier .

Avant de revenir dans de prochaines notes sur le bien fondé ou non, de ce concept d’éco quartier à la française,  il m’est apparu utile de revenir sur une année d’activités du « Club National » auquel j’ai eu l’honneur de participer et qui a initié me semble t’il un véritable mouvement de fond sur cette thématique systémique (et non un mouvement sismique, quoique …).

 

Retour sur un peu plus d’un an de réflexion et de travaux …

 

 

 

 

 

 

Afin de favoriser un travail constructif et productif, le Club a organisé des ateliers nationaux thématiques. Un regret toutefois, les différentes réunions des quatre ateliers étant  calées sur le même cycle (trois réunions annuelles) et planifiées durant les mêmes semaines, il a fallut  faire des choix cornéliens et des arbitrages quelquefois difficiles sur  les réunions à privilégier dans les quatre ateliers :

  •  « L’EcoQuartier, levier vers la ville durable » : choix du site de l’EcoQuartier, prise en compte de l’existant, articulation des échelles spatio-temporelles, généralisation à toute la ville des bonnes pratiques …
  •   « Le pilotage d’un EcoQuartier » : analyse des acteurs, du cadre juridique, du montage financier et du choix de management de projet, de son évaluation et de son pilotage …
  •  « Le citoyen et l’entrepreneur, moteurs de l’EcoQuartier » : place des acteurs (collectivités locales, agents économiques, associations et habitants) dans la fabrique des EcoQuartiers …
  •   « L’EcoQuartier en milieu rural » : spécificités du milieu rural, comment  encourager et soutenir les démarches initiées,

 

Il faut souligner l’intérêt de chaque réunion à laquelle j’ai participé : qualité des intervenants (techniciens, experts ou simplement acteurs du terrain), richesse des échanges et des débats, mise à disposition d’un extranet créé pour le Club.
Disposer de ressources  téléchargeables a constitué un plus appréciable pour nos travaux, tant  en amont, avec les éléments de cadrage (ou documents préparatoires), mis en ligne avant les ateliers et permettant ainsi de les préparer, tant après le déroulement de la journée de travail : comptes rendus, synthèse, mise à disposition des présentations effectuées …

Pour ma part, j’ai tenu à participer à toutes les séances de l’atelier « Pilotage d’un Eco quartier», en relation directe avec le degré d’avancement de notre dossier.  La qualité du panel des différents intervenants, la richesse des débats ont permis d’approfondir cette thématique très particulière, de disposer d’une boite à outils utile et d’apprendre beaucoup des retours d’expérience exposés au fil des réunions. Certaines de mes convictions en sont sorties renforcées : importance cruciale de la phase «amont », utilité de constituer une véritable équipe projet pluri disciplinaire à dissocier de l’aménageur, intérêt d’un portage politique fort, importance également de la gestion du temps …

J’ai participé également à certaines réunions d’autres ateliers :

  •  « Le citoyen et l’entrepreneur, moteur de l’éco quartier ». L’appréhension de la dimension sociale et relationnelle est certainement la plus complexe à aborder mais elle est au combien essentielle pour aborder la temporalité d’un éco quartier la question des usages. Elle permet en phase amont, d’éclairer utilement certains arbitrages à rendre : domanialité, entretien et maintenance de l’espace public, mixité sociale et générationnelle …
  •  « l’éco quartier en milieu rural ». Il a permis de partager des retours d’expériences divers, localisés sur l’ensemble du territoire national et donc très instructifs, car éloigné du prisme déformant francilien. Ces séances ont démontré à la fois la difficulté financière pour des petites collectivités, de pouvoir se doter d’une véritable équipe projet pluridisciplinaire permettant de lancer et porter un éco quartier digne de ce nom, et non un simple eco lotissement. Problématique complexe, vu l’enjeu, comment  rendre «reproductible» à une échelle plus réduite la démarche qualitative nécessaire pour créer un vrai éco quartier.

 

De l’art du « bureau des méthodes »

Laurent Thery définit l’urbanisme comme « l’art de dépasser sa simple parcelle », citation appropriée également pour un éco quartier. Si ce dernier peut être effectivement considéré comme un territoire d’expérimentation, il ne faut surtout pas qu’il demeure un territoire d’exception, car il faut qu’il rétro agisse bien au-delà pour initier un effet d’entraînement vertueux menant vers la ville durable

Encore faut il pour ce faire bousculer quelque peu les schémas classiques et initier une démarche à la fois systémique, pluridisciplinaire et participative. La nécessité de décloisonner les organisations verticales afin de favoriser une approche transversale n’est plus à démontrer, et elle doit s’initier trés en amont malgré les aléas. Et c’est du fait de ces aléas qu’il est utile d’avoir un portage politique fort garantissant le maintien et le respect des objectifs initiaux sur toute la durée du projet.

La question des méthodes est également centrale. Construire un éco quartier nécessite de nouvelles compétences et expertises très diverses et impose un pilotage fin qu’une Assistance à maitrise d’Ouvrage en Développement Durable favorise.
Pour ce faire il faut disposer d’une batterie d’indicateurs, de labels, d’outils méthodologiques de suivi et d’évaluation, permettant la mise en place d’un véritable process d’amélioration continue.

 

Entrer en résonnance avec le territoire

Pour qu’un Eco quartier entre en résonance avec le territoire, il faut qu’il prenne en compte très en amont ses spécificités mais également les usages de ce territoire par des habitants qui se l’approprient, s’y épanouissent, se rencontrent … l’utilisent …
Il est essentiel de réfléchir très en amont pour tenter d’anticiper et limiter certaines des contraintes liées aux usages, à la gestion des espaces, publics ou privé, aux différentes interactions et fonctions de la ville. Un éco quartier peut favoriser l’émergence de services absents jusque là, répondre à des besoins du territoire afin d’apporter ainsi un « plus » appréciable aux habitants en valorisant les ressources locales et en permettant de vivre la ville différemment.

Le qualitatif est un passage obligé pour que cette résonnance soit positive. L’organisation urbaine, la qualité des espaces verts, des points de vue, des paysages ou de l’architecture ont un lien de causalité direct avec  l’acceptation de la densité, la sensation du  bien-vivre ensemble dans sa ville, la perception et l’appropriation de l’éco quartier par ses habitants mais également par ses visiteurs …
Il faut rendre « la ville aimable », qu’elle donne envie … C’est aussi pour cela, qu’un vrai éco quartier dépasse le simple objectif environnemental et intégre des dimensions sociale, économique, esthétique et culturelle.

 

Un défi  à relever 

Encore faut il disposer des moyens financiers et logistiques pour s’entourer des compétences d’une équipe pluridisciplinaire. La phase amont (réflexion, stratégie, études préalables) est non seulement structurante, mais elle est incontournable pour atteindre les objectifs qualitatifs inhérents à un éco quartier.
Elle nécessite cependant des moyens financiers que nombre de petites communes n’ont pas. L’inégalité territoriale joue que cela soit sur la taille de la commune ou ses moyens financiers. C’est la grande force de l’appel à projets « Nouveaux Quartiers Urbains » initiée par la Région par rapport à celui de l’Etat. Vouloir décrocher les étoiles pour concevoir un éco quartier référence est une belle initiative, encore faut il en avoir les moyens, surtout dans le contexte actuel.

 

 

Une étape utile

En mettant en place le Club national EcoQuartier, le ministère a amorcé une démarche de partage d’expériences et d’émulation collective, étape nécessaire à la poursuite des progrès en matière d’urbanisme durable. Il faut maintenant que ces échanges théoriques aboutissent à des outils concrets pouvant aider les collectivités à mener à bien leurs projets. 

Une des difficultés particulière du moment, est d’initier une approche globale mêlant urbanisme, aménagement,environnement et vie sociale, dans un contexte des plus mouvant : que ce soit au niveau du réchauffement climatique, de la dégradation de la bio diversité, qu’institutionnel (fusion des services de l’Etat, décentralisation, remise en cause de l’action publique …), ou budgétaire (raréfaction des ressources financières), autant de paramètres impactant durablement l’action publique, notamment locale et bouleversant considérablement les repères des uns et des autres .

Echanger, mutualiser les connaissances, les savoir faire, croiser les points de vue, a permis sinon de rattraper le retard français dans le domaine des éco-quartiers, du moins de creuser peu à peu les fondations qui favoriseront l’émergence d’un référentiel, vraie valeur ajoutée, à la fois outil, guide, boussole et compas indiquant le cap  à atteindre.

 

 

 

 10 idées clés selon le Ministère????

La synthèse de ces travaux et de celle du Comité Scientifique ont permis de faire émerger dix idées clés :

1) La planification stratégique et la programmation, indispensables pour éviter de faire des EcoQuartiers des territoires d’exception. Elle favorise l’innovation et les évolutions éventuelles qu’elle soit technique, financière, juridique dans une temporalité longue malgré les contraintes …

2) Choisir un panel d’outils adaptés à la fois à son projet d’éco quartier, comme à son environnement et son territoire (tissu urbain notamment).  Il n’existe pas de critères d’exigence communs à tous les EcoQuartiers en France et un éco quartier n’est pas un produit standard duplicable, mais un morceau de ville qui doit respecter l’authenticité et la spécificité du territoire .

3)  Une organisation transversale des services dont le chef de projet est le catalyseur permet de privilégier une approche systémique.

4) Le diagnostic de territoire, un levier d’action souvent sousestimé. Il permet à la fois d’identifier les ressources disponibles, le potentiel économique, le contexte naturel,  historique et social …

5) L’évaluation, démarche indispensable pour atteindre. Développer des critères d’évaluation ou des outils de comparaison favorisant un pilotage permettant d’atteindre les résultats escomptés (Exemple : le Système de Management Environnemental ou SME))

6) Une approche collaborative du projet avec une Assistance à Maîtrise d’Ouvrage (AMO), initiée très en amont (plans masses, programme d’actions …) afin d’identifier les besoins du projet : compétences et expertises attendus …

7) La nécessité d’une démarche participative, auprès des habitants, afin qu’ils s’impliquent,  s’approprient et puissent se projeter dans le futur EcoQuartier.

8) Le partenariat plutôt que la contractualisation : importance de développer une vision et des valeurs partagées …

9) Un élément à prendre en compte en amont : les services et les activités commerciales, des enjeux de mixité urbaine.  Il existe une forte attente des habitants en termes d’offre de services et d’activités de proximité afin de préparer une bonne intégration à l’environnement urbain.

10) Un besoin de structuration des filières des éco-matériaux et des filières courtes

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