Impressions de hongrie

Pannon.jpgJ’étais invité le week end du 1er mai en Hongrie, à Pannonhalma (située non loin de Gyor et de Vienne), à l’occasion du 10eme anniversaire du jumelage de cette commune avec Engen, cité allemande à laquelle nous sommes également jumelé. La deuxième mi temps d’une rencontre amicale ayant débuté l’an dernier.

Le temps d’effectuer un rapide aller retour express dans un pays que j’avais découvert en aout 2006 …

10 ans déjà, cela représente peut être peu pour un français, mais tellement pour un hongrois ! C’est effectivement en 1999 qu’Engen et Pannonhalma ont lié leur destin, 10 ans tout juste aprés la chute du mur de Berlin, la Hongrie n’avait alors pas encore intégrée la Communauté Européenne (2004) ! Depuis le temps s’est comme accéléré !.

J’ai eu le plaisir de retrouver durant ces trois jours, des visages connus, normal, de jeunes Trilportais ayant participé à des chantiers organisés à Pannonhalma, nous avons eu le plaisir de plus d’accueillir en mairie des stagiaires hongrois désireux de se perfectionner dans notre langue ; car fait positif, la culture française semble encore attractive, mais jusqu’à quand ?

Tout n’est plus aussi définitif sur terre, la planète tourne et ses centres de gravité également, nous aurions tort de l’oublier et de ne pas considérer à leur juste mesure, les pays d’Europe de l’Est,  le potentiel et la chance qu’ils représentent pour notre vieux continent.
Un constat que la classe politique française dans son ensemble devrait intégrer. Il est paradoxal et significatif que l’Europe d’aujourd’hui soit plus proche de celle d’avant 1914, que de celle de l’aprés Yalta. Les repères, notamment géo politiques, qui ont formés des générations d’occidentaux et de français ne correspondaient en fait qu’à une imposture politique qui depuis s’est dissipé.

L’Europe de l’Ouest, et l’Allemagne l’a bien compris au contraire de nos dirigeants, doit ouvrir les bras à ces nations plutôt que leur donner des leçons ! Et il y a urgence.
Autant il était aisé d’apparaitre commue une perspective d’avenir face à l’Amérique ringarde de Busch (le dernier opus de Thomas Friedman est à ce sujet explicite), fermée sur elle même et parano, autant celle d’Obama risque fort d’exercer un pouvoir d’attraction tout à fait différent auprés des habitants de ces pays; une situation amplifiée par l’atlantisme de certains de nos dirigeants, ne pensant à l’Europe que lorsqu’elle flatte leur égo, oubliant au passage qu’elle ne peut être que collective !

Voici quelques impressions fugitives …

 

 

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Arrivée à l’aéroport de Vienne, plus proche de Pannonhalma que celui de Budapest. L’Autriche Hongrie, cela ne vous rappelle rien ?
Je suis pris en main par un jeune notaire hongrois écoutant du Manu Chao …  Une heure de voiture aprés nous sommes à destination, juste le temps de traverser de vastes champs d’éolienne plantées sur les deux pays, ce qui ne semble pas poser de problème ici.
Premiere impression, Pannonhalma située à une encablure de Gyor (à proximité de l’autoroute qui traverse l’Europe de l’Est de la Suisse à la Slovaquie ) est dans un secteur en plein développement, la dynamique immobilière l’atteste  …

Trois jours de fête ont suivi, au delà de la belle organisation de l’évènement qu’il faut saluer, voici quelques impressions …

La soif d’europe des hongrois, notamment des plus jeunes, qui fait plaisir à voir. Elle a été particulièrement perceptible lors de la fête populaire multigénérationnelle organisée pour l’occasion et du feu d’artifice, cloturant la journée avec un final an apothéose aux sons de l’hymne européen  … Un moment à la fois simple, émouvant et beau …

Un passage du discours de Johannes Moser, bourgmeister d’Engen relatif au « pique nique pan européen », fait peu connu en France. Cette manifestation qui s’est déroulée le 19 août 1989 sur la frontière austro hongroise devait se limiter initialement à un pique nique populaire entre frontaliers autrichiens et hongrois, histoire d’aplanir un différent. Une ouverture symbolique et momentanée de la frontière de trois heures avait été autorisée pour l’occasion. 600 Allemands de l’Est ont profité de l’aubaine pour rejoindre l’Ouest. Une péripétie qui a changé brusquement le sens et la portée d’un évènement devenu depuis historique et participant au Tsunami populaire et collectif qui a bouleversé le visage de l’Europe  …

Autre image, celle du monastère de Pannonhalma, haut lieu du patrimoine de l’Unesco s’il en est, au poids économique de plus en plus visible (cf une note précédente) dans lequel nous avons partagé un repas avec des lycéens.

Enfin, les discussions avec de jeunes hongrois, sur la littérature française, mais également sur l’évolution politique de leurs pays …  J’ai noté la défiance de certains d’entre eux pour les partis de gauche ayant à leur tête d’anciens potentats communistes recyclés.
Manifestement un saut générationnel s’impose pour rendre compatible à leurs yeux gauche et progrés social … Constat positif toutefois, les sirènes de l’ultra libéralisme semblent moins attractives que par le passé, manifestement la crise est passée par là. Signalons également que le PS Français n’a pas forcemment mauvaise presse, comme  ses propositions : solidarités, bouclier social, place de l’etat et des services publics, régulation, Développement Durable …. Rien n’est donc perdu, mais pour porter le changement encore faut il pouvoir l’incarner !

 

Des rencontres et un séjour qui n’ont fait que renforcer mes convictions européennes. L’Europe ne marche réellement sur ses deux jambes que depuis 2004, date de l’arrivée des pays de l’Est dans la Communauté Européenne, une réalité qui devrait s’imposer à tous. Ce qui manifestement n’est pas encore le cas !
Au lieu de se regarder le nombril et de réver à leur influence d’antan, ou de jouer à plus atlantiste que moi tu meurs, nos dirigeants devraient saisir l’opportunité de tisser des liens privilégiés avec ces nouvelles démocraties qui ont besoin de nous comme nous avons besoin de leur soif d’avenir et de leur potentiel …

Elles sont une partie de notre identité, car nos histoires et nos cultures sont communes et se sont nourries du sang des uns et des autres !

 

Afghanistan, le sens d’une présence

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La mort des 10 soldats français nous interpelle. Chaque citoyen qu’il soit ou non spécialiste de l’art militaire ou de géo politique, s’interroge. Ce drame exige de vraies réponses pour comprendre ce qui s’est réellement passé afin que ces morts ne soient pas inutiles.
Espérons que le débat parlementaire apporte toutes les clarifications nécessaires, sans tabous, ni récupération, surenchère ou démagogie.

Il est sain que notre pays s’interroge sur le sens de son engagement en Afganistan et ses modalités. Si pour certains il ne peut exister de guerre sans victimes, il est heureux qu’en France le sang versé ait un prix qui ne soit pas simplement celui des larmes et des honneurs.

Contrairement aux dirigeants qui « n’ont pas de doute et referais les mêmes choses », j’estime salutaire de se demander si ces morts étaient évitables : nature des moyens engagés, pertinence de la nouvelle stratégie de notre pays … Le remplacement des forces spéciales par de jeunes soldats, peu expérimentés est il par exemple adapté dans ce champ d’opérations, certainement un des plus dangereux au monde ?

Les talibans, ne sont pas les soldats « moyenâgeux » décrits par d’éminents stratèges de salon, rappelons qu’ils n’ont jamais perdu une guerre, que ce soit contre les russes ou les américains. Ces derniers y ont pour la première fois en juin perdus plus d’hommes qu’en Irak. La région peut se révéler très rapidement un véritable bourbier.

Mais autant le dire, être absent de cette région, véritable plaque tournante du terrorisme mondial, avec deux pays voisins  munis de l’arme nucléaire (Pakistan, Iran) dont un pour le moins instable, peut se révéler périlleux pour nos sociétés. Encore faut il ne pas se tromper de combat, ni de siècle : cette guerre n’est pas le choc des civilisations décrit par Bush et ses affidés, la lutte entre les forces du mal et celles du bien a pour le moins démontré tragiquement ses limites, en Irak comme sur ce terrain. Au regard de la situation militaire actuelle, il serait sans doute opportun d’opter pour une autre stratégie.
Les Occidentaux, comme le souligne Vedrine ont perdu le monopole de l’histoire (l’ont ils seulement eu ?), il est plus qu’urgent qu’ils réfléchissent aux politiques à adopter face à ce bouleversement « tectonique » , faute de quoi ils s’enferreront dans des politiques de force simplistes et vouées à l’échec.

Je voulais souligner la pertinence de deux contributions utiles, celle du journaliste de Libération, « spécialiste » des questions de défense, Jean Dominique Merchet (cf son blog : « secret défense ») et le remarquable article paru dans le Figaro (comme quoi …) dont l’auteur est François Sureau (cf article).

 

En voici d’ailleurs un extrait … C’est à la fois digne, émouvant et juste

 

 

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 » Il y a une guerre en Afghanistan, et cette guerre tue. Nous devons aux soldats du 8e RPIMa qui y ont trouvé la mort les armes à la main de réfléchir à ce que cela signifie. Nous devrions d’ailleurs nous abstenir de parler de leur «sacrifice» avant d’être sûrs des raisons de leur mort. Nous ne devons pas d’abord aux soldats tombés l’émotion et les larmes, mais l’effort de l’intelligence et celui du souvenir, afin de pouvoir leur rendre lucidement les honneurs qui leur sont dus.

Ces morts devraient  nous apprendre à nous méfier de ces mots trop grands, trop vagues, que nous répétons à l’envi. Il n’y a pas de «présence française» dans un monde guetté par le chaos qui ne soit susceptible d’entraîner la mort de nos soldats : par dizaines aujourd’hui, par centaines peut-être demain. Il n’y a pas de participation effective à la lutte du monde libre contre le terrorisme qui puisse être assurée aujourd’hui sans le risque de telles épreuves. Il n’y a pas de «rang», de «place» de la France qui puissent être maintenus sans comporter, à la fin, ces souffrances-là.

… / …

S’il existe en Afghanistan des raisons de se battre et des chances de vaincre de se battre, et non pas d’assurer, abstraitement, une «présence» limitée aux communiqués de la publicité politique , alors il faut se préparer à cette guerre, qui sera dure comme elles le sont toutes. Il faut se préparer aux embuscades, aux revers, aux morts nombreux d’une guerre, et ne pas s’en étonner avec cette inconscience de vieux enfants qui est souvent la nôtre, qui découvrent avec surprise que le reste du monde ne joue pas.

Alors il faut que les troupes s’entraînent, que le commandement commande et que les politiques fassent des choix, y compris budgétaires, qui correspondent à la réalité des engagements. Alors il ne faut pas se demander à chaque épreuve si les morts ne sont pas morts «pour rien», si tel objectif limité justifiait les pertes, si l’on n’aurait pas pû procéder autrement. Dans une guerre, les soldats qui tombent dans les batailles décisives ne sont pas plus nombreux, et cela ne signifie nullement que la mort des autres ait été vaine. La nation doit autant au dernier tué de la Grande Guerre qu’aux morts de Verdun.

… / …

La question de savoir si, pour l’Afghanistan, la stratégie de l’Otan est la bonne et si elle correspond à nos intérêts dépasse ma compétence. Je sais simplement que s’il n’est pas possible d’y répondre de manière convaincante, aucun effort de guerre durable ne pourra être poursuivi. Le soldat peut mourir, mais pas en victime de la figuration internationale « 

 

Dégustons l’huitre de Marennes Oléron

huitre marennes.jpgDe passage sur l’île d’Oléron lors de mes congés d’été, je n’ai pas résisté au plaisir de déguster la production locale d’huitres et de découvrir plus en profondeur l’activité ostréicole.
Cette industrie a fait la une des journaux en juillet dernier, du fait d’une surmortalité record des naissains (jeunes huitres de un à deux ans). Si les réveillons de fin d’année ne sont pas menacés, cette disparition soudaine et massive ne sera pas sans conséquence pour les années à venir (dés 2010-2011); rappelons qu’il faut trois à quatre années pour qu’une huitre (après une période variable d’affinage dans les claires) ne soit consommable.

Une surmortalité qui a décimé en l’espace de quelques mois l’ensemble des bassins ostréicoles français, avec des taux de mortalité allant de de 40 à 100 % des naissains d’huîtres creuses, tous ou presque d’origine japonaises, soit 99% de la production française.

Une véritable catastrophe pour les milliers de personnes vivant de cette industrie, vitale pour l’économie de leurs territoires ; avec 130.000 tonnes par an la France est le premier producteur européen et le quatrième mondial derrière la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Une activité qui est également un argument touristique de premier plan pour ces régions !

Le plus paradoxal est que l’huitre est à la fois robuste, elle est de loin antérieure à l’arrivée de l’homme sur terre, et fragile.  Sa survie est totalement liée à l’équilibre et la vitalité d’un éco système complexe, qu’il ne faut surtout pas limiter à l’Océan, notamment dans le cas de l’huitre de Marennes, car bien des paramètres interviennent y compris terrestres : température de la mer, apports en eau douce, salinité, prédateurs, algues, pollution des effluents et affluents …

La crise traversée aujourd’hui par le monde ostréicole est une illustration parfaite des problématiques actuelles. Ou comment concilier développement vertueux de nos territoires, interrelations entre nos différentes activités et le milieu, gérer le risque sanitaire et protéger notre environnement …

Car tout est lié !

 

 

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Si autrefois pour déguster des huitres, il fallait les « cueillir » sur les bancs naturels en mer, la production d’huitre est désormais une véritable industrie de pointe, qui présente beaucoup de similitudes avec celle du vin : vocabulaire (en bouche, affinage …), importance du site et des paramètres naturels, suivi sanitaire, poids économique pour les régions productrices …

Chaque huitre dégustée possède des spécificités gustatives propres en fonction de son lieu d’élevage, les ostréiculteurs français n’élèvent principalement qu’un type d’huitre, dite « japonaise »,  ce qui n’a toujours pas été le cas, ce choix dépendant de la capacité de l’huitre à résister aux attaques de parasite ou de virus …
L’huitre native de nos côtes, toujours produite, est le « belon » (Ostrea edulis) qui a laissé progressivement à l’huître portugaise (ou Crassostrea angulata) rejetée dans l’estuaire de la Gironde en 1868 et qui s’était acclimaté à merveille aux charmes de nos côtes jusqu’au mois d’aout 1970, où elle a quasiment été éradiquée après une épizootie qui a détruit l’ensemble des élevages de la côte atlantique française. Depuis les ostréiculteurs ont importé en masse l’huître creuse « japonaise » (Crassostrea gigas) résistant à cette maladie, qui subit aujourd’hui une surmortalité qui fait redouter le pire aux producteurs.

Car l’huitre est un produit naturel dont la survie est intimement liée à la qualité de son éco système et aux phénomènes naturels : vents forts, tempêtes (telle celle 1999), changements de courant, bancs de sables, vases … La moindre variation de paramètres aussi divers que la température, la turbidité, la salinité, la diversité phytoplanctonique influe directement  sur la qualité de la production.
L’huitre subit également la concurrence de « compétiteurs » comme les moules, ou de prédateurs tels le bigorneau ou l’étoile de mer … Autant dire que le métier d’ostréiculteur n’est pas de tout repos et que cette activité demande un suivi et des interventions quasi quotidiennes qui ne se limitent pas à la seule collecte, notamment à Marennes-Oléron.
Ce parc ostéicole possède des spécificités bien étables : milieu protégé des courants et des fortes marées, importance de l’apport en eau d

ouce, période d’élevage dans les claires (marais) occasionnant beaucoup de manipulation aux producteurs des pousse de claires et fines de claires, ce qui leur fait dire, d’ailleurs que leur huitre est un fruit de mer et de terre …

Les scientifiques ont cerné la cause principale de la surmortalité qui a touché les parcs français. Il s’agirait d’un virus : l’Ostreid Herpes virus 1, ou OsHV-1, connue pourtant par les spécialistes depuis de longues années mais qui aurait trouvé en 2008 un ensemble de conditions favorables pour se développer : . conditions climatiques particulières de l’hiver, printemps pluvieux, remontée rapide des températures, présence d’alg

ues …

Les chercheurs de l’IFREMER ont du pain sur la planche pour garantir la qualité et la pérennité de la production française, d’autant que le réchauffement

climatique risque de perturber la donne actuelle … En influant la qualité de notre production mais en permettant également à de nouveaux pays situés plus au nord de devenir concurrentiels (les Pays Bas)… La tentation de recourir à des OGM risque également d’apparaitre, ici ou là bas (USA ?)

Car tout en réfutant une telle piste, la recherche a débouché sur une nouveauté : l’huître triploïde, dite également huitre des quatre saisons, obtenues en écloseries par croisements. Des huitres stériles, ne fabriquant pas de gametes, et ne dépensant leur énergie qu’à grandir ! Elles ne sont pas laiteuses en été, poussent plus vite et se consomment à toute saison, car non concernées par le cycle habituel de la vue. Une huitre discutée par nombre d’ostréiculteurs ne désirant pas élever de produits non naturels, dont les naissains sont élevés exclusivement en écloserie (c’est tout de même un système de dépendance similaires aux semences OGM de Monsanto par exemple) et en milieu confiné afin d’éviter tout risque de contamination …

Voilà qui nous éloigne du plaisir simple offert par la dégustation de ce cadeau de la mer qu’est l’huitre naturelle  !

 

Qiu Xiaolong ou le Petit dragon

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Le moment est particulièrement bien choisi pour vous faire découvrir un de mes romanciers favoris, l’écrivain chinois Qiu Xiaolong (petit dragon en chinois) : les vacances d’été sont propices à la découverte de  livres policiers dépaysant, et les siens le sont à plus d’un titre, l’intérêt grandissant pour la Chine, ce pays continent qui accueille les jeux olympiques, la série de ses nouvelles inédites que Le Monde publie …

Maisplus encore,  l’originalité de cet auteur que j’ai découvert il y a plus de 5 ans et la très grande qualité de ses romans qui ont le bon gout d’être publié en poche.

Quelques mots sur son itinéraire : il est né à Shanghai en 1953, où il grandit, sa famille est victime des gardes rouges durant la Révolution culturelle, lors de ses études il intègre l’Institut des Sciences Sociales de Shanghai. Remportant une bourse d’études, il part aux Etats-Unis en 1988, afin de rédiger son doctorat sur l’auteur T.S. Eliot. Les évènements de Tienanmen éclatent, il écrit des articles, en faveur des étudiants et devant la répression décide de rester aux Etats Unis.
Il enseigne alors à l’université de Saint Louis et se met à écrire en anglais. Devant le succès rencontré, il se consacre uniquement à cette activité.
Publié dans une vingtaine de pays, il retourne depuis 1997 en Chine pour de courts séjours, ce qui lui permet d’être très informé sur l’état de son pays d’origine et de ses habitants.

Une acuité que l’on retrouve dans tous ses romans.Ses livres sont bâtis autour d’un personnage principal récurrent, l’inspecteur Chen Cao, tout à la fois cadre du Parti,  membre de l’Union des écrivains et policier.

L’intrigue policière est le prétexte pour nous plonger dans le véritable Tsunami subit par la Chine depuis l’ouverture économique initiée par Den Xiaoping. Un bouleversement sans précédent.

Comme l’écrit Xiu  » La transition, c’est que le pire des deux s’est uni : le pouvoir du parti unique avec le capitalisme le plus sauvage. »

C’est dire …

 


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Période charnière que ses romans décrivent à merveille. C’est en 1996 que l’idée lui est venue de laisser de coté la poésie pour se lancer dans le polar. Un parti pris qui lui permet grâce à ses intrigues et à ses personnages de décrire la réalité de son pays.
Cette volonté explique la profondeur et la complexité de ses personnages, notamment l’inspecteur Chen qui permet d’avoir une analyse assez complète des  traumatismes subis par la Chine et les Chinois :  culture, politique, vie quotidienne…

Autre raison de ce choix, « combattre la  vision caricaturale qu’ont les américains des chinois et de la Chine ; je voulais à travers mon personnage faire voir que nous étions beaucoup plus complexe que ce qu’ils pensaient (des chinois pauvres, illettrés, aux idées simplistes…) et leur amener une réflexion nouvelle face aux Chinois ».

La galaxie de personnage qui peuplent ses romans permettent également de multiplier les points de vue et les analyses croisée et de décrire ainsi toutes les affres qui secouent un pays ou l’argent est devenu le seul standard de la réussite.
Une période difficile pour les lettrés et les poètes, ce qui explique l’atmosphère particulière des romans de cet auteur attachant que l’on sent également un peu perdu. Fort heureusement, Chen est un épicurien, qui aime la cuisine, est sensible à la beauté féminine et qui s’il combat la corruption demeure un fin politique …

Les livres de Qiu Xiaolong ont bien d’autres arguments : leur rythme, la place prise par les allusions poétiques et les citations d’érudits chinois, les analyses sans concession de la tradition confucéenne et du Maoisme, l’humanité des personnages, quelque soit leur coté : criminel ou justicier …

Mais le mieux c’est de lire ses intrigues au fil du cheminement du personnage principal et de son évolution dans la société et dans ses rencontres … Donc de commencer par « Mort d’une héroïnerouge » puis « Visa piur Shangaï » puis …

http://www.qiuxiaolong.com/

Bibliographie :

La Danseuse de Mao, Liana Levi (2008)

De soie et de sang (Éditions Liana Levi, 2007)

Le très corruptible mandarin (Éditions Liana Levi, 2006)

Encres de Chine (Éditions Liana Levi, 2004)

Visa pour Shangaï (Éditions Liana Levi, 2003)

Mort d’une héroïne rouge (Éditions Liana Levi, 2001)

Engen Pammonhalma, 10 ans …

1083613622.jpgJ’étais ce week end en Allemagne, invité par la ville de Engen (notre ville jumelée) à fêter le 10 eme anniversaire de son jumelage avec la ville hongroise de Pannonhalma (cf note précédente)..

10 années déjà …   cela représente beaucoup à l’échelle d’une vie d’homme, mais théoriquement peu dans l’histoire d’un pays. Pourtant certains évènements accélèrent singulièrement le fil de l’histoire, illustration géo politique de l’effet papillon cher aux météorologues (voir note ).
L’époque récente fourmille de telles dates, dont celle du 9 novembre 1989, qui a tant changé de vies. La chute du mur de Berlin a marqué pour l’Europe une nouvelle naissance, notre continent a enfin pu retrouver son deuxième poumon, celui de l’Est, dont il avait tant besoin pour être de nouveau lui même !

 

C’est aussi cela ce jumelage  !

 

 

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La chute du mur de Berlin, évènement attendu s’il en est, est la résultante d’une véritable vague de fond qui a secoué l’Europe de l’Est, dont  les tragédies de Budapest de 1956 et de Prague en 1968, où tant d’hommes et de femmes ont péri, sont l’illustration.
J’ai toujours en tête les images noires et blancs du poste de télévision de l’époque et le bruit des chars russes envahissant les rues de Prague. Des souvenirs amplifiés par la suite, par la lecture lors de mes années lycées d’oeuvres telles « Le zéro et l’infini (Darkness at noon) », de d’Arthur Koesler, et de l’intérêt sucité par la destinée d’hommes comme Imre Nagy en 1956 et Dubcek en 1968,

J’ai eu la chance il y a deux ans de découvrir le magnifique pays, qu’est la Hongrie lors d’un voyage qui reste pour moi, mémorable (cf note précédente). Je comprends mieux depuis  pourquoi les magyars sont si fiers de leur culture, qu’elle soit celle des mots ou des notes de musique et l’incidence de celle ci sur la notre. Nous en avons encore eu l’illustration ce week end avec une presation remarquable de trois solistes hongrois : orgue, guitare et piano.
Cette nation n’est pas seulement la patrie de Sandor Petöfi, poète de légende et héros de la Guerrre d’indépendance de 1848, auteur d’un vers prémonitoire : « Liberté, amour, voici ce qu’il me faut, Pour mon amour je sacrifierais ma vie,Pour la liberté, je sacrifierais mon amour ! », mais également celle de Ferenz Lizt et de tant d’autres, dont, plus prés de nous, Imre Kertesz, prix Nobel de  littérature en 2002.

Ce grand écrivain, rescapé de l’holocauste et survivant d’Auschwitz, ayant vécu de longues années sous le régime communiste, a déclaré simplement, le jour où il a reçu son prix à Stokholm, que son histoire personnelle mêlée à celle de son grand pays, l’avait rendu plus lucide.
Une lucidité fertile avait il précisé, dans laquelle «  réside la plus admirable valeur européenne« , il avait également souligné le «frémissement de la liberté, qui donne à notre vie sa richesse » (voir plus loin).

Les histoires de nos trois pays sont sans nul doute différentes, nos langues également, mais nos cultures beaucoup moins, car l’Europe a toujours été terre de rencontre et de mélanges …La lucidité commune (pour reprendre l’expression d’Imre Kertesz) qui nous anime à Pannonhalma, Engen ou Trilport, repose en grande partie sur les moments douloureux traversé par l’Europe le siècle dernier et qui ont touché au plus profond nos pays. Cette expérience constitue un ciment fort, permettant après un long cheminement millénaire, à une citoyenneté européenne, celle de nos enfants, d’émerger …

Elle est d’autant plus solide qu’elle est bâtie sur des valeurs partagés, basées sur le respect de la vie humaine, de la liberté d’expression, de nos cultures respectives et d’un patrimoine naturel dont la Planète a tant besoin … Rainer Maria Rilke, européen d’avant-garde  s’il en est, l’avait si bien écrit :  « La destinée ne vient pas du dehors à l’homme, elle sort de l’homme même. »

Nous sommes européens car c’est notre destinée commune. Nous devons y travailler comme les abeilles font leur miel, inlassables, chacune à sa place, butinant et découvrant ici et là, des saveurs et des odeurs nouvelles qui permettront d’obtenir un miel meilleur car riche en parfum et saveurs plurielles,

Que de chemins parcourus en 10 ans ! Que d’échanges, de visites communes, de moments heureux passés, ensemble …Souvenons nous, 1998 c’était au siècle dernier et l’an 2000 n’était pas encore passée …

Il faut saluer le rôle d’hommes comme Johanes Moser, le maire d’Engen et d’Ulrich Scheller, responsable de ses jumelages, pour avoir su initier ce formidable mouvement d’amitié qui permet de créer d’innombrables passerelles entre France, Allemagne et Hongrie …

Cet anniversaire est un heureux évènement, la réalité des faits démontre chaque jour un peu plus, l’urgence de bâtir l’Europe du concret et des citoyens …

 

 

Extrait du discours d’Imre Kertesz, prix Nobel de  littérature, en Novembre 2002, à Stokolm.

« D’anciennes prophéties disent que Dieu est mort. Il ne fait aucun doute, qu’après Auschwitz, nous sommes restés livrés à nous-mêmes.

Il nous a fallu créer nos valeurs, jour après jour, par un travail éthique opiniâtre mais invisible qui finira par produire les valeurs qui donneront peut-être naissance à la nouvelle culture européenne.

Que l’Académie Suédoise ait jugé bon de distinguer précisément mon œuvre prouve à mes yeux que l’Europe éprouve à nouveau le besoin que les survivants d’Auschwitz et de l’Holocauste lui rappellent l’expérience qu’ils ont été obligés d’acquérir.

 Mais ce qui a été révélé à travers la solution finale et « l’univers concentrationnaire  » ne peut pas prêter à confusion, et la seule possibilité de survivre, de conserver des forces créatrices est de découvrir ce point zéro.

Pourquoi cette lucidité ne serait-elle pas fertile ? Au fond des grandes découvertes, même si elles se fondent sur des tragédies extrêmes, réside toujours la plus admirable valeur européenne, à savoir le frémissement de la liberté qui confère à notre vie une certaine plus-value, une certaine richesse en nous faisant prendre conscience de la réalité de notre existence et de notre responsabilité envers celle-ci. »

 

 

Gros temps pour les Moldus ?

4d12e1ec5f2e29a96c7a404e41544fd0.jpg Retour sur un évènement qui s’est déroulé il y a tout juste quelques jours, samedi 21 juillet, la sortie du 7ème tome des aventures de Harry Potter :  » Harry Potter and the Deathly Hallows »  (Harry Potter et les reliques de la mort), ou la conclusion d’une  saga qui depuis 1997 passionne jeunes et moins jeunes du monde entier.

Une sortie réellement planétaire préparée avec le plus grand soin et une certaine paranoïa par les éditeurs, voulant éviter toute fuite avant l’heure fatidique. Il est vrai que le buzz autour de la disparition de certains personnages centraux de la saga suscitait beaucoup d’attente et d’interrogations des millions de lecteurs désirant connaitre le sort fait à leurs personnages favoris.

L’œuvre monumentale de JK Rowling n’a pas d’équivalent dans la littéraure mondiale. C’est tout d’abord un vrai conte de fée, celui de son auteur, maman anglaise divorcée, sans emploi,  vivant d’allocations chez sa soeur rédigeant un roman basé sur le parcours initiatique d’un apprenti sorcier qu’elle n’arrive pas à publier …  Au bout d’un an de démarches et aprés une douzaine de refus, elle réussit à signer un contrat avec un éditeur Londonien, la maison Bloomsbury, pour  » Harry Potter and the Philosopher’s Stone  » (Harry Potter à l’école des sorciers), publié en juin 1997  à 1.000 exemplaires seulement !
Depuis, la saga de Harry Potter est devenu le plus grand phénomène économique de l’histoire de la littérature :  plus de 325 millions d’exemplaires vendus dans le monde (pour les 6 premiers tomes), des traductions en 65 langues dans 200 pays, quatre adaptation réalisées au Cinéma qui ont déjà rapporté 2,6 milliards d’euros de recettes à la Warner Bros, auquels il faut ajouter les revenus des innombrables produits dérivés générant des dizaines de milliards d’euros de bénéfices. En 2006, Joanne Kathleen Rowling est devenue milliardaire et c’est une des plus importantes fortunes du Royaume Unie … Un vrai conte de fée !

Alors que penser d’un tel succès ?
L’audience planétaire de l’apprenti sorcier est elle une nouvelle manifestation de la domination du domaine culturel « impérialiste » anglo saxon, des lois du marché et d’une pensée unique ?

Pas nécessairement, les racines de cette réussite sont peut être beaucoup plus profondes et c’est bien là tout l’intérêt de ce qui est devenu ‘un vrai phénomène de société  …


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Effet de mode, certainement mais pas seulement, loin s’en faut !

Cela fait déjà 10 ans que ce phénomène d’édition passione la planète, relayée il est vrai par une politique marketing des plus efficaces amplifiée par les sorties successives des films issus de la saga … Mais rappelons cependant qu’en France, le premier opus sorti chez Gallimard en 1998 a dépassé en quelques mois la barre des 100.000 exemplaires vendus, du jamais vu pour un livre jeunesse, succès qui ne s’est jamais démentie depuis !

Un engouement vérifié dans les 200 pays où le livre a été publié, une réussite planétaire qui rappelle indiscutablement celle de StarWar dont le succès est tout sauf le fruit du hasard.
Georges Lucas (le créateur de StarWar) comme son ami Spielberg, autre faiseur de légendes avait étudié de prés les théories de Joseph Campbell, un professeur américain ayant beaucoup travaillé sur l’étude des mythes. Ils l’auraient eu même comme professeur !
Cq;pbell a développé une nouvelle approche de l’étude des religions basée sur la recherche d’une théorie unificatrice : l’ensemble des  différentes religions (orientales,  occidentales) répondraient aux mêmes questions essentielles, en suivant des archétypes similaires. Une théorie dont les fondements reposent sur une étude très poussée des différentes civilisations qu’elles soient orientales , américaines, africaines ou occidentales  (citons notamment les travaux de Mircea Elliade)

Il  a notamment analysé le rôle du héros dans les différentes mythologies , basées sur la théorie du voyage initiatique. Le héros répond  à un  «appel à l’aventure» , quitte son environnement, combat un  «gardien du seuil», premier obstacle de son voyage  (la plupart du temps avec l’aide d’un mentor), accède ensuite grâce à sa victoire à une autre dimension où il subit une série d’épreuves qui lui permettront d’accomplir sa quête émancipatrice (là sans l’aide de son mentor), avant de retourner chez lui complètement transformé …
Pour Campbell tous les héros mythiques suivent un parcours contenant au moins une partie de ce schéma et obéissant à certains ressorts psychologiques fondamentaux reposant sur des conflits souvent intérieurs. Car le conflit joue un rôle central, le héros doit en arriver à bout, et ce faisant il en sort transformé ainsi que sa destinée (même s’il peut y avoir plusieurs héros). Une lutte souvent intérieure entre l’égo et la «personnalité » du héros dont l’issue peut être heureuse ou mené à la tragédie. Nous ne sommes plus loin d’une phrase fétiche de Sartre : l’identité est une trajectoire …

Une logique à laquelle répond totalement l’épopée de Harry Potter, et qui apporte un autre éclairage sur les raisons de son succès planétaire. Il ne s’agit pas ici de « standardisation » et de victoire d’un modèle unique anglo saxon imposé à tous mais plutôt de la réussite d’une histoire obéissant à des archétypes universels  basés sur  un inconscient collectif partagé  et qui explique qu’objets magiques, créatures fantastiques, sortilèges, potions, plantes magiques , bref l’univers cher à Harry Porter « parlent » à tous quelque soit le continent ou la religion …

On trouvera également  et plus simplement trois autres qualités majeures à l’œuvre de J.K Rowling :

Le retour de la force de l’imaginaire. Les jeunes de 2007 tremblent de nouveau devant des histoires de fées, de dragons et de sorciers qui ont fait vibrer des générations d’enfants, s’endormant au rythme des « Il était une fois … »

Le goût à la lecture, puisque ce sont sept volumes et la description d’un univers complet qui composent la saga des Harry Potter

Et de manière plus anecdotique, pour la France, le développement de l’anglais. C’est plus de 200 000 livres qui ont été  édités dans notre pays en  version originale !

 

La morale de l’histoire ? Elle a été écrite par J. K. Rowling

« Ce sont nos choix qui montrent ce que nous sommes vraiment. »

 

Le moldus est une personne ne possédant pas de pouvoirs magiquesm ce qui est malheureusement mon cas