Trilport est en deuil, nous venons de perdre notre Citoyenne d’honneur, Michele Bardon. Elle a été inhumée aujourd’hui, aprés une cérémonie émouvante et digne, dans l’église de Trilport, entourée de nombreux amis, dont Yves d’Amecourt, descendant d’un certain Gustave Ponton d’Amecourt à qui elle a consacré une partie de sa vie …
Lorsque j’ai proposé en 2005, au Conseil Municipal de désigner Michele Bardon, Première Citoyenne d’Honneur de la ville, j’ai eu le sentiment de rattraper presque une injustice, tant l’apport de cette grande dame à notre ville est incontestable.
Depuis …
Sa plus tendre enfance Michele Bardon avait une passion pour notre commune, où sa mère avait été élevée ; en y venant tout d’abord en vacances, chez ses grands- parents, puis en y emménageant dans sa maison familiale, rue du Grand Trou, qu’elle n’a plus quittée depuis.
Ses études terminées, enseignante elle se passionne pour l’histoire, notamment locale, en premier lieu celle de cette ville. Il n’y avait alors que très peu de choses écrites sur le passé de Trilport, quasiment rien, sinon quelques écrits de l’abbé Munier et les travaux de son père. Après dix années de recherches, collectes de témoignages, fréquentation des bibliothèques et archives municipales, diocésaines, départementales ou nationales, elle a fait sortir du néant et de l’oubli, l’histoire de ce bourg et de ses habitants, réussissant l’exploit d’écrire un livre de 750 pages, terminant ainsi le travail entamé par son père.
Depuis, elle est devenue la spécialiste de l’histoire régionale locale que l’on connait, véritable référence pour des générations d’historiens locaux. De tous ses livres pourtant, elle en a écrit de toutes sortes dédiés à des figures illustres (telle Bossuet) ou à de plus humbles, un livre tient une place particulière dans son cœur, et dans nos cœurs, car il parle de Trilport, petite ville toute simple, située entre Marne et Forêts.
Ici point d’imposants vestiges médéviaux, de cathédrales, de drames et de complots, mais la destinée d’un bourg comme tant d’autres, vécue au fil de l’eau, au fil des siècles … Il n’est pas banal pour une ville comme la notre de posséder une telle mine d’informations sur son passé. Ce qui explique, pourquoi, nous avons tout mis en œuvre avec un réseau de bonnes volontés, dont Monsieur de Bartillat et Généviéve Leguay, pour rééditer ce livre en 2007.
Depuis … Les Trilportais d’aujourd’hui, les amoureux d’histoire locale, de tout âge et de toute origine, peuvent de nouveau connaitre et découvrir le passé de ce bourg , ses grands comme ses petits évènements, l’origine des lieux dits, des noms de rues, quelquefois pittoresques qu’ils parcourent. Ouvrage érudit, passionné et passionnant, dans lequel le lecteur « se réjouit de revivre le passé au sein du présent dans la vérité de l’instant vécue », écrivait joliment Christian Bartillat dans la post face de cette seconde édition …
Grâce à Michele Bardon, Trilport a retrouvé la mémoire, composante essentielle de son identité présente et à venir. Nous lui en serons éternellement reconnaissant..
C’est aussi et surtout cela l’apport inestimable des historiens, « passeurs de mémoire et de sagesse », véritables conquérants de l’utile qui nous aident à mieux comprendre la réalité du jour et celle du lendemain en nous parlant d’hier …
L’œuvre de Michelle Bardon rappelle qu’il n’y a pas de petite histoire ou de grande histoire, il y a l’histoire … qu’il n’y a pas non plus de petites gens sans importance, mais des hommes et des femmes qui passent, s’épanouissent, marquent parfois leur passage ici bas, d’une empreinte qui peut surgir soudain au détour d’un quartier, dans l’appellation d’une rue.
Il y a plus d’un siècle Gustave Ponton d’Amecourt, Maire de Trilport alors écrivait il: « Chaque village, chaque hameau, chaque champ, chaque nom d’homme ou de lieu devrait avoir son histoire. Rien n’est mesquin de ce qui touche à l’histoire de la famille humaine, les plus petits détails grandissent à mesure qu’on les examine ».
Tout le talent de Michele Bardon a été de redonner vie à ces visages disparus, de « … Faire revivre les morts par les vivants, et les vivants par les morts » …
Une ville est une communauté de vie qui s’honore, lorsqu’elle retrouve la mémoire. Ce que nous avons pu faire ce 14 juillet, grâce à elle, lors d’une belle cérémonie, en donnant au Parc Municipal, le nom de « Gustave Ponton d’Amecourt, père de l’hélicoptère ». Car l’autre combat de sa vie a été sans nul doute la réhabilitation de ce « précurseur oublié » qui a tant marque son époque et cette ville. Force est de constater que celle qui était notre première citoyenne d’honneur a réussit dans son entreprise.
J’ai la faiblesse de croire, que bien que diminuée par une longue et éprouvante maladie qu’elle affrontait avec courage et ténacité, Michele Bardon, qui a œuvré toute sa vie pour que le nom et l’œuvre de Ponton d’Amecourt soit reconnu à sa juste place, a attendu que réparation lui soit faite, avant de nous quitter sur la pointe des pieds, tant elle était discrète et fuyait les honneurs …
Voici ces quelques mots, extraits de la préface de son livre « Trilport, témoin de l’histoire » …
» Peut-être faut-il savoir, par delà le temps, retrouver la présence des amis disparus,
avoir savouré la douceur qui inonde de sa paix champs et bois aux derniers rayons du soleil vespéral,
la joie des matins de Pâques, fleuris d’oiseaux et d’arbres fruitiers, lorsque se répondent dans le ciel d’un bleu très pur, tous les clochers d’alentour,
les murmures bruissants du silence de la forêt, les jeux du vent dans les mais et dans les blés,
la sérénité altière de la Marne ou encore, après la pluie, les pleurs des roses des jardins,
peut-être faut il avoir goûté la quiétude de ces lieux pour s y attacher profondément et en apprécier la beauté toute simple?
Ce paysage qui sourit maintenant reste marqué par tant de souvenances, que nous aimerions que, tel un ami très cher, il nous en fasse aujourd’hui les confidences. »
Le Maire de Trilport que je suis désormais, ne peux plus dire qu’un mot à Michelle Bardon, Merci …
Merci pour tout et pour tous …