Les raisons de mon soutien à Emmanuel Macron

 

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Socialiste, élu local de cette France périphérique trop souvent ignorée, très impliqué sur les problématiques liées aux fractures territoriales, aux mobilités et au péri urbain, je soutiens la candidature d’Emmanuel Macron.
Ce choix peut étonner, il fait suite à l’annonce de François Hollande de ne pas se représenter. Décision que j’ai regretté tant j’estime que son quinquennat a été utile au pays. François Hollande a su préserver notre cohésion nationale dans une période particulièrement troublée et délicate et protéger un modèle social abimé par les années Sarkozy.?
Aussi j’en veux particulièrement aux frondeurs, qui de la première année du mandat à la dernière, allant jusqu’à voter une motion de censure, ont grandement contribué à décrédibiliser l’action gouvernementale engagée et à la rendre incompréhensible aux yeux de nos concitoyens, ils se sont à mes yeux déconsidérés. 

Rocardien et européen convaincu, j’ai toujours défendu un socialisme de la responsabilité et du réel, un socialisme qui aspire à améliorer concrètement le quotidien de nos concitoyens, à leur proposer des perspectives claires et crédibles autour d’un développement solidaire responsable et d’une société ouverte.?
Au-delà des discours, des envolées lyriques des grands soirs ou des effets de tribune, je rappelle que « changer la vie » nécessite le préalable d’être en capacité réelle de le faire réellement. Vouloir un futur « désirable » est louable, qui peut être contre ? Encore faut-il le bâtir au concret, non avec des mots, des théories, des certitudes ou des slogans, mais dans les faits, pierre après pierre, jour après jour.
C’est ce que le socialiste « mainstream » que je suis (l’appellation est de Thomas Legrand) s’évertue avec humilité à accomplir dans sa commune. Mon quotidien se situe à des années-lumière des états-majors politiques parisiens et des cabinets (qu’ils soient ministériels ou parlementaires) illustrant ce fameux « tunnel » dénoncé par Michele Delaunay dans une tribune au retentissement mérité.

C’est aussi pour cela qu’il est si important d’ouvrir les fenêtres, de faire un appel d’air frais, d’avoir du sang neuf, d’attirer de nouveaux talents, de nouvelles idées, de reconnecter le politique à la vie quotidienne, à la vie réelle.
Ce pays recèle de tant de potentiels que « changer la vie » ne peut être l’apanage de quelques happy few détenant une vérité de plus en plus sujette à caution, mais bien l’affaire de tous !


Je ne peux que constater aujourd’hui, avec inquiétude, la fracture grandissante entre le monde politique de ceux qui nous dirigent et les citoyens, notamment ceux qui se sentent déclassés, oubliés, exclus. Un fil s’est brisé qu’il nous faut renouer au plus vite, non avec des théories mais du concret, de l’écoute et surtout du respect.

Si j’ai une profonde estime pour les militants qui suivent Jean Luc Mélenchon, je n’oublie pas qu’ils représentent une gauche protestataire, qui a sa légitimité, mais ne correspond pas à ma sensibilité politique même si nous avons des confluences et une part d’histoire commune.
D’autant que le pays est confronté à une « grande transformation » (Poliany)  qui nous impose de réfléchir différemment dans tous les domaines :

  • L’impératif écologique constitue désormais la matrice de tout projet politique et ne doit plus être sous-traité ou délégué à d’autres organisations,
  • limiter la révolution digitale au simple domaine technologique est réducteur, tant cette révolution est à la fois globale et totale et qu’elle bouleverse tous nos repères.
  • la fragmentation de la société et les problématiques relatives à l’identitaire, clivantes et destructrices, nous imposent plus que jamais auparavant, de fédérer, nouer, relier et connecter, afin d’être de nouveau, collectivement, en cohérence pour affronter un monde de plus en plus dérégulé, qui rend d’autant plus incontournable la constitution d’une Europe forte et solidaire.

Toutes ces pistes nous n’avons pas su ou voulu les explorer, ou trop timidement. Faute de réponses elles nous ont rattrapé depuis, et ce propos ne se limite pas au seul domaine politique, loin s’en faut. Nous vivons une période de « métamorphose » (Edgar Morin), qui nous impose de bâtir des perspectives d’avenir avec les repères du monde d’aujourd’hui, et non plus les balises héritées du monde passé, désormais dépassé.
Ma conviction est que la Social Démocratie se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Confrontée au défi de sa propre transformation, elle doit savoir se renouveler ou risque alors de disparaître de nos radars, ce qui serait tragique.

Au regard des enjeux, la « tactique politicienne» à mes yeux n’a plus de sens. Trop de socialistes fourbissent leurs armes en se projetant dans la préparation du congrès d’après les présidentielles. L’urgence absolue aujourd’hui est de combattre les idées de Marine Le Pen, tant le FN surfe avec succès sur la détresse de territoires oubliés et de citoyens se sentant ignorées, déclassés et abandonnés. L’adversaire principal c’est elle, pas Emmanuel Macron me semble t’il, mais à priori beaucoup de mes camarades ne partagent pas ce point de vue. J’espère que les résultats de la prochaine présidentielle, notamment dans nos campagnes leur donneront raison, mais permettez moi d’en douter ? A chacun ses combats …
Cette montée des populismes nous oblige, notamment après l’élection de Trump et le vote du Brexit, ces scrutins nous ont rappellé qu’en démocratie tout peut arriver, y compris le pire, les allemands ont déjà donné.
Ce n’est pas à un choc entre la droite et la gauche auquel nous sommes confrontés, ne nous y trompons pas, mais bien un véritable choix de civilisation qui se présente à nous, entre le repli sur soi identitaire et anxiogène, la peur et la haine de l’autre ou la défense d’une société ouverte,  métissée, positive, dynamique et européenne.

Nos concitoyens sont dans l’attente, de perspectives bien évidemment, de sens surtout, mais aussi plus paradoxalement de radicalité dans les propositions des politiques, tant ils savent que la terre a tourné, que la conjoncture économique est tendue et que nous ne vivons plus dans le monde d’avant. Il faut leur parler vrai et cash en leur indiquant clairement le cap suivi afin de dissiper tout malentendu et méprise, ce quinquennat l’a démontré.


La priorité n’est pas pour moi d’élaborer un prototype de monde idéal et théorique basé sur des certitudes (auto)proclamées, et de donner des leçons à n’en plus finir, mais plus humblement de contribuer à adapter notre pays au nouveau monde qui émerge, en préservant nos valeurs et notre modèle social et culturel, quitte à l’adapter, et plus que tout en protégeant les plus fragiles, les accidentés de la crise, ceux qui sont pour l’instant exclus de tout …


Nous ne devons plus sacrifier le long terme au court terme et pour ce faire agir sur les 5 E chers à Michel Rocard : Europe, Education, Economie, Ecologie, Etat moderne.

Voilà pourquoi je soutiens Emmanuel Macron.

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