Quel point commun entre Pannonhalma, petite ville hongroise dont la célèbre abbaye domine majestueusement depuis 996 la plaine magyare, Moneglia station balnéaire italienne de la côte ligure située à l’Est de Gênes, non loin du parc naturel des Cinque Terre et la ville de Trilport ?
Leur jumelage avec Engen … 1998 pour Pannonhalma, 2000 pour Trilport (y compris si un appariement entre nos collèges existent depuis ls année 80), et 2009 pour Moneglia qui fêtait ce week end le 10eme anniversaire de son jumelage. avec Engen et avait invité les Maires de Trilport et de Pannonhalma à y assister.
A l’heure du Brexit, des tensions politiques entre pays pro européens et illibéraux , c’est une autre Europe qui se dessine au travers de ces échanges …
Ouverte, concrète, conviviale, en mode « bottom up », issue directement des territoires et des citoyens et non des élites anonymes de Bruxelles …
L’action initiée par Johanes Moser, burgmeister de Engen et Ulrich Scheller cheville ouvrière de ces partenariats est exemplaire, à plus d’un titre.
Tisser de telles relations entre quatre villes de pays européens différents, n’est pas si banal aujourd’hui, d’autant qu’elles ont pour l’instant résisté à l’usure du temps et contribuent à faire avancer, au concret, dans chacune de nos villes, l’idée européenne.
Depuis plus de 20 ans, des liens d’amitié se sont forgés, entre villes et habitants, nos enfants ont pris le temps de grandir, sinon ensemble, du moins en se découvrant …
Nos villes respectives se sont transformées, les fêtes et échanges multipliées, certains visages amis nous ont quitté …
Nous avons decouvert également et pu apprécie les amis de nos amis, la barrière de la langue, n’est pas le mur de glace insurmontable de Games of Thrones, lorsque l’on dialogue avec le coeur …
Nous nous sommes,comme l’écrivait Saint Exupéry, « apprivoiser » que l’on soit français, hongrois, italiens ou allemands.
Si Trilport n’est toujours pas jumelée avec Pannonhalma, depuis 20 ans, plusieurs échanges et voyages nous ont permis de découvrir une autre face de l’Europe, jusque là « terra incognita » pour nous … La Hongrie, sa géographie, son histoire tumultueuse et douloureuse, sa culture plurielle, entre Balkans et Autriche, comme ses doutes d’aujourd’hui …
Notre génération n’a pas sauvé la planète, loin s’en faut, mais elle a cependant consolidé l’Europe, mais jusqu’ici par le haut.
Il nous faut désormais collectivement réussir l’essentiel, faire de l’Europe un projet commun et partagé par le plus grand nombre des citoyens de nos différents pays…
Après guerre, les jumelages entre villes de France et d’Allemagne ont grandement contribué à faire de deux ennemis à priori irréconciliables, les meilleurs amis du monde délivrant ainsi au monde, une histoire d’amitié unique depuis que l’homme est homme.
L’enjeu désormais est de faire de l’Europe, non une affaire entre deux pays, mais un projet commun, partagé par les citoyens de nos différentes nations, dont la Hongrie et l’Italie.
L’Europe durant trop de siècles aura été un objet de conquête et de domination guerrière, puis un idéal politique, philosophique, de paix, de monde meilleur …
Il nous faut prolonger et poursuivre cette longue marche en avant afin que l’idée européenne émerge et fasse enfin sens …
Nos villes arrivent à un tournant de ces échanges, semer est une chose, transmettre une autre …
Les jeunes générations doivent prendre le relais, tant les jumelages peuvent contribuer encore et toujours à construire l’Europe par la base, à partir des citoyens et des territoires.
Nous devons pour ce faire multiplier les échanges et ne pas les limiter à la seule amitié franco allemande, tant ´ L’Europe est plurielle, riche de sa diversité.
La meilleure manière de lutter contre les nationalismes et les idées nauséabondes du passé, aux relents de renfermé est d’ouvrir entre nous les fenêtres, de tisser de nouveaux liens afin de faire de l’idée européenne un enjeu commun et partagé du présent et plus encore du futur.…
Comme l’écrivait Apollinaire « Il est grand temps de rallumer les étoiles », si le drapeau européen n’en compte que douze, qu’il nous faut rallumer une à une, chacune de nos nations est de fait une étoile à illuminer…
» Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire ! «
Saint Exupéry, Le Petit Prince