Cette semaine, comme plus de 440 élus, chiffre record, j’ai participé aux 22 emes Assises des Petites Villes de France l’association fêtait pour l’occasion son 30 eme anniversaire en présence de Martin Malvy son fondateur.
De nombreuses personnalités et ministres ont tenu à venir à Uzes afin de participer à nos travaux, dont le Premier Ministre Edouard Philippe qui a ouvert les débats et le Président du Sénat Gérard Larcher, en mode très combatif, qui les a lui clôturé.
Depuis sa création l’APVF a démontré son utilité dans le débat public, comme sa spécificité, comme l’a souligné son Président Christophe Bouillon « ne pas être complaisant, ni opposant, mais proposant, indépendant et utile ».
Cette indépendance, la volonté de proposer des solutions de fond aux problèmes de plus en plus complexes que doivent relever nos collectivités, la dimension multi partisane de l’association, n’être le satellite de personne mais simplement le porte voix des Petites Villes ont fait de l’APVF un interlocuteur respecté du gouvernement et des autres associations d’élus.
C’est en travaillant autour de propositions concrètes que notre association a gagné sa crédibilité, que ce soit sur les mobilités, l’accès aux soins, l’inclusion numérique ou la modernisation des conditions d’exercice des mandats locaux. Nous avons désiré effectivement mettre ce sujet sur la table, loin de toute démagogie. A six mois des élections municipales il nous semblait urgent d’agir afin de permettre à toutes et tous d’accéder aux responsabilités d’élu local, quelque soit l’âge ou l’activité professionnelle. Notre société se doit d’accompagner l’engagement citoyen que des françaises et des français mettent au service de la république dans tous les territoires, et pas seulement dans les grandes villes.
Ces assises ont abordé les défis que le pays doit surmonter autour notamment trois tables rondes : une relative aux mobilités à laquelle j’ai participé, l’une dédiée à la jeunesse, avec l’intervention très appréciée de Salomé Berlioux, auteure du livre « les invisibles de la République », et enfin une consacrée au vieillissement de la population et a la désertification médicale, deux enjeux majeurs. Le sociologue Emmanuel Vigneron y a dévoilé une étude élaborée pour les assises sur les disparités territoriales de l’accès aux soins (temps d’accès), de la présence médicale et des écarts de mortalité entre les différentes territoires. Constat alarmant s’il en est qui ne peut que nous interpeller !
Situées en première ligne, nos communes ont un rôle essentiel dans les dynamiques et les solidarités de et entre nos territoires, grace aux politiques publiques de proximité qu’elles impulsent et aux équipements qu’elles proposent, tant dans le monde rural que périurbain, un français sur 3 vit dans une petite ville !. Plébiscitées par nos concitoyens qui s’y installent de plus en plus, elles doivent, dans des conditions et des contraintes croissantes, relever les défis d’une société devenue « complexe » pour paraphraser Edgar Morin afin de permettre à nos habitants de s’épanouir là où ils vivent, malgré les fractures territoriales qui minent le pays et dont l’ampleur a été révélé par la crise des gilets jaunes il y a tout juste quelques mois.
Confrontés a l’abandon des services publics et d’acteurs publics majeurs, nos concitoyens disposent dans nos mairies d’une porte ouverte, trop souvent la seule, et d’élus qui entendent leurs doutes et leur peur de l’avenir. Des élus, à leur côté, qui agissent au quotidien pour résoudre leurs difficultés, non seulement « à portée d’engueulade », mais plus que tout présents, accessibles, disponibles, en mode réel et direct et non virtuel ou délégué.
Le scenario d’une métropolisation débridée « agglomérant » les territoires perdus de la république a démontré toutes ses limites. Aucun ruissellement en provenance des métropoles pour nos communes !
Ce « modèle » de développement ferait de notre pays un immense désert de territoires sans vie, ni dynamiques ou perspectives, un désert asséché, peuplé de concitoyens abandonnés à leur sort et assignés à résidence, un désert ponctué de quelques oasis métropolitaines connectées elles au monde du XXI eme siècle !
L’APVF défend une vision alternative, y compris si paradoxalement les petites villes sont partie prenante de la métropolisation du pays. Le métabolisme urbain est plus complexe qu’il n’y parait et le XXL pas toujours aussi « beautiful » que Bercy le pense. Une métropole dans notre pays est une mosaïque d’écosystèmes de territoires différents qui se doivent de dialoguer respectueusement les uns avec les autres.
Qu’elles soient « villes-centre » ou « péri urbaines » les petites villes sont l’expression d’un aménagement du pays qui se doit d’être équilibré et solidaire afin d’irriguer tous les territoires de la république, d’alimenter et accompagner les différentes dynamiques impulsées par nos communes, elles aussi sources d’innovation, d’expérimentation, de progrès, de solidarités, sociales ou multigénérationnelles, et plus que tout créatrices et porteuses de liens. Nous appelons, en cette période de mutation profonde, à un nouvel équilibre territorial, équitable et respectueux de l’environnement comme de nos habitants, qui dans une république comme la nôtre ne peuvent être des citoyens de second rang. C’est le sens de l’engagement de l’APVF et de la contribution votée à l’issue des assises d’Uzès .
La présence de nombreux ministres, dont Edouard Philippe a été appréciée. Le gouvernement semble avoir compris l’importance d’un dialogue responsable et respectueux avec tous les territoires, y compris ceux de l’arrière pays, cette France périphérique qui a le sentiment d’être abandonnée et « invisible ».
Cependant en matière d’amour, les Maires des Petites Villes n’attendent plus de déclarations, ils ont déjà bien trop donné, mais des propositions concrètes et tangibles, c’est ce qu’a résumé Christophe Bouillon, Président de l’APV à la fin de son discours de clôture, citant Corneille
« A qui sait bien aimer, il n’est rien d’impossible »