C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai accepté l’invitation de Johannes Moser, Maire d’Engen, afin de participer au 5 eme anniversaire du jumelage entre sa ville et celle de Moneglia en Italie
Une joie d’autant plus forte que c’était ma première sortie officielle depuis ma réélection comme Maire de Trilport, l’occasion également de rencontrer les représentants de Moneglia mais aussi de témoigner de la qualité des liens noués avec nos amis allemands d’Engen depuis tant d’années.
Je veux rendre hommage à l’action remarquable initiée depuis 1998 par Johanes Moser dans l’émergence d’une conscience européenne entre nos villes. Engen s’est successivement jumelée avec la ville hongroise de Pannonhalma en 1998, puis Trilport en 2000 après plus de 20 ans d’appariement entre les collèges des deux villes et enfin la commune italienne de Monéglia en 2009.
Ces jumelages ont donné lieu à des échanges fréquents, réguliers et enrichissant qui ont permis à nos habitants respectifs, dont beaucoup de jeunes, de découvrir des pays voisins et d’avoir une vision plus concrète de l’Europe.
J’ai eu la surprise lors de ce court week end d’inaugurer avec lui une nouvelle rue dans un quartier résidentiel en construction, la «Trilport Straße», baptisée ainsi en l’honneur de notre ville, belle manifestation d’amitié. A nos yeux, les jumelages symbolisent, plus que des discours, ce que doit être l’Europe : des échanges concrets entre habitants, des découvertes communes et partagées basées sur des rencontres et non se limiter à des relations économiques, règlementaires et de seuls liens théoriques ou virtuelles.
Je le mesure d’autant plus aujourd’hui, en tant que candidat aux élections européennes. Cette citoyenneté européenne est enfouie au plus profond de moi : de par mes origines, je suis né espagnol, et n’oublie pas que mes grands parents, bergers républicains fuyant la dictature franquiste, ont choisi la France pour un nouveau départ, mais issue également de toutes les rencontres avec mes amis d’Engen, de Pannonhalma notamment, lors de séjours riches en découvertes et révélateurs de la dimension de nos cultures, de l’histoire tumultueuse et souvent partagée de nos différents pays. L’Europe est d’abord une confluence avant que d’être une matrice.
Plus qu’un symbole, le 25 mai, les habitants de Moneglia en Italie, de Pannonhalma en Hongrie, d’Engen en Allemagne, de Trilport en France, voterons le même jour, afin de renforcer l’Europe politique, pour la première fois ils se positionneront pour désigner le Président de la Commission Européenne, pour ma part je soutiens la candidature de l’allemand Martin Schulz.
Pour que l’Europe soit surtout une perspective d’avenir partagée, elle doit s’adresser à tous, en premier lieu au citoyen « lambda », et ne plus être ressentie comme une “usine à gaz”, froide, impersonnelle, lointaine, conçue par des techno pour d’autres technos, bouc émissaire trop aisé de politiques nationaux refusant d’assumer la portée de leurs actes.
Les jumelages sont une preuve vivante de l’importance de construire, pierre après pierre, échange après échange, l’Europe de l’amitié, l’Europe du concret, l’Europe des citoyens.
Une conviction m’anime, la sauvegarde de notre modèle culturel, économique et social passe nécessairement par l’émergence d’une citoyenneté européenne et celle d’une Europe politique assumée. Les élections du 25 mai en représente une étape importante mais les jumelages noués y contribuent de manière essentielle tant ils sont concrets, permettent à nos habitants de partager et d’envisager un avenir commun pour eux et leurs enfants …
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C’est Lucien Tharradin, maire de Montbéliard, qui a posé les fondations des jumelages entre villes allemandes et françaises, suite aux multiples fractures causées par la 2eme guerre mondiale. Il avait la conviction qu’il fallait rapprocher nos pays et en avait toute légitimité, comme ancien prisonnier de guerre, résistant et déporté à Buchenwald […].
« Se regarder toujours, de part et d’autre du Rhin, en grinçant les dents, le doigt sur la détente du fusil, prêts à mettre le feu au monde, n’est pas une existence raisonnable pour les deux peuples. […] On ne construit rien sur la haine, et ceux qui se montrent maintenant les plus intransigeants, sont peut-être ceux qui rampaient le mieux devant les oppresseurs. »
Daniel Cohn Bendit, lors de son discours d’adieu au Parlement Européen, a rappelé son année de naissance, 1945 année symbolique s’il en est, et la véritable opération qui s’est opérée depuis entre nos pays, il q cité pour exemple notre perception du Rhin, qui n’est plus aujourd’hui ressentie comme la frontière physique d’hier entre deux pays adversaires, mais désormais comme un fleuve commun et surtout partagé.
Montbelliard a été la première ville française qui s’est jumelée avec une ville allemande (Ludwigsburg dans le Bade-Wurtemberg) dés 1962, en mémoire de Lucien Tharradin. Mais c’est réellement à partir de 1963 et la signature du traité de l’Élysée par Charles de Gaulle et Conrad Adenauer que les jumelages franco-allemands prennent leur essor. Cinquante maires européens, en janvier 1951, fondent le Conseil des communes d’Europe devenu par la suite le Conseil des communes et régions d’Europe (CCRE). En 1969, le nombre des jumelages dépassait les quatre cents, en 1981 on fête le millième jumelage et en 2000 c’est au tour de nos deux villes : Engen et Trilport
Ces échanges facilitent une prise de conscience commune et l’importance de construire une identité européenne, basée sur le respect de nos différences, la langue n’étant pas la plus mince, de nos histoires respectives, de nos cultures mêlés ou non, mais également de la nécessité absolue de partager un avenir commun afin d’arrimer l’Europe à ses différentes racines historiques, géographiques et culturelles.
Cette dynamique ne doit pas s’arrêter, mais bien au contraire se poursuivre, que cela soit au Nord, au Sud, à l’Est et à l’Ouest …
Les récents évènements d’Ukraine, comme les poussées nationalistes, que cela soit chez nous ou en Europe de l’Est démontre l’urgence de développer de tels jumelages, afin de résister au repli identitaire suicidaire, mais afin d’aller au delà du simple axe franco allemand, tant l’Europe est diverse est multiple. Les cicatrices profondes entre nos deux nations sont enfin résorbés et les jumelages y ont joué un rôle moteur, désormais l’Allemagne est le meilleur ami de la France, mais l’Europe d’aujourd’hui et surtout de demain doit s’affranchir, une fois pour toute, de la parenthèse de Yalta comme du mur de Berlin, avant de faire tomber d’autres murs, l’Europe est notre patrimoine commun, d’hier, d’aujourd’hui et surtout de demain.
Une réponse sur “Construire l’Europe au concret : Trilport Straße”
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