Pour 2016 ? Semer des graines d’avenir

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La cérémonie des vœux est également l’occasion de parler d’avenir (cf billet précédent), de tracer des perspectives pour l’année qui vient, sinon de monde meilleur (sachons rester à notre place), du moins d’actions et projets… En ce qui concerne 2016, les annonces n’ont pas manqué, tant cette année constitue une année pivot, propice à semer des graines du présent et de l’avenir …

Depuis le 1er janvier, Trilport a rejoint la famille des villes de 5 000 à 10 000 habitants. Le nouveau Plan Local d’Urbanisme qui sera arrêté d’ici peu accompagne ce développement autour d’une priorité claire : privilégier la reconstruction de la ville sur elle même plutôt que consommer inutilement des espaces agricoles et naturels.
Autres axes stratégiques : développer la bio diversité dans la ville, agir en faveur des alternatives à la voiture individuelle, anticiper les conséquences des aléas météo extrêmes …
Si nous avons vécu l’année la plus chaude depuis 1880, sans doute même depuis que l’homme est homme, et que le pôle Nord accuse des températures positives supérieures d’au moins 20 °C aux normales saisonnières, cela ne sera pas sans conséquences sur la violence des phénomènes météorologiques des prochains mois. Nous sommes à des années lumière des effets du bruissement des ailes d’un papillon, l’effet « glaçon fondu » est plus dommageable que l’effet papillon.

Trilport compte 5 017 habitants au 1er janvier 2016, soyons honnête, nous n’avons rien fait ces dernières années pour accélérer ou précipiter ce développement urbain inéluctable, bien au contraire. Il nous semblait important de préserver identité et équilibre du territoire, sans doute, mais surtout préparer la commune à l’arrivée des nouveaux habitants et éviter tout effet champignon, très déstabilisateur en partant d’un principe simple : pour qu’un arbre grandisse harmonieusement, il est nécessaire de creuser des fondations profondes qui permettent à ses racines de se développer progressivement et leur laissent le temps de faire leur place : projet de ville, efficacité et organisation des services aux habitants, équipements publics comme les écoles …

L’éducation est par définition une graine d’avenir, c’est aussi pour cela, qu’elle a été, est et sera au cœur de nos priorités. Que ce soit dans l’accompagnement des dynamiques éducatives autour de l’éducation à l’environnement, des usages numériques, que dans les activités périscolaire, ou l’investissement dans les locaux, à créer, rénover ou agrandir !
Nous avons privilégié cette option, car elle permet d’adapter tous nos groupes scolaires aux besoins d’aujourd’hui et redonne à l’école la plénitude de son rôle de creuset de citoyenneté républicaine et d’intégration. Une ville se construit également autour de ses écoles. Dans le même cadre nous ouvrirons également d’ici quelque jour, un lieu d’accueil et d’écoute pour les parents et les enfants de 0 à 6 ans, afin d’améliorer une relation parentale, malmenée quelquefois, notamment en période de crise.

Limiter nos émissions de Gaz à Effets de Serre est également préserver l’avenir mais aussi et surtout le présent à l’heure de la COP 21. C’est pour agir en ce sens que  nous rénoverons l’éclairage public dans toute la ville, poursuivrons l’isolation thermique des équipements publics en privilégiant l’emploi de matériaux bio-sourcés locaux (chanvre et bois) et lancerons la mise en place d’un mini réseau de chaleur destiné à alimenter Salle des Fêtes, Groupe scolaire Prévert et futur réfectoire.

Mais de toutes les annonces de la soirée, celle qui a retenu incontestablement l’attention du plus grand nombre est relative à l’éco quartier de l’Ancre de lune …

Pourquoi ?

 

 

 

 

 

L’Eco quartier de l’Ancre de lune est enfin sur orbite, avec un retard au compteur de quelques mois, presqu’une année en fait, du à une restructuration interne de l’aménageur, véritable mue : l’AFTRP devenant Grand Paris Aménagement (GPA).

J’ai voulu rendre hommage lors de cette cérémonie des voeux à Françoise Hélène Jourda, décédée en juin dernier à qui nous avions confié (avec l’aménageur) les destinées de « l’Ancre de lune ». Cette femme d’exception, architecte talentueuse, était une des pionnières européennes les plus reconnues de l’habitat durable. Notre rencontre avait été un vrai coup de cœur, tant elle nous avait tous séduit par l’originalité de son projet, sa passion, son profond respect de la ville actuelle, ses partis pris environnementaux, la place laissée au végétal et plus que tout son souci de la qualité de vie des habitants. Une réflexion collective avec son équipe alimentée en amont (avant même sa désignation) par toute une période de concertation (marque de fabrique du projet depuis l’origine) de plusieurs mois très bien pilotée par Ville Ouverte à qui l’AFTRP (désormais GPA) avait confié cette lourde tâche, rendue encore plus difficile par sa proximité avec les élections municipales. Nous n’avions pas flanché malgré les risques d’un exercice rendu périlleux, et au final, bien nous en a pris.

J’ai profité de la cérémonie des vœux pour faire trois annonces :

  • présenter le principal opérateur de la première phase. Nouveau venu dans la région sans doute, mais acteur majeur du logement social en Champagne : les Foyers Rémois. Cette Entreprise Sociale pour l’Habitat porte depuis 1912 une vision humaniste, écologique et avant-gardiste du logement social qui rejoint nos priorités et valeurs.
  • Décrire leur première opération sur l’Ancre de lune, de 45 logements, constituera une 1ere en Seine et Marne et Ile de France, (voir l’article du Parisien du 11 janvier) car basée sur un principe constructif en matériaux bio sourcés, à base de chanvre et de chaux, et intégrant un verger et des locaux faisant l’objet de la mise en place d’un projet social original.
  • Redire que nous postulerions, bien évidemment, et à la demande de l’Etat au Label National « Eco quartier » tant nous croyons à l’intérêt d’une démarche qui n’est pas réservée qu’aux seuls grandes villes.

L’Ancre de lune est une illustration du combat que nous menons depuis 2007 en faveur d’un logement social de qualité. Si nous respectons les impératifs quantitatifs liés à la loi SRU, nous tenons à y apporter une réponse qualitative.
C’est ce que nous faisons avec le bailleur social FSM sur la ville même : architecture, performances énergétiques et environnementales, confort du logement (été comme hiver), usages numériques, accessibilité, mobilités (voies piétonnes et transport en commun, avec une gare à moins de 5 minutes à pied), et mixité qu’elle soit sociale ou générationnelle.
Mixité générationnelle en direction des seniors grâce à un habitat adapté leur permettant de vivre plus longtemps en autonomie en préservant leur vie quotidienne comme leur réseau amical ou familial, des jeunes, qu’ils soient étudiants, apprentis, salariés afin qu’ils puissent trouver un premier logement. Quête aujourd’hui au combien difficile

Comment ne pas souligner la qualité de notre collaboration avec  l’Etablissement Public Foncier d’Ile de France, un partenaire clé s’il en est, à l’action si efficace. Acteur majeur de l’éco quartier dont il a assuré l’ensemble du portage foncier, ses collaborateurs effectuent depuis 2009 sur Trilport, un travail de dentelle urbaine inédit et absolument remarquable, respectant spécificités et identité de notre ville et contribuant plus que tout autre à la qualité des projets mis en place sur la ville.

Autre priorité, l’amélioration des mobilités comme de l’accessibilité dans la ville. Deux actions complémentaires et très importantes seront menées en 2016 : le lancement d’une étude de circulation destinée à trouver des alternatives à la voiture particulière, de fluidifier les flux automobiles, de développer le stationnement résidentiel, et la réalisation des travaux de la première phase du Pôle Gare de Trilport. Ces aménagements financés à 75% par le Syndicat des transports d’Île de France et à 25% par la Communauté d’agglomération ont un objectif : rendre la gare accessible aux piétons et aux PMR. Ils seront suivis de la seconde phase qui dépend en grande partie de la SNCF : réaliser le parking relais, réaménager totalement l’Avenue de la Gare, avant lors de la dernière phase désenclaver la gare via une desserte bus.

 

Comme on le voit le travail ne manque pas, mais ces graines d’avenir sont si prometteuses …

 

 

 

Sept ans pour lancer l’Ancre de Lune

  • 2008 à 2009 : idée de créer un éco quartier, suite à des demandes de riverains confrontés à des nuisances provenant d’un secteur de la ville sinistrée et des conflits d’usage. L’éco quartier fait partie du projet pour la ville présentée aux Tripotais qui le valide lors des élections municipales.
  • 2008 à 2009 : lancement de l’éco quartier de Trilport « Coeur de Ville » autour d’un projet social de territoire qui fait l’objet d’une très large concertation (plus d’une trentaine de partenaires institutionnels et d’acteurs du terrain) et intègre le projet de Pôle Gare. L’éco quartier de Trilport est un des premiers lauréats de l’appel à projets de la Région Ile de France des Nouveaux Quartiers Urbains (Trilport en est toujours la plus petite ville lauréate). Ce projet est repéré et retenu par l’Etat au titre du Concours National Eco Quartier
  • 2009 à 2012 : de « Coeur de Ville » à « l’Ancre de lune »: phase de consolidation du projet grâce à la subvention NQU (équipe technique pluridisciplinaire), détermination des priorités, premières études techniques, participation au Club National des éco quartiers, médiation culturelle, environnementale et urbaine dans la ville et auprès des écoles, concertation autour des Ateliers citoyens et de partenariats clés (CAUE, Seine & Marne Environnement, École d’architecture de la ville & des territoires de Marne-la-Vallée…). La ville décide d’élaborer avec ses partenaires (dont l’Etat, l’EPF et le CAUE) un référentiel durable de l’éco quartier en deux volets : document cadre et document stratégique, ce dernier servant de support à l’appel d’offres. L’EPF se porte acquéreur du foncier nécessaire au projet. La ville de Trilport est un des 15 sites choisi par le Ministère pour tester le label national, son éco quartier est lauréat du département de Seine et Marne « Projet de Territoire » et de l’ADEME Ile de France (AEU). Lancement de l’appel d’offres et choix de l’aménageur : l’AFTRP
  • 2013 à 2015 : l’AFTRP choisit Ville Ouverte pour mener une concertation qui s’engage même avant la sélection de l’équipe technique animée par Françoise Hélène Jourda, urbaniste, une des meilleures spécialistes européennes de l’architecture durable qui met toutes ses compétences et sa créativité au service du projet. Réflexion totalement alimentée par la concertation menée sur la ville. Suite à une restructuration interne qui a duré quelques mois, l’aménageur devient « Grand Paris Aménagement ». Choix des Foyers Rémois et du premier projet : chanvre / chaux, une première en Ile de France. Les élus de Trilport sélectionne un opérateur social pour l’éco quartier partageant leurs priorités environnementales et sociales et leurs valeurs
  • 2016 à …  : Démarrage de la première phase, dépôt des permis de construire …

En 2016, Rallumons les étoiles, vite …

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Ce soir, cérémonie des vœux, tradition républicaine oblige  … Un an, jour pour jour, après l’attaque de Charlie Hebdo, notre vie depuis n’est plus tout à fait la même. J’ai en mémoire, je pense pour toujours, l’ambiance plus que particulière des cérémonies de l’an dernier, toutes placées sous le signe de « Je suis Charlie ».
A la question, pourquoi une cérémonie de vœux ? Plusieurs réponses s’imposent :  passer un moment de convivialité, tant il est agréable de se retrouver un moment entre acteurs du terrain pour échanger, faire un point d’étape sur l’année qui vient de s’écouler histoire d’en tirer des enseignements utiles, apporter également quelques éclairages ou clés de lecture destinées à faciliter le décryptage d’enjeux passés ou à venir, tracer quelques perspectives sinon de monde meilleur, du moins d’actions à accomplir pour l’année qui commence, et surtout remercier de leur énergie et de leur passion, tout ceux qui font une communauté de vie. Qu’est ce qu’une ville ? Sinon toutes ces personnes qui tissent chaque jour des liens ténus, fragiles mais au combien précieux qui donnent contenu et sens au vivre ensemble.

Rarement une année aura concentré autant d’émotions aussi intenses que 2015, certainement une des plus dramatiques que la France ait connue depuis des décennies, mais aussi paradoxalement, une de celle qui nous aura le plus appris sur nous mêmes.

De l’attaque de Charlie Hebdo, au Bataclan, que de drames humains et de vies envolées … Ces faits de guerre auront agit comme un révélateur, vague de fond ébranlant le pays et l’impactant au plus profond. Des priorités essentielles, que nous laissions jusque là de coté, comme banales, presque superflues, se sont brusquement rappelées à nous : la fragilité d’une vie, la violence de la guerre, les douleurs qu’elle provoque.

Nous avions oublié que rien n’est jamais acquis définitivement, surtout l’essentiel.

En quelques jours, la fragile bulle qui nous préservait des malheurs du monde s’est brusquement et violemment déchirée … Chacun mesure depuis, la saveur de nos modes de vie, l’importance et la portée des valeurs républicaines dans la tourmente.

Plus rien désormais ne sera comme avant …

  • la formidable vitalité et la force incroyable de ce pays lorsqu’il est menacé se sont révélées, ainsi que sa capacité à faire bloc face à l’adversité. La France n’est pas tombée dans le piège des terroristes cherchant à cliver, diviser, rejeter, exclure, fractionner, pour exploiter ensuite nos détresses, faiblesses ou fêlures.
  • Nous mesurons tout ce que nous devons aux forces de l’ordre, pompiers, secouristes et médecins, comme à l’action de ceux qui, sur le sol national ou au-delà des mers et océans, luttent jour et nuit contre Daech.…
  • C’en est fini de ce « French bashing » injuste et mortifère qui nous a collé à la peau si longtemps… Nous goutons notre chance de vivre dans un pays libre et ouvert, riche d’une qualité de vie que le monde entier nous envie, où il fait si bon se cultiver, aimer qui bon nous semble, étudier, travailler, grandir, vieillir, s’épanouir. Les images du 11 janvier resteront gravées dans la mémoire collective : de la dignité de la foule interminable rassemblée Place de la République, au recueillement des chefs d’état venus de toute la planète rendre hommage à notre pays et ses valeurs universelles de paix, liberté, tolérance …
  • Nous devons cependant garder en tête une réalité brutale, douloureuse et cruelle, c’est bien notre société qui a enfanté les auteurs de ces assassinats …

La réponse sécuritaire, priorité du moment, doit être complétée de mesures sur le moyen et long terme, pour ne pas nous limiter à traiter des seuls effets et conséquences, mais des causes, multiples. Mission qui nous oblige tous : élus, éducateurs, enseignants, parents …

Confrontés à un monde en mutation, à une planète qui se délite et se fait la malle, notre société a grand besoin de repères. La citoyenneté constitue une balise clé, puisqu’elle nous aide à savoir qui, et, où nous sommes, individuellement et collectivement.

Encore faut il réapprendre à produire du commun, retrouver notre capacité collective à faire société, à construire le « vivre ensemble », en bonne intelligence…

 

Retour sur 2015 … 

 

 

 

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2015, année d’elections

Un des enseignements des dernières élections locales, départementales et régionales, est l’enracinement du vote protestataire dans notre territoire.

Il peut sembler invraisemblable que tant d’électeurs aient voté pour des candidats « boite à lettres », munis pour tout bagage, de slogans, d’un logo, des deux initiales d’une formation dont le programme est suicidaire pour notre pays, alors que ces scrutins visent à désigner, avant tout, les responsables de collectivités pilotant des politiques publiques indispensables à la vie quotidienne de chacun. C’est dire que l’irrationnel s’en mêle et que l’on atteint un point de rupture qui doit absolument nous interpeller.

Je tiens à faire part de ma colère, partagée par beaucoup, tant la fracture devient croissante entre les citoyens, qui sont nos nos habitants, et le politique. Situation qui si rien n’est fait, si rien ne change, peut avoir des conséquences dramatiques pour le pays. C’est pourquoi le message des urnes doit être reçu 5 sur 5 par les appareils et états majors politiques, il y a urgence !

Où sont les réponses audibles et crédibles des politiques nationaux ?

L’entre soi et le hors sol semblent prédominer dans les états majors alors que plus que jamais, le terrain est en attente de réponses concrètes, visibles et compréhensibles. Les médias télévisés n’arrangent rien à l’affaire, reléguant la Politique au rang de télé réalité, privilégiant l’accessoire et le superflu, au fond et au sens, bien aidé par certains égos an mal de reconnaissance cathodiques oubliant que la fonction d’un politique n’est pas de commenter mais d’agir et de faire !
Force est de constater, avec regret que la télévision publique participe grandement à la sinistrose anxiogène ambiante et à la remise en cause du Politique.

Je me refuse, pour ma part, à stigmatiser les électeurs déçus, quelquefois paumés, qui, se sentant abandonnés, succombent au chant de sirènes qui leur promettent monts et merveilles, et prospérent avec méthode sur la détresse de territoires qui se désespèrent, exacerbant le rejet de l’autre, la peur de la différence et du lendemain.

Elus locaux et acteurs de terrain doivent non seulement se prendre en main, mais prendre la main pour agir, proposer, initier. Il est grand temps que nos décideurs tiennent compte des problématiques rurales et péri urbaines qui pourrissent la vie au quotidien de tant d’habitants : que ce soit sur les questions d’emplois, de transport, de logement, de services publics, de précarité énergétique, de politiques culturelles ou d’éducation…

Il faut apporter des réponses concrètes et adaptées à cette France périphérique qui se sent délaissée, reléguée, surtout avec l’émergence des métropoles. L’argent public, notamment lorsqu’il est rare, doit aller là où notre société est le plus blessée, a le plus mal : les zones de rupture et de pauvreté, économique, sociale ou culturelle, qui ne se limitent pas, aux seuls secteurs concernés par la politique de la ville, loin s’en faut !

Il y aura d’autres combats à mener, pas seulement sur le terrain politique ! Notre territoire a besoin que tous les talents et énergies qui y vivent, y vibrent, y respirent, qui se nourrissent des contraintes quotidiennes comme des potentialités de cette terre d’espoir et d’avenir sur laquelle nous vivons, se réveillent.

Ces talents, ces énergies, font partie d’une solution qui viendra d’abord et surtout du terrain !

 

Comment ne pas aborder la question budgétaire,

tant elle est au cœur de notre capacité d’action ou d’inaction ? Nos dotations diminueront en 2016, comme en 2015 et en 2014, en 4 ans, l’Etat aura diminué d’un tiers ses dotations, « Gare au grisbi » !

Oui, les collectivités doivent participer à l’effort national de désendettement, dans un monde équitable, elles y contribueraient selon leurs facultés respectives, cela n’est absolument pas le cas, ces diminutions concernant les riches comme les pauvres !

La règle de répartition des dotations de l’Etat reste opaque, incompréhensible du commun des mortels et à des années lumière de la réalité du terrain.

Est il logique que l’Etat attribue 2 fois plus à un habitant de Neuilly sur Seine, ville à la pauvreté connue de la France entière, qu’à un Trilportais ? Neuilly comme tant d’autres disposent de recettes de poche et non des moindres, et n’a même pas besoin de recourir au levier fiscal ! Pour ne prendre ne serait ce que la CAPM, les écarts de dotations par habitant y sont de 1 à 7 entre nos 18 communes.

Conscient des conséquences dramatiques de ces baisses sur des territoires fragilisés, l’Etat avait décidé de revoir son mode d’attribution : plus aux villes pauvres, moins aux riches, le lobbying de ces dernières a conduit l’Association des Maires de France a obtenir le report de cette mesure ! Conclusion : ainsi nos dotations qui initialement devaient augmenter sensiblement, poursuivrons leurs baisses.

La variable d’ajustement dés lors est simple : augmenter les impôts, ce que nous avons fait en 2015, ou supprimer services publics et investissements. C’est souvent dans ces territoires qu’ils sont les plus utiles…

 

Le Big Bang intercommunal

La baisse des dotations impacte désormais les intercommunalités, déjà durement touchées par la suppression de la Taxe Professionnelle en 2010. Notre agglomération (Pays de Meaux) n’y échappe pas, l’élaboration du budget 2016 promet d’être des plus difficile et exigera des décisions sans doute drastiques !

Vu le contexte, notre projet initial est perturbé, sans doute pour quelques années. Nous ne pourrons, nous exonérer, d’une relecture des priorités du moyen terme : maintien ou non de services quotidiens pour les habitants de nos 18 communes ou de dépenses plus emblématiques.

Cette question budgétaire est lourde de conséquences. Nous travaillons à la remise à plat du réseau de transport de l’agglomération. Ce sujet nécessitera lorsque le temps sera venu des arbitrages.
L’organisation actuelle du réseau date des années 70 ; c’est sympa, kitch, rétro, totalement décalé mais surtout inadapté aux besoins actuels et croissants de ce territoire. Chacun sait que l’agglomération ne pourra se développer sans un réseau de transport performant, tant celui ci constitue un trait d’union indispensable, et un élément clé des dynamiques territoriales, qu’elles soient sociales, économiques, culturelles ! De nos mobilités dépendra notre agilité, ce territoire doit être plus que jamais agile. Mais toute amélioration aura un impact financier direct, aussi il est essentiel de retrouver des marges d’actions avant de pouvoir envisager toute action concrète en ce domaine stratégique.

Aussi, félicitons nous du succès du Parc d’Activités, créateur d’emplois de proximité et de recettes indispensables, espérons qu’il attire beaucoup de nouvelles entreprises sur le secteur, son développement comme celui des autres zones d’activités est vital pour nous.

Dans le paysage institutionnel du pays, la question intercommunale devient centrale, 2016 sera une année charnière.

Nous avons rejeté la carte intercommunale proposée par le Préfet, en solidarité notamment, avec les 17 communes de Plaines et Monts de France annexés, contre leur volonté, à un véritable OVNI institutionnel sans aucune cohérence ou légitimité. Décision arbitraire qui remet en cause des principes démocratiques de fond, auxquelles nous sommes profondément attachés.

Avec l’émergence du Grand Paris, le périmètre de nos intercommunalités respectives évoluera encore, le mouvement en cours étant une vague de fond, mais ne savons nous pas depuis Yoda que « toujours en mouvement est l’avenir » ? Ces regroupements doivent se faire dans le dialogue, l’échange, l’élaboration de projets de territoire qui soient respectueux des habitants et de la cohérence des bassins de vie. Je comprends les interrogations des élus de Quincy Voisins ou de villes du Pays de l’Ourcq, qui au regard de la dynamique initiée autour de Coulommiers, se sentent plus proches d’autres bassins de vie …

La copie intercommunale proposée est inachevée, l’heure est aux grandes métamorphoses, qui le plus souvent prennent du temps, mais qu’ensuite le papillon est beau … Je suis, pour ma part, réservé sur les grands mécanos institutionnels qui éloignent souvent le citoyen des décisions le concernant directement.

Ma conviction est que les habitants doivent se reconnaitre dans un projet de territoire pour s’en sentir porteur et acteur.

 

Plus que tout, le « vivre ensemble »

Aprés une année aussi anxiogène que 2015, il nous apparaissait indispensable, de remettre de l’essence dans le moteur, d’aller de l’avant, de proposer des perspectives, de faire bouger les lignes, malgré une conjoncture budgétaire tendue…

La citation d’un poète français, citoyen polonais de l’empire russe né à Rome, Européen avant l’heure, Guillaume Apollinaire (plus bi national que lui, on le fait pas), résume cette volonté qui nous anime pour 2016.

“Il est grand temps de rallumer les étoiles.”

Métaphore poétique ? Peut être … Signifiant à nos yeux qu’il faut renouer les liens distendus et brisés, réveiller les énergies, notamment et surtout locales, retrouver du sens, une direction, un projet commun porteur de perspectives futures à construire et partager…

Le lien social est fragile, chacun le sait, précieux, le cycle de la vie fait que certaines énergies, talents qui apportaient leur passion, compétence, démesure, grain de folie, cette curieuse alchimie qui fait société, ne soient plus présents : aléas familiaux ou professionnels, âge, retraite sous des cieux plus cléments, décès quelquefois, où se sentent un peu vieux …

Il nous faut retrouver un nouveau souffle, des idées novatrices, d’autant que de nouveaux habitants arrivent, à qui nous devons laisser  toute leur place. L’identité d’une ville, d’un territoire, son âme, repose sur rien ou presque, une étincelle, une lumière qui fait que l’on ait envie de se retrouver, pour passer un bon moment ensemble, riche de nos différences. C’est toute la magie du « Vivre ensemble », ce presque rien, est en fait essentiel …

C’est pour cela, qu’il faut remercier l’action de tous les bénévoles, tous ces tisseurs de liens, grâce à qui nous avons la chance de partager des moments authentiques, populaires, avec tout ce que ce mot revêt de noblesse, de simplicité, de joie de vivre …

 

Continuer à vivre et à avancer, c’est ce que nous devons aux morts du Bataclan, mais aussi et surtout aux vivants surtout après ce tragique 13 novembre, afin de défendre les valeurs qui nous sont communes, c’est ce que nous devons aux morts de Charlie, tout en restant nous-mêmes.

Avancer, avec des étoiles, dans le cœur, dans la tête, dans les yeux mais aussi dans le ciel afin que la voix lactée nous indique le cap …

Eluard n’écrivait il pas « Un rêve sans étoile est un rêve oublié » et Jung, qui était tous sauf un poète (cela se saurait) : « Une société sans rêve est une société sans avenir. »

Pourvu que 2016, soit une année étoilée et peuplée de rêves inoubliables qui nous proposent enfin un avenir …

 

 

A mis abuelos

Certificat de réfugié  de mon père

 

 

Dernier Conseil communautaire de l’Agglomération du Pays de Meaux, intervention de l’élue FN, classique, ses prises de parole ne démontrant jusque là qu’une très grande méconnaissance des dossiers et un désintérêt manifeste et profond pour le quotidien de nos concitoyens (abstentions ou vote contre de quasiment toutes les délibérations, notamment celles destinées à améliorer les conditions de vie ou de transport).

Mais là, elle franchit une limite, et quelle limite … Elle demande tout simplement aux Maires présents de lui faire un état sur les migrants accueillis dans leurs communes … Son intervention m’a amené à lui répondre, cash, afin de ne pas banaliser l’inacceptable, une demande « digne » des époques les moins glorieuses du pays … 

Migrant, un mot qui résonne singulièrement à mon cœur …

 

« Les migrants

comme vous dites, Madame,

ont deux jambes, deux mains, une tête, une âme et un cœur,

Comme vous et moi,

 

Le sang des migrants

comme vous dites Madame,

est rouge,

Comme le votre, le mien,

 

Beaucoup l’ont versé ce sang 

et ont perdu la vie

pour libérer le pays qui les avaient accueillis,

le votre, le mien … Madame,

Je pense aux soldats de la Nueve entrant dans Paris,

Je pense aux tirailleurs sénégalais venus d’Afrique Noire ou du Maghreb

 

Je suis fils et petit fils de migrants

comme vous dites, Madame,

de réfugiés plus exactement,

bergers espagnols fuyant le régime de Franco

 

Je suis fils et petit fils de migrant

Comme vous dites , Madame,

Non seulement je l’avoue,

Mais face à vous, je le revendique,

 

Je suis fier de mes grands parents et parents

Ils m’ont appris à aimer la France,

Votre pays, mais aussi le mien, Madame

Même si je n’oublie pas d’ou je viens

 

 

 

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Ces migrants comme vous dites

m’ont appris à respecter et à servir

cette terre de liberté et d’accueil,

qui est la notre, Madame

 

Petit fils et Fils de migrant

comme vous dites, Madame

Mais si fier de ces valeurs républicaines

Qu’ils ont su m’inculquer

Trois valeurs qui m’ont servi

d’étoiles polaires pour guider ma vie

Et éclaire aujourd’hui ma route

Liberté, Egalité, Fraternité … »

 

 

Liberté

Liberté Madame,

Liberté chérie et au pluriel s’il vous plait : de circuler, d’aimer qui l’on veut, de penser différemment, de créer …
Liberté comme liberté de la presse, d’expression, que certains veulent faire taire aujourd’hui

 

Egalité,

Egalité, Madame,

Egalité des races, des sexes,

Les femmes et les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits, quelque soit leur couleur de peau, leur confession, leurs opinions, leurs orientations sexuelles, leurs handicaps, leurs origines, leur sexe,
L’égalité des sexes que certains nient aujourd’hui

Rappelons nous que le sang impur évoqué par les paroles de la Marseillaise Madame, était celui du Tiers Etat, des sangs mêlés, des sans noms, des sans culottes, sang impur s’il en est que l’on opposait au sang bleu des nobles,

 

Fraternité,

Fraternité Madame,

que ce mot est digne et beau tant il fait humanité et société et comme il vous fait si peur,

La Fraternité que certains veulent remplacer par l’exclusion aujourd’hui, 

 

Vous qui surfez sur toutes les peurs possible et inimaginables, 
qu’elles soient du futur, de l’autre, du différent, de l’islam,

Pardonnez moi de vous le dire,

Vous représentez la force obscure, Madame, 

Celle qui divise, qui fragmente, qui clive, qui exclu, 

Vous représentez la force obscure,

Comme tant d’autres qui nous font si mal

 

« La peur est le chemin vers le côté obscur :

la peur mène à la colère,

la colère mène à la haine,

la haine … mène à la souffrance. »

 

 

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Résister, se conjugue au présent

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Ces derniers jours nous auront marqué à jamais … trop de vies envolées, trop de personnes blessées, trop de familles endeuillées ou meurtries …  Une foule de sentiments de l’ordre de l’intime s’entremêlent dans nos têtes et nos coeurs : émotion, compassion, sidération, incompréhension, indignation, révolte, colère également …

Cette tragédie aura agit comme un révélateur pour le pays, vague de fond, l’impactant, l’ébranlant même et faisant remonter à la surface certaines réalités, jusque là laissées de coté, qui se rappellent brusquement à nous : la fragilité de notre sécurité individuelle et collective, l’utilité d’un service public efficient … Chacun a pu mesurer ce que nous devons à l’action déterminante et exemplaire des forces de l’ordre, pompiers, secouristes et médecins lors de ces tragiques évènements. Leur courage et l’efficacité de leurs actions ont permis de sauver beaucoup de vies et de soulager la douleur de centaines de blessés … comme à chaque fois.

Face à ce qui constitue un véritable acte de guerre, une seule réponse s’impose : faire bloc et rester unis … L’heure est à l’unité nationale pour ne pas tomber dans le piège tendu par l’Etat Islamique qui cherche à cliver, diviser, rejeter, exclure, fractionner pour mieux rebondir ensuite afin de surfer sur nos détresses, nos faiblesses et plus que tout sur nos fractures …
C’est pourquoi il est important de défendre, ensemble, face à la barbarie que Daech représente, cohésion nationale et sociale, valeurs républicaines mais aussi nos modes de vie pluriels.

La petite musique politicienne de certains (ir)responsables a fait plus que désordre, ce mélange assez minable des genres constitue une faute politique majeure, tant le contexte dramatique du moment exige sang froid, discernement, responsabilité et, plus que tout, sens de l’état.
L’heure est à l’action et aux investigations, pas aux polémiques, c’est le pays qui est attaqué et nos valeurs qui sont menacées.
L’heure est au soutien au Président qui n’a pas failli et s’est montré à la hauteur de la situation, au gouvernement qui agit vite et fort, et à tous ceux qui, anonymes, nous protègent jour et nuit de l’Etat Islamique, souvent au péril de leur vie, que ce soit sur le sol national ou au-delà des mers et des océans

C’est parce que la France lutte contre l’obscurantisme et le fanatisme, qu’elle est à la pointe du combat pour la liberté, que son action est déterminante, qu’elle est devenue la cible des terroristes ! Mais c’est aussi pour tout ce qu’elle incarne, plus encore après le 11 janvier, notre pays est devenu de nouveau pour la planète un symbole de liberté que les fanatiques veulent abattre absolument !

Plutôt que ce complaire dans un France bashing injuste et mortifère, apprécions la chance que nous avons de vivre dans un pays libre et ouvert, riche d’une qualité de vie que le monde entier nous envie, ou il fait bon se cultiver, aimer qui bon nous semble, étudier, travailler, grandir, vieillir, s’épanouirNous le devons aux morts du Bataclan, aux vivants, mais aussi à nos enfants.
C’est pourquoi il nous faut, y compris si cela semble si difficile aujourd’hui, « enraciner l’espérance dans le terreau du cœur » et y semer des graines de monde meilleur, loin de la peur, de la terreur et de la douleur …

Nous ne pourrons cependant faire l’économie d’un examen de conscience lucide, sans complaisance aucune, et d’une nécessaire remise en cause ne pouvant se limiter à la seule analyse des conséquences ou de l’analyse de la dualité entre liberté et sécurité (moins de liberté pour plus de sécurité), mais bien nous attaquer aux racines du mal …
Au delà des mots, postures ou polémiques nous devons apporter des réponses globales, ajustées, adaptées, et garder en tête une réalité brutale, douloureuse et cruelle, c’est bien notre société qui a enfanté les auteurs des actes de guerre du 13 novembre.

Recherchons au plus profond de nous mêmes les réponses  qui permettront que « les sanglots longs des violons de l’automne ne blessent de nouveau nos cœurs » au vent mauvais …

 

Mais qu’elles sont elles ?

 

 

 

 

 

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Minute de silence du lundi 16 novembre, Place Albert Camus, parvis de la Mairie, Trilport 

 

Soulignons tout d’abord certaines évidences :

Agir efficacement nécessite des moyens humains, logistiques, financiers considérables (renseignement, armée, police, justice, aussi comme beaucoup de nos concitoyens, j’ai été satisfait d’entendre François Hollande préciser que le pacte de sécurité prévaudrait sur le pacte de stabilité. Permettez moi cependant de vous faire part de ma surprise à l’écoute des discours de ceux qui plus que tout autre ont considérablement affaibli ces dernières années nos capacités d’action et contribué à l’instabilité de cette région du monde, du fait d’une politique étrangère faite de coups, connivences, complaisance avec les dictateurs (Assad, Khedafi, Ben Ali) sans cohérence ni vision … Leur surenchère sécuritaire me parait pour le moins malvenue …

Plus que jamais l’Europe doit être présente. Ses failles pour ne pas dire ses faillites sont apparues de manière évidente. Elles résultent d’une approche non communautaire pêchant par manque de vision et d’ambition, très caractéristique des années Barroso : problématique des réfugiés, polémiques sur le contrôle des frontières, limites des accords de Schengen et de règlements comme celui de Dublin, texte totalement dépassé et déconnecté de la réalité,  manque d’ambition et de volonté sur l’action du FRONTEX, absence de soutien de pays pivots comme la Grèce afin de préserver la bonne maitrise de nos frontières extérieures, manque de collaboration entre les différents services de renseignement ou de police, retard pris dans le dossier du Passenger Name Record (PNR) …
Chacun doit comprendre dans chaque pays, que les questions liées à notre sécurité vis à vis à de tels actes terroristes exigent absolument une réponse européenne, il en va de la tranquillité et de la sécurité de tous les européens ! Encore faut il qu’il y ait au rendez vous une politique commune coordonnée et plus que tout une volonté d’agir !

Les nationalistes désirent ériger des murs à nos frontières respectives. Outre qu’une telle mesure gênera en premier lieu les européens au quotidien, rappelons que jamais une digue n’a stoppé un tsunami ! Se mettre en mode « ligne Maginot du XXI âme siècle » apparait contre productif et surtout d’une efficacité très illusoire ! Mieux vaut déjà assurer réellement l’inviolabilité des frontières extérieures européennes, c’est l’urgence absolue, encore faut il une Europe en capacité d’agir !
Si les réponses sécuritaires apportées par le gouvernement sont inévitables et constituent effectivement la priorité du moment, celle du court terme, elle doivent être absolument accompagnées de mesures sur le moyen et le long terme, tant nous ne devons pas nous limiter aux seuls effets et conséquences mais bien traiter des causes.  

 

Le focus « géo politique », nous amène à intégrer certaines spécificités régionales. Est ce le fruit du hasard si depuis la crise de Suez de 1956, la plus grande partie des guerres, conflits, que le monde connaît se concentre dans cette région ?
La captation des ressources gazifières et pétrolifères par quelques familles, attisent non seulement les appétits des pays développés et des multinationales, mais développent dans le même temps des inégalités criantes et croissantes qui constituent autant de fractures profondes et potentiellement à risques.
Le contraste entre les gratte ciels, les golfs verdoyants et gazonnées poussant sur le sable du désert, les îles artificielles gagnées sur l’océan, les gigantesques malls commerciaux et quartiers d’affaires qui désormais sont l’image des émirats dans le monde et l’état d’esclavage quasi médiéval dans lequel vit la plupart des populations immigrées qui y travaillent, provenant principalement d’autres pays musulmans, constitue une véritable bombe à retardement sur laquelle prospère les idéologies les plus obscurantistes.
Thomas Pikety apporte quelques illustrations pour le moins instructives sur ces inégalités régionales : l’Egypte (90 millions d’habitants) consacre à son système éducatif moins de 10 milliards de dollars, dans le même temps les revenus pétroliers saoudiens (30 ?millions d’habitants) dépassent les 300 milliards de dollars et ceux du Qatar (300 000 qataris) 100 milliards de dollars !

Autre élément perturbateur : le particularisme d’une forme d’Islam régional dominant avec lequel nos démocraties ont une relation pour le moins schizophrénique et équivoque depuis Lawrence d’Arabie : le wahhabisme, ce radicalisme messianique ultra puritain né au 18ème siècle. Car tout n’est pas aussi simple que le dualisme entre chiites et sunnites !
Kamel Daoud dans une tribune au New York Times  nous le rappelle de manière très structurée et imagée « Daesh a une mère : l’invasion de l’Irak et un père : l’Arabie saoudite et son industrie idéologique ». L’écrivain algérien y décrit trois types de Daech, le gris (Iran), le noir (l’Etat Islamique) et le blanc (Arabie Saoudite). Pour faire simple, presque caricatural, l’Occident mène la guerre contre l’un (Daech Noir) tout en serrant la main de l’autre (Daech Blanc) et fait de l’oeil au troisième (Daech Gris) !

Soyons clair, aucun amalgame ici avec les musulmans français. Le wahhabisme n’est jusque là que très peu représenté en France, malgré les pétro dollars, l’influence des califats, de l’Arabie Saoudite, et heureusement pour la représentation de la femme dont sa conception est absolument incompatible avec nos lois et notre culture !
Il se situe aux antipodes de l’islam des lumières, ouvert, tolérant, empreint de philosophie et de culture qui a changé la face du monde de manière positive alors que le christianisme de l’époque empruntait le chemin inverse.
C’est pourquoi, au regard des évènement qui depuis janvier dernier s’abattent sur notre pays, il est grand temps que les musulmans de France effectuent leur part du chemin dans la République, que les « modérés » fassent entendre leur voix, afin de combattre tous les intégrismes qui prétendent agir au nom de Mahomet et le salissent, et que l’islam en France devienne enfin l’Islam de France dans la République.

 

Le prix d’une vie

Dans un monde globalisé, systémique et de plus en plus « asymétrique », le prix d’une vie diffère d’une latitude à l’autre. Les compagnies d’assurance intègrent cette réalité financière et réévaluent régulièrement des différentiels de plus en plus importants illustrant les inégalités croissantes dans le monde, qui sont amplifiées par le bouleversement climatique et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.
Les fanatismes se nourrissent de la détresse humaine de ceux qui sont martyrisés, exclus, se sentent rejetés et oubliés, et prospèrent sur ce terreau du malheur, atisant le sentiment d’injustice, de frustration et de révolte, c’est une constante de l’histoire … Ne pas prendre en compte et anticiper aujourd’hui les conséquences du réchauffement planétaire auprès de populations et régions sinistrées du globe, s’est accepter de contribuer à créer des inégalités de plus en plus inacceptables et de condamner à terme des millions d’humains. Une position totalement immorale et surtout irresponsable.

C’est aussi un des enjeux essentiels de la COP 21.

L’intensité émotive et médiatique d’une catastrophe ou d’un attentat tient compte de cette donnée économique et irrationnelle qu’est le prix d’une vie.
Elle constitue une source d’inspiration pour des terroristes de plus en plus communicants, devenus spécialistes des médias et de  l’image, auteurs de storytelling implacables dont l’unique but est de susciter la vague médiatique la plus importante possible.
Nos sociétés, principales victimes de leurs attentats, se retrouvent paradoxalement, relais et amplificateurs des messages de haine et de terreur que délivrent ces fanatiques. Caisse de résonance immédiate et globale qui alimente réseaux sociaux et chaines d’information en continue et témoignent ainsi de la réussite d’exactions qui en quelques secondes font la une des médias planétaires.

Le quart d’heure médiatique cher à Wharrol est dépassé !

 

Le mal n’existe malheureusement pas qu’à l’extérieur de nos frontières. La présence dans nos villes, de ghettos et de no man’s land, dans lesquels les habitants sont de plus en plus abandonnés (de l’éducation, des services publics et médicaux, de la culture …) et vivent sous l’emprise des communautaristes qui y font régner l’ordre spirituel doit nous interpeller au plus haut point, il y a urgence, le ver est dans le fruit !
Beaucoup de jeunes qui y résident,sans emploi, sont littéralement « en jachère », et constituent autant de proies de choix pour des marchands de monde meilleur les attirant vers l’obscurantisme à l’aide d’images magnifiées des martyrs du djihad entrant en résonance avec le mal être de ces jeunes déracinés et sans vrais repères. 

Le profil des djihadistes européens « kamikazes » est le plus souvent assez semblable … Agés pour la plupart de moins de vingt cinq ans, provenant de milieux pauvres, souvent peu éduqués, influençables, beaucoup ont eu maille à partir avec la justice pour des petits délits de droit commun. Ils sont le plus souvent « ignorant de la religion » et se l’approprie de l’extérieur y compris s’ils sont de culture musulmane en intégrant le message fondamentaliste très souvent suite à des rencontres décisives en prison.
D’autant que beaucoup de spécialistes de ces questions soulignent que l’Etat Islamique est bien plus attractif pour les européens qu’Al Qaïda : la Syrie n’est pas l’Afghanistan,  la pratique religieuse y est beaucoup moins contraignante et stricte, l’idéologie a le mérite d’être simple et accessible, l’argent coule à  flot, le luxe n’y est pas interdit. Ici, la foi n’est le plus souvent qu’un prétexte, ce qui attire les jeunes désoeuvrés ce sont les armes, l’aventure, le fait de devenir enfin quelqu’un !

 

Notre société aujourd’hui confrontée à un monde en mutation qui ne cesse d’avancer et bouleverse ses repères et balises, à une planète qui se délite et se fait la malle, se cherche … Elle traverse une crise existentielle profonde qui l’ébranle au plus profond de ses fondements. Il lui faut retrouver un équilibre, un nouveau centre de gravité, mais plus encore un sens, une direction, un projet commun à partager porteur de perspectives futures. 

Il lui faut, au plus vite, renouer avec le sens, tant cette question est absolument essentielle et vitale. Nous avons besoin pour nous épanouir pleinement, de transcendance, de vivre et faire ensemble, d’aller de l’avant, de nous émanciper notamment par la pratique de la culture, des loisirs, des arts, car rien ne vaut la lumière et le mouvement pour combattre l’obscurantisme et l’immobilisme …

Et plus que tout, rien ne vaut la lumière de l’esprit et du coeur … Surtout lorsque nous avons des bleus à l’âme comme aujourd’hui 

 

Ligne P : fracture consommée ?

 

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Dans un billet daté de février dernier, j’évoquais la rencontre organisé par Guillaume Pepy, Président de la SNCF avec les Maires des villes de la ligne P (dont Trilport), entretien qui m’avait laissé entrevoir quelques perspectives d’amélioration dont je m’étais fait l’écho, imprudemment cependant, tant la réalité aujourd’hui est malheureusement toute autre.

Nous assistons depuis cet été à une dégradation inacceptable des conditions de transport, pourtant loin d’être idéales jusque là : retards, suppressions de trains, propreté, travaux …  Mais plus que tout, c’est la multiplication du recours aux trains courts lors des heures de pointe, avec tout son cortège de conséquences sur les conditions de voyage (dont beaucoup inadmissibles), qui exaspèrent au plus haut point les usagers dont certains passent prés de 2 heures par jour dans ces trains; et cela sans comptabiliser le métro ou le RER !
Il faut concrètement partager de tels moments pour comprendre tout le ressenti et la colère légitime de voyageurs qui se sentent considérés comme du véritable « bétail » (sic). Aucun sas de décompression, les transports ferrés sont déjà en mode « Metro heure de pointe » dés leur gare de départ !

J’ai adressé à Guillaume Pepy il y a quelques semaines un courrier pour protester comme élu et usager, de cette situation inacceptable qui n’a que trop duré. Petite note positive cependant depuis septembre, le Pass Navigo à prix unique qui atténue une inégalité territoriale devenue de plus en plus pesante et discriminante au fil du temps.

Il est dommageable que tous les efforts consentis depuis 2008 par la Région et le STIF soient ainsi remis en cause par ces dysfonctionnements. Les mesures mises en place, telles le cadencement, l’arrivée de nouvelles rames, la rénovation des voies et des quais mais aussi la tarification, induisent de nouveaux usages de mobilités chez nos concitoyens notamment le week end ou en soirée mais elles font apparaître paradoxalement aujourd’hui en creux, toutes les faiblesses et lacunes d’un réseau sous dimensionné et obsolète qui n’arrive pas à suivre cette montée en puissance. L’obsolescence étant, ne l’oublions pas, la cause principale de la multiplication des incidents rencontrés ligne P.
Cette ligne ferroviaire est représentative des contrastes de l’Île-de-France à l’heure du Grand Paris, elle devrait à ce titre inspirer les candidats aux régionales en les incitant à élargir leur focale jusqu’aux franges les plus lointaines de la région, afin de positionner la problématique des transports de la grande couronne comme une priorité absolue.
Je n’ose suggérer à Monsieur Pepy de prendre quelques minutes pour gouter aux délices d’un aller simple Trilport / Paris aux heures de pointe dans de telles conditions. Si l’on veut prendre les choses du bon coté, il est vrai que lorsque les usagers après un tel périple arrivent enfin à leur travail  ils se sentent libérés ! Mais est il normal de promouvoir l’émancipation par le travail avec un tel procédé ?

Rappelons que longue de 252 km, fréquentée chaque jour par 85 000 usagers, nombre en constante progression, la ligne P dessert 36 gares sur 3 départements et s’étire à plus de 90 km de Paris, allant jusqu’à Château-Thierry ou La Ferte-Milon. Imaginons les analyses que pourraient en tirer Emmanuel Vigneron, sociologue rendu célèbre par ses travaux sur les variations de l’espérance de vie au fil du RER B, ou encore Christophe Giulluy, le spécialiste des fractures entre France des métropoles et France périphérique tant elle illustre la discrimination territoriale du pays et bien des problèmes que rencontrent le péri urbain.
Rajoutons encore une couche, la ligne P est la dernière en Ile de France à avoir des voies encore non électrifiées (Provins / Trilport à La Ferté Milon) ! Anachronisme qui impose des contraintes de gestion de parc, complexes et couteuses, des rames ayant une faible capacité et le recours à des navettes bus de substitution lorsque ces dernières tombent en panne ou en raison du rythme des saisons : été (chaleur, canicule), automne (les feuilles qui tombent à la pelle), hiver (froid, gel et neige), ce doit être également une des raisons pour laquelle les usagers apprécient tellement  le printemps,

Question simple mais importante pour le quotidien de milliers d’usagers de la Grande Couronne :  comment améliorer leur quotidien durablement dans une situation qui aujourd’hui est pour le moins compromise ?

Voici quelques pistes de réflexion dans le cas ou nos décideurs seraient en manque d’inspiration …

 

 

 

 

 

Sanctionner plus durement le recours au trains courts, d’autant qu’il constitue désormais un paramètre de gestion face aux problèmes d’obsolescence du parc machines

  • Dans la palette des indicateurs qualitatifs, susceptibles d’entrainer pour les opérateurs des pénalités financières tels : régularité, ponctualité, humanisation et présence en gare, le recours aux trains courts doit être pénalisé beaucoup plus significativement. Non seulement il contribue à la dégradation du service de transport, constitue une véritable atteinte à la dignité des usagers mais entraine potentiellement des problèmes de sécurité tant les quais et les rames sont bondés
  • Concernant les statistiques qualitatives, il faut relativiser l’importance donné aux indicateurs de niveau de qualité de service positifs, dés que ceux ci résultent d’une globalisation des données par ligne, réductrice de fait. Cette lecture nuit effectivement à une analyse circonstanciée concernant la qualité effective du service accompli sur l’ensemble de la ligne; les dysfonctionnement apparaissant souvent sur les mêmes segments, localisés  généralement en fin de ligne; en ce domaine ce sont les points faibles du dispositif qui importe surtout lorsqu’ils sont lourds de conséquences pour les usagers impliqués malgré eux ! Lorsque les usagers de Lizy s/ Ourcq, Trilport ou de la Ferté sous Jouarre s’entendent dire que les indicateurs de la ligne P sont « plutôt » bons, ils peuvent légitimement penser que l’on se moque d’eux
  • Créer un observatoire des lignes, ouvert aux usagers, accessible par internet qui intègre le reporting des incidents, les montées et descentes par gare, les pénalités infligées, les actions correctives mises en place, la progression ou non des opérateurs en terme de qualité de service sur l’ensemble des lignes. Il faudrait créer un véritable open datas sur cette thématique des mobilités afin de mieux cerner les points faibles du système global.

 

Demeurer extrêmement vigilant sur les limites du « Très Grand Paris Express »

  • L’effort de rénovation à mener en Grande Couronne est colossal, tant au niveau des voies, rames, quais, gares ! De plus en plus d’habitants y vivent, qui représentent autant d’usagers supplémentaires en puissance pour un réseau saturé qui menace de thrombose tout le système de transport régional.
    Usagers et élus ont peur de voir l’essentiel des moyens financiers, surtout en période de diète budgétaire, se concentrer sur le seul réseau du Grand Paris; personne n’ayant oublié comment le réseau de Grande Couronne a été sacrifié lors des décennies précédentes à l’autel du tout TGV, ou du tout Météor.
    D’autant que le « super réseau statosphérique » prévu pour la nouvelle métropole possède son lot de zones d’ombre : sous estimation des infrastructures souterraines, impact financier de la mise en place des reports multimodaux non pris en compte …L’addition risque fort d’être non seulement salée, mais sans commune mesure avec celle initialement envisagée.

 

Prendre en compte les spécificités périurbaines

  • Electrifier les lignes SNCF qui ne le sont pas encore est un minimum. C’est bien évidemment une question d’équité territoriale mais aussi la condition sine quantum qui permettra sur la ligne P de simplifier et fluidifier la gestion d’un parc aujourd’hui hétéroclite, mais également d’ assurer une montée en puissance et en charge lors des heures de pointe pour des centres urbains et gares de plus en plus fréquentées (bassin de vie supérieur à 100 000 habitants) qui aujourd’hui n’ont pas d’autres solutions potentielles en offres avec une population qui ne cesse de progresser !
  • Faire de la multimodalité un enjeu stratégique. Chaque nœud de réseau constitué par une gare, est au centre d’un éco système local de mobilités, qui pour s’épanouir ne doit pas rester au seul stade du concept. Il y a urgence pour ce qui concerne la grande couronne, dont un des maillons faibles est bien la clé d’entrée du réseau de mobilités comme de la chaine des acteurs qui compose ce dernier.
    Le système actuel, celui des « pôles gares» n’est pas satisfaisant : trop administratif, complexe, long à mettre en place puis à mettre en oeuvre, une véritable usine à gaz … Dés qu’un partenaire ne veut pas jouer le jeu (notamment l’opérateur de mobilités qu’était RFF,  champion toutes catégories à ce jeu), c’est tout le processus qui est bloqué. Il faut non seulement un pilote, mais également un facilitateur et un arbitre, permettant d’assurer le respect d’échéanciers raccourcis et d’assurer une gouvernance resserré permettant des décisions rapides suivies d’actions concrètes.
    A mon sens beaucoup de choses sont à revoir sur les dispositifs et procédures en place afin de les rendre plus fluides, agiles, « cognitifs » (notion d’éco systèmes locaux) et surtout réactifs …
  • Assumer le « fait routier » en privilégiant une approche par logique de ligne : le stationnement (vélo, voiture) comme le recours aux bus sont des éléments indissociables de la chaine des mobilités. Si l’usage de la voiture individuelle n’est pas pour l’heure le plus écologique, en grande couronne il reflète une réalité concrète. Elle occasionne pour les « communes à gare SNCF » tout un lot de contraintes et une gestion qu’elles ne sont pas en capacité, surtout lorsqu’elles sont petites, de supporter seules.
    Il est nécessaire de créer pour l’usager un « pack mobilités », intégrant le prix du stationnement au titre de transport (création d’un Navigo Plus), de services complémentaires « add on » et de privilégier pour la gestion des parkings eune logique de ligne (services ajoutées, synergie, investissement permettant de développer la capacité d’offre de stationnement : aménagements, travaux …), afin que les opérateurs spécialisés soient véritablement en appui des collectivités, dont la gestion de ces espaces n’est ni la mission ni la vocation.
    Dans le même esprit, il faudrait développer les pratiques de co-voiturage grâce à une politique d’incitation agressive : emplacements réservés sur les parkings, tarification préférentielle (parking offert si 3 places occupées dans la voiture …).
  • Elaborer un nouveau modèle de Transport à la Demande (TAD), pouvant apporter des réponses originales tant dans les secteurs ruraux, que dans certains quartiers urbains (en complément de l’offre en place) basé sur des concepts innovants reposant en grande partie sur le dividende numérique. Il est possible d’apporter une réponse institutionnelle alternative et socialement régulée à l’Uberrisation tout en utilisant le numérique. Ce secteur représente une piste de croissance potentielle vertueuse, pouvant offrir un complément d’offres particulièrement compétitive et souple afin de renouveler la vision traditionnelle et monolithique du TAD, non seulement sur les périmètres de desserte, mais également sur les amplitudes. L’asymétrie entre offre et demande pouvant être comblées par la souplesse et la complémentarité.

 

Limiter la montée en charge lors des heures de pointe

Diminuer la fréquentation des réseaux de transport lors des heures de pointe, du matin ou du soir, est synonyme d’amélioration directe, concrète et durable des conditions de transport. Baisser la fréquentation ne serait ce que de 3% représenterait pour la collectivité des sources d’économies substancielles, que ce soit en fonctionnement comme en investissement et une amélioration sensible de la qualité de vie et des transports pour des millions d’usagers. Plusieurs axes d’action et leviers peuvent accompagner une telle évolution (révolution) des comportements :

  • Développer le télétravail : il est essentiel et important de soutenir les tiers lieux ou télécentres qui se développent afin que les utilisateurs potentiels (entreprises, administrations, institutions, salariés) pérennisent leur existence via des conventions ou des partenariats, des labellisations, des systèmes d’abonnement préférentiels, la mise en place de contrôle des présences effectives, la création de centrales de réservation.
  • Contribuer au lissage des amplitudes d’ouverture des services, opérateurs, entreprises, universités …

 

Chacun peut le constater, il n’existe pas de fatalité en ce domaine ou de réponse unique, mais bien un faisceau d’actions complémentaires à court, moyen et long terme, à mener par les différents acteurs qui composent et animent la chaine des mobilités.
C’est un enjeu social, économique mais également culturel, car la mobilité est non seulement le droit d’accéder au travail, aux études, mais aussi aux loisirs.
Une des richesses de l’Ile de France, partagées d’ailleurs par beaucoup d’intercommunalités seine-et-marnaises est la diversité de nos paysages, la mobilité doit impérativement tenir compte de la géographie des territoires. Chez nous, ils vont  de la métropole, à l’urbain, puis au rural en passant par le péri urbain …
Plusieurs défis sont à relever de ce fait, dans un contexte budgétaire plus que contraint, ce qui est d’autant plus pénalisant devant la dynamique territoriale en cours depuis plus de 20 ans, notamment dans le 77…  Dans un tel contexte, ne pas progresser est synonyme de régression.
Paradoxe de taille, plus la chaine  des mobilités est complexe à mettre en œuvre, car il s’agit bien d’éco systèmes locaux en interaction cognitive (le copier / coller s’apparente en ce domaine à la faute professionnelle), plus d’acteurs interviennent et de mode de mobilités se combinent (rupture de charges), plus tout doit apparaitre le plus simple aux yeux des usagers, c’est entre autre la mission du STIF.

Je considère pour ma part que l’échelle pertinente pour l’Ile de France dans le domaine des mobilités, mais pas exclusivement, ne peut être que métropolitaine. Jean Paul Huchon avait raison, l’avenir proche lui rendra justice, le « périmètre pertinent » de la métropole du Grand Paris, est, du fait de la nature des liens entre Grande Couronne et métropole notamment, la Région elle même …

 

 

 

Etranges étrangers et réfugiés …

 

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Photo : R. Maalouf


« Tout homme a droit à une vie qui lui permette de se construire. »

Albert Jacquard

Avec Nicole Bricq, Sénatrice de Seine et Marne et Rita Maalouf (Secrétaire Nationale du PS à l’humanitaire et aux droits de l’homme) nous sommes allés à la rencontre des réfugiés syriens et irakiens hébergés au Centre d’Accueil pour demandeurs d’asile de Champagne sur Seine. La logistique mise en place par la Croix Rouge, la proximité nouée avec les familles de réfugiés, dont une dizaine d’enfants, malgré l’obstacle de la langue, permettent à ces familles, dans un endroit préservé, de se réparer peu à peu.
Ils nous ont raconté, sans en rajouter, une partie de leur périple : les milliers de kilomètres effectués, les pays franchis, la traversée pour le moins rude de la Méditerranée, les exactions et exécutions commises par  DAECH à Alep, comme leur désespoir de voir la Syrie abimé durablement, sans perspectives d’avenir immédiates.

Elu d’une ville volontaire pour accueillir une famille de réfugiés, cette rencontre me semblait utile, en qualité de Président de l’UDESR de Seine et Marne il était  également important de dialoguer avec le Maire de Champagne sur Seine, l’humanisme de sa médiation ayant contribué à tisser un réseau de solidarités dans toute sa ville.
Cette visite m’a marqué, la question de l’asile politique est ancrée au plus profond de moi, je n’oublie pas d’où je viens; comme tant de français, descendants de « ritals », « polaks », « hongrois » ou « viets », mes origines sont d’ailleurs, nous mesurons tout ce que nous devons à la France, accueillir aujourd’hui des réfugiés est un devoir d’humanité et de solidarité, mais en ce qui nous concerne, également de mémoire.
Deux visions de la société s’affrontent sur une telle question. Celle qui assume et revendique cet accueil, au nom des valeurs républicaines, d’humanisme et de solidarités qui font la France, l’autre toute différente, basée sur le repli, l’égoïsme, l’individualisme et le rejet de l’étranger qui le condamne, ses défenseurs comparant la vague migratoire à un « tsunami », ce faisant ils travestissent, une fois de plus, la vérité, tant la réalité des chiffres s’impose : la France, 5 ou 6eme puissance mondiale va accueillir 24 000 réfugiés en deux ans, soir 1000 personnes par mois, ou 10 par département.
Souvenons nous des 500 000 Espagnols accueillis à la fin de la guerre d’Espagne, des 120 000 boat people de 1979 nous venant du Vietnam, du Cambodge ou du Laos, des 15 000 chiliens de 1973 ! Point commun, toutes ces familles fuyaient la mort pour délit d’opinion !

Cette crise n’est pas européenne, mais régionale, et concerne en premier lieu les pays du sud. Sur les 5 millions de syriens fuyant leurs pays, 98 % vivent dans les pays limitrophes : prés de 2 millions en Turquie (pays de 75 millions d’habitants) et plus d’un million au Liban (pays de 4 millions), le reste se répartissant entre Jordanie et Irak.

Nous devons reconnaitre qu’en ce qui concerne l’accueil d’urgence,  la France n’était jusque là guère à la hauteur. Pas de scoop ici, chacun sait que  le pays galère chaque hiver pour proposer un simple toit à nos «réfugiés de l’intérieur», alors comment accueillir ces nouveaux arrivants ?
Un préalable, crucial, souligné avec raison et gravité par Louis Gallois, Président de la Fedération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS) lors de la réunion du 12 septembre organisé par Bernard Cazeneuve : il ne peut y avoir de « concurrence entre pauvres », pour être clair, ce qui est «donné» aux réfugiés ne peut être pris à ceux qui galèrent. Je suis persuadé, paradoxalement, que tout ce qui est entrepris aujourd’hui, de manière tout à fait exceptionnelle, permettra demain d’apporter des réponses dignes, humaines et surtout plus efficace, à tous ceux qui en France, trop nombreux, ont recours aux services du 115. N’oublions pas que la période d’hiver approche. J’y reviendrais, tant cette crise, laisse entrevoir de nouvelles pistes.

Le pays a mis la démultipliée ces dernières semaines : mobilisation de l’ensemble des acteurs (associations, bailleurs sociaux, collectivités) permettant de libérer des milliers de places de logements décents (anciens foyers logement désaffectés, anciennes maisons de retraite, bâtiments en attente de démolition, casernes inoccupées … ), délais d’obtention du statut de réfugié raccourcis, afin de permettre à ceux qui l’obtiendront de prétendre à un logement social au plus vite, en laissant la place à d’autres arrivants, le gouvernement assumant enfin une « logique de flux », plutôt que la « logique de stock » qui prévalait jusque là.

Bien sur, après reste le plus délicat : l’insertion… Impossible de ne raisonner qu’en terme capacitaire, quantitatif, techno, tant cette problématique doit s’appréhender de manière transversale, qualitative et surtout humaine …
Réussir une intégration est la résultante d’une longue chaine de solidarités, dans laquelle chaque maillon, aussi infime et fragile soit il, a un rôle essentiel : collectivités, Etat, associations, particuliers …  C’est à ce stade que d’autres acteurs, dont les collectivités interviennent, d’ou l’intérêt de visiter le Centre d’Accueil de Champagne en amont …

La compassion née d’un cliché, d’un interview, ne dure trop souvent qu’un temps éphémère, c’est ce que rappelait le Maire de Champagne sur Seine, celui de l’émotion …
Il faut en ce domaine, être efficace, humain, collectif mais plus que tout, tenace, d’autant que cette question des réfugiés risque de devenir une constante des prochaines décennies, et ce pour plusieurs raisons …

 

 

 

 

 

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Le parcours d’un demandeur d’asile

Bernard Cazeneuve le 12 septembre a présenté les procédures mises en place par le gouvernement pour faciliter   le parcours d’un demandeur d’asile, déjà dument balisées par les accords internationaux et la Convention de Genève.
Il a souligné les évolutions initiées par la réforme de la loi asile de l’été, qui donne les moyens légaux et règlementaires d’instruire plus vite, au plus prés, afin de favoriser un parcours d’insertion plus serein et apaisé. Indiquant dans son propos qu’aucune démagogie ne pouvait exister en ce domaine, condition sine qua none pour que les français acceptent l’effort engagé, dans un contexte économique et social contraint; précisant que serait reconduit à la frontière avec fermeté mais humanisme ceux, ne pouvant être  considérés comme des réfugiés politiques, et de ce fait acquérir ce statut.

 

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Quand la géo politique rejoint l’humanitaire

La très grande majorité des réfugiés syriens et irakiens fuient l’Etat islamique dont leurs pays sont les premières victimes. Si nous ne les accueillons pas, comment les, mais surtout comment nous protéger ?
Il en va effectivement de la sécurité de nos états, les rejeter comme le demandent certains, c’est aussi assumer de contribuer au développement du terrorisme.

Cette nouvelle poussée de l’émigration a plusieurs raisons objectives :

Un des syriens rencontré à Champagne, la cinquantaine affirmée, patron de société, nous a indiqué qu’avec sa famille, il s’était installé en Turquie pour attendre  la fin du conflit. Après 5 ans de guerre, devant l’absence de perspectives, comprenant qu’il ne reviendrait pas de sitôt chez lui, il a décidé alors d’émigrer en Europe afin d’offrir un cadre de paix et un nouvel avenir à sa famille.
Attitude compréhensible, surtout lorsque l’on assiste aux derniers développements des bras de fer diplomatiques engagés, non plus entre  seulement Assad et l’Etat Islamique, mais également entre la Russie, l’Iran et le camp occidental !

Ces dernières semaines l’annonce par la Turquie de la fermeture prochaine de ses frontières a entrainé une vague de nouveaux réfugiés, qui fuyaient également les enrôlements de force des islamistes ou de l’armée d’Assad (conscription).
De tous les pays riverains, la Turquie est celui qui s’est montré le plus généreux, le plus accueillant, mais l’augmentation du nombre de réfugiés, le prolongement de leur séjour, l’évolution du conflit kurde, comme la progression de l’islamisme, explique une lente détérioration du climat, tant une certaine saturation des pays d’accueil limitrophes apparait peu à peu …

Pour l’Europe, ne pas agir, c’est prendre le risque prendre de contribuer à terme, à la déstabilisation, non seulement la Turquie, mais également de pays comme le Liban, la Jordanie, ou la Tunisie (pour les Lybiens), et de voir une radicalisation larvée à laquelle travaille les extrémistes se développer.
Cette région est non seulement une vraie poudrière, rien de bien nouveau, mais aujourd’hui ertaines mèches allumées menacent de tout faire sauter. Les conséquences en seraient terribles et déclencheraient une réaction en chaine allant jusqu’à Israël, pays voisin du Liban; la rencontre de son premier ministre il y a quelques jours avec Poutine prouve leur inquiétude face à une évolution de la situation pour le moins préoccupante.

Selon le Monde « La longueur du conflit influe également sur les organisations humanitaires, le montant des coupons alimentaires distribués chaque mois par le programme alimentaire mondial (PAM) est passé de 40 dollars à 13 dollars, alors que les besoins n’ont cessé d’augmenter». Il faut soulager leur action, en les aidant mais également en prenant notre part de réfugiés.

 

Quid de la solidarité européenne ?

L’Europe est confrontée aujourd’hui à une crise migratoire sans précédent depuis la signature de la Convention de Genève (1951). Les situations de crise s’y multiplient et alimentent les médias d’images chocs : noyades de réfugiés traversant la Méditerranée, asphyxies dans des camions de trafiquants d’êtres humains, situation de Calais …
La violence de telles images ne sont que le reflet d’une réalité dramatique, trop longtemps ignorée. Certains spécialistes avancent le chiffre de 30 000 morts en Méditerranée depuis 2000 ! Pour l’agence européenne de contrôle des frontières extérieures de l’Europe, ce sont 283 000 entrées illégales qui ont eu lieu en Europe en 2014 (dont 220 000 par mer).

Deux éléments sont également à prendre en considération. Ils expliquent, outre les valeurs et principes moraux qu’il ne faut pas mettre en doute, la position allemande : les émigrés syriens sont pour la plupart, en pleine force de l’âge, déjà formés, pour beaucoup diplômés et issus des classes aisés. Pour arriver en Europe, le ticket à un prix, entre 3000 et 5000 euros par personne.
Il n’échappera à personne que la démographie allemande a quelques faiblesses.  Cela fait déjà plus de dix huit mois, que les collectivités allemandes préparent avec soin l’arrivée des « chrétiens de Syrie ».

L’Europe objet de migrations mixtes mêlant réfugiés politiques et économiques, est désormais la plus grande destination migratoire au Monde, record qu’elle doit à sa situation vis à vis du bassin méditerranéen : Irak, Syrie, Lybie mais aussi Afrique. Devant ces arrivées massives, elle se doit d’apporter plusieurs types de réponse, même s’il est bon de relativiser quelque peu les chiffres : que pèsent les 430 000 réfugiés syriens devant 500 millions d’habitants (dont 0,1 % de réfugiés) ?

Il lui faut :

  • soutenir les pays périphériques d’accueil et les ONG encadrant les camps,
  • contribuer à trouver des solutions diplomatiques ou militaires en Syrie même,
  • Définir un cadre d’accueil et de solidarité respecteux des valeurs humanistes que portent l’Europe.

Aussi la décision de la Hongrie de Monsieur Orban, non seulement de fermer ses frontières nationales, mais  «de faire la guerre aux migrants», en donnant à l’armée l’autorisation de tirer à balles réelles, et donc de tuer est une atteinte inacceptable à ce qui constitue le socle de l’engagement européen. Il ne s’agit plus ici d’économie ou de déficit, mais de valeurs ce qui est d’autant plus grave, il y a ici rupture de contrat ! L’histoire balbutie, faut il rappeler à Monsieur Orban que c’est plus de 200 000 hongrois qui ont fui ce pays en 1956 et qui ont été accueilli partout dans le monde, 200 000 !

Cette séquence, est un crash test pour les règles de Schengen. Pour l’instant celles ci tiennent, des contrôles pouvant être réinstaurés dans le cas de circonstances jugées exceptionnelles, la période maximale prévue est cependant de 2 mois, quid après ce délai ?
Si la tentation pour certains pays de l’Est est de durcir le contrôle et le blocage de leurs frontières, ils restent paradoxalement attachés aux accords de Schengen. L’incidence économique, sociale et politique sur la libre circulation des biens et des marchandises mais aussi de leurs habitants seraient considérables.

Tout n’est pas si simple, mais l’Europe ne progresse t’elle pas mieux, et c’est bien malheureux, qu’en période de crise !
Mieux vaut d’ailleurs qu’elle progresse, car les conflits régionaux, mais également les aléas climatiques risquent de multiplier les migrations de populations sur la planète. Il lui faudra savoir apporter des réponses solidaires tant au niveau local, que global, cela ne vous rappelle rien ?

Cela commence effectivement avec la Conférence Climat qui se déroule à Paris, dans quelques semaines !