Résister, se conjugue au présent

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Ces derniers jours nous auront marqué à jamais … trop de vies envolées, trop de personnes blessées, trop de familles endeuillées ou meurtries …  Une foule de sentiments de l’ordre de l’intime s’entremêlent dans nos têtes et nos coeurs : émotion, compassion, sidération, incompréhension, indignation, révolte, colère également …

Cette tragédie aura agit comme un révélateur pour le pays, vague de fond, l’impactant, l’ébranlant même et faisant remonter à la surface certaines réalités, jusque là laissées de coté, qui se rappellent brusquement à nous : la fragilité de notre sécurité individuelle et collective, l’utilité d’un service public efficient … Chacun a pu mesurer ce que nous devons à l’action déterminante et exemplaire des forces de l’ordre, pompiers, secouristes et médecins lors de ces tragiques évènements. Leur courage et l’efficacité de leurs actions ont permis de sauver beaucoup de vies et de soulager la douleur de centaines de blessés … comme à chaque fois.

Face à ce qui constitue un véritable acte de guerre, une seule réponse s’impose : faire bloc et rester unis … L’heure est à l’unité nationale pour ne pas tomber dans le piège tendu par l’Etat Islamique qui cherche à cliver, diviser, rejeter, exclure, fractionner pour mieux rebondir ensuite afin de surfer sur nos détresses, nos faiblesses et plus que tout sur nos fractures …
C’est pourquoi il est important de défendre, ensemble, face à la barbarie que Daech représente, cohésion nationale et sociale, valeurs républicaines mais aussi nos modes de vie pluriels.

La petite musique politicienne de certains (ir)responsables a fait plus que désordre, ce mélange assez minable des genres constitue une faute politique majeure, tant le contexte dramatique du moment exige sang froid, discernement, responsabilité et, plus que tout, sens de l’état.
L’heure est à l’action et aux investigations, pas aux polémiques, c’est le pays qui est attaqué et nos valeurs qui sont menacées.
L’heure est au soutien au Président qui n’a pas failli et s’est montré à la hauteur de la situation, au gouvernement qui agit vite et fort, et à tous ceux qui, anonymes, nous protègent jour et nuit de l’Etat Islamique, souvent au péril de leur vie, que ce soit sur le sol national ou au-delà des mers et des océans

C’est parce que la France lutte contre l’obscurantisme et le fanatisme, qu’elle est à la pointe du combat pour la liberté, que son action est déterminante, qu’elle est devenue la cible des terroristes ! Mais c’est aussi pour tout ce qu’elle incarne, plus encore après le 11 janvier, notre pays est devenu de nouveau pour la planète un symbole de liberté que les fanatiques veulent abattre absolument !

Plutôt que ce complaire dans un France bashing injuste et mortifère, apprécions la chance que nous avons de vivre dans un pays libre et ouvert, riche d’une qualité de vie que le monde entier nous envie, ou il fait bon se cultiver, aimer qui bon nous semble, étudier, travailler, grandir, vieillir, s’épanouirNous le devons aux morts du Bataclan, aux vivants, mais aussi à nos enfants.
C’est pourquoi il nous faut, y compris si cela semble si difficile aujourd’hui, « enraciner l’espérance dans le terreau du cœur » et y semer des graines de monde meilleur, loin de la peur, de la terreur et de la douleur …

Nous ne pourrons cependant faire l’économie d’un examen de conscience lucide, sans complaisance aucune, et d’une nécessaire remise en cause ne pouvant se limiter à la seule analyse des conséquences ou de l’analyse de la dualité entre liberté et sécurité (moins de liberté pour plus de sécurité), mais bien nous attaquer aux racines du mal …
Au delà des mots, postures ou polémiques nous devons apporter des réponses globales, ajustées, adaptées, et garder en tête une réalité brutale, douloureuse et cruelle, c’est bien notre société qui a enfanté les auteurs des actes de guerre du 13 novembre.

Recherchons au plus profond de nous mêmes les réponses  qui permettront que « les sanglots longs des violons de l’automne ne blessent de nouveau nos cœurs » au vent mauvais …

 

Mais qu’elles sont elles ?

 

 

 

 

 

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Minute de silence du lundi 16 novembre, Place Albert Camus, parvis de la Mairie, Trilport 

 

Soulignons tout d’abord certaines évidences :

Agir efficacement nécessite des moyens humains, logistiques, financiers considérables (renseignement, armée, police, justice, aussi comme beaucoup de nos concitoyens, j’ai été satisfait d’entendre François Hollande préciser que le pacte de sécurité prévaudrait sur le pacte de stabilité. Permettez moi cependant de vous faire part de ma surprise à l’écoute des discours de ceux qui plus que tout autre ont considérablement affaibli ces dernières années nos capacités d’action et contribué à l’instabilité de cette région du monde, du fait d’une politique étrangère faite de coups, connivences, complaisance avec les dictateurs (Assad, Khedafi, Ben Ali) sans cohérence ni vision … Leur surenchère sécuritaire me parait pour le moins malvenue …

Plus que jamais l’Europe doit être présente. Ses failles pour ne pas dire ses faillites sont apparues de manière évidente. Elles résultent d’une approche non communautaire pêchant par manque de vision et d’ambition, très caractéristique des années Barroso : problématique des réfugiés, polémiques sur le contrôle des frontières, limites des accords de Schengen et de règlements comme celui de Dublin, texte totalement dépassé et déconnecté de la réalité,  manque d’ambition et de volonté sur l’action du FRONTEX, absence de soutien de pays pivots comme la Grèce afin de préserver la bonne maitrise de nos frontières extérieures, manque de collaboration entre les différents services de renseignement ou de police, retard pris dans le dossier du Passenger Name Record (PNR) …
Chacun doit comprendre dans chaque pays, que les questions liées à notre sécurité vis à vis à de tels actes terroristes exigent absolument une réponse européenne, il en va de la tranquillité et de la sécurité de tous les européens ! Encore faut il qu’il y ait au rendez vous une politique commune coordonnée et plus que tout une volonté d’agir !

Les nationalistes désirent ériger des murs à nos frontières respectives. Outre qu’une telle mesure gênera en premier lieu les européens au quotidien, rappelons que jamais une digue n’a stoppé un tsunami ! Se mettre en mode « ligne Maginot du XXI âme siècle » apparait contre productif et surtout d’une efficacité très illusoire ! Mieux vaut déjà assurer réellement l’inviolabilité des frontières extérieures européennes, c’est l’urgence absolue, encore faut il une Europe en capacité d’agir !
Si les réponses sécuritaires apportées par le gouvernement sont inévitables et constituent effectivement la priorité du moment, celle du court terme, elle doivent être absolument accompagnées de mesures sur le moyen et le long terme, tant nous ne devons pas nous limiter aux seuls effets et conséquences mais bien traiter des causes.  

 

Le focus « géo politique », nous amène à intégrer certaines spécificités régionales. Est ce le fruit du hasard si depuis la crise de Suez de 1956, la plus grande partie des guerres, conflits, que le monde connaît se concentre dans cette région ?
La captation des ressources gazifières et pétrolifères par quelques familles, attisent non seulement les appétits des pays développés et des multinationales, mais développent dans le même temps des inégalités criantes et croissantes qui constituent autant de fractures profondes et potentiellement à risques.
Le contraste entre les gratte ciels, les golfs verdoyants et gazonnées poussant sur le sable du désert, les îles artificielles gagnées sur l’océan, les gigantesques malls commerciaux et quartiers d’affaires qui désormais sont l’image des émirats dans le monde et l’état d’esclavage quasi médiéval dans lequel vit la plupart des populations immigrées qui y travaillent, provenant principalement d’autres pays musulmans, constitue une véritable bombe à retardement sur laquelle prospère les idéologies les plus obscurantistes.
Thomas Pikety apporte quelques illustrations pour le moins instructives sur ces inégalités régionales : l’Egypte (90 millions d’habitants) consacre à son système éducatif moins de 10 milliards de dollars, dans le même temps les revenus pétroliers saoudiens (30 ?millions d’habitants) dépassent les 300 milliards de dollars et ceux du Qatar (300 000 qataris) 100 milliards de dollars !

Autre élément perturbateur : le particularisme d’une forme d’Islam régional dominant avec lequel nos démocraties ont une relation pour le moins schizophrénique et équivoque depuis Lawrence d’Arabie : le wahhabisme, ce radicalisme messianique ultra puritain né au 18ème siècle. Car tout n’est pas aussi simple que le dualisme entre chiites et sunnites !
Kamel Daoud dans une tribune au New York Times  nous le rappelle de manière très structurée et imagée « Daesh a une mère : l’invasion de l’Irak et un père : l’Arabie saoudite et son industrie idéologique ». L’écrivain algérien y décrit trois types de Daech, le gris (Iran), le noir (l’Etat Islamique) et le blanc (Arabie Saoudite). Pour faire simple, presque caricatural, l’Occident mène la guerre contre l’un (Daech Noir) tout en serrant la main de l’autre (Daech Blanc) et fait de l’oeil au troisième (Daech Gris) !

Soyons clair, aucun amalgame ici avec les musulmans français. Le wahhabisme n’est jusque là que très peu représenté en France, malgré les pétro dollars, l’influence des califats, de l’Arabie Saoudite, et heureusement pour la représentation de la femme dont sa conception est absolument incompatible avec nos lois et notre culture !
Il se situe aux antipodes de l’islam des lumières, ouvert, tolérant, empreint de philosophie et de culture qui a changé la face du monde de manière positive alors que le christianisme de l’époque empruntait le chemin inverse.
C’est pourquoi, au regard des évènement qui depuis janvier dernier s’abattent sur notre pays, il est grand temps que les musulmans de France effectuent leur part du chemin dans la République, que les « modérés » fassent entendre leur voix, afin de combattre tous les intégrismes qui prétendent agir au nom de Mahomet et le salissent, et que l’islam en France devienne enfin l’Islam de France dans la République.

 

Le prix d’une vie

Dans un monde globalisé, systémique et de plus en plus « asymétrique », le prix d’une vie diffère d’une latitude à l’autre. Les compagnies d’assurance intègrent cette réalité financière et réévaluent régulièrement des différentiels de plus en plus importants illustrant les inégalités croissantes dans le monde, qui sont amplifiées par le bouleversement climatique et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.
Les fanatismes se nourrissent de la détresse humaine de ceux qui sont martyrisés, exclus, se sentent rejetés et oubliés, et prospèrent sur ce terreau du malheur, atisant le sentiment d’injustice, de frustration et de révolte, c’est une constante de l’histoire … Ne pas prendre en compte et anticiper aujourd’hui les conséquences du réchauffement planétaire auprès de populations et régions sinistrées du globe, s’est accepter de contribuer à créer des inégalités de plus en plus inacceptables et de condamner à terme des millions d’humains. Une position totalement immorale et surtout irresponsable.

C’est aussi un des enjeux essentiels de la COP 21.

L’intensité émotive et médiatique d’une catastrophe ou d’un attentat tient compte de cette donnée économique et irrationnelle qu’est le prix d’une vie.
Elle constitue une source d’inspiration pour des terroristes de plus en plus communicants, devenus spécialistes des médias et de  l’image, auteurs de storytelling implacables dont l’unique but est de susciter la vague médiatique la plus importante possible.
Nos sociétés, principales victimes de leurs attentats, se retrouvent paradoxalement, relais et amplificateurs des messages de haine et de terreur que délivrent ces fanatiques. Caisse de résonance immédiate et globale qui alimente réseaux sociaux et chaines d’information en continue et témoignent ainsi de la réussite d’exactions qui en quelques secondes font la une des médias planétaires.

Le quart d’heure médiatique cher à Wharrol est dépassé !

 

Le mal n’existe malheureusement pas qu’à l’extérieur de nos frontières. La présence dans nos villes, de ghettos et de no man’s land, dans lesquels les habitants sont de plus en plus abandonnés (de l’éducation, des services publics et médicaux, de la culture …) et vivent sous l’emprise des communautaristes qui y font régner l’ordre spirituel doit nous interpeller au plus haut point, il y a urgence, le ver est dans le fruit !
Beaucoup de jeunes qui y résident,sans emploi, sont littéralement « en jachère », et constituent autant de proies de choix pour des marchands de monde meilleur les attirant vers l’obscurantisme à l’aide d’images magnifiées des martyrs du djihad entrant en résonance avec le mal être de ces jeunes déracinés et sans vrais repères. 

Le profil des djihadistes européens « kamikazes » est le plus souvent assez semblable … Agés pour la plupart de moins de vingt cinq ans, provenant de milieux pauvres, souvent peu éduqués, influençables, beaucoup ont eu maille à partir avec la justice pour des petits délits de droit commun. Ils sont le plus souvent « ignorant de la religion » et se l’approprie de l’extérieur y compris s’ils sont de culture musulmane en intégrant le message fondamentaliste très souvent suite à des rencontres décisives en prison.
D’autant que beaucoup de spécialistes de ces questions soulignent que l’Etat Islamique est bien plus attractif pour les européens qu’Al Qaïda : la Syrie n’est pas l’Afghanistan,  la pratique religieuse y est beaucoup moins contraignante et stricte, l’idéologie a le mérite d’être simple et accessible, l’argent coule à  flot, le luxe n’y est pas interdit. Ici, la foi n’est le plus souvent qu’un prétexte, ce qui attire les jeunes désoeuvrés ce sont les armes, l’aventure, le fait de devenir enfin quelqu’un !

 

Notre société aujourd’hui confrontée à un monde en mutation qui ne cesse d’avancer et bouleverse ses repères et balises, à une planète qui se délite et se fait la malle, se cherche … Elle traverse une crise existentielle profonde qui l’ébranle au plus profond de ses fondements. Il lui faut retrouver un équilibre, un nouveau centre de gravité, mais plus encore un sens, une direction, un projet commun à partager porteur de perspectives futures. 

Il lui faut, au plus vite, renouer avec le sens, tant cette question est absolument essentielle et vitale. Nous avons besoin pour nous épanouir pleinement, de transcendance, de vivre et faire ensemble, d’aller de l’avant, de nous émanciper notamment par la pratique de la culture, des loisirs, des arts, car rien ne vaut la lumière et le mouvement pour combattre l’obscurantisme et l’immobilisme …

Et plus que tout, rien ne vaut la lumière de l’esprit et du coeur … Surtout lorsque nous avons des bleus à l’âme comme aujourd’hui 

 

Ligne P : fracture consommée ?

 

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Dans un billet daté de février dernier, j’évoquais la rencontre organisé par Guillaume Pepy, Président de la SNCF avec les Maires des villes de la ligne P (dont Trilport), entretien qui m’avait laissé entrevoir quelques perspectives d’amélioration dont je m’étais fait l’écho, imprudemment cependant, tant la réalité aujourd’hui est malheureusement toute autre.

Nous assistons depuis cet été à une dégradation inacceptable des conditions de transport, pourtant loin d’être idéales jusque là : retards, suppressions de trains, propreté, travaux …  Mais plus que tout, c’est la multiplication du recours aux trains courts lors des heures de pointe, avec tout son cortège de conséquences sur les conditions de voyage (dont beaucoup inadmissibles), qui exaspèrent au plus haut point les usagers dont certains passent prés de 2 heures par jour dans ces trains; et cela sans comptabiliser le métro ou le RER !
Il faut concrètement partager de tels moments pour comprendre tout le ressenti et la colère légitime de voyageurs qui se sentent considérés comme du véritable « bétail » (sic). Aucun sas de décompression, les transports ferrés sont déjà en mode « Metro heure de pointe » dés leur gare de départ !

J’ai adressé à Guillaume Pepy il y a quelques semaines un courrier pour protester comme élu et usager, de cette situation inacceptable qui n’a que trop duré. Petite note positive cependant depuis septembre, le Pass Navigo à prix unique qui atténue une inégalité territoriale devenue de plus en plus pesante et discriminante au fil du temps.

Il est dommageable que tous les efforts consentis depuis 2008 par la Région et le STIF soient ainsi remis en cause par ces dysfonctionnements. Les mesures mises en place, telles le cadencement, l’arrivée de nouvelles rames, la rénovation des voies et des quais mais aussi la tarification, induisent de nouveaux usages de mobilités chez nos concitoyens notamment le week end ou en soirée mais elles font apparaître paradoxalement aujourd’hui en creux, toutes les faiblesses et lacunes d’un réseau sous dimensionné et obsolète qui n’arrive pas à suivre cette montée en puissance. L’obsolescence étant, ne l’oublions pas, la cause principale de la multiplication des incidents rencontrés ligne P.
Cette ligne ferroviaire est représentative des contrastes de l’Île-de-France à l’heure du Grand Paris, elle devrait à ce titre inspirer les candidats aux régionales en les incitant à élargir leur focale jusqu’aux franges les plus lointaines de la région, afin de positionner la problématique des transports de la grande couronne comme une priorité absolue.
Je n’ose suggérer à Monsieur Pepy de prendre quelques minutes pour gouter aux délices d’un aller simple Trilport / Paris aux heures de pointe dans de telles conditions. Si l’on veut prendre les choses du bon coté, il est vrai que lorsque les usagers après un tel périple arrivent enfin à leur travail  ils se sentent libérés ! Mais est il normal de promouvoir l’émancipation par le travail avec un tel procédé ?

Rappelons que longue de 252 km, fréquentée chaque jour par 85 000 usagers, nombre en constante progression, la ligne P dessert 36 gares sur 3 départements et s’étire à plus de 90 km de Paris, allant jusqu’à Château-Thierry ou La Ferte-Milon. Imaginons les analyses que pourraient en tirer Emmanuel Vigneron, sociologue rendu célèbre par ses travaux sur les variations de l’espérance de vie au fil du RER B, ou encore Christophe Giulluy, le spécialiste des fractures entre France des métropoles et France périphérique tant elle illustre la discrimination territoriale du pays et bien des problèmes que rencontrent le péri urbain.
Rajoutons encore une couche, la ligne P est la dernière en Ile de France à avoir des voies encore non électrifiées (Provins / Trilport à La Ferté Milon) ! Anachronisme qui impose des contraintes de gestion de parc, complexes et couteuses, des rames ayant une faible capacité et le recours à des navettes bus de substitution lorsque ces dernières tombent en panne ou en raison du rythme des saisons : été (chaleur, canicule), automne (les feuilles qui tombent à la pelle), hiver (froid, gel et neige), ce doit être également une des raisons pour laquelle les usagers apprécient tellement  le printemps,

Question simple mais importante pour le quotidien de milliers d’usagers de la Grande Couronne :  comment améliorer leur quotidien durablement dans une situation qui aujourd’hui est pour le moins compromise ?

Voici quelques pistes de réflexion dans le cas ou nos décideurs seraient en manque d’inspiration …

 

 

 

 

 

Sanctionner plus durement le recours au trains courts, d’autant qu’il constitue désormais un paramètre de gestion face aux problèmes d’obsolescence du parc machines

  • Dans la palette des indicateurs qualitatifs, susceptibles d’entrainer pour les opérateurs des pénalités financières tels : régularité, ponctualité, humanisation et présence en gare, le recours aux trains courts doit être pénalisé beaucoup plus significativement. Non seulement il contribue à la dégradation du service de transport, constitue une véritable atteinte à la dignité des usagers mais entraine potentiellement des problèmes de sécurité tant les quais et les rames sont bondés
  • Concernant les statistiques qualitatives, il faut relativiser l’importance donné aux indicateurs de niveau de qualité de service positifs, dés que ceux ci résultent d’une globalisation des données par ligne, réductrice de fait. Cette lecture nuit effectivement à une analyse circonstanciée concernant la qualité effective du service accompli sur l’ensemble de la ligne; les dysfonctionnement apparaissant souvent sur les mêmes segments, localisés  généralement en fin de ligne; en ce domaine ce sont les points faibles du dispositif qui importe surtout lorsqu’ils sont lourds de conséquences pour les usagers impliqués malgré eux ! Lorsque les usagers de Lizy s/ Ourcq, Trilport ou de la Ferté sous Jouarre s’entendent dire que les indicateurs de la ligne P sont « plutôt » bons, ils peuvent légitimement penser que l’on se moque d’eux
  • Créer un observatoire des lignes, ouvert aux usagers, accessible par internet qui intègre le reporting des incidents, les montées et descentes par gare, les pénalités infligées, les actions correctives mises en place, la progression ou non des opérateurs en terme de qualité de service sur l’ensemble des lignes. Il faudrait créer un véritable open datas sur cette thématique des mobilités afin de mieux cerner les points faibles du système global.

 

Demeurer extrêmement vigilant sur les limites du « Très Grand Paris Express »

  • L’effort de rénovation à mener en Grande Couronne est colossal, tant au niveau des voies, rames, quais, gares ! De plus en plus d’habitants y vivent, qui représentent autant d’usagers supplémentaires en puissance pour un réseau saturé qui menace de thrombose tout le système de transport régional.
    Usagers et élus ont peur de voir l’essentiel des moyens financiers, surtout en période de diète budgétaire, se concentrer sur le seul réseau du Grand Paris; personne n’ayant oublié comment le réseau de Grande Couronne a été sacrifié lors des décennies précédentes à l’autel du tout TGV, ou du tout Météor.
    D’autant que le « super réseau statosphérique » prévu pour la nouvelle métropole possède son lot de zones d’ombre : sous estimation des infrastructures souterraines, impact financier de la mise en place des reports multimodaux non pris en compte …L’addition risque fort d’être non seulement salée, mais sans commune mesure avec celle initialement envisagée.

 

Prendre en compte les spécificités périurbaines

  • Electrifier les lignes SNCF qui ne le sont pas encore est un minimum. C’est bien évidemment une question d’équité territoriale mais aussi la condition sine quantum qui permettra sur la ligne P de simplifier et fluidifier la gestion d’un parc aujourd’hui hétéroclite, mais également d’ assurer une montée en puissance et en charge lors des heures de pointe pour des centres urbains et gares de plus en plus fréquentées (bassin de vie supérieur à 100 000 habitants) qui aujourd’hui n’ont pas d’autres solutions potentielles en offres avec une population qui ne cesse de progresser !
  • Faire de la multimodalité un enjeu stratégique. Chaque nœud de réseau constitué par une gare, est au centre d’un éco système local de mobilités, qui pour s’épanouir ne doit pas rester au seul stade du concept. Il y a urgence pour ce qui concerne la grande couronne, dont un des maillons faibles est bien la clé d’entrée du réseau de mobilités comme de la chaine des acteurs qui compose ce dernier.
    Le système actuel, celui des « pôles gares» n’est pas satisfaisant : trop administratif, complexe, long à mettre en place puis à mettre en oeuvre, une véritable usine à gaz … Dés qu’un partenaire ne veut pas jouer le jeu (notamment l’opérateur de mobilités qu’était RFF,  champion toutes catégories à ce jeu), c’est tout le processus qui est bloqué. Il faut non seulement un pilote, mais également un facilitateur et un arbitre, permettant d’assurer le respect d’échéanciers raccourcis et d’assurer une gouvernance resserré permettant des décisions rapides suivies d’actions concrètes.
    A mon sens beaucoup de choses sont à revoir sur les dispositifs et procédures en place afin de les rendre plus fluides, agiles, « cognitifs » (notion d’éco systèmes locaux) et surtout réactifs …
  • Assumer le « fait routier » en privilégiant une approche par logique de ligne : le stationnement (vélo, voiture) comme le recours aux bus sont des éléments indissociables de la chaine des mobilités. Si l’usage de la voiture individuelle n’est pas pour l’heure le plus écologique, en grande couronne il reflète une réalité concrète. Elle occasionne pour les « communes à gare SNCF » tout un lot de contraintes et une gestion qu’elles ne sont pas en capacité, surtout lorsqu’elles sont petites, de supporter seules.
    Il est nécessaire de créer pour l’usager un « pack mobilités », intégrant le prix du stationnement au titre de transport (création d’un Navigo Plus), de services complémentaires « add on » et de privilégier pour la gestion des parkings eune logique de ligne (services ajoutées, synergie, investissement permettant de développer la capacité d’offre de stationnement : aménagements, travaux …), afin que les opérateurs spécialisés soient véritablement en appui des collectivités, dont la gestion de ces espaces n’est ni la mission ni la vocation.
    Dans le même esprit, il faudrait développer les pratiques de co-voiturage grâce à une politique d’incitation agressive : emplacements réservés sur les parkings, tarification préférentielle (parking offert si 3 places occupées dans la voiture …).
  • Elaborer un nouveau modèle de Transport à la Demande (TAD), pouvant apporter des réponses originales tant dans les secteurs ruraux, que dans certains quartiers urbains (en complément de l’offre en place) basé sur des concepts innovants reposant en grande partie sur le dividende numérique. Il est possible d’apporter une réponse institutionnelle alternative et socialement régulée à l’Uberrisation tout en utilisant le numérique. Ce secteur représente une piste de croissance potentielle vertueuse, pouvant offrir un complément d’offres particulièrement compétitive et souple afin de renouveler la vision traditionnelle et monolithique du TAD, non seulement sur les périmètres de desserte, mais également sur les amplitudes. L’asymétrie entre offre et demande pouvant être comblées par la souplesse et la complémentarité.

 

Limiter la montée en charge lors des heures de pointe

Diminuer la fréquentation des réseaux de transport lors des heures de pointe, du matin ou du soir, est synonyme d’amélioration directe, concrète et durable des conditions de transport. Baisser la fréquentation ne serait ce que de 3% représenterait pour la collectivité des sources d’économies substancielles, que ce soit en fonctionnement comme en investissement et une amélioration sensible de la qualité de vie et des transports pour des millions d’usagers. Plusieurs axes d’action et leviers peuvent accompagner une telle évolution (révolution) des comportements :

  • Développer le télétravail : il est essentiel et important de soutenir les tiers lieux ou télécentres qui se développent afin que les utilisateurs potentiels (entreprises, administrations, institutions, salariés) pérennisent leur existence via des conventions ou des partenariats, des labellisations, des systèmes d’abonnement préférentiels, la mise en place de contrôle des présences effectives, la création de centrales de réservation.
  • Contribuer au lissage des amplitudes d’ouverture des services, opérateurs, entreprises, universités …

 

Chacun peut le constater, il n’existe pas de fatalité en ce domaine ou de réponse unique, mais bien un faisceau d’actions complémentaires à court, moyen et long terme, à mener par les différents acteurs qui composent et animent la chaine des mobilités.
C’est un enjeu social, économique mais également culturel, car la mobilité est non seulement le droit d’accéder au travail, aux études, mais aussi aux loisirs.
Une des richesses de l’Ile de France, partagées d’ailleurs par beaucoup d’intercommunalités seine-et-marnaises est la diversité de nos paysages, la mobilité doit impérativement tenir compte de la géographie des territoires. Chez nous, ils vont  de la métropole, à l’urbain, puis au rural en passant par le péri urbain …
Plusieurs défis sont à relever de ce fait, dans un contexte budgétaire plus que contraint, ce qui est d’autant plus pénalisant devant la dynamique territoriale en cours depuis plus de 20 ans, notamment dans le 77…  Dans un tel contexte, ne pas progresser est synonyme de régression.
Paradoxe de taille, plus la chaine  des mobilités est complexe à mettre en œuvre, car il s’agit bien d’éco systèmes locaux en interaction cognitive (le copier / coller s’apparente en ce domaine à la faute professionnelle), plus d’acteurs interviennent et de mode de mobilités se combinent (rupture de charges), plus tout doit apparaitre le plus simple aux yeux des usagers, c’est entre autre la mission du STIF.

Je considère pour ma part que l’échelle pertinente pour l’Ile de France dans le domaine des mobilités, mais pas exclusivement, ne peut être que métropolitaine. Jean Paul Huchon avait raison, l’avenir proche lui rendra justice, le « périmètre pertinent » de la métropole du Grand Paris, est, du fait de la nature des liens entre Grande Couronne et métropole notamment, la Région elle même …

 

 

 

Etranges étrangers et réfugiés …

 

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Photo : R. Maalouf


« Tout homme a droit à une vie qui lui permette de se construire. »

Albert Jacquard

Avec Nicole Bricq, Sénatrice de Seine et Marne et Rita Maalouf (Secrétaire Nationale du PS à l’humanitaire et aux droits de l’homme) nous sommes allés à la rencontre des réfugiés syriens et irakiens hébergés au Centre d’Accueil pour demandeurs d’asile de Champagne sur Seine. La logistique mise en place par la Croix Rouge, la proximité nouée avec les familles de réfugiés, dont une dizaine d’enfants, malgré l’obstacle de la langue, permettent à ces familles, dans un endroit préservé, de se réparer peu à peu.
Ils nous ont raconté, sans en rajouter, une partie de leur périple : les milliers de kilomètres effectués, les pays franchis, la traversée pour le moins rude de la Méditerranée, les exactions et exécutions commises par  DAECH à Alep, comme leur désespoir de voir la Syrie abimé durablement, sans perspectives d’avenir immédiates.

Elu d’une ville volontaire pour accueillir une famille de réfugiés, cette rencontre me semblait utile, en qualité de Président de l’UDESR de Seine et Marne il était  également important de dialoguer avec le Maire de Champagne sur Seine, l’humanisme de sa médiation ayant contribué à tisser un réseau de solidarités dans toute sa ville.
Cette visite m’a marqué, la question de l’asile politique est ancrée au plus profond de moi, je n’oublie pas d’où je viens; comme tant de français, descendants de « ritals », « polaks », « hongrois » ou « viets », mes origines sont d’ailleurs, nous mesurons tout ce que nous devons à la France, accueillir aujourd’hui des réfugiés est un devoir d’humanité et de solidarité, mais en ce qui nous concerne, également de mémoire.
Deux visions de la société s’affrontent sur une telle question. Celle qui assume et revendique cet accueil, au nom des valeurs républicaines, d’humanisme et de solidarités qui font la France, l’autre toute différente, basée sur le repli, l’égoïsme, l’individualisme et le rejet de l’étranger qui le condamne, ses défenseurs comparant la vague migratoire à un « tsunami », ce faisant ils travestissent, une fois de plus, la vérité, tant la réalité des chiffres s’impose : la France, 5 ou 6eme puissance mondiale va accueillir 24 000 réfugiés en deux ans, soir 1000 personnes par mois, ou 10 par département.
Souvenons nous des 500 000 Espagnols accueillis à la fin de la guerre d’Espagne, des 120 000 boat people de 1979 nous venant du Vietnam, du Cambodge ou du Laos, des 15 000 chiliens de 1973 ! Point commun, toutes ces familles fuyaient la mort pour délit d’opinion !

Cette crise n’est pas européenne, mais régionale, et concerne en premier lieu les pays du sud. Sur les 5 millions de syriens fuyant leurs pays, 98 % vivent dans les pays limitrophes : prés de 2 millions en Turquie (pays de 75 millions d’habitants) et plus d’un million au Liban (pays de 4 millions), le reste se répartissant entre Jordanie et Irak.

Nous devons reconnaitre qu’en ce qui concerne l’accueil d’urgence,  la France n’était jusque là guère à la hauteur. Pas de scoop ici, chacun sait que  le pays galère chaque hiver pour proposer un simple toit à nos «réfugiés de l’intérieur», alors comment accueillir ces nouveaux arrivants ?
Un préalable, crucial, souligné avec raison et gravité par Louis Gallois, Président de la Fedération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS) lors de la réunion du 12 septembre organisé par Bernard Cazeneuve : il ne peut y avoir de « concurrence entre pauvres », pour être clair, ce qui est «donné» aux réfugiés ne peut être pris à ceux qui galèrent. Je suis persuadé, paradoxalement, que tout ce qui est entrepris aujourd’hui, de manière tout à fait exceptionnelle, permettra demain d’apporter des réponses dignes, humaines et surtout plus efficace, à tous ceux qui en France, trop nombreux, ont recours aux services du 115. N’oublions pas que la période d’hiver approche. J’y reviendrais, tant cette crise, laisse entrevoir de nouvelles pistes.

Le pays a mis la démultipliée ces dernières semaines : mobilisation de l’ensemble des acteurs (associations, bailleurs sociaux, collectivités) permettant de libérer des milliers de places de logements décents (anciens foyers logement désaffectés, anciennes maisons de retraite, bâtiments en attente de démolition, casernes inoccupées … ), délais d’obtention du statut de réfugié raccourcis, afin de permettre à ceux qui l’obtiendront de prétendre à un logement social au plus vite, en laissant la place à d’autres arrivants, le gouvernement assumant enfin une « logique de flux », plutôt que la « logique de stock » qui prévalait jusque là.

Bien sur, après reste le plus délicat : l’insertion… Impossible de ne raisonner qu’en terme capacitaire, quantitatif, techno, tant cette problématique doit s’appréhender de manière transversale, qualitative et surtout humaine …
Réussir une intégration est la résultante d’une longue chaine de solidarités, dans laquelle chaque maillon, aussi infime et fragile soit il, a un rôle essentiel : collectivités, Etat, associations, particuliers …  C’est à ce stade que d’autres acteurs, dont les collectivités interviennent, d’ou l’intérêt de visiter le Centre d’Accueil de Champagne en amont …

La compassion née d’un cliché, d’un interview, ne dure trop souvent qu’un temps éphémère, c’est ce que rappelait le Maire de Champagne sur Seine, celui de l’émotion …
Il faut en ce domaine, être efficace, humain, collectif mais plus que tout, tenace, d’autant que cette question des réfugiés risque de devenir une constante des prochaines décennies, et ce pour plusieurs raisons …

 

 

 

 

 

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Le parcours d’un demandeur d’asile

Bernard Cazeneuve le 12 septembre a présenté les procédures mises en place par le gouvernement pour faciliter   le parcours d’un demandeur d’asile, déjà dument balisées par les accords internationaux et la Convention de Genève.
Il a souligné les évolutions initiées par la réforme de la loi asile de l’été, qui donne les moyens légaux et règlementaires d’instruire plus vite, au plus prés, afin de favoriser un parcours d’insertion plus serein et apaisé. Indiquant dans son propos qu’aucune démagogie ne pouvait exister en ce domaine, condition sine qua none pour que les français acceptent l’effort engagé, dans un contexte économique et social contraint; précisant que serait reconduit à la frontière avec fermeté mais humanisme ceux, ne pouvant être  considérés comme des réfugiés politiques, et de ce fait acquérir ce statut.

 

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Quand la géo politique rejoint l’humanitaire

La très grande majorité des réfugiés syriens et irakiens fuient l’Etat islamique dont leurs pays sont les premières victimes. Si nous ne les accueillons pas, comment les, mais surtout comment nous protéger ?
Il en va effectivement de la sécurité de nos états, les rejeter comme le demandent certains, c’est aussi assumer de contribuer au développement du terrorisme.

Cette nouvelle poussée de l’émigration a plusieurs raisons objectives :

Un des syriens rencontré à Champagne, la cinquantaine affirmée, patron de société, nous a indiqué qu’avec sa famille, il s’était installé en Turquie pour attendre  la fin du conflit. Après 5 ans de guerre, devant l’absence de perspectives, comprenant qu’il ne reviendrait pas de sitôt chez lui, il a décidé alors d’émigrer en Europe afin d’offrir un cadre de paix et un nouvel avenir à sa famille.
Attitude compréhensible, surtout lorsque l’on assiste aux derniers développements des bras de fer diplomatiques engagés, non plus entre  seulement Assad et l’Etat Islamique, mais également entre la Russie, l’Iran et le camp occidental !

Ces dernières semaines l’annonce par la Turquie de la fermeture prochaine de ses frontières a entrainé une vague de nouveaux réfugiés, qui fuyaient également les enrôlements de force des islamistes ou de l’armée d’Assad (conscription).
De tous les pays riverains, la Turquie est celui qui s’est montré le plus généreux, le plus accueillant, mais l’augmentation du nombre de réfugiés, le prolongement de leur séjour, l’évolution du conflit kurde, comme la progression de l’islamisme, explique une lente détérioration du climat, tant une certaine saturation des pays d’accueil limitrophes apparait peu à peu …

Pour l’Europe, ne pas agir, c’est prendre le risque prendre de contribuer à terme, à la déstabilisation, non seulement la Turquie, mais également de pays comme le Liban, la Jordanie, ou la Tunisie (pour les Lybiens), et de voir une radicalisation larvée à laquelle travaille les extrémistes se développer.
Cette région est non seulement une vraie poudrière, rien de bien nouveau, mais aujourd’hui ertaines mèches allumées menacent de tout faire sauter. Les conséquences en seraient terribles et déclencheraient une réaction en chaine allant jusqu’à Israël, pays voisin du Liban; la rencontre de son premier ministre il y a quelques jours avec Poutine prouve leur inquiétude face à une évolution de la situation pour le moins préoccupante.

Selon le Monde « La longueur du conflit influe également sur les organisations humanitaires, le montant des coupons alimentaires distribués chaque mois par le programme alimentaire mondial (PAM) est passé de 40 dollars à 13 dollars, alors que les besoins n’ont cessé d’augmenter». Il faut soulager leur action, en les aidant mais également en prenant notre part de réfugiés.

 

Quid de la solidarité européenne ?

L’Europe est confrontée aujourd’hui à une crise migratoire sans précédent depuis la signature de la Convention de Genève (1951). Les situations de crise s’y multiplient et alimentent les médias d’images chocs : noyades de réfugiés traversant la Méditerranée, asphyxies dans des camions de trafiquants d’êtres humains, situation de Calais …
La violence de telles images ne sont que le reflet d’une réalité dramatique, trop longtemps ignorée. Certains spécialistes avancent le chiffre de 30 000 morts en Méditerranée depuis 2000 ! Pour l’agence européenne de contrôle des frontières extérieures de l’Europe, ce sont 283 000 entrées illégales qui ont eu lieu en Europe en 2014 (dont 220 000 par mer).

Deux éléments sont également à prendre en considération. Ils expliquent, outre les valeurs et principes moraux qu’il ne faut pas mettre en doute, la position allemande : les émigrés syriens sont pour la plupart, en pleine force de l’âge, déjà formés, pour beaucoup diplômés et issus des classes aisés. Pour arriver en Europe, le ticket à un prix, entre 3000 et 5000 euros par personne.
Il n’échappera à personne que la démographie allemande a quelques faiblesses.  Cela fait déjà plus de dix huit mois, que les collectivités allemandes préparent avec soin l’arrivée des « chrétiens de Syrie ».

L’Europe objet de migrations mixtes mêlant réfugiés politiques et économiques, est désormais la plus grande destination migratoire au Monde, record qu’elle doit à sa situation vis à vis du bassin méditerranéen : Irak, Syrie, Lybie mais aussi Afrique. Devant ces arrivées massives, elle se doit d’apporter plusieurs types de réponse, même s’il est bon de relativiser quelque peu les chiffres : que pèsent les 430 000 réfugiés syriens devant 500 millions d’habitants (dont 0,1 % de réfugiés) ?

Il lui faut :

  • soutenir les pays périphériques d’accueil et les ONG encadrant les camps,
  • contribuer à trouver des solutions diplomatiques ou militaires en Syrie même,
  • Définir un cadre d’accueil et de solidarité respecteux des valeurs humanistes que portent l’Europe.

Aussi la décision de la Hongrie de Monsieur Orban, non seulement de fermer ses frontières nationales, mais  «de faire la guerre aux migrants», en donnant à l’armée l’autorisation de tirer à balles réelles, et donc de tuer est une atteinte inacceptable à ce qui constitue le socle de l’engagement européen. Il ne s’agit plus ici d’économie ou de déficit, mais de valeurs ce qui est d’autant plus grave, il y a ici rupture de contrat ! L’histoire balbutie, faut il rappeler à Monsieur Orban que c’est plus de 200 000 hongrois qui ont fui ce pays en 1956 et qui ont été accueilli partout dans le monde, 200 000 !

Cette séquence, est un crash test pour les règles de Schengen. Pour l’instant celles ci tiennent, des contrôles pouvant être réinstaurés dans le cas de circonstances jugées exceptionnelles, la période maximale prévue est cependant de 2 mois, quid après ce délai ?
Si la tentation pour certains pays de l’Est est de durcir le contrôle et le blocage de leurs frontières, ils restent paradoxalement attachés aux accords de Schengen. L’incidence économique, sociale et politique sur la libre circulation des biens et des marchandises mais aussi de leurs habitants seraient considérables.

Tout n’est pas si simple, mais l’Europe ne progresse t’elle pas mieux, et c’est bien malheureux, qu’en période de crise !
Mieux vaut d’ailleurs qu’elle progresse, car les conflits régionaux, mais également les aléas climatiques risquent de multiplier les migrations de populations sur la planète. Il lui faudra savoir apporter des réponses solidaires tant au niveau local, que global, cela ne vous rappelle rien ?

Cela commence effectivement avec la Conférence Climat qui se déroule à Paris, dans quelques semaines !

 

Fleurissement, Zéro phyto et qualité de l’eau

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Nous avons accueilli à Trilport il y a quelques jours le jury régional des villes et villages fleuris, visite traditionnelle depuis 1997, année d’obtention de notre Première fleur (suivie d’une seconde en 2000), dans ce concours qui concerne désormais une commune française sur trois, dont 305 pour la seule Ile de France.

Autant l’avouer, j’avais de sérieuses réserves sur l’utilité d’un tel label. Privilégier un fleurissement ostentatoire, grand consommateur en logistique, eau et produits phytosanitaires, réservé à certains «spots» stratégiques de la ville, ne me semblait pas revêtir de caractère prioritaire.
L’évolution sensible des critères de ce prix m’a depuis fait changer d’avis. Le respect de l’environnement et la défense de la bio diversité y sont devenus prépondérants, le jury évaluant fleurissement (répartition dans la ville, adaptation aux contraintes des sites, diversité et qualité des compositions, entretien tout au long de l’année), pratiques environnementales déployées, dimension sociale et citoyenne accompagnant la démarche de la collectivité. En fait, c’est bien de la place du végétal dans la ville dont il est question, et des actions en faveur de l’environnement engagées, jusqu’au projet de développement initié.

Dans ce cadre, soulignons que Trilport bénéficie d’un patrimoine naturel exceptionnel : bords de Marne, forêt domaniale, écrin de cultures entourant le centre urbain et points de vue sur les coteaux environnants uniques dans la région. Dans le même temps la ville a une configuration urbaine affirmée (présence de zones industrielles, d’une gare et de plusieurs infrastructures routières) et se développe, du fait de la loi SRU. Dualité qui nous a mené à initier un projet de territoire dont l’objectif est de construire une ville durable, qui n’oublie pas cependant d’être aimable à ses habitants.

Notre volonté est de préserver l’intégrité des espaces naturels et agricoles, en limitant l’étalement urbain, piste privilégiée : « construire la ville sur la ville » (plus facile à dire qu’à faire !) mais nous travaillons dans dans le même temps à y renforcer la présence végétale. Ce dernier objectif est à la base de notre engagement dans le label des villes fleuries.
Le but n’est pas de décrocher une 3eme fleur à tout prix, mais bien de défendre une conception de l’aménagement urbain représentative des spécificités de ce territoire, en nous appuyant sur la place qu’y occupe déjà le végétal.
Un nouveau modèle de développement urbain est possible, trouvant ses racines dans les spécificités du terroir local et intégrant très en amont les exigences de l’urgence environnementale en apportant des réponses concrètes et utiles pour faciliter l’adaptation de nos villes aux conséquences de la dérégulation climatique.

L’importance écologique des arbres et espaces verts n’est plus à démontrer (développement de la bio diversité, captation du CO2, régulation thermique lors des périodes de canicule notamment), mais « le végétal » constitue encore trop souvent la variable d’ajustement des opérations d’aménagement, alors qu’il demeure un élément architectural et urbain essentiel. Il apporte à une ville, un quartier, caractère, identité et supplément d’âme, cadence le rythme des saisons et du temps qui passe, sa présence est indispensable à l’épanouissement des habitants de toutes générations, y compris des plus jeunes … Une école sans végétal ou horizon naturel est une école sans ligne de fuite, sans perspectives pour les yeux d’enfants …

Une question fait débat aujourd’hui : le « zéro phyto ». Certains de nos concitoyens s’agacent de voir « proliférer » au long des trottoirs ou des routes, les herbes folles, mousses, pousses de pissenlit et autres, qui sont pour eux autant d’illustrations d’une ville mal entretenue. Aussi, ils ne manquent pas d’exprimer leur mécontentement aux élus et agents des espaces verts par des remarques acidulées, sinon acides. Rappelons simplement qu’au 1er janvier 2017 l’utilisation des produits phytosanitaires sera interdit sur les voiries, espaces verts, forêts et promenades ouverts au public.
Durant des décennies, tout paraissait pourtant si simple ! Un geste, l’application d’un produit miracle et plus de mauvaises herbes ! Rappelons simplement que l’efficacité de tels produits dépend surtout de leur toxicité. Si nos jardiniers ont toujours la main verte, ils ont troqué leurs anciens pulvérisateurs pour des binettes, beaucoup moins efficaces en apparence, et se retrouvent  dans l’obligation de s’adapter à une nouvelle donne qui représente une charge considérable de travail supplémentaire. Autant le dire les différentes techniques alternatives qu’elles soient mécaniques, thermiques ou chimiques nécessitent une appropriation difficile et des niveaux de rendus qui seront moins bons que les précédents.

Nous vivons un changement d’époque, ce qui vaut également pour le fleurissement. Il est heureux que notre génération ait enfin pris conscience du danger de certaines de ses pratiques quotidiennes, en apparence inoffensives, pour la planète, que l’on ne soupçonnait pas aussi fragile et périssable.

Comment définir dans un tel cadre, sinon une doctrine en matière de fleurissement, du moins des priorités claires intégrant les contraintes environnementales ?

Avant d’aborder plus concrètement dans une prochaine note l’action engagée sur Trilport dans ce domaine et les pistes explorées pour adapter au mieux nos villes aux conséquences de la dérégulation climatique, il me semble urgent de revenir sur la délicate problématique du zéro phyto …

 

 

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L’arsenal chimique utilisé jusque là, sous diverses appellations (intrants, produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques, pesticides, engrais parfois), pour l’entretien  des espaces agricoles, naturels, de l’espace urbain est au centre d’une controverse révélatrice des contradictions d’une société en quête d’un mode de développement plus respectueux de la planète.

 Destinés à protéger les cultures des organismes nuisibles ou parasites (de manière curative ou préventive), et à accompagner une agriculture de type intensive, ces produits ont permis jusque là de préserver potentiel de production et rendement,  mais à quel prix ! Leur utilisation n’a pas toujours été marquée d’une grande modération, tant dans la diversité des molécules utilisés, leur degré de toxicité croissant, que la quantité épandue, avec des conséquences graves pour l’homme et les écosystèmes, quelquefois même irréversibles. Problématique que l’on ne peut réduire à de simples effets de seuils de toxicité mais qui comprend également les effets cumulatifs.

 Transportés par les eaux de ruissellement ou l’infiltration naturelle, les produits phytos, même épandus en faible quantité, se retrouvent dans les nappes souterraines et les rivières dont ils menacent les éco systèmes. Limiter leur usage est un enjeu sanitaire et environnemental majeur, l’eau potable étant une ressource vitale mais fragile et périssable, y compris dans nos terres. Pour illustrer ce propos, évoquons la nappe phréatique de Champigny,  1ere ressource d’eau potable d’Ile-de-France d’origine souterraine. Son niveau depuis une vingtaine d’années ne cesse de baisser (variations pluviométriques, surexploitation … ), ce qui a pour conséquence d’influer sur la concentration des nitrates et pesticides, dont la hausse est continue depuis les années 50, cocktail détonnant d’anciens produits interdits désormais à la consommation et de nouvelles molécules, tout aussi nocives.
Chacun s’accorde à dire qu’il faudra plusieurs décennies avant que cette nappe retrouve son intégrité. Les mesures prises ces dernières années, grâce aux règlementations européennes, sur l’assainissement des eaux usées ont permis d’améliorer la situation, aujourd’hui cette pollution est majoritairement due aux produits phytos employés dans l’agriculture, le jardinage, ou l’entretien des infrastructures, et implique donc tous les utilisateurs de ces produits.

Il importe de ne pas faire preuve de démagogie, tant auprès des particuliers ou des différents lobbies, aucun retour en arrière n’est envisageable, l’engagement récent des collectivités ne constitue ainsi qu’une première étape et s’étend peu à peu aux stades, cimetières. Le cadre législatif est d’ailleurs sur ce point sans ambiguité aucune, Le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte interdit au 1er janvier 2017 l’utilisation des produits phytosanitaires par l’Etat, les collectivités locales et les établissements publics sur les voiries, dans les espaces verts, forêts et promenades ouverts au public.
Notre société doit adapter objectifs et pratiques à ce nouveau contexte, dont il faut faire partager les enjeux à l’ensemble des acteurs.
Ce qui implique de réviser beaucoup d’anciens standards, de représentation collectives autour de la notion de propreté urbaine, de faire évoluer les niveaux de rendu en tenant compte de leur faisabilité. Dans notre culture urbaine occidentale, la ville s’est construit en opposition au milieu naturel, et la flore spontanée (« les mauvaise herbes ») a toujours été ressentie comme indésirable, car non maitrisé et non maitrisable. Il est enfin temps de prendre en compte de nouvelles priorités peut être moins esthétiques (quoique ?) mais plus vitales, notamment la protection de la ressource en eau, la diffusion de la bio diversité et la prise en compte d’exigences sanitaires minimum.
Cet examen de conscience concerne également les agriculteurs, notamment ceux pratiquant une culture de type intensif, en les incitant à faire du bio et à limiter les conséquences pour les sous sols de certaines pratiques polluantes et très consommatrices en eau (attention au réchauffement), sans oublier les particuliers et les gestionnaires d’infrastructures routières ou ferrées; il serait bon d’imposer par exemple à la SNCF lorsqu’elle entreprend des opérations majeures de rénovation de voie, de ne pas limiter ses mesures préventives aux seuls secteurs  de captage d’eau !

Le zéro-phyto n’est qu’une étape dans un processus de transition écologique plus global, qui ne concerne pas que le devenir de la ressource eau, loin s’en faut, mais également le cycle de la vie qu’elle soit animale ou végétale et la diffusion de la bio diversité.

Je vous propose de revenir sur ces problématiques, dont une, majeure pour la prochaine décennie et qui nécessite des actions immédiates et concrètes :  adapter  nos territoires au réchauffement planétaire et à la dérégulation climatique, dans lequel le végétal a également un rôle central à jouer …

 

 

14 juillet 2015

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Célébrer la fête nationale, c’est témoigner de notre attachement aux valeurs qui, au fil du temps et de l’histoire, ont forgé la République, puis se sont propagées, semant des graines de liberté par tous les vents, au delà des océans, sur tous les continents.

Des valeurs durement mises à l’épreuve lors des tragiques évènements de janvier dernier, qui ont à la fois révélé les fractures profondes de notre société, mais également démontré l’attachement des français à leur république,avec le succès de la manifestation du 11 janvier.
Ces évènements nous obligent. Ils imposent de nous poser la question essentielle de la transmission de ces valeurs fondatrices aux jeunes générations.  C’est aussi le sens de la cérémonie républicaine qu’est tout 14 juillet.

 

Le drame de janvier dernier a souligné les interrogations qui traversent le pays. La crise sociale que nous traversons, se double d’une crise identitaire douloureuse, car existentielle, qui concerne de nombreux jeunes et interpelle notre société sur sa capacité même à proposer de réelles perspectives. La question du sens à donner à une vie est absolument essentielle.
On ne peut réduire le projet de toute une existence à l’amélioration de la compétitivité, de la croissance ou encore à la réduction des déficits. Chacun a besoin d’être en capacité de se projeter dans l’avenir, de s’épanouir dans un projet commun et partagé qui élève, d’avoir un supplément d’âme qui le dépasse …

 

S’interroger sur la laïcité, bien au delà de la question religieuse, revient à se poser une question simple mais vitale, celle du sens à donner à une société qui en manque cruellement, tant elle  peine « à faire corps ».
Nous devons, bien évidemment, protéger la liberté de croire ou non, défendre la liberté d’expression, réprimer tout racisme, fixer des repères clairs autour de règles de vie partagées, respectées par tous et toutes les communautés, mais plus que tout, proposer un but, un cap, des perspectives.

Aujourd’hui beaucoup pensent que l’action collective est inutile et vaine. L’individualisme monte en puissance, il s’étend peu à peu et isole chacun dans une bulle dont il devient prisonnier.
S’engager, revient à crever l’enveloppe de cette bulle, comme l’on crève un abcès, à quitter l’état de spectateur pour devenir enfin acteur, à se mettre en mouvement, en action, pour porter une dimension supplémentaire, celle de l’intérêt général.
Il ne peut y avoir d’engagement sans partage, c’est dans une démarche collective que cette valeur prend toute sa force et son sens.

C’est cette valeur que nous avons tenu à mettre à l’honneur en ce 14 juillet … 

 

 

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 Les pompiers symbolisent cette valeur de l’engagement et le démontrent à chaque heure du jour ou de la nuit, quelquefois au péril de leur vie. Nous avons voulu mettre à l’honneur en ce 14 juillet, leur action au quotidien au service des habitants. Plus que tout autre, ils contribuent à faire vivre le lien social, si fragile et ténu, mais essentiel au «vivre ensemble» …

Trilport et les pompiers c’est une longue histoire, qui remonte à février 1875, année durant laquelle à l’initiative de Gustave Ponton d’Amécourt, le Maire de l’époque, notre ville s’est dotée par souscription  d’une pompe à incendie et d’un local pour l’abriter, encore debout, quelques années après, la première caserne de la ville.
Chacun connaît ma détermination pour que le groupement des pompiers du SDIS 77, présents sur Trilport, dispose des moyens adaptés à la nature de leur mission et à la qualité de leur engagement comme de leur action.  Aussi, c’est avec plaisir que je vois au fil des jours s’élever la nouvelle caserne qui accueillera prochainement le Centre d’Incendie et de Secours  de Trilport.

Nous devons, chacun à notre place, faire vivre les valeurs républicaines qui composent le socle de notre communauté et les transmettre à nos enfants. C’est pourquoi le tryptique : « Liberté, Egalité, Fraternité » ornera bientôt le fronton de cette mairie, tant il est un patrimoine citoyen précieux, qu’il constitue le lien indispensable qui tisse notre cohésion nationale et demeure la meilleure garantie d’un avenir commun et partagé, permettant à notre société de ne plus être morcelée, fragmentée, éclatée, divisée mais une et riche de sa diversité…

 La seule question qui vaille en ce 14 juillet, est bien celle de la citoyenneté, du respect d’autrui, des règles communes, du pays, mais aussi et surtout de nos valeurs républicaines.

 

 

Education : « Toujours en mouvement est l’avenir »

 

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« Le feu qui semble éteint souvent dort sous la cendre ;
qui l’ose réveiller peut s’en laisser surprendre ».
Pierre Corneille

 

Le monde est en mouvement, mouvement qui ne s’arrêtera pas de si tôt et devrait même s’accélérer dans les prochaines années. Paradoxalement notre système éducatif donne l’impression d’être comme à l’arrêt, pire en décalage ; si durant des années, il a répondu aux demandes d’un pays en pleine croissance : généralisation de l’accès à l’enseignement secondaire, multiplication du nombre d’étudiants dans le supérieur, diminution du «différentiel d’instruction» entre élèves selon leur origine sociale, ce modèle a vécu.
Le nombre de jeunes sans qualification et ne trouvant pas d’emploi est considérable, jamais l’école républicaine n’aura été aussi inégalitaire ; l’ascenseur social du pays  est bel et bien en panne. Dans le passé un jeune issu du système scolaire pouvait espérer trouver rapidement un métier pour la vie et progresser dans la même entreprise, autant de perspectives qui ont disparu.
Plus de 130 000 jeunes sortent sans solution chaque année, et 65% des élèves d’aujourd’hui exerceront demain un métier qui n’existe pas encore ! Encore leur faut-il trouver un emploi !

Si le système éducatif est le reflet de la société, force est de constater que le miroir est brisé, l’école nous renvoi toujours l’image du monde « monde d’avant ». Ses repères ne correspondent plus à une société ou l’horizontalité a supplanté la verticalité et dont les  fondations reposent de plus en plus sur des « nuages » ! Nous vivons une phase de transition entre deux mondes,  bouleversement qui se répercute sur l’enseignement, qui de masse devient quasi individualisé, privilégiant désormais un modèle plus qualitatif que quantitatif.
Si auparavant chaque élève devait s’adapter aux enseignements existants, c’est au système éducatif de s’adapter désormais. Pourtant ses structures sont toujours les mêmes !

L’école ne peut plus se permettre d’être « hors sol », devenu un véritable éco système, elle doit s’ouvrir au monde extérieur auquel elle est connectée, au propre comme au figuré.  La société émergente fait appel à des aptitudes particulières à maitriser que ce soit dans le monde réel ou virtuel d’Internet et des réeaux sociaux. Au cœur de cette mutation qui transforme en profondeur la planète, les qualités relationnelles prennent de plus en plus d’importance.

C’est un coup de colère froide, suite à une divergence de fond avec des acteurs institutionnels, perdus dans leurs certitudes, éloignées des contingences matérielles du terrain et de la réalité partagée des élèves et des professeurs, qui a déclenché cette réaction et m’a amené à proposer des pistes d’action.
Chef des travaux en Lycée Professionnel depuis des années, le décalage grandissant entre l’affichage politique, les exigences théoriques de l’institution, la déconnexion de responsables éducatifs et les besoins réels et concrets des élèves notamment des plus défavorisés comme le malaise grandissant de beaucoup trop d’enseignants, m’a conduit à mener une réflexion relative à l’acquisition des habiletés sociales et numériques. Travail qui s’est étoffé en cours de route, notamment autour des exigences et opportunités pédagogiques spécifiques induites par la société numérique.
Afin que chaque jeune formé (mais en ce domaine la jeunesse a t’elle des limites ?) soit en capacité de s’épanouir dans la société d’aujourd’hui comme de demain. 

Soulignons tout de même un paradoxe, et de taille. Si la raison d’être et l’utilité de l’Éducation Nationale est de former les jeunes générations, elle n’assure pas (n’assume pas ?), ou si peu, la formation continue de ses enseignants. Je ne veux pas abordons pas la question de la formation initiale, à priori inutile aux yeux des gouvernements successifs de l’ère Sarkozy.
Former les enseignants sur le fond, pas seulement sur la forme, est pourtant un passage obligé incontournable pour chaque pays afin qu’il s’adapte aux mutations de la société, de ses exigences, des besoins ressentis sur le terrain et surtout de l’attente légitime des français.
Faut il rappeler qu’une des missions majeures d’un enseignant est d’être transmetteur de repères, encore faudrait il que les siens puissent être réactualisés !

Aussi personne ne devrait s’étonner que beaucoup d’enseignants s’interrogent aujourd’hui sur le sens à donner à leur métier ?

Autant il n’est plus possible de s’affranchir de l’évolution de la société et de l’incidence évidente du numérique, d’internet et des réseaux sociaux sur les modes de pensée, autant l’enseignement ne doit pas renoncer à son ambition pédagogique première : former des citoyens éclairés disposant des capacités de discernement, de penser par eux-mêmes, dotés d’un esprit critique.
Encore devons nous tenir compte du changement de mode de pensée induit par l’émergence d’une société de plus en plus digitale.

Une grande part de la crise culturelle, intellectuelle, spirituelle et identitaire que notre société traverse, provient de la mutation en cours et des remises en cause successives qu’elle entraine, car comme le dit si bien Yoda  : « Toujours en mouvement est l’avenir »

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