Ligne P : l’acceptabilité n’est plus une option

Travaux sur le réseau : SNCF Réseau

La parenthèse des jeux olympiques aura permis aux usagers de la ligne P de retrouver, le temps d’un été, le plaisir d’une vie sociale durant laquelle se rendre à Paris en train pour passer la soirée et en revenir était de nouveau possible. Cette parenthèse est désormais bien refermée après la reprise des travaux sur le réseau et le remplacement des trains de soirée par des bus de substitution.
Soyons clairs, depuis l’accident dramatique de Brétigny-sur-Orge, personne ne conteste l’urgence de régénérer un réseau si vieillissant qu’il a fait l’objet d’un audit sévère de la Cour des comptes, soulignant que l’Ile de France qui ne représente que 10% du réseau national concentre 70% de la circulation ferroviaire du pays et 40 % de son trafic voyageurs et que 40 % des voies et 30 % des aiguillages des 3 700 km du réseau francilien avaient plus de 30 ans d’âge et 15 % des caténaires dépassaient même les 80 années (dont pour 5 % le siècle !).
Régénérer l’infra constitue une priorité absolue pour la sécurité même des usagers. Ce constat m’a mené durant des années à militer pour qu’une rénovation à grande échelle soit lancée, aussi je ne peux que me satisfaire de l’effort sans précédent engagé par SNCF Réseau et Ile de France mobilités dans ce cadre.
Chacun comprendra également qu’intervenir sur des voies ferrés ne peut se faire qu’en l’absence de tout trafic et de préférence sur les créneaux les moins perturbants pour ne pas pénaliser le plus grand nombre d’usagers ; autant dire la nuit, ce qui permet de bénéficier de plages de 5 à 6 heures de travail avant le départ du premier train du matin.
Vu l’ampleur du retard à combler (plusieurs décennies de sous investissement et d’abandon) et les contraintes logistiques afférentes à ce type de rénovation lourde, de tels chantiers se prolongent inévitablement de nombreux mois pénalisant durablement le quotidien des usagers.
Il est bon de rappeler que les usagers de la grande couronne sont les plus touchés par ces chantiers, y compris si ceux ci ne les concernaient qu’à la marge jusqu’à présent, certains étant même très éloignés de leurs priorités (cf CDG ADP Roissy) alors que dans le même temps les demandes d’amélioration les concernant, comme l’électrification de la ligne Trilport / La Ferté Milon, la mise en accessibilité des gares les plus fréquentées apparaissaient secondaires devant les milliards consacrés au réseau du Grand Paris.

Il faut souligner l’impact pour la vie quotidienne de nos concitoyens de la suppression des trains de soirée durant plusieurs années, comme c’est le cas, elle influe durement leur vie sociale, familiale ou professionnelle, d’autant qu’elle se double de weekends successifs de travaux sans trafic. Dans l’inconscient collectif, le mode dégradé devient la norme, attisant un profond sentiment de frustration, d’injustice, d’abandon et pour tout dire de relégation..
La question de l’acceptabilité sociale se doit d’être considérée comme un enjeu majeur, sinon un préalable, vu l’absence de perspective d’amélioration proche pour des usagers qui ne disposent d’aucune alternative pour se déplacer, d’autant que cette situation se prolongera plusieurs années.

Comment rendre compatible l’urgence de régénérer un réseau à bout de souffle, atout essentiel de nos territoires et vecteur de mobilités plus durables pour aujourd’hui ou demain et la vie quotidienne d’habitants qui n’ont pas d’alternative pour se déplacer ? C’est bien le dilemme à résoudre.

Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, usagers et élus de nos territoires, n’avaient jamais été associés au moindre arbitrage lié à ces travaux, alors qu’ils en subissent plus que tout autre les conséquences directes.
L’acceptabilité sociale n’apparait pas, comme dans trop de domaines, ou si peu, dans les radars des décideurs, étant tout juste considérée comme une variable d’ajustement devant les priorités logistiques des techniciens. Ce n’est pas acceptable surtout devant l’impact de pour nos vies quotidiennes. Les choix et validations, sans mesure d’accompagnement, ne peuvent se limiter aux seuls priorités techniques mais doivent tenir compte des conséquences sociales plus que déstabilisatrices.
J’avais interrogé Clément Beaune, alors Ministre des Transports, dans le cadre de mes responsabilités à l’APVF, sur une situation que nous jugions intolérable et anachronique, en évoquant les relations « difficiles » des collectivités du pays avec SNCF Réseau.
Nous lui proposions de créer des « Comités d’axes » par réseau ou bassin de mobilités afin d’initier une concertation amont constructive avec SNCF Réseau.
Le ministre nous a rappelé que l’État au regard du principe de libre administration des collectivités territoriales, n’avait pas à intervenir dans les choix des autorités organisatrices, seules compétentes pour décider du niveau d’offre des lignes qu’elles administrent ainsi, en lien avec la maîtrise d’ouvrage, que des plages travaux retenues pour la modernisation des lignes de RER et Transilien. Dont acte.

Nous étions alors localement (élus du Pays de l’Ourcq, du Pays de Meaux, département de Seine et Marne, Région ile de France) en négociation très difficile avec le gestionnaire d’infrastructures et la Préfecture de région afin d’obtenir l’inscription de la l’électrification de la ligne Trilport / La Ferté Milon au Contrat de Plan Etat Région (CPER)) et confrontés à une vraie situation de blocage. Fort heureusement nous avons obtenu l‘inscription de l’électrification de la ligne au CPER, ce qui a contribué à pacifier nos relations.,Profitant de cette nouvelle donne nous avons exploré avec Transilien différents formats destinés à proposer le cadre d’une concertation constructive.
SNCF Réseau validant le concept d’un « dialogue territorial de la ligne P » avec SNCF voyageurs, Transilien, associations d’usagers de la ligne P, intercommunalités, département de Seine-et-Marne et Ile de France mobilités. Il ne faut surtout pas sous estimer ce que représente pour le gestionnaire d’infrastructure un accord, il constitue une véritable « révolution culturelle », encore faut il que les résultats suivent …

Où en est on aujourd’hui après quelques mois de rencontres ?

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Belle année 2025

Janvier se termine et avec la fin du 1er mois de l’année le cycle des cérémonies de vœux auxquelles j’ai participé. Toutes ont dressé un constat commun quelque peu désabusé, la déconnexion entre la réalité du terrain, à laquelle nous sommes confrontés au quotidien, et les postures de « responsables » politiques, prisonniers de leur bulle parisienne, focalisés par de petits calculs d’arrière-boutique et le souci d’exister, du moins médiatiquement, loin des besoins du terrain, des urgences de nos concitoyens, de la fracture de territoires à la peine, de la situation dramatique du pays et du manque de perspective qu’ils incarnent.
Ce décalage préoccupant alimente le climat politique délétère et anxiogène que nous connaissons et aggrave une fracture citoyenne de plus en plus perceptible et qui se rappelle à tous dans les urnes à chaque scrutin.
La France n’a toujours pas de budget, aucun élu local ne connait aujourd’hui les moyens dont il disposera dans les prochaines semaines afin de faire face aux urgences du terrain et investir pour sa ville, paradoxalement cette situation ne semble pas troubler outre mesure la représentation nationale, incapable de nouer le moindre compromis qui permettrait de sortir le pays, ne serait-ce que momentanément, de cette mauvaise passe (impasse ?).
C’est pourtant ce que font chaque jour, sans se renier pour autant, les élus locaux afin simplement d’agir pour leurs concitoyens, défendre des territoires trop souvent oubliés de la république et laissés pour compte.
Ce sont nos communes qui depuis des mois, tiennent le pays lorsque d’autres le fracturent, nos collectivités qui lui permettent d’avancer, qui investissent et améliorent la résilience de nos villes ou villages, et pallient le plus souvent à l’absence de services publics de proximité pourtant essentiels.
Région, département et communes partagent ce combat commun du monde du réel au quotidien, laissant de coté lorsqu’il faut leurs différences, tous mobilisés au service de l’intérêt général et de nos concitoyens.
C’est ce qu’a rappelé Jean François Parigi, Président du département de Seine et Marne dans son intervention lors de notre cérémonie de vœux, à laquelle il m’avait fait l’amitié de participer.

En 2024, l’équipe municipale a tenu sa feuille de route, investissant près de 3 millions d’euros dans la modernisation de la ville, la réalisation de nouveaux équipements et la consolidation de l’action des services municipaux. Réussite collective à laquelle il convient d’associer les différentes énergies qui y ont contribué, agents comme élus.
Mieux, les subventions obtenues, fruits d’un important travail, consolident d’autant nos perspectives budgétaires pour les prochains mois. Nous aurons réussi ainsi à préserver nos capacités d’actions pour 2025, ce qui n’est pas rien, vu le contexte national.

Nous devrons cependant rester vigilant et rigoureux, garanties indispensables pour agir efficacement mais surtout durablement. N’oublions pas que contrairement à l’état, nos villes votent leur budget à l’équilibre et n’empruntent pas pour boucler leurs dépenses de fonctionnement. Il nous faudra faire preuve de responsabilité et garder le cap.

Être élu local, c’est accepter d’être en première ligne, à hauteur d’homme, accessible, au service de l’intérêt général … Pas si facile au quotidien, tant cela implique également d’accepter de se faire critiquer, de prendre quelques coups au passage, le plus souvent virtuels (les Yakafautquon des réseaux sociaux …). Le mandat local est une école de résilience mais surtout d’humilité, vu l’écart considérable et de plus en plus important entre nos capacités réelles à faire et agir au regard de nos contraintes (logistiques, humaines, et surtout financières), de la présence de lois et normes contraignantes, parfois contradictoires, qu’il nous faut faire respecter et des demandes croissantes de concitoyens ignorant tout des difficultés du terrain.
Nous devons « gérer » leur impatience, le sentiment d’injustice ou d’abandon qu’ils expriment, quelquefois légitime, quelquefois non, leurs révoltes, parfois même leurs colères, le tout, sans avoir toujours les moyens d’apporter des réponses immédiates.
Situation qui créé inévitablement un sentiment de frustration qui décourage beaucoup d’élus.

Alors quelles sont nos perspectives d’actions pour 2025 dans l’hypothèse d’avoir un budget pour le pays ?

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N’oublions pas le 22 aout 1914

Il y a un peu plus de 110 ans, le 28 juillet 1914, la 1ere guerre mondiale débutait. De l’année 1914 je retiens surtout une autre date symbolique et dramatique, celle du 22 août : 27 000 Français y sont tués.
La journée du 22 aout est la plus meurtrière de l’histoire de France, de loin …

Plus d’un siècle après, il est important de redire la boucherie qu’a été la grande guerre : 10 millions de morts, 19 millions de blessés dont 10 de mutilés et parmi eux beaucoup de «gueules cassés».

« On oubliera. Les voiles du deuil, comme les feuilles mortes tomberont, l’image du soldat disparu s’effacera lentement… » écrit alors Roland Dorgelès dans son roman « Les Croix de bois »

Les cérémonies qui chaque 11 novembre se déroulent devant les monument aux morts du pays soulignent combien il avait tort, c’est bien mieux ainsi.
Comment oublier cette tragédie et les générations sacrifiées « aux ordres de quelques sabreurs  » ?
La France a porté le poids de cette véritable hémorragie humaine durant des années, ne retrouvant sa population d’avant 1914 qu’au début des années 1950, c’est dire …

Je veux témoigner ma reconnaissance à celles et ceux qui participent à cette cérémonie qui perpétue ce devoir de mémoire qui nous lie aux poilus de 14 et à toutes celles et ceux qui sont tombés pour la France.
Merci aux musiciens de l’harmonie intercommunale qui apporte gravité et émotion à cette célébration et qui lorsqu’ils reprennent la Madelon renouent avec l’esprit populaire des poilus, aux pompiers, à la police, aux anciens combattants, passeurs et transmetteurs de valeurs dont le nombre s’estompent avec le temps, aux enseignants, éveilleurs de conscience et à leur élèves présents qui viennent des écoles ou du collège.
Cette présence des jeunes générations est la meilleure illustration de toute l’utilité de ce moment de partage républicain comme de sa valeur. Elle est à mes yeux essentielle, car si « un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir » (F. Foch). Nous devons être fier de notre jeunesse, elle est l’avenir du pays.

Non, nous n’avons pas oublié tous ces morts et la tragédie sans nom qu’a été véritablement la Grande Guerre.
Ce devoir de transmission est la mission que s’est donné également le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux . Un lieu d’aujourd’hui qui nous parle d’avant-hier et qui surtout respecte la dimension éminemment populaire de cette guerre des humbles.
Ce musée, à hauteur d’homme, vient de s’enrichir d’une tranchée reconstituée, une première mondiale.
Du trou d’homme aux boyaux, galeries et casemates, elle rappelle l’importance de ce lieu de vie partagé, qui symbolise à lui tout seul la dimension profondément humaine qui caractérise la grande guerre. La tranchée « lieu si expressif de la mémoire » a dit justement le Premier Ministre, Michel Barnier lors de son inauguration.
La vie dans les tranchées a été un vrai lieu d’inspiration pour les écrivains qui l’ont vécu, un voyage au bout de la nuit dont beaucoup ne sont pas revenus.

Blaise Cendrars, poète suisse mais également poilu,engagé dans la Légion étrangère y a perdu sa main droite. Cette vie dans les tranchées lui a inspiré un court texte, d’une intensité folle : «J’ai tué» publié à la fin de la guerre. Il y décrit son quotidien ponctué par l’attente lancinante, la peur persistante et la mort insistante et prégnante bien trop présente.…

Ces tranchées de 14 étrangement aujourd’hui nous connectent également au temps présent …

Si l’Histoire ne se répète pas, elle bégaye sacrément…

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Paris 2024 : « n’oublions pas cet été où la France a été heureuse »

Trilport reçoit le relais de la flamme paralympique : inauguration des terrains de basket

Clap de fin pour les jeux 2024 dont l’un des mérites a été de nous avoir permis l’espace d’un été d’oublier la situation politique quelque peu délétère du pays. Ce plein d’énergie positive nous sera bien utile dans les prochaines semaines tant le retour au réel risque d’être brutal. Dans ce contexte l’interpellation de Bruno Latour « Où atterrir ? » prend tout son sens ; l’atterrissage après une dissolution irresponsable aux conséquences multiples paraît effectivement plus qu’incertain.

Paris 2024 ne restera-t-il qu’une parenthèse enchantée sans lendemain ? L’avenir, seul, le dira. Il serait cependant réducteur de limiter l’héritage des jeux aux seules médailles obtenues ou infrastructures et équipements déployés, tant d’autres dimensions émergent, dont certaines immatérielles ; difficilement évaluables ou quantifiables elles s’adressent directement au registre émotionnel et mémoriel ou à l’inconscient collectif, constituent des promesses potentielles pour des lendemains plus souriants.

Trilport en étant une des deux villes de Seine et Marne (avec Fontainebleau) à accueillir le relais de la flamme paralympique a participé à cette belle aventure collective. Je veux souligner l’audace du Département et du Comité d’Organisation des Jeux Paralympiques (COJOP) d’avoir proposé à la plus petite des 50 villes de France à recevoir ce relais, un tel challenge.
Nous avons pour l’occasion organisé une manifestation populaire, festive et inclusive afin de mettre à l’honneur acteurs du monde du handicap ou de l’inclusion et les valeurs qu’ils portent et transmettent : solidarité, volonté, ténacité, partage et entraide … De l’avis unanime des très nombreux participants, nous avons été à la hauteur du rendez-vous et tant mieux. Cette réussite est due à l’exigence collective que nous nous étions fixés, à la cohésion et à l’engagement des agents, élus, bénévoles qui se sont mobilisés pour organiser et animer cette fête du sport et de l’inclusion. Au-delà des terrains de basket 3X3 inauguré pour l’occasion et réalisés avec le soutien de l’Agence Nationale du Sport et du département, « l’héritage » de cette magnifique journée riche en émotions et perspectives pour l’avenir, s’il n’est pas perceptible directement souligne notre capacité collective à faire et oser à partir des contraintes du terrain.

Les premiers bilans des jeux 2024 arrive; inévitablement partiels, il est trop tôt pour connaitre ceux plus « macros » et globaux relatifs aux engagements financiers, environnementaux ou sociaux de Paris 2024 qui nous parviendront dans quelques mois et nous proposerons sans doute une vision plus contrastée. Je voudrais revenir sur les ingrédients « clés » à l’origine de cette réussite exceptionnelle.
Rappeler tout d’abord le rôle essentiel de Tony Estanguet et de la dream team qu’il a su réunir et fédérer autour de lui. Ils ont imaginé et « Désign-é » la manifestation, du début à la fin, osant casser les codes habituels des figures imposés traditionnelles que constituent les JO et le rituel olympique, parfois pesant.
L’esprit de rupture novateur et frondeur qu’ils ont adopté a permis l’organisation de jeux exceptionnels, immersifs et uniques, qui feront date dans l’histoire de l’olympisme. Une « french touch » appréciée, visible et perceptible tout au long des épreuves et composant au fil du temps un récit collectif en résonance, non seulement avec notre pays, mais toute la planète, suscitant la sidération et l’admiration de l’étranger, à des années lumière du « bashing » de bon ton qui avait prévalu les mois précédents.

Les images de Paris 2024 ont fait le tour du monde et mis sur orbite ces jeux hors normes. Au delà de l’éphémère et de l’instantané ils laisseront une trace indélébile dans l’inconscient collectif tant ils marquent une vraie rupture ! Rien au niveau olympique ne sera plus désormais comme avant.

Paris 2024 a su se forger une âme et en faire un emblème, le résultat de six conditions clés réunies …

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Numérique, Trilport point d’étape

Trilport pour la 6eme année consécutive a obtenu les 5 arobases du palmarès 2024 du label national de Ville Internet, la ville est également une des 5 collectivités françaises distinguée pour son engagement dans la transition écologique appliquée au numérique. Ce qui, vu la taille d’une commune d’un peu plus de 5 000 habitants sans grands moyens financiers constitue une réelle performance.
Si cette reconnaissance officielle provoque de nombreuses questions d’élus d’autres villes sur l’action menée localement, nous n’avons surtout aucune prétention à une quelconque exemplarité tant je mesure chaque jour nos limites et manques en ce domaine.
Notre expérience peut cependant se révéler utile, c’est pourquoi il m’a paru intéressant de dresser un point d’étape sur la démarche initiée, avec ses forces et faiblesses, évoquer les perspectives de notre feuille de route.


Ce billet aborde les différents axes de la politique déployée, les solutions choisies et revient également sur certaines de nos interrogations.

Quelques mots sur la méthode suivie sur Trilport, son ADN repose sur cinq piliers principaux :
Contextualiser nos approches, s’il est essentiel de tenir compte des besoins et urgences à satisfaire, il convient cependant de bien appréhender en amont les ressources nécessaires pour y répondre. Dans une ville sans grands moyens financiers et humains il est impératif de prioriser les actions, d’anticiper leurs conditions et calendrier de déploiement, des prérequis qui imposent cohérence et constance dans l’action initiée et de lisser l’effort parfois sur plusieurs années. En matière numérique, la gadgétisation peutse révèler très onéreuse, aussi mieux vaut travailler la vague que l’écume ;
Privilégier la dimension humaine c’est ce qui explique pourquoi nous bous focalisons tant sur l’accès aux usages et à leur maitrise plutôt que sur les outils. Aussi perfectionné soit un outil, s’il n’est pas utilisé à sa juste mesure, il ne sert à rien. C’est pourquoi l’inclusion, la médiation et l’accompagnement constituent autant de priorités absolues ;
Préférer la robustesse, l’adaptabilité et l’agilité des solutions à la seule performance technologique. Dans ce cadre, il apparait essentiel de distinguer l’innovation incrémentale de celle de rupture ;
Développer une démarche à 360 degrés. Il faut souligner tout l’intérêt d’un label comme celui de villes Internet . Son référentiel permet de situer chaque action engagée dans une perspective globale, réfléchie, documentée, bâtie à partir de cas d’usages ; il devient alors possible d’auto évaluer la politique déployée et de fixer à ses équipes des axes de progression balisés et périmètrées ;
Défendre et porter les valeurs d’un numérique inclusif, émancipateur, éthique, citoyen qui n’oublie pas d’être souverain sur l’essentiel. SI les GAFAM ne sont pas le Satan que certains décrivent, ils ne sont pas non plus le paradis qu’ils prétendent être. Il est vital de permettre à des choix alternatifs d’exister, de se poser des questions de fond sur les conséquences à moyen et long terme de choix technologiques destinés à accroitre la dépendance des utilisateurs ;

Le numérique concerne désormais tous les domaines d’action des collectivités : éducation, inclusion, objets connectés, déploiement de services aux habitants qui se doivent d’être utiles, évolutifs, fiables et robustes … Les cinq arobases obtenus par Trilport, par exemple, font suite à plus de 70 actions répertoriées destinés à différents publics et plusieurs domaines, d’actions.
Cependant il est essentiel selon moi de dépasser la seule dimension « utilitaire » et de promouvoir un numérique solidaire, innovant, porteur et créateur de liens sociaux.
Cette ambition nécessite inévitablement d’accompagner la montée en compétence des usagers afin qu’ils soient en capacité de devenir un jour acteurs de leur destin et de développer leur libre arbitre plutôt que de se limiter au rôle de consommateurs passifs, voir addicts, que les GAFAM leur préparent et leur destinent.
Nous devons être conscients de toute la valeur de nos données personnelles et ne jamais oublier qu’en matière de numérique une partie de notre liberté future peut être potentiellement le prix à payer d’une gratuité apparente ou d’une facilité d’usage trés « envoutante ».

Au delà de toute considération pratico-pratique, il est essentiel d’avoir bien conscience des enjeux à court, moyen et long terme du numérique comme de son formidable potentiel.
« Il n’est pas nécessaire d’aimer le monde qui vient pour le voir venir » nous rappelle Chateaubriand, aussi autant agir afin de prévenir, anticiper ce qui peut l’être, sinon le pire est effectivement à craindre et l’aliénation menace. C’est une responsabilité politique et sociétale que le politique se doit d’assumer, d’autant que le plus paradoxal est que le numérique peut contribuer à libérer plus qu’à soumettre encore faut il faire lien et faire sens …
A bien des égards effectivement mieux vaut l’émancipation que l’aliénation, cette volonté fera l’objet d’un prochain billet car nous nous engagerons bientôt dans un tel challenge

Mais focus sur l’action déployée depuis plus d’une dizaine d’années à Trilport dans le domaine du numérique, si incontestablement l’IA fait la une de l’actualité , il convient de ne surtout pas oublier le quotidien et ses urgences qui sont autant de défis immédiats à relever.

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Projet Suez « Valorpole » : faire appel à l’intelligence collective

Le site remarquable du Grand Voyeux, réserve naturelle régionale, joyau écologique


Le Préfet de Seine et Marne vient de prendre l’arrête d’exploitation autorisant la société Suez à lancer son projet de développement d’activités sur le site d’Isle les Meldeuses (Valorpole).
Cette décision, lourde de conséquences, marque une nouvelle étape dans ce dossier (voir note précédente) et nous amène à interpeller désormais l’état, y compris s’il nous semble essentiel de privilégier un dialogue républicain constructif et responsable en faisant appel au bon sens et au dialogue, d’autant que la position que nous défendons depuis le début est équilibrée.
Si nous ne nous positionnons pas, pour ou contre ce projet industriel, il nous semble cependant de notre responsabilité d’élu local d’exiger une totale transparence sur ses conséquences éventuelles. C’est le moins que nous devons à nos habitants, actuels et à venir. Sera t’il source de nuisances potentielles pour nos concitoyens, de nouvelles contraintes sur les mobilités quotidiennes de nos habitants et de nos entreprises, menace t’il l’intégrité de sites naturels qui constituent non seulement des atouts essentiels de notre territoire, mais un patrimoine naturel précieux et fragile auquel nous tenons pour le présent et le futur ?

Je me refuse à signer un chèque en blanc pour un projet auquel nous n’avons été ni associés, ni concertés, et sur lequel subsiste trop de zones d’ombres et de non réponses aux observations argumentées émises lors de l’enquête publique, alors qu’il concerne directement nos communes et risque de menacer l’intégrité même de sites écologiques et environnementaux majeurs.
Nous dénonçons l’absence des études d’impact préalables indispensables. Aux yeux des élus locaux, il y a, à priori deux poids, deux mesures entre ce que l’état exige de nos collectivités pour tout aménagement urbain d’ampleur et ce qu’il ne demande pas aux industriels pour un projet d’une telle dimension, c’est absolument inacceptable.
A titre plus personnel, j’estime qu’il y a également deux poids, deux mesures entre le nord de la Seine et Marne et les territoires dits du Grand Paris. Je rappelle que l’essentiel des déchets « traités » à Isles les meldeuses, avant d’être « déversés » sur le site, traverseront toute l’Ile de France, bonjour les émissions de Co2. La vocation de la Seine-et-Marne n’est pas de devenir la décharge du Grand Paris, notre département a bien d’autres atouts à faire valoir et il me semble que la loi impose à chaque territoire de s’occuper de ses déchets
Plus inquiétant encore, la durée d’exploitation étant d’une trentaine d’années le projet « Valorpôle » de Suez impactera durablement notre région, sans compter toutes les années qui seront nécessaires à une éventuelle « remise en état » du site, qui au regard du dimensionnement actuel du projet m’apparait pour le moins hypothétique.

Voilà en substance ce que j’ai indiqué au Préfet de Seine et Marne lors du long entretien qu’il a eu l’amabilité de m’accorder en décembre dernier.

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