« Ils étaient vingt et trois … »

medium_lucie.3.jpg J’ai croisé la route de Lucie Aubrac lors d’une conférence qu’elle donnait devant les collégiens de Trilport. Je n’oublierais jamais cette femme simple, directe, émouvante, frêle et forte à la fois, seule dans ce grand réfectoire parmi des collégiens turbulents qui sont restés subitement scotchés à leurs chaises, suspendus à ses mots, ses silences, son énergie … On aurait subitement entendu une mouche voler, une curieuse impression de recueillement !

Je n’oublierais jamais l’instant où elle a sorti de sa poche, ce trop fameux bout d’étoffe jaune délavé, fripé du poids des années, l’étoile dessinée, symbole d’un passé révolu qu’elle amenait toujours avec elle comme un signal d’alarme …

Je n’oublierais jamais cette leçon de vie, de dignité, d’humanisme et de courage …

Je garde en mémoire également, notre discussion ensuite, et les nombreuses questions qu’elle m’a posé sur la vie politique locale … C’était juste après le choc des élections de 2002, ce traumatisme qui a tant changé de choses en nous … Je n’oublierais jamais ses encouragements … « Bas toi Jean Michel, c’est bien, il faut surtout résister … » …

Résistance … Sa vie entière a été placé sous ce mot … Elle personnifiait la France que l’on aime et qui aime, terre d’accueil, de liberté, d’égalité, de fraternité, mais aussi de révolte, de courage et d’espoir …  La France des « vingt et trois » de l’affiche rouge célébrée par Aragon, celle qui a remporté la Coupe du Monde, une France avec des valeurs aux antipodes du Ministère de l’Immigration et de l’identité nationale proposé par certains …

Pourquoi ?

medium_AUBRAC1.2.jpgQue Sarkozy s’empare du thème de  l' »identité nationale », ne constitue pas un problème en soi … Surtout aprés les élans atlantistes et communautaristes dont il nous a gratifié toutes ces dernières années, que ce soit dans ses discours, ses postures ou attitudes, déclarations et apparitions médiatiques.
S’il peut en effet, à quelques semaines du « moment  de vérité » se rapprocher de valeurs plus traditionnelles du gaullisme, n’est pas un mal. Cependant son dernier tournant stratégique est en revanche plus prés de la France de Vichy que de celle de De Gaulle ! Car sa volonté de créer un seul ministère pour prendre en charge immigration et ‘ »identité nationale » rappelle inévitablement les pires heures de notre histoire contemporaine.
Seul le régime de Vichy a développé des structures administratives destinés à protéger une conception discutable de l' »identité nationale » face aux « atteintes » représentées par une certaine catégorie d’immigration (cf l’affiche rouge, avec les membres du réseau Manoukian, les fameux « vingt et trois » , les FTP MOI …). Patrick Weil, spécialiste du sujet s’il en est,  rappelle que les dénaturalisations qui se sont déroulées sous l’Occupation, visaient plus particulièrement des « émigrés d’Europe centrale dont l’assimilation était particulièrement difficile (…) avec une notable proportion d’israélites » (cf « Qu’est-ce qu’un Français »).

L’immigration est partie intégrante de notre destinée et de notre identité nationale depuis que la France est la France … La position géographique et stratégique de notre pays situé dans une zone de confluence,  à la croisée des chemins doit en être sans doute une des causes principales …
Que nous le voulons ou non, nous sommes les descendants des générations de belges, polonais, italiens, espagnols, portugais, arméniens, africains, algériens qui s’y sont progressivement installés et qui ont succédés aux autres mouvements de population des siècles précédents …

Le français de souche est par définition, le résultat d’une alchimie multiple !

L’identité n’est pas non plus, un sanctuaire figé et immuable, mais un processus en marche qui s’enrichit sans cesse de nouveaux apports, pour certains plus universels : Europe, protection de la planète …

Autre question, comment trier entre bons et mauvais immigrés (ceux qui « menaçent nos fils et nos compagnes » et notre identité nationale) ? Veillons toutefois dans ce domaine à ne pas oublier l’histoire particulière de notre pays et ses liens privilégiés avec certaines terres lointaines.

En définitive, le fond de problème repose t’il plus sur une question de race, de religion, de langue ou bien plutôt sur les inégalités régnant dans certains quartiers ou ghettoïsation et communautarisme font bon ménage ? Est ce à ’Etat et au politique de définir ce que doit être notre identité nationale ? Le siècle dernier devrait en ce domaine nous apprendre retenue et prudence.

Les arguments de Nicolas Sarkozy sur l’urgence et la nécessité de créer un tel Ministère surprennent ; surtout provenant du Ministre en responsabilité depuis plus de cinq ans de ce dossier. Une période durant laquelle il a fait voter 2 lois sur ce thème, dont la dernière il y a tout juste 8 mois, qui rencontre les sérieux problèmes que l’on connaît (cf note sur parrainage) …

Surtout, que l’on ne se méprenne pas sur ma position. Ces thèmes ne sont ni de gauche, ni de droite, ils sont à la base du pacte républicain qui fédère notre pays depuis la chute du régime de Vichy et l’apport du Conseil National de la Resistance. Une thématique qui me touche plus qu’une autre car concernant mon histoire personnelle et celle de mes grands parents. Si je n’oublie pas ce que m’a apporté ce pays, je n’oublie pas d’où je viens  !

Un Ministère regroupant immigration et identité nationale présenterait de plus deux dangers majeurs :
– sous entendant implicitement que l’immigration est une menace potentielle pour notre identité, il renforcerait un sentiment de xénophobie anxiogène (peur de l’autre),
– dans le même temps en rejetant l’immigré, l’étranger, il renforcerait les communautarismes …

Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa a franchi avec cette proposition, un cap inacceptable dans la course qu’il a engagé avec Le Pen. Quoiqu’il dise, avec cette mesure, il ne s’adresse pas seulement à son électorat, il reprend purement et simplement les idées et les mots du Front National. Ce faisant, il risque fort de s’y noyer … Dans cette démesure pourquoi ne pas créer un Ministère amer qui mêlerait outre celui de l’immigration, l’identité nationale et la sécurité ?

Les mots ont un sens ( racaille, Karcher (marque déposée, un communiqué publicitaire paru dans la presse récemment le reprécise), les symboles également , surtout lorsqu’ils remontent aux périodes les plus noires et les plus troubles de notre histoire …
Roland Barthes indiquait qu’il fallait se méfier du « fascisme langagier », il n’avait pas tort, le langage est également un assimilateur et un outil d’appropriation de concept. Ce faisant il banalise l’utilisation outrancière des mots, les effets de manche et de tribune, devenant du coup l’antichambre d’autres dérives plus discutables …

Et méfions nous, pour beaucoup l’original est souvent  préférable à la copie …

 

Extraits de l’Affiche Rouge

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant

Plaidoyer pour la filière bois

medium_arbre.jpgA l’heure du réchauffement de la planète, du changement climatique et de la déforestation, la filière bois présente une série d’avantages qui devrait la placer au premier plan de nos préoccupations, certainement bien avant les bio carburants (voir note précédente) …
Que ce soit pour se chauffer, pour produire de l’énergie ou tout simplement pour bâtir, le bois est non seulement une solution du passé ou du présent mais aussi et surtout d’avenir, grâce notamment au développement de la bio masse (le bio carburant de deuxième génération) et de l’éco construction.

Paradoxalement en France, cette filière est loin d’être optimisée, malgré le potentiel naturel inestimable que possède notre pays. Pire le retard s’accumule jusqu’à devenir inquiétant …

Pourquoi cette timidité, quel est l’intérêt stratégique du développement de la filière bois pour notre pays, mais également à l’échelon plus local, existe t’il des risques de concurrence que ce soit au Nord, à l’Est ou à l’Ouest ?

Toute une série d’interrogations légitimes qui mérite que l’on s’arrête quelque peu sur la problématique de cette filière et son formidable potentiel …

 

 

 

 

medium_PA180135-2.jpgEn France, l’énergie produite à partie de bois représentait en 2004, la moitié de la production d’énergies renouvelables (électriques et thermiques confondues) et 4% des besoins énergétiques français. Notre pays est le premier producteur européen.
Un bilan flatteur mais trompeur, du essentiellement au chauffage domestique : plus de 5 millions de ménages sont équipés d’un chauffage au bois (45 % d’inserts et de foyers fermés, 27 % de foyers ouverts, 13 % de poêle, 9 % de cuisinières et 6 % de chaudières individuelles). Un marché en plein essor qui s’attaque désormais au collectif, depuis 2000 ce parc est en progression constante (plus de 13% par an en moyenne).

Le gisement forestier jusque là uniquement exploité par l’industrie papetière, voit de nouveaux débouchés s’ouvrir à lui , car il présente de multiples avantages :

– Sur le plan environnemental, il permet la limitation des émissions de CO2; sa combustion n’étant qu’une restitution du CO2 absorbé par l’arbre lors de sa croissance. Dans la lutte contre la prolifération des gaz à effet de serre. L’utilisation du bois comme isolant extérieur est synonyme d’économie d’énergie (plus de 40% de la production actuelle de gaz à effet de serre !) …

– Sa gestion peut devenir un élement important d’aménagement du territoire, jusque dans des localités trés reculées ! L’exploitation forrestière nécessite des ressources humaines et logistiques et la présence de scieries non loin des lieux de production. L’exemple des dommages de la tempête de 1999, toujours visibles presque 10 ans aprés, est la meilleure illustration de la vitalité discutable de la filière actuelle. Notre territoire a la chance d’avoir un nombre élevé de forêt harmonieusement réparti sur l’ensemble du pays et d’essences trés diverses qu’il faut protéger, entretenir et exploiter. L’exploitation forestière est donc créatrice d’emplois dans des secteurs actuellement désertés !

– Au niveau de la balance des paiements, l’utilisation de bois permet d’éviter l’importation de plus de 9 millions de tonnes de pétrole chaque année. La stabilité de son prix devient un avantage concurrentiel de première importance. Plus le bois sera utilisé comme source de chauffage moins notre facture pétrolière ou gazière sera importante !

– Il est porteur de création d’emplois trés divers : qualifiés (éco construction, recherche) ou non (exploitation forestière, bâtiment …) répartis sur l’ensemble du territoire national et non délocalisables pour beaucoup …

– Il est vecteur de progrés scientifique et technologique grâce au développement des recherches associées à cette filière : que ce soit dans le domaine de l’énergie (bio masse), de l’éco construction, de l’architecture … Il nécessite le développement de formation adaptées et plurielles …

 

L’industrie du bois est synonyme de durabilité et d’excellence technologique …

Les forêts doivent être exploitées et gérées de manière raisonnée et durable, en fonction de paramètres locaux et climatiques qui permettent d’adapter au mieux approvisionnement et besoins (création de filière d’approvisionnement courtes). Pour preuve le cas exemplaire d’une société canadienne citée par Thomas Friedman dans son ouvrage « La terre est plate » qui travaille pour un producteur de bois canadien désirant créer un système d’exploitation informatisé permettant de savoir à quoi servira chaque arbre d’une exploitation, avant même qu’il soit abattu, de déterminer vers quelle scierie il sera envoyé, quel détaillant le stockera et quels morceaux seront débités selon l’utilisation optimum (produit débité plus résidus !). Soicété utilisant également la géo localisation et le suivi d’exploitation par satellite, l’évaluation informatisée du temps de croissance de l’arbre et l’exploitation optimum de ses détritus (afin de produire de la bio masse) …

L’exploitation du bois, draine toute une myriade d’activités indirectes et de métiers liées à la combustion (chaudière…), au rendement énergétique, à la construction, à l’isolation, à la recherche trés prometteurs  …
Citons trois pistes d’avenir :
– Le développement de la bio masse et des carburants de 2eme génération qui permettront de valoriser encore plus les résidus d’exploitation,
– L’utilisation du bois comme source de chauffage (en copeaux ou non)  qui devrait se développer considérablement dans les prochains mois,
– enfin, dans le bâtiment, le bois devient trés «tendance », synonyme tout à la fois de modernité et de respect de l’Environnement. Ses usages sont multiples qu’il s’agisse d’ossature bois, de parquet, de lambris, d’escaliers ou d’isolation extérieure. Il devient de plus en plus abordable, jusqu’à apparaitre dans le logement social, notamment du fait de ces qualités intrinsèques (ossature bois notamment : légèreté et capacités structurelles). Le seul bémol actuellelent est qu’aujourd’hui au niveau de l’Ile de France ou de la Seine et Marne, pourtant, cette filière n’existe pas, ou si peu …
Les entreprises franciliennes sont encore loin de pouvoir traiter la production de forêts encore mal exploitées et les professionnels confirmés manquent cruellement à l’appel dans la constrcution (bureau d’études spécialisés, entreprises …). Pourtant tout le monde s’accorde à dire que les besoins en construction et en isolation dans notre région sont considérables (plus de 40 000 logements / an).

 

Une concurrence venue de l’Ouest comme de l’Est

A tel point que deux concurrences, d’origine géographiques trés différentes se profilent …  Et il ne s’agit pas ici de bois exotique …

Une en provenance d’outre atlantique : du Canada …  Un exemple symptomatique, la société Modulex (fabricant de maisons en bois) basée dans la belle province du Quebec a racheté deux usines SEB, installées dans les Vosges … L’objectif étant d’exporter ressources et savoir faire afin d’attaquer le marché trés prometteur de la maison bois individuelle bon marché. Actuellement les sociétés immobilières, les bailleurs sociaux qui se positionnent sur le secteur de la Haute Qualité Environnementale sont démarchés par de tels sociétés qui mettent en avant leur savoir faire technique et en contre point nos insuffisances en la matière …

L’autre en provenance de l’Europe de l’Est, particulièrement dans le secteur des sciages  (plus de 50% du bois de sciage en Europe y sera à l’horizon 2020 produit) mais pas seulement,  du fait des faibles coûts de la main d’œuvre et des matières premières. Les ressources y sont abondantes, ces pays étant majoritairement recouverts de forêts sur prés de 30 % de leur territoire (28% pour la France) et pour le moment encore inexploitées. L’exploitation forestière nécessitant  une bonne infrastructure de transport et industrielle … Mais ne nous y trompons pas, cette situation ne durera pas, au regard de l’intérêt manifesté par certaines multinationales du meuble. La Pologne est devenue en quelques années le 3e fournisseur mondial du géant suédois du meuble en kit IKEA.

 

Le développement de la filière bois, une question éminemment politique !

Comme chacun peut s’en rendre compte, le développement de cette filière (il fautdrait plutôt écrire de ces filières) représente un intérêt stratégique majeur pour notre pays. Il est essentiel que lors du débat présidentiel, la filière bois trouve en nos candidats des avocats convaincus et convaincants !
Elle est tout à la fois utile à la protection de l’environnement, source de richesse pour notre industrie et notre commerce, d’économies non négligeables pour une balance des paiements plus que malmenée, créatrice d’emploi multiples et diversifiés, vecteur de progrés et de découvertes scientifiques et technologiques !

Et cerise sur le gateau, elle sucitera la création d’emplois non délocalisables répartis sur l’ensemble du territoire, jusque dans des endroits aujourd’hui désertés !

La Marianne de Vera

medium_vera3.jpgC’est une cérémonie sympathique et inattendue qui s’est déroulée en Mairie à l’initiative de Vera Dorrer, sculpteur, il y a quelques jours.
Cette dernière a fait don à la commune, fait singulier, d’une Marianne de sa composition.

Un cadeau unique et apprécié tant pour sa valeur artistique, que sentimentale et symbolique. Il est singulier et instructif que les révolutionnaires de 1789 et 1792 aient choisi une femme pour personnifier les valeurs de la République et de la Laïcité; s’en étonner est mal connaitre l’importance du combat des femmes dans notre histoire.
Plus proche de nous et pour sortir de l’hexagone, chacun peut se souvenir de l’importance prise par les cortèges des « Mères de la Place de Mai » en Argentine dans la chute de la dictature ou plus récemment du combat mené par Cindy Sheehan, personnifiant à elle seule, la lutte contre la guerre en IRAK voulu par Bush, et devenue malgré elle l’icône planétaire de ce combat légitime.

 

Avant de savoir si « la femme est bien l’avenir de l’homme », selon la formule d’Aragon ou seulement « un désir d’avenir » pour les prochaines semaines,  revenons sur la symbolique du présent de Vera …

 

 

Les bustes qui président à toutes les cérémonies officielles se déroulant dans les maisions communes, représentent de manière symbolique la Mère Patrie, fille (ou mère) de la Révolution et des Lumières.
Cette tradition remonte à 1792, année ou la République choisit de s’incarner, par décret, sous l’apparence d’une femme, « Marianne », avec dans ses mains le drapeau tricolore, à ses pieds les deux livres de la loi et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et le tryptique « Liberté, Égalité, Fraternité ».

C’est en fait lors de la Troisième République, aprés 1875, que les statues et les bustes de Marianne se multiplient dans les Mairies afin de prendre la place de ceux de l’Empereur Président, Napoléon III, déchu aprés la défaite de 1870. Une période de division dans notre pays, aprés l’épuration qui suit la Commune. Etat d’esprit que la coiffe des bustes confirment : soit bonnet phrygien, accentuant le caractère révolutionnaire de la madone ou bien revétu d’un diadème et d’une couronne, version beaucoup plus soft, voire conservatrice. La profondeur du décolleté est aussi un autre élement de différenciation, pour d’autres raisons touchant notamment à la religion catholique et à son coté « collet monté ». La Marianne de Vera possède une coiffe tout aussi symbolique, les étoiles européennes …

Depuis le début du vingtième siècle, Marianne arbore systématiquement le bonnet phrygien et s’est débarrassée de ses autres attributs; elle n’est plus aussi anonyme d’ailleurs, de Brigitte Bardot à Laeticia Casta (en passant par Catherine Deneuve) c’est toute une serie d’icônes de premier plan qui ont servi pour modèle. Elles sont pourtant loin du standard de la française moyenne …  Pour Véra d’ailleurs, le modèle idéal aurait été la Mère Denis, elle aussi une « vedette » cathodique de premier plan à sa manière. Mais je dois avouer qu’à tout prendre, je préfère la Casta !

 

 

Le choix du prénom « Marianne » est aussi trés symbolique ! La communauté des historiens s’est accordé sur son origine, il y a peu. Il émanerait d’une chanson occitane de la période révolutionnaire venant de Puylaurens dénommée « la Garisou de Marianno » (la Guérison de Marianne ).
Ce prénom est alors très répandu dans les milieux populaires; c’est un peu la revanche des gueux contre les nobles, celle de la France d’en bas contre la France d’en haut … Mais ce que trop peu de français savent, c’est qu’il a franchit les frontières et s’est imposé dans d’autres pays comme symbole de liberté pour des amoureux de la République. C’est ainsi qu’un de mes deux grands pères, berger espagnol pourtant, avait pour prénom « Marianno » en l’honneur de la République que beaucoup d’espagnols appelaient de leurs voeux !

 

 

 

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La Marianne de Vera, une des trois Marianne de la commune de Trilport

 

 

 

 

Ô Solitude

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La vie c’est ça, un bout de lumière qui finit dans la nuit
Louis Ferdinand Celine
Voyage au bout de la nuit

Les Bio carburants sont ils réellement écolos ?

medium_tournesol3.3.jpgL’enquête du mensuel de l’UFC  « Que Choisir » sur les bio carburants a fait l’effet d’une bombe dans le Landerneau écologique.
Ces combustibles, issus de la transformation de sucres (cannes à sucre, betterave …) ou d’huiles (tournesol, colza …) d’origine végétale, constituent en effet un axe central de la politique environnementale de l’actuel gouvernement.
En théorie, il n’y a pas photo ! L’intérêt économique semble indiscutable tant le secteur des transports est captif du pétrole (il en dépend à plus de 98%); or comme chacun sait les prix du baril flambent (+ 26 % entre janvier 2004 et janvier 2007), notre atmosphère s’en ressent, ce secteur étant avec celui du logement une des principales sources d’emission de gaz à effet de serre. Autre avantage, les bio carburants sont produits sur notre territoire, cette filière est créatrice d’emplois et permet de réduire notre dépendance énergétique.

Un thème abordé lors du dernier congrès des Maires de Seine et Marne, avec une intervention flamboyante du Président de la Chambre d’Agriculture qui dans un discours aux accents lyriques a insisté sur la nécessité de réagir afin de sauver la planète en développant notamment les bio carburants au plus vite. Indiquons cependant que cet orateur est le représentant numéro 1 des céréaliers en France, qu’il cumule entre autres fonctions celle de Président du Comité Européen des Biocarburants … Ce qui relativise quelque peu la portée objective et « visionnaire » de ses propos …

« Que choisir » met à mal la doctrine «écologiquement correcte» des lobbies céréaliers et du gouvernement Villepin et le train de mesures pris pour faire passer la part des biocarburants dans les transports de 2% aujourd’hui à 7 % en 2010 et 10 % en 2015.
L’enquête de ce mensuel a le mérite de soulever des interrogations majeures sur l’intérêt de ce choix : efficacité énergétique et environnementale, coût réel pour la collectivité, impact sur la ressource aquatique et les terres cultivées.

Alors, les bio carburants sont ils une vraie solution écologique ou une cadeau fait aux céréaliers ?

 

 

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Un des points soulevé par l’enquête est l’absence de consensus scientifique sur l’efficacité énergétique des bio carburants. Les études de l’Ademe et de l’INRA aboutissant à des conclusions très différentes.
Notons que si l’INRA développe une approche plus globale, intégrant à son mode de calcul,: l’énergie nécessaire pour obtenir la combustion mais également celle utilisée pour la transformation des co-produits générés par la production de bio carburants et l’impact environnemental c’est paradoxalement celle de l’ADEME qui a été retenue comme étude de référence par le gouvernement.
 

L’impact environnemental sur le territoire
Les conséquences agro-environnementales de la production de biocarburants ne sont notamment pas pris en compte, elles sont pourtant nombreuses  : gestion de la ressource aquatique, développement d’une agriculture intensive (*) (pollution par les engrais, les pesticides …), production d’oxyde d’azote du fait de l’utilisation d’engrais (300 fois plus nocif que le gaz carbonique), impact sur la biodiversité (mono culture) et la qualité des sols … Les volumes de productions projetés rendant nécessaire l’utilisation et l’exploitation des 10% de terre actuellement en jachère du fait des directives européennes

(*) quand nous buvons l’eau du robinet à Trilport, nous savons ce que nous devons à l’agriculture intensive (les pollueurs ne sont pas toujours les payeurs, loin s’en faut …)

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Un coût non négligeable … pour le contribuable …
Le lancement de cette filière a été considérablement aidé par la collectivité. Au coût à la pompe payé directement par le consommateur, il faut en effet intégrer l’ensemble des aides directes (notamment fiscales) ou indirectes consenties; pour exemple la seule défiscalisation a coûté 200 millions d’euros au budget 2005.
Ces aides avaient été à l’origine attribuées afin de permettre au bio carburant français d’être compétitif avec un baril de pétrole à 30 dollars. Depuis les prix du baril ont flambé, puiqu’il oscille entre 55 et 75 dollars; l’écart de compétitivité s’est donc considérablement réduit, pourtant l’avantage fiscal n’a pas été modifié, ce qui n’empêche pas le producteur d’augmenter dans le même temps son prix de vente et sa marge.

Rappelons également que certaines études précisent que pour produire 1 litre d’éthanol, il faut consommer 0,8 litre de pétrole; un ratio qui limite singulièrement d’autant l’intérêt de ce choix, surtout que le rendement énergétique de ce carburant est moins bon (13 litres au 100 km pour l’éthanol contre 10 l au pétrole). Dans ce cas de figure l’augmentation du baril de pétrole influe directement sur celle du bio carburant.

S’il est normal d’aider les sources d’énergie propres afin de les rendre compétitives face aux énergies fossiles et de limiter ainsi l’émission des gaz à effet de serre encore faut il que l’intérêt environnemental soit indiscutable, et que les pouvoirs publics privilégient les solutions les plus respectueuses de l’environnement !

Deux types de bio carburant existent : le bio diésel (également appelé diester) obtenu à partir d’huile d’oléagineux (colza ou tournesol), et le bioéthanol obtenu à partir de plantes contenant de la saccharose (canne à sucre, betterave) ou de l’amidon (maïs, blé).
Toutes les études indiquent que le diester est un bien choix que l’éthanol, que ce soit au niveau écologique, économique, énergétique ou de la gestion de la ressource en eau. L’avantage comparatif est global, à un degré tel que la filière éthanol  présente un intérêt limité, excepté s’il s’agit deubio éthanol brésilien, produit à partir de canne à sucre. Particularité déterminante l’utilisation de sa tige pour la combustion, permettant d’éviter l’utilisation d’hydro carbures et d’être à la fois économique et efficace contre la production de gaz à effet de serre; un process impossible avec les produits exploités en France comme la betterave.
Pourtant plusieurs usines destinées à produire du bio éthanol sont soit en chantier, soit déjà construites.

 

Alors le bio carburant écolo ou non ?

Sous certaines réserves, les bio carburants constituent une alternative pertinente. Encore faut il effectuer les choix judicieux et scientifiquement indiscutables. Ils représentent une solution d’avenir, avec la piste des carburants à base de biomasse, notamment. Elle ouvre des perspectives considérables, avantage déterminant, l’utilisation de l’ensemble du végétal (oléagineux, arbres, paille …), qui autorise un meilleur rendement global (énergétique, économique et environnemental).

Pour la rédaction de « Que choisir », les orientations gouvernementales doivent reposer sur la base d’études objectives et globales (et non sur la seule étude trés contreversée de l’ADEME), tenir compte du rendement effectif des biocarburants et de l’incidence financière de ce choix pour la collectivité.
Pour être légitime, ce choix doit présenter un avantage environnemental déterminant, et les aides réactualisées en fonction du prix de réference du baril de pétrole, leur objectif n’étant pas de permettre aux producteurs (en France les céréaliers) de se constituer une cagnotte.
Il est permis de s’étonner que le gouvernement n’ait pas exploré la piste de l’importation d’éthanol brésilien, d’un meilleur rendement énergétique, environnemental et économique. Une économie à la pompe pour le consommateur français estimée entre 15 et 20% par l’agence internationale de l’énergie, qui permettrait de plus de diminuer l’effort fiscal de la collectivité.

L’effort budgétaire engagé, considérable, doit porter en priorité les pistes permettant la réduction effective des gaz à effet de serre … On peut regretter la concentration excessive des aides gouvernementales sur les biocarburants, dont notamment l’éthanol, malgré toutes les incertitudes scientifiques soulignées précédemment.

Quid des aides sur la filière bois, également créatrice d’emploi, permettant de relancer non seulement l’exploitation du bois pour la construction, le chauffage  et la production demain de bio masse, mais permettant dans le même temps d’entretenir notre patrimoine forestier, le plus beau d’Europe, et de piéger l’oxyde de carbone.
Faut il rappeler le retard inacceptable de notre industrie forestière sur les pays d’Europe Scandinave ou Centrale, sans parler du Canada. Un développement qui ne serait pas non plus sans conséquence sur certains métiers du bâtiment où nous sommes singulièrement absent (économies d’énergie, travail sur le bois …).