Petites Villes : La carte et le territoire

apvf-saint-flour.jpgJ’ai participé aux Assises des Petites Villes de France, qui se sont déroulées à Saint-Flour (Cantal) fin mai. Un rendez vous annuel attendu permettant aux élus d’échanger, de confronter expériences ou points de vue, de prendre surtout quelque peu de recul et de participer à des tables rondes utiles et enrichissantes ouvrant de nouvelles perspectives. Il est toujours bon de sortir quelque peu la tête du guidon, histoire de voir un peu plus loin que son microcosme local.

La thématique 2011 avait repris, à la lettre, le titre  du dernier Goncourt : « La carte et le territoire ». Titre évocateur s’il en est … la carte est-elle plus intéressante que le territoire ou l’inverse ? Titre dans tout les cas, totalement approprié à la problématique de la cohésion territoriale et sociale au cœur des préoccupations actuelle des élus comme de leur actualité immédiate (voir plus loin). Le  titre du roman de Michel Houellebecq a servi de fil rouge évident aux ateliers et tables rondes se déroulant sur ces deux jours : conséquences de la refonte de la carte intercommunale, perspectives de la réforme de la péréquation, mise en oeuvre du Grenelle de l’environnement, sécurité …

Constat clair, le ressenti des élus à l’égard de l’évolution territoriale initiée et du désengagement de l’Etat est de plus en plus perceptible. Situation qui inquiète en haut lieu (2012 n’est pas loin !), si l’on en juge par la venue à ces assises du Président de l’Association des Maires de France, de deux Ministres de l’actuel gouvernement et du Président du Sénat Gérard  Larcher, ouvertement en campagne.

Les raisons du mécontentement croissant  des élus locaux, toutes tendances confondues sont multiples : conséquences de la RGPP,  désengagement de l’Etat dans les territoires, fin annoncée des co financements (ou financements croisés), création du Conseiller Territorial, conditions de réactualisation de la carte intercommunale, et cette liste n’est pas exhaustive, loin s’en faut !

Nous reviendrons forcémment et malheureusement sur les problèmes budgétaires, le désengagement de l’Etat, et ses  conséquences dramatiques pour le pays, mais il me semble plus intéressant de revenir sur le sujet central de ces deux journées, « la carte et le territoire » …

Pour échanger sur une telle  problématique, vrai sujet de grand oral, la parole n’a pas été donnée qu’aux élus, le sociologue Jean Viard, a interpellé quelque peu l’assemblée de manière iconoclaste sur les représentations, imaginaires des uns et des autres confrontés au principe de réalité et aux évolutions (révolutions) en cours dans une société en marche …

Il y a effectivement de la remise en cause dans l’air …

 

 

Abordons  l’actualité brulante, inscrite au calendrier d’été des élus, bien malgré eux. Les modalités d’adoption de la carte intercommunale (de manière plus institutionnelle : « révision du schéma départemental de la coopération intercommunale »), telle qu’initiée par ce gouvernement ont mis le feu aux poudres …   Philippe Richert, Ministre en charge des collectivités territoriales, et Gérard Larcher, président du Sénat ont été interpellé à plusieurs reprises par les Maires, sur ces conditions de mise en place.

Deux griefs principaux : le manque de concertation et le coté pour le moins précipité de la manœuvre … Un  réel consensus existe sur la nécessité de rénover l’intercommunalité, mais la méthode choisie par ce gouvernement pose problème. Trop souvent, les élus sont placés devant le fait accompli par le Préfet, découvrant effarés la création de nouveaux EPCI quelquefois sans relation avec les bassins de vie ou la réalité du terrain.

 

Cas d’école, la Seine et Marne

Tel est le cas en Seine et Marne. Une situation dénoncée dans un courrier récent du Président du Conseil Général Vincent Eblé et des Sénateurs, Nicole Bricq et Yannick Bodin demandant au Préfet de revenir sur un calendrier jugé trop expéditif, afin d’instaurer un vrai débat dans l’intérêt même de la carte intercommunale. La méthode choisie  «  ne paraît pas constituer un gage de réussite ni être conforme aux instructions données par le Gouvernement.», écrivent ils.

Il ne peut y avoir de coopération intercommunale réussie que si elle s’opère sur des bases librement consenties à partir d’un véritable projet partagé a d’ailleurs rappelé Philippe Richert lors des assises. La volonté affichée par le Ministre est d’aboutir avec les élus, à une véritable « coproduction » (vœu pieux, démagogie ?). Force est de constater que  nous sommes fort éloigné de ce cas de figure en Seine et Marne.

Les élus n’ont été ni informés, ni consultés en amont, sur le projet de schéma présenté lors de la 1ere réunion de la Commission Départementale de Coopération Intercommunale (ou CDCI) ;  cette dernière n’a donné lieu à aucun débat, se transformant en une simple chambre d’enregistrement. Les élus disposent de trois mois, (jusqu’au 6 aout),  pour se prononcer, ce qui en pleine période estivale n’est pas sans poser de problème (le défaut de délibération valant avis favorable) ! J’ose à peine me demander ce qui arriverait à un Maire agissant de la sorte, pour une enquête publique ou un appel d’offre ! Il aurait certainement un rappel du Préfet !

Comment, dans un laps de temps aussi court, émettre un avis éclairé alors que le projet de schéma présenté et préparé en catimini, je ne peux imaginer que certains grands élus du département ayant quelque responsabilité politique nationale aient été mis dans la confidence, sur ces question, l’Etat est impartial, fait apparaître des scenarii pour le moins inattendus et improbables ?

Quand prendre le temps de consulter les populations concernées,  échanger avec les élus des collectivités susceptibles de devenir demain des partenaires ?

Les débats de ces deux jours l’attestent bâtir une intercommunalité ce n’est pas uniquement déterminer un périmètre, aussi important soit-il, mais bien avoir la volonté de partager un avenir et des projets communs.

Il y a la carte et le territoire, le périmètre et le projet. Mais le périmètre ne peut être le projet, c’est bien ce dernier qui devrait déterminer le  périmètre !

Le ministre a eu beau faire une véritable déclaration d’amour aux communes, en citant Tocqueville (« la commune, école primaire de la démocratie », voir plus loin), peu ont été convaincu, car si les élus attendent de l’amour (désespéremment avec ce gouvernement) ils préfèrent  les preuves concrètes d’amour, c’est bien là que le bas blesse.

L’approche choisie par le gouvernement actuel, véritable passage en force, est à l’opposé  de celle initiée par le gouvernement Jospin, lors des lois Chévènement votées à l’unanimité,  basées sur le contrat et le consensus. Ce caporalisme pourrait avoir des conséquences lourdes de sens dans le futur.

 

Le retour des marquisats

Lors des débats, beaucoup d’élus, notamment de villes péri urbaines, ont dénoncé cette course au gigantisme, trop souvent placée au service de destinées individuelles et portée par des élus, de moins en moins locaux (de toutes tendances d’ailleurs, phénomène constaté en province comme en Ile de France),  de moins en moins proche et disponible, gérant par délégation, véritables aspirateurs de territoire, cumulant mandats et responsabilités.

Le retour à un médiévalisme territorial remettant en cause les logiques de solidarité territoriale est réel. Ils ont souligné le cout de cette évolution pour la démocratie locale. D’autant qu’il faut analyser cette évolution, au prisme de la création du conseiller territorial, toujours contreversée, y compris par de nombreux élus de droite, qui en acteurs du terrain se rendent bien compte de l’ambiguité des missions de ce futur élu hybride et des risques de confusion et de conflit d’intérêt qui vont suivre entre terre d’élection, et territoire que ce soit département ou région …

 

Nous reviendrons dans une prochaine note sur l’intervention de Jean Viard, qui a abordé cette thématique de la carte et le territoire, à contre pied et dans un style provocateur et pour tout dire décoiffant mais au combien interpellant …

Annexe : la commune vu par Tocqueville

« C’est pourtant dans la commune que réside la force des peuples libres. Les institutions communales sont à la liberté ce que les écoles primaires sont à la science; elles la mettent à la portée du peuple; elles lui en font goûter l’usage paisible et l’habituent à s’en servir. Sans institutions communales une nation peut se donner un gouvernement libre, mais elle n’a pas l’esprit de la liberté. Des passions passagères, des intérêts d’un moment, le hasard des circonstances, peuvent lui donner les formes extérieures de l’indépendance; mais le despotisme refoulé dans l’intérieur du corps social reparaît tôt ou tard à la surface.

Tocqueville

De la Démocratie en Amérique, Tome I, première partie, Chapitre 5 »

« Conversations urbaines » autour du (trés) Grand Paris

logo.gifL’Atelier international du Grand Paris (AIGP) lance un cycle de débats intitulé « Conversations métropolitaines » consacré à l’avenir de la métropole francilienne.
Installé depuis février 2010 au Palais de Tokyo (dans les anciens locaux de la FEMIS) l’équipe permanente de  L’AIGP poursuit  la réflexion initiée lors de la consultation internationale de 2008, avec une feuille de route claire : provoquer le débat, catalyser et accompagner les recherches sur les enjeux urbains liés au projet, et alimenter le travail des 10 équipes d’architectes toujours en charge du suivi de ce grand dessein. L’AIGP associe à parité Etat et collectivités territoriales, Pierre Mansat Maire Adjoint de Bertrand Delanoe est apparemment pressenti pour en prendre la présidence ce qui ne serait que justice au regard du travail qu’il a effectué sur notre métropole.

Afin de contribuer à l’émergence d’une vision «partagée», et de prendre en compte les initiatives locales et la réalité du terrain,  l’Atelier international du Grand Paris s’est associé à l’Union régionale des Conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement d’Île-de-France (URCAUE) pour organiser ces « Conversations Urbaines ». Elles sont ouvertes aux élus, acteurs du terrain et professionnels de l’aménagement urbain et regroupent des séminaires techniques, des soirées débats qui donneront l’occasion de confronter et croiser les différents points de vue sur les stratégies et pratiques urbaines mises en œuvre en Île-de-France, notamment au travers du prisme de l’Intensité urbaine et des Espaces ouverts. 

  • Intensité urbaine, afin de faire émerger la « métropole de l’après Kyoto » selon quelques principes : combattre l’étalement urbain, agir sur les mobilités en améliorant et l’optimisant le réseau de transport en commun, renforcer l’accessibilité des services de proximité au plus grand nombre. 
  • Espaces ouverts, ces derniers étant de plus en plus menacés, malgré leur qualité et leur complémentarité avec l’espace urbain. Espaces naturels pourtant indispensables pour lutter contre l’urbanisation consommatrice de foncier,  mais également apporter des solutions au  réchauffement climatique et à la dégradation de la bio diversité. 

Les « conversations métropolitaines » sont l’occasion de faire remonter  les retours d’expérience, susciter et provoquer les interrogations autour des nouveaux modes de faire (territoire, habitants, acteurs locaux), aborder les contraintes rencontrées, mais aussi  faciliter une réflexion plus transversale portant notamment sur les usages …

J’ai eu l’honneur d’être invité à leur premier séminaire de travail consacré à une thématique pour le moins sensible et controversée ; celle de l’intensité urbaine …

Vaste débat, et ce pour plusieurs raisons …

 

 

 

Dans son propos introductif, Bertrand Lemoine, Directeur Général de l’IAIGP, a souligné l’intérêt de la collaboration entre sa structure, l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région ile de France et l’Union régionale des CAUE.
Les « Conversations métropolitaines », peuvent être utiles au rapprochement entre recherche théorique, prospectives proposées par les 10 cabinets d’architectes et la réalité du terrain telle qu’elle est ressentie par ses acteurs, c’est la grande force d’un tel partenariat.

Rappelons que chaque département abrite un CAUE assurant une mission de service public autour de la promotion de  la qualité architecturale, urbaine et paysagère du territoire. Cette mission se décline en plusieurs types d’actions : information et sensibilisation du public dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme ou de l’environnement, formation des maîtres d’ouvrages, information et conseil aux particuliers et aux collectivités locales …
Véritables butineurs  du terrain, les CAUE tissent des liens privilégiés avec l’ensemble des acteurs locaux de l’aménagement ou de l’environnement qui participent à la fabrication de la ville durable.

En Ile de France ils se sont regroupés en Union régionale (excepté celui de Seine et Marne !) afin de valoriser leurs réseaux de compétences, mener des initiatives communes  liées au devenir de la métropole francilienne, ou  à la réflexion autour du bâti bo climatique (expérience Ekopolis).

 

De la densité à l’intensité

Lors de ce premier séminaire, quelques intervenants se sont lancés dans un débat assez théorique en fait,  portant sur les différenciations entre intensité, densité, ou compacité, autant de termes « voisins » souvent employés pour  décrire un concept commun … Pourtant une ville intense n’est pas forcement une ville dense

Si certains n’ont évoqué qu’une différenciation de type sémantique, destinée à suivre un effet de mode, ou une approche plus soft auprès des habitants, d’autres participants ont précisé que l’intensité définit une notion beaucoup plus dynamique, tenant compte des relations entre habitants, de la présence et de la vitalité à la fois des services et des fonctions, une ville dense peut ne pas être intense, si elle se limite à être une cité dortoir orpheline en services aux habitants.

Deux interrogations ont été soulevées  :

  • le niveau à partir duquel la densité n’est plus « soutenable » pour les habitants. Approche mathématique basée sur un nombre de logements à l’hectare, variant selon les morphologies urbaines existantes et la fixation de seuils : 60, 70, 80 logements ou 100 logements par exemple, à proximité d’une gare …
  • la pédagogie à déployer auprès des  habitants pour les convaincre d’accepter une densité élevée. Aborder cette question sur l’angle de la qualité des services et des liens sociaux peut faciliter une prise de conscience collective au regard des priorités environnementales liées au réchauffement climatique : lutte contre l’étalement urbain, diminution des déplacements, création d’espaces publics et d’espaces verts de qualité. La notion de densité végétale a été avancée.

Le succès de l’habitat individuel a été évoqué, ce dernier s’étant développé à partir de la ville américaine, mode d’organisation urbaine basée sur le développement de lotissements individuels et l’étalement urbain qui répond cependant à priori au besoin d’intimité recherché par beaucoup de nos concitoyens. Véritable clé de valorisation d’une ville dense, la qualité architecturale du bâti et la diversité des typologies et morphologies urbaines qui doivent prendre en compte le besoin d’intimité des futurs habitants par la création d’espaces privés appropriables.
Chacun doit se sentir chez soi.

Vincent Fouchier, Directeur Général Adjoint de l’IAU, a fait une intervention remarquée,  présentant le grand intérêt, d’illustrer le relativisme des concepts liés à la densité urbaine de manière très visuelle et quelque peu provocatrice.

Une thématique sensible, correspondant à des imaginaires ou des représentations, qui diffèrent selon les approches des uns et des autres ou la profession exercée. Autre limite, l’écart entre  densité perçue ou densité effectivement mesurée peut surprendre, et souligne  les limites de l’analyse quantitative. A contrario l’importance du qualitatif, peu mesurable, a trop peu souvent été évoqué.

L’intensité urbaine est au cœur du Développement urbain car limitant l’étalement urbain, et privilégiant le fait de bâtir la ville sur la ville. Il est également important de ne pas confondre le concept de densité avec ceux de morphologie, d’organisation ou de forme urbaines ; dans le même esprit il faut différencier densité du bâti, densité de population ou densité végétale. Rappelons que  l’éco quartier de Fribourg est beaucoup plus dense que la ville de Sarcelles, on associe trop souvent à tort les fortes densités aux tours et aux barres des grands ensembles, un modèle d’organisation urbaine, littéralement « repoussoir » pour les habitants.

Il a abordé également  le lien naturel, indissociable, entre densité et mobilité, qui a été un axe majeur du Schéma Directeur d’Ile de France, mais également des projets autour du Grand Paris.

 

les outils réglementaires pour densifier ?

Emmanuel Acchiardi, Directeur Adjoint de l’Unité Territoriale de l’Equipement et de l’Aménagement des Hauts-de-Seine,  est revenu sur la « boite à outils » permettant de faire accepter par les habitants et les élus, une intensification acceptable, basée sur la concertation et la pédagogie (Agenda 21, Plan Climat, SCOT, PLU …).

L’intensification est « acceptée » selon lui, lorsqu’elle s’inscrit dans un projet global, concerté, qui permet de répondre à des besoins collectifs,  et qu’elle donne lieu à une démarche pédagogique, qui peut être basée sur des visites de terrains favorisant une présentation concrète des opérations réalisées et des densités auxquelles elles correspondent

Autre argument, notamment à partir d’une organisation urbaine existante,  le financier. Il a évoqué la piste de réflexion actuellement explorée autour du concept du « Build In My BackYard » (BIMBY), afin de faire émerger la ville durable à partir du tissu pavillonnaire existant, permettant tout à la fois de densifier et valoriser les parcelles. Elle correspond à un programme de recherche sélectionné en 2009 par l’Agence Nationale de la Recherche dans le cadre de son appel à projets « Villes Durables » permettant de renouveler le tissu urbain pavillonnaire, qui représente une grande part des surfaces urbanisées en Europe. A ne surtout pas confondre avec le « NIMBY » :  acronyme provenant de l’anglais « Not In My Back Yard » (« pas dans mon arrière-cour ») qui désigne une position refusant toute nuisance dans son environnement proche (« syndrome nimby ») : déchetterie, usines …

 

Et l’homme dans tout ça ?

Lors de mon intervention, j’ai surtout parlé d’humain, d’affect, de pathos, jusque là absent des échanges. J’ai fait part de ma surprise,  jusque là, aucune intervention, au delà d’arguments trés rationnels certes n’ayant fait référence au désir, à l’envie de ceux qui vivent, s’épanouissent ou travaillent dans les villes.
Rendre la ville désirable représente également pour moi une piste d’action pertinente à ne pas sous estimer : la qualité des espaces, de l’environnement, des services, la prise en comtpe des besoins, notamment avec le vieillissement de la population sont autant d’éléments qui in fine ont un sens et peuvent faire passer des représentations qui ne correspondent plus à la réalité. C’est ce que nous expérimentons au niveau du logement social en liant la réponse quantitative au qualitatif.

L’intervention de de Vincent Fouchier a d’ailleurs démontré le relativisme d’une approche trop technique et les limites d’une telle démarche. Maire d’une petite ville de la grande couronne, il m’apparaît important d’insister sur la notion de projet de ville, surtout lorsqu’il est partagé et collaboratif, mais également sur la question de l’identité locale.
Une ville est un élément identitaire important et structurant pour ses habitants, un des éléments clés qui font une citoyenneté, il est important que les urbanistes et les architexces en tiennent également compte.

La question sociale est centrale, les relations et le lien social étant par essence fédérateurs. La prise en compte des mixités urbaines qu’elles soient sociales, inter générationnelles ou fonctionnelles favorise une ville plus dynamique, plus forte car fédérée par une vraie cohésion sociale collective  … Une ville plus intensemais également plus humaine …

Un projet de ville ne peut se limiter à une approche uniquement théorique, quantitative, trop réductrice, mais doit intègrer le facteur humain trés en amont, sentir les tendances qui émergent et font bouger une société. La place croissante des seniors en est une, comme celle du réchauffement climatique ou de l’importance de plus en plus réelle et haureusement que nous accordons à la nature.

Autre point clé, celui de la temporalité ou plutôt des temporalités, car la ville est temps et espace … Il y a le temps de l’incubation du projet, celui de son montage, de sa réalisation, de son lancement … Le temps d’une opération urbaine également, comme celui des recours juridiques quelquefois abusifs, le temps d’un mandat, le temps d’une vie, le temps d’une ville, le temps de la planète  … Autant de temporalités qui s’entrecroisent.
Il faut du temps pour réfléchir, se concerter, étudier en amont, ou piloter de manière transversale et collaborative.  Nous sommes pourtant en plein big bang territorial. Les normes et  textes juridiques  sont de plus en plus complexes, exigeants mais également éphémères, influant un contexte mouvant qui impose pourtant retenue et sérénité. Le maitre des horloges qu’est l’Etat, exige, trépigne, demande des comptes, invoque l’urgence des besoins et dans le même temps parle de concertation, d’études  …Une vraie schizophrénie !

Mais la ville est également émotion … La qualité des espaces publics, des formes urbaines, le talent des professionnels sont autant d’atouts pour permettre une densité  plus élevés, d’autant lorsqu’ils respectent l’homme, la cité et la nature.
Il faut travailler sur la piste de l’exigence qualitative …

Enfin, révolution culturelle et sociétale, l’urgence environnementale; une des clés d’entrée de la ville dense, ou intense.
Nous devons tout à la fois limiter l’émission des gaz à effet de serre, en recherchant la meilleure efficacité thermique, et préserver activité agricole, bio diversité ou espaces naturels en limitant l’étalement urbain, en reconstruisant la ville sur la ville et en privilégiant une certaine intensité.

Mais une ville vit, respire, se développe, se régénère quelquefois pour ne pas mourir, et pour ce faire il est important de rendre possible ou de favoriser la reconstruction de la ville sur la ville …

 

 

Pour aller plus loin :

inscription, plaquette à télécharger

 

CYCLE INTENSITE : Soirée débat le 16 juin

S’interroger sur les conditions à réunir pour intensifier les espaces urbains, c’est poser sans détour la question de la qualité. On sait en effet depuis longtemps que densité perçue et densité mesurée révèlent des écarts qui pointent les limites de l’analyse quantitative. .

Il n’est autre que celui de la «métropole d’après Kyoto » : combattre l’étalement urbain dispensateur de gâchis de terres agricoles, compléter ou optimiser le réseau de transports en commun pour limiter l’usage de la voiture, rendre la ville et ses services de proximité accessibles au plus grand nombre.

Au programme :

  • du règlement à L’urbanisme opérationnel : quelles marges de négociation ?
  • le paradigme de l’intensité : quels nouveau équilibres ?
  • Le temps de la pédagogie : quels aprtages avec l’habitant ?

 

Prochainement :

 Novembre 2011 – Marché foncier et accès au logement /  Janvier 2012 – Stratégies et formes urbaines

 

CYCLE ESPACES OUVERTS : soirée débat le 30 juin, à laquelle je participe.

Réfléchir à l’organisation de la métropole par l’armature des espaces ouverts n’est-il pas l’occasion de proposer un autre récit pour imaginer le devenir de l’ile de France ?

La reconnaissance de la valeur des espaces ouverts, dans leur complémentarité avec l’espace bâti, est indispensable pour lutter contre une urbanisation consommatrice d’espaces.

Mais cette inversion du regard, ce travail sur la fabrication du lien entre des morceaux fragmentés d’urbanisation ne permet–il pas aussi d’inventer d’autres projets ?

 Au programme : 

  • Quelles réponses apportent ils aux défis du XXI eme siècle ?
  • Nouvelles pratiques, nouveaux acteurs : pour quelles richesses ?
Prochainement :

Novembre 2011 – Complémentarité des projets urbain et agricole / Janvier 2012 – Biodiversité et stratégie urbaine 

 

Eco quartier : de l’efficacité énergétique

bonne-4.jpgRetour sur la Conference nationale
à Grenoble(2)

L’intervention d’Olivier Sidler a constitué un autre temps fort de la Conférence.

Energéticien renommé (c’est un des techniciens à l’origine de la RT 2012), il dirige depuis plus de 30 ans Enertech, bureau d’étude spécialisé dans l’énergétique des bâtiments et a mené, à ce titre, une trentaine de projets BBC (consommant moins de 50 KWhep/an au m2, pour le chauffage) et conduit actuellement des chantiers de bâtiments à énergie positive. 

Selon  lui, la très basse consommation répond à plusieurs impératifs :

  • La diminution des ressources énergétiques fossiles,
  • L’augmentation prévisible du prix de l’énergie, sous l’effet de la rupture offre/demande (dite pic de Hubbert), il faut anticiper cette hausse, qui touchera de plein fouet les  personnes les plus défavorisées avec des conséquences dramatiques,
  • Certaines des ressources énergétiques, qu’elles soient fossiles (gaz de schistes, pétrole offshore) ou d’origine nucléaire posent plus de problèmes que de solutions, malgré les affirmations des pétroliers et d’EDF

Sans oublier le réchauffement climatique, conséquence directe des émissions de Gaz à effet de serre due à l’homme et son empreinte écologique. Quelques degrés de plus et c’est un véritable changement d’ère climatique qui survient. Pour s’en convaincre, rappelons que depuis le dernier maximum glaciaire (20.000 ans), la moyenne des températures sur terre n’a augmenté «que» de 5°C, c’est dire !

Olivier Sidler n’y va pas par quatre chemin, l’heure est plus que grave et nécessite une réaction rapide de notre part. L’équilibre planétaire, instable aujourd’hui, dépend de la capacité des océans et forêts à absorber le carbone rejeté.
Les spécialistes l’estiment à 3 milliards de tonnes / an, soit 0,5 t. de Carbone/pers/an (base des 6 milliards d’habitants), correspondant à environ 1,8 t. de CO2/pers/an. En France, nous atteignons environ 2,4 tonnes de carbone/hab/an. Pour être dans les clous, il faut diviser nos émissions par plus de quatre, c’est le fameux facteur 4 (voir note précédente).
Surtout que la terre comptera en 2050, 10 milliards d’habitants (et non plus 6) et un plus grand nombre de pays développés, du moins faut il l’espérer. Le rejet annuel ne pourra alors dépasser 0,3 t. de Carbone/pers/an : nous arriverons au facteur ….7.

Tendance soulignée par de grands spécialistes qui s’accordent sur un constat, le facteur 4 ne peut être considéré que comme un minimum, nous en sommes pourtant toujours trop éloigné. Mais plus le choix dsormais, nous devons y arriver très vite, sinon la machine terre pourrait bien s’emballer et entrainer dans son sillage, le climat. Deux pistes prioritaires pour y arriver  : les transports et le bâti

Justement concernant le bâti Olivier Sidler propose de vraies pistes d’actions, basées sur ses retours d’expérience et les mesures recueillies au fil des ans, qui lui ont permis de constituer une des plus importantes bases de données au monde dédiée aux usages de l’énergie, afin de comprendre ou se situent les consommations dans un bâtiment.

Le Grenelle prévoit qu’en 2020,  le parc de bâtiments dans son ensemble devra consommer 38% de moins qu’aujourd’hui. L’objectif est louable mais y arriver sera un peu plus difficile en pratique, il implique que l’on rénove 900 000 « vieux »  logements (d’avant 1975) par an, pour ramener leur consommation à 50 Kwh/m2/an et ce durant 12 années !

 Alors rêve ou réalité ?

 

 

bonne-3.jpg

Quelques données de cadrage …

80.5% de la consommation de chauffage des bâtiments d’avant 1975, qui sont les plus énergivores et de loin, se trouvent dans les bâtiments de moins de 10 logements

Les maisons individuelles qui représentent les 2/3 de la consommation de chauffage des logements d’avant 1975 doivent constituer la cible numéro 1. Pour atteindre l’objectif « facteur 4 », il suggère de raisonner à l’échelle du parc français, en tenant compte des contraintes différentes selon la localisation du bâti afin de pondérer quelque peu les performances à atteindre selon la géographie des lieux.

En fonction de cette localisation, les consommations peuvent varier de 20 à 80 kWhep/m²/ an, ce qui n’empêche pas d’obtenir un parc à 50 kWhep/m²/an (moyenne), tout en gardant en tête

l’objectif d’atteindre non seulement une consommation de chauffage inférieure à 50 kWhep/m² / an (facteur 4) mais à 30 kWhep/m2 / an (facteur 7) !

L ‘innovation technologique dans le domaine de l’enveloppe, de l’isolation ou des énergies renouvelables se poursuit, et promet des résultats spectaculaires d’ici peu, tant sur les contraintes (épaisseur, cout) que sur les performances. Dans l’attente de ces bouleversements encore potentiels, il est cependant possible d’agir sur certains postes de consommation énergétique :

  • le chauffage,
  • l’énergie  « grise », correspondant à la consommation d’énergie nécessaire à la fabrication des matériaux de construction,
  • l’eau chaude sanitaire
  • l’électroménager et l’éclairage.

Car, il ne faut plus s’arrêter au seul chauffage, dans les bâtiments à très faible consommation les serveurs informatiques sont désormais les plus grands consommateurs d’énergie , bien au delà du chauffage, rappelons que l’électroménager et l’ordinateur sont à l’origine des surchauffes de l’été.

Au delà des matériaux et du hight tech une idée simple permet d’arriver également à de bons résultats, l’habitat bio climatique.
En jouant sur l’orientation du bâti, sa compacité, le rapport surface utile / surface des parois extérieures (réduire ces dernières c’est réduire les surfaces de déperdition), on arrive à des résultats surprenants tant sur l’efficacité énergétique que sur le confort de vie, été comme hiver.

Le meilleur exemple en est le verre, réduire les surfaces vitrées, permet de limiter les phénomènes de surchauffe l’été et de froid l’hiver.

  

Scénario pour la rénovation du parc des bâtiments anciens 

 Pour rénover 10 millions de logements en 10 ans, il faut intervenir sur 1.000.000 par an. Chaque année, c’est à peu prés 470.000 logements anciens qui sont mis en vente, il faudrait obligatoirement les rénover.

Car atteindre les 50 kWh/m² de consommation an va exiger bien des efforts et personne ne s’imposera cette cible de manière spontanée. Il suggère de rendre obligatoire cet objectif d’isolation, avec une réglementation stricte et ne plus se limiter aux seules incitations .

Le gouvernement allemand octroie une subvention de 20 à 30% du montant des travaux pour une rénovation Facteur 4, le reste étant finançable par des prêts bancaires.

 Sa base de données lui a permis de construire différents modèles (solutions techniques de référence ou STR) selon les choix techniques opérés et la localisation du bâti, en combinant les différents points techniques sur lesquels il est possible et intéressant d’intervenir.

  • Les parois opaques : murs, planchers bas, toitures
  • Les parois vitrées
  • La ventilation, car pour lui, l’étanchéité à l’air de l’enveloppe est à l’origine d’énormes économies d’énergie (ventilation mécanique : simple flux autoréglable, hygroréglable ou double flux avec récupération de chaleur).

N’importe laquelle des combinaisons proposés, appliquée à l’échelle du pays, permettant d’atteindre l’objectif d’une consommation de 50 kWh/m² / an sur le parc de bâtiments.

 Son étude lui permet d’ériger certains principes et un constat:

  • La nature du mur d’origine n’a aucune incidence influence sur le résultat final, ce qui remet en cause un diagnostic de performance sur ce point.
  • La qualité de l’enveloppe à la perméabilité à l’air est un élément essentiel. Il faut à la fois obtenir une bonne isolation et une bonne perméabilité, cette dernière ayant autant d’impact que l’isolation.
  • La récupération de chaleur sur l’air extrait est indispensable et permet de gros gains. Cependant elle nécessite  Elle permet un gain de plus de 20 kWh/m²/an sur les besoins. Sans elle, rien n’est possible. Même si au niveau sanitaire, elle induit d’autres problématiques portant sur la qualité de l’air et la nécessité de bien maitriser cette technique au niveau de la maintenance et de son entretien.
  • Si atteindre le « facteur 4 » est non seulement possible mais techniquement aisé, l’objectif du  « facteur 7 » est beaucoup plus difficile à atteindre aujourd’hui.

 

Cette politique a forcemment un cout, mais qui a considérablement baissé ces dernières années, puisqu’il se situe  désormais  en dessous du seuil des 200 € HT/m². Sur les bases 2009 et de  200 € HT/m² hab, l’effort national reviendrait au montant des bénéfices annuels de TOTAL de 2008 et des bénéfices cumulés de TOTAL, BNP et France Télécom de 2009.

Encore faut il pour avoir de bonnes bases de comparaison, considérer l’évolution du prix de l’énergie. Avec un baril à 70 dollars, tous les travaux dont le coût est inférieur ou égal à 200 euros/m² sont finançables par des prêts à 4,5% disponibles sur le marché et cela sans aide de l’Etat. A 135 dollars le baril, rénover à basse consommation devient une opération financière intéressante permettant de gagner de l’argent  !

 

Quelques pré requis, cependant

 Une fois les principes théoriques posés, reste à trouver le savoir faire.

Force est de constater, qu’au regard des expériences du terrain, bien du chemin en ce domaine, reste à accomplir.

Il est incontournable de mettre en place :

un plan de formation obligatoire de toutes les composantes de la profession (MOE, entreprises, voire MOU), afin qu’elle maitrise le bouquet de techniques nouvelles qu’exige une bonne efficacité énergétique (isolation extérieure, étanchéité à l’air, VMC double flux, etc)

Etre facilitateur auprès des particuliers et considérer globalement une opération de rénovation, qui nécessite pour être efficace l’intervention de plusieurs  corps d’état par corps d’état. Il faudrait offrir un guichet unique à l’usager. 

Instaurer un agréement, permettant au consommateur de choisir des professionnels formés.

Encore faut il que les produits industriels suivent et en fassent une priorité désormais, ce qui n’est à priori pas encore tout à fait le cas !

Concernant le logement social, inciter les bailleurs à intervenir dans leur parc en  modifiant si nécessaire les règles de financement du logement social ( label basé sur des performances énergétiques validées ouvrant droit à un déplafonnement de loyer et à une assiette de subvention majorée).

Cette prise de conscience se doit d’être collective et accompagnée des financeurs que sont les banques et l’Etat au travers de sa politique fiscale …

Si l’objectif est donné, encore faut il l’atteindre, et pour cela, jouer collectif mais surtout rapide

 

 

Eco quartier : du métabolisme urbain

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Retour sur la Conference nationale
à Grenoble(1)

La dernière  Conférence Nationale du Club des éco quartiers  (cf note précédente) était consacrée à la thématique « Eco-renouvellement, Eco-rénovation » se déroulait à Grenoble. Au programme de la journée, outre la visite de l’éco quartier de Bonne, référence du développement durable à la française, des ateliers, durant lesquelles deux interventions m’ont particulièrement marqué, celle d’Alain Maugard,  l’ancien président du CSTB (1993 à 2008), je l’avais croisé à l’époque, et qui depuis 2009 conduit la destinée de QUALIBAT, et d’Olivier Sidler, expert en énergétique du bâtiment, dirigeant du cabinet Enertech, certainement  un des meilleurs spécialistes français des bâtiments à basse consommation énergétique actuellement.

Avant d’aborder dans une prochaine note la visite de l’éco quartier lui même, j’ai jugé important de revenir plus en détail, sur les interventions marquantes de la journée, ou plutôt les interpellations, de deux grands témoins invités à s’exprimer devant nous pour l’occasion, Alain Maugard et Olivier Sidler.

D’un coté un visionnaire, de l’autre un grand technicien menant deux approches très complémentaires, reposant sur deux histoires personnelles très différentes mais nous proposant e la même ligne de fuite.

 Avant-gardiste de renom, Alain MAUGARD, nous a livré sa vision, non seulement technique mais également urbaine, de la ville de demain confrontée aux impératifs environnementaux aujourd’hui, dont nous devons absolument tenir compte.

Il a centré son intervention sur le métabolisme humain et a appelé à revenir à la ville médiévale … Paradoxal ou non ?

Jugez plutôt …

 

 

 

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Rappelons tout d’abord le parcours professionnel d’Alain Maugard qui est des plus éloquents …

Cet ancien élève de l’École polytechnique et ingénieur des ponts et chaussées, mène tout d’abord une carrière de haut fonctionnaire, avant de rejoindre en 1981, Roger Quilliot, ministre de l´Urbanisme et du Logement, comme directeur adjoint de son cabinet, poursuivant sa carrière, il devient président du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) en 1993, puis devant partir à la retraite président de Qualibat.

 

 

Agir sur le vieux bâti

Il est revenu sur l’avancée technologique considérable des dernières années qui conduit vers des bâtiments « autonomes », à énergie positive, ce qui représente une véritable révolution. La performance n’est pas mince, le « zéro effet de serre en exploitation » sur du neuf est en effet aujourd’hui atteignable (au niveau expérimental), à titre de comparaison le secteur automobile en est encore fort éloigné.

Les bâtiments à énergie positive contribueront à réduire considérablement notre empreinte sur l’environnement, le bâti des lors ne semble plus un problème de plus à résoudre, mais devient une des solutions à la problématique  de l’effet de serre.
Encore faut il pour être réellement efficace, agir sur le stock du bâti existant, et diminuer sa forte consommation. Elle est en moyenne de 240kWh/an alors qu’en 2012, celle  d’un logement neuf sera de 50 kWh/an. La principale difficulté globalement provient du faible taux de renouvellement du stock (1 % par an) … dans 50 ans, la moitié seulement serait remplacée. Un rythme qui n’est pas tolérable au regard de la situation environnementale, et qui demeure un scénario inverse à celui des pays en développement qui construisent principalement du neuf.

L’illustration de cette  situation dramatique est celle, essentielle à plus d’un titre, de l’empreinte écologique … Pour faire sens, en partant des données économiques d’aujourd’hui : si les pays de la planète se mettent à l’heure européenne, il nous faudrait  donc 3 planètes, à l’heure américaine 6 planètes … Nous ne sommes pas loin du mur et pour en sortir, nous ne devons plus nous contenter d’agir à la marge mais bien de conduire une vraie révolution de nos modes de vie et de pensée.

Nuance importante, un bâtiment durable ne peut être déconnecté de son environnement, il faut raisonner à l’échelle du quartier, de la ville, du territoire  et des modes de vie de ses habitants. Ce dernier point lui semble être la vraie porte de sortie, qu’il oppose au totalitarisme écologique. Encore faut il se mettre très rapidement en mouvement et progresser sur le stock du bâti.

L’enjeu aujourd’hui est d’inverser le rapport entre l’offre et la demande faut placer les réponses autour de la Demande et plus au niveau de l’offre. Cette demande est la conséquence directe de notre civilisation urbaine qui doit aujourd’hui répondre à deux défis : celui de l’efficacité énergétique et la question environnementale, qui deviennent de plus en plus incompatibles avec les ressources de la planète mais également son futur. Si la France a heureusement dans ce domaine beaucoup progressé, elle a toujours deux points faibles : celui des chantiers et de la santé environnementale (qualité de l’air, et de l’eau).

 

 

Le retour à la ville médiévale

Il propose d’abandonner une certaine « naïveté », menant à la quête inaccessible de la forme ou de la morphologie urbaine idéale, mais plus simplement de revenir à la ville historique, quasi médéviale, telle qu’elle étant avant l’arrivée de l’automobile. Un mode de déplacement  qui a totalement bouleversé nos modes de vie, la centralité des villes et considérablement renforcé l’individualisme et l’isolement. En réhabilitant la morphologie urbaine ancienne, on agit  sur le « métabolisme » humain.

Constat : les villes concentrent de plus en plus l’essentiel de la population humaine et centralisent la majeure partie des flux d’énergie et de ressources. Les sociétés urbanisées anciennes se développaient au contraire de manière infinie en exploitant   des stocks d’énergie fossile à priori inépuisables. Leur développement a été basé sur l’expansion de leur périmètre d’approvisionnement, ce qui a augmenté l’empreinte écologique humaine selon le niveau de développement du pays et a perturbé puis dérégulé les écosystèmes, d’abord localement puis plus globalement.

Le paradigme a désormais changé, au regard de la catastrophe climatique qui menace. L’heure est au questionnement essentiel sur le mode de fonctionnement. C’est l’usage qui fait sens : celui de la gestion de la ville et du territoire.

Pour pouvoir agir efficacement sur le métabolisme, il faut d’abord transformer durablement nos comportements, et nos envies …

 

 

Offrir du grain à moudre

La piste suggérée par Alain Maugard est celle de l’autonomie, déjà à l’échelle du quartier, afin de limiter les déplacements et de reconquérir des formes d’optimum et de mutualisation autour de certains concepts : intensité, densité, espaces ouverts ou semi fermé ou fermé (car il faut de l’espace), agriculture urbaine, commerce de proximité …

En recherchant ou inventant de nouvelles centralités et en s’appuyant sur les innovations technologiques  …

Il faut  redonner toute leur importance aux valeurs collectives et solidaires, et dans le même temps mener une approche systémique afin de répondre aux crises identitaires d’aujourd’hui de plus en plus omniprésentes et d’éviter toute ghettoïsation ou standardisation.

Plus que jamais la régulation doit être sociale …

Pour ce faire il est indispensable de redonner des marges de manœuvre qui permettent à chacun de s’épanouir en s’impliquant et obtenir des avancées …

Et pour cela il faut absolument du grain à moudre. Du grain à moudre pour bâtir de nouvelles perspectives et pouvoir se projeter positivement dans l’avenir.

 

Le 77, vu de Paris Metropole …

grand_paris_metropole_douce_lin180309_fcslin_1.jpgAfin de préserver la dynamique engagée lors de l’élaboration du projet de territoire départemental, le Conseil Général a mis en place un Conseil Participatif composé de représentants des trois collèges (citoyens, élus, forces vives) assurant des missions de veille, pouvant émettre des contributions, évaluer l’évolution de chacun des cinq chantiers et de formuler des avis auprès de  l’exécutif départemental …

Dans ce cadre, lors de sa dernière réunion plénière, le Conseil Participatif a auditionné deux acteurs incontournables de la réflexion engagée autour du Grand Paris, Jacques JP Martin, nouveau Président de Paris Métropole et Pierre Mansat, Maire Adjoint de Bertrand Delanoë, délégué à la coopération avec les collectivités territoriales d’Île-de-France. Pierre Mansat est le créateur de la Conférence Métropolitaine et l’animateur d’un blog très utile pour mieux comprendre les problématiques liées à ce véritable mouvement de fond territorial.

Avant de rappeler ce qu’est effectivement aujourd’hui le syndicat Paris Métropole et ses enjeux, il est intéressant d’indiquer leur point de vue sur le projet proposé par la Seine et Marne.
Tous les deux ont souligné l’intérêt suscité par la démarche, son originalité, mais également et surtout la qualité et la cohérence de la réflexion menée qui font du document adopté un véritable projet métropolitain, privilégiant non une approche monocentrique ou à l’inverse éclatée du département, mais polycentrique et développant une notion de territoire réellement et totalement homogène.

Au regard de la réflexion initiée, la Seine et Marne apparaît comme une véritable terre de projet, et ne définit plus son avenir par rapport à Paris, mais à partir d’elle même, avec l’impulsion d’une dynamique territoriale qui repose avant tout sur ses atouts mêmes, y compris sa proximité et ses liens avec la province et d’autres régions.

Pierre Mansat a souligné l’évolution profonde de l’approche de la ville de Paris vis à vis des collectivités (communes ou départements) de sa périphérie proche ou lointaine. Depuis l’arrivée de Delanoe, elle n’est plus autant dominatrice. Les collectivités ne sont plus considérées comme de simples territoires « servants ». 

Il a insisté sur l’importance de s’interroger sur la définition d’une future gouvernance : périmètre, nature ou forme.  Les partenariats de 1ere génération, reposant sur la proximité, la mitoyenneté et les relations domaniales entre Paris et les autres collectivités, semblent désormais dépassés, car n’intégrant pas la dimension dynamique des territoires, les interpénétrations (espaces, projets, besoins, habitants …) et les liens existants.
Il tient à casser l’image de la ville centre, « au centre de tout », sorte de  ville « lumière », Pierre Mansat a évoqué à ce sujet l’image du syndrome de Venise et de belle endormie. S’il est vrai que Paris représente 10% du PIB national, il faut permettre à cette dynamique de perdurer, compte tenu de la réalité régionale actuelle, de mieux fonctionner et d’induire une nouvelle façon de « se penser ensemble » en constituant un véritable espace collaboratif.

L’arrivée de Bertrand Delanoe a changé la donne, avec notamment la Conférence métropolitaine, devenue depuis le Syndicat Paris Métropole préludant à un contrat de coopération de seconde génération, bâti autour d’axes stratégiques déterminés collectivement.
 Ce n’est qu’ensuite que l’Etat est intervenu avec le Grand Paris, le réseau de transport, l’Atelier International du Grand Paris …

Jacques JP Martin, s’est félicité de l’avancée des travaux du processus métropolitain, en précisant que selon lui,  la gouvernance doit venir des territoires et non d’un texte de loi, les élus devant être considéré comme des partenaires à part entière. Il a salué l’esprit consensuel qui anime ce syndicat, dans lequel  1 commune égale 1 voix et qui érige l’alternance politique en principe.

Mais revenons  à Paris Métropole …

 

 

C’est en 2001, que Bertrand Delanoe confie à Pierre Mansat, la mission d’engager un dialogue inédit, entre Paris et ses voisins. L’objectif poursuivi est d’initier une nouvelle dynamique territoriale, telle celle des grandes métropoles européennes (notamment le Grand Londres avec la Greater London Authority), afin  d’aborder à la bonne échelle les problématiques liées au développement du territoire (transport, logement, développement économique …), de plus en plus transversales.
Cette proposition constitue une véritable première, car jusque là, chacune de ces collectivité traçait sa route en toute indifférence, la ville capitale considérant toujours les collectivités voisines comme des «territoires servants ».

Le Paris d’aujourd’hui est le fruit d’extensions successives qui se sont déroulées au fil des siècles, la visite du Louvres est sur ce point révélatrice et évocatrice. C’est Haussmann qui a littéralement fait d’une ville médiévale aux ruelles étroites, et insalubres, la ville que l’on connaît désormais, dotée des grands boulevards qui la caractérisent si bien, en annexant au passage une vingtaine de communes, jusque là autonomes :  Montmartre, Belleville, La Villette et Passy …
Depuis, Paris a considéré les territoires voisins, comme de véritables exutoires : cimetières, cités HLM, infrastructures de transport (voies ferrées, circulation automobile), ordures ménagères … Soulignons que la ville de Paris  possède plus de 8000 unités foncières hors murs, un héritage de l’histoire lié notamment à son approvisionnement en eau.

Avec Delanoe de nombreuses coopérations bilatérales entre Paris et les collectivités voisines (communes, ECPI, départements), se sont mis peu à peu  en place, jusqu’au lancement en 2006, de la Conférence métropolitaine.
L’objectif assigné par Bertrand Delanoe à Pierre Mansat est de se « parler au de là du périphérique ». Progressivement, de nombreux maires de l’agglomération parisienne, tous les Présidents des Conseils Généraux d’Ile de France, ont rejoint cette « conférence », créant de fait un véritable espace de dialogue et de concertation et de considération, la Conférence métropolitaine fonctionnant sur le mode du consensus, fait rare méritant d’être souligné.

Devant le succés de l’initiative et son intérêt pour l’ensemble des collectivités présentes, il est apparu aux élus qu’il fallait aller plus loin, afin de dépasser le seul stade du constat. Pour ce faire, il était incontournable d’engager des études liés à la gestion publique locale et aux relations entre les uns et les autres. C’est ainsi qu’est né le syndicat mixte Paris Métropole.

L’objectif de cette structure est de faciliter l’élaboration d’une vision partagée de l’avenir de la métropole, et de développer des réponses, à la bonne échelle sur les différentes problématiques aux quelles les élus doivent répondre : logement, attractivité économique, développement durable …

Le champ des études défini par les statuts doit répondre à trois objectifs :

  • définir des projets de dimension métropolitaine (aménagement, environnement, développement économique, emploi, logement, habitat, mobilité …),
  • réfléchir sur des propositions concernant les solidarités financières (péréquation, mutualisation …) au sein de la métropole et à l’échelle régionale ;
  • proposer une évolution de la gouvernance de la métropole.

 

Paris Métropole rassemble désormais l’ensemble des collectivités de la petite couronne, les départements d’Ile de France,  les villes nouvelles et les ECPI  situés autour des aéroports. Afin de définir des limites au syndicat, n’ont été retenus que les communes situées dans la zone urbanisable agglomérée, définie par l’INSEE.
Afin de n’écarter cependant aucune grande collectivité se sentant impliqué, un statut de membre associé a été créé, c’est à ce titre que l’agglomération du Pays de Meaux, comme d’autres collectivités, peut participer aux travaux.

Suite au discours inaugural de Nicolas Sarkozy au Grand Palais, une consultation sur le développement pour l’avenir du Grand Pari(s) de l’agglomération parisienne est  lancée début 2008. Dix équipes architecturales pluridisciplinaires ont été sélectionnées afin de travailler sur l’avenir de la métropole parisienne du XXIème siècle.
Le Grand Paris est en marche …

 

Grand Paris, Paris métropole, deux expressions ayant des significations, des logiques et des légitimlités différentes, une émane directement de l’Etat et a été imposé au forceps, l’autre est issue directement des collectivités.
Elles se doivent désormais d’être complémentaire et de s’appuyer sur une réflexion globale et collective, afin effectivement de mieux faire fonctionner une métropole et ses périphéries, une métropole multipolaire par nature et toutes les synergies qui lui sont liés

 

Signalons deux liens permettant de suivre l’actualité de cette thématique, celui de la journaliste de Libération, Sibylle Vincendon, excellemment bien informée et le nouveau site lancé par la Mairie de Paris, Paris métropolitaine. Sans oublier bien évidemment le blog de Pierre Mansat, une personnalité attachante et hors du commun, qui devrait bientôt prendre les rênes de l’Atelier International du Grand Paris, sur lequel nous reviendrons prochainement.

SNCF : le site du club des partenaires

 

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Je vous avais informé lors d’une précédente note  de la mise en place par la SNCF d’un Club des Partenaires, à l’image de ceux créés lors de la création des TGV destinés à accompagner les dynamiques territoriales.

Les travaux de ce club avancent, déjà deux réunions au compteur, qui permettent d’aborder des sujets concrets et des thématiques plus globales qui permettent d’éclairer d’un jour nouveau, les dynamiques en cours, qui s’entrecroisent quelque peu en ce moment, qu’elles concernent les mobilités ou les territoires directement.

Ce club dispose désormais d’un site internet, qui permet à tout un chacun de disposer des éléments abordés lors des réunions.