Sopron, Hongrie, le 19 aout

sopron4.jpgJ’étais le 19 aout dernier à Sopron, ville-frontière située entre Hongrie et Autriche, à moins d’une heure de l’aéroport de Vienne. Spécialité locale : la médecine dentaire.
Un vrai Eldorado, tant pour les patients, du fait du rapport qualité / prix  qui malgré l’affluence reste inégalé, que pour le pays, le succès croissant du tourisme dentaire entrainant une prospérité économique sans précédent, du au développement de l’activité et du nombre de cabinets de dentistes et de cliniques spécialisées.

Si rien ici, ne rappelle plus le Rideau de fer, cette villeconstitue pourtant un symbole historique fort de cette époque. En 1990, lors des cérémonies célébrant la réunification Allemande, le chancelier Helmut Kolh a d’ailleurs déclaré : «La chute du mur de Berlin a commencé en Hongrie, le premier pas vers la réunion allemande était le pique-nique paneuropéen».

Ce fameux pique nique s’est effectivement déroulé à Sopron le 19 aout 1989, trente ans après la construction du mur de Berlin, des images qui ont fait le tour de monde.

Nous étions sur le site même du pique nique, aménagé comme un lieu de mémoire, j’allais dire de pèlerinage européen, et avons assisté aux cérémonies commémorant la date anniversaire de ce moment symbolique et pacifique qui a contribué à faire émerger l’Europe et fait vaciller le rideau de fer.

 

Les parrains de cette petite fête champêtre et insolite, bucolique cependant, étaient Imre Pozsgay pour l’opposition hongroise, et le prince Otto de Hasbourg (décédé en juillet dernier à qui je consacrerais  une prochaine note) Président du mouvement pan-européen.
Leur carton d’invitation, un simple tract représentant une rose sur un barbelé indiquant le lieu et les horaires de ce moment de convivialité. Tous deux cependant, afin de ne pas compromettre la réussite de cet événement, avaient prévenu les autorités qu’ils n’y participeraient pas personnellement.
Le barbecue organisé autour « de saucisses, des grillades et de la bière » était une première apparemment insensée : entrouvrir durant trois heures la frontière avec l’Autriche fermée depuis quarante ans afin de célébrer officiellement des relations de bon voisinage entre frontaliers.
Les deux pays étaient alors séparés, non par un mur comme à Berlin, mais par un réseau continu de 246 kilomètres de barbelés et de champ de mines. Il est utile de rappeler que de tels murs subsistent toujours sur la planète,notamment en Palestine sur plus de 700 km, et aux USA pour « protéger » ce grand pays des « poors workers » mexicains, un mur de la honte surnommée la « tortilla border » s’étalant sur 3200 km entre Océan Atlantique et Océan Pacifique.

Si à l’époque l’heure est déjà à la détente, les Hongrois ont enfin droit à des passeports qui leur permettent désormais de voyager à l’étranger et depuis 1985 l’URSS a pour dirigeant Mikhail Gorbatchev qui avec la Glasnost va changer la face du monde, l’initiative est tout de même gonflée. Les répressions qui ont suivi les évènements de Budapest en 1956, puis de Prague en 1968 sont encore dans les mémoires.
Le pique nique pan européen, va entrer dans l’histoire comme la 1ere brèche qui va ébranler le mur de Berlin ; trois mois plus tard , le 9 novembre 1989, celui ci s’effondrait.
Profitant de l’aubaine, 661 allemands de l’Est se sont invités au dessert, en jogging ou en Trabant et souvent en famille ils passent à l’Ouest sans qu’un seul coup de feu ne soit tiré ! L’un des principaux organisateurs de l’événement Laszlo Magas a déclaré lors des cérémonies du 20 eme anniversaire, « C’était comme si le génie sortait de la lampe merveilleuse d’Aladin. C’est comme un gros coup de chance, une ironie de l’Histoire ».
Il n’est reste pas moins vrai qu’à l’été 1989, personne ne pouvait prévoir la suite des évènements …

Ce lieu, cette date, cette manifestation, ont permis sans doute à notre continent de prendre un raccourci de histoire pour libérer enfin, « l’Europe captive » du communisme, comme l’écrivait Milan Kundera.

 

22 ans après que penser d’un tel événement ?

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PIG : More nature than nature ?

Les seine et marnais rêvent-ils de moutons électriques ?

 

5509mec_27.jpegLes incidences environnementales de « Villages nature » ne se limitent pas à ce seul projet, loin s’en faut. Le futur site touristique fait l’objet en effet d’un Programme d’Intérêt Général (ou PIG), qui impactera considérablement le secteur, et bien au delà des 500 hectares consommés par Dysney and Co.

La procédure du PIG est particulière, elle autorise l’Etat à imposer aux collectivités territoriales des projets reconnus d’utilité publique (ouvrage, opération d’aménagement… ). Concernant « Villages Nature », les associations environnementales remettent en cause cette notion « d’intérêt général », pour ce qui est de fait une appropriation par des entreprises privées, d’espaces forestiers et de terres agricoles, voués à être transformer en site touristique international.
C’est bien le lancement de Villages Nature qui a entrainé la révision du PIG initial du secteur IV de Marne-la-Vallée par l’Etat, qui prévoit que «la population devrait atteindre d’ici à 2030 entre 55 000 et 60 000 habitants», soit 35 000 habitants de plus qu’aujourd’hui , excusez du peu !

Une procédure qui transformera de manière irréversible un secteur bien plus étendu que prévu à l’origine ; si dans le décret initial de mars 1987 seul le secteur nord de l’A4 était urbanisable, la localisation actuelle intègre 108 hectares qui n’étaient pas concernés par cette convention.
Deux communes, situées hors périmètre, se sont trouvées intégrées, bien malgré elles, dans l’aventure de « Villages Nature », suite à une décision prise sans préavis ni concertation.

Les représentants des collectivités voisines (cf note précédente) ont insisté sur la nécessité préalable de mettre à niveau les infrastructures de transport (routières et ferrés) sur un secteur déjà saturé ! Sur ce point aucune précision n’a été donnée sur leur calendrier de réalisation et les modalités de financement, d’autant que les travaux autour du réseau du Grand Paris vont compliquer une donne déjà explosive.

Autant d’éléments, qui dans le cadre d’une opération plaçant à priori le Développement Durable comme priorité première font désordre et laissent pour le moins perplexe, tout en inquiètant un grand nombre d’élus.

Voilà un dossier de rentrée qui promet et risque fort d’évoluer dans les prochains mois, d’autant qu’il aborde deux problématique qui ne laisse peronne indifférent : celles de l’environnement et du lien social.

Car comme l’évoquait le slogan publicitaire de « Tyrell Coorporation », autre grande entreprise du 7eme art et qui inspire sans doute les managers de Dysney, méfions nous du : « More human than human »

Il est effectivement important, de replacer l’humain au centre de ce projet, l’humain réel pas son répliquant.

 

 

 

Des habitants ignorés

Le Maire et les habitants de Montry ont appris, du jour au lendemain, que 36 hectares de leur commune étaient réquisitionnés par l’Etat, avec pour conséquences majeures, une croissance de population de 66 %, en un temps record, des prescriptions architecturales ou urbaines imposées aux élus et au final une ville coupée en 2.

L’autre commune concernée, Coutevroult constitue également un cas de figure intéressant, puisque cette future ville champignon va effectivement connaitre selon le PIG une augmentation de population de plus de 300 %.

Lot de consolation pour ces deux communes, bien qu’elle ne fasse pas partie du même ECPI que le SAN, elles bénéficieront de la  « signature » architecturale et urbaine imposée, une préoccupation donc de moins pour les élus et la population. Ces villages bénéficieront d’une approche urbaine pour le moins raffinée, dans le plus pur style « dysneyland » (voir « Kaufman Broad ») et accéderont ainsi au à « nec plus ultra urbain » très apprécié outre atlantique. , Un style qui les éloignera quelque peu de la « Charte qualité village » adoptée notamment par ces deux communes et élaborée en partenariat avec le CAUE de Seine et Marne. Un saut qualitatif qui promet !

Des soucis, à priori, les élus, placés devant le fait accompli, en auront. Ils devront en effet assumer financièrement les besoins en équipements et structures suscités par cet apport de population non planifié,  dont ils ne pourront maitriser le rythme. Autant dire que cette décision, ne fait pas que des heureux et devant le tollé général suscité, les autorités ont tout de même reconnu « un léger manque de concertation »  …

Les particularités  du pays créçois et des villages avoisinants, qui avaient su jusque là préserver un urbanisme traditionnel à taille humaine, sont balayées par un projet venant des hautes sphères qui « densifie, uniformise, anonymise ». Après les jardins à la française voici venu l’époque des villages à la Dysney.

Espérons que Villages Nature ne remette pas en cause la création du projet de Parc Naturel Régional 

 

 

Un débat plus contrasté qu’il n’y parait

Le débat public a permis à certaines structures de donner leur avis sur le projet présenté. Des contributions de 2 à 10 pages pour les cahiers d’acteurs, à la disposition de tous, que je vous invite à parcourir, tant elles permettent de connaître les différents points de vue et de se faire une idée plus précise. Ils font l’objet d’une large diffusion assurée par la Commission particulière du débat public (CPDP), organisatrice et arbitre du débat.

Voici deux des contributions au débat, celle de Nature 77 et de la Chambre d’Agriculture :

Nature Environnement 77 qui fédère une soixantaine d’associations seine-et-marnaises de protection de la nature, de l’environnement et du cadre de vie, a publié un cahier d’acteurs hostile au projet et préconise de :

• Contenir la ville nouvelle dans ses limites initiales.

• Préserver la ruralité du secteur et de la vallée du Grand Morin, dans toutes ses composantes: espaces naturels, forestiers, agricoles, structure et patrimoine des villages.

• Rendre compatible les activités humaines avec la qualité environnementale des sites.

• Repenser le transport des biens et des personnes, dans un souci d’économie et de diminution de la pollution.

• Entreprendre une véritable concertation avec les associations et la population.

• Valoriser le territoire grâce au projet de parc naturel régional de la Brie et des Deux Morins. Le territoire agricole actuel constituant une zone tampon entre ville nouvelle et forêt de Crécy, sa suppression faisant butter directement en contact front urbain constitué et  massif forestier, ce qui va à l’encontre de l’objectif théorique de préserver une « trame verte et bleue » garante de la biodiversité.

L’association rappelle deux principes du SDRIF de 2008 :

Conditionnant l’urbanisation de ce secteur à la réversibilité des aménagements. Ce projet devrait donc prévoir et estimer le cout d’un retour à l’état actuel (agriculture, forêt) dans le cas ou il ne s’avérerait pas viable.

« la volonté de préserver des espaces ouverts, très appréciés pour leur proximité du cœur d’agglomération, et l’agriculture périurbaine, fragile, qui assure en partie la gestion de ces espaces ».

 

La Chambre d’agriculture souligne la consommation croissante d’espaces naturels et agricoles en France depuis plus de quarante ans.  Les données 2009 et 2010 font état de 93 000 hectares l’an consommés, soit en 5 ans l’équivalent d’un département comme la Seine-et-Marne (24 m2 chaque seconde). Pour notre département se sont 1 000 hectares en moyenne par an qui s’urbanisent.

La population est passée de 650 000 habitants en 1968 à près de 1 300 000 habitants avec tous les besoins en équipements, infrastructures et services que cela suppose et la transformation profonde de l’équilibre des espaces naturels et agricoles et de la physionomie des paysages locaux.

Point positif, le projet « Villages Nature » mentionne que 20 % de la nourriture proposée sera constituée de produits locaux (rayon de 100 Km autour du Village) en affichant des objectifs ambitieux en matière d’alimentation : 20% bio, 25% à moins de 100 km, 30% fruits et légumes de saison, 50% commerce équitable (thé, café…).

Seul problème, ces objectifs sont pour l’heure totalement irréalistes, voir fantaisistes car en total décalage avec l’agriculture francilienne spécialisée dans les « grandes cultures » (principalement blé 40%, maïs 13%, colza 11%, betteraves 2%, orges 6%, pois 12%…).

Pour que les agriculteurs, notamment locaux, soient en mesure et en capacité de répondre, il faut engager une véritable mutation qui nécessite des engagements clairs et pérennes, et un accompagnement logistique et financier : investissements, mutualisation de matériel, savoir faire, main d’œuvre spécialisés … Car les exploitations locales sont le reflet de l’agriculture de la région Ile de France, pas du tout dimensionnée vers l’approvisionnement local, le maraichage ou la production de fruits. Il serait pour le moins dommageable et paradoxal que le bio, ignorant la philosophie des filières courtes proviennent par camions ou avions d’autres régions du monde !

Mais le projet pourrait prendre une toute autre dimension, en initiant la transition de l’agriculture seine- et-marnaise : soutien à l’installation de producteurs bio, renforcement de l’autonomie alimentaire, création de filières de distribution courtes, compensation foncière afin de sauvegarder les entreprises agricoles impactées par le projet …

 

Des infrastructures totalement insuffisantes

La situation actuelle au niveau de la desserte du secteur, qu’elle soit routière ou ferrée, est plus que difficile : RER saturé, bouchons quotidiens sur les routes … Il est certain que le projet de PIG qui accompagne Villages Nature n’arrangera rien et risque fort au contraire de compliquer une donne qui n’est déjà pas simple  !

L’Etat n’a encore présenté ni les modalités (financement, procédures,…) ni le planning de réalisation des liaisons prévues dans la mise en œuvre du projet.

Il est tout aussi clair que les collectivités voisines, qui ont géré seules les contrecoups de l’arrivée puis du développement de Dysney, sans recevoir aucune contrepartie des richesses générés, demeurent réservés sur de tels projets dont ils risquent fort de ne voir aucune des retombées.

 

 

Calendrier prévisionnel

 

Les enquêtes publiques

Avec la fin du débat public s’achève la première phase de la concertation. Elle sera suivie des différentes enquêtes publiques, qui se succéderont : intérêt général du projet, acquisitions foncières, modifications des documents d’urbanisme dans chaque commune concernée, loi sur l’eau…

Elles seront organisées dans les deux mairies concernées par le projet, Bailly-Romainvilliers et Villeneuve-le-Comte. Chacun pourra s’y informer du projet et exprimer son avis, ses critiques et ses suggestions.

 

La Déclaration d’Utilité Publique (DUP)

Une procédure administrative qui devra déclarer d’utilité publique des infrastructures de transport routier nécessaires à la desserte du projet Village Nature, procéder aux  acquisitions foncières par voie d’expropriation pour cause d’utilité publique, mettre en conformité les documents d’urbanisme : Schéma Directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF), Plan Local d’Urbanisme (PLU), Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) avec le projet Villages Nature.

C’est une fois que l’arrêté de DUP sera signé et publié que les permis de construire pourront être délivrés.

 

 

Début des années 2000

Euro Disney étudie, suite à l’ouverture de son deuxième parc la possibilité de poursuivre son extension. Sa collaboration sur un projet à Val d’Europe (Adagio Aparthotel) avec Pierre & Vacances qui vient tout juste de prendre le contrôle des Centers Park ouvre de nouvelles possibilités sur un concept tourné sur plus sur la nature, que le divertissement.

 

2003

Euro Disney et Pierre & Vacances créent une société d’études afin d’étudier la faisabilité de créer un  « Village Nature » à proximité de Disneyland Paris et de Val d’Europe. Un choix guidé pour des raisons contractuelles avec les collectivités territoriales et l’Etat, existence d’une convention signée en 1987Aux termes de l’avenant à la Convention de 1987 signé le 14 septembre 2010, le projet couvre 259 hectares, dont 195 ha sur la commune de Villeneuve-le-Comte, 58 ha sur Bailly-Romainvilliers et 6 ha sur Serris) des considérations plus géographiques et de logistique.

 

février 2007

les deux initiateurs signent une lettre d’intention avec les pouvoirs publics, afin de confirmer l’intérêt de ces derniers pour ce projet. Volonté prolongée par la publication en 2009 d’un livre blanc.

 

2008

Définition des conditions du projet par les diverses parties concernées (Pierre et Vacances, Eurodisney et les partenaires publics).

 

 septembre 2010

un avenant à la Convention de 1987 est signé, qui en prolonge la durée de 2017 à 2030.  L’état dans et envisage une stratégie de développement à cet horizon pour l’ensemble du secteur de Val d’Europe et de sa périphérie, rendant notamment possible la mise en œuvre du projet Villages Nature.

 

2010

la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) décide que le projet Villages Nature doit faire l’objet d’un débat public,

Étude de réalisation sur site de la première phase comprenant deux villages, celui sur le thème de la forêt et celui sur le thème de l’eau.

le conseil régional d’Île-de-France autorise le chantier de Villages Nature. Cependant, auparavant, il a été décide d’organiser un débat public sur le projet, organisé conjointement par l’Etablissement public d’aménagement (EPA France) et la société « Les Villages Nature du Val d’Europe », qui portent le projet.

Euro Disney SCA et l’État français signent un avenant à la convention qui la prolonge jusqu’en 2030 au lieu de 2017 et agrandit le complexe qui passe de 1945 ha à 2230 ha.  Cet avenant officialise le projet de Villages Nature, 7 000 logements à vocation touristique développés par le groupe Pierre & Vacances sur 520 hectares, pour un investissement de 1,8 milliard d’euros; ainsi que la construction de 10 000 logements permanents dans le cadre du développement urbain de Val d’Europe

 

12 avril au 24 juin 2011

Débat public

 

2015

Ouverture de la première phase du projet avec 2300 maisons avec 32000 m² de surface d’activité.

 

2020

Phase 2 : construction des deux autres villages.

 

14 juillet 2011

affiche.jpgFêter le 14 juillet c’est poursuivre la longue chaine des commémorations de la fête nationale qui se sont succédées depuis 1790, mais aussi et surtout célébrer les trois valeurs républicaines qui ont fait de nous, ce que nous sommes et de notre pays, la France et qui au fil de l’histoire se sont diffusées comme autant de signes d’espoir en un monde meilleur.

« Liberté, égalité, fraternité », valeurs intemporelles et universelles s’il en est, complémentaires aussi, tant la fraternité fédère les deux premières. Lorsque la  société est morcelée, fragmentée, éclatée, que l’individualisme se développe, la fraternité prend alors tout son sens, sinon à quoi sert de vivre ensemble ?
La solidarité est la mission première des collectivités et notamment de nos communes, car si elle ne s’en préoccuperaient pas qui le ferait ?

En ce 14 juillet 2011, l’atmosphère est maussade, es temps paraissent difficiles et les français sont carrément pessimistes. La faute à une crise interminable dont personne ne voit la fin et la transformation de nps repère habituels, trés certainement, mais aussi sans doute à l’absence de perspectives politiques immédiates, en  attendant 2012.

Ceci étant, il faut relativiser, dans la passé de notre pays bien des 14 juillet ont été plus dramatiques, les conflits mondiaux du siècle dernier en attestent. Sous d’autres latitudes également ce 14 juillet est plus rude.
Comment ne pas penser en ce jour aux 6 soldats tombés en Afghanistan pour défendre l’idée qu’ils se faisaient de la France et de ses valeurs. J’avoue cependant avoir du mal à comprendre l’utilité d’un engagement militaire dont la justification ne semble plus qu’être la défense du régime corrompu d’Hamid Kharzaï, de plus en plus isolé et rejeté des afghans. J’ose espèrer que le sacrifice de nos 70 soldats tués ne soit pas vain, et que ce conflit ne se révèle pas constituer une impasse dramatique.

Mais cette journée était également placée à Trilport sous le signe Napoléonien, du fait de la présence des grognards qui étaient parmi nous, histoire de commémorer le 14 juillet …

 Pourquoi, pourriez vous vous demander ?

 

 

 

 

Ces grognards sont  les premiers volontaires recrutés afin de constituer un corps d’armée qui devrait en rassembler plus de 600. Une association (les Grognards de la Marne) s’est constituée afin d’organiser la reconstitution grandeur nature de la  bataille napoléonienne qui s’est déroulée en mars 1814, entre Trilport et Montceaux les Meaux, l’un des derniers combats de Napoléon. 

Les armées napoléoniennes étaient composées à l’image de la France, multiple. Une multitude, bâtie au fil des siècles par les  générations de belges, polonais, italiens, espagnols, portugais, arméniens, africains, algériens qui se sont progressivement installés puis assimilés, devenant enfin citoyens français.

Ces femmes et ces hommes ont désiré ardemment et plus que tout devenir français. Pour eux, plus qu’une reconnaissance, une nouvelle identité et une responsabilité individuelle et collective, à l’image de la France que l’on aime et qui aime : terre d’accueil, de liberté, d’égalité, de fraternité mais aussi de révolte, de courage, d’innovation, de progrès et d’espoir … 

Il nous faut aujourd’hui retrouver l’idéal qui a animé et porté les citoyens de la première république, affamés de pain mais aussi de justice et d’espoir en un monde meilleur.
C’est ensemble que nos compatriotes depuis 1789 ont surmonté toutes les épreuves, conquis bien des Bastille, c’est ensemble qu’une fois de plus, ils rebondiront.

Car la France ce n’est pas simplement du bleu, du blanc et du rouge, c’est aussi et surtout une formidable espérance collective qui s’est constituée au fil des siècles, grâce à des valeurs indémodables et incontournables qui ont forgé son identité et constitue le socle républicain : liberté, égalité, fraternité et laïcité.

 

 

 

 

« Villages nature » est il réellement nature ?

lagoon.jpgLa SNCF lors de la dernière réunion du club de partenaires avant la trêve estivale, a eu la judicieuse idée d’inviter Dominique Cocquet, Directeur général de «Villages Nature », afin qu’il présente un projet qui a déjà fait couler beaucoup d’encre.
Ce « routier » du « monde merveilleux de  Disney », société ou depuis 20 ans il occupe divers postes à responsabilité, venait tout juste de clore le cycle de réunions de concertation imposé par la Commission nationale du débat public (site de la CNDP, note du blog sur cette instance), c’est dire qu’il était affuté pour cette présentation.

Son discours a coulé, limpide comme de l’eau de source, le manager aguerri laissant place à un véritable évangélisateur au discours  environnemental quasi mystique soulignant l’harmonie entre l’homme et la nature et célébrant la rencontre entre génie humain et génie des lieux.

Ne nous y trompons cependant pas, derrière le « green washing » d’une présentation publique bien rodée, le model business du projet apparaît clairement. Rappel utile, Dominique Coquet dans une vie antérieure a également dirigé Forest-Hill Développement et à ce titre le projet Aquaboulevard de Paris.

Villages nature est une joint venture entre deux acteurs majeurs du tourisme et du divertissement « Pierre & Vacances Center Parcs », leader européen du tourisme de proximité (40 années d’expérience) et Euro Disney, dont le navire amiral Disneyland Paris, est la 1ere destination touristique européenne avec plus de 230 millions de visites depuis 1992. Leur collaboration est né d’un projet commun mené sur Euro Dysney en 2003 (Adagio Aparthotel).
Les deux nouveaux partenaires décident de surfer sur une tendance de fond autour de l’environnement, et l’intérêt croissant pour l’éco tourisme et le tourisme vert. Deux initiatives du Groupe Pierre & Vacances Centers Parc vont dans ce sens : le domaine de Belle Dune, en baie de Somme (label Éco-Village), et le dernier né des Centers Parcs, celui des Trois Forêts Moselle- Lorraine.

Villages Nature est le fruit de cette réflexion sur la « quête de l’harmonie entre l’homme et la nature », concept totalement adapté aux vacances familiales; mixt entre un immense Center Parc nouvelle génération et des résidences hôtelières thématiques, dans l’esprit du Davy Crockett Ranch.
Le projet initial est d’élaborer un prototype, encore faut il disposer d’un espace suffisamment étendu et d’infrastructures à proximité. En cas de succès, le nouveau produit touristique pourra s’attaquer à? d’autres marchés européens (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Royaume-Uni …).

Un site semble particulièrement adapté; localisé au coeur de l’Europe, à 6 km de Disneyland Paris; avec une surface potentielle de 500 hectares. Il présente l’avantage déterminant d’être à proximité immédiate de Disneyland, ce qui permet non seulement à ces deux pôles d’être complémentaires, mais  de partager les infrastructures déjà existantes ou prévues sur Val d’Europe : 1er hub TGV de France à Marne-la-Vallée/Chessy, RER A, Autoroute A4, lignes de bus interurbaines, navettes aéroportuaires …

C’est ainsi que le projet « Villages nature » est né …

Mais, ce  projet qui marquera notre environnement immédiat dans les prochaines années est il respectueux de la nature ?

 

 

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Un concept bâti autour de trois idées forces

Dans sa présentation, Dominique Coquet s’est présenté comme un écologiste refusant toute option  nostalgique ou rétrograde de l’environnement, et envisageant  l’avenir de manière résolument « positive », trois idées forces résument pour lui le  concept de Villages Nature :

Devenir une destination de villégiature

La cible poursuivie est principalement la clientèle familiale européenne. Placer Développement Durable et Nature au cœur du projet paraît un excellent argument commercial. Pour ce faire, les porteurs du projet ont appliqué les principes de la méthodologie « One Planet Living », élaborée par BioRegional et WWF International pour élaborer leur Plan d’Action Durable initié vise à réduire l’empreinte écologique du projet et tendre vers le «zéro carbone».

« Célébrer » l’harmonie entre homme et la nature

Réunir « génie des lieux » et « génie humain », fil rouge du model business. Idée centrale du projet, dans le sens « extra ordinaire », pour le « génie des lieux » utiliser la nappe géothermique à 78° nichée à 1 800 mètres de profondeur (dogger) et exploiter l’eau qui s’y trouve pour couvrir les besoins en chauffage et en eau chaude de Villages Nature dont un lagon de  3 500 m² !

Concevoir une offre d’hébergement « différente » et insolite

L’autre innovation technologique est représenté par une architecture célébrant la relation privilégiée entre homme et nature.  Les sources d’inspiration sont multiples, un mixt entre Art Nouveau, jardins Zen, les travaux  de l’architecte Hundertwasserle, précurseur de l’architecture environnementale et de « l’empreinte écologique » du citoyen et du citadin moderne. Il avait créé des immeubles avec des arbres aux fenêtres (l’arbre-locataire), ce qui lui a fait dire : « Certains disent que les maisons sont faites de murs. Je dis qu’elles sont faites de fenêtres. »

Afin de définir une «charte architecturale originale d’aujourd’hui », une équipe d’architectes et de paysagistes renommés, dont Jacques Ferrier (Pavillon français de l’Exposition universelle de Shanghaï), Jean de Gastines, et le paysagiste Thierry Huau, doivent définir les ambiances naturelles, qu’elles soient lacustres ou forestières

L’objectif est de faire d’un séjour à Villages Nature une expérience inoubliable, le temps d’un voyage imaginaire et intemporel en famille, dans un des quatre villages thématiques : l’eau (parc aquatique doté d’un lagon extérieur chauffé toute l’année à 30° grâce à l’énergie géothermique), la forêt (Davy Crockett’s Adventure), la terre (ferme …), le sport et la santé (centre de remise en forme : diététique, relaxation, etc.).

Une nature avant tout artificielle

Se voulant exemplaires en développement durable, les promoteurs du projet ont mis au point un Plan d’Action Durable (PAD) en 10 cibles avec deux ONG, dont les principales sont : un Coefficient d’Occupation des Sols inférieur à 10 % avec  des espaces naturels représentant  plus de 90 % de sa surface, la recherche de « l’exemplarité » en matière d’empreinte écologique (gestion des déchets, recyclage de l’eau, environnement sans voiture, utilisation de matériaux durables… ), l’utilisation de la géothermie profonde devant couvrir 97 % des besoins en chaleur de Villages Nature grâce à deux puits forés à 1 800 mètres, l’eau à 78°C permettant d’alimenter les réseaux de chaleur en surface avant d’être réinjectée dans la nappe souterraine (dogger).

Cependant, force est de constater que Villages nature constitue en premier lieu et quoiqu’en dise ses initiateurs, un « parc de loisirs », avec tout ce que cela suppose d’artificiel, d’aseptisé. L’harmonie entre l’Homme et la nature étant pour le moins préméditée. Nous sommes en fait, beaucoup plus prés d’un Center Park géant que d’une destination de tourisme vert, telle la Forêt de Fontainebleau ou  les bords de Marne, pour garder une ambiance locale forestiére ou lacustre. Et que penser du point d’orgue du projet, le lagon artificiel ?  Villages Nature est un parc de loisirs dont la thématique est une représentation artificielle et virtuelle de la nature.

D’autre part, pour un projet qui place le Développement Durable en priorité absolue, les ambitions énergétiques font sourire, tant nous sommes éloigné de l’excellence environnementale. Se limiter au simple respect de la réglementation Thermique 2012 (environ 65kwh/m2/an) pour un projet se prévalant de fortes valeurs environnementales et qui sera inauguré en 2015 au plus tôt, cela fait désordre !

Caractéristiques du projet

La première phase de Villages Nature s’étendra sur 175 hectares aménagés, et prévoit la construction de 1 730 logements (appartements, cottages …). Elle mobilisera un investissement global de près de 700 M€. Mais à terme, c’est plus de 7000 maisons et appartements qui seront construits d’ici 20 ans, sur une surface de 520 hectares (10 % seulement de bâti) avec l’éventualité de créer un 3eme parc à thème.

Le projet devrait générer environ 7 M€ de taxes locales par an et la création de 4 500 emplois, dont 1 600 directs. Les travaux pourraient commencer au premier semestre 2013, en fonction des acquisitions foncières, pour une ouverture au public à l’horizon 2015.

Lors de sa présentation, Dominique Coquet a insisté sur la capacité de Villages nature à devenir un moteur du tourisme seine et marnais.
Beaucoup en doutent cependant, la clientèle visée, les types de séjours envisagés, l’expérience d’Euro Dysney démontrent qu’il existe un véritable effet « bulle » du parc de loisirs, plus accentué encore dans un Center Parc la bulle n’y étant même plus virtuelle, d’autant que le savoir faire des équipes de Dysney ou de Pierre et Vacances sont de rendre les  visiteurs captifs de l’offre initialeet des divers services qu’ils peuvent proposer en interne.

Mais ce qui à fait le plus réagir les élus présents lors de cette présentation, comme les responsables des infrastructures de transport, n’est pas seulement le concept « Villages Nature » mais bien le PIG ou Programme d’Intérêt général, qui fera l’objet de la prochaine note.

Grand Paris : L’intensité urbaine à l’ordre du jour

jardin-abbe-pierre_s.jpgLa 1ere soirée débat des « Conversations Métropolitaines » (cf note précédente), consacrée à l’intensité urbaine a été inaugurée par le tout nouveau Président de l’Atelier International du Grand Paris, Pierre Mansat dans un lieu totalement adapté au sujet des tables rondes, et certainement pas du au hasard,  puisqu’il s’agit de l’amphithéatre de l’Université Paris Diderot, implanté en plein cœur de la Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) « Paris Rive Gauche ».

Cette  ZAC constitue l’opération urbaine la plus ambitieuse menée à Paris depuis le 19 eme siècle. Nous sommes déjà dans la ville post Kyoto : tours résidentielles, jardins durables, celui de l’abé Pierre est un modèle de gestion différenciée des espaces, passerelle pour piétons, réutilisation d’anciens bâti industriels emblématiques, telle l’ancienne halle des Grands Moulins de Paris abritant l’amphithéatre, le Paris d’Hausmann est bien loin …

Nous sommes incontestablement dans un morceau de ville qui se régénère … Manque cependant à proximité de l’amphi,  des parcs à vélo, comme quoi la durabilité est un long combat !
Aujourd’hui plus de 5.000 habitants y vivent, 15 000 salariés y travaillent, à terme ils seront prés de 20 000 habitants pour 60.000 salariés !

C’est dire l’importance de ce chantier hors norme de plus de 130 hectares, situé à un jet de pierre de la Très Grande Bibliothèque de France. 

Force est de constater que les trois tables rondes qui se sont succédées, animées par Cyrille Poy, journaliste des plus spécialisés, nous ont plongé au cœur des thématiques liées à l’intensité urbaine, et des freins entre cet objectif encore lointain est la situation actuelle ressentie par les acteurs du terrain.

Constat, l’intensité urbaine doit intégrer deux  paramètres : la multiplication des recours juridiques due à une complexité incroyable des procédures et l’échelle des temporalités …

 

 

 

De la boite à outils règlementaire appliquée à l’intensité

Christian Curé (Directeur Adjoint du Développement Durable de la Direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement) a fait un point d’étape sur la relation entre les besoins urgents et croissants en matière de logements (nombre, diversité, mixité sociale et générationnelle, durabilité du développement  …) et l’évolution du contexte règlementaire. Une relation duale qui du fait d’une complexité croissante des textes et des procédures ralentit considérablement les réponses à apporter à un besoin vital de notre société, celui de se loger.

Il note l’accumulation de textes règlementaires de ces dernières années en lien avec la construction de logements. La boite à outil est désormais bien garnie, trop bien garnie au regard de la complexité juridique croissante et de la longueur des procédures. Le besoin de simplification devient urgent, notamment et surtout face à la multiplication des recours. Pour un élu, notamment de petite ville, le moindre PLU est un vrai parcours du combattant, l’intérêt général étant souvent mis à mal par certains intérêts particuliers contrariés.

Force est de constater que le temps du Plan d’Occupation des Sols de géomètre est bien révolue. Le Schéma de Cohérence Territorial (SCOT), le Plan Local d’Urbanisme sont véritablement porteurs d’une véritable stratégie territoriale à moyen et long terme permettant d’anticiper certaines tendances ou exigences, notamment environnementales.

Ils constituent des outils précieux de gestion du temps long et de la mutabilité et permettent d’avoir d’authentiques perspectives territoriales.

Dans cette gamme d’outils, soulignons :

  • la place croissante prise par les Plans locaux de l’Habitat, qui apporte une approche réellement sociale qui permet d’infléchir les politiques territoriales sur la problématique du logement, ses exigences et ses contraintes, 
  • l’utilité des Etablissements Publics Fonciers, véritables facilitateurs pour définir des stratégies urbaines territoriales adaptées à chaque localité en tenant compte de ses particularités. Un constat  que nous vérifions chaque jour à Trilport depuis la signature de notre partenariat local avec l’EPFIF.

Olivier Waintraub (Directeur du Développement île-de-France de Nexity) est revenu sur le contre point de cette complexité règlementaire, la multiplication des recours juridiques, «véritable poison » qui met en danger  trop d’opérations, le temps du recours étant toujours supérieur à celui de la promesse de vente. Il regrette également la formation quelquefois insuffisante des magistrats en urbanisme, notamment vu l’involution incessante des textes juridiques …

Problématique rappelée par beaucoup d’élus présents,  dénonçant le véritable chantage exercé par certains concitoyens confondant intérêt particulier et intérêt général, usant jusqu’à en abuser du contentieux juridique. La complexité croissante des procédures faisant du moindre document d’urbanisme un véritable parcours du combattant semé d’embuches juridiques, terrain de chasse privilégié d’avocat en mal de clientèle, faisant du contentieux une niche très rémunératrice.

Situation qui a pris une telle ampleur, qu’une panoplie de parades est en élaboration au Ministère,  afin de faire évoluer le contexte règlementaire et de passer d’un urbanisme de normes à un urbanisme de projet.
Méthode employée celle « des petits matins », aux antipodes du grand soir parait il, à voir …

  • 70 mesures retenues, la plus médiatisée consistant à doubler la surface maximum pour laquelle une simple déclaration préalable suffit (de 20 à 40m2) en lieu et place d’un permis de construire, autant dire qu’elle ne fait pas la joie des architectes.
  • Quatre groupes de travail : planification, Mise en œuvre Opérationnelle, Fiscalité et Finances, Stratégies Foncières
  • Deux leviers : agir sur la fiscalité et sur l’action juridique, afin de limiter les recours abusifs contre les permis de construire, parfois d’origine frauduleuse.

Cette nouvelle réforme, intitulée « urbanisme de projet » devrait être présentée au Conseil des ministres d’ici septembre 2011, autant dire qu’elle est attendue notamment sur l’aspect simplification des procédures par beaucoup d’acteurs du terrain.

 

« Le paradigme de l’intensité face à l’échelle de temporalité »

Après le versus juridique, la seconde table ronde, a abordé sinon le sens de la vie, du moins celui des mots dédiés à la question de l’intensité urbaine.

Sabri Bendimérad, architecte de l’équipe Winy Maas (MVRDV), a rappelé l’éthymologie de certains mots clés, permettant ainsi de dégager les différences (bien plus que les nuances) entre certains concepts employés par les uns et les autres : 

  • Densité : Emprunté du latin densus, « épais, serré, compact, condensé ».
  • Intensité : Emprunté du bas latin intensus, « fort, violent ».
  • Compacité : Dérivé de compact, sur le modèle de capacité, efficacité, opacité.

Pour faire sens, il associe le concept de densité à celui d’addition et le concept d’intensité à celui de la multiplication, tant ce dernier conjugue selon lui, programmation et temporalité, du fait de la possibilité de revenir en arrière ou d’inverser certaines utilisations ou usages … Quatre principes sont selon lui, révélateurs de l’intensité et de sa connectivité à la société :

  1. ·      L’optimisation des ressources
  2. ·      La croissance des logiques urbaines et locales
  3. ·      La conjugaison des temporalités et la standardisation des usages
  4. ·      La réversibilité

Sur l’importance prise par certains mots, Pierre Paulot (directeur de l’architecture et de l’environnement du groupe immobilier I3F) a quelque peu brocardé, la jargonite des urbanistes … Il est vrai que parler du « paradigme de l’intensité », fait classieux, muais n’interpelle pas forcemment le citoyen lambda. Il l’associe plus simplement à certaines fonctions de la ville : le logement, l’équipement et le transport, si la densité se mesure, l’intensité se ressent par la porosité des formes urbaines, l’échelle également des discontinuités …

Il faut redonner envie de ville, à partir d’un véritable projet de ville en apportant des réponses appropriées aux difficultés en financement, en matière grise ou en gouvernance.

 

Une interrogation qui n’est pas qu’hexagonale, c’est ce qu’à rappeler Vincent Fouchier, DA de l’IAU RIF, en responsabilité au niveau de l’OCDE, du groupe de travail planchant sur l’urbain, en Europe, c’est la notion de compacité, qui a été retenue, avec des formes différentes selon les latitudes.

Il est important de se livrer à un véritable benchmarking  et d’expérimenter plusieurs types d’organisation. La difficulté selon les retours d’expériences portent plus, au niveau de l’intensité sur la gestion des flux, l’animation dans la ville, les usages que dans l’organisation physique de l’espace.  Certaines expériences de forme urbaine (bimby notamment) constituent des « signaux faibles » à prendre en considération, cars pouvant enrichir la perception de notre environnement et inciter à certaines anticipations ou choix prospectifs.

Il insiste plus que jamais, devant les priorités environnementales de revenir à une forme moderne et intelligente, de planification, notamment au niveau du moyen long terme, afin d’assurer la plus grande cohérence, le phasage et le pilotage (accélérer, ralentir), de des évolutions urbaines en cours et sur l’importance de ne pas remettre en cause des espaces ouverts pouvant être déterminant pour les générations futures.

La dernière table ronde, celle des élus a rappelé certaines vérités :

La ville ne cesse de se construire, mais notre société doit fait face à certains aléas : judiciarisation croissante des relations sociales, problème de financement … Elle doit répondre à l’angoisse des habitants face à un avenir incertain, et à un  véritable problème identitaire et de valeurs avec la ville, sa culture n’étant pas urbaine, mais rurale.

Une perspectives et des valeurs qui sont toujours encouragées par des discours politiques à contre courant pourtant de l’évolution environnementale de la société et de ses priorités essentielles : réchauffement climatique que de la protection de la bio diversité.

Il faut donc changer de Graal !

Enfin, la difficulté la plus existencielle, tant elle nous rappelle notre triste condition humaine, est celle  de l’échelle des temporalités, qui décidemment n’est pas la même entre les différents acteurs : promoteurs, aménageurs, élus, habitants,

mais aussi entre la ville elle même et la planète.

 

Mais comme il est écrit,  ceci est une autre histoire

 

 

 

Petites Villes : sens de la vie ou sens de la ville ?

jean-viard-photo-2009-07-06-VIII-universite-d-ete-310.JPGLors des assises de l’APVF (cf note précédente) les Maires des Petites Villes, ont été interpellé par l’intervention de Jean Viard, chercheur (CNRS, CEVIPOF), éditorialiste (JDD, Terra Eco …)  à ses heures perdues et élu local également. Il a esquissé en quelques traits le portrait d’une société en pleine (®)évolution, dans laquelle la carte n’est plus liée à un seul territoire mais bien à plusieurs, dont certains, virtuels et globaux.

 Constat positif cependant, nous vivons de plus en plus longtemps :

« En un siècle, nous avons gagné vingt-cinq ans d’espérance de vie. Onze ans depuis 1945. Cinq ans depuis 1981. Trois heures par jour actuellement. C’est d’ailleurs pour cela que nous serons bientôt neuf milliards …

Si vous avez la chance d’avoir du travail pendant 42 ans et 35 heures par semaine, vous travaillerez en tout 63 000 heures dans votre vie, mettons 70 000, avec les heures sup et autres compléments. La vie en France dure en moyenne 700 000 heures. Le travail égale donc moins de 10% de la vie en 2010.

En 1900, on travaillait 40% de sa durée de vie. Nous avons bâti une société de vie longue et de travail court et nos enfants vivront 100 000 heures de plus que nous. »

 

Si l’espérance de vie s’allonge, paradoxalement dans le même temps la société devient de plus en plus pessimiste en l’avenir, et fait face à une crise profonde, qui n’est pas seulement financière et sociale, mais plus globale, concernant également le politique, la quête de sens et de valeurs.

Plus que jamais, nos concitoyens ont besoin d’horizon, de perspectives, car pour  Jean Viard, aujourd’hui si les français se rattachent tant au présent, c’est bien par peur du futur … Même les afghans sont plus optimistes, c’est dire  !

Que penser d’une telle analyse ?

 

 

 

La carte et les territoires

Incontestablement, les  modes de vie évoluent, « The times they are a changing » chantait prophétiquement Dylan dans les années 60, une chanson prémonitoire que l’on peut s’en peine coller  à notre époque, tant elle en est également le reflet …

Le nomadisme s’impose peu à peu, que ce soit au niveau des objets usuels de consommation (Smartphone, tablettes …), que dans  nos modes de vie quotidiens, nos représentations, nos envies ou nos imaginaires.
La mobilité caractérise nos vies, deux illustrations : 61% des citoyens ne vivent pas là ou ils travaillent, et nous effectuons en moyenne 45 km / jour, pour nous y rendre …

L’espace géographique des français se distend chaque année, notamment en Ile de France, et les temps de transport diminuent, de manière inéquitable cependant, créant de fortes disparités  territoriales : il y a les territoires « in » et les territoires « out ».

La carte de France des temps de transport en train illustre les bouleversements en cours qui bousculent nos repères et les équilibres économiques et politiques locaux. La Province, même lointaine, devient du coup, plus proche de Paris que sa propre banlieue !

 

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Autre évolution le développement des villes, une tendance planétaire et quasi universelle. Si beaucoup de nos concitoyens habitent des villages ou des petites villes (un habitant sur trois), souvent pour des raisons liées au prix du foncier, ils aspirent à y bénéficier de toutes les commodités du citadin. Leur culture est en apparence celle des espaces et des campagnes, pourtant l’urbanité est au cœur de leurs modes de vie quotidiens.

Conséquence, notre société devient selon Jean Viard une société d’infidélités : il y a le territoire où l’on vit, de moins en moins longtemps du fait des exigences liées à la  mobilité professionnelle, le territoire où l’on travaille, celui où quelquefois on va en vacances ou en week end, et tous les autres … jusqu’aux plus virtuels, notamment lorsqu’ils sont réseaux sociaux.
Dans ce maelstrom, le territoire local possède toujours des vertus identitaires auxquelles désespéremment beaucoup se raccrochent, y compris même s’il s’agit plus d’identité mémorielle, plus liées au « où es tu né ? » qu’au « où vis tu ? ».

L’organisation territoriale du pays évolue également,  rien de plus normal. La carte et le territoire nécessitent une gouvernance pour fonctionner et être en résonnance et cohérence. Rappelons que les départements sont liées à la mobilité depuis l’origine de leur création par les Révolutionnaires de 1789, étant destinés à rompre avec le centralisme territorial de la monarchie, la révolution a donc créé 83 départements organisés autour d’un chef-lieu (la « préfecture ») accessible en une seule journée de cheval. Depuis 1789, l’eau a coulé sous les ponts, la journée de cheval ne signifie plus grand chose, et l ’échelle des proximités locales a également évolué, différemment selon les lieux …

L’interrogation sur le mode de gouvernance d’un territoire donné, doit être complété par une autre question à mon sens et d’une actualité brulante :  quelle proximité pour quelles solidarités, et quelles ressources pour ces solidarités ?

 

 

La quête de sens

D’autres fondamentaux plus existentiels et plus matérialistes influent sur les envies, frustrations, imaginaires et perspectives des uns et des autres et sont à l’origine de cette angoisse en l’avenir. En France, 45 % des personnes pauvres ont moins de 25 ans soit, mais les « jeunes des quartiers » sont deux fois plus chômeurs que les autres.
Dans le même temps l’écart de revenus entre les générations ne cesse de croître, les jeunes retraités gagnent plus que les actifs de 35 ans, qui eux mêmes gagnent plus que les plus jeunes. La  précarité dans laquelle se retrouve trop de jeunes explique pourquoi ils ont manifesté pour les retraites ! Où sont les lendemains qui chantent !

Pourtant globalement l’avenir est à la jeunesse, car la planète est de plus en plus jeune, le printemps arabe est sur ce point révélateur, cependant la France et l’Europe vieillissent, la France plutôt moins d’ailleurs que le reste du continent. Une réalité et des perspectives qui inquiètent beaucoup de nos concitoyens et ferait bien d’être analysé à sa juste valeur par les politiques qui condamnent l’immigration, dans beaucoup de pays européens, notamment l’Allemagne, c’est elle qui fait de plus en plus fonctionner l’économie nationale.

Nous consommons également chaque jour de plus en plus de produits manufacturés venant de plus en plus loin et coûtant de moins en moins, tuant dans l’œuf toute velléité de production locale dans l’état actuel de l’échelle des motivations de l’acheteur, le prix. Une réalité particulièrement perceptible dans l’alimentaire et qui subsistera, tant que le prix du transport sera aussi infime … La carte et les territoires, là encore…

Autant de faits qui font que le sentiment de déclassement  et de peur du lendemain s’étend …

 

Et le politique dans tout ça ?

Un état d’esprit qui avait fait le lit du candidat Nicolas Sarkozy lors des dernières présidentielles,  Incontestablement ses slogans « travailler plus pour gagner plus », « Une France de propriétaires », « le Tout est possible » avaient fait écho aux  attentes, inquiétudes, frustrations ou interrogations de beaucoup de nos concitoyens.

Ces citoyens auxquels Alain Souchon devait penser lorsqu’il chantait « Foule Sentimentale » :

« On nous fait croire,

Que le bonheur c’est d’avoir

De l’avoir plein nos armoires

Dérisions de nous dérisoires »

Le ressenti du pays est aujourd’hui à la hauteur des espérances déçues, tant le bilan du candidat est accablant : accroissement des inégalités, développement des individualismes, atteintes à la cohésion sociale,  accroissement de la dette publique, dégradation des services auprès des habitants (santé, sécurité, éducation …), dans le même temps les contributions des plus hauts revenus à la dépense publique ont diminué  comme jamais du fait d’une politique fiscale inéquitable, dure avec les faibles et complaisante avec les puissants .

Le sentiment d’inégalité et d’impuissance s’étend, avec pour conséquence, une méfiance croissante envers le politique, dont la montée des extrêmes et de l’abstention sont deux illustrations évidentes.

Jean Viard l’a rappelé, le risque d’arriver à une démocratie « quasi familiale », celle des élus, face à celle du grand nombre qui s’abstient est bien réel, avec tous les risques que ce scénario implique : développement des populismes, désintérêt de la chose publique, démobilisation …

Il développe sur ce point une formule percutante, surtout pour un laïque comme moi : « il n’y a pas de citoyens dans nos églises, il n’y a que des prêtres ».

Exigence absolue : changer de cap, afin de redonner absolument du sens, des perspectives, de l’horizon et réinviter le plus grand nombre dans le débat public et politique.

Il faut également ne plus tricher et travailler sur les représentations et modèles dominants. La représentation du bonheur individuel jusque là mis en exergue, véritable « American way of life » était basée sur l’individualisme et l’esprit consumériste. Elle a vécu, et ne correspond plus aux défis présents et futurs auxquels nous devons répondre.
Plus grave, elle induit un modèle culturel incompatible avec les enjeux environnementaux, à l’exemple de la maison individuelle accentuant étalement urbain, atteintes à la bio diversité et émissions de gaz à effet de serre.

Si ce qui compte dans la vie de chacun est de progresser, et c’est bien le propre de l’homme, encore faut il définir un but à atteindre qui fasse sens et écho avec les besoins réels, de l’individu certes mais également de la société et de la biosphère.

Ce sont les imaginaires territoriaux qui font sens, pas leur gouvernance dit Jean Viard. Son constat n’est pas faux, les politiques doivent travailler avec humilité dans cette direction, et privilégier des logiques de projets, plutôt que des approches de frontière, de territoire ou de petit marquisat.
Il faut répondre non en surfant sur les frustrations et les égoïsmes individuels, mais bien au contraire apporter des réponses concrètes aux besoins réels d’aujourd’hui et de demain, comme à la nécessaire cohésion que la gravité de la situation que nous rencontrons impose.

Encore faut il que le passeur, le politique, soit à la hauteur et donne de la valeur à soin action et aux enjeux qu’il poursuit : humilité, proximité, écoute, efficacité …