Ne boudons pas notre plaisir, les élections législatives en apportant la majorité dont avait besoin le gouvernement de Jean Marc Ayraud pour poursuivre son aventure, représente une belle victoire pour la gauche qui dispose,c’est une première dans l’histoire du pays, de la majorité dans les deux assemblées.
Sa responsabilité, face aux enjeux que le pays doit relever, est entière désormais. De la qualité des réponses concrètes qu’apportera le gouvernement et de la capacité de François Hollande à proposer de nouvelles perspectives permettant au pays de rebondir dépend le présent de chacun et l’avenir des prochaines générations.
Si la machine France n’est pas cassée après les innombrables coups de boutoir reçus ces dernières années, chacun s’accorde à reconnaitre qu’elle est du moins bien grippée.
Nous reviendrons, au fil des décisions et des mesures prises, sur les différents chantiers lancés par Jean Marc Ayraud. Stratégiques ils exigeront de nos responsables lucidité, sens des responsabilités, courage, esprit d’écoute, d’ouverture et de dialogue, mais également énergie, ténacité et pédagogie. Le contexte économique et social demeure trés préoccupant et le chemin de crête est n’en doutons pas étroit.
Ce scrutin n’a pas été non plus sans enseignement, tant au niveau national que local. La déconvenue rencontrée tant à droite qu’à gauche par des candidats imposés par le sommet à la base, et l’effet «bottom up» qui s’en est suivi, doit faire réfléchir les dirigeants de nos organisations politiques.
Rien ne sera plus comme avant, Guéant, Royal, Mérieux l’ont appris notamment à leurs dépens. Les appareils ne peuvent plus ignorer impunément le vote et l’adhésion des militants ou sympathisants locaux dans un scrutin dont l’issue dépend justement d’un territoire au périmètre précis. L’introduction d’une dose de proportionnelle pourrait éviter la multiplication de ces «petits drames» qui ne laissent personne indemne et grèvent la capacité militante. Trop souvent les états majors privilégient au temps passé, à la passion, au dévouement à la chose publique et à l’implication des hommes et femmes de terrain, des stratégies individuelles d’apparetchik(e)s le plus souvent parisiens.
Le scrutin actuel a vécu, personnellement je ne le regretterais pas. Il n’est ni logique, ni sain pour une démocratie qu’un mouvement politique qui représente plus de 15% des votes soit absent de l’hémicycle, et dans le même ordre d’idée, les voix de François Bayrou et de Jean Luc Mélenchon manqueront à l’assemblée nationale; j’étais de ces socialistes qui espérait un geste en leur direction de mon mouvement politique. L’institution d’une dose de proportionnelle permettra de remédier à ces problèmes, le scrutin municipal est sur ce sujet une piste intéressante à suivre.
L’heure est désormais aux grandes manoeuvres que ce soit à Droite, au centre ou à gauche au niveau national et bien évidemment local …
Aprés ces deux scrutins, les héros sont fatigués, la capacité militante a ses limites et le niveau record de l’abstention des législatives démontre la lassitude des citoyens. Les états majors ayant terminé la dernière ligne droite, ils peuvent désormais passer à l’étape suivanten celle des additions et des factures à régler et préparer l’aprés élection.
La droite est placée face à ses responsabilités mais aussi à ses vieux démons. Le « Ni Ni » prôné par les leaders de l’UMP pourrait fort constituer le prélude à un renversement d’alliance qui pour des gaullistes s’apparenterait à une vraie trahison. Le débat entre François Fillon et Jean François Copé, est peut être plus qu’une affaire de leadership et pourrait s’élargir également aux « valeurs » et alliances à privilégier. Les derniers résultats électoraux devraient cependant faire réfléchir les tenants d’une droite extrémiste, tant il y a du rififi avec les électeurs, les dernières législatives l’ont démontré. Une campagne trop à droite, n’est peut être pas si adroite que certains élu(e)s (tels Nadine Morano, Valérie Rosso Debord, ou Claude Guéant …) pouvaient l’escompter, vu les résultats obtenus à l’échelon local.
L’extrême droite est également en réfection. Si le FN change de nom à l’automne, c’est notamment pour mettre en place les conditions qui permettront de rendre possible la coalition dont rêvent les représentants de la droite populaire, courant conservateur s’il en est de l’UMP, mais ce mouvement politique résisterait il à un tel scénario ? Ne doutons pas que des passerelles existent cependant …
Pour le centre l’heure de vérité a également sonné, ses responsables auront ils la volonté et le courage de s’affranchir du joug de l’UMP ? Des couleuvres on peut dire qu’ils en ont avalé lors de ce quinquennat, démontrant des facultés de digestion jusque là insoupçonnées. La campagne présidentielle de Sarkozy a été sur ce point édifiante, surtout lors du deuxième tour. Gageons que le changement de scrutin permettra de dégager un nouvel espace pour un courant de pensée, utile au pays, qui depuis 2007 est aux abonnés absents, à part François Bayrou.
Le Front de Gauche attend patiemment les mesures qu’il pressent impopulaires que ne manquera pas de prendre le gouvernement de Jean Marc Ayraud vu la situation du pays. Jean Luc Mélenchon lors des présidentielles a surfé sur cette vague, l’a flatté, l’a encouragé. Le vote protestataire constituait bien un de ces objectifs, le refus des communistes de participer au gouvernement est sur ce point significatif. Le scénario à la grecque fait cependant réfléchir du coté des électeurs de gauche, à ce gouvernement de ne pas les décevoir.
Car tout dépendra en fait de la qualité du travail de Jean Marc Ayraud et de François Hollande, de leur courage politique, de l’exemplarité et de l’honneteté de leur engagement républicain et de leur sens de l’écoute et du dialogue. Il leur faut gouverner juste mais surtout efficace.
En Seine et Marne, si la Droite a limité considérablement les dégâts, elle le doit surtout au découpage électoral effectué par Alain Marleix, un vrai travail d’orfèvre. Elle détenait jusque là les 9 sièges de députés du département et en compte désormais 7 contre 4 à la gauche.
Sur la base des résultats de ce second tour, on peut estimer à deux sièges le gain pour l’UMP « grâce » au découpage. Il aurait fallu une mobilisation similaire à celle des présidentielles pour bousculer la donne, et espérer 6 sièges pour la gauche.
Quand à Jean François Copé, peu de suspens en fait, malgré une dramatisation médiatique travaillée, tant sa circonscription était taillée sur mesure. L’objectif pour la gauche était double : éviter que le Secrétaire Général de l’UMP ne s’impose au premier tour, figurer au second tour. Objectif atteint, la candidate verte soutenue par le PS comptabilise plus de 40%., dans des conditions de mobilisation difficiles vu les différents épisodes portant sur la désignation de la candidate écologiste ; l’unique incertitude reposait en fait sur le score du Front national.
Voilà … aprés prés de six mois de débats électoraux, les urnes ont enfin rendu leur verdict et le travail de reconstruction peut commencer, un peu partout de gauche à droite, comme chacun a pu le peut voir, mais aussi également au plus haut sommet de l’Etat.