Plaidoyer pour la filière bois

medium_arbre.jpgA l’heure du réchauffement de la planète, du changement climatique et de la déforestation, la filière bois présente une série d’avantages qui devrait la placer au premier plan de nos préoccupations, certainement bien avant les bio carburants (voir note précédente) …
Que ce soit pour se chauffer, pour produire de l’énergie ou tout simplement pour bâtir, le bois est non seulement une solution du passé ou du présent mais aussi et surtout d’avenir, grâce notamment au développement de la bio masse (le bio carburant de deuxième génération) et de l’éco construction.

Paradoxalement en France, cette filière est loin d’être optimisée, malgré le potentiel naturel inestimable que possède notre pays. Pire le retard s’accumule jusqu’à devenir inquiétant …

Pourquoi cette timidité, quel est l’intérêt stratégique du développement de la filière bois pour notre pays, mais également à l’échelon plus local, existe t’il des risques de concurrence que ce soit au Nord, à l’Est ou à l’Ouest ?

Toute une série d’interrogations légitimes qui mérite que l’on s’arrête quelque peu sur la problématique de cette filière et son formidable potentiel …

 

 

 

 

medium_PA180135-2.jpgEn France, l’énergie produite à partie de bois représentait en 2004, la moitié de la production d’énergies renouvelables (électriques et thermiques confondues) et 4% des besoins énergétiques français. Notre pays est le premier producteur européen.
Un bilan flatteur mais trompeur, du essentiellement au chauffage domestique : plus de 5 millions de ménages sont équipés d’un chauffage au bois (45 % d’inserts et de foyers fermés, 27 % de foyers ouverts, 13 % de poêle, 9 % de cuisinières et 6 % de chaudières individuelles). Un marché en plein essor qui s’attaque désormais au collectif, depuis 2000 ce parc est en progression constante (plus de 13% par an en moyenne).

Le gisement forestier jusque là uniquement exploité par l’industrie papetière, voit de nouveaux débouchés s’ouvrir à lui , car il présente de multiples avantages :

– Sur le plan environnemental, il permet la limitation des émissions de CO2; sa combustion n’étant qu’une restitution du CO2 absorbé par l’arbre lors de sa croissance. Dans la lutte contre la prolifération des gaz à effet de serre. L’utilisation du bois comme isolant extérieur est synonyme d’économie d’énergie (plus de 40% de la production actuelle de gaz à effet de serre !) …

– Sa gestion peut devenir un élement important d’aménagement du territoire, jusque dans des localités trés reculées ! L’exploitation forrestière nécessite des ressources humaines et logistiques et la présence de scieries non loin des lieux de production. L’exemple des dommages de la tempête de 1999, toujours visibles presque 10 ans aprés, est la meilleure illustration de la vitalité discutable de la filière actuelle. Notre territoire a la chance d’avoir un nombre élevé de forêt harmonieusement réparti sur l’ensemble du pays et d’essences trés diverses qu’il faut protéger, entretenir et exploiter. L’exploitation forestière est donc créatrice d’emplois dans des secteurs actuellement désertés !

– Au niveau de la balance des paiements, l’utilisation de bois permet d’éviter l’importation de plus de 9 millions de tonnes de pétrole chaque année. La stabilité de son prix devient un avantage concurrentiel de première importance. Plus le bois sera utilisé comme source de chauffage moins notre facture pétrolière ou gazière sera importante !

– Il est porteur de création d’emplois trés divers : qualifiés (éco construction, recherche) ou non (exploitation forestière, bâtiment …) répartis sur l’ensemble du territoire national et non délocalisables pour beaucoup …

– Il est vecteur de progrés scientifique et technologique grâce au développement des recherches associées à cette filière : que ce soit dans le domaine de l’énergie (bio masse), de l’éco construction, de l’architecture … Il nécessite le développement de formation adaptées et plurielles …

 

L’industrie du bois est synonyme de durabilité et d’excellence technologique …

Les forêts doivent être exploitées et gérées de manière raisonnée et durable, en fonction de paramètres locaux et climatiques qui permettent d’adapter au mieux approvisionnement et besoins (création de filière d’approvisionnement courtes). Pour preuve le cas exemplaire d’une société canadienne citée par Thomas Friedman dans son ouvrage « La terre est plate » qui travaille pour un producteur de bois canadien désirant créer un système d’exploitation informatisé permettant de savoir à quoi servira chaque arbre d’une exploitation, avant même qu’il soit abattu, de déterminer vers quelle scierie il sera envoyé, quel détaillant le stockera et quels morceaux seront débités selon l’utilisation optimum (produit débité plus résidus !). Soicété utilisant également la géo localisation et le suivi d’exploitation par satellite, l’évaluation informatisée du temps de croissance de l’arbre et l’exploitation optimum de ses détritus (afin de produire de la bio masse) …

L’exploitation du bois, draine toute une myriade d’activités indirectes et de métiers liées à la combustion (chaudière…), au rendement énergétique, à la construction, à l’isolation, à la recherche trés prometteurs  …
Citons trois pistes d’avenir :
– Le développement de la bio masse et des carburants de 2eme génération qui permettront de valoriser encore plus les résidus d’exploitation,
– L’utilisation du bois comme source de chauffage (en copeaux ou non)  qui devrait se développer considérablement dans les prochains mois,
– enfin, dans le bâtiment, le bois devient trés «tendance », synonyme tout à la fois de modernité et de respect de l’Environnement. Ses usages sont multiples qu’il s’agisse d’ossature bois, de parquet, de lambris, d’escaliers ou d’isolation extérieure. Il devient de plus en plus abordable, jusqu’à apparaitre dans le logement social, notamment du fait de ces qualités intrinsèques (ossature bois notamment : légèreté et capacités structurelles). Le seul bémol actuellelent est qu’aujourd’hui au niveau de l’Ile de France ou de la Seine et Marne, pourtant, cette filière n’existe pas, ou si peu …
Les entreprises franciliennes sont encore loin de pouvoir traiter la production de forêts encore mal exploitées et les professionnels confirmés manquent cruellement à l’appel dans la constrcution (bureau d’études spécialisés, entreprises …). Pourtant tout le monde s’accorde à dire que les besoins en construction et en isolation dans notre région sont considérables (plus de 40 000 logements / an).

 

Une concurrence venue de l’Ouest comme de l’Est

A tel point que deux concurrences, d’origine géographiques trés différentes se profilent …  Et il ne s’agit pas ici de bois exotique …

Une en provenance d’outre atlantique : du Canada …  Un exemple symptomatique, la société Modulex (fabricant de maisons en bois) basée dans la belle province du Quebec a racheté deux usines SEB, installées dans les Vosges … L’objectif étant d’exporter ressources et savoir faire afin d’attaquer le marché trés prometteur de la maison bois individuelle bon marché. Actuellement les sociétés immobilières, les bailleurs sociaux qui se positionnent sur le secteur de la Haute Qualité Environnementale sont démarchés par de tels sociétés qui mettent en avant leur savoir faire technique et en contre point nos insuffisances en la matière …

L’autre en provenance de l’Europe de l’Est, particulièrement dans le secteur des sciages  (plus de 50% du bois de sciage en Europe y sera à l’horizon 2020 produit) mais pas seulement,  du fait des faibles coûts de la main d’œuvre et des matières premières. Les ressources y sont abondantes, ces pays étant majoritairement recouverts de forêts sur prés de 30 % de leur territoire (28% pour la France) et pour le moment encore inexploitées. L’exploitation forestière nécessitant  une bonne infrastructure de transport et industrielle … Mais ne nous y trompons pas, cette situation ne durera pas, au regard de l’intérêt manifesté par certaines multinationales du meuble. La Pologne est devenue en quelques années le 3e fournisseur mondial du géant suédois du meuble en kit IKEA.

 

Le développement de la filière bois, une question éminemment politique !

Comme chacun peut s’en rendre compte, le développement de cette filière (il fautdrait plutôt écrire de ces filières) représente un intérêt stratégique majeur pour notre pays. Il est essentiel que lors du débat présidentiel, la filière bois trouve en nos candidats des avocats convaincus et convaincants !
Elle est tout à la fois utile à la protection de l’environnement, source de richesse pour notre industrie et notre commerce, d’économies non négligeables pour une balance des paiements plus que malmenée, créatrice d’emploi multiples et diversifiés, vecteur de progrés et de découvertes scientifiques et technologiques !

Et cerise sur le gateau, elle sucitera la création d’emplois non délocalisables répartis sur l’ensemble du territoire, jusque dans des endroits aujourd’hui désertés !