Eden’s new : l’empreinte écologique

Dis moi quelle est ton empreinte écologique, je te dirais qui tu es …

Une telle citation pourrait faire sourire et pourtant. Que ce soit pour se nourrir, se déplacer, se loger ou gérer ses déchets, l’homme prend à la planète des ressources naturelles afin de les consommer. Tout allait bien jusque là, les ressources de la Nature semblaient inépuisables, l’époque est révolue … définitivement. La planète s’appauvrit, une tendance qui s’emballe et qui est soulignée par la notion d’empreinte écologique.

 L’empreinte écologique est un indicateur estimant les ressources naturelles utilisées. Il permet de mesurer directement l’influence de l’homme et surtout de son mode de vie sur la planète. Si nous plaçons les résultats de chaque pays en perspective des 10 milliards d’habitants estimés pour 2050, avec pour base la croissance économique mondiale actuelle, l’empreinte écologique permet de dégager les enjeux à long terme et suggère les modifiations à apporter dans notre mode de développement afin de ne pas consommer plus que ce que la planète nous offre.

De quoi remettre en cause beaucoup de certitudes sur la qualité et la supériorité de notre mode de vie vis à vis d’autres continents, plus défavorisés. La sagesse et l’intelligence, ne sont pas forcemment là où on les attend… Pour l’instant, tout est partage et la dégradation des uns (les riiches) concernent directement et au premier chef les autres (les pauvres), qui n’y peuvent malheureusement mais …

Si le monde consommait comme :

un Américain, il faudrait 6,8 planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale

un Européen, il faudrait 3,4 planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale

un Chinois, il faudrait 0,55 planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale (???)

 un Africain, il faudrait 0,45 planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale

 

Mondovino, Verbatim …

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Nossiter, le réalisateur de ce film :


 « Le vin, dans sa complexité infinie d’expressions, est sur la planète entière, la chose la plus à l’image de l’être humain … Essayer de saisir l’état du monde du vin, c’est forcément une quête sur notre relation à la vie et à la mort, mais aussi une quête sur la transmission d’un passé, orienté vers l’avenir. Cette notion de transmission de génération en génération, de ce qu’on fait passer et de ce qui ne survit pas… de ce qui est perdu… ou de ce qu’on rejette consciemment, est devenu pour moi le Graal de cette aventure sur trois continents. »

 

Hubert de Montille, 8 hectares dans les appellations Volnay, Rugiens et Pommard (Bourgogne).

 Avocat et vigneron.

«Où il y a de la vigne, il y a de la civilisation. Il n’y a pas de barbarie.»

 «La marque, c’est la culture anglo-saxonne. Vous cultivez la marque. Mondavi cultive la marque. Ici, on cultive l’appellation d’origine. Et on s’aperçoit au bout de 50 ans que c’est l’appellation d’origine qui prime sur la marque. Parce que la marque, ça s’oublie. C’est comme les gens…»

«Aux Etats-Unis, en Californie, ils ont le sens du marketing. On va noyer l’absence de terroir par le bois. On va expliquer que le goût du vin, c’est le goût du bois…Et on va convaincre les Français -qui eux ont du terroir- que c’est ça qui plaît!»

Aimé Guibert propriétaire de 40 hectares d’appellation Daumas Gassac à Aniane, Languedoc

 «Le vin, pendant des millénaires, c’est une relation presque religieuse de l’homme à travers la Méditerranée, essentiellement autour de la Méditerranée, avec les éléments naturels, le sol, sur lequel il n’y a jamais eu de molécules de synthèse et puis, le climat.»

 » Les vins qui ont fait rêver sont toujours des vins qui traversent le temps et qui vous amènent la jeunesse alors qu’il devrait y avoir les rides et la mort. »

 » Un grand vin, c’est beaucoup d’amour, beaucoup de liens avec l’immatériel, avec le sol, avec le temps, avec la climat. C’est un métier de poète de faire un grand vin. »

Battista Columbu propriétaire de 2 hectares d’appellation Malvasia di Bosa en Sardaigne

«Maintenant, les gens sont paresseux, emportés par le consumérisme. Ils n’ont plus d’identité. Ils ne savent plus d’où ils viennent. Ils se font plus souvent du mal que du bien. Nous avons été réduits au rang de bêtes. Mais même les bêtes choisissent ce qu’elles mangent. Nous avons perdu notre dignité.»

«L’homme ne doit pas se laisser distraire par les chimères d’un progrès qui n’apporte que ruine à lui-même et à la nature, et souffrance aux autres. Nous devrions vivre en paix sur cette terre. Et il y a de la place pour les autres.»

A bientôt Monsieur Davidenkoff !

« Au revoir … »

Voila le titre de la dernière note d’Emmanuel Davidenkoff aprés son départ de Libé (démission ; pas licenciement  » plan social  » : il fait partie des 30 « refusés » précise t’il ) , qui arrivé à cette étape de sa vie professionnelle met un terme à son blog : « Carnet de correspondance » . Blog qui figure parmi les sites favoris que je vous propose de visiter.
Davidenkoff si l’on s’intéresse aux questions de l’Education on connaît forcément. Que ce soit en lisant Libé, les livres dont il est l’auteur ou en écoutant France Info. Ce journaliste de 36 ans, spécialiste des questions d’éducation ou de formation, est en effet une des voix qui fait le succès de cette radio.
Depuis décembre 2004, il anime un blog spécialisé dans les questions d’Education, un véritable espace de débat. Bilan éloquent : 118 notes, 4217 commentaires et 307.000  » pages vues « . Intérêt de ce carnet de bord : être animé par un observateur avisé de l’Education, non enseignant, qui posséde de plus un point de vue original, global, ouvert et quelquefois iconoclaste. Qualités qui pour certains sont autant de défauts … 

Ce blog a constitué pour lui une expérience intéressante mais également douloureuse, verbatim :

 « Expérience fondatrice, pourtant, au moins pour moi. Témoin de la difficulté à (ré)inventer le journalisme à l’heure d’Internet. Témoin de la difficulté à débattre de l’école, pas faute de combattants, pas faute d’intelligences ; mais trop de haine(s) recuite(s), de procès en sorcellerie, de mots qui font mal pour faire mal. »

 Il l’a indiqué beaucoup plus précisemment dans une de ses notes dénommée : An 1

« Ce blog a un an, 112 notes et 3400 commentaires. Et je m’interroge sur sa pérennité. Ressemble-t-il à ce que j’espérais ? Pas vraiment. Je n’ai pas su convaincre les intervenants les plus fidèles d’abandonner le recours, trop fréquent à mon goût, aux insultes et anathèmes. On m’a aussi sommé, ici ou là, plus ou moins poliment, d’abandonner telle référence, de « choisir mon camp », comme si l’ambition de refléter une diversité de points de vue sur l’école était incongrue. Ce n’est pas l’idée que je me faisais d’un espace qui tente de rester ouvert à tous, sans sectarisme mais sur la base de quelques valeurs partagées. Que cela reflète l’état actuel du débat sur l’école ne me réjouit pas. Ai-je envie de maintenir un blog où les personnes sont plus souvent prises à parti que les idées ? Pas franchement »

La disparition de cet espace de débats, de liberté est dommageable, car l’expérience menée était passionnante. Les notes de Davidenkoff étaient toujours intéressantes, souvent positives, et stimulaient à la fois le débat et la remise en cause. Il est essentiel pour un professionnel comme doit l’être un enseignant de disposer d’autres points de vue pour enrichir son action. La vérité n’est jamais simple, pas toujours manichéenne et les conformismes ne sont pas toujours là où on les attend  et réciproquement. Alors surtout … 

à bientôt Monsieur Davidenkoff

 

Mondovino ou quand Parkerisation rime avec Globalisation

Les vacances sont souvent un moment privilégié pour lire des livres ou voir des films qu’un emploi du temps trop chargé nous a laissé échappé … C’est le cas avec Mondovino le film de Jonathan Nossiter présenté au Festival de Cannes 2004 qui est sorti en DVD.
Le vin il connaît, Jonathan Nossiter, il n’est pas tombé dedans quand il était petit, mais tout comme … Car ce réalisateur réputé a travaillé comme serveur œnologue à Paris et passé un diplôme de sommelier à New York. Il cependant a gardé ancré au plus profond de lui la french touch et l’amour du bon vin et du terroir. Son documentaire, savant et subtil montage (sur prés de 500 heures enregistrées) est un modèle du genre.

 

 Il nous propose à partir d’interviews d’acteurs du terrain, un tour du monde presque complet de la planété vinicole (manque cependant l’Australie, l’Afrique du Sud et le Chili) périple des plus captivants, qui à partir de l’exemple du vin nous amène à réfléchir plus globalement sur les enjeux de la globalisation. Sur la base d’interviews décapants, Nossiter a su avec beaucoup d’humour et de maîtrise, avec des images furtives, des seconds plans, des détails, des silences, recréés les différentes atmosphères des lieux parcourus, quelquefois surréalistes. Des images qui s’adressent à nos sens, sans parti pris mais avec des choix qui, in fine, ne laissent pas indifférents le spectateur. Un de ses mérites est d’avoir su établir une relation privilégiée avec ses différents interlocuteurs, qui s’expriment devant lui, devant nous, sans langue de bois, natures. Là ou Michael Moore met le bazooka, Nossiter fait de la dentelle, mais une dentelle diablement efficace.

 Il n’est pas surprenant que Mondovino ait causé un mini tsunami dans le monde viticole car ce documentaire porte en lui, non seulement une réflexion sur la globalisation et la standardisation du goût mais également sur l’évolution des hommes et de la société (rappelons tout de même que les vins abordés dans ce documentaire ne sont pas du vin de table mais des vins de luxe) de manière plus générale, car derrière le devenir du vin, se cache également celui d’autres produits du terroir.

Nossiter, dans son film révèle la puissance de trois personnes : le français Michel Rolland (le « flying wine maker », star des œnologues consultants), le célébrissime Robert Parker (himself) et les frères Mondavi (d’où le non du film) gèrant une multinationale située à Nappa en Californie et qui produit plus de cent millions de bouteilles.

Trois hommes qui ont réussi, grâce à l’aura et à la renommée intergalactique du critique américain Robert Parker a imposé peu à peu un goût unique pour le Bordeaux, basé sur l’oxygénation du vin et sur un goût boisé provenant en grande partie de l’utilisation systématique de jeunes fûts de chêne masquant peu ou prou le goût du vin et lui donnant un arôme vanillé. Les liens existant entre ces différentes personnes, démontrent que l’indépendance d’esprit évoquée par le critique est en fait toute relative comme la subjectivité de son expertise.

C’est David contre Goliath, le choc des artisans contre les Multinationales, le nouveau monde contre la vieille Europe, la guerre entre les amoureux des vins qui se consomment « en longueur » contre ceux qui bluffent le dégustateur. Ce film un peu manichéen, démontre le danger revêtu par la dictature des marques, la standardisation, le nivellement des différences (identité, culture …) sacrifiés sur l’autel de la rentabilité économique et de la vérité révélée, celle de Robert Parker, notamment. Cet ex avocat gauchiste (ancien supporter de Ralph Nader) fait la pluie et le beau temps partout sur la planète des amateurs de vins depuis 20 ans. Son nez et son palais sont assurés à un million de dollars. Une influence qui inquiète notamment lorsqu’il déclare être l’ambassadeur de la démocratie dans le monde du vin. Des propos que ne renieraient pas un certain Georges Bush.

Une seule certitude après la projection de ce film, vive le bon vin et vive les différences …

Mais comme toute histoire a sa morale depuis la sortie du film de Nossiter, la famille Mondavi a perdu le contrôle financier de son entreprise à la suite d’une OPA hostile.. Nappa ton univers impitoyable !

Stand the ghetto

J’ai participé, il y a quelques jours, avec d’autres acteurs de terrain de l’Education et de l’Emploi à une réunion du MEDEF local afin de débattre, a posteriori et à froid, des violences urbaines de novembre dernier. Une initiative intéressante, engagée par d’autres structures que le patronat, puisque les chercheurs de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales organisaient eux aussi récemment un cycle de conférences sur la thématique : « Penser la crise des banlieues: que peuvent les sciences sociales?». Une bonne chose, car tout le monde le sait, si les penseurs s’en mêlent, nous sommes sauvés …

 

 

Arrêt sur image

Le bilan des désordres urbains qui ont touché entre le 27 octobre et le 21 novembre, 300 communes est éloquent : plus de 10 000 véhicules brûlés, 200 millions de dégâts et 3000 arrestations ; de quoi rabattre la superbe du Ministre de l’Intérieur qui du coup n’a pas à flamber de son bilan 2005 ( lire note précédente ). Pourtant, gare à la tentation ! Limiter l’analyse à un réquisitoire contre l’actuel gouvernement est tentant, facile mais ne suffit pas. Si effectivement les interventions médiatiques de Sarkozy ont mis le feu aux poudres et la politique menée par les gouvernements Raffarin et Villepin aggravé la situation, la profondeur du malaise constaté entraîne une remise en cause globale qui interpelle aussi bien la Gauche que la Droite.

Tout le monde en convient, les arguments développés par le Ministre de l’Intérieur ne tiennent pas la route une seconde : les émeutiers de novembre n’étaient majoritairement ni pré délinquants, ni manipulés par des terroristes, le malise est à la fois plus global et plus profond..

 

Le pacte républicain est il le même pour tous ?

Une des premières causes éventuelles évoquées est la discrimination raciale. Un sujet grave et notre pays, terre des droits de l’homme, n’est pas exempt de tout reproche, loin s’en faut. La discrimination raciale est réelle, avérée, constatée, indiscutable et inadmissible. Nos élites en sont la meilleure illustration, tout parti politique confondu ; il suffit d’allumer sa télé pour s’en convaincre. La parité homme / femme n’y a rien changé ; je ne suis pas persuadé d’ailleurs pour ma part qu’il y ait fondamentalement plus de différence entre un et une énarque qu’entre un énarque et un jeune manifestant de novembre dernier. Une discrimination vécue douloureusement au quotidien par les jeunes et qui s’expriment sans retenue lors des recherches de stages ou d’emplois.

Il est urgent pour notre société de traiter ce problème en priorité (les américains et les anglais n’ont sur le sujet aucune leçon à nous délivrer) et y apporter des réponses sans équivoque afin d’éviter tout développement des communautarismes les plus divers et des fractures d’une toute autre nature.

 

Mais le malaise est plus profond et ne concerne pas seulement les jeunes issus de l’immigration ; n’oublions pas que le facteur déclencheur est la mort des deux jeunes de Clichy et les réactions qui ont suivi. L’effervescence médiatique, suscitée par ce drame, en partie orchestré par Nicolas Sarkozy (le Monsieur Karcher « anti racaille ») a joué le rôle d’amplificateur et transformé le fait divers local en affaire d’Etat. Les victimes de Clichy sont deux jeunes semblables à beaucoup de gamins de nos écoles, de nos collèges ou de nos Lycées, deux victimes auxquels se sont identifiées beaucoup d’autres. Les arrestations qui ont suivi les évènements n’ont d’ailleurs pas concerné que des jeunes black ou beur mais tout type de jeunes.

La discrimination n’est pas seulement raciale, elle est globale : géographique, sociale, culturelle … le tout se cumulant. L’idée même d’égalité républicaine ou de pacte républicain apparaît dans certains quartiers comme déplacée, presque comme provocante ou obscène. On le tourne comme on veut, aujourd’hui la banlieue s’est transformée en un lieu de bannissement (au sens étymologique « être au ban »); il n’y existe plus de mixité sociale mais au contraire une concentration de personnes qui y vivent en accumulant les handicaps sociaux.

Auparavant, vivre dans un HLM correspondait à une étape de la vie sociale d’une famille ; désormais on y réside à « perpet' », sur plusieurs générations … Du coup, hors de la cité, point de salut et aucune perspective ; c’est la Ghettoïsation , avec ses règles de vie, ses codes moraux, ses signes d’appartenance.

Les perspectives qui permettaient à des jeunes et des moins jeunes (le chômage des seniors est aussi une réalité !) de croire en des lendemains meilleurs ont disparu. Les travailleurs sociaux, les fonctionnaires, les enseignants, les militants associatifs ont laissé place à des acteurs beaucoup moins altruistes derrière qui se profilent les communautarismes les plus divers.

 

Ou sont les perspectives ?

La banlieue est devenue un « ghetto » que les classes moyennes fuient, abandonnant la petite couronne pour la grande (93 vers 77 notamment). Lorsque une société est dans l’incapacité de développer en son sein de valeur collective, l’individualisme règne, chaque groupe social met alors tout en œuvre pour fuir le groupe immédiatement inférieur dans l’échelle sociale ; une seule obsession « ne pas être les derniers … ».

Pourtant ces quartiers sont un formidable réservoir d‘énergie potentielle. Une énergie qui doit désormais s’ouvrir à d’autres secteurs que le sport : les disciplines artistiques, l’économie, la société civile, les états majors des partis politiques …
Car les jeunes émeutiers de novembre dernier sont en manque de repères et en panne de perspective. Il est de la responsabilité collective de la société et des décideurs locaux et nationaux de relever ces challenges.

Croire en la société, cela commence par croire en ses jeunes.

Le premier tour de la présidentielle de 2005, a démontré le profond divorce entre les élites parisiennes et la trés grande masse de nos concitoyens; je situe, c’est discutable mais j’assume, le vote européen dans la même veine. Trop de français actuellement, jeunes et moins jeunes sont désenchantés et sont devenus des « a quoi boniste » (chers à Gainsbourg). L’absention, le manque d’engagement, la dépolitisation sont des indices sérieux de ce désenchantement et l’on ne peut que se réjouir des initiatives des Debouze, Thuram, Joe Starr, si au bour du bout, le réflexe citoyen électeur joue enfin; il est temps que les jeunes prennent leur destinée en main, et qu’au vote des pierres de novembre succède celui du vote de papier.

 

La situation est grave, mais pas désespérée … Les évènements de novembre ont été remarquablement géré par les forces de l’ordre, qu’il faut saluer. Un sang froid qui a permis de ne pas envenimer une situation mal engagée. Il est paradoxal que ce soit les acteurs du terrain, en première ligne, et non ceux des conférences de presse qui aient su garder leurs nerfs et délivrer ce message de professionnalisme.

S’il n’y a pas de fatalité, précariser encore plus des jeunes fragilisés, en état de révolte latent, sans leur proposer de nouvelles perspectives ne permettra pas de répondre aux interrogations soulevées en novembre dernier. S’il est vrai que la courbe démographique entraînera de fait une baisse mécanique du chômage dans les prochains mois, permettra t’elle de recréer une dynamique positive, un engagement des exclus dans la société de demain, j’en doute ?

Les solutions proposées par la droite (CPE, apprentissage à 14 ans) ne sont pas à la hauteur du traumatisme constaté, elles en sont aux antipodes …

Nous devons, chacun à notre place, contribuer à bâtir des perspectives qui permettront peu à peu de reconstruire des lignes de fuite potentielles … Il n’a pas une, mais des réponses collectives à apporter … Tout voyage à sa destination, c’est cette destination qui permet de subir les contraintes de la route, sinon certaines contraintes ne sont plus acceptables ! Les violences de novembre dernier démontrent le divorce actuel entre les jeunes des cités et notre société. Ils en sont pourtant le produit et l’avenir.

 

La balle est désormais dans le camp des politiques et des décideurs. Leurs responsabilités dans les prochains mois sera grande, car le populisme et la démagogie seront également au rendez vous de 2007. Pour être à la hauteur du rendez vous, il faudra être audible, constructif, savoir proposer de nouvelles perspectives, et faire naître un nouvel espoir collectif en des lendemains qui chantent.

 

Tout un programme …

Le H51N, Epidémie ou pandémie ?

La grippe aviaire risque fort d’être le sujet de discussion favori des prochains mois. Son virus qui suit la longue route des oiseaux migrateurs et du printemps est désormais aux portes de l’Europe. Sa présence en Turquie est avérée, pays depuis l’origine des temps situé à la confluence de l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Le risque de propagation est réel et préoccupant car cette maladie peut atteindre des pays sans aucune infrastructure sanitaire et vétérinaire digne de ce nom (pays africains notamment), ce qui pourrait entrainer à terme une situation catastrophique.

 

 

La grippe aviaire (ou grippe du poulet) ?

Cette maladie contagieuse est provoquée par un type de virus qui s’ils n’infectent initialement que les oiseaux (et rarement le porc) peut dans certains cas franchir la barrière des espèces et s’attaquer à l’homme.
Chez les oiseaux domestiques cette infection provoque deux formes de maladie différentes. Une à la virulence extrêmement faible et qui ne provoque que des symptômes bénins (pouvant facilement passer inaperçue), l’autre avec des conséquences beaucoup plus dramatiques ; ce qui est le cas actuellement avec le virus H5N1.
Problème majeur, la capacité du virus le plus begnin à muter jusqu’à devenir hautement pathogène. Il peut alors toucher différentes espèces d’oiseaux, sauvages ou domestiques en se propageant et à un certain degré, ses souches, sont susceptibles de franchir la barrière des espéces et d’infecter d’autres animaux, des mammifères ou l’homme.
C’est le cas actuellement dans certains pays ne disposant pas de circuit sanitaire performant. Il peut suffire alors d’un contact direct ou indirect (déjections …) avec des oiseaux infectées pour l’attraper. Une situation dramatique qui se déroule aujourd’hui en Asie du Sud Est et qui a déjà fait de nombreuses victimes. Facteur aggravant et particulier à cette Région du globe, la pratique d’un élevage traditionnel de volailles ou les basses-cours vivent à prosmicuité des habitations et des enfants et le nombre important de ces « élevages » (notamment en Chine).
Dans le cas d’une telle épidémie, tout contact entre l’homme et animal doit être absolument évité ; les différentes espèces domestiques séparés et les oiseaux sauvages tenus à l’écart ; ce qui explique les mesures de confinement proposées. Il faut être également très vigilant sur les mouvements des animaux, des denrées alimentaires et des populations.

Pour autant, et heureusement, le virus H5N1 n’est pour l’instant pas transmissible de l’homme à l’homme, l’épidémie est circoncisse à l’animal, et ne peut être transmissible que par l’animal. Une pandémie humaine ne surviendrait que si le virus mutait jusqu’à devenir contagieux pour l’espèce humaine (nouveau type de virus), ne se propageait facilement (de l’homme à l’homme) et s’accompagnait d’une mortalité élevée, ce qui n’est pas le cas.

Certes le virus H5N1 est un nouveau virus, s’est propagé à plus d’une centaine de personnes mais aucun cas de transmission entre les hommes n’a été signalé. Ce qui n’écarte pas pour autant le risque de voir ce virus acquérir cette capacité en mutant , tant que circulera l’épidémie.

Une mobilisation générale

La propagation du virus H5N1 de la grippe aviaire confirme que cette maladie est un problème international qui exige une réponse rapide à l’échelle mondiale, le virus comme le nuage de Tchernobyl (nous l’avons appris à nos dépens) ne s’arrêtera pas aux frontières des états.
Réunis à Pékin, 130 pays et la Banque Mondiale ont décidé d’investir 1,6 milliard d’euros dans cette véritable course contre la montre afin d’attaquer le mal à la source avant qu’il ne se propage de manière incontrôlée. Ce qui implique tout à la fois : d’améliorer la qualité des services vétérinaires, d’abattre systématiquement des oiseaux lorsqu’un foyer infectieux est détecté, d’aider financièrement les éleveurs de volailles touchés par cette mesure, de renforcer le dépistage et de mettre au point un vaccin pour les bêtes et les hommes. Combattre le mal à la racine, chez l’animal est le moyen le plus efficace d’éviter une mutation du H5N1 qui pourrait provoquer une pandémie.

En France, les signes avant coureurs de l’inquiétude des autorités se sont manifestés : mesures de confinement (afin de limiter au printemps tout contact avec les oiseaux migrateurs) et décision, somme toute spectaculaire vu l’importance du lobby des éleveurs (on connaît son influence sur le gouvernement en place), de ne pas accepter au Salon de l’agriculture 2006 de volatile.
L’heure n’est certes pas à la panique, mais à l’inquiétude et au principe de précaution. Car les chiffres donnés par l’Institut de veille sanitaire (InVS) dans ses Bulletins hebdomadaires deviennent au fil des semaines des plus spectaculaires : en l’absence de traitement ou de vaccin, la grippe aviaire pourrait concerner prés de 15 millions de personnes et provoquerait 118.500 décès, dont plus de 20% chez les populations à risque (personnes âgées, malades, jeunes enfants et femmes enceintes). Notre pays consitute un stock de traitements (est il suffisant se demande certains journaux aujourd’hui ?) mais l’étude de l’évolution de l’épidémie dans certains pays touchés doit nous rassurer quelque peu, les procédures déjà évoqués précédemment ayant permis de limiter considérablement et avec efficacité l’épidémie ; signalons que les pratiques sanitaires et médicales sont dans nos pays heureusement différentes !

Fort heureusement, le virus H5N1 n’aime pas la chaleur. La température de 70° C (en tout point de l’aliment) le tue. Au saignant, il faudra peut être bientôt désormais préférer le tout cuit ! (dommage pour les amateurs de magret); se méfier également des œufs, porteurs potentiels du virus  (rappel : un jaune liquide n’est pas cuit !) .
Rester vigilant sur un risque trop souvent sous estimé, la contamination croisée ou le mélange (direct ou indirect) de morceaux de volailles contaminées avec d’autre produits sains … Une contamination qui concerne également les surfaces en contact (tables, mains) lors des manipulations. Un nettoyage à base de savon s’impose dans ce cas de figure.

 

Quelques pistes de réflexion plus générales …

La mondialisation des échanges (personnes et biens) fait qu’aujourd’hui une épidémie ne peut se limiter à un seul pays. A un moment donné elle se propagera jusqu’à atteindre d’autres frontières ou Continents. Au regard de l’écart  Nord / Sud qui s’accroit de jour en jour, l’application du simple principe de précaution impose plus que jamais aux pays riches d’être solidaires des pays pauvres et de se sentir concernés du sort de leurs habitants.
Le principe d’ingérence sanitaire développé en France par DSK s’impose ici de lui même, il devient du coup même, principe de précaution.

La communauté internationale doit apporter de toute urgence son soutien financier afin de créer un minimum de structures sanitaires, qui doivent comprendre également des vétérinaires et des spécialistes de la santé animale dans les pays où elles n’existent pas.
Aprés la peste et le rat, la tremblante du mouton, la vache folle, arrive la grippe aviaire. L’heure n’est plus aux économies, il faut constituer une première ligne de défense contre ce type de virus. Le temps qui passe nous a démontré que la barrière des espèces est une ligne Maginot qui peut être contournée. Il faut maîtriser dans les meilleurs délais l’attaque virale afin de ne pas leur laisser le temps à un virus de muter !
Le développement d’un élevage intensif, permettant de produire plus au meilleur coût en s’affranchissant de certaines normes sanitaires ou garanties montre une fois de plus ces limites.

La recherche médicale comme l’industrie pharmaceutique ne doit pas privilégier les circuits les plus rentables. C’est de la responsabilité des états et des organisations internationales d’imposer les vrais priorités. Les maladies virales qui touchent actuellement les africains (SIDA) ou les chinois (H51N) peuvent demain si on n’intervient pas en temps et en heure nous toucher.

Le réchauffement de la planète peut avoir à terme des résultats catastrophiques. Les barrières climatiques s’estompant, certaines souches de virus jusque là tropicaux ou exotiques (Ebola par exemple) pourront dans un futur proche muter beaucoup plus facilement et toucher des populations de moins en moins préparées

Une affaire somme toute assez exemplaire de notre époque, non ? Et qui démontre qu’en dehors du Développement Durable, point de salut !