8 mai 2018, un an déjà …

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Il y a un an nous honorions la mémoire de Jean Le Roch, Trilportais, ancien résistant et déporté, en présence de la sénatrice Nicole Bricq qui avait tenu, au lendemain d’une élection présidentielle décisive, à être des nôtres. 
Nicole nourrissait une véritable passion pour René Char, poète, épris de liberté et homme de révolte s’il en est, puisqu’il avait rejoint dès 1942 les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur).

Durant toutes ces années de silence, de plomb et de fer, il s’est consacré au combat contre le fascisme. Le poète a alors laissé place au « capitaine Alexandre », maquisard, et sa plume au fusil rejoignant la lutte des « soldats interdits », « acteurs à la langue coupée, acteurs sans identité définie », devenus muets par obligation et prudence pour leurs familles.
Sa poésie n’est pas sortie indemne de ces années clandestines, litteralement transformée. La parole est devenue plus dense, intense, âpre, acérée, résistante, coupante comme une lame d’épée sortant de la forge.
Au lendemain de la guerre, il a été un des rares écrivains d’alors à refuser totalement d’écrire sur ces années de plomb … La source du poète s’est retrouvée alors tarie … Aucune envolée lyrique jouant sur l’émotion et l’oreille, du fait de la force ou de la musicalité des mots, de leur rythmes et du poids du silence.…
Par pudeur, certainement, mais peut être également par respect pour ses camarades tombés au front, ou fusillés, une douleur intime, profonde et secrète qui l’a changé à jamais.

En découvrant son œuvre, on comprend pourquoi elle a marqué une lectrice aussi exigeante que l’était Nicole Bricq.

A Trilport chaque 8 mai, nous célébrons, bien évidemment, les victimes de ce terrible conflit, dont celles de la lutte clandestine menée par ces « soldats interdits »,  mais nous célébrons également l’espérance …

 

 

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(Ir) Radié

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J’ai appris par la presse, que j’avais été « radié » du Parti Socialiste, dont je ne suis plus adhérent depuis les présidentielles.

Je compte beaucoup d’amis au PS que je respecte et que j’apprécie aussi je ne veux pas ajouter du désordre au désordre par une polémique de plus. Permettez-moi seulement de penser que la priorité du parti socialiste aujourd’hui devrait être plutôt de rassembler que d’exclure.

Il faudrait sans doute que ses responsables s’interrogent sur les raisons qui ont amené tant d’élus locaux emblématiques mais aussi de français, à effectuer un autre choix que celui du candidat officiel de ce parti, auteur du score historique que chacun connaît, qui depuis d’ailleurs l’a quitté.

Mieux vaut me semble-t-il traiter les causes plutôt que les conséquences.

Social-démocrate, rocardien et européen convaincu, j’ai toujours défendu la vision d’un socialisme de la responsabilité et du réel.
Agir pour « Changer la vie » est mon quotidien de Maire. Toute mon énergie est consacrée à améliorer la vie et le devenir des concitoyens qui en ont tant besoin. Dépasser le stade de la déclaration d’intention, du slogan, pour agir au concret, non avec des mots, des théories, des slogans ou des certitudes, mais des doutes, des inquiétudes, afin d’inscrire son action dans les faits, jour après jour, est plus difficile et cela rend surtout également plus humble.

J’ai d’ailleurs toujours considéré l’humilité comme une qualité lorsqu’elle n’est pas dénuée d’ambition.

Toutes ces années, je suis resté fidèle à mes idées, valeurs et engagements, animé non par un plan de carrière ou des calculs personnels, mais par des convictions solides, ancrées au plus profond de moi. Les choix que j’ai effectué en sont le meilleur exemple.

Si j’ai occupé diverses responsabilités, tant fédérales que nationales au niveau de la FNESR, j’ai fait le choixde privilégier le mandat d’élu local et de préserver une liberté d’action et de parole auxquels je tiens, afin de porter la voix de territoires oubliés des politiques nationaux, qu’ils (elles) soient de droite ou de gauche.

Ces espaces péris urbains et ruraux dans lesquels beaucoup d’entre nous vivent ont grand besoin d’attention, mais aussi et surtout de respect, d’améliorations concrètes et urgentes, que ce soit dans les mobilités du quotidien, l’environnement, les services de proximité, l’habitat, l’accès aux soins ou  la culture …

 J’ai constaté ces dernières années, avec consternation, inquiétude, puis colère, l’écart grandissant entre le petit monde des états-majors politiques, trop souvent englués dans les débats de personnes, les polémiques politiciennes souvent superficielles et inutiles, et les citoyens de base, dont les militants de terrain et les élus locaux.

 

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2018 : Nous ne pouvons bâtir qu’accordés à demain

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Lors de la cérémonie des vœux 2018, j’ai tenu à rendre hommage à Nicole Bricq, disparue cet été. Nicole avait choisi de s’engager en politique autrement, pour agir et faire, laissant aux amateurs de petites phrases, les polémiques politiciennes stériles, à eux les mots, le plus souvent creux, à elle le concret des actes.
Persuadée que l’action publique pouvait et devait améliorer la vie de nos concitoyens au quotidien, elle n’a jamais oublié qu’il fallait toujours réparer avant de pouvoir retisser, renouer les liens distendus et éviter ainsi que les fractures territoriales ne deviennent des lignes de rupture irréversibles.
Assumant avec simplicité et efficacité les plus grandes fonctions de la République, ses responsabilités ne l’ont pas empêché de venir à Trilport, sans chichi ni protocole, pour un repas d’anciens, une inauguration, une visite de terrain ou cette cérémonie des vœux, fidèle à des rendez-vous dont elle appréciait simplicité, chaleur humaine, amitié et convivialité.
Nicole était une belle personne, comme il en existe trop peu en politique, attentionnée, disponible, accessible, sincère. Il était juste de la remercier.

L’esprit de solidarité qui a animé toute sa vie est à l’unisson de la citation de Paul Eluard choisie pour ces vœux. « On transforme sa main en la mettant dans une autre. Nous ne sommes effectivement rien, seuls. Une ville est une communauté de femmes et hommes dont la cohésion fait la force … Les dynamiques de nos territoires sont également les fruits des liens qui l’animent comme de ceux noués avec ces voisins.

Le Big Bang politique traversé cette année, ne m’a pas surpris, tant j’ai souvent souligné la fracture grandissante entre états-majors politiques et citoyens.« L’essentiel est toujours menacé par l’insignifiant » écrivait René Char, lorsqu’insignifiant devient l’essentiel du débat politique, faut-il s’étonner ensuite que nos concitoyens s’en désintéressent le trouvant par trop … insignifiant ? 

Ils sont dans l’attente de perspectives, de sens et de vérité dans les propositions des politiques. Nos concitoyens savent que la terre a tourné, que la conjoncture économique est difficile, que nous ne vivons plus dans le monde d’avant. Encore faut-il leur indiquer clairement le cap à suivre afin de dissiper malentendu ou méprise.
Leur priorité n’est pas de tester un prototype de monde idéal et théorique, de chercher des boucs émissaires ou de fausses excuses, mais d’agir pour adapter ce pays au nouveau monde qui émerge, en veillant à préserver nos valeurs et le modèle social et culturel qui nous unit, tant il protège les plus fragiles.

En 2017 nous avons beaucoup semé, aussi nous espérons récolter légitimement les premiers fruits de nos efforts dans les prochains mois.

Lier impératifs du présent et enjeux de l’avenir, voilà qui résule notre feuille d’action 2018, car comme l’écrivait Andrée Chedid

« Nous ne pouvons bâtir qu’accordés à demain ».

A l’ére des mobilités numériques

 

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Assises de la mobilité #4

 

La vague de fond numérique n’en finit pas de bousculer nos repères et fait entrer le petit monde des mobilités dans l’ère de l’internet des objets, de l’intelligence artificielle, de la Data, des assistants virtuels, de la réalité augmentée … Autant de signaux faibles au départ qui sont devenus de véritables tendances sociétales et alimentent la révolution numérique, composant un bouquet des futurs possibles aux nuances quasi infinies.

 Deux innovations technologiques liées aux mobilités ont grandement contribué à amplifier l’ampleur du tsunami numérique : l’informatique mobile et la géo localisation.

Aucun internaute n’imagine plus aujourd’hui se déplacer dans les transports en commun sans être en capacité de surfer, consulter ses messages ou recevoir des notifications personnalisées. Le temps passé n’est plus perdu mais « enrichi » ou « augmenté » d’informations glanées et émises à partir de nos appareils mobiles le temps d’un transport.

La magie du digital permet aujourd’hui d’être « présent » simultanément à plusieurs endroits et d’atteindre de fait une véritable ubiquité numérique. Si auparavant internet était associé à des ordinateurs assignés à résidence, désormais il est partout : montres, téléphones, vêtements, mobiliers, dans les nuages … quasi évanescent.

Une certitude cependant, s’il existe un domaine qui sera toujours plus numérique, c’est bien celui des mobilités, tant l’homme est (re)devenu un nomade.

Le réseau mondial pour répondre aux attentes d’utilisateurs de plus en plus consommateurs et accros de bande passante (cloud, streaming, vidéo, objets connectés …) poursuit sa montée en puissance et occupe une place centrale dans notre société, telle la Matrice des frères Wachowski.

Le moindre bug dans les rouages hyper sophistiqués  des services mis en place peut déclencher des conséquences désastreuses et des effets dominos inattendus. Ces situations « perturbées » nous sont insupportables, tant elles révèlent la fragilité d’un réseau qui demeure ténu et fragile et in fine sa (notre) faillibilité.

Paradoxalement les opérateurs ne semblent toujours pas avoir saisi la portée des évolutions de fond d’une société devenue « communicante ». L’usager n’est plus le « mouton » d’antan qui subissait sans réagir les difficultés du réseau comme des coups du sort, connecté aux réseaux sociaux il baigne dans un univers dans lequel l’information lui parvient en temps réel et par plusieurs canaux, et exige légitimement des comptes, dont celui d’être informer un minimum, ce que les entreprises de transports de notre pays semblent toujours ignorer.

Il est inconcevable qu’en 2017 la problématique de la communication aux usagers ne constitue pas une priorité. Ce n’est plus une question accessoire mais une question de fond, qui en situation de crise peut avoir des conséquences regrettables.

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Meilleurs voeux 2018

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La terre aime le soleil

Et elle tourne

Pour se faire admirer

Et le soleil la trouve belle

Et il brille pour elle;

Et quand il est fatigué

Il va se coucher

Et la lune se lève.

Jacques Prévert

En espérant que  Bansky et ses œuvres retrouvent sourire et joie en 2018 …  Ce sera bon signe pour toutes et tous

Des mobilités inclusives pour tous les territoires

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Assises de la mobilité #3

Urbanisme et mobilités vont de pair depuis que nos ancêtres se sont sédentarisés et construit des villes à leur dimension, à pas d’homme.

Ainsi a émergé la « ville des proximités», dont les centres anciens nous restituent toutes les aménités :  bourgs à l’intensité urbaine marquée, aux mixités sociales, générationnelles et fonctionnelles assumées et partagées. Le paysage urbain n’a que peu bougé durant des siècles, la révolution industrielle et l’émergence des transports collectifs (train, métro, tramway), l’implantation d’usines en périphérie a alors bousculé cet ordonnancement.
Il faut attendre l’irruption de la voiture individuelle pour voir cependant tout basculer. C’est un véritable schisme qui se produit avec le développement de la « ville longue distance » représentative de « l’american way of life », mono fonctionnelle, consommatrice à outrance : ressources, foncier, énergie, temps … Ce modèle s’est depuis multiplié à l’infini.

C’est pourquoi aujourd’hui on ne peut « percevoir » la cohérence d’un territoire qu’en alignant plusieurs focales et en intégrant à sa grille de lecture différentes échelles : bâti, quartier, commune, agglomération, bassin de vie …
Fait que certains élus n’ont toujours pas intégré, le rayonnement d’un territoire ne dépend plus de l’importance du périmètre ou de son passé glorieux, mais de bien d’autres paramètres, dont la qualité et l’intensité des relations développés intra muros et vers l’extérieur. Ces liens permettent à chaque échelon de fonctionner dans sa singularité et ses complémentarités, qu’elles soient servicielles (électricité, téléphonie, réseaux … ) sociales, économiques ou culturelles. Les mobilités en sont le coeur, pour être réellement « inclusives » elles se doivent de concerner tous les usagers et de ne laisser personne sur la route.

Dans le métabolisme urbain du XXIeme siècle, c’est bien la qualité et la tonicité de sa « capillarité » qui alimente toutes les dynamiques d’un territoire.

Condition sine qua non pour améliorer les mobilités : agir en premier lieu sur les réseaux structurants du quotidien reliant périphérie et capitale régionale. Leur état de dégradation est tel que si la donne ne change pas radicalement, le pire est à craindre.

Par commodité et être en capacité d’aborder la question des mobilités inclusives, notamment dans les territoires péri urbains et ruraux, je suis parti du postulat que la situation était enfin opérationnelle. Il est bon de rêver de monde meilleur, surtout lorsque l’on vit dans la grande couronne et qu’on est usager de la ligne P du Transilien.

La trinité « métro, boulot, dodo » a illustré durant des décennies les déplacements pendulaires entre périphérie et ville, mais n’est plus aussi représentative de la réalité quotidienne. 100 000 citadins font chaque année le choix de s’installer en secteur péri urbain et contribuent à ce bouleversement. Tendance de fond qui se poursuit et s’amplifie, transformant en profondeur la réalité sociologique du pays.
Autant dire qu’elle a une incidence directe sur la nature des besoins en mobilités. Habiter l’espace péri urbain ou rural, impose de se déplacer fréquemment, cette capacité conditionnant tous les actes de la vie sociale : accès à l’emploi, école, médecin, courses, la culture, les loisirs … 

C’est une obligation vitale qui induit une transformation profonde des usages mais aussi des rythmes urbains, ceux ci se retrouvent de plus en plus segmentés et étalés dans le temps (soirée, week end). En Ile de France par exemple, le développement de la carte Navigo à tarif unique (titre de paiement unifié) a considérablement dopé es fréquentations hors heures de pointe, notamment en soirée et lors des week ends .

Situation qui impose de revoir l’ensemble des schémas traditionnels, grilles de lecture ou champs de compétence des différents opérateurs; s’y ajoute les mouvements tectoniques qui ébranlent la société : augmentation du nombre de seniors, développement des espaces urbains et ruraux, segmentation des temps de travail, individualisation accrue, nomadisme, révolution numérique, réchauffement climatique …

Autant de paramètres qui ont une incidence directe sur les besoins et l’offre en mobilités. Les réponses simples et quelques peu binaire d’antan ne correspondent plus à une réalité devenue beaucoup plus complexe.

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