Notre contribution à la démarche « éco quartier »

ancre-de-lune.jpgCe blog suit la progression de l’éco quartier de l’Ancre de lune (voir note précédente) dont nous vous rendons régulièrement compte. Nous en sommes désormais à l’analyse des propositions des quatre sociétés d’aménagement qui ont postulé et d’ici quelques semaines le nom de l’aménageur sélectionné sera connu, nous aurons l’occasion d’y revenir d’ici là …

Pour nous, un éco quartier se doit de respecter une exigence absolue : limiter les émissions de Gaz à Effet de Serre, tant au niveau du bâti, des mobilités, que des usages de ses habitants ou usagers, mais doit également apporter des réponses concrètes aux besoins sociaux du territoire.
Il faut souligner que tout quartier est par nature multidimensionnel : espace géographique connecté à des proximités territoriales, espace social, culturel, historique ou économique, mais qu’il constitue surtout un espace vécu, la dimension des usages revêt donc une importance essentielle !

Ce serait une grave erreur de considérer un éco quartier comme un « objet » figé ou duplicable à l’infini. Pour privilégier la voie de la sobriété énergétique (tant au niveau du bâti, des mobilités que des usages), il se doit d’intégrer le contexte environnant, les contraintes ou potentialités locales, le besoin d’adaptabilité de la ville, sa capacité à respirer, évoluer, fonctionner et se régénérer (métabolisme urbain), ce qui impose de ne pas le réduire à une simple opération urbaine et à ne pas faire abstraction de sa dimension sociale qui en constitue par nature le socle incontournable.

Une des finalités assigné à  l’Ancre de lune depuis son origine, est de « rétro agir» sur son territoire, si ce projet  constitue un lieu de diffusion et d’innovation, tant sociale qu’environnementale, il n’est surtout pas un périmètre d’exception.
L’Ancre de lune Notre éco doit essaimer les ferments de la Ville Durable, tant ce morceau de ville ne peut être isolé ou déconnecté du territoire dans lequel il se développe. C’est avec cette volonté que le site internet de l’Ancre de lune inauguré en juillet dernier a été conçu : cette « vitrine » présentant les particularités de la démarche initiée, joue le rôle également d’une « boite noire » informant acteurs ou habitants de l’évolution de cette aventure collective et constitue une banque de ressources qui permet de partager les avancées ou innovations expérimentées.

Le travail réalisé depuis le lancement de l’initiative, l’originalité de la démarche initiée qui repose sur  une expertise plurielle et pluri disciplinaire, grâce au réseau de partenariats constitué, et intégre acteurs  et habitants, a non seulement intéressé la Région, mais également le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie.
Trilport est un des 14 sites nationaux sélectionnés pour tester le futur label Eco Quartier,  et le Bureau de l’aménagement opérationnel durable (AD4) du Ministère, pilote national de la démarche éco quartier  lui a consacré sa dernière lettre mensuelle !

Il nous a semblé important que l’énergie dépensée, le travail capitalisé, les innovations expérimentées et progrès réalisés essaiment, tant ils constituent des pratiques urbaines dignes d’intérêt, innovantes, respectueuses des hommes, de la biodiversité et de l’environnement.
C’est une des raisons qui nous a mené avec des partenaires tel le CAUE 77 ou le CETE Ile de France a mené une réflexion collective qui a aboutit à l’élaboration du « référentiel durable » de l’Ancre de lune (disponible sur le site en téléchargement), réflexion intégrant la nécessité de se positionner sur différentes temporalités, dont celle du temps long, ce qui passe nécessairement par une pérennisation des usages, tant cette démarche particulière se doit de proposer aux habitants ou usagers des perspectives afin de leur permettre de se projeter dans un futur proche, est de devenir ainsi un véritable espace de projet. 

Mais un référentiel durable, pourquoi faire ?

 

 

 
 
Pour mener à bon port ce projet il est indispensable que chaque acteur impliqué soit en capacité de se situer dans la démarche initiée (temps, espace, domaines d’action), intègre ses spécificités ou particularités et dispose des informations et éléments pertinents lui permettant d’agir en cohérence avec le projet politique initié.
 
Vu le mode de gouvernance mis en place, collaboratif et dynamique, la nécessité de dégager les fondamentaux et invariants de la démarche (son « ADN »), d’assimiler principes fondateurs, méthode de travail engagées, ou logiques de fonctionnement s’est rapidement imposée.
La mise en œuvre d’un outil, méthodologique et pédagogique, est apparue essentielle pour mener une démarche collective « partagée », respectant les ambitions poursuivies, les niveaux d’exigence attendus, tout en menant un processus itératif favorisant le pilotage et la gouvernance de l’éco quartier. 
 
La mise en place et le pilotage d’un éco quartier, nécessitent réactivité, adaptabilité, et sens de l’anticipation. Il est indispensable pour ce faire, que ce « morceau de ville et de vie » s’intègre dans une stratégie globale qui aille au delà de ses simples limites, afin de pouvoir être en cohérence et en résonance avec le développement du territoire et que l’évaluation en continue soit un impératif absolu de la gouvernance.
Autant d’impératifs qui ont incité les décideurs à privilégier l’élaboration d’un référentiel, plutôt que celui d’un livret de « bonnes pratiques» ou d’une « charte de l’éco quartier ». Notre volonté étant de placer au cœur du projet, les logiques de «process» et de gouvernance. Afin de faciliter l’appropriation de la démarche, l’appréhension des exigences et des objectifs poursuivis, et permettre à chaque acteur de se repérer en toute connaissance de cause dans la stratégie globale engagée, le référentiel a été bâti selon des principes clairs : aller du général au particulier, du conceptuel au concret.
 
Autre utilité de cette réflexion : constituer au  moment du choix de partenaires clés, tel l’aménageur de la ZAC support de l’éco quartier, un outil utile favorisant l’analyse des candidatures grâce à une grille de lecture innovante et sélective, respectant pleinement les objectifs transversaux et globaux de la ville durable.
 
 

Présentation du référentiel durable

 
Pour plus de commodités et de cohérence, le référentiel a été divisé en trois volets complémentaires, correspondant chacun à une phase clé : 
 
Le document cadre
Véritable « ADN » de la réflexion, il rappelle fondamentaux du projet, origines, développement … Il présente les particularités de la gouvernance choisie et les priorités qui ont guidé la démarche. De portée générale, il situe l’importance et la priorité des enjeux auxquels doit  répondre l’éco quartier, qu’ils soient globaux et d’ordre environnemental ou sociétal, ou simplement locaux.
 
Le document stratégique
Prolongement naturel du document cadre, il aborde concrètement chaque thématique, rappelle contexte et enjeux, souligne les ambitions poursuivies et le niveau d’exigence attendu. Il fixe les grandes lignes de la stratégie et du plan d’action à mettre en place, souligne les moyens mis en œuvre ou engagés, aborde le mode opératoire des procédures d’évaluation favorisant le pilotage de la démarche : indicateurs de suivi, d’évaluation, modalités d’inter action ou de rétroaction …
 
Le document opérationnel
Déclinaison localisée du plan d’action mis en œuvre, sera enrichi du dialogue constructif établi entre les équipes des différents acteurs impliqués (aménageur de la ZAC, bailleurs, association en responsabilité des jardins familiaux …).
 
 
Nous partageons cet outil méthodologiqueéférentiel, car il peut inspirer d’autres démarches sous d’autres cieux ou latitudes. Cependant il convient de distinguer les éléments qui peuvent être considéré comme des invariants, et à ce titre susceptibles sinon d’être reproductibles, du moins transposables de ceux liés à l’histoire particulière du projet ou au contexte local, que l’on peut considérer comme des «variables », et qu’il serait problématique de transposer sans précaution.
 
Un impératif absolu demeure cependant, chacun des acteurs qui fait le territoire doit garder en tête que la ville se doit d’être avant tout, désirable et désirée pour être acceptée et durable.
 
C’est ce que nous recherchons avec l’Ancre de lune, c’est dire l’ambition du projet.