Cette question bien des élus l’ont entendu ces derniers jours provenant d’administrés excédés par les conséquences de la neige et du verglas. Pour être tout à fait clair, au moins un de mes concitoyens a dépassé les bornes dans l’expression d’une colère peut être légitime mais quelque peu excessive au regard d’une analyse circonstanciée de la situation.
L’occasion d’aborder un sujet de saison dans lequel semble-t-il un élu local n’a que des coups à prendre et où la démagogie s’en donne à cœur joie.
De manière générale, la météo s’exprime avec retenue dans notre pays et trop souvent avec excès dans d’autres régions du globe moins favorisées. Tous les observateurs avisés le confirment, le réchauffement climatique induit des sautes d’humeur de dame nature de plus en plus fréquentes et violentes.
Pourtant, rien de tel cette semaine en Ile de France, si ce n’est un temps d’hiver : gel, neige et verglas. L’exceptionnel, n’en déplaise à François Fillon qui a perdu là une bonne occasion de se taire (bonjour la démagogie) a été l’ampleur des chutes de neige (une fois tous les 20 ans) qui ont touché le sud de la France. Selon leur ampleur, les intempéries ont effectivement une incidence directe sur les infrastructures (électricité …) et les conditions de transport, tant au niveau des voies ferrées, des airs ou de la route et peuvent empêcher tout déplacement.
Les collectivités territoriales, comme les gestionnaires d’infrastrutures de transport sont alors mises à l’épreuve; car la perception de l’ampleur des contraintes est par définition relative, et dépend du point de vue de chacun, excepté lorsque cela tourne au tragique !
Nous vivons sur une planète dominée par l’homme, ce dernier accepte difficilement que la Nature prenne le dessus (sans doute notre coté Promothéen, ce demi dieu qui avait dérobé le feu aux dieux avant que ceux ci ne se vengent …). Certes, il peut y avoir effectivement faillite du gestionnaire mais également des demandes d’usagers impossibles à satisfaire, malgré toute la bonne volonté du monde …
Chaque pratiquant d’activité « nature » (qu’elle soit de montagne ou nautique) sait que lorsque l’élément naturel s’exprime (tempête, avalanche …), l’homme n’est rien et doit composer : plier pour ne pas rompre, ou du moins s’adapter; réaction naturelle que paradoxalement notre société a tendance à de plus en plus rejeter.
Avant de revenir sur les carences supposées des services municipaux, deux paramètres sont à prendre en compte également et à ne pas négliger : chaque intervention requiert un minimum de logistique, certaines des interventions classiques (tel le salage) ne sont pas sans incidence sur notre environnement. ..
Les jalons étant posés nous pouvons apporter quelques précisions utiles à tous …
Distinguons pour plus de clarté dans le propos; les gestionnaires d’infrastructures de transport (ferré, autoroute, aéroports) dont la mission et la raison d’être est de préserver la capacité du réseau dont ils ont la charge, à fonctionner en toute sécurité malgré des aléas climatiques saisonniers normaux … Quelquefois, la carence est réelle et pas qu’à la SNCF ou à Roissy; ayant été bloqué sur l’autoroute A6 une nuit de janvier, je sais de quoi je parle …
Rappelons que les collectivités affrontent la situation, entre autres dossiers, avec leurs moyens propres. Deux exemples aux antipodes, Marseille (cette ville aurait elle du investir des dizaines de millions d’euros en matériel pour une situation qui arrive une fois tous les 20 ans ?) et Trilport dont la réactivité dépend du moment, de l’ampleur des dommages et du nombre d’agents, conséquence directe de nos moyens financiers !
Dans nos sociétés, nous avons de plus en plus de mal à accepter l’aléa climatique, d’autant lorsqu’il remet en cause une activité planifiée ou pire notre mobilité. Signalons que pour une petite collectivité garantir la mobilité de chacun de ses administrés, dés 8 heures du matin demande une logistique et des moyens difficile à réunir … Le 24h sur 24 a un cout … Surtout lorsque l’averse se déroule dans la nuit du dimanche au lundi ! Cette semaine, les services municipaux ont utilisé une dizaine de tonnes de sel déployé dans toute la ville par une dizaine d’agents (automatiquement ou à la main). Traiter l’ensemble des rues, demande à peu prés une demi journée. Pour répondre aux exigences de l’administré mécontent, il aurait fallu mettre en astreinte technique tout le personnel dans la nuit du dimanche au lundi ! Précision qui en vaut la peine, l’ensemble des routes de la commune étaient quasiment traitées en fin de matinée.
En cas de neige ou de verglas, deux types d’intervention sont à effectuer : dégager les routes (neige) et saler, afin d’abaisser la température de congélation de l’eau et de limiter la formation du verglas. Précision intéressante, il y a nécessité d’établir une pression permettant un contact physique entre surface gelée et sel, autrement dit, pour une route où il n’y a pas de circulation, le résultat ne sera pas spectaculaire !Dans l’absolu, la quantité de sel idéale à étaler dépend de la météo, de la nature de la substance à traiter (gel, verglas, neige) et du moment d’opérer. Autant dire un certain savoir faire pour être efficace.
Signalons une demande, plus surprenante, provenant des gendarmes. Ces derniers sont intervenus afin que le Maire interdise, hors agglomération (au delà du panneau d’entrée de ville) l’accés à une route départementale par voie d’arrété . Rappelons que ce dernier n’a absolument pas le droit de prendre une décision qui est du ressort exclusif du Conseil Général, gestionnaire de la voie.
Mais l’inconvénient n’est pas que logistique, il est également environnemental, du fait du sel. Ce dernier attaque le mobilier urbain, les voitures mais également la végétation et les arbres, se retrouve dans les rivières et les lacs, dont il modifie l’écosystème avec quelquefois des résultats catastrophiques! sans parler de la pollutio des sols et l’infiltration d’une eau salée n’est certainement pas sans incidence pour les nappes phréatiques.… En France, c’est plus de 750.000 tonnes de « sels » déversés en quelques jours, notamment en montagne. Pour faire un compte rapide, la tonne de sel vaut à peu prés 100 euros la tonne, encore faut il y ajouter si l’on veut être complet l’essence, l’acquisition des matériels et les salaires des agents ! Ca pollue et ça coute !
Autant dire que le sel n’est pas la panacée … ? Surtout dans les régions ou ce temps dure plus que deux ou trois jours, voir une semaine ! Les pays nordiques pratiquent la « route blanche » … zéro traitement, aux usagers de s’équiper … Mais il est vrai que chez eux la neige fait partie du décor …
Alors que faire … Peut être simplement, aménager sa journée lorsque cela est possible … Que les services municipaux continuent à faire leur maximum, car à l’impossible nul n’est tenu … Cette situation ennuie tout le monde : élus, agents et usagers de la route mais elle a le mérite de nous raapler que nous ne sommes que des hommes … Telle est notre place, et que la nature est grande …
En tout cas, tant qu’il y aura de la neige et du verglas en hiver, cela sera bon signe, car le réchauffement climatique avance partout sur la planète, et le pire est à venir, sans nul doute. A nous de faire des efforts envioronnementaux pour que nos enfants et nos petits enfant aient toujours le plaisir de jouer aux bonhommes de neige !