Dans la matinée, coup de fil de la Préfecture : arrivée prochaine de trois ministres sur le lieu du sinistre … En temps normal, en recevoir un, est déjà un exercice de style difficile, alors en recevoir trois d’un coup, en plein scénario catastrophe, je vous laisse deviner …
D’autant que nous ne chômions pas : intervention des services techniques sur le terrain, prise de contacts avec la Direction Départementale du Travail, les Assedic, l’AVIMEJ, la Police Judiciaire afin d’aménager un « guichet unique » dans la Mairie (Espace Multi-Services) et centraliser l’ensemble des démarches administratives pour les particuliers sinistrés et les entreprises, information auprés des victimes des initiatives prises, le travail ne manquait pas !
Avec l’aide du collaborateur de la CCI mis à notre disposition, nous avons réussi à contacter chaque entrepreneur dans la matinée afin de définir au plus vite les priorités et les problémes prioritaires à résoudre, au niveau de l’emploi et de la poursuite d’activité.
Puis nous avons rejoint ensuite le lieu du sinistre, autant profité de la présence ministérielle afin de faire avancer les dossiers, auprés non seulement des Ministres mais surtout des hauts fonctionnaires les accompagnant.
Voici quelques souvenirs d’une journée bien remplie …
Le Comité d’accueil au grand complet attendait : Michel Vallier, Maire de Trilport à l’époque, revenu dans la nuit en catastrophe, le Sous Préfet, divers Directeurs Départementaux des Services d’Etat, les deux Commissaires, le Colonel des pompiers … Sur le terrain, les experts et enquêteurs s’affairaient. Le bilan de la nuit était confirmé, l’explosion avait bien fait deux victimes.
Le dispositif policier en place était impressionnant, jusqu’à certains Policiers Municipaux de Meaux qui s’étaient égarés ou trompés de commune et qu’il a fallut remettre sur le bon chemin afin qu’ils retournent au plus vite à leur ville référence !
Une visite ministérielle plurielle
Un aéropage de voitures officielles a déposé les trois Ministres (Jean François Coppé, Secrétaire d’Etat et Porte Parole du Gouvernement, Nicole Fontaine, Ministre de l’Industrie et Roselyne Bachelot, Ministre de l’Environnement) entourés d’une nuée de collaborateurs. La proximité de Paris, l’impact médiatique suscité par l’explosion, les liens entre JF CPpé et le Pays de Meaux, ne devaient pas être étrangèrs à une cette visite collective, regrettable que le co voiturage ministériel n’ait pas été inauguré pour l’occasion.
Certaines images de cette visite restent gravées :
– Roselyne Bachelot, discrétion toute « Castafiorante », vêtue d’un ensemble rose « pimpant » des pieds à la tête (trés Faubourg Saint Honoré), du plus bel effet dans les ruines calcinantes et la boue de l’usine sinistrée… Avec rapidement, une seule idée fixe, ne pas se salir … pari difficile à tenir au regard de l’état du terrain aprés l’intervention nocturne des pompiers.
– L’exposé effectué devant les Ministres et les hauts fonctionnaires, leur surprise devant le travail effectué et nos demandes formulées seulement quelques heures aprés l’explosion. A priori la petite commune s’était bien débrouillée, à la grande surprise de certains …
– La conférence de presse « improvisée » tenue par Coppé, sur l’air de « Il faut bien que quelqu’un s’y colle » … Vision du Porte Parole du Gouvernement se dirigeant vers les journalistes, nonchalance affectée, mixt de culot, détermination, décontraction, démontrant déjà devant les caméras et la forêt de micros une expérience avérée de cet exercice de style et une totale maitrise de la langue de bois (que depuis comme chacun sait il n’utilise plus …),
– La retenue de Nicole Fontaine, visiblement touchée et émue par la violence de l’explosion …
Ensuite, les Ministres ont désiré rencontrer les sinistrés dans les quartiers. Envolée soudaine des voitures officielles; nous les avions précédé afin de guider un tant soit peu les pas ministériels, connaissant les secteurs touchés pour y avoir passé une partie de la nuit … Accueil poli de la population, impressionnée par le cortège et les caméras … Les infos du 20 heures au pas de votre porte !
J’en ai profité pour négocier avec le Commissaire le bouclage de la zone d’activités pour 48 heures, délai nécessaire afin de contacter les différentes compagnies d’assurances et obtenir leur participation au gardiennage de la zone d’activités, accord sans réserve du Commissaire pour cette demande « légitime »…
Puis les ministres s’en sont retournés vers Paris aprés un rapide échanges de cartes visites avec leur chargés de mission et des promesses d’aide …
La sécurisation du périmètre d’enquête arrachée au forceps
En Mairie, l’Espace Multiservices et son guichet unique fonctionnait à plein régime (sur deux jours plus de 150 victimes ont été accueillis !), initiative appréciée de mes concitoyens, permettant de régler toutes les formalités liées au sinistre en une seule fois : dépôt de plainte, conseil juridique, assurances, soutien psychologique si nécesssaire,
Nous avions également mis en place un dispositif similaire pour les entreprises. L’intégration à notre équipe d’un collaborateur trés actif de Seine et Marne Développement (l’Agence de Développement Economique du Département) nous permettant d’être déjà en capacité de rechercher des solutions de secours pour les entrepreneurs (locaux, aide logistiques, soutien financier …).
Un coup de fil de la Police Municipale a brusquement interrompu cette belle harmonie, véritable grain de sable dans la belle mécanique mise en place. On m’alertait sur le départ prochain des Policiers, un comble, quatre heures seulement aprés la visite des Ministres et la promesse du Commissaire.
Ce dernier, que j’ai rapidement contacté, n’a pu que confirmer la nouvelle, précisant que ses hommes devaient participer à une intervention du G.I.R, « trés importante » sur un secteur voisin. J’ai aussitôt interpellé la Sous Préfecture, qui aprés discussion trés animée ne m’a rien concédé. Dans la chaleur de l’échange, j’ai proposé de tenir une Conférence de Presse sur le lieu du sinistre, remarque qui n’a manifestement pas plu en haut lieu : « Vous n’allez pas jouer à ça, Monsieur le Maire ! ».
J’ai obtenu finalement gain de cause en demandant au Procureur de réquisitionner les forces de police afin de garantir l’intégrité du périmètre d’enquête, ce qu’il a fait immédiatement (la division des pouvoirs chère à Tocqueville présente tout de même des avantages). Il était en effet essentiel que cette mission régalienne soit assurée par la Police Nationale et non par une société de gardiennage privée ayant elle même des contrats avec les sociétés dont celle où avait eu lieu l’explosion ! Le soir même un double dispositif de sécurisation bouclait le secteur : une société de gardiennage pour la zone d’activités et un cordon de police pour le périmètre d’enquête.
Notre activité en matière économique a été également efficace, puisqu’en trente six heures nous avions trouvé des locaux susceptibles d’accueillir provisoirement les entreprises sinistrées afin de leur permettre une reprise d’activités rapide (CCI et SM Développement) et régler toutes les formalités économiques liées à l’emploi grâce à l’implication totale des services de la DDTFP, de l’ANPE et des ASSEDIC.
L’activité de la cellule de crise s’est poursuivie durant plusieurs semaines : voici une note de synthèse rédigée trois semaines seulement aprés l’explosion, envoyée aux Trois ministres afin de relancer le dossier et d’obtenir des aides supplémentaires pour information.