Durant la semaine de Toussaint, j’ai plongé sur l’archipel de Riou (situé au Sud de Marseille), ce court séjour m’a permis de constater sur place les progrès réalisés depuis 20 ans dans la protection de l’environnement …
Depuis juillet 1992, l’archipel de Riou est la propriété du Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, situé sur le territoire de la ville de Marseille, dans le 8eme arrondissement et dans le site classé des calanques (à l’instar de Morgiou et Sormiou), il offre à ses visiteurs un paysage minéral spectaculaire découpé de falaises vertigineuses. La diversité de sa faune et de sa flore est exceptionnelle, ses îles jouent un rôle capital dans la reproduction de nombreuses familles d’oiseaux marins de la rade phocéenne. Deux dangers perturbent cependant cette belle harmonie : la présence de populations animales introduites par l’homme (rats et lapins) et la fréquentation de ces lieux enchanteurs par les plaisanciers.
La faune et la flore sous marine de l’archipel sont d’une diversité et d’une richesse rare; certains de ses sites sont quasi mythiques (Impériaux , Grand Conglue …) dans le petit monde de la plongée sous marine et ont marqué et façonnés des générations de plongeurs. La profondeur (plus de 60 mètres), l’atmosphère, l’ambiance, la luminosité, l’intensité des bleus y règnant, la richesse de la faune et de la flore, les tombants de gorgones rouges interminables, la diversité du relief sous marin avec la présence de nombreuses grottes, arches et tunnels font de ces plongées des moments exceptionnels et inoubliables
Autre satisfaction et non des moindres, lors de nos plongées, nous avons rencontré, dès dix mètres de profondeur, des mérous, des langoustes et du corail en fleurs à profusion, rencontres encore impossible dans cette zone il y a seulement une quinzaine d’années.
En défense de l’environnement, il n’y a pas de fatalité mais …
Le Conservatoire du Littoral qui gère désormais l’archipel constitue une véritable chance pour la défense du patrimoine naturel et met un terme aux spéculations immobilières qui ont dénaturé trop de « bords de mer » et confisqués une partie du patrimoine naturel national au profit de quelques privilégiés fortunés. Natif de Hyéres , je ne peux que regretter la création tardive d’une telle structure qui aurait permis de sauver du béton des centaines de kilomètres de rivages magnifiques. Nous devons demeurer extrêmement vigilant sur toute limitation (textes, moyens financiers et juridiques) de l’action et du rôle de ce type de structures qui sont d’une importance vitale pour la défense de notre patrimoine naturel.
Dans les premiers films et livres de Cousteau (« Le Monde du Silence » notamment) le corail et les mérous étaient les victimes expiatoires toutes désignés des « hommes grenouilles ». Au fil des voyages, des films, des rencontres, le message du Capitaine de la Calypso s’est transformé en une défense exigeante et passionnée de l’écosystème sous marin. La popularité de Cousteau, notamment, a facilité une prise de conscience générale avec l’installation de stations d’épuration, l’élaboration de schémas d’assainissement, l’éducation des pratiquants de chasse (il n’y a pas ici de guerre de la palombe) et de plongée sous marine, l’arrêt de pratiques néfastes telle le pillage du corail. Minéral par son squelette, végétal par son allure, animal en réalité, il a toujours été associé à l’histoire de la Méditerranée et fascine les hommes depuis les temps préhistoriques. La légende rapporte que c’est Persée qui en tranchant la tête de la Gorgone sur un lit d’algues marines rapidement recouvertes du sang coulant transforma ces algues pétrifiées en corail rouge. Dans l’antiquité « l’or rouge » s’échangeait contre l’ambre de la mer du Nord, au Moyen Âge il était considéré à la fois comme un talisman contre le mauvais sort et comme un médicament (en poudre), puis il a été jusqu’à aujourd’hui beaucoup utilisé en bijouterie. Trop souvent les colonies de corail ont été victimes des « homo palminus » et tels des trophés exhibés dans les vitrines ou les aquariums des plongeurs du monde entier, une mode désormais dépassée. Dorénavant, ces même plongeurs peuvent admirer à la lueur des torches, dès les dix mètres de profondeur à peine, la beauté exceptionnelle de parois garnies de corail incandescent qui fleurissent et les ramener sous forme de fichiers photos numériques.
Ce séjour m’a permis de découvrir des îles sauvages préservées et un coté de la ville de Marseille que je ne soupçonnais pas. Je comprends mieux depuis l’oeuvre d’Izzo et son attachement à la cité Phocéenne; comme quoi, à Marseille il n’y a a pas que la Cannebière ou l’OM, même si l’on apprécie l’un et l’autre !
Autre enseignement, exportable celui là, en matière de défense de l’environnement, s’il n’y a pas de fatalité, il faut cependant un savant cocktail de détermination, de moyens humains et financiers, de courage politique, de sens de la communication et de pédagogie pour permettre aux générations futures de s’épanouir sur la planète bleue …
Alors autant commencer tôt …
Liens utiles
Conservatoire du Littoral : http://www.conservatoire-du-littoral.fr/
Site de l’organisateur de la croisière plongée : http://www.revatua.com