Ce blog a souvent fait référence à la démarche HQE (ou Haute Qualité Environnementale) du fait du programme d’équipements mené depuis 2004, premier du genre au niveau régional à respecter une telle démarche pour l’ensemble des équipements réalisés, ce qui pour une commune de moins de 5000 habitants n’était pas si évident.
Les trois équipements (centre de loisirs, réfectoire scolaire et gymnase) issus de ce programme, aux signatures architecturales et choix techniques très différents fonctionnent désormais tous les jours pour le plus grand intérêt de leurs utilisateurs. Depuis l’inauguration du premier équipement, le Centre de Loisirs le « Petit Prince » nous avons effectué un point après chaque réalisation afin de faire évoluer nos pratiques, solutions et priorités techniques.
Deux considérations générales sur la HQE. Elle présente l’avantage de viser des cibles différentes (eco construction, eco gestion, confort et santé) complémentaires, donc d’agir sur un spectre plus large, mais à contrario, son inconvénient est de ne pas donner d’obligation de résultat (indicateur objectif), ce qui peut poser problème, notamment lorsque l’on aborde l’efficacité énergétique. D’autant que les architectes français contrairement à leurs homologues allemands étaient jusqu’à peu, peu sensibilisé sur ce point. Une situation qui change vitesse grand V, et tant mieux !
Ecueil à éviter, ne pas tenir compte du chant des sirènes et résister à l’effet de mode, afin de se concentrer sur les fondamentaux. Certains choix moins clinquants et visibles extérieurement, sont de fait, en terme d’efficacité beaucoup plus déterminant sur l’empreinte écologique d’un équipement. Pour faire simple, entre panneaux solaires et isolation, c’est généralement le deuxième point, même s’il est moins « fun » et visible qui est le plus efficace.
Pour aller au delà de la démarche H.Q.E, je vous propose, à partir de notre modeste « retour d’expérience », de dégager synthétiquement, donc de manière réductrice et arbitraire, quelques caractéristiques communes aux trois équipements pouvant être considérées de fait comme de véritables « invariants ».
Ce type d’analyse présente l’intérêt de dégager des invariants, qui ont la capacité d’être « reproductibles » dans d’autres contextes (site, choix technique ou typologie d’équipement), facilitant ainsi l’essaimage de pratiques environnementales vertueuses expérimentées concrètement sur le terrain.
Quelles sont elles ?
Ni scoop, ni écume, tout simplement l’application de règles de bon sens, pour certaines remontant à la nuit des temps et remis au gout du jour, il y a peu.
J’ai dégagé après analyse cinq invariants, de la prise de décision politique à la construction qui s’adressent à tout type de projet d’équipement public, quelque soit sa taille où sa localisation. Si le dernier peut paraitre anecdotique, à nos yeux il est symbolique d’un décalage entre situation de la planète et frilosité de certaines règles y compris aprés le Grenelle de l’Environnement.
5 invariants pour 3 équipements
Privilégier la polyvalence : 1+1=3 au moins, souvent plus
Le mètre carré de bâti revient cher, financièrement, foncièrement et de plus consommateur d’espace naturel. Il est donc essentiel dés le lancement de la réflexion autour de la réalisation d’un équipement public, de réfléchir à une éventuelle mutualisation des espaces (techniques, sanitaires …) et de sensibiliser les différents utilisateurs à la nécessité de privilégier une réelle polyvalence.
Cela permet de faire plus, mieux et au bout du bout moins cher. Il est cependant indispensable, en amont, de bien intégrer les différentes problématiques d’utilisateurs puis de les croiser avant d’apporter le schéma de fonctionnement proposé. Jouer le pari de la polyvalence permet souvent d’aboutir à un ouvrage de meilleure facture.
Pour le décideur public, comptable des dépenses présentes mais également à venir, comme pour l’éco citoyen, un équipement doit être conçu avant tout comme un process, qui se poursuit jusqu’à destruction. Il est indispensable désormais de réfléchir et ce dés sa conception au devenir « possible » d’un équipement et d’anticiper une réversibilité éventuelle. Qu’elle concerne le public cible, la destination et fonction future. Elément qui peut influer sur certaines décisions, notamment emplacements sur le site futur et architecture.
La force de la concertation : 1+1=3, au moins, souvent plus
Une large concertation menée très en amont, dés l’élaboration du cahier des charges permet de cerner avec beaucoup de précision les besoins actuels et à venir. Les échanges entre différents utilisateurs et services dédiés à la maintenance et à l’entretien enrichissent le référentiel des priorités, ce qui n’exclut pas l’arbitrage lorsque nécessaire.
Cette démarche pour être plus efficace doit intégrer également des visites sur le terrain d’équipements déjà réalisés, afin de bénéficier d’un retour d’expérience partagé utile car provenant d’une expertise collective. Concertation qu’il est bon de poursuivre par la suite, que ce soit pour le choix de l’implantation du futur équipement sur le site, ou sur celle du schéma de fonctionnement futur. Cette démarche présente de nombreux avantages, dont celui d’obtenir un équipement co produit, souvent plus fonctionnel, évolutif et mieux utilisé.
Impératif cependant, la concertation doit réunir tous les utilisateurs et services chargés de la maintenance et de l’entretien, comme elle doit tenir compte de priorités claires, fixées bien en amont (exemple : accessibilité, efficacité énergétique …) et considérés comme des points incontournables.
L’intégration au site : 1+1=1
Privilégier la relation entre l’environnement extérieur et le bâtiment, incite maitre d’ouvrage et le maitre d’œuvre à travailler ensemble, sur le fond, aux racines du projet comme à son intégration dans le tissu urbain ou naturel existant. L’objectif étant de tendre vers une réelle « harmonie architecturale » reposant à la fois, sur les points forts ou caractéristiques du site, mais également les fonctions futures de l’équipement.
Cette volonté induit plusieurs conséquences vertueuses : elle privilégie comme angle d’attaque, l’accessibilité (au sens large) de l’équipement, mais également elle permet de mettre en perspective le fonctionnement futur, quitte à remettre en cause l’existant. Une démarche collaborative qui influe certainement le croquis voir l’épure de l’homme de l’art, notamment sur la fluidité des lignes.
L’efficacité énergétique : 1-1=0
Elle est la résultante d’une somme de paramètres techniques, certes, mais elle est surtout largement conditionné par un élément central, celui de l’implantation du bâtiment. La construction « bio climatique » commence avant tout par ce facteur.
Dans l’ensemble des considérants techniques, un choix s’avère déterminant, celui de l’isolation et des performances des matériaux et solutions techniques employés. Rappelons un principe simple, l’énergie la plus propre et la plus économique est bien celle dont on a pas besoin et que l’on ne consomme pas !
Viennent ensuite toutes les solutions techniques liées au mode de chauffage ou d’éclairage, il y a pléthore. Soulignons sur ces deux points, tout l’intérêt de l’utilisation du solaire, tant pour l’éclairage que pour le thermique, cette solution ayant été choisie pour nos deux derniers équipements. Un préalable cependant, l’intégrer en amont afin qu’il fasse partie du cahier des charges présenté à l’architecte afin que celui-ci l’intègre à son projet comme paramètre important.
La gestion de l’eau : 1
Une constante pour ces trois équipements, avec deux directions.
- Privilégier l’infiltration naturelle, la gestion du pluvial vu l’évolution climatique devient un élément préoccupant,
- Récupérer l’eau de pluie, afin d’alimenter les chasses d’eau des sanitaires et de limiter la consommation de cette précieuse ressource. Une remarque, qu’ils fassent chaud ou froid, été comme hiver, les sanitaires jouent leur rôle. Si récupérer de l’eau a une utilité, elle est ici évidente.