11 novembre 2020 pour le moins particulier … La faute à ce maudit virus qui ôte la vie et le sel de la vie que sont nos relations sociales, particulier du fait d’un confinement qui s’il protège, isole les plus fragiles et les personnes seules et nous coupe de notre réseau amical et familial, particulier parce que nous ne sommes que quelques uns …
Il y aura une facture sociale à la crise sanitaire, un après …
Il y a tout juste un siècle, un bouquet d’œillets blancs et rouges déposé sur un cercueil anonyme désignait la sépulture d’un soldat inconnu inhumé dès le lendemain sous l’Arc de triomphe. Cette sépulture symbolise depuis, le sacrifice de chacun des soldats morts pour la France, sur tous les champs de bataille de la planète.
Aujourd’hui, le Panthéon accueille Maurice Genevoix. C’est le soldat, l’écrivain, le porte-voix de « Ceux de 14 » qui entre par la grande porte en ce lieu hautement symbolique. Un poilu parmi les poilus, un poilu qui s’est battu au front, en première ligne, avant d’écrire et de décrire l’indicible dans ses livres, pour rappeler l’horreur absolu des charniers qu’étaient les tranchées de 14.
Les commémorations existent pour ne pas oublier ceux qui sont tombés pour notre pays, et ce qu’il représente dans le monde et l’histoire … Comment en ce jour ne pas saluer la mémoire de Samuel Paty, hussard noir de la république, mort parce que justement il en défendait et en enseignait les valeurs.
Le vivre ensemble, la laïcité, la liberté de parole et de pensée, la liberté de croire ou de ne pas croire, autant de trésors fragiles et rares à l’échelle de la planète et du temps qu’il nous faut protéger aujourd’hui et demain.
Cette entrée au panthéon, c’est aussi un peu, beaucoup, la victoire posthume de Bernard Marris économiste et humaniste, comme quoi ce n’est pas incompatible. Bernard Marris, « l’Oncle Bernard » de Charlie Hebdo assassiné le 7 janvier 2015 dans les locaux de ce journal, était aussi le gendre de Maurice Genevoix et avait créé avec sa femme une association à cette fin.
Le lieutenant Genevoix marqué à jamais dans sa chair, son cœur, son âme et ses écrits par les horreurs de la Grande Guerre avait écrit « C’est la présence de la mort qui donne un sens à la vie. ». Autant dire qu’ayant touché du doigt dans les tranchées et au quotidien, la présence continue de la mort, compagne bien trop fidèle, il avait acquis depuis un profond sens de la vie et du bonheur simple dans lequel « l’essentiel chasse l’insignifiant ».
« Pitié pour nos soldats qui sont morts ! Pitié pour nous vivants qui étions auprès d’eux, pour nous qui nous battrons demain, nous qui mourrons, nous qui souffrirons dans nos chairs mutilées ! Pitié pour nous, forçats de guerre qui n’avions pas voulu cela, pour nous tous qui étions des hommes, et qui désespérons de jamais le redevenir. »
Célébrer la république, honorer ceux qui sont tombés pour la défendre, c’est « faire société » et partager ensemble ce qui nous est commun, le partager unis, dans le respect absolu de nos différences …
Notre république s’est construite au fil des siècles autour de nos différences et de leur respect, mais aussi de notre volonté et capacité à les transcender pour en faire non seulement une force commune et un idéal mais une identité.
Les commémorations permettent de rappeler également que comme l’écrivait Maurice Genevoix « c’est la présence de la mort qui donne un sens à la vie. »