Maires et solidaires

 

0Claude.jpg

 

J’étais aux cotés de mon ami Claude Jamet au Tribunal de Grande Instance de Fontainebleau, avec d’autres, beaucoup d’autres, tant d’autres : anciens salariés, habitants de Bagneaux sur Loing (la ville dont il est Maire), élus … Nous nous sommes retrouvés prés de 400. Une affluence record pour ce Tribunal, autant dire que la salle d’audience était bien trop petite pour accueillir tous les soutiens présents.

Claude est jugé pour « entrave à la liberté des enchères ou soumission par violence ou menace », en fait la justice lui reproche d’avoir perturbé la liquidation de la société Prevent Glass, le 20 novembre 2012. Il s’était alors enchainé symboliquement et risque en théorie pour ce geste, une peine de six mois de prison, 22.500 euros d’amende et la perte de ses droits civiques.
Si lors de l’audience le Procureur a cependant adoucit le trait, demandant pour cette action symbolique, une condamnation symbolique, la partie civile, n’a pas eu cette élégance; le liquidateur réclame 100 000 € de « préjudice matériel » prétendant que Claude lui a fait perdre avec son geste … 5 millions d’euros, sic. De « Maire courage », Claude est devenu du coup « l’homme qui valait 5 millions ».

L’affaire a été mise en délibéré au 11 avril.

 Claude fait honneur à son mandat. Un élu ne doit pas être hors sol, pratiquer l’entre soi, ne vivre qu’au travers, par et grâce aux médias, mais au contraire, vibrer et respirer au rythme et à l’unisson du territoire dans lequel il vit et qu’il représente… Agir afin de faire bouger les lignes, de créer des perspectives, agir simplement pour changer la vie de sa ville au quotidien.

S’il se doit d’être à la fois un homme ou une femme d’écoute, de dossier, l’action importe plus que tout.
Le geste de Claude Jamet n’est pas celui d’un Don Quichotte se battant inutilement contre les ailes d’un moulin et le vent, mais celui d’un semeur d’espoir qui ne s’avoue pas vaincu et poursuit sa route bravant l’adversité et les obstacles. C’est ainsi que l’on réconcilie les habitants avec les élus et qu’on leur donne l’occasion, bien trop rare par les temps qui courent, d’avoir de nouveau foi en la politique.
Encore faut il agir avec ses tripes, son cœur et toute son énergie, être connecté à la vie réelle, loin des sunlights médiatiques et des petits calculs des bureaux des états majors parisiens, qui sont loin de tout et surtout des autres.

Claude par son attitude exemplaire, tout au long d’un conflit social qu’il ressentait au plus profond (le Maire de Bagneaux-sur-Loing a travaillé 43 ans comme verrier sur ce même site, depuis l’âge de 14 ans), a réussit à canaliser la révolte et la colère légitime de travailleurs vivant dans des territoires ou l’emploi se meurt, ou le lien social s’éteint peu à peu, ou les perspectives d’avenir s’effacent au rythme des mauvaises nouvelles et des fermetures d’usines.Des lieux à des années lumière des feux de la rampe médiatique, donc loin du cœur des décideurs.

S’il s’est enchainé à la porte du poste de garde, il n’a empêché nullement l’accès à l’usine, démontrant que l’on pouvait, à la fois protester et s’indigner contre une décision contestable et respecter les lois et la justice de la république, contrairement à ce que semble indiquer le Procureur et les parties civiles.
C’est aussi grâce à son action, qu’aucune violence, qu’aucun acte désespéré ou dérapage ne sont à déplorer, cela n’a pas assez été dit ou écrit.

Continuer la lecture de « Maires et solidaires »

Vie de Maire

vie de Maire.jpgJ’ai participé à l’émission le « Docu-débat » (LCP-Public Sénat) de Claire Barsacq qui prolongeait la diffusion de l’excellent documentaire : ‘Vie de Maire ». Outre Pascal Carcanade, son réalisateur, étaient invités Fabienne Keller, sénatrice UMP et ancienne Maire de Strasbourg, Samir MAIZAT, candidat aux municipales d’Aubervilliers, animateur de la liste citoyenne « 100% Aubervilliers » et Anne MUXEL, Politologue au centre de recherche de Sciences Po, fil rouge du débat : le quotidien des élus locaux.

Quelques mots sur ce documentaire sensible, délicat et  plus que tout empreint d’humanité. Le réalisateur a su restituer autour de brefs moments de vie, saisis et croqués sur le vif, toute la diversité de nos 36 000 communes et le rôle de catalyseur sociétal qu’y joue l’élu(e) local. Six trajectoires personnelles, aux contextes radicalement différents, ayant pourtant comme points communs : l’amour du terrain, le gout de l’échange direct et un enracinement local authentique à leur territoire.
La simplicité et la passion qui les animent sont rafraichissantes, à des années lumière des logiques d’appareils, quelquefois hors sols, des états majors parisiens des partis, dans lesquels ambitions personnelles, rivalités, petites phrases assassines fournissent une matière première facile et commode à des médias complaisants, contribuant à donner une image déplorable du politique.
Ce film, véritable plaidoyer à l’engagement républicain, souligne le rôle des « petits élus locaux » qui s’activent au quotidien, quelque soit la taille de leur commune, pour « être utile à vivre et à rêver » et préserver coute que coute, le lien social, aujourd’hui si menacé,  indispensable pour faire société.
Ils sont les symboles d’une valeur essentielle, l’engagement. Valeur qui fait de ce mandat de Maire, particulier à plus d’un titre, le plus attachant de toute la vie politique.
L’importance qu’il prend dans leur vie, tout ce qu’ils y consacrent (en temps, énergie, passion, compétences, conviction), les sacrifices que ce mandat impose au niveau personnel ou professionnel ne sont pas la seule explication de l’ampleur de  leur détresse un soir de défaite électorale. C’est un véritable déchirement personnel qui est ressenti, ce que j’ai perçu l’an dernier auprès de quelques amis défaits,  curieux mélange ou se mêle injustice, sentiment d’abandon et surtout de profonde solitude.
Durant ce débat j’ai d’ailleurs pu constaté combien Fabienne Keller, ancienne Maire de Strasbourg, portait encore en elle cette fêlure, une blessure intime et cachée au plus profond, qui ne guérit jamais tout à fait.

Les élections départementales sont passées depuis, aussi aujourd’hui la réalité apparait quelque peu différente, même s’il ne faut jamais comparé un scrutin à un autre … La fracture entre élu et citoyen s’est encore aggravée, tant ce scrutin a été marqué par une forte abstention et la poussée du Front National.

Comment combattre ces deux tendances mortifères ?
A mes yeux, point de fatalité, mais de l’action concrète … Voici quelques pistes de réflexion, qui si elles sont personnelles, sont partagées par quelques acteurs du terrain …

 

 

 

vu IMG_0293.jpg

 

La déconnection croissante entre le vote et son objet est une réalité qui doit nous interpeller, tant elle est lourde en significations pour toute démocratie.
Un vote local ne constitue pas un sondage de popularité éphémère pour une émission de télé réalité d’ampleur nationale, mais désigne tout simplement des élus qui assumeront durant des années un mandat déterminé impactant directement la vie quotidienne des habitants.
Certains électeurs avec leur bulletin de vote ou leur abstention se sont tirés une balle dans le pied. Le zapping électoral peut les amener à choisir un slogan ou un logo sans incarnation ni projet, plutôt qu’un élu connu, quelquefois même apprécié, actif, combattif, à l’écoute, résolu, dynamique … Mais manifestement ils n’en sont plus là, c’est dire l’ampleur du traumatisme qui traverse dans certains territoires notre société !

Toute femme ou homme politique dont l’ambition est nationale, il y en a parait il, devrait non seulement s’ouvrir à la vie de ses concitoyens, mais surtout la partager pour s’en nourrir, s’en imprégner, et plus que tout la comprendre, avant que de vouloir la transformer !
Pour elle ou lui, mieux vaut sortir parfois de sa bulle militante ou de certains quartiers parisiens, histoire de respirer un peu d’air frais, tant ces périmètres, celui de la bulle et du quartiers sont réducteurs ! Rien ne vaut le monde réel pour s’y raccrocher, s’y enraciner, afin d’alimenter ses racines de la réalité du terrain, de la vie vécue tous les jours par les anonymes. La versatilité des urnes ne vient pas toujours que du citoyen, loin s’en faut …

Il est urgent de réhabiliter l’action politique, surtout lorsqu’elle a faillit sur certains territoires, ce que nul ne peut contester. Dire que les partis traditionnels ont aujourd’hui perdu une grande partie de leur aura et de leur crédibilité n’est qu’entre ouvrir une porte déjà bien ouverte. Ils ne sont plus audibles dans les terres oubliées, là où les habitants, désabusés, se sentent rejetés, déclassés …
Autant de ressentiments qui les mènent à la révolte citoyenne, qui s’exprime dans les urnes par l’abstention ou le vote extrémiste. Nous devons être vigilants, une fois que le pli est pris, tout peut arriver y compris le pire !  Nous devons et dans l’urgence,  remettre le bleu de chauffe, faire notre auto critique, nous remettre en cause, puis en piste, afin de relever ce défi républicain.

Le vote FN est il une fatalité ? Non, certainement pas … Encore faut il apporter à nos concitoyens des éléments de réponses concrets, visibles, et surtout bien palpables. Encore faut il les respecter en leur donnant le sentiment d’exister, en les prenant en considération, et pour ce faire,  maintenir absolument le fil, non seulement du dialogue citoyen, mais celui si fragile, du lien social …
C’est aussi pour cela que je suis mobilisé contre des baisses de dotations aveugles, qui mettent en péril, là ou elles sont les plus utiles, dans les territoires périphériques sans grands moyens financiers notamment, ces digues de solidarités et de destinée commune qui ne tiennent que grâce à l’énergie d’élus locaux menant des politiques publiques de proximité essentielles à la cohésion sociale, et qui n’en peuvent manifestement plus !

Le FN est un parti qui agit dans tous les milieux de la société désormais, jouant sur du velours, tant il surfe sans scrupule ni souci, sur la somme des douleurs, détresses, contradictions, révoltes d’un électorat sous pression, qui garde la nostalgie d’un passé autrefois heureux et porte en lui une terrible peur de l’avenir. Ce contexte anxiogène est le terreau du parti frontiste, il est alimenté par un contexte social et économique dégradé, un manque de résultats concrets, des annonces déconnectés de la réalité ressentie, et se nourrit du piètre spectacle de la division et de l’éparpillement des partis politiques traditionnels, ou les querelles de personne prennent le pas sur l’intérêt général, amplifiées par le prisme déformateur des médias !

Pour les politiques, le défi est immense … D’autant que le socialisme municipal qui a écrit de si belles pages dans nos territoires, grâce à l’émergence de générations d’élus passionnés, charismatiques et dévoués ayant réussit à changer la vie au quotidien de leurs concitoyens, arrive en fin de cycle et il a grand besoin d’un second souffle.
Faire de la politique, y compris au niveau local, ne peut se réduire à maitriser les dossiers et à une simple expertise en urbanisme ou gestion, d’ailleurs méfions nous de toute expertise qui nous éloignerait du citoyen (je l’ai appris quelquefois à mes dépens), surtout en période de crise ou de vent mauvais, sinon l’élu prend le risque d’apparaitre désincarné, fataliste, résigné et brise rêve.

Il faut préserver plus que tout notre capacité d’indignation, notre combativité, mener et provoquer des révoltes si nécessaire, dans le but de défendre nos territoires et tous ceux qui y vivent, lutter contre la fracture territoriale qui insidieusement entraine la fracture sociale, lutter contre l’inertie, l’aquabonisme  ou l’autisme technocratique de tant de moulins à vent ou à parole, sans âme ni perspective.
Nous devons agir pour initier ou irriguer les projets qui émergent et partent des citoyens, leur parlent et les impliquent, des projets qui doivent faire sens, forger la cohésion sociale, des projets qui autorisent des lignes de fuite et des chemins de traverses, mais qui surtout incitent enfin les habitants, où qu’ils vivent dans cette bonne terre de France, à avoir confiance en demain et surtout dans les autres…

Il nous faut  « rallumer les étoiles » auprès de cet électorat déçu, désabusé, éteint, pour vaincre l’étoile noire frontiste et proposer des lendemains qui chantent aux oreilles de nos concitoyens, qui leur donnent l’énergie, la force de contribuer à bâtir ensemble, un avenir plus serein, solidaire et durable

 

Liens

Le débat de l’émission

Le Web Doc « Vie de Maire »

L’Association des Petites Villes de France

 

Tristes topiques

IMG_0688.jpgLes tristes résultats de ce week end, sont de la même veine que ceux des municipales de l’an dernier, une véritable hécatombe ! Le nombre de duels FN / UMP auxquels nous avons assisté, notamment en Seine et Marne, laisse à tout républicain plus qu’un goût amer dans la bouche et chacun  gardera  de ce dimanche un souvenir douloureux.
L’enjeu local était en théorie l’objectif central du scrutin, il a  laissé place à un test de popularité national, occasionnant beaucoup de dégâts humains, un gâchis territorial sans nom, et un résultat final en trompe l’œil tant il maximalise les résultats de l’UMP (du fait de la division de la gauche) et ne traduit pas concrètement l’incontestable montée du FN. Cette poussée  n’est ni une fatalité, ni inexorable, encore faut il se donner réellement les moyens concrets de la combattre.

Ces élections doivent interpeller tous les partis républicains, sans exception aucune, y compris et surtout ceux qui se sont auto englués dans un NiNi irresponsable et coupable. Un résultat qui confirme mon opinion sur le fait  que si un élu ou un politique veut réellement changer la vie des autres, il doit d’abord la partager pour la comprendre tout court ! C’est aussi une leçon de ce scrutin.
Trop de politiques, qu’ils soient de la gauche du PS, de son centre, ou de sa « dite droite »  pour se limiter à ce seul parti, sont totalement hors sol, ancrés et arc boutés a des priorités qui souvent se trouvent à des années lumière de celles de leurs concitoyens …  Aussi ne faut il pas s’étonner si, un jour, ces derniers décrochent et se détournent d’un discours qui non seulement ne leur parle pas, ne les respecte pas, tant dans sa formulation que dans ses objectifs ou priorités !

Alors que faire, aujourd’hui et demain ?

Pour le PS et ses militants l’équation est on ne peut plus simple : Réagir et rebondir ou mourir … Trouver la capacité de se rassembler, malgré les soubresauts de ces derniers mois, ou dépenser ce qui nous reste d’énergie à se diviser, s’éparpiller au quatre vents de la discorde et de la polémique, pour in fine, ne plus rien peser dans le débat politique national et n’avoir le sentiment d’exister que par la force des ressentiments ou des ambitions déçues !
De ma petite fenêtre de petit élu local, une vraie colère, jusque là contenue, monte. Elle m’apparait encore plus légitime après ce triste week end, j’ai le sentiment d’un gâchis incommensurable. Une colère froide, libératoire mais à priori inutile, tant espérer qu’un jour l’effet « bottom up » de la réalité du terrain atteigne des états majors parisiens isolés dans leurs tours d’ivoire (souvent d’ailleurs pour jouer un remake de : « Petits Meurtres entre amis ») semble vain.
Pour être clair, mon propos ne concerne pas spécifiquement ce gouvernement ou un courant particulier du PS, car je pense sincèrement, que là n’est pas le nœud du problème, l’origine du divorce et de la fracture avec le citoyen est non seulement bien plus profonde mais elle s’élargit encore après ce scrutin.
Aussi j’ai de plus en plus de mal à me retrouver dans ces lignes de partage, souvent factices, que sont les courants du PS, quand le leader remplace l’idée, la réponse formatée (pour ne pas dire l’élément de langage) l’interrogation, la certitude la nécessaire remise en cause et le commentaire au final l’analyse ou la perspective, tous les doutes sont permis.
Un divorce dont le PS n’a pas l’exclusivité, vu les « scores » réalisés par les autres formations de gauche, qui n’avaient lors de cette campagne, à priori, qu’une seule obsession, éparpiller les voix des électeurs avec les conséquences que l’on connait, pour  « casser du PS »! Reléguant du même coup, l’objectif pourtant central du scrutin : gérer des départements afin de proposer à nos concitoyens une politique plus sociale, solidaire et durable.
Constatons que ces forces politiques, dites « alternatives », n’ont guère déplacé les foules, bien au contraire ! Vu le résultat des urnes, un constat s’impose, arithmétique. Les Français sont loin de réclamer à corps et à cri une politique plus à gauche; leçon que devrait méditer certains de mes camarades …

Voilà pour le constat.

 

Nous devons collectivement, et au plus vite, nous retrouver et surtout nous ressourcer pour « réallumer les étoiles » comme l’écrivait si joliment Apollinaire. Encore faut il pour apercevoir la voie lactée, éteindre les sunlights médiatiques et parasites qui nous aveuglent et éblouissent tant de petits égos exacerbés les empêchant de ne percevoir autre chose que leur seul reflet, dans des miroirs cathodiques pathétiques tant ils sont egotiques.
Tels des narcisses du XXIeme siècle, captivés de leur seul reflet, ils recherchent la minute d’éternité médiatique, ou au choix le quart d’heure de célébrité plus que relative, que leur offrent sans retenue et si facilement les chaines de la TNT …

Il serait bon que chacun retrouve le minimum d’humilité et d’humanité nécessaire, renoue avec la proximité concrète et j’ose le dire l’esprit de camaraderie, tout en s’imprègnant de la réalité locale vécue au quotidien par leurs concitoyens, en ayant une oreille attentive pour les alertes lancées par les sentinelles de proximité que sont les élus locaux PS en place (dont la valeur provient aussi désormais de leur rareté croissante), avant de vouloir donner des leçons à la planète entière ou de lancer des mesures déconnectées du sol qui entraînent le chaos.

Ne nous trompons pas de combat, engageons nous au service de nos concitoyens pour concrètement changer leur vie chaque jour : pas après pas, si nécessaire même si cela fait réformiste ou « petit bras » de la révolution.
Cette démarche, je l’assume, pire même je la revendique, tant j’ai le sentiment, comme Maire, de transformer au final plus la vie de mes concitoyens que bien des orateurs médiatiques, adversaires auto proclamés de la finance et du grand capital, excommuniant à tour de bras, grands donneurs de bons points en « socialisme théorique et réthorique » devant l’éternel, ! Il est vrai qu’avec eux la droite peut dormir tranquille sur ces deux oreilles !

Encore devons nous admettre, que le monde se transforme de plus en plus vite, que ne pas avancer signifie reculer et prendre le risque, in fine, de ne plus peser sur notre destinée, celle du pays, de l’Europe ou de la planete.
Encore devons nous rappeler que nous ne sommes rien sans les autres, et plus que tout, être persuadé que la priorité absolue à accorder à l’urgence environnementale n’est non seulement pas négociable, mais doit devenir la matrice d’un projet politique ambitieux pour le XXI eme siècle comme le moteur d’un nouveau type de croissance durable et surtout équitable qu’il nous faut construire au plus vite …

Si je peux comprendre aisément la réaction d’amis désabusés et écœurés par les résultats (trop qui n’avaient pas démérité, loin s’en faut, l’ont payé cash !) qui lâchent l’affaire, à titre personnel, je ne m’y résous pas, préférant agir plutôt que de voir mourir ou se déliter les valeurs auxquelles je crois et de plus en plus. Ce second tour FN / UMP me restera longtemps au travers de la gorge et je ne veux surtout pas avoir à choisir en 2017 entre un Sarkozy et une Le Pen !
Je privilégierais, comme toujours, le mode d’action local, mais ne m’interdirais pas désormais d’intervenir en mode plus global, faisant entendre une voix aussi légitime finalement que celles inondant et encombrant sans retenue l’univers médiatique, une toute petite valeur ajoutée en quelque sorte.

 

 

 

mstarry night.jpg

 

Les mamelles de Tiresias

 

« Puis l’on entendit de grands cris parmi toute l’armée

ILS ÉTEIGNENT LES ÉTOILES À COUPS DE CANON

Les étoiles mouraient dans ce beau ciel d’automne
Comme la mémoire s’éteint dans le cerveau
De ces pauvres vieillards qui tentent de se souvenir
Nous étions là mourant de la mort des étoiles
Et sur le front ténébreux aux livides lueurs
Nous ne savions plus que dire avec désespoir

ILS ONT MÊME ASSASSINÉ LES CONSTELLATIONS

Mais une grande voix venue d’un mégaphone
Dont le pavillon sortait
De je ne sais quel unanime poste de commandement
La voix du capitaine inconnu qui nous sauve toujours cria

IL EST GRAND TEMPS DE RALLUMER LES ÉTOILES »

 

Guillaume Apollinaire

Avant toute chose : Faire obstacle au FN

marine.jpg

Dimanche je voterais en mon âme et conscience et sans réserve contre le Front National.

J’aime trop la république, les valeurs que mes grands parents et parents m’ont inculqué pour me tromper de combat …

A ceux qui à droite, pronent le « Ni Ni », je répondrais simplement que l’histoire ne leur a rien appris, que les valeurs de la république ne se négocient pas, qu’ils ne s’honorent pas en prenant ainsi une position à des années lumière de l’idéal gaulliste, entrenant un flou qui ne peut les mener in fine qu’à leur perte.

Aux électeurs de gauche, qui interloqués et révoltés par le non positionnement honteux de l’UMP, se refusent à choisir entre « peste et choléra », je leur conseille de lire la tribune de Boris Cyrulnik, le père du concept de résilience nous y parle surtout de résistance, son histoire personnelle donne quelque peu de poids à ses propos …

Je comprends le désarroi de trop d’électeurs désabusées qui avec le sentiment d’être des oubliés de la république se tournent en désespoir de cause vers les promesses sans lendemain du parti frontiste. Je me refuse à les juger en m’arrêtant aux conséquences, je préfére m’attaquer directement aux causes du mal qui ne sont pas uniquement irrationnelles, mais malheureusement aussi très concrètes.
Je veux simplement leur rappeler qu’un scrutin local n’est pas un sondage d’impopularité nationale. Dimanche prochain, les électeurs désigneront des élus chargés de gérer, dés le lendemain de l’élection, des départements, dont le mandat est destiné à améliorer le quotidien des habitants, ce que trop souvent aveuglés par une colère que je peux comprendre, certains ont tendance à oublier et en désespoir de cause se tournent vers une photo d’inconnus dont ils ne connaissent rien et un simple logo… perspectives pour le moins réductrices …

Le vote de la semaine dernière illustre la fracture croissante entre Politique et citoyen, fracture béante et angoissante, dont les états majors parisiens doivent saisir à la fois la gravité, l’urgence et le risque démocratique.
La politique plus que jamais doit, non seulement se rapprocher de la vie réelle, mais en être l’incarnation, et ne plus rester la chasse gardée d’un sérail d’élèves de grandes écoles et de collaborateurs de cabinet isolés dans leur bulle médiatique et égotique,  laissant à une technostructure hors sol la maitrise des dossiers.

Aussi, je n’ose imaginer la situation dans toutes ces villes et villages, notamment les plus pauvres, lorsque les baisses de dotations successives auront ébranlé durement ou détruit les digues de solidarité que les élus locaux s’efforcent de maintenir encore, envers et contre tous, malgré les aléas ou coups du sort que nous réservent certaines décisions en provenance de Paris !!!

Pour finir sur une note plus poétique, quelques vers de la magnifique poésie de Louis Aragon : « La rose et le réséda », repris hier par Christiane Taubira :

« Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas »

 

 

cyrulnik.jpg

La vie de Boris Cyrulnik « dérape quand, alors qu’il a 2 ans, son père s’engage dans le 22e régiment des volontaires étrangers. A partir de ce moment-là, sa mère se retranche en elle-même. Elle le confie à l’Assistance publique, avant d’être arrêtée le 18 juillet 1942.
Ses parents mourront au camp d’extermination d’Auschwitz. « Comment vivre avec eux puis soudain sans eux ? Il ne s’agit pas d’une souffrance ; on ne souffre pas dans le désert, on meurt, c’est tout », analyse-t-il. De ces années, il ne se souvient de rien. Enorme trou noir de non-vie. Ses souvenirs reviennent quand son institutrice vient le chercher à l’Assistance. « Pour m’apprivoiser, elle avait apporté une boîte de morceaux de sucre et m’en donnait. »

Voici son appel pour un vote républicain …

« J’ai connu des régimes totalitaires, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. On sait maintenant comment ils se préparent : il faut d’abord désigner des boucs émissaires de façon à orienter l’agression contre les étrangers et les parasites sociaux en affirmant que le gouvernement précédent les a laissés s’installer. Quand l’émotion est ainsi provoquée, les foules subjuguées sont faciles à manipuler.

Les discours totalitaires agissent sur les sentiments bien plus que sur la raison. Ils ne tiennent pas compte de la réalité qui est toujours plus nuancée et difficile d’accès.

A l’opposé, les débats démocratiques donnent la parole à plusieurs conceptions du monde. Ils sont plus laborieux, ils exigent des échanges et parfois des compromis, mais ils évitent les dictatures et les radicalisations sociales.

Je ne pensais pas qu’un jour, j’entendrais à nouveau des discours totalitaires qui renaissent dans le monde et en France.

Il est plus que jamais nécessaire de prendre position pour défendre nos valeurs républicaines. »

Boris Cyrulnik – 24 mars 2015

Il y a un autre monde, mais il est dans celui ci

pollution.jpgL’heure au PS est à la préparation du Congrés … Grande effervescence devant l’éternel s’il en est … pour certains c’est le moment de se la jouer « tactique », histoire d’influer  « les rapports de force », comme ils l’ont appris dans une vie antérieure, chassez le naturel, il revient au galop !
Nous sommes nombreux à penser qu’un Congrés est  le moment privilégié d’exprimer des idées de fond et de traiter de l’essentiel, et non destiné à se limiter à  l’écume médiatique, à l’accessoire ou à la promotion des plans de carrières de quelques uns.
Il est grand temps d’ouvrir, non des parenthèses mais bien, les fenêtres pour se confronter à un monde qui mute, à une société qui se délite, une planète qui se fait la malle et se dérègle chaque jour un peu plus, et de proposer de nouvelles perspectives, car là est l’essentiel …

Les repères que nous proposons ne peuvent plus être ceux d’hier, ils sont pour beaucoup, même si on peut le regretter, obsolètes, l’ardente obligations qui nous incombe devant une société en plein bouleversement et de construire les nécessaires balises d’un présent qui conditionne notre avenir proche et la survie même de l’espèce humaine. Nous savons désormais que comme l’a si bien écrit Paul Eluard, s’il y a un autre monde à construire, ses racines sont dans celui ci.

Le Parti Socialiste doit faire sa mue idéologique autour de la question écologique, tant elle est centrale. Il n’est plus question de sous traiter la problématique environnementale ou de « verdir » un discours de portée « généraliste » bâti sur les idées du XIX eme siècle et la redistribution des richesses d’une croissance productiviste.
Nous pensons que l’urgence environnementale est la matrice qui s’impose désormais à tout projet politique dont la réelle ambition est de transformer la société aujourd’hui et encore plus demain : que ce soir sur les enjeux (ils sont vitaux pour l’espèce humaine), le périmètre (la planète tout simplement) mais aussi les contraintes à venir (cumulatives et irréversibles) qui toucheront d’abord les plus fragiles …

Pour nous, l’urgence environnementale doit être la matrice du socialisme du XXI eme siècle que nous devons collectivement construire en prenant le pouls d’un monde qui avance et se transforme un peu plus chaque jour, c’estle sens de notre motion :

Agir pour construire une planète plus durable et plus solidaire.

 

 

Texte de notre motion

L’urgence environnementale, matrice du socialisme du XXI eme siècle.

« L’heure n’est plus au subtil équilibre théorique entre les trois piliers historiques au cœur du rapport Brundtland ; ce modèle a vécu.

L’état de la planète exige un changement de cap radical au regard de l’accélération du réchauffement climatique et des menaces pesant sur la biodiversité. Nous sommes confrontés aux limites physiques d’une planète qui n’est plus en capacité de se régénérer et se dérègle : l’activité humaine consomme les ressources naturelles plus rapidement que la terre ne peut les régénérer et émet plus de CO2 que l’écosystème ne peut en absorber. Un point de non retour a été sans doute atteint.

Maintenir la hausse globale des températures sous le seuil de 2°C d’ici la fin du siècle nécessite de diminuer les émissions de GES de 40 à 70% d’ici 2050 et de les faire disparaître totalement en 2100, ce qui n’empêchera pas pour autant des perturbations climatiques majeures sur toutes la planète.

Notre développement se caractérise par une consommation quasiment sans limite : infrastructures, énergie, consommation d’espaces naturels et agricoles (pour la France en 5 ans c’est l’équivalent d’un département comme la Seine-et-Marne qui a disparu), ressources naturelles…

L’eau douce dont l’essentiel est stocké sous forme de glace ou de neiges éternelles ne représente que 2,5% des réserves d’eau de la planète ; il ne reste que 0,75% d’eau disponible pour la consommation, dont 2/3 consacrés à l’agriculture. L’eau est une de nos ressources les plus précieuses et les plus menacées ; plus d’1 milliard ½ d’humains n’y aura pas accès d’ici 2030 ; pénurie qui concerne également les régions où il pleut trop ; la part de la population mondiale en situation de stress hydrique passera de 40 à 60% en 2020.

Outre le changement climatique, les principales limites planétaires transgressées concerne le changement d’usage des sols (il faudrait conserver 75 % de couvert forestier, aujourd’hui il est estimé sur la planète à un peu plus de 60 %) et la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore assurant la fertilité des sols agricoles (utilisation excessive d’engrais, effluents des exploitations animales …) et il en va de même pour l’érosion de la biodiversité, menacée sur terre comme en mer du fait des pollutions, du réchauffement climatique et des  prélèvements excessifs dus à la pêche intensive. Comment tenir compte de l’irréversibilité et évaluer son cout pour la planète ?

 

Le Développement Durable, une matrice qui s’impose à tous  

Pour les socialistes, il n’est plus question de sous traiter la problématique environnementale ou de « verdir » un discours de portée « généraliste ». L’urgence environnementale est la matrice qui s’impose désormais à tout projet politique dont l’ambition est de transformer la société aujourd’hui et demain : sur les enjeux (ils sont vitaux pour l’espèce humaine), le périmètre (la planète) mais aussi les contraintes (cumulatives et irréversibles).

Définir un nouveau modèle de croissance

Nos pays se sont développés sans se préoccuper du coté périssable des ressources consommées et des conséquences des émissions de Gaz à effet de serre (GES); plusieurs phénomènes se télescopent : impact cumulatif des émissions de GES, développement des pays émergents désirant accéder au mode de vie « occidental », poussée démographique la terre comptera en 2050, 10 milliards d’habitants et beaucoup plus de pays développés.

Si l’idée d’une croissance exponentielle infinie a constitué jusqu’à aujourd’hui un moteur puissant, elle est révolue ; cependant Les caractéristiques de la planète ne sont pas celles de l’économie, une croissance peut être qualitative, et ses limites sont plus « intellectuelles » que « physiques ». Un autre mode de croissance, respectueux de la planète et des plus fragilisés favorisant l’émergence d’une économie durable est possible. Il peut contribuer à nous permettre de retrouver sens, optimisme en l’avenir et perspectives d’aller enfin vers des horizons plus sereins …

Assurer la transition énergétique

La politique énergétique, caractérisée par l’omniprésence des énergies carbonées entre dans une nouvelle phase : diminution des stocks sédimentaires facilement accessibles, contraintes liées à l’exploitation des nouveaux gisements, conventionnels ou non. Conséquence, le prix de l’énergie augmentera dans les prochaines années comme les émissions en GES. Nous devons reconsidérer notre politique énergétique pour des raisons économiques, sociales, géo politiques et environnementales, en privilégiant deux pistes : la sobriété et le mix énergétique.

Renforcer notre sobriété énergétique

L’énergie la plus écologique est celle que l’on ne consomme pas. Plus le pays investira en ce domaine, plus il économisera et moins il émettra de GES. Agir donnera des résultats concrets à court, moyen ou long terme, tant localement que globalement ; autant de raisons qui en font le préalable à toute politique énergétique.

Le bâti : Le secteur résidentiel et tertiaire produit plus de 20% des émissions globales de GES provenant principalement du parc ancien, énergivore. Vu son faible taux de renouvellement (1 % l’an), la priorité est la rénovation des vieux logements. Les raisons en sont également sociales, de nombreuses familles fragilisées y vivent, dont beaucoup en situation de précarité énergétiqueet dans l’incapacité de financer toute rénovation.

La réflexion doit dépasser le seul bâti et porter également sur l’organisation urbaine  (habitat bio climatique, intensité urbaine) afin de rendre la ville désirable et l’associer à l’idée d’épanouissement individuel ou collectif (architecture, place de la nature, qualité des espaces publics). L’efficacité énergétique d’un territoire se doit d’être abordée globalement : énergie grise des matériaux utilisés, cycle de vie après utilisation (recyclage, énergie renouvelable), usages de la ville …Les avancées de la domotique, des objets connectés ou de l’analyse des données étant autant d’opportunités pour améliorer la maitrise de l’énergie, coté consommateurs et fournisseurs (capacités prédictives de production…). 

Les mobilités : La capacité de se déplacer constitue un marqueur social et territorial. Si pour l’habitant d’une métropole se déplacer ne présente aucune difficulté, pour d’autres cela s’apparente à un parcours du combattant quotidien, énergivore, dispendieux en temps, stress et émissions de GES ; le transport en est le 1er secteur émetteur (prés de 30%). L’essentiel en provenance de la route (90%, 57% pour les seuls véhicules particuliers).

Développer l’utilisation des transports en commun dans tous les territoires, surtout là où ils sont le plus déficients (péri-urbain et rural) constitue une priorité qui nécessite la mise en place de solutions innovantes, souples, intégrées, interopérables permettant à l’usager de passer d’un mode de transport à un autre sans difficulté. Il est indispensable de greffer aux réseaux ferrés structurants, système centralisé de transport de masse (aux lourdes infrastructures à mettre en place et entretenir), des éco systèmes locaux adaptés à chaque territoire allant au plus prés du domicile (« le dernier kilomètre ») ; nos concitoyens consommant la mobilité de plus en plus comme un service, aujourd’hui de plus en plus, « l’usage vaut possession ». Il faut mettre en place une gouvernance efficiente et réactive qui s’affranchit des périmètres (commune, intercommunalité, région) en lui substituant une approche « réseau » permettant de fluidifier la chaine de décision, de traiter l’ensemble de la problématique, de l’amont à l’aval. Pour le transport des marchandises, il est impératif également de s’engager dans le ferroutage et le transport fluvial en créant de véritables « backbones » innervant les grands axes structurants européen.

Les mobilités sont aujourd’hui, en partie, virtuelles ! L’économie numérique permet de limiter les déplacements physiques lors des heures de pointe. Il est nécessaire d’aménager le droit du travail, de faciliter de nouvelles pratiques professionnelles (travail à distance), de déployer les infrastructures nécessaires au développement des usages numériques les plus innovants (« tuyaux » et nœuds ou « synapses » : tiers lieux, fab labs …) afin de faire bénéficier du dividende numérique tous les territoires, sans exclusive.

Agir localement en pensant global : Le GIEC considère que la majorité des mesures de lutte contre le changement climatique doit être «mise en œuvre à l’échelon infranational» par des acteurs locaux, dont les collectivités : émissions de GES directes, politiques mises en œuvre (habitat, d’aménagement, urbanisme, transports), capacité à inciter d’autres acteurs à agir.Toute stratégie territoriale contre les émissions de GES devra être pilotée par un opérateur régional puis déclinée localement afin de s’adapter aux différents contextes (territoire, réseau de transport…).

La gravité de la situation nous impose d’être « en anticipation » et non plus en «réaction » en intégrant différentes échelles de temporalité, le présent étant directement connecté au futur proche ou lointain. Deux objectifs prioritaires : diminution massive et urgente des émissions de GES, adaptation au réchauffement climatique.

Constituer un nouveau mix énergétique

La hausse de la demande énergétique, la raréfaction des ressources, les aléas liés aux variations de prix du pétrole ou du gaz, les conséquences du changement climatique constituent de vraies tendances de fond. Chaque nation dispose de son propre mix énergétique qui évolue au fil du temps et des évènements ; notre mix repose principalement sur le pétrole, le gaz et l’électricité d’origine nucléaire. Cette dernière permet à la France de produire l’essentiel de son électricité sans émission de gaz à effet de serre et à un prix défiant toute concurrence ; mais l’atome étant l’énergie du temps long, ce prix ne prend pas en compte la maintenance, le stockage des déchets radio actifs, le démantèlement des centrales nucléaires. Notre système énergétique est composé d’infrastructures sophistiquées aux réseaux de distribution centralisés de type descendant (« top down »), et privilégie deux principes : l’effet volume, le concept de consommateur passif.

Le prochain mix énergétique sera en rupture totale ; organisé en réseaux inter connectés, proche des producteurs d’énergie, usagers et territoires, basé sur une production d’énergie décentralisée alimentée par des « éco systèmes » locaux (« passer d’une économie pastèque à une économie groseille » selon l’expression de P. Radanne), il privilégiera les énergies renouvelables et sera en capacité de recevoir l’énergie produite comme de la distribuer grâce à des réseaux intelligents. Il s’agit dans un cadre contraint, de privilégier une approche décentralisée et circulaire  qui repose sur les potentiels locaux : émergence de filières courtes, mise en place d’un bouquet énergétique d’énergie « intermittentes » (solaire, éolien) et régulières (hydraulique, biomasse, géothermie, méthanisation…). Cette politique doit se poursuivre dans la durée afin d’éviter tout effet d’aubaine ou bulle spéculative et favoriser la mise en place de filières pérennes.

Deux principes à appliquer progressivement : abandon des énergies carbonées (refus d’exploiter gaz et huiles de schistes…), limitation de la dépendance au « tout nucléaire », principe prudentiel anticipant les conséquences qu’une nouvelle catastrophe de type Fukushima aurait sur la législation européenne.

Développer l’économie verte

La qualité et la diversité de ses espaces naturels maritimes, montagnards, agricoles ou forestiers et la richesse de ses ressources font de la France une véritable terre d’opportunités pour l’écologie. Ces facteurs contribuent à l’émergence d’un nouveau modèle économique, plus en phase avec les exigences du temps : réchauffement climatique et révolution numérique.

Il serait cependant réducteur de limiter cette mutation à ces seuls domaines, tant l’économie verte porte en elle les germes de nouveaux modes de production et consommation bâtie autour de tendances sociétales de fond : économie circulaire (circuits courts, analyse de cycle de vie, valorisation des déchets), mutation d’une économie de produit vers une économie de la fonctionnalité qui valorise l’usage à la possession et révolution numérique qui « colonise » tous les secteurs d’activités avec pour principaux moteurs de croissance : objets connectés, exploitation des données (big data).

Une nouvelle géographie économique émerge, à la fois planétaire et locale, car l’économie circulaire est liée à une approche territoriale contextualisée.  Il est vital de mettre en place une stratégie industrielle qui privilégie la création locale de valeur ajoutée, la qualification d’une main d’œuvre non délocalisable, qui s’appuie sur les potentiels des territoires et la préservation de nos ressources naturelles grâce au développement des circuits courts, à la mise en place d’écosystèmes économiques locaux, à l’accompagnement de « jeunes pousses » et filières émergentes axées sur les potentialités proposées par la transition énergétique et le numérique.

La recherche et le développement sont des secteurs absolument stratégiques qui doivent faire l’objet d’un véritable engagement européen ; dans les domaines clés liés directement à la question énergétique (sources d’énergie, stokage, « smarts grids ») mais aussi et surtout à ses conséquences : adaptation au réchauffement afin notamment afin d’en limiter les conséquences dramatiques pour les habitants ou la planète.

Autre axe d’action, le dividende territorial. Devant une planète soumise aux aléas climatiques, la faculté de résilience des territoires constitue un avantage déterminant : qualité et efficience des infrastructures, formation des habitants, stabilité et dynamisme de la vie démocratique et sociale, autant de paramètres dont les entreprises tiendront de plus en plus compte.

Le village mondial est un ensemble d’éco systèmes interconnectés, inter opérables et le plus souvent convergents, réalité systémique qui s’est imposée et explique l’ampleur et la vitesse de prolifération des crises successives, toutes planétaires. L’économie ne se limite pas aux seuls facteurs de production, elle est soumise à la combinaison d’autres facteurs qui contribuent à réduire délais décisionnels, aléas, incertitudes, ou points de conflit potentiels (transaction sociale).

Placer la dimension sociale au cœur de la démarche environnementale

La question sociale est au cœur des préoccupations environnementales, les inégalités dépendent principalement du territoire dans lequel l’on vit. Les ressources naturelles étant de plus en plus limitées, les problématiques liées à leur accès ou à leur répartition sont cruciales, le réchauffement climatique touchant principalement les régions et populations les plus défavorisées.

Au niveau national
L’époque des « trente glorieuses » est révolue, une réalité douloureusement ressentie par beaucoup : croissance, promotion sociale et redistribution deviennent peu à peu de lointains souvenirs.
Nos concitoyens se replient sur eux mêmes, devenant plus individualistes, et le pays se transforme en société de la défiance qui peine « à faire corps ».

Cette situation risque d’empirer vu les contraintes liées au réchauffement climatique et aux modes de vie. Il est urgent de (re)construire un modèle social qui soit en phase avec la France de 2015, adapté aux contraintes du présent comme à celles d’un futur proche, le changement climatique n’étant pas la moindre.

La fracture territoriale se double d’une fracture sociale qu’amplifient les contraintes liées à la vie quotidienne ; beaucoup de familles ont le sentiment d’être « laisser pour compte », abandonner, déclasser, elles ressentent l’écologie aujourd’hui comme une inégalité supplémentaire, pourtant la précarité énergétique concerne près de 11% des Français. Il faut agir et vite, tant les conséquences du changement climatique se fond déjà sentir, retisser le lien social aujourd’hui distendu et le placer au centre de nos politiques.

Le « vivre ensemble » n’est pas un du, encore moins un automatisme. L’égalité théorique « factice » d’aujourd’hui qui externalise risques, incertitudes et aléas sur les populations fragilisées, doit être remplacée par une équité concrète, construite « non de manière transcendante, mais de façon immanente, du bas vers le haut » (P. Dubet). Il en va du devenir de la cohésion sociale politique du pays. Le discours politique ambiant est discrédité, démonétisé car déconnecté de la vie réelle, de plus en plus considéré par nos concitoyens comme une posture rhétorique voulant masquer une iniquité sociale et territoriale croissante.

Toute démarche écologique doit être sociale avant toute chose, afin de permettre à tous, surtout aux plus fragiles, où qu’ils vivent, de se projeter positivement dans un avenir qu’ils soient en capacité d’atteindre réellement.

Au niveau planétaire
La question environnementale est par nature globale : les pollutions s’affranchissent des frontières et le changement climatique concerne l’ensemble du village mondial. La planète est un patrimoine commun à l’humanité, aux générations actuelles comme à celles à venir,  nul n’en est le propriétaire exclusif et chacun doit être en capacité d’y avoir accès. Si les pays riches transfèrent nuisances et pollutions aux pays pauvres afin de limiter les émissions planétaires de GES, ils freinent leur développement, unique moyen pourtant pour ces populations d’accéder à un niveau de vie simplement décent.

Comment rendre ce monde plus équitable ? Aujourd’hui, chaque pays définit ce qu’il tient pour juste, selon ses frontières, sa culture, son histoire, ses valeurs, ses lois ou son contexte politique. Nos sociétés se sont transformées peu à peu en « société du risque » ; la  généralisation et la nature des risques rencontrés transcendent les sphères nationales et brouillent les repères sociaux, spatiaux et temporels. Un gouvernement seul ne peut combattre le terrorisme, le dérèglement climatique ou une catastrophe financière.

Le changement climatique est global ; si pour certains une justice globale mondiale n’a pas de sens, l’unique réalité concrète étant celle de l’état, pour d’autres la planète est un patrimoine commun à partager. Une opposition entre « citoyens d’un pays » et « citoyens du monde » trop manichéenne. Si une gouvernance unique au niveau mondial ne semble ni réaliste, ni atteignable, il est impératif de mettre en place des instances de régulation dépassant le seul cadre national. L’Europe peut et doit y contribuer.

Nos destinées sont liées, les choix de vie des plus riches influent directement et indirectement le devenir des plus pauvres. Cette situation ne peut durer, sous risque de rendre le monde invivable face à la multiplication de problèmes qui se multiplieront : phénomènes climatiques extrêmes, pandémies, mouvements migratoires incontrôlés, terrorisme, conflits environnementaux et régionaux, pollutions.

Restaurer la confiance et redonner de l’espoir

La crise économique que nous traversons ne suffit pas à expliquer les fractures de notre société : nous vivons une crise de confiance, une véritable crise de valeurs ; c’est pourquoi plus que jamais, partager des références communes est essentiel. Des références qui constituent autant de balises indispensables face à un monde en turbulence et de refuges devant la crainte du déclassement et la peur de l’avenir.

Du sens et de la solidarité
Nous vivons dans une société de la connexion généralisée où chacun est en permanence connecté. Pour un m

Le Développement Durable, matrice du socialisme du XXI eme siècle

Etats generaux.jpgDans le cadre des Etats généraux du PS, nous avons organisé a Trilport une réunion dédiée à la « Sociale Ecologie », le jour même du vote de la loi « sur la transition écologique et la croissance verte » dont un des acteurs et non des moindres Jean Louis Bianco était présent avec nous.

Ces états généraux sont l’occasion d’ouvrir les fenêtres, encore faut il le vouloir et le faire … Nous sommes nombreux à penser que c’est une nécessité; non pour des postures pré congrès mais plutôt pour laisser entrer la lumière, renouveler l’air ambiant, entendre les bruits et le tumulte du dehors, celui de la vie de tous les jours, contempler les paysages extérieurs, leurs perspectives, histoire de se confronter au monde réel comme  au nouveau qui se construit chaque jour, ici et ailleurs,

Ouvrir les fenêtres, c’est surtout à un moment donné, arrêter l’entre soi, afin d’échanger avec les autres, tous les autres, au sens large, et de débattre de vrais sujets, de sujets de fond, surtout avec une telle thématique …

Placer la question sociale au coeur de la réflexion écologique constitue selon moi non seulement une avancée majeure, mais un passage obligé, une démarche totalement adaptée à notre territoire, tant ces deux questions sont liées inévitablement.

De par son patrimoine naturel, la qualité de ses espaces et ressources (agriculture, filière bois, croissance démographique, sous sol, ressource en eau, émergence de filière en matériaux bio sourcés comme le chanvre …), la Seine et Marne est une terre d’opportunités pour l’écologie, encore potentielles et en devenir pour beaucoup …

De par les contraintes subies au quotidien par trop de familles ayant le sentiment d’être des « laisser pour compte », abandonner, déclasser, du fait des conséquences d’une discrimination territoriale et sociale avérée : précarité énergétique, problèmes de transport, menaces liées à l’exploitation des gaz, huile et pétrole de schiste, ‘état de la ressource eau …

Chacun constate que la problématique est aussi éminemment sociale …

C’est le sens de la contribution, en moins de 2700 signes (c’est la règle imposée) que j’ai commis pour ces Etats Généraux.

Elle est intitulée « L’urgence environnementale, le Développement Durable, matrice du socialisme du XXI eme siècle »

 

 

 

 

Ma contribution aux Etats généraux du PS sur la thématique « Croissance et Social Ecologie »

 

Etats generaux 2.jpg

 

 

L’urgence environnementale
Le Développement Durable, matrice du socialisme du XXI eme siècle

 

L’heure n’est plus au subtil équilibre du rapport Brundtland. L’état de la planète exige un changement de cap radical vu le réchauffement climatique et les menaces sur la biodiversité. Nous sommes confrontés aux limites physiques d’une planète qui n’a plus la capacité de se régénérer et se dérègle. Il s’agit non d’inverser une tendance de fond irréversible mais d’en limiter les conséquences et d’adapter nos modes de vie au nouveau contexte. Contenir la hausse globale des températures sous les 2°C d’ici 2100, impose une diminution des émissions de gaz à effet de serre supérieur à 50% pour 2050 et leur disparition en 2100, nous en sommes à des années lumière !

 

Pour les socialistes, plus question de sous traiter la problématique environnementale ou de verdir un discours généraliste. Le Développement Durable est la matrice qui s’impose désormais à tout projet politique dont l’ambition est de transformer la société. Certains prônent la décroissance, mais une autre croissance, respectueuse de la planète comme des plus fragiles est possible, il faut  pour cela :

Agir sur la politique énergétique. Renforcer notre sobriété (bâti, transports, économie) que ce soit au niveau des individus, collectivités ou entreprises. Constituer un mix énergétique basé non sur un modèle sophistiqué, centralisé autour d’un réseau distributif descendant, mais sur un modèle délocalisé, alimenté d’une multitude de sources d’énergies et de réseaux intelligents. Poursuivre l’innovation (pile à combustible, stockage, smart grids…)

Placer la dimension sociale au coeur de la démarche environnementale tant de nombreux habitants sont victimes de discrimination territoriale et sociale : précarité énergétique, mobilités, pollutions, manque de services publics de proximité … Nécessité de développer également l’éco citoyenneté.

Initier une croissance « verte »  qui privilégie économie circulaire, circuits courts, jeunes pousses et filières émergentes (ressourceries, énergies renouvelables, matériaux bio sourcés…), et soutienne filière bois, agriculture et pêche raisonnée, secteurs stratégiques pour alimenter 10 milliards d’habitants

Privilégier une nouvelle temporalité, pour sortir du « court-termisme ». L’action humaine exige la prise en compte de temps longs (analyse de cycle de vie, infrastructures…) et de principes universels (responsabilité, précaution, information), du fait de la complexité croissante des problématiques rencontrées, de leur coté systémique, de la nécessité d’une concertation citoyenne …

 

Le socialisme du XXI eme siècle doit porter une ambition écologique globale, pour les habitants, les territoires et la planète, tant nos destinées communes sont liées.

 

Cette publication est maintenant en ligne. Tu peux la visualiser directement sur le site en cliquant sur ce lien. Elle a été transmise au comité de pilotage des Etats généraux des socialistes.