Pour une nouvelle approche du Développement Durable

 « le temps du monde fini commence »

                                                  Paul Valery


1378820579.jpg La 17e conférence de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC) s’est ouverte, aujourd’hui,  pour deux semaines, à Durban.

A  tout juste quelques mois du 20 eme anniversaire du Sommet de Rio (1992),  le pire est malheureusement toujours à craindre, que ce soit au niveau de l’augmentation des  émissions de Gaz à effet de serre, que du réchauffement planétaire, qu’il paraît compromis désormais de limiter à 2 ° d’ici la fin du siècle, seuil plancher pourtant préconisé par les experts du du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour se prémunir d’un réchauffement aux effets irréversibles.
L’objectif est de prolonger le protocole de Kyoto, unique traité juridique contraignant ;  de récents rapports confirment que si rien ne change, la température sur la planète augmenterait de 3 °C à 6 °C d’ici à la fin du siècle !

Il faut effectivement trouver une suite au protocole de Kyoto, dont la première période d’engagement expire fin 2012. Rien ne nous dit pourtant malgré l’aggravation de la situation que le sommet de Durban sera plus constructif que celui de Copenhague (2009), ou de bien d’autres ...

It’s a long way ago

Issu des travaux du club de Rome, de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement humain (Stockholm, 1972), le concept du Développement Durable s’est popularisé avec le rapport de Gro Harlem Brundtland, « Notre Avenir à tous », (1987), qui le définit ainsi : « un développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». 

La Commission mondiale sur l’environnement et le développement s’accorde sur une  « nouvelle » définition de ce concept en le faisant reposer sur ses trois piliers historiques : économique, social, et environnemental (ou écologique) et leur nécessaire équilibre.

Il faut attendre le Sommet de la Terre sur l’environnement et le développement (Rio, 1992) qui adopte la « déclaration de Rio » et sa déclinaison locale « l’Agenda 21 », pour voir  la plupart des Etats s’engager dans l’élaboration de stratégies nationales de développement durable. 
Mais la situation a évolué à un degré  tel, qu’elle nécessite au regard de  l’aggravation de l’état de la planète, de tout remettre à plat et en perspective :  enjeux, priorités, actions à engager et calendrier.

Ce qui nécessite un changement de cap radical dont l’urgence, du fait de l’accélération du réchauffement climatique due aux émissions de gaz à effet de serre  (notamment le CO2) et des menaces pesant sur la biodiversité, n’est plus remise en cause par personne.

 Il s’agit non seulement d’inverser ces deux tendances, mais bien de proposer une nouvelle approche du Développement Durable et de ses priorités …

 

 

 

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 L’heure n’est plus à un équilibre savant et théorique dans lequel l’environnement doit composer avec l’économique et le social, mais bien de répondre à une échelle de priorité claire et nette fixée par l’état dramatique de la planète.
Pour la première fois sur la terre, maintenant et désormais, l’action humaine avec ses processus cumulatifs, peut modifier durablement les dynamiques des enveloppes : atmosphère, hydrosphère, biosphère. 

Les croissances mondiales ne sont plus limitées que par les dimensions physiques de la terre et les limites de sa capacité à se régénérer. Paradoxe cependant, le court terme pèse plus dans notre société que le long terme, une réalité que l’on retrouve dans trop arbitrages à effectuer, au moment même pourtant où l’action humaine exige la prise en compte absolue des temps longs.

 

Pour une nouvelle approche du Développement Durable

Nos sociétés n’ont plus le choix, une hiérarchie nette des enjeux entre planète (la biosphère), et société des hommes, dans toutes ses dimensions (culturelles, sociales, économiques), s’impose.

Elle exige de déterminer tant la marge d’action est désormais réduite et l’échelle de temps courte ceux qui dans les objectifs poursuivis, vu les urgences, apparaissent comme les « plus prioritaires » ; application concrète du principe de responsabilité, .

C’est le sens du nouveau schéma proposé : les inter relations entre société et biosphère ou/et entre société et individu, intègrent les « piliers » économique et social du schéma traditionnel représentant le Développement Durable (Brundtland). 

L’économique et les relations sociales n’étant que les résultantes des médiations et des choix politiques des Etats ; le mode de fixation du prix des différentes sources d’énergie en est la meilleure illustration, tant différents paramètres interviennent (subventions, fiscalisation, taxes …).  Le préalable incontournable est bien l’état de la biosphère et ses impératifs. 

Une nouvelle dimension émerge également et s’impose à tous : la gouvernance. Elle n’intervient plus sur un équilibre quelquefois précaire ou factice entre trois composantes plus ou moins équivalentes, mais doit se fixer une priorité absolue, l’intégrité de la biosphère.

 

Elle résulte de la convergence de plusieurs paramètres conjugués :

– la complexité croissante des domaines concernés par la problématique du Développement Durable,

– la diversité et le pluralisme des approches des différents acteurs,

– la nécessité de privilégier une approche transversale abordant concrètement la problématique des usages et de la concertation citoyenne

– la continuité d’une démarche qui doit se perpétuer bien au delà de la livraison du quartier et se « conjuguer » au quotidien.

 

Enjeu prioritaire : la biosphère

L’état de la planète nécessite un changement de cap radical en divers domaines : efficacité énergétique, économie des ressources naturelles, production d’énergie non fossile, consommation foncière, biodiversité et limitation du  réchauffement climatique du aux émissions de gaz à effet de serre. 

Selon le rapport du GIEC, poursuivre les émissions de GES au rythme actuel accentuerait non seulement le réchauffement de la planète mais modifierait de manière irréversible le système climatique, avec des conséquences dramatiques.

En l’état actuel des recherches scientifiques, la température moyenne sur Terre pourrait augmenter de 3 à 6°C d’ici la fin du siècle ; pourtant une hausse des températures supérieure à 2 °C renforcerait les phénomènes météorologiques extrêmes et aurait pour nombre de régions du globe des conséquences désastreuses (montée des eaux, catastrophes météorologiques …).

Car toute activité humaine influe sur la biosphère : habitat (conversion des terres, gestion urbaine…), mobilité, maintien de la biodiversité (faune et flore), pollution (pesticides, effluents urbains et industriels, déchets …), changement climatique (émission de GES, combustion d’énergies carbonées, déforestation, industries …), espèces invasives…

 Ces menaces, directes ou indirectes, pèsent sur la biodiversité, et sont les conséquences de la présence humaine (nourriture, eau, énergie,  matériaux, espace, équilibre des écosystèmes, activités humaines …). Leur impact dépend non seulement du nombre total d’habitants, mais aussi de leur mode de vie ou de développement.

 

PIG : More nature than nature ?

Les seine et marnais rêvent-ils de moutons électriques ?

 

5509mec_27.jpegLes incidences environnementales de « Villages nature » ne se limitent pas à ce seul projet, loin s’en faut. Le futur site touristique fait l’objet en effet d’un Programme d’Intérêt Général (ou PIG), qui impactera considérablement le secteur, et bien au delà des 500 hectares consommés par Dysney and Co.

La procédure du PIG est particulière, elle autorise l’Etat à imposer aux collectivités territoriales des projets reconnus d’utilité publique (ouvrage, opération d’aménagement… ). Concernant « Villages Nature », les associations environnementales remettent en cause cette notion « d’intérêt général », pour ce qui est de fait une appropriation par des entreprises privées, d’espaces forestiers et de terres agricoles, voués à être transformer en site touristique international.
C’est bien le lancement de Villages Nature qui a entrainé la révision du PIG initial du secteur IV de Marne-la-Vallée par l’Etat, qui prévoit que «la population devrait atteindre d’ici à 2030 entre 55 000 et 60 000 habitants», soit 35 000 habitants de plus qu’aujourd’hui , excusez du peu !

Une procédure qui transformera de manière irréversible un secteur bien plus étendu que prévu à l’origine ; si dans le décret initial de mars 1987 seul le secteur nord de l’A4 était urbanisable, la localisation actuelle intègre 108 hectares qui n’étaient pas concernés par cette convention.
Deux communes, situées hors périmètre, se sont trouvées intégrées, bien malgré elles, dans l’aventure de « Villages Nature », suite à une décision prise sans préavis ni concertation.

Les représentants des collectivités voisines (cf note précédente) ont insisté sur la nécessité préalable de mettre à niveau les infrastructures de transport (routières et ferrés) sur un secteur déjà saturé ! Sur ce point aucune précision n’a été donnée sur leur calendrier de réalisation et les modalités de financement, d’autant que les travaux autour du réseau du Grand Paris vont compliquer une donne déjà explosive.

Autant d’éléments, qui dans le cadre d’une opération plaçant à priori le Développement Durable comme priorité première font désordre et laissent pour le moins perplexe, tout en inquiètant un grand nombre d’élus.

Voilà un dossier de rentrée qui promet et risque fort d’évoluer dans les prochains mois, d’autant qu’il aborde deux problématique qui ne laisse peronne indifférent : celles de l’environnement et du lien social.

Car comme l’évoquait le slogan publicitaire de « Tyrell Coorporation », autre grande entreprise du 7eme art et qui inspire sans doute les managers de Dysney, méfions nous du : « More human than human »

Il est effectivement important, de replacer l’humain au centre de ce projet, l’humain réel pas son répliquant.

 

 

 

Des habitants ignorés

Le Maire et les habitants de Montry ont appris, du jour au lendemain, que 36 hectares de leur commune étaient réquisitionnés par l’Etat, avec pour conséquences majeures, une croissance de population de 66 %, en un temps record, des prescriptions architecturales ou urbaines imposées aux élus et au final une ville coupée en 2.

L’autre commune concernée, Coutevroult constitue également un cas de figure intéressant, puisque cette future ville champignon va effectivement connaitre selon le PIG une augmentation de population de plus de 300 %.

Lot de consolation pour ces deux communes, bien qu’elle ne fasse pas partie du même ECPI que le SAN, elles bénéficieront de la  « signature » architecturale et urbaine imposée, une préoccupation donc de moins pour les élus et la population. Ces villages bénéficieront d’une approche urbaine pour le moins raffinée, dans le plus pur style « dysneyland » (voir « Kaufman Broad ») et accéderont ainsi au à « nec plus ultra urbain » très apprécié outre atlantique. , Un style qui les éloignera quelque peu de la « Charte qualité village » adoptée notamment par ces deux communes et élaborée en partenariat avec le CAUE de Seine et Marne. Un saut qualitatif qui promet !

Des soucis, à priori, les élus, placés devant le fait accompli, en auront. Ils devront en effet assumer financièrement les besoins en équipements et structures suscités par cet apport de population non planifié,  dont ils ne pourront maitriser le rythme. Autant dire que cette décision, ne fait pas que des heureux et devant le tollé général suscité, les autorités ont tout de même reconnu « un léger manque de concertation »  …

Les particularités  du pays créçois et des villages avoisinants, qui avaient su jusque là préserver un urbanisme traditionnel à taille humaine, sont balayées par un projet venant des hautes sphères qui « densifie, uniformise, anonymise ». Après les jardins à la française voici venu l’époque des villages à la Dysney.

Espérons que Villages Nature ne remette pas en cause la création du projet de Parc Naturel Régional 

 

 

Un débat plus contrasté qu’il n’y parait

Le débat public a permis à certaines structures de donner leur avis sur le projet présenté. Des contributions de 2 à 10 pages pour les cahiers d’acteurs, à la disposition de tous, que je vous invite à parcourir, tant elles permettent de connaître les différents points de vue et de se faire une idée plus précise. Ils font l’objet d’une large diffusion assurée par la Commission particulière du débat public (CPDP), organisatrice et arbitre du débat.

Voici deux des contributions au débat, celle de Nature 77 et de la Chambre d’Agriculture :

Nature Environnement 77 qui fédère une soixantaine d’associations seine-et-marnaises de protection de la nature, de l’environnement et du cadre de vie, a publié un cahier d’acteurs hostile au projet et préconise de :

• Contenir la ville nouvelle dans ses limites initiales.

• Préserver la ruralité du secteur et de la vallée du Grand Morin, dans toutes ses composantes: espaces naturels, forestiers, agricoles, structure et patrimoine des villages.

• Rendre compatible les activités humaines avec la qualité environnementale des sites.

• Repenser le transport des biens et des personnes, dans un souci d’économie et de diminution de la pollution.

• Entreprendre une véritable concertation avec les associations et la population.

• Valoriser le territoire grâce au projet de parc naturel régional de la Brie et des Deux Morins. Le territoire agricole actuel constituant une zone tampon entre ville nouvelle et forêt de Crécy, sa suppression faisant butter directement en contact front urbain constitué et  massif forestier, ce qui va à l’encontre de l’objectif théorique de préserver une « trame verte et bleue » garante de la biodiversité.

L’association rappelle deux principes du SDRIF de 2008 :

Conditionnant l’urbanisation de ce secteur à la réversibilité des aménagements. Ce projet devrait donc prévoir et estimer le cout d’un retour à l’état actuel (agriculture, forêt) dans le cas ou il ne s’avérerait pas viable.

« la volonté de préserver des espaces ouverts, très appréciés pour leur proximité du cœur d’agglomération, et l’agriculture périurbaine, fragile, qui assure en partie la gestion de ces espaces ».

 

La Chambre d’agriculture souligne la consommation croissante d’espaces naturels et agricoles en France depuis plus de quarante ans.  Les données 2009 et 2010 font état de 93 000 hectares l’an consommés, soit en 5 ans l’équivalent d’un département comme la Seine-et-Marne (24 m2 chaque seconde). Pour notre département se sont 1 000 hectares en moyenne par an qui s’urbanisent.

La population est passée de 650 000 habitants en 1968 à près de 1 300 000 habitants avec tous les besoins en équipements, infrastructures et services que cela suppose et la transformation profonde de l’équilibre des espaces naturels et agricoles et de la physionomie des paysages locaux.

Point positif, le projet « Villages Nature » mentionne que 20 % de la nourriture proposée sera constituée de produits locaux (rayon de 100 Km autour du Village) en affichant des objectifs ambitieux en matière d’alimentation : 20% bio, 25% à moins de 100 km, 30% fruits et légumes de saison, 50% commerce équitable (thé, café…).

Seul problème, ces objectifs sont pour l’heure totalement irréalistes, voir fantaisistes car en total décalage avec l’agriculture francilienne spécialisée dans les « grandes cultures » (principalement blé 40%, maïs 13%, colza 11%, betteraves 2%, orges 6%, pois 12%…).

Pour que les agriculteurs, notamment locaux, soient en mesure et en capacité de répondre, il faut engager une véritable mutation qui nécessite des engagements clairs et pérennes, et un accompagnement logistique et financier : investissements, mutualisation de matériel, savoir faire, main d’œuvre spécialisés … Car les exploitations locales sont le reflet de l’agriculture de la région Ile de France, pas du tout dimensionnée vers l’approvisionnement local, le maraichage ou la production de fruits. Il serait pour le moins dommageable et paradoxal que le bio, ignorant la philosophie des filières courtes proviennent par camions ou avions d’autres régions du monde !

Mais le projet pourrait prendre une toute autre dimension, en initiant la transition de l’agriculture seine- et-marnaise : soutien à l’installation de producteurs bio, renforcement de l’autonomie alimentaire, création de filières de distribution courtes, compensation foncière afin de sauvegarder les entreprises agricoles impactées par le projet …

 

Des infrastructures totalement insuffisantes

La situation actuelle au niveau de la desserte du secteur, qu’elle soit routière ou ferrée, est plus que difficile : RER saturé, bouchons quotidiens sur les routes … Il est certain que le projet de PIG qui accompagne Villages Nature n’arrangera rien et risque fort au contraire de compliquer une donne qui n’est déjà pas simple  !

L’Etat n’a encore présenté ni les modalités (financement, procédures,…) ni le planning de réalisation des liaisons prévues dans la mise en œuvre du projet.

Il est tout aussi clair que les collectivités voisines, qui ont géré seules les contrecoups de l’arrivée puis du développement de Dysney, sans recevoir aucune contrepartie des richesses générés, demeurent réservés sur de tels projets dont ils risquent fort de ne voir aucune des retombées.

 

 

Calendrier prévisionnel

 

Les enquêtes publiques

Avec la fin du débat public s’achève la première phase de la concertation. Elle sera suivie des différentes enquêtes publiques, qui se succéderont : intérêt général du projet, acquisitions foncières, modifications des documents d’urbanisme dans chaque commune concernée, loi sur l’eau…

Elles seront organisées dans les deux mairies concernées par le projet, Bailly-Romainvilliers et Villeneuve-le-Comte. Chacun pourra s’y informer du projet et exprimer son avis, ses critiques et ses suggestions.

 

La Déclaration d’Utilité Publique (DUP)

Une procédure administrative qui devra déclarer d’utilité publique des infrastructures de transport routier nécessaires à la desserte du projet Village Nature, procéder aux  acquisitions foncières par voie d’expropriation pour cause d’utilité publique, mettre en conformité les documents d’urbanisme : Schéma Directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF), Plan Local d’Urbanisme (PLU), Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) avec le projet Villages Nature.

C’est une fois que l’arrêté de DUP sera signé et publié que les permis de construire pourront être délivrés.

 

 

Début des années 2000

Euro Disney étudie, suite à l’ouverture de son deuxième parc la possibilité de poursuivre son extension. Sa collaboration sur un projet à Val d’Europe (Adagio Aparthotel) avec Pierre & Vacances qui vient tout juste de prendre le contrôle des Centers Park ouvre de nouvelles possibilités sur un concept tourné sur plus sur la nature, que le divertissement.

 

2003

Euro Disney et Pierre & Vacances créent une société d’études afin d’étudier la faisabilité de créer un  « Village Nature » à proximité de Disneyland Paris et de Val d’Europe. Un choix guidé pour des raisons contractuelles avec les collectivités territoriales et l’Etat, existence d’une convention signée en 1987Aux termes de l’avenant à la Convention de 1987 signé le 14 septembre 2010, le projet couvre 259 hectares, dont 195 ha sur la commune de Villeneuve-le-Comte, 58 ha sur Bailly-Romainvilliers et 6 ha sur Serris) des considérations plus géographiques et de logistique.

 

février 2007

les deux initiateurs signent une lettre d’intention avec les pouvoirs publics, afin de confirmer l’intérêt de ces derniers pour ce projet. Volonté prolongée par la publication en 2009 d’un livre blanc.

 

2008

Définition des conditions du projet par les diverses parties concernées (Pierre et Vacances, Eurodisney et les partenaires publics).

 

 septembre 2010

un avenant à la Convention de 1987 est signé, qui en prolonge la durée de 2017 à 2030.  L’état dans et envisage une stratégie de développement à cet horizon pour l’ensemble du secteur de Val d’Europe et de sa périphérie, rendant notamment possible la mise en œuvre du projet Villages Nature.

 

2010

la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) décide que le projet Villages Nature doit faire l’objet d’un débat public,

Étude de réalisation sur site de la première phase comprenant deux villages, celui sur le thème de la forêt et celui sur le thème de l’eau.

le conseil régional d’Île-de-France autorise le chantier de Villages Nature. Cependant, auparavant, il a été décide d’organiser un débat public sur le projet, organisé conjointement par l’Etablissement public d’aménagement (EPA France) et la société « Les Villages Nature du Val d’Europe », qui portent le projet.

Euro Disney SCA et l’État français signent un avenant à la convention qui la prolonge jusqu’en 2030 au lieu de 2017 et agrandit le complexe qui passe de 1945 ha à 2230 ha.  Cet avenant officialise le projet de Villages Nature, 7 000 logements à vocation touristique développés par le groupe Pierre & Vacances sur 520 hectares, pour un investissement de 1,8 milliard d’euros; ainsi que la construction de 10 000 logements permanents dans le cadre du développement urbain de Val d’Europe

 

12 avril au 24 juin 2011

Débat public

 

2015

Ouverture de la première phase du projet avec 2300 maisons avec 32000 m² de surface d’activité.

 

2020

Phase 2 : construction des deux autres villages.

 

« Villages nature » est il réellement nature ?

lagoon.jpgLa SNCF lors de la dernière réunion du club de partenaires avant la trêve estivale, a eu la judicieuse idée d’inviter Dominique Cocquet, Directeur général de «Villages Nature », afin qu’il présente un projet qui a déjà fait couler beaucoup d’encre.
Ce « routier » du « monde merveilleux de  Disney », société ou depuis 20 ans il occupe divers postes à responsabilité, venait tout juste de clore le cycle de réunions de concertation imposé par la Commission nationale du débat public (site de la CNDP, note du blog sur cette instance), c’est dire qu’il était affuté pour cette présentation.

Son discours a coulé, limpide comme de l’eau de source, le manager aguerri laissant place à un véritable évangélisateur au discours  environnemental quasi mystique soulignant l’harmonie entre l’homme et la nature et célébrant la rencontre entre génie humain et génie des lieux.

Ne nous y trompons cependant pas, derrière le « green washing » d’une présentation publique bien rodée, le model business du projet apparaît clairement. Rappel utile, Dominique Coquet dans une vie antérieure a également dirigé Forest-Hill Développement et à ce titre le projet Aquaboulevard de Paris.

Villages nature est une joint venture entre deux acteurs majeurs du tourisme et du divertissement « Pierre & Vacances Center Parcs », leader européen du tourisme de proximité (40 années d’expérience) et Euro Disney, dont le navire amiral Disneyland Paris, est la 1ere destination touristique européenne avec plus de 230 millions de visites depuis 1992. Leur collaboration est né d’un projet commun mené sur Euro Dysney en 2003 (Adagio Aparthotel).
Les deux nouveaux partenaires décident de surfer sur une tendance de fond autour de l’environnement, et l’intérêt croissant pour l’éco tourisme et le tourisme vert. Deux initiatives du Groupe Pierre & Vacances Centers Parc vont dans ce sens : le domaine de Belle Dune, en baie de Somme (label Éco-Village), et le dernier né des Centers Parcs, celui des Trois Forêts Moselle- Lorraine.

Villages Nature est le fruit de cette réflexion sur la « quête de l’harmonie entre l’homme et la nature », concept totalement adapté aux vacances familiales; mixt entre un immense Center Parc nouvelle génération et des résidences hôtelières thématiques, dans l’esprit du Davy Crockett Ranch.
Le projet initial est d’élaborer un prototype, encore faut il disposer d’un espace suffisamment étendu et d’infrastructures à proximité. En cas de succès, le nouveau produit touristique pourra s’attaquer à? d’autres marchés européens (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Royaume-Uni …).

Un site semble particulièrement adapté; localisé au coeur de l’Europe, à 6 km de Disneyland Paris; avec une surface potentielle de 500 hectares. Il présente l’avantage déterminant d’être à proximité immédiate de Disneyland, ce qui permet non seulement à ces deux pôles d’être complémentaires, mais  de partager les infrastructures déjà existantes ou prévues sur Val d’Europe : 1er hub TGV de France à Marne-la-Vallée/Chessy, RER A, Autoroute A4, lignes de bus interurbaines, navettes aéroportuaires …

C’est ainsi que le projet « Villages nature » est né …

Mais, ce  projet qui marquera notre environnement immédiat dans les prochaines années est il respectueux de la nature ?

 

 

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Un concept bâti autour de trois idées forces

Dans sa présentation, Dominique Coquet s’est présenté comme un écologiste refusant toute option  nostalgique ou rétrograde de l’environnement, et envisageant  l’avenir de manière résolument « positive », trois idées forces résument pour lui le  concept de Villages Nature :

Devenir une destination de villégiature

La cible poursuivie est principalement la clientèle familiale européenne. Placer Développement Durable et Nature au cœur du projet paraît un excellent argument commercial. Pour ce faire, les porteurs du projet ont appliqué les principes de la méthodologie « One Planet Living », élaborée par BioRegional et WWF International pour élaborer leur Plan d’Action Durable initié vise à réduire l’empreinte écologique du projet et tendre vers le «zéro carbone».

« Célébrer » l’harmonie entre homme et la nature

Réunir « génie des lieux » et « génie humain », fil rouge du model business. Idée centrale du projet, dans le sens « extra ordinaire », pour le « génie des lieux » utiliser la nappe géothermique à 78° nichée à 1 800 mètres de profondeur (dogger) et exploiter l’eau qui s’y trouve pour couvrir les besoins en chauffage et en eau chaude de Villages Nature dont un lagon de  3 500 m² !

Concevoir une offre d’hébergement « différente » et insolite

L’autre innovation technologique est représenté par une architecture célébrant la relation privilégiée entre homme et nature.  Les sources d’inspiration sont multiples, un mixt entre Art Nouveau, jardins Zen, les travaux  de l’architecte Hundertwasserle, précurseur de l’architecture environnementale et de « l’empreinte écologique » du citoyen et du citadin moderne. Il avait créé des immeubles avec des arbres aux fenêtres (l’arbre-locataire), ce qui lui a fait dire : « Certains disent que les maisons sont faites de murs. Je dis qu’elles sont faites de fenêtres. »

Afin de définir une «charte architecturale originale d’aujourd’hui », une équipe d’architectes et de paysagistes renommés, dont Jacques Ferrier (Pavillon français de l’Exposition universelle de Shanghaï), Jean de Gastines, et le paysagiste Thierry Huau, doivent définir les ambiances naturelles, qu’elles soient lacustres ou forestières

L’objectif est de faire d’un séjour à Villages Nature une expérience inoubliable, le temps d’un voyage imaginaire et intemporel en famille, dans un des quatre villages thématiques : l’eau (parc aquatique doté d’un lagon extérieur chauffé toute l’année à 30° grâce à l’énergie géothermique), la forêt (Davy Crockett’s Adventure), la terre (ferme …), le sport et la santé (centre de remise en forme : diététique, relaxation, etc.).

Une nature avant tout artificielle

Se voulant exemplaires en développement durable, les promoteurs du projet ont mis au point un Plan d’Action Durable (PAD) en 10 cibles avec deux ONG, dont les principales sont : un Coefficient d’Occupation des Sols inférieur à 10 % avec  des espaces naturels représentant  plus de 90 % de sa surface, la recherche de « l’exemplarité » en matière d’empreinte écologique (gestion des déchets, recyclage de l’eau, environnement sans voiture, utilisation de matériaux durables… ), l’utilisation de la géothermie profonde devant couvrir 97 % des besoins en chaleur de Villages Nature grâce à deux puits forés à 1 800 mètres, l’eau à 78°C permettant d’alimenter les réseaux de chaleur en surface avant d’être réinjectée dans la nappe souterraine (dogger).

Cependant, force est de constater que Villages nature constitue en premier lieu et quoiqu’en dise ses initiateurs, un « parc de loisirs », avec tout ce que cela suppose d’artificiel, d’aseptisé. L’harmonie entre l’Homme et la nature étant pour le moins préméditée. Nous sommes en fait, beaucoup plus prés d’un Center Park géant que d’une destination de tourisme vert, telle la Forêt de Fontainebleau ou  les bords de Marne, pour garder une ambiance locale forestiére ou lacustre. Et que penser du point d’orgue du projet, le lagon artificiel ?  Villages Nature est un parc de loisirs dont la thématique est une représentation artificielle et virtuelle de la nature.

D’autre part, pour un projet qui place le Développement Durable en priorité absolue, les ambitions énergétiques font sourire, tant nous sommes éloigné de l’excellence environnementale. Se limiter au simple respect de la réglementation Thermique 2012 (environ 65kwh/m2/an) pour un projet se prévalant de fortes valeurs environnementales et qui sera inauguré en 2015 au plus tôt, cela fait désordre !

Caractéristiques du projet

La première phase de Villages Nature s’étendra sur 175 hectares aménagés, et prévoit la construction de 1 730 logements (appartements, cottages …). Elle mobilisera un investissement global de près de 700 M€. Mais à terme, c’est plus de 7000 maisons et appartements qui seront construits d’ici 20 ans, sur une surface de 520 hectares (10 % seulement de bâti) avec l’éventualité de créer un 3eme parc à thème.

Le projet devrait générer environ 7 M€ de taxes locales par an et la création de 4 500 emplois, dont 1 600 directs. Les travaux pourraient commencer au premier semestre 2013, en fonction des acquisitions foncières, pour une ouverture au public à l’horizon 2015.

Lors de sa présentation, Dominique Coquet a insisté sur la capacité de Villages nature à devenir un moteur du tourisme seine et marnais.
Beaucoup en doutent cependant, la clientèle visée, les types de séjours envisagés, l’expérience d’Euro Dysney démontrent qu’il existe un véritable effet « bulle » du parc de loisirs, plus accentué encore dans un Center Parc la bulle n’y étant même plus virtuelle, d’autant que le savoir faire des équipes de Dysney ou de Pierre et Vacances sont de rendre les  visiteurs captifs de l’offre initialeet des divers services qu’ils peuvent proposer en interne.

Mais ce qui à fait le plus réagir les élus présents lors de cette présentation, comme les responsables des infrastructures de transport, n’est pas seulement le concept « Villages Nature » mais bien le PIG ou Programme d’Intérêt général, qui fera l’objet de la prochaine note.

Grand Paris : L’intensité urbaine à l’ordre du jour

jardin-abbe-pierre_s.jpgLa 1ere soirée débat des « Conversations Métropolitaines » (cf note précédente), consacrée à l’intensité urbaine a été inaugurée par le tout nouveau Président de l’Atelier International du Grand Paris, Pierre Mansat dans un lieu totalement adapté au sujet des tables rondes, et certainement pas du au hasard,  puisqu’il s’agit de l’amphithéatre de l’Université Paris Diderot, implanté en plein cœur de la Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) « Paris Rive Gauche ».

Cette  ZAC constitue l’opération urbaine la plus ambitieuse menée à Paris depuis le 19 eme siècle. Nous sommes déjà dans la ville post Kyoto : tours résidentielles, jardins durables, celui de l’abé Pierre est un modèle de gestion différenciée des espaces, passerelle pour piétons, réutilisation d’anciens bâti industriels emblématiques, telle l’ancienne halle des Grands Moulins de Paris abritant l’amphithéatre, le Paris d’Hausmann est bien loin …

Nous sommes incontestablement dans un morceau de ville qui se régénère … Manque cependant à proximité de l’amphi,  des parcs à vélo, comme quoi la durabilité est un long combat !
Aujourd’hui plus de 5.000 habitants y vivent, 15 000 salariés y travaillent, à terme ils seront prés de 20 000 habitants pour 60.000 salariés !

C’est dire l’importance de ce chantier hors norme de plus de 130 hectares, situé à un jet de pierre de la Très Grande Bibliothèque de France. 

Force est de constater que les trois tables rondes qui se sont succédées, animées par Cyrille Poy, journaliste des plus spécialisés, nous ont plongé au cœur des thématiques liées à l’intensité urbaine, et des freins entre cet objectif encore lointain est la situation actuelle ressentie par les acteurs du terrain.

Constat, l’intensité urbaine doit intégrer deux  paramètres : la multiplication des recours juridiques due à une complexité incroyable des procédures et l’échelle des temporalités …

 

 

 

De la boite à outils règlementaire appliquée à l’intensité

Christian Curé (Directeur Adjoint du Développement Durable de la Direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement) a fait un point d’étape sur la relation entre les besoins urgents et croissants en matière de logements (nombre, diversité, mixité sociale et générationnelle, durabilité du développement  …) et l’évolution du contexte règlementaire. Une relation duale qui du fait d’une complexité croissante des textes et des procédures ralentit considérablement les réponses à apporter à un besoin vital de notre société, celui de se loger.

Il note l’accumulation de textes règlementaires de ces dernières années en lien avec la construction de logements. La boite à outil est désormais bien garnie, trop bien garnie au regard de la complexité juridique croissante et de la longueur des procédures. Le besoin de simplification devient urgent, notamment et surtout face à la multiplication des recours. Pour un élu, notamment de petite ville, le moindre PLU est un vrai parcours du combattant, l’intérêt général étant souvent mis à mal par certains intérêts particuliers contrariés.

Force est de constater que le temps du Plan d’Occupation des Sols de géomètre est bien révolue. Le Schéma de Cohérence Territorial (SCOT), le Plan Local d’Urbanisme sont véritablement porteurs d’une véritable stratégie territoriale à moyen et long terme permettant d’anticiper certaines tendances ou exigences, notamment environnementales.

Ils constituent des outils précieux de gestion du temps long et de la mutabilité et permettent d’avoir d’authentiques perspectives territoriales.

Dans cette gamme d’outils, soulignons :

  • la place croissante prise par les Plans locaux de l’Habitat, qui apporte une approche réellement sociale qui permet d’infléchir les politiques territoriales sur la problématique du logement, ses exigences et ses contraintes, 
  • l’utilité des Etablissements Publics Fonciers, véritables facilitateurs pour définir des stratégies urbaines territoriales adaptées à chaque localité en tenant compte de ses particularités. Un constat  que nous vérifions chaque jour à Trilport depuis la signature de notre partenariat local avec l’EPFIF.

Olivier Waintraub (Directeur du Développement île-de-France de Nexity) est revenu sur le contre point de cette complexité règlementaire, la multiplication des recours juridiques, «véritable poison » qui met en danger  trop d’opérations, le temps du recours étant toujours supérieur à celui de la promesse de vente. Il regrette également la formation quelquefois insuffisante des magistrats en urbanisme, notamment vu l’involution incessante des textes juridiques …

Problématique rappelée par beaucoup d’élus présents,  dénonçant le véritable chantage exercé par certains concitoyens confondant intérêt particulier et intérêt général, usant jusqu’à en abuser du contentieux juridique. La complexité croissante des procédures faisant du moindre document d’urbanisme un véritable parcours du combattant semé d’embuches juridiques, terrain de chasse privilégié d’avocat en mal de clientèle, faisant du contentieux une niche très rémunératrice.

Situation qui a pris une telle ampleur, qu’une panoplie de parades est en élaboration au Ministère,  afin de faire évoluer le contexte règlementaire et de passer d’un urbanisme de normes à un urbanisme de projet.
Méthode employée celle « des petits matins », aux antipodes du grand soir parait il, à voir …

  • 70 mesures retenues, la plus médiatisée consistant à doubler la surface maximum pour laquelle une simple déclaration préalable suffit (de 20 à 40m2) en lieu et place d’un permis de construire, autant dire qu’elle ne fait pas la joie des architectes.
  • Quatre groupes de travail : planification, Mise en œuvre Opérationnelle, Fiscalité et Finances, Stratégies Foncières
  • Deux leviers : agir sur la fiscalité et sur l’action juridique, afin de limiter les recours abusifs contre les permis de construire, parfois d’origine frauduleuse.

Cette nouvelle réforme, intitulée « urbanisme de projet » devrait être présentée au Conseil des ministres d’ici septembre 2011, autant dire qu’elle est attendue notamment sur l’aspect simplification des procédures par beaucoup d’acteurs du terrain.

 

« Le paradigme de l’intensité face à l’échelle de temporalité »

Après le versus juridique, la seconde table ronde, a abordé sinon le sens de la vie, du moins celui des mots dédiés à la question de l’intensité urbaine.

Sabri Bendimérad, architecte de l’équipe Winy Maas (MVRDV), a rappelé l’éthymologie de certains mots clés, permettant ainsi de dégager les différences (bien plus que les nuances) entre certains concepts employés par les uns et les autres : 

  • Densité : Emprunté du latin densus, « épais, serré, compact, condensé ».
  • Intensité : Emprunté du bas latin intensus, « fort, violent ».
  • Compacité : Dérivé de compact, sur le modèle de capacité, efficacité, opacité.

Pour faire sens, il associe le concept de densité à celui d’addition et le concept d’intensité à celui de la multiplication, tant ce dernier conjugue selon lui, programmation et temporalité, du fait de la possibilité de revenir en arrière ou d’inverser certaines utilisations ou usages … Quatre principes sont selon lui, révélateurs de l’intensité et de sa connectivité à la société :

  1. ·      L’optimisation des ressources
  2. ·      La croissance des logiques urbaines et locales
  3. ·      La conjugaison des temporalités et la standardisation des usages
  4. ·      La réversibilité

Sur l’importance prise par certains mots, Pierre Paulot (directeur de l’architecture et de l’environnement du groupe immobilier I3F) a quelque peu brocardé, la jargonite des urbanistes … Il est vrai que parler du « paradigme de l’intensité », fait classieux, muais n’interpelle pas forcemment le citoyen lambda. Il l’associe plus simplement à certaines fonctions de la ville : le logement, l’équipement et le transport, si la densité se mesure, l’intensité se ressent par la porosité des formes urbaines, l’échelle également des discontinuités …

Il faut redonner envie de ville, à partir d’un véritable projet de ville en apportant des réponses appropriées aux difficultés en financement, en matière grise ou en gouvernance.

 

Une interrogation qui n’est pas qu’hexagonale, c’est ce qu’à rappeler Vincent Fouchier, DA de l’IAU RIF, en responsabilité au niveau de l’OCDE, du groupe de travail planchant sur l’urbain, en Europe, c’est la notion de compacité, qui a été retenue, avec des formes différentes selon les latitudes.

Il est important de se livrer à un véritable benchmarking  et d’expérimenter plusieurs types d’organisation. La difficulté selon les retours d’expériences portent plus, au niveau de l’intensité sur la gestion des flux, l’animation dans la ville, les usages que dans l’organisation physique de l’espace.  Certaines expériences de forme urbaine (bimby notamment) constituent des « signaux faibles » à prendre en considération, cars pouvant enrichir la perception de notre environnement et inciter à certaines anticipations ou choix prospectifs.

Il insiste plus que jamais, devant les priorités environnementales de revenir à une forme moderne et intelligente, de planification, notamment au niveau du moyen long terme, afin d’assurer la plus grande cohérence, le phasage et le pilotage (accélérer, ralentir), de des évolutions urbaines en cours et sur l’importance de ne pas remettre en cause des espaces ouverts pouvant être déterminant pour les générations futures.

La dernière table ronde, celle des élus a rappelé certaines vérités :

La ville ne cesse de se construire, mais notre société doit fait face à certains aléas : judiciarisation croissante des relations sociales, problème de financement … Elle doit répondre à l’angoisse des habitants face à un avenir incertain, et à un  véritable problème identitaire et de valeurs avec la ville, sa culture n’étant pas urbaine, mais rurale.

Une perspectives et des valeurs qui sont toujours encouragées par des discours politiques à contre courant pourtant de l’évolution environnementale de la société et de ses priorités essentielles : réchauffement climatique que de la protection de la bio diversité.

Il faut donc changer de Graal !

Enfin, la difficulté la plus existencielle, tant elle nous rappelle notre triste condition humaine, est celle  de l’échelle des temporalités, qui décidemment n’est pas la même entre les différents acteurs : promoteurs, aménageurs, élus, habitants,

mais aussi entre la ville elle même et la planète.

 

Mais comme il est écrit,  ceci est une autre histoire

 

 

 

« Conversations urbaines » autour du (trés) Grand Paris

logo.gifL’Atelier international du Grand Paris (AIGP) lance un cycle de débats intitulé « Conversations métropolitaines » consacré à l’avenir de la métropole francilienne.
Installé depuis février 2010 au Palais de Tokyo (dans les anciens locaux de la FEMIS) l’équipe permanente de  L’AIGP poursuit  la réflexion initiée lors de la consultation internationale de 2008, avec une feuille de route claire : provoquer le débat, catalyser et accompagner les recherches sur les enjeux urbains liés au projet, et alimenter le travail des 10 équipes d’architectes toujours en charge du suivi de ce grand dessein. L’AIGP associe à parité Etat et collectivités territoriales, Pierre Mansat Maire Adjoint de Bertrand Delanoe est apparemment pressenti pour en prendre la présidence ce qui ne serait que justice au regard du travail qu’il a effectué sur notre métropole.

Afin de contribuer à l’émergence d’une vision «partagée», et de prendre en compte les initiatives locales et la réalité du terrain,  l’Atelier international du Grand Paris s’est associé à l’Union régionale des Conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement d’Île-de-France (URCAUE) pour organiser ces « Conversations Urbaines ». Elles sont ouvertes aux élus, acteurs du terrain et professionnels de l’aménagement urbain et regroupent des séminaires techniques, des soirées débats qui donneront l’occasion de confronter et croiser les différents points de vue sur les stratégies et pratiques urbaines mises en œuvre en Île-de-France, notamment au travers du prisme de l’Intensité urbaine et des Espaces ouverts. 

  • Intensité urbaine, afin de faire émerger la « métropole de l’après Kyoto » selon quelques principes : combattre l’étalement urbain, agir sur les mobilités en améliorant et l’optimisant le réseau de transport en commun, renforcer l’accessibilité des services de proximité au plus grand nombre. 
  • Espaces ouverts, ces derniers étant de plus en plus menacés, malgré leur qualité et leur complémentarité avec l’espace urbain. Espaces naturels pourtant indispensables pour lutter contre l’urbanisation consommatrice de foncier,  mais également apporter des solutions au  réchauffement climatique et à la dégradation de la bio diversité. 

Les « conversations métropolitaines » sont l’occasion de faire remonter  les retours d’expérience, susciter et provoquer les interrogations autour des nouveaux modes de faire (territoire, habitants, acteurs locaux), aborder les contraintes rencontrées, mais aussi  faciliter une réflexion plus transversale portant notamment sur les usages …

J’ai eu l’honneur d’être invité à leur premier séminaire de travail consacré à une thématique pour le moins sensible et controversée ; celle de l’intensité urbaine …

Vaste débat, et ce pour plusieurs raisons …

 

 

 

Dans son propos introductif, Bertrand Lemoine, Directeur Général de l’IAIGP, a souligné l’intérêt de la collaboration entre sa structure, l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région ile de France et l’Union régionale des CAUE.
Les « Conversations métropolitaines », peuvent être utiles au rapprochement entre recherche théorique, prospectives proposées par les 10 cabinets d’architectes et la réalité du terrain telle qu’elle est ressentie par ses acteurs, c’est la grande force d’un tel partenariat.

Rappelons que chaque département abrite un CAUE assurant une mission de service public autour de la promotion de  la qualité architecturale, urbaine et paysagère du territoire. Cette mission se décline en plusieurs types d’actions : information et sensibilisation du public dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme ou de l’environnement, formation des maîtres d’ouvrages, information et conseil aux particuliers et aux collectivités locales …
Véritables butineurs  du terrain, les CAUE tissent des liens privilégiés avec l’ensemble des acteurs locaux de l’aménagement ou de l’environnement qui participent à la fabrication de la ville durable.

En Ile de France ils se sont regroupés en Union régionale (excepté celui de Seine et Marne !) afin de valoriser leurs réseaux de compétences, mener des initiatives communes  liées au devenir de la métropole francilienne, ou  à la réflexion autour du bâti bo climatique (expérience Ekopolis).

 

De la densité à l’intensité

Lors de ce premier séminaire, quelques intervenants se sont lancés dans un débat assez théorique en fait,  portant sur les différenciations entre intensité, densité, ou compacité, autant de termes « voisins » souvent employés pour  décrire un concept commun … Pourtant une ville intense n’est pas forcement une ville dense

Si certains n’ont évoqué qu’une différenciation de type sémantique, destinée à suivre un effet de mode, ou une approche plus soft auprès des habitants, d’autres participants ont précisé que l’intensité définit une notion beaucoup plus dynamique, tenant compte des relations entre habitants, de la présence et de la vitalité à la fois des services et des fonctions, une ville dense peut ne pas être intense, si elle se limite à être une cité dortoir orpheline en services aux habitants.

Deux interrogations ont été soulevées  :

  • le niveau à partir duquel la densité n’est plus « soutenable » pour les habitants. Approche mathématique basée sur un nombre de logements à l’hectare, variant selon les morphologies urbaines existantes et la fixation de seuils : 60, 70, 80 logements ou 100 logements par exemple, à proximité d’une gare …
  • la pédagogie à déployer auprès des  habitants pour les convaincre d’accepter une densité élevée. Aborder cette question sur l’angle de la qualité des services et des liens sociaux peut faciliter une prise de conscience collective au regard des priorités environnementales liées au réchauffement climatique : lutte contre l’étalement urbain, diminution des déplacements, création d’espaces publics et d’espaces verts de qualité. La notion de densité végétale a été avancée.

Le succès de l’habitat individuel a été évoqué, ce dernier s’étant développé à partir de la ville américaine, mode d’organisation urbaine basée sur le développement de lotissements individuels et l’étalement urbain qui répond cependant à priori au besoin d’intimité recherché par beaucoup de nos concitoyens. Véritable clé de valorisation d’une ville dense, la qualité architecturale du bâti et la diversité des typologies et morphologies urbaines qui doivent prendre en compte le besoin d’intimité des futurs habitants par la création d’espaces privés appropriables.
Chacun doit se sentir chez soi.

Vincent Fouchier, Directeur Général Adjoint de l’IAU, a fait une intervention remarquée,  présentant le grand intérêt, d’illustrer le relativisme des concepts liés à la densité urbaine de manière très visuelle et quelque peu provocatrice.

Une thématique sensible, correspondant à des imaginaires ou des représentations, qui diffèrent selon les approches des uns et des autres ou la profession exercée. Autre limite, l’écart entre  densité perçue ou densité effectivement mesurée peut surprendre, et souligne  les limites de l’analyse quantitative. A contrario l’importance du qualitatif, peu mesurable, a trop peu souvent été évoqué.

L’intensité urbaine est au cœur du Développement urbain car limitant l’étalement urbain, et privilégiant le fait de bâtir la ville sur la ville. Il est également important de ne pas confondre le concept de densité avec ceux de morphologie, d’organisation ou de forme urbaines ; dans le même esprit il faut différencier densité du bâti, densité de population ou densité végétale. Rappelons que  l’éco quartier de Fribourg est beaucoup plus dense que la ville de Sarcelles, on associe trop souvent à tort les fortes densités aux tours et aux barres des grands ensembles, un modèle d’organisation urbaine, littéralement « repoussoir » pour les habitants.

Il a abordé également  le lien naturel, indissociable, entre densité et mobilité, qui a été un axe majeur du Schéma Directeur d’Ile de France, mais également des projets autour du Grand Paris.

 

les outils réglementaires pour densifier ?

Emmanuel Acchiardi, Directeur Adjoint de l’Unité Territoriale de l’Equipement et de l’Aménagement des Hauts-de-Seine,  est revenu sur la « boite à outils » permettant de faire accepter par les habitants et les élus, une intensification acceptable, basée sur la concertation et la pédagogie (Agenda 21, Plan Climat, SCOT, PLU …).

L’intensification est « acceptée » selon lui, lorsqu’elle s’inscrit dans un projet global, concerté, qui permet de répondre à des besoins collectifs,  et qu’elle donne lieu à une démarche pédagogique, qui peut être basée sur des visites de terrains favorisant une présentation concrète des opérations réalisées et des densités auxquelles elles correspondent

Autre argument, notamment à partir d’une organisation urbaine existante,  le financier. Il a évoqué la piste de réflexion actuellement explorée autour du concept du « Build In My BackYard » (BIMBY), afin de faire émerger la ville durable à partir du tissu pavillonnaire existant, permettant tout à la fois de densifier et valoriser les parcelles. Elle correspond à un programme de recherche sélectionné en 2009 par l’Agence Nationale de la Recherche dans le cadre de son appel à projets « Villes Durables » permettant de renouveler le tissu urbain pavillonnaire, qui représente une grande part des surfaces urbanisées en Europe. A ne surtout pas confondre avec le « NIMBY » :  acronyme provenant de l’anglais « Not In My Back Yard » (« pas dans mon arrière-cour ») qui désigne une position refusant toute nuisance dans son environnement proche (« syndrome nimby ») : déchetterie, usines …

 

Et l’homme dans tout ça ?

Lors de mon intervention, j’ai surtout parlé d’humain, d’affect, de pathos, jusque là absent des échanges. J’ai fait part de ma surprise,  jusque là, aucune intervention, au delà d’arguments trés rationnels certes n’ayant fait référence au désir, à l’envie de ceux qui vivent, s’épanouissent ou travaillent dans les villes.
Rendre la ville désirable représente également pour moi une piste d’action pertinente à ne pas sous estimer : la qualité des espaces, de l’environnement, des services, la prise en comtpe des besoins, notamment avec le vieillissement de la population sont autant d’éléments qui in fine ont un sens et peuvent faire passer des représentations qui ne correspondent plus à la réalité. C’est ce que nous expérimentons au niveau du logement social en liant la réponse quantitative au qualitatif.

L’intervention de de Vincent Fouchier a d’ailleurs démontré le relativisme d’une approche trop technique et les limites d’une telle démarche. Maire d’une petite ville de la grande couronne, il m’apparaît important d’insister sur la notion de projet de ville, surtout lorsqu’il est partagé et collaboratif, mais également sur la question de l’identité locale.
Une ville est un élément identitaire important et structurant pour ses habitants, un des éléments clés qui font une citoyenneté, il est important que les urbanistes et les architexces en tiennent également compte.

La question sociale est centrale, les relations et le lien social étant par essence fédérateurs. La prise en compte des mixités urbaines qu’elles soient sociales, inter générationnelles ou fonctionnelles favorise une ville plus dynamique, plus forte car fédérée par une vraie cohésion sociale collective  … Une ville plus intensemais également plus humaine …

Un projet de ville ne peut se limiter à une approche uniquement théorique, quantitative, trop réductrice, mais doit intègrer le facteur humain trés en amont, sentir les tendances qui émergent et font bouger une société. La place croissante des seniors en est une, comme celle du réchauffement climatique ou de l’importance de plus en plus réelle et haureusement que nous accordons à la nature.

Autre point clé, celui de la temporalité ou plutôt des temporalités, car la ville est temps et espace … Il y a le temps de l’incubation du projet, celui de son montage, de sa réalisation, de son lancement … Le temps d’une opération urbaine également, comme celui des recours juridiques quelquefois abusifs, le temps d’un mandat, le temps d’une vie, le temps d’une ville, le temps de la planète  … Autant de temporalités qui s’entrecroisent.
Il faut du temps pour réfléchir, se concerter, étudier en amont, ou piloter de manière transversale et collaborative.  Nous sommes pourtant en plein big bang territorial. Les normes et  textes juridiques  sont de plus en plus complexes, exigeants mais également éphémères, influant un contexte mouvant qui impose pourtant retenue et sérénité. Le maitre des horloges qu’est l’Etat, exige, trépigne, demande des comptes, invoque l’urgence des besoins et dans le même temps parle de concertation, d’études  …Une vraie schizophrénie !

Mais la ville est également émotion … La qualité des espaces publics, des formes urbaines, le talent des professionnels sont autant d’atouts pour permettre une densité  plus élevés, d’autant lorsqu’ils respectent l’homme, la cité et la nature.
Il faut travailler sur la piste de l’exigence qualitative …

Enfin, révolution culturelle et sociétale, l’urgence environnementale; une des clés d’entrée de la ville dense, ou intense.
Nous devons tout à la fois limiter l’émission des gaz à effet de serre, en recherchant la meilleure efficacité thermique, et préserver activité agricole, bio diversité ou espaces naturels en limitant l’étalement urbain, en reconstruisant la ville sur la ville et en privilégiant une certaine intensité.

Mais une ville vit, respire, se développe, se régénère quelquefois pour ne pas mourir, et pour ce faire il est important de rendre possible ou de favoriser la reconstruction de la ville sur la ville …

 

 

Pour aller plus loin :

inscription, plaquette à télécharger

 

CYCLE INTENSITE : Soirée débat le 16 juin

S’interroger sur les conditions à réunir pour intensifier les espaces urbains, c’est poser sans détour la question de la qualité. On sait en effet depuis longtemps que densité perçue et densité mesurée révèlent des écarts qui pointent les limites de l’analyse quantitative. .

Il n’est autre que celui de la «métropole d’après Kyoto » : combattre l’étalement urbain dispensateur de gâchis de terres agricoles, compléter ou optimiser le réseau de transports en commun pour limiter l’usage de la voiture, rendre la ville et ses services de proximité accessibles au plus grand nombre.

Au programme :

  • du règlement à L’urbanisme opérationnel : quelles marges de négociation ?
  • le paradigme de l’intensité : quels nouveau équilibres ?
  • Le temps de la pédagogie : quels aprtages avec l’habitant ?

 

Prochainement :

 Novembre 2011 – Marché foncier et accès au logement /  Janvier 2012 – Stratégies et formes urbaines

 

CYCLE ESPACES OUVERTS : soirée débat le 30 juin, à laquelle je participe.

Réfléchir à l’organisation de la métropole par l’armature des espaces ouverts n’est-il pas l’occasion de proposer un autre récit pour imaginer le devenir de l’ile de France ?

La reconnaissance de la valeur des espaces ouverts, dans leur complémentarité avec l’espace bâti, est indispensable pour lutter contre une urbanisation consommatrice d’espaces.

Mais cette inversion du regard, ce travail sur la fabrication du lien entre des morceaux fragmentés d’urbanisation ne permet–il pas aussi d’inventer d’autres projets ?

 Au programme : 

  • Quelles réponses apportent ils aux défis du XXI eme siècle ?
  • Nouvelles pratiques, nouveaux acteurs : pour quelles richesses ?
Prochainement :

Novembre 2011 – Complémentarité des projets urbain et agricole / Janvier 2012 – Biodiversité et stratégie urbaine 

 

Eco quartier : de l’efficacité énergétique

bonne-4.jpgRetour sur la Conference nationale
à Grenoble(2)

L’intervention d’Olivier Sidler a constitué un autre temps fort de la Conférence.

Energéticien renommé (c’est un des techniciens à l’origine de la RT 2012), il dirige depuis plus de 30 ans Enertech, bureau d’étude spécialisé dans l’énergétique des bâtiments et a mené, à ce titre, une trentaine de projets BBC (consommant moins de 50 KWhep/an au m2, pour le chauffage) et conduit actuellement des chantiers de bâtiments à énergie positive. 

Selon  lui, la très basse consommation répond à plusieurs impératifs :

  • La diminution des ressources énergétiques fossiles,
  • L’augmentation prévisible du prix de l’énergie, sous l’effet de la rupture offre/demande (dite pic de Hubbert), il faut anticiper cette hausse, qui touchera de plein fouet les  personnes les plus défavorisées avec des conséquences dramatiques,
  • Certaines des ressources énergétiques, qu’elles soient fossiles (gaz de schistes, pétrole offshore) ou d’origine nucléaire posent plus de problèmes que de solutions, malgré les affirmations des pétroliers et d’EDF

Sans oublier le réchauffement climatique, conséquence directe des émissions de Gaz à effet de serre due à l’homme et son empreinte écologique. Quelques degrés de plus et c’est un véritable changement d’ère climatique qui survient. Pour s’en convaincre, rappelons que depuis le dernier maximum glaciaire (20.000 ans), la moyenne des températures sur terre n’a augmenté «que» de 5°C, c’est dire !

Olivier Sidler n’y va pas par quatre chemin, l’heure est plus que grave et nécessite une réaction rapide de notre part. L’équilibre planétaire, instable aujourd’hui, dépend de la capacité des océans et forêts à absorber le carbone rejeté.
Les spécialistes l’estiment à 3 milliards de tonnes / an, soit 0,5 t. de Carbone/pers/an (base des 6 milliards d’habitants), correspondant à environ 1,8 t. de CO2/pers/an. En France, nous atteignons environ 2,4 tonnes de carbone/hab/an. Pour être dans les clous, il faut diviser nos émissions par plus de quatre, c’est le fameux facteur 4 (voir note précédente).
Surtout que la terre comptera en 2050, 10 milliards d’habitants (et non plus 6) et un plus grand nombre de pays développés, du moins faut il l’espérer. Le rejet annuel ne pourra alors dépasser 0,3 t. de Carbone/pers/an : nous arriverons au facteur ….7.

Tendance soulignée par de grands spécialistes qui s’accordent sur un constat, le facteur 4 ne peut être considéré que comme un minimum, nous en sommes pourtant toujours trop éloigné. Mais plus le choix dsormais, nous devons y arriver très vite, sinon la machine terre pourrait bien s’emballer et entrainer dans son sillage, le climat. Deux pistes prioritaires pour y arriver  : les transports et le bâti

Justement concernant le bâti Olivier Sidler propose de vraies pistes d’actions, basées sur ses retours d’expérience et les mesures recueillies au fil des ans, qui lui ont permis de constituer une des plus importantes bases de données au monde dédiée aux usages de l’énergie, afin de comprendre ou se situent les consommations dans un bâtiment.

Le Grenelle prévoit qu’en 2020,  le parc de bâtiments dans son ensemble devra consommer 38% de moins qu’aujourd’hui. L’objectif est louable mais y arriver sera un peu plus difficile en pratique, il implique que l’on rénove 900 000 « vieux »  logements (d’avant 1975) par an, pour ramener leur consommation à 50 Kwh/m2/an et ce durant 12 années !

 Alors rêve ou réalité ?

 

 

bonne-3.jpg

Quelques données de cadrage …

80.5% de la consommation de chauffage des bâtiments d’avant 1975, qui sont les plus énergivores et de loin, se trouvent dans les bâtiments de moins de 10 logements

Les maisons individuelles qui représentent les 2/3 de la consommation de chauffage des logements d’avant 1975 doivent constituer la cible numéro 1. Pour atteindre l’objectif « facteur 4 », il suggère de raisonner à l’échelle du parc français, en tenant compte des contraintes différentes selon la localisation du bâti afin de pondérer quelque peu les performances à atteindre selon la géographie des lieux.

En fonction de cette localisation, les consommations peuvent varier de 20 à 80 kWhep/m²/ an, ce qui n’empêche pas d’obtenir un parc à 50 kWhep/m²/an (moyenne), tout en gardant en tête

l’objectif d’atteindre non seulement une consommation de chauffage inférieure à 50 kWhep/m² / an (facteur 4) mais à 30 kWhep/m2 / an (facteur 7) !

L ‘innovation technologique dans le domaine de l’enveloppe, de l’isolation ou des énergies renouvelables se poursuit, et promet des résultats spectaculaires d’ici peu, tant sur les contraintes (épaisseur, cout) que sur les performances. Dans l’attente de ces bouleversements encore potentiels, il est cependant possible d’agir sur certains postes de consommation énergétique :

  • le chauffage,
  • l’énergie  « grise », correspondant à la consommation d’énergie nécessaire à la fabrication des matériaux de construction,
  • l’eau chaude sanitaire
  • l’électroménager et l’éclairage.

Car, il ne faut plus s’arrêter au seul chauffage, dans les bâtiments à très faible consommation les serveurs informatiques sont désormais les plus grands consommateurs d’énergie , bien au delà du chauffage, rappelons que l’électroménager et l’ordinateur sont à l’origine des surchauffes de l’été.

Au delà des matériaux et du hight tech une idée simple permet d’arriver également à de bons résultats, l’habitat bio climatique.
En jouant sur l’orientation du bâti, sa compacité, le rapport surface utile / surface des parois extérieures (réduire ces dernières c’est réduire les surfaces de déperdition), on arrive à des résultats surprenants tant sur l’efficacité énergétique que sur le confort de vie, été comme hiver.

Le meilleur exemple en est le verre, réduire les surfaces vitrées, permet de limiter les phénomènes de surchauffe l’été et de froid l’hiver.

  

Scénario pour la rénovation du parc des bâtiments anciens 

 Pour rénover 10 millions de logements en 10 ans, il faut intervenir sur 1.000.000 par an. Chaque année, c’est à peu prés 470.000 logements anciens qui sont mis en vente, il faudrait obligatoirement les rénover.

Car atteindre les 50 kWh/m² de consommation an va exiger bien des efforts et personne ne s’imposera cette cible de manière spontanée. Il suggère de rendre obligatoire cet objectif d’isolation, avec une réglementation stricte et ne plus se limiter aux seules incitations .

Le gouvernement allemand octroie une subvention de 20 à 30% du montant des travaux pour une rénovation Facteur 4, le reste étant finançable par des prêts bancaires.

 Sa base de données lui a permis de construire différents modèles (solutions techniques de référence ou STR) selon les choix techniques opérés et la localisation du bâti, en combinant les différents points techniques sur lesquels il est possible et intéressant d’intervenir.

  • Les parois opaques : murs, planchers bas, toitures
  • Les parois vitrées
  • La ventilation, car pour lui, l’étanchéité à l’air de l’enveloppe est à l’origine d’énormes économies d’énergie (ventilation mécanique : simple flux autoréglable, hygroréglable ou double flux avec récupération de chaleur).

N’importe laquelle des combinaisons proposés, appliquée à l’échelle du pays, permettant d’atteindre l’objectif d’une consommation de 50 kWh/m² / an sur le parc de bâtiments.

 Son étude lui permet d’ériger certains principes et un constat:

  • La nature du mur d’origine n’a aucune incidence influence sur le résultat final, ce qui remet en cause un diagnostic de performance sur ce point.
  • La qualité de l’enveloppe à la perméabilité à l’air est un élément essentiel. Il faut à la fois obtenir une bonne isolation et une bonne perméabilité, cette dernière ayant autant d’impact que l’isolation.
  • La récupération de chaleur sur l’air extrait est indispensable et permet de gros gains. Cependant elle nécessite  Elle permet un gain de plus de 20 kWh/m²/an sur les besoins. Sans elle, rien n’est possible. Même si au niveau sanitaire, elle induit d’autres problématiques portant sur la qualité de l’air et la nécessité de bien maitriser cette technique au niveau de la maintenance et de son entretien.
  • Si atteindre le « facteur 4 » est non seulement possible mais techniquement aisé, l’objectif du  « facteur 7 » est beaucoup plus difficile à atteindre aujourd’hui.

 

Cette politique a forcemment un cout, mais qui a considérablement baissé ces dernières années, puisqu’il se situe  désormais  en dessous du seuil des 200 € HT/m². Sur les bases 2009 et de  200 € HT/m² hab, l’effort national reviendrait au montant des bénéfices annuels de TOTAL de 2008 et des bénéfices cumulés de TOTAL, BNP et France Télécom de 2009.

Encore faut il pour avoir de bonnes bases de comparaison, considérer l’évolution du prix de l’énergie. Avec un baril à 70 dollars, tous les travaux dont le coût est inférieur ou égal à 200 euros/m² sont finançables par des prêts à 4,5% disponibles sur le marché et cela sans aide de l’Etat. A 135 dollars le baril, rénover à basse consommation devient une opération financière intéressante permettant de gagner de l’argent  !

 

Quelques pré requis, cependant

 Une fois les principes théoriques posés, reste à trouver le savoir faire.

Force est de constater, qu’au regard des expériences du terrain, bien du chemin en ce domaine, reste à accomplir.

Il est incontournable de mettre en place :

un plan de formation obligatoire de toutes les composantes de la profession (MOE, entreprises, voire MOU), afin qu’elle maitrise le bouquet de techniques nouvelles qu’exige une bonne efficacité énergétique (isolation extérieure, étanchéité à l’air, VMC double flux, etc)

Etre facilitateur auprès des particuliers et considérer globalement une opération de rénovation, qui nécessite pour être efficace l’intervention de plusieurs  corps d’état par corps d’état. Il faudrait offrir un guichet unique à l’usager. 

Instaurer un agréement, permettant au consommateur de choisir des professionnels formés.

Encore faut il que les produits industriels suivent et en fassent une priorité désormais, ce qui n’est à priori pas encore tout à fait le cas !

Concernant le logement social, inciter les bailleurs à intervenir dans leur parc en  modifiant si nécessaire les règles de financement du logement social ( label basé sur des performances énergétiques validées ouvrant droit à un déplafonnement de loyer et à une assiette de subvention majorée).

Cette prise de conscience se doit d’être collective et accompagnée des financeurs que sont les banques et l’Etat au travers de sa politique fiscale …

Si l’objectif est donné, encore faut il l’atteindre, et pour cela, jouer collectif mais surtout rapide