La capacité de se déplacer constitue un marqueur social et territorial de plus en plus visible ; si pour un citadin elle ne présente généralement aucune difficulté, pour les autres elle s’apparente fréquemment à un parcours du combattant, dont la voiture constitue le vecteur principal.
Aujourd’hui l’actualité se concentre sur la mobilisation des « gilets jaunes », n’oublions cependant pas la galère quotidienne des usagers de la SNCF ou de la RATP (pour l’Ile de France), habitant la périphérie qui voyagent souvent avec des conditions de transport plus que limites.
De profondes similitudes existent entre ces deux problématiques, pourtant différentes, d’autant que de nombreux usagers utilisent leur voiture pour se rendre à la gare.
La question sociale et les fractures territoriales se doivent d’être au cœur des politiques publiques environnementales. Oublier ce paramètre essentiel tient à faire de l’écologie un élément discriminant de plus, un marqueur de classe sociale ou de résidence. C’est un non sens, l’écologie se doit d’être solidaire, équitable et populaire au sens littéral du mot (larousse : relatif au peuple, en tant que milieu social) pour être portée par tous. Lorsque elle ne se traduit concrètement que par une augmentation de taxes touchant en premier lieu, ceux qui assignés à résidence, sont déjà dans la difficulté, elle est ressentie pour ce qu’elle est, punitive. C’est triple peine : galère quotidienne, pouvoir d’achat malmené et étiquette de pollueur non respectueux de la planète ! Excusez du peu …
Le constat est implacable : les modes de mobilités, la précarité énergétique, paramètres fortement émetteurs en GES s’il en est, sont directement liés à l’endroit ou l’on réside.
Si je ne me joins pas à ce mouvement, je lui reconnais le mérite de mettre sur la table et en évidence la problématique d’une transition écologique qui se doit d’être équitable pour être partagée par tous et tous les territoires, notamment péri urbains ou ruraux.
Le mouvement des « gilets jaunes » révèle le ras le bol profond d’habitants qui ont le sentiment de vivre, souvent avec raison, dans des territoires déclassés, il faut savoir l’entendre et le comprendre : absence de médecins, fermeture des hôpitaux, des postes, des gendarmeries ou des commissariats, peut être bientôt des lignes SNCF …
Le malaise exprimé est partagé par beaucoup, ce qui explique la popularité du mouvement et sans doute la couverture médiatique exceptionnelle dont il bénéficie. La « légitimité populaire » de ce mouvement durera tant que ce mouvement spontané résistera aux tentatives de récupération politicienne d’où qu’elles viennent.
Mais il faut aller delà des seules considérations environnementales. Ce mouvement couve depuis des années, il cristallise toute une série de questions liées au pouvoir d’achat, aux incertitudes sur l’avenir, au profond sentiment d’abandon de beaucoup d’habitants qui se considèrent de plus en plus comme des laissés pour compte de la République.
C’est tout le malaise de la France périphérique qui s’exprime, situation que je dénonce depuis des années.
Comment réconcilier la France des champs à l’écologie et à la France des villes ?
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