Il y a un peu plus de 110 ans, le 28 juillet 1914, la 1ere guerre mondiale débutait. De l’année 1914 je retiens surtout une autre date symbolique et dramatique, celle du 22 août : 27 000 Français y sont tués. La journée du 22 aout est la plus meurtrière de l’histoire de France, de loin …
Plus d’un siècle après, il est important de redire la boucherie qu’a été la grande guerre : 10 millions de morts, 19 millions de blessés dont 10 de mutilés et parmi eux beaucoup de «gueules cassés».
« On oubliera. Les voiles du deuil, comme les feuilles mortes tomberont, l’image du soldat disparu s’effacera lentement… » écrit alors Roland Dorgelès dans son roman « Les Croix de bois »
Les cérémonies qui chaque 11 novembre se déroulent devant les monument aux morts du pays soulignent combien il avait tort, c’est bien mieux ainsi. Comment oublier cette tragédie et les générations sacrifiées « aux ordres de quelques sabreurs » ? La France a porté le poids de cette véritable hémorragie humaine durant des années, ne retrouvant sa population d’avant 1914 qu’au début des années 1950, c’est dire …
Je veux témoigner ma reconnaissance à celles et ceux qui participent à cette cérémonie qui perpétue ce devoir de mémoire qui nous lie aux poilus de 14 et à toutes celles et ceux qui sont tombés pour la France. Merci aux musiciens de l’harmonie intercommunale qui apporte gravité et émotion à cette célébration et qui lorsqu’ils reprennent la Madelon renouent avec l’esprit populaire des poilus, aux pompiers, à la police, aux anciens combattants, passeurs et transmetteurs de valeurs dont le nombre s’estompent avec le temps, aux enseignants, éveilleurs de conscience et à leur élèves présents qui viennent des écoles ou du collège. Cette présence des jeunes générations est la meilleure illustration de toute l’utilité de ce moment de partage républicain comme de sa valeur. Elle est à mes yeux essentielle, car si « un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir » (F. Foch). Nous devons être fier de notre jeunesse, elle est l’avenir du pays.
Non, nous n’avons pas oublié tous ces morts et la tragédie sans nom qu’a été véritablement la Grande Guerre. Ce devoir de transmission est la mission que s’est donné également le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux . Un lieu d’aujourd’hui qui nous parle d’avant-hier et qui surtout respecte la dimension éminemment populaire de cette guerre des humbles. Ce musée, à hauteur d’homme, vient de s’enrichir d’une tranchée reconstituée, une première mondiale. Du trou d’homme aux boyaux, galeries et casemates, elle rappelle l’importance de ce lieu de vie partagé, qui symbolise à lui tout seul la dimension profondément humaine qui caractérise la grande guerre. La tranchée « lieu si expressif de la mémoire » a dit justement le Premier Ministre, Michel Barnier lors de son inauguration. La vie dans les tranchées a été un vrai lieu d’inspiration pour les écrivains qui l’ont vécu, un voyage au bout de la nuit dont beaucoup ne sont pas revenus.
Blaise Cendrars, poète suisse mais également poilu,engagé dans la Légion étrangère y a perdu sa main droite. Cette vie dans les tranchées lui a inspiré un court texte, d’une intensité folle : «J’ai tué» publié à la fin de la guerre. Il y décrit son quotidien ponctué par l’attente lancinante, la peur persistante et la mort insistante et prégnante bien trop présente.…
Ces tranchées de 14 étrangement aujourd’hui nous connectent également au temps présent …
Si l’Histoire ne se répète pas, elle bégaye sacrément…
Les Maires de l’Association des Petites Villes à Amboise
Retour sur les assises des Petites Villes de France qui se sont tenues à Amboise il y a quelques jours. Prévues initialement en juin, ce rendez vous annuel trés attendu des élus avait été reporté suite à la dissolution et à l’absence de ministres en titre. En septembre, rien de nouveau sous le soleil d’Amboise, toujours pas de ministre et pour cause le pays fonctionne depuis juin sans gouvernement et à priori sans problème apparent ! Mieux la France a organisé durant l’intervalle des jeux olympiques et paralympiques qui feront date, marqué les esprits et enthousiasmé toute la planète, comme quoi ! Un esprit des jeux toujours présent à Amboise : absence de ministre, chaleur de l’accueil de Brice Ravier et de ses équipes, qualité des débats, douceur du Val de Loire, envie de prolonger quelque peu cette parenthèse enchantée avant un retour au réel risquant d’être brutal et incertain ? Sans doute un peu de tout cela …
Comment ne pas évoquer la colère légitime des élus suite aux déclarations provocantes de ministres démissionnaires n’ayant rien trouvé de mieux que de désigner les collectivités territoriales « co-responsables » de la dérive des finances publiques ? Cette ituation paradoxale du pompier pyromane se plaignant de l’incendie qu’il a lui même provoqué me rappelle une fable de mon enfance écrite par Jean de La Fontaine : « la cigale et la fourmi ». Ces ex ministres feraient bien de méditer toute la portée, la profondeur et l’intérêt de la morale ayant bercé des générations d’écoliers de France et de Navarre … « La Cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue ».
Précision utile les maires, surtout ceux des petites villes, sont en mode « Fourmis By Design ». Ce mode gravé au plus profond de leur ADN provient sans doute du fait d’être confrontée directement, en toute saison, de jour comme de nuit, à la dure réalité du terrain et au monde réel, ce qui impose d’être dans l’action et le concret plutôt que dans les mots et promesses sans lendemain. Conséquence, si certains de nos concitoyens s’interrogent sur l’utilité même d’un gouvernement et le prouvent régulièrement dans les urnes, à contrario ils ne doutent pas de celle de leur maire. Ce dernier mandat municipal, totalement atypique, en constitue la meilleure illustration. La succession de crises inédites et majeures que les élus locaux ont du affronté et surmonté, toujours en première ligne, ne leur a jamais fait perdre pour autant la nécessité d’apporter des réponses concrètes, quotidiennes et durables aux besoins et urgences de leurs territoires comme aux détresses de celles et ceux qui y vivent. Ils ont ainsi pu préserver, contre vents et marées parfois, la cohésion du pays afin de « faire société ». Nos collectivités, ces « petites républiques », ont tenu le pays quand d’autres le fracturaient. Ce ne fut pas sans douleur, tant ce mandat a constitué pour les maires et leurs équipes un véritable parcours du combattant : Covid, gilets jaunes, crise de l’énergie, inflation, violences urbaines, dissolution … Excusez du peu … Il a fallut non seulement assurer sur le terrain mais trop fréquemment assumer le S.A.V de décisions malheureuses prises au plus haut niveau. Qui est cigale, qui est fourmi ?
Cette réalité indiscutable souligne le caractère totalement infondé d’attaques qui ne sont ni respectueuses, ni dignes, ni surtout justes. D’autant que ces ministres, au premier rang duquel Bruno Lemaire, n’auront au final tenu ni leurs promesses, ni le budget de la nation, se retrouvant dans l’incapacité de proposer des perspectives crédibles au pays et en étant sanctionnés durement dans les urnes ! Il est dommageable qu’au lieu d’assumer, ils ne trouvent rien de mieux que de chercher des boucs émissaires et désigner à la vindicte populaire les collectivités comme responsables de la dette publique ! Trop c’est trop, la coupe est pleine et la ficelle surtout un peu grosse … Ce sont nos collectivités. de la région aux communes, en passant par les départements, aujourd’hui en grande difficulté financière, qui permettent au pays de tenir, d’avancer, d’investir, et qui assurent au quotidien la cohésion de territoires durement mise à l’épreuve, palliant lorsqu’il y a nécessité à l’absence de services publics ou d’investissement de l’état (réseau routier). Contrairement au gouvernement rappelons que nos collectivités votent leur budget à l’équilibre chaque année, et lorsqu’elles empruntent le font, non pour boucler leur dépenses de fonctionnement mais bien pour investir et préparer leur territoire à affronter les transitions que nous rencontrons. Qui est cigale, qui est fourmi ?
Ce mauvais procès dessert d’autant plus le débat démocratique et le pays que gouvernement et collectivités ont destins liés. Ils représentent tous deux la république auprès des citoyens et sont les deux faces de l’action publique.
Les maires des petites villes ne demandent que peu de choses : transparence, prévisibilité, confiance et respect … Ce contrat qu’ils appellent de leurs voeux depuis tant d’années leur permettra simplement d’être en capacité d’agir au service de leurs concitoyens, d’accomplir leur missions quotidiennes, notamment celles que l’état n’assurent plus, ou de moins en moins, de répondre aux urgences et catastrophes, au sentiment d’abandon d’habitants déboussolés, désorientées, qu’il faut rassurer et soutenir. Sans oublier l’impératif de travailler la résilience de leurs territoires afin de les préparer aux transitions majeures auxquels ils sont confrontés !
Dix huit mois nous sépare des prochaines élections municipales, six petites années seulement de 2030 et de ses objectifs pour la planète, alors qu’il reste tant et tant à faire ! Le compte à rebours est désormais enclenché dans un contexte politique et budgétaire incertain, plus que délicat, complexe voir même explosif. Nous aurons besoin n’en déplaise à la Cour des Comptes, de faire corps et de l’alliance de toutes les énergies positives et constructives pour agir dans chaque territoire, y compris et surtout pour soutenir l’action de celles et ceux qui en première ligne donne consistance et sens à l’action publique. Il est urgent et vital d’être présent dans toutes les communes, sans exclusives, de l’hexagone et au delà, je pense évidemment à nos amis des DOM TOM, surtout les territoires les plus délaissés, là où à chaque élection les votes témoignent d’un sentiment d’abandon d’habitants qu’il serait bon de ne plus mépriser afin d’être en capacité de surmonter, ensemble, les crises politique, sociale, citoyenne, budgétaire, démographique, climatique que nous traversons.
Les élus locaux en ont pleinement conscience, c’est pourquoi ils s’adressent chaque jour à l’essentiel laissant de coté l’accessoire, ils portent avec d’autres, mais eux en première ligne, le « vivre ensemble », patrimoine commun fragile qu’il nous faut savoir préserver et protéger
Le nouveau gouvernement serait bien inspiré de suivre cet exemple et de faire preuve d’esprit de responsabilité, ce serait nouveau, bienvenue et pour tout dire, à la hauteur de la situation que connait notre pays aujourd’hui.
Trilport reçoit le relais de la flamme paralympique : inauguration des terrains de basket
Clap de fin pour les jeux 2024 dont l’un des mérites a été de nous avoir permis l’espace d’un été d’oublier la situation politique quelque peu délétère du pays. Ce plein d’énergie positive nous sera bien utile dans les prochaines semaines tant le retour au réel risque d’être brutal. Dans ce contexte l’interpellation de Bruno Latour « Où atterrir ? » prend tout son sens ; l’atterrissage après une dissolution irresponsable aux conséquences multiples paraît effectivement plus qu’incertain.
Paris 2024 ne restera-t-il qu’une parenthèse enchantée sans lendemain ? L’avenir, seul, le dira. Il serait cependant réducteur de limiter l’héritage des jeux aux seules médailles obtenues ou infrastructures et équipements déployés, tant d’autres dimensions émergent, dont certaines immatérielles ; difficilement évaluables ou quantifiables elles s’adressent directement au registre émotionnel et mémoriel ou à l’inconscient collectif, constituent des promesses potentielles pour des lendemains plus souriants.
Trilport en étant une des deux villes de Seine et Marne (avec Fontainebleau) à accueillir le relais de la flamme paralympique a participé à cette belle aventure collective. Je veux souligner l’audace du Département et du Comité d’Organisation des Jeux Paralympiques (COJOP) d’avoir proposé à la plus petite des 50 villes de France à recevoir ce relais, un tel challenge. Nous avons pour l’occasion organisé une manifestation populaire, festive et inclusive afin de mettre à l’honneur acteurs du monde du handicap ou de l’inclusion et les valeurs qu’ils portent et transmettent : solidarité, volonté, ténacité, partage et entraide … De l’avis unanime des très nombreux participants, nous avons été à la hauteur du rendez-vous et tant mieux. Cette réussite est due à l’exigence collective que nous nous étions fixés, à la cohésion et à l’engagement des agents, élus, bénévoles qui se sont mobilisés pour organiser et animer cette fête du sport et de l’inclusion. Au-delà des terrains de basket 3X3 inauguré pour l’occasion et réalisés avec le soutien de l’Agence Nationale du Sport et du département, « l’héritage » de cette magnifique journée riche en émotions et perspectives pour l’avenir, s’il n’est pas perceptible directement souligne notre capacité collective à faire et oser à partir des contraintes du terrain.
Les premiers bilans des jeux 2024 arrive; inévitablement partiels, il est trop tôt pour connaitre ceux plus « macros » et globaux relatifs aux engagements financiers, environnementaux ou sociaux de Paris 2024 qui nous parviendront dans quelques mois et nous proposerons sans doute une vision plus contrastée. Je voudrais revenir sur les ingrédients « clés » à l’origine de cette réussite exceptionnelle. Rappeler tout d’abord le rôle essentiel de Tony Estanguet et de la dream team qu’il a su réunir et fédérer autour de lui. Ils ont imaginé et « Désign-é » la manifestation, du début à la fin, osant casser les codes habituels des figures imposés traditionnelles que constituent les JO et le rituel olympique, parfois pesant. L’esprit de rupture novateur et frondeur qu’ils ont adopté a permis l’organisation de jeux exceptionnels, immersifs et uniques, qui feront date dans l’histoire de l’olympisme. Une « french touch » appréciée, visible et perceptible tout au long des épreuves et composant au fil du temps un récit collectif en résonance, non seulement avec notre pays, mais toute la planète, suscitant la sidération et l’admiration de l’étranger, à des années lumière du « bashing » de bon ton qui avait prévalu les mois précédents.
Les images de Paris 2024 ont fait le tour du monde et mis sur orbite ces jeux hors normes. Au delà de l’éphémère et de l’instantané ils laisseront une trace indélébile dans l’inconscient collectif tant ils marquent une vraie rupture ! Rien au niveau olympique ne sera plus désormais comme avant.
Paris 2024 a su se forger une âme et en faire un emblème, le résultat de six conditions clés réunies …
Je suis soulagé , comme des millions de français, considérant que le pays a échappé au pire, mais jusqu’à quand ? Il faut saluer toutes celles et ceux qui se sont mobilisés pour faire barrage à l’extrême droite, suite à une dissolution irresponsable qui aurait pu précipiter le pays dans une situation dramatique aux multiples conséquences, du fait de la décision irréfléchie d’un seul homme. Nous avons collectivement surmonté cette épreuve démocratique grâce à deux faits majeurs : la mobilisation exceptionnelle des électeurs et un front républicain qui a tenu. Ce front républicain ne peut être assimilé à une quelconque adhésion aux programmes des diverses formations politiques présentes au second tour, mais au rejet clair est net du rassemblement national.
Autre élément à prendre en considération, l’assemblée issue des urnes est divisée en trois grands blocs partageant une même spécificité, aucun ne détient la majorité absolue. Conséquence : nul ne peut faire voter une loi sans l’accord d’une des deux autres composantes. Cette situation impose, ce que n’a pas su ou voulu faire la majorité précédente, d’obtenir des compromis. Cette réalité s’impose à tous S’il est évidemment logique et légitime que le futur Premier Ministre soit issu(e) de la gauche, il doit tenir compte, avec humilité et esprit de responsabilité de ce contexte particulier : le succès électoral est dû au front républicain (cf les résultats du 1er tour et ceux des européennes pour ceux qui en douteraient) et l’obligation d’avoir des majorités pour faire voter les lois de son gouvernement.,Une autre réalité se profile également et qui se rappellera à tous : la situation économique, sociale et budgétaire du pays.
C’est pourquoi j’ai été, comme beaucoup de français, surpris par les déclarations des leaders des formations du Nouveau Front Populaire, excepté André Gluksman qui ont déclaré faire fi de ces réalités et vouloir appliquer « le programme », « rien que le programme » , « tout le programme » … Rappelons tout de même que ce dernier a été conçu en trois jours suite à l’annonce de la dissolution et à une campagne des européennes (durant laquelle, chacun a fait connaitre ses différences), vu le « délai » plus que resserré imposé par le Président. Attitude très proche de fait, de celle d’Emmanuel Macron « oubliant » au second tour de l’élection présidentielle de 2022 que les votes qui avaient permis sa réélection n’étaient pas des votes d’adhésion à ses réformes (retraites, assurance chômage, immigration …) mais bien le rejet explicite de Marine Le Pen.
Il est essentiel que chacun soit à la hauteur de la situation et des enjeux pour le pays, sinon le pire est à craindre dans les prochaines semaines, d’autant que le vote des 9 millions de français qui se sont exprimés, en connaissance de cause, pour l’extrême droite n’est pas une fatalité mais doit tout de même être pris en compte. Nous devons absolument les convaincre qu’une autre voie est possible. Il nous faut apaiser le pays, brutalisé par des réformes venues d’en haut, imposées sans concertation ni dialogue et le réconcilier avec lui même. Il faut s’adresser à tous les territoires, sans exclusive, surtout ceux dits « périphériques », les espaces ruraux et péri urbains. Les élus locaux le savent bien, car en première ligne, en relation directe avec leurs habitants, et pour tout dire les résultats du 1er tour ne les ont guère surpris. C’est aussi pour cela qu’ils étaient si inquiets.
Le futur gouvernement devra aborder les problèmes du quotidien, les traiter en priorité (l’accès aux soins et aux service publics, l’éducation, la sécurité … ) et accompagner les transitions que le pays se doit de surmonter qu’elles soient numériques, écologiques ou climatiques. Il devra le faire en concertation, en s’appuyant sur les acteurs du terrain, en veillant à ne pas cliver et opposer les français, ce qui fait le jeu et le lit de l’extrême droite, mais en fédérant les uns et les autres.
La colère exprimé par beaucoup de nos concitoyens dimanche dernier ne m’a pas surpris. L’élu local que je suis sait que les racines de ce ressentiment sont profondes et multiples, je ne fais aucun amalgame entre des électeurs désabusés, amers, excédés et la formation politique d’extrême droite vers laquelle se sont portés leurs votes. Beaucoup de choses seront à dire, sur l’état de la France périphérique, la déconnexion totale des politiques nationaux avec le monde réel, leur manque d’écoute, d’intérêt et de respect, la polarisation excessive et sans nuance du débat public, ils ne sont pas celui d’un seul homme mais bien d’une classe politique qui vit dans une bulle médiatique … mais ça c’est après .
L’heure n’est pas au commentaire, la seule véritable question qui importe est le scrutin de dimanche prochain. Mon vote ne fait absolument aucun doute, je voterais contre le RN, résolument, sans état d’âme aucun. A celles et ceux qui s’interrogent, se disent « ah quoi bon ? », ou ne sont pas satisfait du choix de l’autre candidature en lice, je rappelle que l’unique enjeu du scrutin de ce second tour est simple, binaire, brutal : veux t’on contribuer à apporter la majorité absolue à l’extrême droite et lui donner les clés du pays ou permettre à une autre alternative républicaine composé de diverses forces politiques d’émerger et de se mettre en place ? N’en doutons pas, toute abstention dimanche prochain rapprochera le RN de la majorité absolue avec les conséquences dramatiques qui en découlent ! C’est le sens de la citation de Roland Barthes repris par Cédric O dans un billet récent : « Ponce Pilate n’est pas un monsieur qui ne dit ni oui ni non, c’est un monsieur qui dit oui ». Chacun sait ce qu’il advient de Jésus.
Les trois valeurs qui ornent les frontons de nos Mairies ont fait de la France, au fil du temps, des malheurs et drames que le pays a traversé, ce qu’elle est. Elles n’ont de sens que réunies et partagées, constituant tout à la fois le socle et le ciment fédérateur qui nous unit dans le respect de nos différences : genre, orientations sexuelles, couleur de peau, origine et statut social, opinions politiques ou religieuses … « Aussi longtemps qu’on s’entend, qu’on partage, on vit ensemble. » écrivait Simone Veil. Non, l’enfer n’est pas l’autre, le pays n’a nul besoin de bouc émissaire pour avancer, mais de cohésion, d’écoute, il lui faut « faire société » pour relever les nombreux défis qui se présentent qu’ils soient démocratiques, sociaux climatiques ou encore économiques. Donner la majorité absolue au RN dimanche, c’est contribuer à affaiblir, fracturer et fragiliser durablement notre pays, de l’intérieur c’est évident mais également à l’extérieur eu égard au contexte géo politique que nous connaissons ici même en Europe et de l’invasion russe en Ukraine. N’oublions pas les leçons de l’histoire, sinon elles se rappellent à nous et parfois durement et cruellement.
Dans tous les domaines artistiques, culturels, sportifs c’est parce que la France est une terre d’accueil bienveillante qu’elle est riche en talents multiples venant de toutes les latitudes et longitudes. Autant d’énergies, de talents et de compétences qui ont contribué et contribuent à semer, dans nos territoires évidemment, mais aussi bien au-delà de nos frontières, partout sur la planète et dans tous les continents, au gré des vents porteurs ou des tempêtes, des graines d’espérance, de liberté et d’émancipation, des graines de France …
« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse » a déclaré Albert Camus dans un discours fameux.
Il faut voter dimanche prochain afin de ne pas contribuer à ce qu’une certaine vision du monde ne se défasse.
Trilport pour la 6eme année consécutive a obtenu les 5 arobases du palmarès 2024 du label national de Ville Internet, la ville est également une des 5 collectivités françaises distinguée pour son engagement dans la transition écologique appliquée au numérique. Ce qui, vu la taille d’une commune d’un peu plus de 5 000 habitants sans grands moyens financiers constitue une réelle performance. Si cette reconnaissance officielle provoque de nombreuses questions d’élus d’autres villes sur l’action menée localement, nous n’avons surtout aucune prétention à une quelconque exemplarité tant je mesure chaque jour nos limites et manques en ce domaine. Notre expérience peut cependant se révéler utile, c’est pourquoi il m’a paru intéressant de dresser un point d’étape sur la démarche initiée, avec ses forces et faiblesses, évoquer les perspectives de notre feuille de route.
Ce billet aborde les différents axes de la politique déployée, les solutions choisies et revient également sur certaines de nos interrogations.
Quelques mots sur la méthode suivie sur Trilport, son ADN repose sur cinq piliers principaux : Contextualiser nos approches, s’il est essentiel de tenir compte des besoins et urgences à satisfaire, il convient cependant de bien appréhender en amont les ressources nécessaires pour y répondre. Dans une ville sans grands moyens financiers et humains il est impératif de prioriser les actions, d’anticiper leurs conditions et calendrier de déploiement, des prérequis qui imposent cohérence et constance dans l’action initiée et de lisser l’effort parfois sur plusieurs années. En matière numérique, la gadgétisation peutse révèler très onéreuse, aussi mieux vaut travailler la vague que l’écume ; Privilégier la dimension humaine c’est ce qui explique pourquoi nous bous focalisons tant sur l’accès aux usages et à leur maitrise plutôt que sur les outils. Aussi perfectionné soit un outil, s’il n’est pas utilisé à sa juste mesure, il ne sert à rien. C’est pourquoi l’inclusion, la médiation et l’accompagnement constituent autant de priorités absolues ; Préférer la robustesse, l’adaptabilité et l’agilité des solutions à la seule performance technologique. Dans ce cadre, il apparait essentiel de distinguer l’innovation incrémentale de celle de rupture ; Développer une démarche à 360 degrés. Il faut souligner tout l’intérêt d’un label comme celui de villes Internet . Son référentiel permet de situer chaque action engagée dans une perspective globale, réfléchie, documentée, bâtie à partir de cas d’usages ; il devient alors possible d’auto évaluer la politique déployée et de fixer à ses équipes des axes de progression balisés et périmètrées ; Défendre et porter les valeurs d’un numérique inclusif, émancipateur, éthique, citoyen qui n’oublie pas d’être souverain sur l’essentiel. SI les GAFAM ne sont pas le Satan que certains décrivent, ils ne sont pas non plus le paradis qu’ils prétendent être. Il est vital de permettre à des choix alternatifs d’exister, de se poser des questions de fond sur les conséquences à moyen et long terme de choix technologiques destinés à accroitre la dépendance des utilisateurs ;
Le numérique concerne désormais tous les domaines d’action des collectivités : éducation, inclusion, objets connectés, déploiement de services aux habitants qui se doivent d’être utiles, évolutifs, fiables et robustes … Les cinq arobases obtenus par Trilport, par exemple, font suite à plus de 70 actions répertoriées destinés à différents publics et plusieurs domaines, d’actions. Cependant il est essentiel selon moi de dépasser la seule dimension « utilitaire » et de promouvoir un numérique solidaire, innovant, porteur et créateur de liens sociaux. Cette ambition nécessite inévitablement d’accompagner la montée en compétence des usagers afin qu’ils soient en capacité de devenir un jour acteurs de leur destin et de développer leur libre arbitre plutôt que de se limiter au rôle de consommateurs passifs, voir addicts, que les GAFAM leur préparent et leur destinent. Nous devons être conscients de toute la valeur de nos données personnelles et ne jamais oublier qu’en matière de numérique une partie de notre liberté future peut être potentiellement le prix à payer d’une gratuité apparente ou d’une facilité d’usage trés « envoutante ».
Au delà de toute considération pratico-pratique, il est essentiel d’avoir bien conscience des enjeux à court, moyen et long terme du numérique comme de son formidable potentiel. « Il n’est pas nécessaire d’aimer le monde qui vient pour le voir venir » nous rappelle Chateaubriand, aussi autant agir afin de prévenir, anticiper ce qui peut l’être, sinon le pire est effectivement à craindre et l’aliénation menace. C’est une responsabilité politique et sociétale que le politique se doit d’assumer, d’autant que le plus paradoxal est que le numérique peut contribuer à libérer plus qu’à soumettre encore faut il faire lien et faire sens … A bien des égards effectivement mieux vaut l’émancipation que l’aliénation, cette volonté fera l’objet d’un prochain billet car nous nous engagerons bientôt dans un tel challenge
Mais focus sur l’action déployée depuis plus d’une dizaine d’années à Trilport dans le domaine du numérique, si incontestablement l’IA fait la une de l’actualité , il convient de ne surtout pas oublier le quotidien et ses urgences qui sont autant de défis immédiats à relever.