CPE : ou de l’autisme en politique …

L’entêtement de Dominique Villepin peut être grave de conséquence, il est en effet grand temps de trouver une porte de sortie à la grave crise sociale que nous traversons. A jouer le pourrissement du conflit, le Premier Ministre prend des risques considérables, l’autisme a ces limites ! Espérons que les prochains jours le ramène à une analyse plus circonstanciée de la situation. Constat évident, devant une réforme aussi sensible nos gouvernants auraient du mener en amont une réelle concertation avec les représentants des jeunes et les organisations professionnelles et patronales. L’essentiel était plutôt que de faire un coup politique (ou comment se distancier de ce cher « Nicolas ») de débattre et dialoguer autour d’une vision et d’un projet d’ensemble. Cela aurait permis l’utilisation d’arguments d’une toute autre nature que ceux développés jusque là par le gouvernement, pour certains irrecevables, le  « Mieux que rien » cachant trop souvent le « Pire que tout ».

 

Dialogue d’autant plus nécessaire, que les violences urbaines de novembre dernier devraient amener les différent spolitiques et énarques à laisser de coté une certaine arrogance et à manifester plus d’humilité.   

Il n’y a pas de fatalité à la précarité
Pour les jeunes, la réalité d’aujourd’hui n’est guère réjouissante : chômage important, voir dramatique dans certaines banlieues (lire note précédente), emplois précaires, temps partiel, stages non rémunérés, intérim … Comme le démontre beaucoup d’analyses de sociologues et d’économistes, le système produit chaque jour à foison ses « in » et ses « out » et la frontière entre ces deux états devient de plus en plus tenue.
Fait nouveau, le CPE s’adresse à tous les jeunes, quelque soit leur qualification et les réunit du coup dans la même angoisse; loin d’amélioer la situation il relègue la jeunesse au rôle d’une simple variable d’ajustement économique. 
La société génère une nouvelle catégorie de travailleurs : « les travailleurs pauvres ». Situation peu enviable, qui ne permet pas à ces personnes de bénéficier d’une réelle autonomie, de pouvoir vivre décemment de leur travail ou de se loger. Les nouveaux Contrats (CNE et CPE) sont des plus dissuasifs pour par exemple,  obtenir des organismes d’emprunt , des banques ou des bailleurs sociaux des prêts ou un logement.
Concernant le chomâge, la réponse de trop de politiques a été jusque là on ne peut plus réductrice : c’est la faute à la mondialisation … « L’enfer c’est les autres …  » … Attitude irresponsable qui a déclenché une réaction en chaine dont la dernière illustration a été le résultat du scrutin européen, le non à l’Europe soulignant la peur des autres (le plombier polonais) mais également du lendemain.
Nos différents gouvernants ont oublié une maxime essentielle : « Gouverner c’est prévoir »! La mondialisation économique entraînant de fait une nouvelle distribution des rôles entre pays développés et pays en voie de développement, elle nous impose de revoir notre politique sociale et la priorité absolue accordée à des secteurs comme l’éducation, la formation ou la recherche et la nécessité de redéfinir une vraie solidarité nationale afin de lutter efficacement contre les inégalités qui s’accroissent chaque jour un peu plus.

Le problème central avec le CPE n’est pas qu’il amène un minimum de souplesse à un système bloqué mais au contraire qu’il transfère l’essentiel du risque à l’acteur le plus fragilisé, le salarié, qu’il contribue à précariser davantage (la précarité ne s’arrête pas aux seules portes de l’entreprise mais poursuivant le salarié jusque dans sa sphère privée). Une des questions de fond posées par les anti CPE est celle de savoir « qui doit assumer le risque économique « , pour eux comme pour moi, la réponse apportée par le dispositif initié par Villepin est irrecevable.

L’inquiétude d’un patron de petite entreprise (je ne parle ici pas des grandes entreprises du CAC 40)  au moment d’une embauche devant la crainte du licenciement provoqué par les aléas économiques est également compréhensible. Un troisème acteur, la puissance publique, peut intervenir pour assumer tout ou partie de ce risque social, c’est sur ce constat simple que les pays scandinaves notamment ont avancé.

Ouvrir de nouvelles perspectives …
Le plus important pour notre société est il de précariser l’emploi ou au contraire de valoriser les compétences ? Il n’y a de richesse que d’homme écrivait un philosophe du moyen age, ce constat est toujours d’actualité au XXI eme siècle. D’autant que la mondialisation ne nous laisse pas d’alternative, ne pas avancer c’est reculer, réformer est donc nécessaire.
Mais une réforme ne peut être le produit de la réflexion d’un énarque solitaire coupé du terrain, elle doit être collective, partagée, nécessite un consensus entre les différents acteurs, des moyens et non de la précipitation, de l’autoritarisme et de l’autisme. Mieux vaut pour le monde de l’entreprise un personnel qualifié, bien formé, avec de l’optimisme, de l’énergie positive qu’un personnel précarisé.

Revenir au XIX eme siècle n’a aucun sens, mettons nous simplement au niveau de notre époque.

Il nous faut donc rebondir et sortir par le haut de cette crise, non pas fermer les fenêtres et ne rien faire, mais au contraire ouvrir de nouvelles perspectives et le champ des possibles … Quitte pour certains publics cibles déterminés, les non qualifiés par exemple, qui ne sont ni jeunes ni vieux, mais simplement sortis du système ou qui n’y sont jamais rentrés, mettre en place des mesures adaptées et spécifiques.
Nous devons également et en urgence, lancer de nouveaux chantiers, complémentaires et prioritaires  comme ceux de l’Education (et la place de l’entreprise dans l’enseignement supérieur), de la Formation et de la Recherche et nous tourner ainsi résolument vers l’avenir.

 

Précédentes notes

CPE, le contrat qui fait désordre : http://jmorer.hautetfort.com/archive/2006/03/06/cpe-le-rapport-qui-fait-desordre.html

Pourquoi CPE rime avec précarité : http://jmorer.hautetfort.com/archive/2006/02/22/pourquoi-cpe-rime-avec-precarite.html

Stand the ghetto : http://jmorer.hautetfort.com/archive/2005/11/07/du-sens-de-la-responsabilite-dans-l’art-de-manier-du-«-karch.html

 

Contribution de Jacques Attali et Vincent Champainhttp://juliette.nfrance.com/~ju16656/Supprimer/texte.pdf

Eau : Comment ne pas boire une dernière tasse …

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Occulté par la crise du CPE, le 4ème Forum mondial de l’eau s’est tenu fin mars à Mexico avec pour thème « L’action locale pour un défi global » ( tout un programme pour un élu de terrain !), peu aprés la publication du Rapport mondial des Nations Unies.
Ce document publié tous les trois ans dresse un état des lieux des ressources en eau douce de la planète. Sa dernière édition (la 2eme)  intitulée « L’eau, une responsabilité partagée » va à l’encontre de beaucoup d’idées reçues et démontre que le problème n’est pas forcement là ou on l’attend …

 

Si un habitant de la planète sur cinq n’a toujours pas aujourd’hui accès à l’eau potable , la principale cause n’est pas une insuffisance de la ressource en eau douce (bien qu’inégalement répartie sur la planète) mais provient bien des problèmes d’approvisionnement …

Ou en est on aujourd’hui ?

Quelques réalités, histoire de mieux planter le décor :
– L’eau douce, dont 68 % est figée dans les glaciers et les neiges éternelles, ne représente que 2,5 % de l’eau sur Terre; ce qui est suffisant pour les besoins humains.
– L’agriculture consomme 70 % de la consommation totale. Le reste se partage entre l’industrie (20 %) et les usages domestiques (10 %).
– Accéder à l’eau potable, c’est disposer de 20 litres d’eau saine par personne, disponibles à moins d’un kilomètre.
– Plus d’1 milliard de personnes (près de une sur cinq) n’ont toujours pas accès à l’eau potable et 40 % des habitants de la planète ne bénéficient pas d’assainissement,
– La consommation en eau a été multipliée par six au cours du XXe siècle bien que la population n’ait que triplé. Les populations les plus touchés par ce manque résident pour 2/3 dans les bidonvilles de mégalopoles en trés forte croissance (notamment en Chine et en Inde).
– La pollution touche la moitié des rivières et des fleuves mondiaux et contamine les mers et océans (eaux usées, hydrocarbures et rejets de métaux lourds …) avec une répercussion directe sur la santé des hommes.
– Si l’Europe utilise 75 % de son potentiel d’énergie hydraulique, l’Afrique, dont 60 % de la population n’a pas accès à l’électricité, n’en exploite que 7 %,
–  la somme annuelle dépensée par les seuls Américains dans l’achat de crèmes glacées (11 milliards d’euros) permettrait de fournir de l’eau potable et garantir des installations sanitaires décentes à l’ensemble des pays pauvres.

Certaines tendances de fond se sont accentuées ces dernières années :

L’épuisement des nappes phréatiques : le niveau des nappes phréatiques est devenu préoccupant dans certaines régions du globe.
La pollution : La croissance, le développement industriel et démographique, l’agriculture en déversant de plus en plus d’eau non traitée contamine l’eau potable et les rivières, fleuves et nappe phréatique,
La dérégulation climatique : les catastrophes naturelles se multiplient, 90 % d’entre elles sont liées à l’eau. L’élévation du niveau de la mer devient préoccupante : 2 personnes sur 5 vivent aujourd’hui dans des zones susceptibles d’être inondées …
L’appauvrissement des sols : sécheresse en Afrique de l’Est et en Amazonie due à la déforestation à grande échelle …
La croissance démographique :  En 2030 la population mondiale aura besoin de 55 % de nourriture en plus, ce qui se demandera plus d’irrigation (principale consommation d’eau douce). 2/3 de la population mondiale vivra dans des villes, entraînant une augmentation de la demande en eau et en assainissement considérable, 2 milliards de personnes environ devraient vivre dans des bidonvilles.

 

L’eau, défi du XXIeme siècle

La question de l’eau est prioritaire à bien des égards, c’est une des priorités des objectifs du millénaire de l’ONU. L’état actuel est préoccupant sur au moins deux champs :

Sanitaire : 1ere cause de mortalité dans le monde  l’eau (pénurie ou mauvaise qualité). Chaque année, erellions de personnes meurent de maladies causées par une eau de mauvaise qualité (choléra, diarrhée, paludisme, typhoïde …) qui ont tué 3,1 millions de personnes dans le monde en 2002. 90% des victimes avaient moins de cinq ans. On estime que quelque 1,6 millions de vies pourraient être sauvées chaque année si l’on améliorait les conditions d’accès à l’eau potable, les services d’assainissement et l’hygiène.

Géopolitique : Dix pays concentrent 60 % des réserves en eau (en tête le Brésil et la Russie), 80 pays (Afrique et Proche-Orient surtout), soit 40 % de la population mondiale, souffrent d’une grave pénurie. La question de l’eau au Proche Orient est explosive, plus encore que celle du pétrole et soulève des tensions entre notamment Israël et les pays arabes.

Le dilemme du choix du type de gouvernance

La « crise de l’eau» est due à une mauvaise gouvernance, car disponible gratuitement dans le milieu naturel, l’acheminement d’eau vers les consommateurs ou son évacuation demande des investissements colossaux, ainsi que des dépenses de maintenance et d’entretien considérables. Autour de l’eau beaucoup de questions de première importance gravitent : santé, sécurité alimentaire, développement économique, utilisation des sols, préservation des écosystèmes …
Un marché mondial qui suscite beaucoup de convoitise. Au regard des investissements nécessaires, la privatisation des services de l’eau a été encouragé par nombre d’organisations internationales et de décideurs mondiaux qui ont ainsi contribué à développer du coup des rentes de situation pour des fermiers multinationaux de plus en plus puissants. Envers du décor, ces entreprises redoutent les aléas  politiques et leurs conséquences financières.  Du coup, selon les situations locales, divers types de modèles économiques plus ou moins vertueux ont été développés : le tout privé, le tout public, ou des solutions  mixtes basées sur un partenariat privé / public … Les avis du Conseil Mondial de l’eau, organisateur du Forum Mondial, qui regroupe nombre de professionnels (type Veolia, Suez notamment) sont contreversés et s’opposent quelquefois à ceux de certaines O.N.G.

Pour sauver d’une mort programmée des millions de personnes, les besoins financiers sont considérables et dépassent le simple cadre de l’eau. La réponse doit être multilatérale et politique. Il faut des moyens financiers considérables, mais également des institutions adaptées et compétentes, un cadre politique, juridique ou règlementaire stable, des structures et infrastructures efficaces, une transparence au niveau de l’information financière ou sanitaire … Une vie démocratique saine donc, qui ne favorise pas forcemment l’enrichissement des multinationales. Le bouleversement politique en cours en Amérique Latine peut ouvrir des perspectives si la corruption ne s’en mêle pas !

Reste à envisager des solutions adaptées à chaque région et à chaque pays afin de contribuer à moins gâcher cette ressource essentielle qu’est l’eau, mieux la gérer, l’économiser … Des pistes à explorer où que l’on soit sur la planète bleue y compris dans nos villes pour « penser globalement et agir localement » car :

Comme le dirait Candide :  » il faut que chacun cultive son jardin … »


Pour télécharger le Rapport Mondial des Nations Unies « L’eau, une responsabilité partagée » : http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001444/144409F.pdf

SRU : Trop c’est trop !

Aprés le constat de carence dressé par le Préfet de Seine et Marne, « l’amende” imposée à Trilport au titre de la loi SRU est doublée, atteignant un montant supérieur à 82 000 €, soit prés de 3% du Budget de Fonctionnement, ou encore 6% d’impôts locaux !

 

medium_mairie.2.jpgLe couperet est tombé ! Le constat de carence, dressé par le Préfet de Seine et Marne, au titre de la loi SRU, doit s’appliquer, sans préavis, dés le Budget 2006
Une décision grave de conséquences qui va à l’encontre des efforts effectués par la Municipalité depuis 2002 sur ce dossier complexe et qui pénalise durement des finances municipales déjà diminuées du fait du désengagement de l’Etat … Cette décision, prise sans concertation pourrait remettre en cause les investissements lancés afin justement de pouvoir répondre aux objectifs fixés par la loi SRU, un comble !

 

 

Un constat de carence, dur à avaler, pourquoi ?

Il m’apparait utile de dresser un rapide rappel chronologique afin de revenir sur la « carence » supposée de la ville de Trilport et de ses élus face à une décision qui a pour conséquence immédiate de doubler le prélèvement SRU, pourtant déjà intégré dans notre plan pluriannuel d’investissement au montant fixé initialement en 2002 par l’Etat.

Avant 2002, nous disposions d’un parc de locatifs sociaux d’environ 80 logements, représentant à peu prés 5% des logements de la commune. En 2002, la loi SRU fixe l’objectif (communes de plus de 3500 habitants) des 20% de logements sociaux en 20 ans. Rien à dire jusqu’à présent, cette orientation répondant à un besoin évident de mixité sociale. Les services de la DDE impose à la commune, sans aucune concertation, visite sur le terrain ou enquête de faisabilité, un objectif de réalisation de 39 logements sociaux à construire sur la période 2002 / 2004 (simple application d’une règle de trois).

Avec la volonté de bien faire, la municipalité décide de mettre en place, au préalable, les structures et infrastructures permettant d’aboutir à une mixité sociale épanouie (et non subie) et à une intégration réussie dans la ville. Elle lance divers chantiers : réorganisation de l’ensemble des services municipaux, création d’un Service Jeunesse (accueil péri-scolaire, structure ados, centre de loisirs), d’un service d’Action Sociale et lancement de partenariats avec le Département (CONT.AC.T et Contrat Triennal de Voirie) et la Région (Contrat Régional). Des partenariats accompagnant la réalisation d’un important programme d’investissement, qui dés cette année et sur 3 ans permettront la création d’un Centre de Loisirs, d’un Local Jeunesse, d’un ensemble culturel, de nouveaux locaux associatifs et sportifs (dont l’extension du gymnase), l’agrandissement de nos écoles (réfectoire, accueil périscolaire …) sans oublier l’amélioration de la sécurité dans les rues et de l’accessibilité dans la ville,
Dans le même temps, les élus participent à la mise en place de la Communauté d’Agglomération du Pays de Meaux, création exigeant un gros travail de dossier et de nombreuses réunions de concertation. La création de cette intercommunalité permet dés 2004, le lancement d’un Plan Local de l’Habitat Intercoimmunal (qui sera validé sans les prochaines semaines) dont le logement social constitue un axe central et répondant à une anlyse précise du terrain.

Rappelons qu’en 2002, une explosion industriuelle accidentelle a entièrement détruite une zone d’activités de la commune, un sinistre dramatique qui a fait deux morts et touché plus d’une centaine de concitoyens. Le suivi de ce dossier délicat et complexe (dommage industriel, enquête, problème d’assurance, d’emploi, d’urbanisme …) a été effectué par ma seule commune, une tâche qui a demandé beaucoup d’énergie et de temps aux élus comme aux services municipaux.

Ces divers évènements ont quelque peu retardé l’objectif initial fixé par les services de l’Etat. D’autant qu’une opération menée par l’OPAC de Meaux aurait du aboutir, en toute logique, à la construction dés 2003 d’une dizaine de logements sociaux supplémentaires, elle n’est toujours pas sortie de terre et ce n’est pas faute d’avoir relancé plusieurs fois ce bailleur social ! Nous faire supporter l’impact financier de ce retard de réalisation est totalement injustifié !

Des efforts que depuis 2004, nous avons amplifié : lancement des études du Schéma Directeur d’Assainissement, lancement d’un Plan Local d’Urbanisme avec des préconisations environnementales fortes, dont la mixité urbaine constitue un des axes prioritaires dans le cadre notamment d’un Agenda 21, extension du droit de préemption, création d’un emploi en charge des questions relatives au logement, préemption d’une propriété d’une valeur de prés de 150 000 € permettant la création de 2 logements pour des personnes nécessiteuses (conventionnement en cours), prise de contact avec divers acteurs et organismes du logement social afin de lancer de nouvelles opérations sur la commune … Excusez du peu …

Le constat évident que m’inspire cette affaire, dressé à posteriori et désormais en toute connaissance de cause du dossier est le suivant : la méthode employée par l’Etat, n’est certainement pas la meilleure. Il faut savoir que le plus difficile et le plus long à mettre en oeuvre dans cette procédure est le debut de la démarche : nécessité de définir un projet de développement du logement social harmonieux, cohérent et adapté au contexte local, découverte du monde des acteurs du locatif social, recherche des bons partenaires, constitution et mise en place de la panoplie des outils règlementaires, financiers, et de la logistique nécessaire et enfin lancement des opérations; cela demande des mois et des mois de travail …  L’ensemble de ces ingrédients m’apparait indispensable pour réussir une mixité sociale épanouie (nous y reviendrons). Cela demande de la sérénité, de la concertation et surtout pas d’improvisation, car il est essentiel de ne pas confondre dans ce domaine, vitesse et précipitation !

 

La commune, un parfait bouc émissaire !

Il est évident que dans le domaine du logement social, l’Etat s’exonère à bon compte de sa part de responsabilité, importante s’il en est pourtant. Un reflexe qui remonte à la nuit des temps et constitue sans doute un  privilége régalien.
Sans aide des services de l’Etat, les Maires des peites communes disposent ils des moyens logistiques et financiers leur permettant de répondre en quelques mois à une demande effectuée sans l’ombre d’une concertation (il est vrai que cela est une marque de fabrique de ce gouvernement) et dans une période pour le moins tourmentée (décentralisation, lancement des intercommunalités, désengagement de l’Etat …) et mouvante ? D’autant que l’implication financière de l’Etat dans nos budgets est inversement proportionnelle à ses exigences, chaque année plus croissantes.

Fixer un objectif quantitatif et technocratique à partir d’une règle de trois, sans étude de faisabilité réelle, visite sur le terrain, rencontre avec les élus, suivi ou aide logistique est une illustration du profond fossé entre le Monde réel et le monde virtuel dans lequel vivent certaines de nos élites (la réaction de surprise d’un haut fonctionnaires découvrant qu’une amende de 15 000 € équivaut pour une commune à 1% d’impôt est révélatrice à plus d’un titre !).
Il est dommageable pour la communauté, que les technocrates auteurs de ces directives n’aient jamais vécu en HLM ou en Cité. Oublier l’importance du facteur Qualitatif (qualité du bâti, situation dans la ville (disséminé ou aggloméré), mixité urbaine ou non …) et ne s’arrêter qu’au seul objectif quantitatif des 20% à atteindre, c’est surtout prendre le risque de multiplier et de créer de nouveaux ghettos … Notre ambition est toute autre; elle vise justement à vouloir réussir qualitativement cette intégration, nous y reviendrons prochainement …

Culpabiliser les élus de terrain de l’état de la situation actuelle, sans analyse sérieuse des efforts réellement déployés par chacun et du contexte local, est totalement injuste et arbitraire. Amputer les budgets municipaux, sans préavis, du jour au lendemain, en prenant le risque ainsi de compromettre des investissements indispensables aux communes et à leurs habitants démontre soit une certaine irresponsabilité, soit une méconnaissance réelle des difficultés budgetaires actuelles des petites communes et cela ne pénalise, au final, que les villes pauvres …

Mais tout ne va il pour le mieux dans le meilleur des mondes (« Huxley is alive ! ») ?

car Neuilly sur Seine peut dormir tranquille …

 

Note précédente :
Comment suis je devenu un Maire hors la loi ?

Eden’s new : l’empreinte écologique

Dis moi quelle est ton empreinte écologique, je te dirais qui tu es …

Une telle citation pourrait faire sourire et pourtant. Que ce soit pour se nourrir, se déplacer, se loger ou gérer ses déchets, l’homme prend à la planète des ressources naturelles afin de les consommer. Tout allait bien jusque là, les ressources de la Nature semblaient inépuisables, l’époque est révolue … définitivement. La planète s’appauvrit, une tendance qui s’emballe et qui est soulignée par la notion d’empreinte écologique.

 L’empreinte écologique est un indicateur estimant les ressources naturelles utilisées. Il permet de mesurer directement l’influence de l’homme et surtout de son mode de vie sur la planète. Si nous plaçons les résultats de chaque pays en perspective des 10 milliards d’habitants estimés pour 2050, avec pour base la croissance économique mondiale actuelle, l’empreinte écologique permet de dégager les enjeux à long terme et suggère les modifiations à apporter dans notre mode de développement afin de ne pas consommer plus que ce que la planète nous offre.

De quoi remettre en cause beaucoup de certitudes sur la qualité et la supériorité de notre mode de vie vis à vis d’autres continents, plus défavorisés. La sagesse et l’intelligence, ne sont pas forcemment là où on les attend… Pour l’instant, tout est partage et la dégradation des uns (les riiches) concernent directement et au premier chef les autres (les pauvres), qui n’y peuvent malheureusement mais …

Si le monde consommait comme :

un Américain, il faudrait 6,8 planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale

un Européen, il faudrait 3,4 planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale

un Chinois, il faudrait 0,55 planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale (???)

 un Africain, il faudrait 0,45 planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale

 

Mondovino, Verbatim …

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Nossiter, le réalisateur de ce film :


 « Le vin, dans sa complexité infinie d’expressions, est sur la planète entière, la chose la plus à l’image de l’être humain … Essayer de saisir l’état du monde du vin, c’est forcément une quête sur notre relation à la vie et à la mort, mais aussi une quête sur la transmission d’un passé, orienté vers l’avenir. Cette notion de transmission de génération en génération, de ce qu’on fait passer et de ce qui ne survit pas… de ce qui est perdu… ou de ce qu’on rejette consciemment, est devenu pour moi le Graal de cette aventure sur trois continents. »

 

Hubert de Montille, 8 hectares dans les appellations Volnay, Rugiens et Pommard (Bourgogne).

 Avocat et vigneron.

«Où il y a de la vigne, il y a de la civilisation. Il n’y a pas de barbarie.»

 «La marque, c’est la culture anglo-saxonne. Vous cultivez la marque. Mondavi cultive la marque. Ici, on cultive l’appellation d’origine. Et on s’aperçoit au bout de 50 ans que c’est l’appellation d’origine qui prime sur la marque. Parce que la marque, ça s’oublie. C’est comme les gens…»

«Aux Etats-Unis, en Californie, ils ont le sens du marketing. On va noyer l’absence de terroir par le bois. On va expliquer que le goût du vin, c’est le goût du bois…Et on va convaincre les Français -qui eux ont du terroir- que c’est ça qui plaît!»

Aimé Guibert propriétaire de 40 hectares d’appellation Daumas Gassac à Aniane, Languedoc

 «Le vin, pendant des millénaires, c’est une relation presque religieuse de l’homme à travers la Méditerranée, essentiellement autour de la Méditerranée, avec les éléments naturels, le sol, sur lequel il n’y a jamais eu de molécules de synthèse et puis, le climat.»

 » Les vins qui ont fait rêver sont toujours des vins qui traversent le temps et qui vous amènent la jeunesse alors qu’il devrait y avoir les rides et la mort. »

 » Un grand vin, c’est beaucoup d’amour, beaucoup de liens avec l’immatériel, avec le sol, avec le temps, avec la climat. C’est un métier de poète de faire un grand vin. »

Battista Columbu propriétaire de 2 hectares d’appellation Malvasia di Bosa en Sardaigne

«Maintenant, les gens sont paresseux, emportés par le consumérisme. Ils n’ont plus d’identité. Ils ne savent plus d’où ils viennent. Ils se font plus souvent du mal que du bien. Nous avons été réduits au rang de bêtes. Mais même les bêtes choisissent ce qu’elles mangent. Nous avons perdu notre dignité.»

«L’homme ne doit pas se laisser distraire par les chimères d’un progrès qui n’apporte que ruine à lui-même et à la nature, et souffrance aux autres. Nous devrions vivre en paix sur cette terre. Et il y a de la place pour les autres.»

A bientôt Monsieur Davidenkoff !

« Au revoir … »

Voila le titre de la dernière note d’Emmanuel Davidenkoff aprés son départ de Libé (démission ; pas licenciement  » plan social  » : il fait partie des 30 « refusés » précise t’il ) , qui arrivé à cette étape de sa vie professionnelle met un terme à son blog : « Carnet de correspondance » . Blog qui figure parmi les sites favoris que je vous propose de visiter.
Davidenkoff si l’on s’intéresse aux questions de l’Education on connaît forcément. Que ce soit en lisant Libé, les livres dont il est l’auteur ou en écoutant France Info. Ce journaliste de 36 ans, spécialiste des questions d’éducation ou de formation, est en effet une des voix qui fait le succès de cette radio.
Depuis décembre 2004, il anime un blog spécialisé dans les questions d’Education, un véritable espace de débat. Bilan éloquent : 118 notes, 4217 commentaires et 307.000  » pages vues « . Intérêt de ce carnet de bord : être animé par un observateur avisé de l’Education, non enseignant, qui posséde de plus un point de vue original, global, ouvert et quelquefois iconoclaste. Qualités qui pour certains sont autant de défauts … 

Ce blog a constitué pour lui une expérience intéressante mais également douloureuse, verbatim :

 « Expérience fondatrice, pourtant, au moins pour moi. Témoin de la difficulté à (ré)inventer le journalisme à l’heure d’Internet. Témoin de la difficulté à débattre de l’école, pas faute de combattants, pas faute d’intelligences ; mais trop de haine(s) recuite(s), de procès en sorcellerie, de mots qui font mal pour faire mal. »

 Il l’a indiqué beaucoup plus précisemment dans une de ses notes dénommée : An 1

« Ce blog a un an, 112 notes et 3400 commentaires. Et je m’interroge sur sa pérennité. Ressemble-t-il à ce que j’espérais ? Pas vraiment. Je n’ai pas su convaincre les intervenants les plus fidèles d’abandonner le recours, trop fréquent à mon goût, aux insultes et anathèmes. On m’a aussi sommé, ici ou là, plus ou moins poliment, d’abandonner telle référence, de « choisir mon camp », comme si l’ambition de refléter une diversité de points de vue sur l’école était incongrue. Ce n’est pas l’idée que je me faisais d’un espace qui tente de rester ouvert à tous, sans sectarisme mais sur la base de quelques valeurs partagées. Que cela reflète l’état actuel du débat sur l’école ne me réjouit pas. Ai-je envie de maintenir un blog où les personnes sont plus souvent prises à parti que les idées ? Pas franchement »

La disparition de cet espace de débats, de liberté est dommageable, car l’expérience menée était passionnante. Les notes de Davidenkoff étaient toujours intéressantes, souvent positives, et stimulaient à la fois le débat et la remise en cause. Il est essentiel pour un professionnel comme doit l’être un enseignant de disposer d’autres points de vue pour enrichir son action. La vérité n’est jamais simple, pas toujours manichéenne et les conformismes ne sont pas toujours là où on les attend  et réciproquement. Alors surtout … 

à bientôt Monsieur Davidenkoff