2010, l’année de l’Eyjafjöll

 

logo-sommet-cancun.jpgPour la planète, 2010 a été une véritable « annus horribilis » à oublier au plus vite, tant les catastrophes se sont succédées à un rythme effréné et effrayant.
Elles ont  transformé le journal du 20 heures, en une superproduction hollywoodienne aux incroyables effets spéciaux, à un détail prés, la douleur n’était pas virtuelle et les larmes bien réelles …

Moussons, typhons, inondations innombrables (les prochaines semaines sur ce point sont à suivre y compris chez nous …), incendies dus à la sécheresse, épidémies, dérégulation climatique … La liste très longue est quasi exhaustive, hormis un Tsunami la planète a tout connu. Une constante cependant, dont nous reparlerons,  95% des victimes vivaient dans les pays les plus pauvres…

2010 est l’année également qui a connu le plus grand nombre de catastrophes liées aux conditions climatiques depuis que ces statistiques existent (soit 130 ans selon le rapport du réassureur Munich Re qui assure les principales compagnies d’assurance).

L’homme aussi s’en est mêlé, avec quelques désastres industriels emblématiques et retentissants, touchant cette fois ci les pays industrialisés : marée noire du golfe du Mexique aux USA, boues toxiques de Hongrie, sans oublier les innombrables atteintes à la bio diversité qui atteindront bientôt le point de non retour …

Jusqu’aux incidents météo qui ont mis au premier plan les caprices de dame nature, des fumées et cendres du volcan islandais Eyjafjöll bloquant à lui tout seul le trafic aérien international pendant plusieurs jours, et les conséquences de quelques flocons d’hiver plus nombreux que d’habitude paralysant l’Europe du Nord et semant une vraie « pagaille » générale …

 

2010, annus horribilis certes, mais également année riche en enseignements,  que nous devrions nous empresser d’intégrer, tant dans notre pratique que dans certains choix politiques ou éthiques, avant qu’il ne soit trop tard

 

 

 

 

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Le prix d’une vie

2009 n’a pas été une année clémente avec 335 sinistres et plus de 10 000 victimes (selon le Centre de Recherche en épidémiologie et catastrophe), mais 2010 la dépasse de loin dans l’horreur comme tout ce que nous avions connu jusqu’à présent, avec 950 catastrophes naturelles, plus de 250 000 morts et 130 milliards de dollars de dégâts, de loin supérieur à la moyenne des 30 dernières années.

Principal cause, le tremblement de terre d’Haiti.

Pourtant paradoxalement si ce séisme est bien le plus meurtrier (222 570 victimes), il ne représente que 8 milliards de dollars de dégâts, contre 30 milliards de dollars pour le tremblement de terre du Chili et ses 520 victimes !
En effet, ce qui importe pour les assureurs est le nombre de personnes ou de biens bénéficiant d’une assurance. Rappelons pour mémoire lque a tempête Xynthia en février dernier a causé 6,1 milliards de dollars de dégâts dans notre pays.
Le prix d’une vie varie selon les latitudes …

Signe des temps, si l’homme ne peut infléchir le nombre de catastrophes (ce serait plutôt l’inverse), il peut à contrario en limiter considérablement la portée et les dommages ; pour preuve, depuis 1975, le nombre de catastrophes a été multiplié par 4, et le nombre de morts divisé par 3 …  Que 95% des victimes soient issus des pays du Sud, n’est pas le fait du hasard, ces pays ne disposent pas des capacités pour faire face : politique de prévention, infrastructure, temps de réaction et organisation des secours …

Il n’y a pas de fatalité, ce qui laisse des marges de progression. Pour s’en convaincre, deux illustrations : les typhons font 17 fois plus de morts aux Philippines qu’au Japon, le degré de développement des deux pays n’étant pas le même, et le Bangladesh en améliorant ses modes opératoires a considérablement limité les dommages de ces cyclones. Si le dernier en date a causé 3 500 victimes (2007), nombre considérable pourtant, les précédents avaient été bien plus meurtriers (1970, plus de 300 000 morts …) !
Et chacun sait que si le bilan du Tsunami de décembre 2004 dans l’océan Indien, a occasionné autant de morts (230 000 personnes), c’est bien du fait de la défaillance des systèmes d’alerte.

Pour limiter les conséquences dramatiques des colères de la Nature, les pays doivent de se doter des modes opératoires adaptés : dispositifs de prévention, qualité de constructions, normes anti sismiques, aménagement du territoire, organisation urbaine, conditions sanitaires …

D’autant que les mégapoles se développent  (notamment en Asie de l’Est), et que les catastrophes les plus fréquentes (inondations et ouragans, plus de ¾ des catastrophes naturelles) sont non seulement prévisibles, mais saisonnières.

Tout n’est pas perdu donc. Mais si rien ne change le pire est à craindre, les mêmes causes ne produisant pas toujours les mêmes effets, surtout dans les pays ou les villes sont de plus en plus surpeuplées et les conditions sanitaires (eau, assainissement) de plus en plus précaires.

D’autant qu’ensuite les catastrophes sont souvent suivies de malnutrition et d’épidémies !

 

Quand l’homme s’emmêle

Deux catastrophes industrielles significatives, et finalement instructives, ont marqué l’opinion en 2010 : la marée noire en Louisiane et le déferlement de boues toxiques en Hongrie …

Les USA d’Obama se souviendront longtemps de « Deepwater Horizon », plate forme offshore du golfe du Mexique exploité par BP située à 80 kilomètres des côtes de la Nouvelle Orléans. Lorsqu’elle à explosé, brulé et qu’elle s’est mise à couler en sectionnant une tête de puits situé à 1500 mètres de profondeur, l’émotion et la colère des habitants a été à son comble. BP mettra 5 mois avant d’arrêter cette marée noire, alors que dans le même temps certaines compagnies exploitent des forages off shore beaucoup plus profonds, jusqu’à 10 000 mètres de profondeur et négocient des droits pour exploiter le pétrole off shore jusque dans l’Artique …

Pour la petite histoire, devant à la fois l’hostilité du lobby pétrolier, hyper puissant et des habitants de la Nouvelle Orléans,  Barak Obama s’est résolu à lever le moratoire pris lors de la catastrophe et les compagnies pétrolières américaines poursuivent leurs investigations.

 

Quelques mois après, en octobre dernier, la rupture d’une digue de réservoir des boues rouges (arsenic, soude caustique, métaux lourds …) d’une usine de production d’aluminium située en Hongrie à proximité de Budapest, a entrainé la fuite de 700 000 m3 de boues toxiques dans le Danube. Les investigations des enquêteurs ont décelé des infractions graves aux règles de sécurité les plus élémentaires, pourtant l’entreprise exploitant cette usine a obtenu l’autorisation de reprendre la production.

 

Ces exemples terribles illustrent l’importance d’intégrer deux principes majeurs du Développement Durable, qui sont le principe de précaution et le principe de responsabilité …

Principes que l’industrie moderne se devrait d’adopter, que ce soit dans les pays du Nord ou dans les pays du Sud mais dont l’application n’est pas aussi aisée que l’on pourrait le penser …

 

Le principe de précaution

Cet héritage du Sommet de la Terre de Rio de  1992, a été porté de longues années par les écologistes allemands, notamment anti nucléaires, qui le déclinent en trois directions : éviter les dangers immédiats, prévenir les risques de moyen terme et avoir une gestion optimale, à long terme, des ressources naturelles.

En France, son application est beaucoup plus récente, mais l’affaire du sang contaminé, la crise de la vache folle, les OGM et plus récemment le vaccin contre la grippe H5N1 et les cendres du volcan islandais Eyjafjöll l’ont mis au premier plan.

Son application lors de ces derniers évènements, a été sujette à polémique, tant il apparaît quelquefois l’otage d’une politique de communication, ou d’une couverture de risque maximum du politique. Ces derniers ne gèrent pas que le rationnel, ils doivent intégrer également le risque subjectif, né de  l’imaginaire collectif autour d’une menace hypothétique amplifié par les médias …

 

Nombre de spécialistes ont jugé les interdictions de vol (cendres de l’Eyjafjoll) , comme la campagne de vaccination autour du virus HRN1 excessives, dans le 1er cas au regard de l’impact économique provoqué par l’arrêt des vols et dans le second, c’est la décision de vacciner l’ensemble du pays qui a été jugée disproportionnée au risque encouru et trés contre versée au niveau scientifique

 

Le Principe responsabilité

Il est issu des travaux du philosophe allemand Hans Jonas qui a souligné que désormais l’homme dispose d’un pouvoir (science ou maitrise de techniques) qui lui donne la possibilité non seulement de s’autodétruire mais également de détruire la nature autour de lui.
C’est la parabole de l’île de Pâques

Dans la pratique, cela signifie que devrait être interdite, toute technologie qui comporte le moindre risque de détruire l’humanité ou l’existence de l’homme.

Cette menace, réelle, doit amener l’homme à s’interroger sur sa responsabilité envers ses semblables, mais également envers le monde en général (la biosphère selon Teilhard de Chardin), sa capacité d’intervention dans les processus de la nature ou le cycle de vie.

Hans Jonas souligne également un danger imperceptible, les effets cumulatifs à long terme, qui peuvent être imprévisibles et incontrôlables …

Cela signifie t’il pour autant qu’il ne faut arrêter la recherche …

L’application de ses deux principes, ne peut être automatique, et  nécessite prudence, discernement, analyse, croisement des points de vue … Cependant,  ils remettent en  cause le dogme de la vérité scientifique absolue, et l’utilité de disposer d’observateurs indépendants afin justement d’évaluer les risques objectifs « objectivement »…

Concernant les deux catastrophes évoquées précédemment, il est certain que plus la prise en compte de ces deux principes sera faite par les décideurs en amont, moins les risques de catastrophes industrielles, voir naturelles (ne pas construire  en zone inondable) seront élevés. Le problème est que souvent ils s’opposent à des intérêts économiques et des lobbies puissants.

C’est bien pour toutes ces raisons qu’il est important de faire progresser les préceptes du développement durable partout sur la planète, notamment dans les pays du sud, en rappelant aux sceptiques que le nuage de Tchernobyl ignorait les frontières et que les dommages collatéraux de certaines catastrophes industrielles peuvent avoir des conséquences inimaginables pour tous les humains et la planète …

 

 

SCOT : quelques clés de lecture à décrypter

scot.jpgIl me semble utile de revenir sur un point abordé lors du dernier Conseil Communautaire, relatif au Schéma de COhérence Territoriale (ou SCOT ) ; plus précisément au «débat » prévu par les textes qui théoriquement accompagne l’adoption du  Projet d’Aménagement et de Développement Durable (ou PADD), moment clé s’il en est de la réflexion engagée sur notre projet de territoire.

Je regrette la quasi absence de prise de parole au regard de l’importance d’une telle réflexion collective pour notre jeune intercommunalité et la qualité comme l’originalité de la démarche initiée,  prometteuse à plus d’un titre.

Nous disposons désormais d’une véritable vision partagée sur le devenir d’un territoire dans lequel nous vivons, et pour beaucoup d’entre nous, sur lequel nos enfants s’épanouissent. Vision partagée, car réellement collective et relativement consensuelle, du moins pour le moment, nous aurons l’occasion de revenir sur ce point prochainement.

Il m’a semblé préférable, avant d’aller plus loin dans l’analyse, de décrypter quelques clés de lecture incontournables, qui permettront je l’espère à chacun de disposer des éléments nécessaires à la bonne compréhension de la démarche et d’anticiper les prochaines étapes de ce processus et leurs conséquences tant pour chacune des 18 communes que pour ce coin de Brie.
Vu l’importance des enjeux qui entourent cette réflexion, elle concerne chaque habitant de ce territoire, mais peut également intéresser tout citoyen impliqué dans les thématiques relatives à l’urbanisme et à l’aménagement du territoire, car il y a matière !

Encore faut il pour que chacun soit réellement partie prenante dans cette réflexion globale qu’il puisse s’affranchir du barrage sémantique cher aux urbanistes, pour tout dire assez ésotérique et techno … J’en profite pour rappeler les notes consacrées à la démarche initiée sur ma commune autour du Plan Local d’Urbanisme (ou PLU : vous avez dit PADD, PLU  s’il te plait dessine moi une ville), qui complètent utilement ce rapide panorama …

Voici une tentative de décryptage de quelques concepts ponctuant cette démarche  : SCOT, PADD, DOG, PLD, ou encore démarche AEU …

Commençons par le SCOT ou Schéma de Cohérence Territoriale …

 

 

 

Élaboré par une ou plusieurs intercommunalités, dans notre cas la Communauté d’Agglomération du Pays de Meaux, le Schéma de COhérence Territoriale (ou SCOT ) est l’héritier des anciens « Schémas Directeurs d’Aménagement et d’Urbanisme » (appelés également SDAU).

Instauré par la loi SRU (13/12/2000), il fixe les objectifs des diverses politiques publiques : habitat, développement économique, déplacements …
Batterie d’objectifs complétée récemment par le Grenelle 2, les SCOT comme les PLU doivent désormais contribuer à réduire la consommation d’espace, équilibrer la répartition territoriale des commerces et services, améliorer les performances énergétiques,  diminuer les obligations de déplacement, réduire les émissions de gaz à effet de serre …

En tant que tel, ce document d’aménagement s’adresse non seulement au présent et au devenir à court terme d’un territoire composé de plusieurs communes (correspondant à un bassin de vie) mais également à une échelle de temporalité beaucoup plus large …
Pour mieux définir les orientations générales de l’aménagement du territoire, il doit prendre en compte tous ses différents équilibres : développement urbain, activités agricoles et économiques, préservation de la qualité de l’air, des milieux, sites et paysages naturels ou urbains. Les questions relatives à la protection de l’environnement étant beaucoup plus présentes dans cette réflexion, que dans l’ancien SDAU.

Sa finalité est de définir des orientations d’aménagement générales, sans localisation précise, qui permettront de mettre en cohérence le projet de développement du territoire en tenant notamment compte de ses interrelations et de toutes ses dominantes sociales : déplacement, contraintes territoriales liées à l’activité économique,  mixité sociale, aires d’influence des équipements, mais également patrimoine naturel et agricole.

S’il ne détermine pas la destination générale des sols (« Le SCoT localise, le PLU délimite »), il prévoit une stratégie globale d’aménagement pour l’agglomération, en respectant  la réflexion régionale (SDRIF ou Schéma Directeur de la Région Ile de France) et en prenant en compte les intercommunalités voisines.
Il s’agit bien ici d’une réflexion globale, voir systémique qui concilie plusieurs politiques : restructuration urbaine, habitat (mixité générationnelle et sociale), transports …  En fixant les orientations fondamentales de l’organisation du territoire et l’évolution des zones urbaines, il préserve un équilibre harmonieux entre zones urbaines, industrielles, touristiques, agricoles et naturelles. Un SCoT,  c’est avant tout et tout d’abord un territoire d’usages…

 

Une fois adopté, il sera opposable aux PLU, aux programmes locaux de l’habitat (PLH), aux plans de déplacements urbains (PDU), aux opérations foncières et d’aménagement, aux schémas de développement commercial et aux autorisations d’urbanisme commercial, ce qui démontre toute l’importance de ce document.

Encore faut il pour être utile, qu’il ne se contente pas d’être une simple compilation d’études théoriques, mais qu’il soit un véritable outil opérationnel et prospectif au service d’un territoire et de ses habitants actuels et à venir.

 

Son élaboration, similaire à celle du PLU, comporte trois étapes :

  • Un rapport de présentation qui doit expliquer les choix retenus dans les documents ultérieurs. Il est composé d’un diagnostic du territoire et d’un état initial de l’environnement (IEI), dont nous reparlerons tant il peut être un élément déterminant de  la réflexion d’ensemble  …
  • Le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (ou PADD), document éminemment stratégique, dans lequel l’intercommunalité fixe ses orientations générales, les enjeux et des contraintes à relever,
  • Un Document d’Orientations Générales (DOG), fixant les modalités de mise en œuvre du PADD.

Auquel il faut bien évidemment rajouter toute une série d’annexes : documents graphiques, dispositions relatives aux mobilités, à l’accessibilité qui permettront d’accompagner l’ouverture de nouveaux secteurs à l’urbanisation,  la création de nouvelles dessertes en transports collectifs ou d’infrastructures à réaliser, les grands projets d’équipement intercommunaux ….

 

Le SCOT fait l’objet d’une concertation tout au long de son  processus d’élaboration, tant auprès des Personnes Publiques Associées (ou PPA : services de l’État, région,  département, acteurs du territoire, intercommunalités voisines …) que du public …

Voici les principales étapes de cette élaboration :

  • Un débat doit être organisé par l’assemblée délibérante sur les orientations du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (cf le début de cette note), avant l’arrêt du projet et sa transmission aux PPA pour avis,
  • Son approbation sera soumise à une enquête publique dont l’objectif est d’informer la population et de recueillir ses remarques,  ainsi que celle d’un commissaire enquêteur indépendant.
  • Prise en compte (ou non) au retour de l’enquête, des avis du commissaire-enquêteur, ou de certaines remarques émises, mise au point du projet,
  • Approbation par l’assemblée délibérante (le Conseil Communautaire) ;
  • Transmission aux services du contrôle de la légalité.

 

Particularité de la démarche initiée lors de ce SCOT, et non des moindres, celle d’avoir opté pour une Approche Environnementale de l’Urbanisme (ou AEU®).
Cette approche globale et transversale développée par l’ADEME qui s’applique à toutes les étapés-clés d’un projet afin de contribuer au respect des exigences environnementales lors des opérations d’aménagement s’est révélée être une véritable opportunité stratégique,

 

nous y reviendrons prochainement.

 

 

L’avis de Trilport sur le Grand Paris

 

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A l’occasion du débat public sur le Grand Paris et en réponse à l’invitation du CNDP, j’ai proposé au Conseil Municipal que Trilport apporte sa contribution sur un sujet intéressant au premier chef nos concitoyens, car en relation directe sur la qualité de leurs transports au quotidien, leur cout et leur mode de gestion.

Nous voulons attirer l’attention sur le besoin urgent de rénovation des transports en commun de grande couronne, comme de certaines interrogations ou demandes de précision et d’un souhait.
Des éléments qui font l’objet d’une contribution commune aux deux projets proposés au débat public.

Refusant de choisir entre l’un ou l’autre des deux scénarii, ou de les opposer, nous jugeons préférable de rappeler la priorité que les usagers de la grande couronne que nous sommes, accordent à une rénovation urgente et massive du réseau actuel, notamment férré (métro, RER et TER), véritablement à bout de souffle.
Le dernier rapport de la Cour des Comptes est sur ce sujet sans nuance. S’il reconnait les progrès substantiels constatés sur le terrain et les efforts déployés par Jean Paul Huchon depuis 2006, année à laquelle l’exécutif régional a pris les rênes du STIF, il souligne le retard qu’il reste à rattraper. Bien du chemin reste en effet à accomplir.

Nous tenons à souligner que si l’augmentation éventuelle du nombre d’usagers qu’entrainerait la réalisation de ces projets n’est pas au préalable, précédée d’une réelle amélioration du réseau actuel  saturé sur trop de lignes, la conséquence immédiate serait une aggravation considérable des désordres constatée chaque jour par des centaines de milliers de franciliens.

Il est vital de doter notre région d’une vision globale entre ville centre, petite et grande couronne, reposant sur un système basé sur des points d’interconnexions, le maillage des réseaux longue distance et de proximité, des rabattements adaptés aux flux actuels et futurs à partir des rocades envisagées, et d’envisager ces deux projets dans une logique intermodale n’oubliant pas les usagers résidant en Grande Couronne.

Nous exprimons les interrogations les plus vives sur le financement de ces infrastructures, l’estimation de leur cout final (surtout celle du Grand Paris dont le montage juridique pose à nos yeux problème) et le calendrier proposé.
Les risques d’une concentration excessive des budgets d’investissement futurs, notamment dans le contexte actuel de raréfaction de l’argent public, sur ces seules opérations au détriment de la rénovation du réseau actuel, sont malheureusement bien réels et problématiques.

Enfin nous exprimons le souhait de voir ces deux projets, vu leur complémentarité potentielle, réunis autour d’un consensus fédérateur et constructif, plus respectueux des deniers publics.

 

Ci joint, la contribution de la ville de Trilport à ces deux débats

 

 

 

 

 

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Les deux débats publics organisés autour du réseau de transport public du Grand Paris, donnent le sentiment que les usagers de la grande couronne sont les grands oubliés de ces projets, alors que le développement (vitalité démographique et économique) de la Seine et Marne, surtout sur notre secteur, n’est plus compatible avec un système de transport exclusivement « radioconcentrique » tourné sur la petite couronne et Paris.

Partant du constat que :

Arc Express a pour vocation d’améliorer la desserte interne de la zone dense du coeur de la métropole tout en permettant sa densification,

Le réseau du Grand Paris a pour objectif d’assurer des liaisons rapides entre des grands pôles régionaux,

Force est de constater que ces deux opérations ne répondent pas aux attentes actuelles des Trilportais et des habitants de la grande couronne francilienne désirant bénéficier avant tout et au plus vite d’une amélioration sensible et rapide de l’offre de transport.

La commune de Trilport souligne l’importance d’améliorer la qualité des rames de transilien notamment sur la ligne P, de moderniser les lignes de RER A, B et D, de prolonger le RER E vers La Défense afin de permettre aux Seine-et-Marnais de disposer de liaisons directes, mais également de développer les bus se déplaçant en site propre comme les pôles multimodaux …

Les élus rappellent les conclusions du rapport sur la situation des réseaux de transport ferroviaire en Ile-de France rendu public par la Cour des comptes le 17 novembre 2010, indiquant que si depuis 2001, le trafic sur les réseaux franciliens a augmenté d’environ 20%,  les infrastructures n’ont elles que trop faiblement évolué, notamment pour les trains de banlieue. La SNCF et Réseau ferré de France ayant fait porter le gros de leurs efforts financiers sur le développement des lignes à Très Grande Vitesse, ce qui a entrainé une dégradation continue de la qualité du service :  lignes régulièrement saturées, trains bondés,  retards chroniques; « l’importance des besoins justifie qu’une priorité soit donnée aux projets de modernisation des lignes existantes et à des extensions limitées du réseau », indique sans appel le rapport de la Cour des Comptes.

Il est urgent d’assurer la mise en œuvre du Plan de mobilisation adopté en 2009 par la Région et l’ensemble des départements franciliens portant sur un investissement de 18 milliards d’euros sur 15 ans. Ce qui nécessite d’assurer au Stif des financements pérennes et un engagement réel de l’Etat aux côtés des collectivités locales.

Il est important de s’assurer que les interconnexions avec les réseaux existants (RER, TER, transilien…) soient assurés, afin que tous les Seine-et-Marnais, même éloignés des zones les plus denses, profitent des avancées amenées par les deux projets présentés au débat public.

Il est vital pour le devenir même des deux projets proposés au débat public, que ces amélioration soient effectuées en amont, sinon c’est un réseau déjà saturé et en bout de course qui accueillerait les nouveaux usagers prévus, ce qui aurait pour conséquence immédiate, une aggravation conséquente de la situation actuelle.

Afin de mettre en cohérence les réseaux des transports seine-et-marnais avec ceux de la métropole, la ville de Trilport soutient la création d’une gare TGV sur le pôle Sénart-Melun-Villaroche, la réalisation d’une liaison rapide entre Orly, Sénart, Marne-la-Vallée et Roissy, et l’extension du RER E jusqu’à Meaux.

Pour les élus de notre commune, il s’agit :

D’accorder la priorité au traitement des dysfonctionnements actuels, de la saturation de lignes et à l’amélioration de la qualité de service sur les réseaux existants (régularité, sécurité, vitesse commerciale, confort, qualité des matériels,…)

De concevoir un système global aux niveaux régional et départemental associant des lignes omnibus et des lignes express avec des points d’interconnexions, un maillage des réseaux longue distance et de proximité, des rabattements adaptés aux flux actuels et futurs notamment avec les rocades envisagées et d’envisager ces deux projets dans une logique intermodale intégrant les habitants de la Grande Couronne.

Ces objectifs doivent se traduire par les orientations suivantes:

  • mettre en relation par des navettes rapides les grands pôles seine-et-marnais métropolitains entre eux et avec les aéroports d’Orly et de Roissy et les villes nouvelles (mutualisation possible de la ligne à grande vitesse pour les TGV et des TERGV),
  • renforcer les radiales et prolonger certaines lignes RER, avec l’objectif de constituer un réseau maillé de ces radiales,
  • doubler le tunnel entre Chatelet et la gare du nord afin d’améliorer les conditions de circulation des RER B et D,
  • améliorer au plus vite les liaisons internes à la Seine-et-Marne en particulier dans les liaisons nord/sud et les liaisons entre les grands pôles départementaux économiques, administratifs, universitaires …:

Concernant le financement des deux projets présentés au débat public, la ville de Trilport souhaite attirer l’attention sur :

  • les risques d’une concentration des budgets d’investissement futurs sur ces seules opérations au détriment d’autres projets plus urgents et indispensables aux besoins quotidiens des Seine-et-Marnais. A ce titre nous tenons à insister sur la nécessité d’intégrer à ces projets les financements de toutes les opérations rendues nécessaires par Arc Express ou/et le réseau du Grand Paris (création et aménagement de gare, interconnexions, parkings, systèmes de rabattement) qui devront être intégrés dans les enveloppes budgétaires de ces deux réseaux.
  • les incertitudes sur le calendrier, les moyens financiers et la faisabilité des projets portés notamment par l’Etat, soulignés récemment par le rapporteur du Budget le député Gilles Carrez, comme sur les conditions de gestion futures du réseau de transport public du Grand Paris comme celles de sa  tarification.
  • les conséquences pour le STIF d’absorber les déficits futurs d’exploitation du projet de Métro du Grand Paris, ce qui implique la nécessité d’affecter de nouvelles recettes afin de tenir compte des coûts d’investissement, des intérêts de la charge financière de cette dette, des coûts d’exploitation des lignes nouvelles et l’intérêt de l’intégrer dans la maîtrise d’ouvrage de ces deux projets,

 

Les élus expriment enfin :

des réserves sur le montage des opérations d’aménagement autour des gares du réseau de transport public du Grand Paris du seul ressort de la Société du Grand Paris en dérogation aux compétences des collectivités territoriales concernées malgré les lois de décentralisation,

l’intérêt pour le contribuable, dans le contexte de raréfaction de l’argent public que nous connaissons, d’unifier ces deux projets au regard de leur complémentarité potentielle, autour d’un consensus fédérateur et constructif.

 

Cap sur la Petite Enfance

 

448_petite_enfance.jpgJ’ai participé vendredi soir à une restitution publique du diagnostic relatif à la « Petite Enfance » que nous avons lancé  en mai 2008 et qui représente dix huit mois de concertation. Le temps nécessaire pour rencontrer familles, professionnelles ou acteurs de terrain, tenter avec eux d’apprivoiser cette problématique pour le moins particulière, et d’ébaucher quelques pistes de travail et d’actions à mettre en place.

Quelques mots sur le contexte de cette étude. La France grâce à sa politique familiale, possède un taux de fécondité élevé lui permettant d’être un des rares pays européens à assurer le renouvellement de sa population, un point positif lorsque l’on songe à nos retraites mais également au dynamisme du pays.
La région Ile de France et plus particulièrement la Seine et Marne font partie des territoires « démographiquement » les plus dynamiques depuis plus de 10 ans. Pourtant paradoxalement, l’offre en mode d’accueil des moins de trois ans, essentielle pour concilier vie familiale et professionnelle, est sur notre département très insuffisante.  Ici, tout ou presque, est à faire, car l’absence de mode de garde adapté constitue un frein sérieux au retour à l’emploi, notamment pour de nombreuses femmes seules (familles monoparentales).

Le contexte économique, les demandes des parents, les contraintes sociales liées à l’emploi nous ont amené, après avoir mis en place un service jeunesse structuré lors du mandat précédent, à agir sur la Petite Enfance.
D’autant que la commune évolue : ouverture de droits à construction du fait du nouveau PLU, lancement d’un programme de logements sociaux, vont entraîner une augmentation progressive de la population que l’arrivée de l’éco quartier va amplifier, avec pour corollaire l’émergence, tant quantitative que qualitative, de nouveaux besoins qui sont à l’origine du projet de Maison de la Petite Enfance qui est un des équipements publics prévus dans le cadre de cet éco quartier.

Nous avons lancé en concertation avec des partenaires institutionnels (Maison Départementale des Solidarités, Caisse d’Allocations Familiales et Mutuelle Sociale Agricole), des professionnelles et des familles un diagnostic territorial exhaustif sur cette thématique, afin de mieux définir les besoins en mode de garde, mais également  les contraintes liées à l’offre de services et  rechercher les solutions les plus adaptées et la démarche à initier.
Quelques chiffres clés sur cette concertation : 2000 questionnaires distribués, 27 interviews (familles, professionnels, acteurs du terrain …), 3 rencontres départementales de la Petite Enfance, 20 réunions de concertation et de travail, 4 visites de structures : Lizy sur Ourcq, Meaux, Crécy la Chapelle, Pontault-Combault, 2 restitutions publiques …

Je veux souligner la pertinence de la méthode proposée par la MSA pour la conduite de ce diagnostic : une enquête quantitative, basée sur un questionnaire largement diffusé dans la ville, suivie d’un volet qualitatif reposant sur des interviews (professionnels, familles ou acteurs du terrain). Deuxième phase riche d’enseignements qui nous a permis de percevoir et d’analyser certaines  tendances en cours et d’explorer de nouvelles perspectives, quelquefois innovantes.

La confrontation des points de vue, l’analyse des situations et des témoignages a permis de mesurer  les paradoxes d’une société en pleine mutation, et les conséquences du bouleversement des équilibres entre vie professionnelle et vie privé qui se sont accélérés ces dernières années : temps partiel, amplitudes horaires, travail du week end, éclatement des couples mais également précarité …

Apporter des réponses appropriées dans un contexte de plus en plus mouvant devient délicat, surtout avec l’environnement budgétaire contraint qui caractérise la période actuelle.  Avec ce diagnostic, nous sommes munis désormais d’un vrai document stratégique, qui va guider notre action des prochaines semaines.

En effet …

 

 

 

 

 

 

Une étude du CREDOC menée en 2005 auprès de 3000 parents bénéficiant de la prestation d‘accueil du jeune enfant indique qu’un tiers d’entre eux s’est vu dans l’obligation d’arrêter son travail, n’ayant pas trouvé de mode de garde adapté : arbitrage financier, absence d’offre, horaires de travail non compatibles, mobilité … Si le choix de l’offre de garde est le fruit d’un arbitrage entre plusieurs facteurs (ressources du ménage, coût du mode de garde disponible sur le territoire, organisation familiale et professionnelle et bien-être de l’enfant)  encore faut-il pouvoir choisir son mode de garde !

Pour les élus, trois défis sont à relever :

  • Répondre aux besoins multiples des habitants en matière de Petite Enfance, ce qui nécessite : réactivité,  innovation, anticipation …
  • Tenir compte de la situation budgétaire actuelle (désengagement croissant de l’Etat, contexte budgétaire contraint des collectivités). Car il est bon de rappeler que la charge des familles varie selon le mode de garde, les revenus des parents, mais également  et surtout selon les subventions des collectivités territoriales. Ces dernières ont plus que jamais l’impératif d’une gestion stricte et rigoureuse tenant compte du cout de chaque structure et du financement de la collectivité (investissement et fonctionnement), tant sur le court terme que le moyen terme.
  • Intégrer le besoin de souplesse. L’offre de garde et d’accueil pour la petite enfance se diversifie considérablement et évolue afin de s’adapter aux nouveaux besoins des habitants : temps partiel, intérim, mobilité, amplitude élargie, familles mono parentales ou éclatées …

 

Ce nouveau contexte induit une profonde évolution des pratiques, dont il faut tenir compte dans la définition d’une nouvelle offre.
Il est à l’origine de l’émergence de structures de type« multi accueil » qui permettent de trouver sur un même lieu des services différents et complémentaires.
Une formule plus complexe à mettre en place (quels types de services pour quels publics ?),  nécessitant une réflexion « amont » plus approfondie (afin d’effectuer les bons choix, d’envisager les synergies possibles …), mais qui présente de multiples avantages. Elle est évolutive, réactive, favorise la mutualisation de diverses ressources et permet aux familles de trouver sur un même lieu des services différents et complémentaires.
Autre avantage vu l’ambition environnementale qui caractérise l’éco quartier qui accueillera la future structure, elle permet également de limiter  la consommation d’espace, tant au niveau du bâti que des places de stationnement.

Une orientation qui correspond tout à fait au projet de « Maison de la Petite Enfance », esquissé par la Municipalité dans son programme. Cet équipement apportera des réponses crédibles, complémentaires et concrètes aux habitants du territoire avec sa localisation, à proximité quasi immédiate de la gare SNCF et d’une zone d’activités dynamique, stratégique pour les Trilportais comme pour les habitants des communes voisines et les usagers du futur pôle multimodal.

Ce projet en outre est totalement compatible avec la réflexion intercommunale qu’a lancé depuis peu sur la CAPM sur cette thématique.

 

Quelle stratégie deployer ?

Ce diagnostic nous permet de disposer aujourd’hui d’un vrai document stratégique, qui va nous  permettre d’agir dés les prochaines semaines, vers quatre directions complémentaires :

 

Créer un Relais d’Assistante Maternelle (ou RAM)

Le réseau d’Assistantes Maternelles habitant et travaillant sur Trilport présente 3 caractéristiques : son importance (prés de 50 professionnelles), la répartition sur  l’ensemble de la ville de ses professionnelles et le fait qu’elles accueillent de nombreux enfants résidant sur des communes voisines. Il légitime donc une création de RAM.

Cette création constituera de fait la première pierre à la future « Maison de la Petite Enfance » dans l’attente de la création de cet équipement mais également des nouveaux services complémentaires à mettre en place.

Quelques éléments issus de ce diagnostic, qui je le pense ne se limite pas à ma seule commune  : Dans la majorité des familles sondées, les 2 parents travaillent, certaines demandes ne sont pas satisfaites notamment les horaires dit  atypiques (amplitude, week end…).
Sur ce point, paradoxalement, les parents qui travaillent sur la région (Marne la Vallée, Roissy) ont des demandes plus atypiques du fait de leurs horaires de travail, quelquefois extrêmes, notamment au niveau de Roissy, contrairement à ceux qui travaillent sur Paris, ou la région parisienne qui sont toujours sur des horaires « pendulaires ».
Les assistantes maternelles agrées (ou ASMAT) n’ont quasiment plus d’enfants en garde à temps complet, 80% d’entre elles disposant de temps partiels, le 4/5éme devenant de plus en plus la norme.

 

Contribuer à la réalisation d’un Schéma Intercommunal de la Petite Enfance

Il est essentiel de participer à l’élaboration du projet intercommunal portant sur les différents modes de garde, dont ce diagnostic montre la complexité.

L’étude effectuée sur Trilport a démontré que l’intercommunalité est déjà inscrite dans les faits et dans les usages (le tiers des enfants gardés par le panel des ASMAT « trilportaises » habite dans d’autres communes).

Le corollaire pour coller à la réalité actuelle mais également et surtout à ses évolutions futures, est la nécessité pour cette étude d’intégrer un réel volet qualitatif qui permette de mieux « sentir » les évolutions en cours, notamment au niveau de l’amplitude d’ouverture, de la fréquence et de la nature des demandes et de l’optimisation des  moyens à mettre en place en corrigeant notamment les asymétries actuelles entre offre et demande.

Autre point crucial, la nature et la localisation des différentes structures et le montage financier à privilégier …

 

Elaborer le cahier des charges de la Maison de la Petite Enfance,

Dans la démarche HQE suivie par commune depuis 2006 et qui a déjà donné des résultats probants tant architecturaux que fonctionnels (Centre de Loisirs « Le Petit Prince », bâtiment périscolaire de la Charmoye, Gymnase de la Noyerie) la concertation amont avec les utilisateurs est une phase clé qui s’est révèlée déterminante sur la qualité du rendu.

Il est essentiel d’établir un cahier des charges qui tiennent tout à la fois compte des usages et des utilisateurs,  tout en intégrant la nécessité d’anticiper l’évolutivité de l’équipement (en cas d’une montée en charge potentielle),  ou de nouveaux besoins éventuels soulignés par le diagnostic intercommunal.

L’objectif des élus pour des raisons évidentes de mutualisation des ressources et de polyvalence des équipements est de réaliser une structure polyvalente, telle l’actuel Centre de loisirs « Le Petit Prince » et à salle Saint Exupéry, qui à l’usage se révèle une expérience positive, permettant  à la collectivité de se doter en une fois de plusieurs équipements, et de réaliser ainsi de sérieuses économies.

Vu l’avancement de l’éco quartier, il est important pour les élus d’avoir en main les caractéristiques techniques de la structure  (superficie, cout prévisionnel, contraintes d’usage ..) dés avril 2011 afin de les intégrer dans l’appel d’offres de l’aménageur de l’éco quartier qui doit être choisi avant l’été 2011.

 

Définir les services complémentaires à mettre en place

La création prochaine d’un RAM ne clôture pas ce diagnostic, mais en constitue juste la première phase, certes importante et déterminante puisqu’elle préfigure la future « Maison de la Petite Enfance », mais qui sera suivie d’autres étapes, correspondant à la mise en place progressive de nouveaux services.

Il est urgent de poursuivre le partenariat avec la MSA et les partenaires institutionnels afin de prolonger l’étude des modes de garde complémentaires, de cerner ceux qui apparaissent comme les plus adaptés au projet, en tenant  compte bien évidemment la réflexion intercommunale, comme du volet financier du dossier (investissement et fonctionnement), le corollaire étant bien évidemment que ces services doivent être compatible avec le RAM afin de favoriser une mutualisation des locaux.

Modes de garde à analyser dans les prochaines semaines

  • La crèche collective
  • La micro-crèche .
  • Les haltes-garderies :
  • Les regroupements d’assistantes maternelles

Le lancement de cette prochaine phase est planifié pour février 2011 : rencontres, visites, interviews, questionnaires si nécessaire …

 

Notons pour conclure, du moins provisoirement, que la prise en compte progressive par l’intercommunalité de la problématique de la Petite Enfance progresse, cette dernière pourrait devenir prochainement une compétence communautaire.

Une évolution qui semble cohérente, la structure intercommunale semblant, sous réserve du respect des logiques territoriales de proximité auprès des familles, être un échelon pertinent, à l’image de ce qui se fait dans les intercommunalités voisines plus anciennes.

Encore faut il que cette réflexion soit la plus complète possible et ne fasse pas l’impasse sur une approche qualitative, rendue d’autant plus nécessaire, qu’elle s’adresse à des communes ayant des situations, des localisations, des contraintes et des liens très différents …

 

Les enjeux du débat autour du Grand Paris …

 

20090312PHOWWW00102.jpgLes deux débats publics sur l' »Arc Express » et le « Grand Paris » permettent aux usagers d’avoir une clarification bienvenue et nécessaire sur le contenu des deux projets, leurs modalités comme leurs zones d’ombre …

Deux rappels toutefois, ces débats n’engagent aucunement les maîtres d’ouvrage (la Région pour Arc express, la Société du Grand Paris pour le Grand Huit), chacun restant libre de sa decision finale , et de la même manière cette procédure  ne constitue ni un lieu de décision ou de négociation, mais un simple espace d’information et d’écoute.

Entre les productions issues de la consultation internationale des architectes autour du Grand Paris et le projet preparé en catimini sans l’ombre d’une concertation par Christian Blanc, le secrétaire d’Etat au cigare (passion partagée avec le Président de la SGP M Santini), il y a plus qu’une difference, il y a un changement de paradigme.

Autre élément à prendre en compte, et au combien déterminant, le niveau du réseau actuel, qui est totalement saturé quarante ans après la création du RER. Le tout TGV est passé par, aspirant toutes les  ressources financières de la SNCF et de RFF. Une situation identifiée désormais par la Cour des comptes  «Entre 2001 et 2009, le trafic sur les réseaux du transport régional a augmenté de près de 20% sans que les infrastructures évoluent en conséquence», indique t’elle dans le rapport qu’elle a consacré au système de transport parisien.

Un constat presque incompatible avec le projet gouvernemental, vu le contexte de rarefaction de l’argent public qui caractérise la période actuelle. Si effectivement la Société du Grand Paris accapare les financements dédiés au transport public en Ile de France, rien ne pourra se faire ailleurs, un élément determinant dans ces débats. Le STIF et la Région ont décidé d’injecter 18 milliards dans une rénovation du réseau actuel car l’urgence est bien là.

L’avis négatif du conseil d’Etat sur le Schéma directeur d’Ile-de-France ne simplifie pas la donne, loin s’en faut, la plus haute juridiction administrative a estimé que le vote des lois Grand Paris et Grenelle 2 rendait caduc le document régional.  Plusieurs solutions dés lors sont possibles pour le gouvernement : passer outre cet avis (il n’est que consultatif), légiférer et valider  le Sdrif, ou relancer la procédure … Et il y a urgence, car désormais le  document d’urbanisme se référence est celui … de 1994 !!!

 

Quelle contribution peut on apporter à ces débats ? Notamment et surtout lorsque l’on reside en grande couronne, car il faut se garder de ne laisser aucun territoire sur le chemin, telle est la question  ?

 

 

 

Un réseau de transport exsangue

La Cour des Comptes souligne que si les investissements de la RATP ont considérablement augmenté ces dernières années, la SNCF et RFF ont négligé de rénover le réseau francilien.
Conséquence directe de ce sous-investissement, la degradation de la qualité du service aux voyageurs. Didier Migaud le premier Président estime que dans ces circonstances, «l’importance des besoins justifie qu’une priorité soit donnée aux projets de modernisation des lignes existantes et à des extensions limitées du réseau».

Les sages de la Cour suggèrent donc de prendre le temps de la réflexion, «tout est une question de phasage dans le temps».

 

Question centrale : le financement

Concernant le  projet gouvernemental, les plus grandes incertitudes règnent, tant au niveau des 24 milliards nécessaires au financement de l’infrastructure que sur le cout de la gestion. Qui paiera?

Gilles Carrez, le rapporteur UMP du budget à l’Assemblée nationale a exploré des pistes de solution, elles sont plurielles et ont un point commun, elles risquent de faire mal : augmentation du versement transport payé par les entreprises, de la contribution versée par les usagers, croissance du nombre d’usagers, plus tout un cocktail  de taxes et de recettes variées …

Rappelons que le versement transport payé par les entreprises est trop peu modulé et ne tient pas assez compte du degré de  service rendu par le réseau : un employeur bien desservi, a le même VT qu’un employeur qui l’ait beaucoup moins. En plus de l’inégalité de cette solution, cela incite les employeurs à se localiser dans les zones les mieux desservies, une situation qui aggrave les inégalités territoriales, et les déplacements pendulaires entre grande couronne et region parisienne.

D’autre part, Gilles Carrrez conteste les deux sources de financement privilégiées par le gouvernement : la taxation des plus-values foncières créées par l’arrivée du metro et l’emprunt qui devra boucler le budget avec un objectif de réalisation global de l’ensemble, fixé à 2020 ! Sur ce dernier point, Gilles Carrez se range à l’avis de la Cour des Comptes et préconise également de phaser les investissements.
D’autant que certains couts ne semblent pas entièrement estimés : le nombre de gares, leur prix en fonction des configurations finales mises en place  …  Deux faits également qui incitent à la plus grande prudence budgétaire : les recettes fiscales espérées sur les opérations immobilières autour des stations du futur « grand metro » risquent fort vu le contexte actuel d’être des plus limitées, et recourir à un emprunt de cette importance (21 milliards) semble incompatible avec la politique de réduction de la dette publique.

Encore faut il faire fonctionner le futur “grand 8” et exploiter les 150 kilomètres de lignes qui vont se rajouter au réseau actuel : nouveau matériel roulant, gares et personnel supplémentaires ! Rappelons que si la Société du Grand Paris (SGP) assure l’investissement, le fonctionnement devrait être du ressort du Syndicat des  transport d’Ile-de-France (Stif).

 

Le projet défendu par la région est plus modeste, n’atteignant que 60 kilomètres environ. Pour le faire fonctionner, le STIF  envisage certaines ressources: augmentation du prix usager, du versement transport des entreprises et des contributions des collectivités, mais dés lors une question se pose, comment le STIF pourrait il absorber en plus la charge des 21 milliards d’euros de dettes du metro du Grand Paris ?

Pour l’heure, force est de reconnaitre que la rocade Arc Express, est intégrée au plan de mobilisation de 18 milliards destiné à remettre les transports de la région à niveau. Si la région réclame la participation de l’Etat (Grenelle 2 ?), elle peut également emprunter dans le cas où ce dernier lui ferait défaut.

 

Un rapprochement entre les deux projets ?

Jean-Paul Huchon, a pris l’initiative d’esquisser un rapprochement entre les deux projets. S’il a souligné leurs complémentarités, il a tenu à rappeler le rôle dévolu par les lois de decentralisation à sa collectivité, notamment sur les compétences du STIF, unique autorité organisatrice des transports compétente en Ile de France.
Il propose de recourir à une mesure legislative pour approuver le SDRIF et sortir du bourbier actuel. Dans le meme temps il propose un plan de financement comprenant les contributions de l’État, des collectivités territoriales ainsi que les nouvelles ressources attendues en s’inspirant des solutions avancées par le rapport Carrez.

Cette proposition permet d’envisager une mise en oeuvre rapide des opérations du plan de mobilisation permettant de réaliser, jusqu’en 2025, un projet commun de métro automatique et de dessertes ferroviaires. Dans cet objectif il propose des aménagements au projet initial d’Arc Express permettant de se connecter au réseau dit du “Grand Paris”, de desservir les aéroports, désenclaver des territoires de l’est de l’agglomération améliorer l’offre de transports de la grande couronne.

 

Grand Paris avez vous dit ?

Paradoxalement, si l’Arc Express régional n’est en rien révolutionnaire, et apparait comme une adaptation du réseau actuel, la solution proposée par le gouvernement parait finalement assez anachronique, nous ramenant à l’époque de la France du Général et de l’Ile de France de Deleuvrier, lorsque l’État jacobin décidait de tout, notamment des zones à urbaniser en priorité et des grands ensembles. Nous sommes de fait plus prés d’un RER, que d’un metro, le réseau proposé desservant quasi exclusivement l’espace périurbain.

Le plus problématique cependant et je regrette qu’il n’apparaisse pas plus dans ce débat, et qu’à priori aucune étude de faisabilité et de rentabilité préalable n’a été menée, et la viabilité économique de certaines lignes reste encore trés incertaine. Où apparait  l’évaluation de l’intérêt économique et social d’un projet de 24 milliards, au niveau des  usagers ?

Aucune expertise ou contre expertise indépendante n’a eu lieu, ce qui peut surprendre surtout lorsque l’on atteint de tels montants de financement. Certaines estimations dans ce contexte décoiffent :

  • les capacités de pointe sont estimées à 20 000 voyageurs par heure entre Saclay et La Défense, alors qu’actuellement les échanges entre ces zones sont de l’ordre de 20000 voyageurs par jour, tous modes confondus (y compris voiture),
  • comment 160 km de lignes sur un territoire cinq fois moins dense que Paris et la petite couronne peuvent elles générer un trafic égal à la moitié du trafic du métro parisien (200 km de lignes) ?

Les problèmes vécus aujourd’hui par les franciliens sont pourtant identifiés : qualité de service insuffisante, saturation des lignes (notamment de RER), absence de liaisons entre banlieues. Un constat qui peut avoir des conséquences encore plus dommageables aprés la réalisation de cette nouvelle infrastructure, surtout si le nouveau réseau occasionne, ce qui est probable,  des trafics supplémentaires sur des lignes déjà saturées aujourd’hui.

Autre point préoccupant, le projet de réseau de transport du Grand Paris n’aborde le réseau existant que sur l’angle de la connection (pôles d’échange, les gares), pourtant le réseau actuel constituera toujours la dorsale support des déplacements en Ile de France.

 

 

Une évidence s’impose, la prochaine élection présidentielle sera déterminante sur l’avenir du Grand Paris, et le choix de son mode de transport en commun. Gageons cependant que le bons sens prévaudra et qu’avant ce scrutin, un seul réseau soit décidé par les deux protagonistes de ce débat (gouvernement et région). La décision sera certes politique mais dépendra également de la santé économique et budgétaire du pays, par stricte application du principe de réalité.

Le projet de « Grand Huit », qui s’inspire de la ville linéaire pronée par Arturo Soria y Mata définissant la circulation comme moteur de l’urbanisation (« l’urbanisme des réseaux »), est finalement proche du schema francilien initié en 1965 avec les villes nouvelles connectées  au réseau RER. Pourtant la métropole post-Kyoto telle qu’elle est portée par les différents architectes du Grand Paris exige bien plus qu’un super RER …

Limiter une problématique urbaine de cette importance et de cette complexité à un simple réseau de transport parait  pour le moins réducteur et insuffisant …
Si on rajoute cette réflexion à l’émergence d’une structure telle Paris Métropole, de nouvelles problématiques apparaissent, il faut relever une kyrielle de défis : gouvernance, inégalités territoriales, logement, étalement urbain, développement économique de l’Ile de France sur de nouveaux secteurs stratégiques (informatique, biotechnologies, économie verte …) et/ou territoriaux (je pense notamment à la Seine et Marne) …Ils auront une incidence directe sur les besoins en mobilité et vont faire émerger un polycentrisme qui risque de changer considérablement le contexte régional. De la ville auto centrée d’hier  à la ville neuronale, c’est plus qu’un changement d’échelle, c’est une révolution copernicienne qui s’esquisse …

Tout l’éco système régional est à remettre à plat, et doit tenir compte de l’impératif écologique qui désormais caractérise notre region : développement de la bio diversité, préservation des zones naturelles,  nouvelle approche de la densification de l’espace urbain …

 

Primaires : le(s) lièvre(s) et la tortue …

 

photo_1273038319277-1-0.jpg« J’ai longuement réfléchi et beaucoup consulté. Le moment est venu d’avancer dans la clarté et la simplicité : ma réponse est la suivante »,

Je ne suis pour l’instant pas candidat aux primaires organisées par le Parti Socialiste.
Plusieurs raisons expliquent une décision, somme toute  assez logique :

J’ai conscience que le moment n’est pas encore venu. Les textes votées par les militants sont clairs sur les échéances, cette question, importante au demeurant, se posera réellement aux uns et aux autres au printemps. L’important pour l’heure est de bien préparer la campagne des cantonales, qui si elles sont bien menées, peuvent amener le Sénat à basculer à gauche, ce qui constituerait une véritable première dans la vie parlementaire française.

L’autre point, central, est de savoir si une éventuelle candidature de ma personne constituerait une réelle opportunité pour le pays et une véritable valeur ajoutée pour les idées et les valeurs que je défend. Je n’en suis pour l’heure pas tout à fait certain, c’est dire  …

Enfin, autre élément à prendre en considération, l’arrivée possible d’une nouvelle candidature, attendue celle là, et que moi même je souhaite, l’ayant défendue par le passé et qui prend aujourd’hui une nouvelle  ampleur dans le pays …

 

Au delà de la plaisanterie de ce propos liminaire, je tiens à rassurer au plus vite les lecteurs réguliers de ce blog,  je suis on ne peut plus conscient de ne pas avoir le niveau du job, tout en pressentant également ne pas être le seul dans ce cas de figure, mais cela est une autre histoire …

Ne nous y trompons pas, l’élection présidentielle de 2012 sera pour la gauche une séquence délicate à mener et risque de se révéler cruciale non seulement pour notre pays mais également pour une Europe dramatiquement en panne aujourd’hui, selon le(la) candidat(e) qui l’emportera.

Chacun connaît l’état actuel du pays, tant budgétaire que social et ses fractures, toujours plus nombreuses …
Après plus d’une décennie de gestion d’une droite qui a eu en main absolument toutes les manettes à sa disposition pour mener sa politique, et qui ne peut contester qu’il s’agit bien de son bilan, beaucoup pressentent que les semaines qui suivront l’élection présidentielle ne seront pas une douce sinécure, loin s’en faut …

Il est nécessaire et vital de rassembler le pays, et de renforcer la cohésion sociale plutôt qu’exacerber les clivages, de stopper la casse délibérée de notre modèle social, qu’il faudra cependant renouveler et regénérer, de rétablir enfin  l’état de droit, de renforcer la décentralisation, de lancer une politique européenne et étrangère audacieuse et innovante, de mettre en place les infrastructures qui permettront à notre économie et à nos concitoyens de connaitre des lendemains meilleurs … Je pense notamment aux mobilités, à l’accessibilité (dont  le Très Haut débit …), à l’économie verte mais également et surtout aux investissements immatériels que sont  l’enseignement, la connaissance, la recherche, la culture et la cohésion sociale, autant de valeur ajoutée pour la vitalité économique, culturelle et sociale du pays.

Il faut absolument redonner de l’espérance et des perspectives, notamment aux plus fragilisés par la crise sociale, il est grand temps de tirer enfin par le haut le débat politique ! Cette élection présidentielle constitue un véritable enjeu de société.

Force est de constater qu’au regard de ce constat brutal, froid, implacable, mais malheureusement proche de la triste réalité, peu de personnes ont le profil et la carrure du job.
Ce n’est faire injure à quiconque ou lui manquer de respect que de le constater … Plus que jamais, nous devons  avoir « the rigt man (or woman) at the rigth place », dont acte …

 

Concernant, cette « course aux primaires », qui fait vibrer les journalistes et tant phantasmer la droite,  quelques remarques aux actuels ou futurs « compétiteurs » …. Il leur faudra :

– éviter la boite à claques et la course aux égos, qui n’a pas lieu d’être au regard de l’attente du pays et de la détresse traversée par trop de nos concitoyens. Le « pourquoi pas moi » peut effectivement donner des résultats assez pittoresques, pour ne pas dire pitoyables,

– Se garder de toute diatribe ou attaque personnelle malvenue, qui aurait pour seule conséquence d’affaiblir son camp, en gardant bien en tête que pour l’emporter nous devrons être non seulement unis mais également réunir autour de nous …

Terminons sur un brin de malice.
Rappelons qu’Esope, qui s’il n ‘était pas beau avait un grand sens du relativisme et de l’humour. Il a inspiré à Jean de La Fontaine de nombreuses fables dont une fameuse qui commence par un vers trés approprié à la situation actuelle  …

 

« Rien ne sert de courir; il faut partir à point … »

 

 

Pour lire les deux fables de Jean de La Fontaine et Esope, cliquez

 

 

 

Le lièvre et la tortue

Jean de la Fontaine

 

Rien ne sert de courir; il faut partir à point :

Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.

«Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point

Sitôt que moi ce but. – Sitôt? Êtes-vous sage ?

            Repartit l’animal léger :

            Ma commère, il vous faut purger

            Avec quatre grains d’ellébore.)

            – Sage ou non, je parie encore. »

            Ainsi fut fait; et de tous deux

            On mit près du but les enjeux :

            Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,

            Ni de quel juge l’on convint.

Notre lièvre n’avait que quatre pas à faire,

J’entends de ceux qu’il fait lorsque, prêt d’être atteint,

Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux calendes,

            Et leur fait arpenter les landes.

Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,

            Pour dormir et pour écouter

        D’où vient le vent, il laisse la tortue

            Aller son train de sénateur.

            Elle part, elle s’évertue,

            Elle se hâte avec lenteur.

Lui cependant méprise une telle victoire,

            Tient la gageure à peu de gloire,

            Croit qu’il y a de son honneur

        De partir tard. Il broute, il se repose,

            Il s’amuse à toute autre chose

        Qu’à la gageure. A la fin, quand il vit

Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,

Il partit comme un trait; mais les élans qu’il fit

Furent vains : la tortue arriva la première.

« Eh bien! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?

            De quoi vous sert votre vitesse ?

            Moi l’emporter! et que serait-ce

            Si vous portiez une maison ? »

 

 

La tortue et le lièvre

Esope


Le lièvre et la tortue allaient pour leur profit :

Qui croirait que le lièvre eût demeuré derrière ?

Cependant je ne sais comment cela ce fit ;

Mais enfin, la tortue arriva la première.

 

Le lièvre raillait un jour la tortue, et lui reprochait son extrême lenteur. Parions, lui dit celle-ci, que j’arriverai plutôt (i) que toi à cet arbre que tu vois planté au bout de ce champ. Une tortue défier un lièvre à la course ! reprit l’autre : allez, ma mie, la tête vous tourne. Avant que de me faire un défi si extravagant, il fallait considérer que je puis faire en quatre sauts plus de chemin que vous n’en feriez, vous, en quatre semaines. N’importe, reprit la tortue ; et cela dit, elle partit sans perde le moindre instant. Le lièvre, sans s’en mettre en peine, lui laissa prendre le devant, badine, s’amuse à broutter (ii) l’herbe, bien sûr, disait-il en lui-même, de regagner le temps qu’il perdait. Cependant la tortue avançait toujours. Comme l’autre la voit à deux doigts du terme, il s’élance et part comme un éclair ; mais il n’était plus temps, la tortue touchait au but. Quelque effort que fît le lièvre, il ne put arriver que le dernier, et perdit ainsi la gageure.