Pourquoi commémorer le 11 novembre ?

Tardi.jpg

Ce 11 novembre, dans toutes les villes de France, des commémorations se sont déroulées, non seulement pour célébrer le 94e anniversaire de l’Armistice de Novembre 1918 institué « Journée de la victoire et de la paix » depuis 1920, mais également tous les « Morts pour la France ».

Concernant la victoire de 1918, rappelons simplement que Roland Dorgeles, dans le magnifique roman qu’il a écrit, « Les croix de bois » inspiré de son expérience personnelle dans les tranchées qui l’a marqué à vif et à vie, fait dire à son personnage principal :

« J’trouve que c’est une victoire, parce que j’en suis sorti vivant…. »

Ce témoignage poignant relativise toute la portée d’une telle victoire … Et la réhabilitation du soldat Champelant fusillé sur son brancard pour « capitulation en rase campagne » arrive à point nommé pour nous rappeler les conditions de cette « victoire » et les décisions discutables d’un l’Etat major pour qui la vie des soldats n’avait que peu de valeur.

La commémoration du 11 novembre est désormais dédiée à tous les « Morts pour la France », des poilus de 1914 / 1918, à tous les soldats disparus depuis, qu’ils soient tombés sur les sols algérien, indochinois, ou afghan et c’est bien ainsi …

 

Cette commémoration est utile pour se recueillir d’abord.

Le poids d’une vie humaine, ce n’est pas rien. Il est normal et légitime de rendre hommage aux noms qui ornent chaque monument aux morts de nos villes, et Trilport n’a pas été épargné. Derrière chaque nom, il y a un jeune anonyme parti un beau matin, quelquefois la fleur au fusil, afin de défendre ce pays qu’il chérissait tant, et qui n’est jamais revenu, ni n’a revu les bords de Marne, le clocher de l’église ou simplement sa famille et les personnes aimées.

 

Cette commémoration est utile pour se souvenir ensuite,

Dix millions de morts, ce n’est pas rien … La grande guerre est avant tout un abominable et invraisemblable gâchis de militaires mais aussi de civils … Tombés pour quoi, pour qui ? Un soldat mort, n’a plus d’uniforme, il a rejoint un monde sans frontière ni avenir, celui des ombres qui errent à n’en plus finir …

 

Cette commémoration est utile enfin et surtout pour transmettre,

aux jeunes générations toute la valeur de la paix et de l’amitié entre les pays et les peuples et ce n’est pas rien. La paix n’est pas un cadeau du ciel mais une responsabilité partagée et un instant de grâce fragile qu’il faut savoir apprécier, mais aussi protéger c’est quelquefois un paradoxe.

Etre citoyen c ‘est cela aussi. Savoir se recueillir, se souvenir afin d’agir au présent et transmettre aux générations futures. C’est pour cela qu’il est dommage et dommageable que les enseignants et éducateurs ne s’impliquent pas plus dans ces commémorations, vu leur évolution au fil des ans. On y parle désormais plus de paix que de guerre, plus d’amitié que de haine. Il y a des valeurs qu’il faut savoir contribuer à transmettre afin qu’elles constituent de véritables fondations pour l’émergence d’une nouvelle citoyenneté.

Un des poilus de 14, Jacques Meyer, lieutenant au 329 Régiment d’Infanterie,  l’a écrit avec des mots simples et forts à la fois  …

« La guerre, mon vieux, tu sais bien ce que c’était, mais quand nous serons morts, qui donc l’aura jamais su ? La guerre, mon vieux, c’est notre jeunesse ensevelie et secrète… »

Dédions ce 11 novembre  à tous ces jeunes qui auraient pu être nos grands parents et qui sont tombés, ici,  en Europe et partout dans le monde.

 

Carte postale de Berlin : « du territoire » (1/2)

bundestag.jpgJ’ai participé avec une délégation de Maires Seine et Marnais à un voyage d’études à Berlin destiné à observer de plus prés l’organisation territoriale du pays, thématique très en vogue actuellement. Cette visite riche en enseignements a permis de confronter certaines idées reçues sur les avantages pré supposés du «modèle allemand» au principe de réalité, et de mieux comprendre les particularités de nos villes jumelées (pour Trilport, Engen).

Une visite placée également sous le signe de l’amitié franco allemande dont nous célébrerons d’ici quelques semaines le 50 ème anniversaire. C’est en effet le 21 janvier 1963 que Konrad Adenauer et Charles de Gaulle ont signé le traité de l’Elysée,  véritable point de départ de l’histoire d’amitié entre nos deux pays qui, malgré quelques turbulences conjoncturelles, se poursuit.
Comment ne pas évoquer l’émotion qui m’a étreint lorsque j’ai longé des vestiges du Mur de Berlin ou lors de notre visite au stade olympique de Berlin devant la cloche des jeux olympiques de 1936, de sinistre mémoire, où les ombres d’Hitler, de Goebbels se confondaient avec celle beaucoup plus sympathique de Jesse Owens.

Suite à ce séjour, une réflexion d’ordre général s’impose. Il apparaît délicat de dissocier et de déconnecter l’organisation territoriale d’un pays de son histoire, tant elle en est la résultante. Cependant l’histoire par définition n’est pas figée, elle évolue au gré des évènements ou des circonstances et rappellons que nous avons désormais une histoire commune à écrire, celle de l’Europe.

Nous avons été accueilli par Roland Schäfer, Président de l’Association des villes et municipalités allemands (petites et moyennes communes d’Allemagne ou Deutscher Städte- und Gemeindebund) et par une délégation de trois députés du Bundestag (CDU, SPD, LINKE) membres du groupe d’amitié franco allemand. Nous avons pu ainsi disposer de deux points de vue différents : l’un issue du représentant des communes, l’autre de ceux du parlement, nous avons pu ainsi toucher du doigt certaines problématiques ou conflits d’intérêt.
Nous reviendrons dans une prochaine note sur la situation budgétaire des communes allemandes, pour le moins contrastée, la règle d’or n’étant semble t’il pas la règle la mieux respectée par les collectivités d’outre Rhin, mais avant d’aborder  l’aspect budgétaire :

Quid de ce « mille feuille territorial » dénoncé par certains politiques ou médias nationaux,  est il réellement une spécificité franco française ? …

Continuer la lecture de « Carte postale de Berlin : « du territoire » (1/2) »

Michel Rousseau, in memoriam

Photo-357.jpg

Michel Rousseau nous a quitté ce 3 aout 2012. Ce Proviseur de Lycée Professionnel passionné par son métier a attendu les vacances pour tirer sa révérence avec élégance, on ne change pas sa nature …
Il avait commencé sa carrière en 1980 comme Professeur d’Allemand au Lycée Charles Baudelaire,  et l’a terminé cet été comme Proviseur du même établissement, son Lycée de coeur.

Voici quelques mots, non pour atténuer notre peine, mais pour rappeler et saluer l’itinéraire d’un de ces anonymes qui sont la grandeur de l’Education Nationale, héritier légitime des hussards noirs qui à partir des écoles de quartier ou de province ont construit notre République. L’enseignement professionnel fait partie intégrante de cette grande et belle  histoire …

Son Lycée et l’institution lui ont rendu l’hommage qu’il méritait, en présence du Recteur de Créteil, William Marois, de la Directrice Départementale des Services de l’Education, de ses proches et de nombreux amis qui l’ont accompagné dans son itinéraire professionnel : Gué à Tresme, Thorigny et Meaux.

 

 

 

baudelaire.jpg« Michel a débuté ici, au sortir de l’école normale de Saint Denis dans laquelle ce Marseillais bon teint avait été admis aprés sa réussite au concours national. Il est passé de Marseille à Saint Denis et de Saint Denis à Meaux, sans perdre son accent   …

Il a commencé sa carrière, dans les plâtres, en septembre 1980, au Lycée Professionnel Charles Baudelaire de Meaux,  établissement flambant neuf, comme professeur d’Allemand. Il a permis à des générations d’élèves de CAP puis de BEP de s’imprégner de la langue de Goethe dans laquelle il excellait. J’ai le souvenir ému d’un de nos duos, moi à la guitare, lui au chant interprétant Lili Marlene, lors d’une des fêtes innombrables données au Lycée avec élèves et enseignants.

Il avait compris que pour avoir des élèves en allemand, il lui fallait travailler certaines capacités relationnelles et développer les aménités surprenantes de cette matière, derrière les langues, notamment étrangère et même l’allemand, il y a surtout et avant tout l’échange, de l’humanité, et plus simplement de l’humain … Dés son premier cours, il s’est investit pleinement dans son métier d’enseignant et d’éducateur, d’animateur mais au sens premier du mot, celui de «donner la vie», ou plutôt de la redonner, car Baudelaire est avant toute chose, un Lycée Professionnel.
Michel effectivement vivait, respirait, vibrait pour ce secteur de l’Education Nationale, trop souvent ignoré de beaucoup de nos décideurs et éloigné des sunlights de la renommée. Il était de ses hussards noirs de l’Enseignement, comme beaucoup d’entre nous. Notre mission, notre vocation plutôt, est de réparer, de redonner à des élèves sinistrés par les accidents ou les aléas de la vie, l’envie de se réconcilier avec eux mêmes, de se relever, pour mieux rebondir, et devenir ensuite des citoyens accomplis et de vrais professionnels, le plus incroyable est qu’on y arrive …

Il a été des professeurs qui ont contribué à créer, porter, développer « l’état d’esprit Baudelaire » qui résume si bien la particularité et la richesse de l’Enseignement Professionnel. Si beaucoup sont aujourd’hui à la retraite, prés du soleil et de la mer le plus souvent, ils sont singulièrement présents ici aujourd’hui avec nous … Ces passeurs ont réussit à transmettre ce qui faisait le sel de leur vie et de leur passion professionnelle à une nouvelle génération d’enseignants prometteuse, perpétuant, avec les mots d’aujourd’hui, les méthodes nouvelles que nous permettent les technologies de la communication, ces invariants et fondamentaux que sont l’humilité, la qualité d’écoute, le sens de l’équipe, la fraicheur, l’enthousiasme et surtout la confiance en la jeunesse.

Son choix de carrière comme personnel de direction était pour lui évident. Plutôt que surfer d’établissements en établissements … toujours plus gros, toujours plus loin, il a préféré creuser son sillon afin de voir les graines qu’il avait contribué à semer, l’enseignement est avant tout affaire d’équipe surtout en Lycée Professionnel, sortir de terre, puis pousser et grandir, avant de fleurir et de donner de beaux fruits riche de promesses.

Il était revenu dans son Lycée de cœur il y a trois ans, une nouvelle fois dans les plâtres, du fait d’une   rénovation lancée grâce à la Région, il a retrouvé alors un établissement qui avait gardé dans ses gènes et dans son cœur qui bat singulièrement aujourd’hui, la même ferveur, la même passion, les mêmes valeurs qui l’animait en 1980 …

Baudelaire est avant toute chose, un Lycée Professionnel, et notre mission, notre vocation plutôt, est de réparer, de redonner à des élèves sinistrés par les aléas et les accidents de la vie, tout simplement l’envie … »

 

Meaux, le 18 octobre 2012

 

 

 

PS : Un congrès à l’ombre d’un budget difficile …

CongresToulouseContributions.jpgPour le PS l’heure est au congrès, et aux cinq motions présentées aux votes des militants; dans les débats, hormis les stratégies individuelles des uns et des autres, ou de quelques éléments de différenciation programmatiques, deux principaux points de clivage de fond demeurent : les orientations budgétaires du gouvernement et la validation ou non du traité européen.

Autant le préciser, je défends la Motion 1, portée par l’ensemble des ministres socialistes du gouvernement Ayraud. Je la soutiens par conviction, les orientations prises vu le contexte économique correspondent à mon analyse de la situation, mais également par solidarité.
La mandature de 5 ans qui s’ouvre sera tout sauf un long fleuve tranquille, au regard du triste bilan de l’équipe précédente qui, pour le moins, « plombe » la trajectoire du pays. S’il est essentiel de préparer le bateau France à affronter les coups de vent annoncés, ils sont et seront encore rudes, la marge de manœuvre pour le moins réduite exige un pilotage des plus fins pour tenir le cap annoncé : redresser le pays dans la justice.

Point cette fois-ci, d’état de grâce, il faut être être efficace et ce dés le début du mandat. Quatre principes selon moi caractérise ce budget ainsi que la ligne politique ébauchée par le gouvernement Ayraud, même si certains sont encore en filigramme, on ne peut réduire une mandature de 5 ans au seul exercice 2013, : réalité, responsabilité, équité, innovation …

Le principe de réalité s’impose à tous, vu les conséquences dramatiques de la gestion antérieure. La gauche revient aux affaires dans les pires conditions économiques et sociales que le pays a connu depuis des lustres, du fait du bilan désastreux des cix dernières années, que ce soit au niveau économique, social ou politique.
Analysons plutôt : seuil de 3 millions de chômeur dépassé en août 2012 (plus 10% sur un an), déficit public atteignant plus de 100 milliards d’euros et représentant 5,2% du PIB (plus 300% en 10 ans), 600 milliards de dettes de plus lors du quinquennat précédent (plus de 90% du PIB !), la charge de la dette avec prés de 50 milliards d’euros (plus 15% en une année) est devenue la 1er dépense du pays (supérieure au budget de l’Education Nationale), et pour rajouter une ombre à un tableau des plus sombre, signalons le record historique du déficit du commerce extérieur qui a dépassé 70 milliards d’euros en 2011 (il était à l’équilibre aprés la mandature Jospin). La France a désormais le 4e plus grand déficit commercial au monde, mais plus que le chiffre c’est la tendance qui préoccupe. Bon courage à Nicole Bricq pour l’inverser ! 

Ce constat sans appel est préoccupant, autant le dire la « cata » n’est pas loin. Si tout budget est un acte politique, celui ci l’est plus que tout autre tant il marque une véritable rupture; encore faut il pour tenir le cap, intégrer le contexte météo, incertain, les tempêtes prévisibles et les écueils à contourner.
Nous sommes dans le dur du dur, à des années lumière des effets de tribune : « il faut réinjecter l’argent public pour relancer la croissance » (avec quel argent ?),  des « y’a qu’à faut qu’on », « là ou il y a une volonté, il y a un chemin » …  La pratique assidue des sports ou l’élément naturel domine, m’a appris le sens du mot humilité. La volonté seule ne suffit pas, il faut composer avec les éléments qui nous dépassent pour évoluer et quelquefois progresser.

Mais je comprends les réactions de certains de mes camarades; avec plus de trois millions de chômeurs et aucune perspective d’amélioration à court terme, notre pays déprime et nos concitoyens désespèrent.
Méfions nous cependant des anathèmes ou théories simplistes, voir populistes, nos compatriotes ont plus besoin de réponses concrètes que de slogans. On ne règle plus nos factures en monnaie de singe, et nous savons désormais qu’il est impératif de les acquitter.
Les années précédentes, y compris et surtout la période bling bling chère à Nicolas Sarkozy, ont montré que lorsque la cigale chante un peu trop au soleil, le pays se trouve fort dépourvue l’hiver venu, et que ce sont les plus nécessiteux qui trinquent !

Faut il pourtant afin d’être en paix avec ses idées, ou en harmonie avec les envies de monde meilleur qui nous animent, distribuer aujourd’hui d’une main ce que l’on reprendra demain de l’autre ? Je ne le pense pas, notre rôle est d’apporter des solutions concrètes à la détresse sociale et de vraies perspectives aux chômeurs, travailleurs pauvres, retraités qui se bagarrent avec des pensions insuffisantes, aux familles à loger comme aux collectivités qui en première ligne n’en peuvent plus !

Il s’agit ici plus d’un langage de vérité que d’austérité … 

Il nous faut cependant aller  plus loin dans l’analyse. Pourquoi réduire nos déficits à un tel niveau et parvenir malgré tout, à redresser le pays dans la justice  ?

Quadrature du cercle ou graal inatteignable ?

 

 

buegert .jpg

 

Ne soyons pas langue de bois, l’objectif des 3 % de déficit en 2013 sera difficile à atteindre, mais du fait de l’importance du niveau de notre dette publique, la nécessité d’obtenir des marchés des taux compétitifs, conséquence d’une rigueur budgétaire avérée est un impératif absolu.
Force est de constater, que contrairement à ce que prétendait l’UMP avec le sens de la nuance qui caractérise les responsables de cette formation (« après nous le chaos »), que les taux obtenus des marchés n’ont jamais été aussi bas, signe indéniable de la crédibilité dont bénéficie ce gouvernement et qui lui permet de soutenir concrètement les « stabilisateurs sociaux ».

Tendre vers 3 % est un principe de responsabilité, mais également un signal de crédibilité, tant la France est attendue au tournant.
N’oublions pas que la dette continue de courir, 3 % de PIB de déficit public (et nous n’y sommes pas encore), c’est 60 milliards d’euros de dettes supplémentaires ! La financer à des taux d’intérêt raisonnables est une nécessité, sinon les marges de manœuvre pour mener les politiques de relance, de cohésion sociale ou territoriale dont le pays a absolument besoin se réduiront comme peau de chagrin. La dette est l’ennemie de la gauche, des couches populaires, des services publics, de la cohésion sociale mais aussi et surtout de notre souveraineté nationale.
Comme le souligne fort justement Pierre Moscovici « un euro de plus pour la dette, c’est un euro de moins pour l’éducation, pour l’hôpital ou la sécurité. » il rajoute «  La réduire, c’est garantir des taux d’intérêt faibles ».

Ce budget tient compte d’un objectif de croissance de 0,8 %, ce qui est optimiste qui le nierait ? La France n’est pas déconnectée des autres pays de la Zone Euro, une révision s’imposera d’elle même si la récession perdure, les mesures récentes prises par la Banque Européenne démontrent l’évolution en cours suite notamment au forcing de François Hollande, de l’Espagne et de l’Italie,  mais faut il au nom de cette incertitude laisser filer pour autant nos déficits ? Si elle tient son cap budgétaire, la France n’en sera que plus crédible et écoutée dans ses demandes de relance européenne (les grands travaux à l’échelle européenne réclamés par Jacques Delors), ou d’assouplissement du calendrier de retour à l’équilibre. 

L’autre principe de base de ce budget est l’équité, ce qui constitue un véritable bouleversement par rapport aux budgets des gouvernements Fillon / Sarkozy. En 2013, l’effort fiscal portera principalement sur les plus aisés et les grandes entreprises, même si beaucoup d’entre nous participeront également à l’effort national.
Après le scandale des lois TEPA, la progressivité de l’impôt sur le revenu est rétablie, les grandes entreprises contribueront à l’effort de redressement national, les PME étant épargnées une mesure utile à la relance de l’activité économique et de l’emploi dans nos territoires comme pour les exportations du pays.

Les mois qui viennent nous permettrons d’apprécier l’efficacité ou non des mesures prises et de la qualité du mixt budgétaire entre rigueur et croissance. Question de dosage certes, mais aussi et surtout de l’évolution du contexte européen que nous pouvons et devons contribuer à influer. 

Principaux reproches de la droite et des libéraux, le gouvernement privilégie, pour faire schématique, l’impôt aux économies; le budget 2013 répartit l’effort pour deux tiers sur des hausses d’impôts et un tiers sur une baisse de la dépense publique.
Ce mixt anime bien des controverses chez les économistes ; pour certains, les plans de rigueur tirés par la hausse des impôts provoquent plus de chômage et réduisent plus sévèrement la croissance que ceux axés sur la réduction des dépenses ; pour d’autres au contraire, les mesures s’attaquant aux niches fiscales et aux plus riches évitent de pénaliser la consommation, et les pistes d’économies de ce  ce budget trop importantes.

Vu la situation économique et sociale actuelle, ralentir excessivement les dépenses pourrait avoir un effet dépressif et des conséquences beaucoup plus négatives pour la reprise de la croissance, que des hausses d’impôt ciblées, les exemples anglais, italiens ou espagnol le démontrent. Les économies fléchées ne sont cependant pas symboliques puisqu’elles atteignent dix  milliards d’euros, autant de dépenses publiques en moins auprès de nos concitoyens. 

Le chemin de crête suivi par l’exécutif, est à l’équilibre de deux versants :

  • celui de la relance qui doit intégrer la nécessité de réduire le déficit record de la balance commerciale et de la capacité de nos entreprises à produire des biens ou services concurrentiels,
  • celui des déficits et de notre véritable dépendance à l’endettement, qui si l’on y prend garde réduira d’autant le champ des possibles et notre souveraineté.

Cette voie étroite demande ténacité, stabilité, cohérence et esprit d’innovation. Il faut obtenir le «choc de compétivité» cher à Louis Gallois, que l’on ne peut réduire au seul cout du travail, ce paramètre n’étant qu’un élement d’une équation complexe tenant compte également de l’infrastructure d’un pays, de sa productivité et de la valeur ajoutée apportée au produit ou au service.
La réponse n’est pas dans ce budget, elle dépend du contexte économique international et du résultat des négociations tout azimut menées par le gouvernement : sur l’organisation du travail (Michel Sapin), sur l’organisation territoriale et les politiques publiques (Marylise Lebranchu), l’Education (Vincent Peillon),  le financement de la protection sociale (Marisol Touraine).
Enjeu clé : maintenir en l’adaptant notre « modèle social » et effectuer pour ce faire les ajustements nécessaires en utilisant tous les atouts de notre pays : infrastructures, démographie, ressources naturelles, sens de l’innovation …

L’objectif recherché est bien de réussir de manière concertée et collective les différentes mutations à accomplir (énergétique, sociale, éducative, territoriale) grâce à la mise en place d’une nouvelle politique contractuelle basées sur le résultats des négociations entre les différents acteurs qu’ils soient institutionnels, corps intermédiaires ou partenaires sociaux. C’est un pari sur l’intelligence collective qui est menée, qui nous change du caporalisme centralisateur et parisien d’hier. 

Voilà les enjeux, du budget, et de l’action de ce gouvernement.

 

Petites Villes de France, « 30 ans de décentralisation »

201209151536_w350.jpgCastelnaudary, capitale mondiale du cassoulet accueillait les 15 eme assises de l’Association des Petites Villes de France (APVF), avec pour thématique 2012  un retour sur  « 30 ans de décentralisation » !

Un rendez vous annuel auquel je suis fidèle tant ces journées sont enrichissantes … Les tables rondes, ateliers, rencontres organisés durant ces journées apportent des informations importantes sur les tendances qui se profilent, notamment budgétaires, les signaux faibles ou quelquefois lourds à surveiller, des idées d’initiatives à engager, et au regard de la qualité des intervenants, les débats de fond, qu’ils soient budgétaires, juridiques ou sociologiques, des plus instructifs. Il y a de la matière et c’est bien ainsi !
Ce temps d’échange permet en outre de sortir  la tête du guidon, histoire de mieux voir la route et le cap à suivre,  et  d’échanger entre élus de toutes latitudes, qu’elles soient géographiques ou politiques, et ce sans stratégie préméditée ou calcul à la petite semaine.

Il y a incontestablement, et c’est une caractéristique identitaire forte de notre pays, un fait « petites villes ».  La France comme le souligne Jean Viard dans son dernier ouvrage  «se partage presqu’en deux entre ceux qui vivent dans des communes de plus de 10 000 habitants et ceux qui vivent dans des villes de moins de 10 000 habitants», elles représentent même, au regard des dernières  tendances démographiques, non seulement le présent du  notre pays mais également une partie de son avenir, « small is beautiful » !

Si entre villages, petites métropoles , communes de la périphérie de grande ville intégrées à une communauté urbaine ou d’agglomération (rurbaine ou suburbaine), les réalités sont très différentes, toutes ces collectivités ont la même volonté d’exister, notamment autour d’un projet de territoire ayant du sens et dans lequel leurs administrés puissent se retrouver pleinement, sans esprit de rélégation. Il s’agit ni plus, ni moins de développer proximité, efficacité, complémntarité et surtout, humanité, nous y reviendrons.
En marge de ces assises, j’ai été interviewé avec d’autres Maires par un journaliste du Monde sur les conséquences de la crise sociale. Il y a des signaux faibles (ils le sont de moins en moins) qu’il faut savoir percevoir,  révèlant des fractures sociétales profondes et des détresses humaines réelles. Plus que jamais notre société a besoin de repères, de liens mais aussi et surtout de sens, la commune est trés souvent la seule porte accessible …

Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique, et Anne-Marie Escoffier, ministre déléguée , chargée de la Décentralisation ont participé à ces deux journées de travaux, et fait preuve à l’occasion  d’une qualité d’écoute remarquées de tous, tranchant singulièrement avec l’attitude des Ministres ayant assisté aux assises des années précédentes, l’alternance est aussi passée par là !

Les élus ont la « gueule de bois » face aux conséquences des ravages de la RGPP (révision générale des politiques publiques) et de la crise sociale : disparition de commissariats, tribunaux, hôpitaux, de classes scolaires,  déliquescence des services de l’Etat (Équipement notamment), baisse des ressources budgétaires, augmentation du poids des normes à respecter (accessibilité,  sobriété énergétique, encadrement de personnel …), diminution des aides et de l’action du département et de la Région, comptes à rendre …
Ce triste panorama témoigne combien « les territoires sont en souffrance » aprés le  « retrait de l’Etat dans les territoires ». Trop souvent les élus des petites villes se retrouvent seuls, en première ligne, (mais y a t’il d’autres lignes dans cette bataille ?) pour faire vivre leur commune, appliquer tant bien que mal l’Etat de droit, rendre des comptes sur des décisions inapplicables sur le terrain faute de moyens, soutenir  leurs administrés …
Ils se sentent isolés, voir abandonnés, pire quelquefois même pris en otage, parfait bouc émissaire d’une société qui va de l’avant et refuse obstinément de voir la vérité en face. Pourtant face au mauvais temps, ils sont encore vent debout et ne lachent pas l’affaire !

Lors de ces 15 eme assises, les sujets de discussion ou de débats concernant l’organisation territoriale et le contexte de l’action municipale n’ont pas manqué, certaines perspectives apparaissent enfin, comme une lueur infime et fragile au fond d’un tunnel, jusque là des plus sombres …

Jugez en plutôt …

 

 

 

824287396.18.JPG

Les Maires connaissent la gravité de la situation économique dans laquelle le pays est plongé, du fait des déficits qui s’accumulent (budget et commerce extérieur), de la récession qui apparait, de la recrudescence forte du chômage de la désinsdustrialisation qui perdure, conséquences d’une gestion calamiteuse dont il nous faut bien aujourd’hui régler la facture !
Ils ne demandent pas à l’Etat, la lune,  juste un peu de considération et une stabilité budgétaire leur permettant de cadrer et calibrer  leur action dans le temps. Participant  à l’effort national de redressement, plus que tout autre étant en première ligne, ils veulent être considérés comme des partenaires à part entière, responsables, et non des empêcheurs de tourner en rond, inutiles et dépensiers, il faut arrêter la démagogie du gouvernement précédent, la France n’est pas à l’image de Neuilly sur Seine !

C’est dire qu’ils ont écouté avec beaucoup d’intérêt les deux ministres prôné « une autre méthode de gouvernement, celle de l’écoute et du dialogue » et souligner que  « les élus de terrain, c’est la force des territoires». Connaissant Marilyse Lebranchu, je sais que ses paroles ne sont pas des effets de tribune, mais des mots ayant un sens, mieux une intention et qu’ils vont d’ici peu recevoir une traduction concrète bienvenue.
Les deux ministres ont rappelé également, devoir de réalité oblige, la réalité d’un contexte budgétaire pour le moins trés « tendu ».

 «Aujourd’hui, les élus ne demandent pas le Pérou. Ils savent la situation dans laquelle la France se trouve mais ils veulent savoir jusqu’où ils peuvent aller dans les années qui viennent. On peut leur faire confiance. Ils ne sont pas les élus irresponsables et dépensiers que certains grands titres veulent laisser penser», a résumé le président du Sénat Jean-Pierre Bel dans son discours, dans l’attente des prochains  Etats généraux de la démocratie territoriale qui se tiendront les 4 et 5 octobre au Sénat.

Outre la disparition du Conseiller Territoiral, à priori pleuré par aucun élu présent, tant cette décision absurde démontrait une méconnaissance totale des besoins de cohésion du terrain et de l’action quotidienne de ces deux collectivités, l’urgence  pour beaucoup d’élus présents est celle d’être en capacité de trouver de l’argent à emprunter, et devant l’état atone du marché financier, l’intérêt d’une banque publique d’investissement, permettant de limiter les conséquences négatives de « Bâle 3 » apparait comme une évidence …

 

Les 10 propositions de l’APVF

A l’issue de ces 2 journées, les élus réunis ont votéà l’unanimité  une résolution finale, qui regroupe 10 propositions pour réussir une nouvelle phase de la décentralisation, contractuelle, sereine et respectueuse de chacun …

  • Clarifier la répartition des compétences au sein d’une « Conférence Territoriale » qui regrouperait les représentants des différentes collectivités. Une des missions de cette instance serait d’aboutir à un Schéma régional d’intervention public, afin de déterminer le qui faitquoi, comment, où et combien …
  • Inscrire l’évolution des concours financiers de l’etat dans un cadre stable et juste, intégrant notamment une clause de bonne fortune (inflation, reprise de la croissance)
  • Créer un Haut Conseil des Territoires. Aucune réelle instance de dialogue n’existe à l’heure actuelle entre l’Etat et les collectivités. La Conférence Nationale des exécutifs, si peu utilisés par l’ancien gouvernement, a vécu. Il faut désormais mettre en place une structure pérenne, avec des règles formelles de fonctionnement.
  • Réduire le poids des normes dans les budgets. Soit l’Etat assure la compensation financière des conséquences des normes qu’il exige, soit il tient compte dans les calendriers imposés des ressources budgétaires déclinantes des collectivités  et de la faisabilité d’appliquer concrètement ces normes
  • Mettre en place des outils de concertation sur l’avenir des services publics. Les restructurations engagées ont été faites jusqu’à présent sans l’ombre d’une concertation avec les élus relatives aux conséquences de ces décisions.
  • Boucler dans la concertation, la réforme de la carte intercommunale (Schéma Départementaux de Coopération Intercommunale), dans certains départements la transparence n’a pas été de mise et laisse certains élus amers devant de petits calculs politiciens, y compris en Seine et Marne où cette carte ne fait pas l’unanimité
  • Accroitre l’autonomie fiscale des départements et des régions qui n’en disposent plus
  • Améliorer la réforme de la péréquation. La mise en place du Fonds de péréquation des ressources intercommunales et communales monte en puissance, le système actuel a révélé des anomalies qui remettent en cause le bien fondé de cette décision (communes pauvres membres d’une communauté riche devant s’acquitter de ce prélèvement, des communes riches d’agglomérations pauvres se voyant dotés de nouvelles enveloppes financières …)
  • Moderniser les conditions d’exercice des mandats locaux. La prochaine limitation de cumul des mandats, attendu par beaucoup de citoyens, doit s’accompagner d’une réforme sur le statut de l’élu local, notamment des petites villes.
  • Défendre une politique européenne de cohésion en simplifiant les procédures d’accés aux fonds européens …