En 2015, défendre notre liberté

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Nous avons, comme partout en France, rendu hommage aux victimes de Charlie Hebdo et de la Porte de Vincennes.

Les évènements dramatiques de ces derniers jours dans lesquels 17 de nos compatriotes ont été victimes d’actes terroristes, véritables scènes de guerre, ont provoqué un choc considérable, mélange d’incompréhension, de sidération, de colère, de révolte …

Soyons vigilant cependant à ne pas faire d’amalgame, pour ne pas tomber dans le piège qui est tendu … Le terrorisme n’est pas la religion, n’est surtout pas l’Islam, c’est une perversion de l’esprit, une folie sans nom, le triomphe de l’obscurantisme. Ces mêmes barbares massacrent chaque jour de l’autre coté de la Méditerranée des milliers de Musulmans, qui sont aussi leurs victimes. Le policier froidement assassiné par un des frère Kouachi était musulman.

L’objectif poursuivi est simple anéantir la démocratie,  museler la création, la liberté d’expression, le droit au sourire et à la dérision. Ces fanatiques veulent interdire par la terreur et la mort, tout ce qui élève, tout ce qui permet de penser différemment, librement. 

Ces terroristes se sont attaqués à Charlie Hebdo. Journal irrévérent et insolent qui existe pour que le dessin, la caricature, l’humour, la satire, la dérision et l’opposition à toutes les dictatures et obscurantismes demeurent sacrés au pays de la laïcité et de la liberté.  

 

 

 

Depuis la révolution française, la liberté de la presse est le socle de notre démocratie, de la liberté tout court, ici et partout sur la planète. Ce combat est celui de tous.

Cette liberté, nous devons la défendre comme la prunelle de nos yeux. 

Cette liberté a une valeur, un prix, nous oublions trop souvent qu’il peut être lourd, douloureux, dramatique

Cette liberté a une exigence : protéger la paix civile et la cohésion nationale, coûte que coûte, afin de ne pas accepter l’inacceptable

Cette liberté, nous devons, aussi et surtout, la défendre  chaque jour, comme un trésor fragile, convoité et menacé. Il faut saluer le courage, la bravoure et l’efficacité des forces de l’ordre qui en sont les protecteurs.

Les journalistes de Charlie Hebdo, les policiers et gendarmes, les soldats qui sur d’autres continents, chacun avec des armes différentes, protègent nos valeurs et notre liberté. Ils sont comme l’a dit ce sage parmi les sages qu’est Robert Badinter « des soldats de la liberté … », «  des héros de la démocratie …  » 

 

Après cette évocation, tout est apparu secondaire : évocation de l’année 2014, des projets 2015 dans un contexte budgétaire plus que contraint : construction de la caserne de pompiers, de l’école maternelle, aménagements du Pôle Gare, plan de circulation et de quelques initiatives à prendre autour de l’électrification de la ligne de La Ferté Milon ou des démarches vers la SANEF afin d’obtenir des avancées sur le péage de Saint Jean. 

Nous aurons l’occasion d’y revenir sur ce blog, tant l’année 2015 sera placée en mode combattif et déterminé.

Pour finir sur une note plus poétique, rappelons la citation qui a illustré nos vœux 2015. 

« Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur, et rien d’autre. » Elle est de Paul Eluard, poète et résistant, qui face à l’oppression et à l’obscurantisme des nazis et du régime de Vichy avait écrit aussi une ode à la liberté distribué dans les maquis …

« Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

Liberté »

 

J’écris ton nom, liberté

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A Cabu, Wolinski, Charb,

à toutes les victimes d’où qu’elles soient,

tombées au champ d’honneur de la liberté d’expression,

de la liberté, tout court

(Liberté, Paul Eluard, 1945)

 

 

Liberté

 

Sur mes cahiers d’écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable sur la neige

J’écris ton nom

 

Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J’écris ton nom

 

Sur les images dorées

Sur les armes des guerriers

Sur la couronne des rois

J’écris ton nom

 

Sur la jungle et le désert

Sur les nids sur les genêts

Sur l’écho de mon enfance

J’écris ton nom

 

Sur les merveilles des nuits

Sur le pain blanc des journées

Sur les saisons fiancées

J’écris ton nom

 

Sur tous mes chiffons d’azur

Sur l’étang soleil moisi

Sur le lac lune vivante

J’écris ton nom

 

Sur les champs sur l’horizon

Sur les ailes des oiseaux

Et sur le moulin des ombres

J’écris ton nom

 

Sur chaque bouffée d’aurore

Sur la mer sur les bateaux

Sur la montagne démente

J’écris ton nom

 

Sur la mousse des nuages

Sur les sueurs de l’orage

Sur la pluie épaisse et fade

J’écris ton nom

 

Sur les formes scintillantes

Sur les cloches des couleurs

Sur la vérité physique

J’écris ton nom

 

Sur les sentiers éveillés

Sur les routes déployées

Sur les places qui débordent

J’écris ton nom

 

Sur la lampe qui s’allume

Sur la lampe qui s’éteint

Sur mes maisons réunies

J’écris ton nom

 

Sur le fruit coupé en deux

Du miroir et de ma chambre

Sur mon lit coquille vide

J’écris ton nom

 

Sur mon chien gourmand et tendre

Sur ses oreilles dressées

Sur sa patte maladroite

J’écris ton nom

 

Sur le tremplin de ma porte

Sur les objets familiers

Sur le flot du feu béni

J’écris ton nom

 

Sur toute chair accordée

Sur le front de mes amis

Sur chaque main qui se tend

J’écris ton nom

 

Sur la vitre des surprises

Sur les lèvres attentives

Bien au-dessus du silence

J’écris ton nom

 

Sur mes refuges détruits

Sur mes phares écroulés

Sur les murs de mon ennui

J’écris ton nom

 

Sur l’absence sans désir

Sur la solitude nue

Sur les marches de la mort

J’écris ton nom

 

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu

Sur l’espoir sans souvenir

J’écris ton nom

 

Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

Liberté.

 

Paul Eluard, Au rendez-vous allemand, 1945, Les Editions de Minuit

Passeur de culture

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« Un coeur n’est juste que s’il bat au rythme des autres coeurs. »

Paul Eluard

 

Je veux témoigner de ma reconnaissance envers Jacques Chancel, tant je lui dois une part de ce que je suis devenu aujourd’hui. 

Au travers de son émission du Grand échiquier, il nous a permis d’accéder à des univers que nous n’aurions sans lui jamais parcouru, car inaccessibles jusque là, chasse gardée d’une petite élite, généralement parisienne.

Ce passeur de culture a su mieux que personne faire œuvre de vulgarisation en faisant, excuser du peu, rimer culture (avec un grand « C » et un « s » comme plurielle), l’émotion (la joie du direct) avec le « populaire », dans tout ce que ce si beau mot revêt de dignité et de noblesse.

Jacques Chancel  est intimement lié à des moments précieux et fédérateurs de ma vie, gravés au plus profond de mon cœur et de mon âme, car partagée, en famille, autour de son émission …
Tant et tant de talents l’ont traversé, tant et tant de mélanges et de cultures d’ailleurs … Ces moments nous ont tant et tant apporté …

 

A tous ceux qui doutent aujourd’hui de l’intérêt d’une télévision publique, Jacques Chancel comme Bernard Pivot et tant d’autres apportent la meilleure des réponse. 

Encore faut il, que le service public soit animé d’une véritable ambition et qu’il cherche, tout en étant et restant profondément populaire, c’est sa noblesse, à élever, interpeller et enrichir, plutôt qu’habiter le temps de bruit médiatique insipide, insignifiant et racoleur, bref qu’il soit une valeur ajoutée culturelle et un supplément d’âme. 

Ce soir je pense énormément à mon père et avec nostalgie à tous ces visages disparus qui ont peuplé le Grand échiquier et ont tant compté pour moi : de Brassens à Montant en passant par Ferré, De Moraes, Menuhin, Nougaro, Marceau et tant et tant d’autres …

 

 

Réconcilier France des villes et France des champs

618849901_huge.jpgDans le cadre des Etats Généraux du Parti Socialiste, j’ai élaboré une contribution relative à la fracture territoriale.
Rappel de la règle, toute contribution doit être inférieure à 2700 signes, ceci explique peut être cela …

La fracture sociale et spatiale entre métropole et périphérie s’accentue et transforme en profondeur le pays.
Ce mouvement de fond amplifié par la crise et les contraintes budgétaires provoque un véritable «bloodshift territorial », les territoires riches aspirant la ressource financière devenue rare aux dépens de la périphérie.
Conséquence pour les habitants : repli sur soi, déclassement, sentiment d’abandon avec une traduction politique directe : la montée de l’abstention et surtout du vote extrémiste, tant la désespérance s’installe dans ces espaces de déliaison sociale.

Accepter la discrimination entre citoyens selon son lieu d’habitation est inacceptable pour tout républicain ! Il nous faut redonner cohésion, espoir, perspectives.
Reconnaître le fait métropolain, ne signifie pas pour autant abandonner territoires ruraux et péri urbains. Notre planète avec 10 milliards d’habitants aura besoin de se nourrir, se loger, se chauffer et de forêts entretenues pour renouveler son atmosphère.

Nous devons revitaliser ces territoires autour :

Des mobilités réelles ou virtuelles. La capacité de se déplacer est un marqueur social et spatial. Pour un métropolitain tout est possible, pour d’autres un vrai parcours du combattant. Il faut développer dans ces territoires des réseaux de transport multi modaux performants basés sur les différents éco systèmes locaux et créer les infrastructures nécessaires aux usages numériques les plus innovants.

De la transition énergétique afin de lutter contre la précarité qui caractérise l’habitat de la grande périphérie et développer jeunes pousses et filières courtes (bois, matériaux bio sourcés, BTP) créatrices d’emplois locaux et de richesses,

De l’équité territoriale. Il ne peut y avoir une France à plusieurs vitesses et des citoyens de seconde zone, relégués, « invisibles ». Il faut une péréquation juste, lisible, réactive au cœur d’un pacte républicain renouvelé liant collectivités et Etat pour remettre confiance et sérénité au cœur des relations entre acteurs clés des politiques publiques.

Du lien social de proximité. En permettant à toutes les collectivités d’être en capacité de répondre aux besoins premiers des familles de plus en plus nombreuses qu’elles accueillent.

 

Imaginer aujourd’hui l’organisation territoriale de demain en baronnies ou duchés n’a plus de sens.
Les dynamiques territoriales tel un réseau neuronal doivent trouver force et énergie dans l’épanouissement de tous les territoires, la qualité et vitalité des liens qui les animent et les relient afin d’initier un développement durable, solidaire et partagé du pays.

Il est grand temps de réconcilier France des villes et France des champs autour d’un contrat territorial adapté à notre temps.

 

 

Le Développement Durable, matrice du socialisme du XXI eme siècle

Etats generaux.jpgDans le cadre des Etats généraux du PS, nous avons organisé a Trilport une réunion dédiée à la « Sociale Ecologie », le jour même du vote de la loi « sur la transition écologique et la croissance verte » dont un des acteurs et non des moindres Jean Louis Bianco était présent avec nous.

Ces états généraux sont l’occasion d’ouvrir les fenêtres, encore faut il le vouloir et le faire … Nous sommes nombreux à penser que c’est une nécessité; non pour des postures pré congrès mais plutôt pour laisser entrer la lumière, renouveler l’air ambiant, entendre les bruits et le tumulte du dehors, celui de la vie de tous les jours, contempler les paysages extérieurs, leurs perspectives, histoire de se confronter au monde réel comme  au nouveau qui se construit chaque jour, ici et ailleurs,

Ouvrir les fenêtres, c’est surtout à un moment donné, arrêter l’entre soi, afin d’échanger avec les autres, tous les autres, au sens large, et de débattre de vrais sujets, de sujets de fond, surtout avec une telle thématique …

Placer la question sociale au coeur de la réflexion écologique constitue selon moi non seulement une avancée majeure, mais un passage obligé, une démarche totalement adaptée à notre territoire, tant ces deux questions sont liées inévitablement.

De par son patrimoine naturel, la qualité de ses espaces et ressources (agriculture, filière bois, croissance démographique, sous sol, ressource en eau, émergence de filière en matériaux bio sourcés comme le chanvre …), la Seine et Marne est une terre d’opportunités pour l’écologie, encore potentielles et en devenir pour beaucoup …

De par les contraintes subies au quotidien par trop de familles ayant le sentiment d’être des « laisser pour compte », abandonner, déclasser, du fait des conséquences d’une discrimination territoriale et sociale avérée : précarité énergétique, problèmes de transport, menaces liées à l’exploitation des gaz, huile et pétrole de schiste, ‘état de la ressource eau …

Chacun constate que la problématique est aussi éminemment sociale …

C’est le sens de la contribution, en moins de 2700 signes (c’est la règle imposée) que j’ai commis pour ces Etats Généraux.

Elle est intitulée « L’urgence environnementale, le Développement Durable, matrice du socialisme du XXI eme siècle »

 

 

 

 

Ma contribution aux Etats généraux du PS sur la thématique « Croissance et Social Ecologie »

 

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L’urgence environnementale
Le Développement Durable, matrice du socialisme du XXI eme siècle

 

L’heure n’est plus au subtil équilibre du rapport Brundtland. L’état de la planète exige un changement de cap radical vu le réchauffement climatique et les menaces sur la biodiversité. Nous sommes confrontés aux limites physiques d’une planète qui n’a plus la capacité de se régénérer et se dérègle. Il s’agit non d’inverser une tendance de fond irréversible mais d’en limiter les conséquences et d’adapter nos modes de vie au nouveau contexte. Contenir la hausse globale des températures sous les 2°C d’ici 2100, impose une diminution des émissions de gaz à effet de serre supérieur à 50% pour 2050 et leur disparition en 2100, nous en sommes à des années lumière !

 

Pour les socialistes, plus question de sous traiter la problématique environnementale ou de verdir un discours généraliste. Le Développement Durable est la matrice qui s’impose désormais à tout projet politique dont l’ambition est de transformer la société. Certains prônent la décroissance, mais une autre croissance, respectueuse de la planète comme des plus fragiles est possible, il faut  pour cela :

Agir sur la politique énergétique. Renforcer notre sobriété (bâti, transports, économie) que ce soit au niveau des individus, collectivités ou entreprises. Constituer un mix énergétique basé non sur un modèle sophistiqué, centralisé autour d’un réseau distributif descendant, mais sur un modèle délocalisé, alimenté d’une multitude de sources d’énergies et de réseaux intelligents. Poursuivre l’innovation (pile à combustible, stockage, smart grids…)

Placer la dimension sociale au coeur de la démarche environnementale tant de nombreux habitants sont victimes de discrimination territoriale et sociale : précarité énergétique, mobilités, pollutions, manque de services publics de proximité … Nécessité de développer également l’éco citoyenneté.

Initier une croissance « verte »  qui privilégie économie circulaire, circuits courts, jeunes pousses et filières émergentes (ressourceries, énergies renouvelables, matériaux bio sourcés…), et soutienne filière bois, agriculture et pêche raisonnée, secteurs stratégiques pour alimenter 10 milliards d’habitants

Privilégier une nouvelle temporalité, pour sortir du « court-termisme ». L’action humaine exige la prise en compte de temps longs (analyse de cycle de vie, infrastructures…) et de principes universels (responsabilité, précaution, information), du fait de la complexité croissante des problématiques rencontrées, de leur coté systémique, de la nécessité d’une concertation citoyenne …

 

Le socialisme du XXI eme siècle doit porter une ambition écologique globale, pour les habitants, les territoires et la planète, tant nos destinées communes sont liées.

 

Cette publication est maintenant en ligne. Tu peux la visualiser directement sur le site en cliquant sur ce lien. Elle a été transmise au comité de pilotage des Etats généraux des socialistes. 

 

Dotations : pour éviter le tsunami

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Contester l’ampleur, le rythme et l’équité des baisses de dotations y compris dans les médias nationaux ou locaux ne signifie pas pour autant refuser de contribuer à réduire la dette publique, tant son niveau n’est plus soutenable.

L’endettement du pays atteint désormais 2 000 milliards d’euros et représentera dans quelques semaines 100 % de la richesse nationale soit 30.000 euros par Français !
Rappelons pour ceux qui auraient la mémoire courte que la dette a doublé entre 2002 et 2012, passant de 930 à 1860 milliards d’euros, dont 600 milliards pour le seul quinquennat de Nicolas Sarkozy ! Son remboursement constitue désormais la première dépense du pays.

Les taux d’emprunt historiquement bas (2%) étant supérieurs à la croissance (1%), la dette publique augmente mécaniquement chaque jour, situation délicate qui amène le gouvernement à tout faire pour garder des taux compétitifs, d’autant que la croissance est toujours atone …
Toute augmentation peut compromettre l’équilibre du budget, une hausse de +1% imposerait de trouver 30 milliards d’euros supplémentaires pour refinancer la dette !

Il faut sortir de ce cercle vicieux, et au plus vite, les élus locaux en ont conscience, comme ils ont conscience de la nécessité de maitriser la dépense publique, beaucoup s’y emploient et n’ont pas attendu 2014 pour agir (cf ma dernière note) !
Encore faut il que cela soit fait avec raison, mesure, circonspection, constance et surtout équité. J’ai la conviction que le scénario initial de baisse prévu par le gouvernement jusqu’en 2017, ne pourra être mené à terme sans conséquence douloureuse, tant il n’apparaît ni soutenable, ni raisonnable notamment pour les communes aux ressources les plus faibles.
Il ne sera pas non plus sans conséquence sur l’investissement public et l’emploi local, et ce au plus mauvais moment, comme sur la cohésion sociale du pays, et ce dans des secteurs géographiques déjà très fragilisés où les habitants ont plus que besoin de services publics locaux de proximité.
Ces baisses de dotations accentueront la discrimination entre citoyens selon leur lieu de résidence, une perspective inacceptable pour tout républicain !

Le chemin de crête est étroit, mais des pistes de réponse concrètes selon moi existent :

  • Il est urgent de mettre en place des dispositifs de redistribution efficaces, pérennes et surtout équitables
  • Il me semble essentiel de favoriser au plus vite les investissements liés à la transition énergétique, tant ils sont porteurs d’économies structurelles sur le court, moyen et long terme …

Enfin un moratoire suite au budget 2015 semble inévitable, tant je crains la casse territoriale, beaucoup de communes soient dans un état budgétaire très préoccupant dés 2015, notamment les communes aux recettes insuffisantes.

Je vous propose d’aborder de manière concrète quelques pistes de réflexion personnelles

 


 

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Le Premier Ministre affirme que la «péréquation horizontale» initiée depuis 2012 permettra de compenser les effets négatifs des baisses de dotations pour les communes les moins riches.
Revenons donc sur cette notion de « péréquation » essentielle, lorsque l’on aborde la problématique des finances locales. Il s’agit d’un mécanisme de redistribution destiné à réduire les écarts de richesse et les inégalités entre collectivités  (le site vie publique souligne que que 5% des collectivités – soit 1 800 communes – possédaient à elles seules 80% des bases de la taxe professionnelle) qui sont quelquefois flagrantes !

Cette péréquation peut être :

  • verticale via l’Etat, par le biais de dotations versées aux collectivités les plus pauvres au regard de leurs ressources et de leurs charges,
  • horizontale sur la base d’une solidarité entre les différentes collectivités. Les ressources fiscales des plus riches étant reversées aux moins aisées

Elle n’est pourtant dans les cas que trop souvent théorique …

 

Une péréquation  « horizontale », discutable

Pour le gouvernement, la péréquation initiée depuis 2012 grâce au Fonds de Péréquation des ressources Intercommunales et Communales (FPIC) qui attribue aux collectivités défavorisées une partie des ressources des plus « riches » compense les  baisses de dotations annoncées.
C’est inexact, car le compte n’y est pas, et de loin ! Le montant du FPIC étant plafonné à 570 millions d’euros, contre 3,7 milliards de baisse de dotations pour 2015 !

Si ce dispositif constitue incontestablement un pas vers la bonne direction il présente de sérieux points faibles ; outre qu’il devrait porter plutôt sur les écarts de ressources que de dépenses, ce qui n’est pas le cas, son attribution porte à discussion : une commune « pauvre » dans une intercommunalité  «riche» peut se retrouver contributrice alors qu’une autre commune au budget similaire dans une intercommunalité « pauvre » sera  bénéficiaire et il existe d’autres cas de figure tout aussi insolites !

Les élus bénéficiaires ne peuvent également considérer cette « manne » comme pérenne tant son attribution est aléatoire, et elle ne peut, à ce titre, figurer dans un Plan Pluri Annuel d’Investissement, d’autant qu’avec le mouvement brownien initiée par la réforme territoriale, et la création de nouvelles intercommunalités et  métropoles, qui peut prédire la situation de chaque collectivité vis à vis du FPIC d’ici 2017 ?
Certaines études d’experts tendent même à démontrer qu’avec l’émergence d’une métropole, la ville de Paris pourrait ne pas être contributeur, un comble !

 

 L’absence de péréquation dite « verticale »

L’état ne peut faire l’économie d’une refonte totale de sa politique de dotations, en choisissant des clés de répartition plus adaptées, à l’aune des défis que les territoires doivent relever aujourd’hui, et non sur ceux de la France d’avant hier, et qui doit absolument tenir compte des solidarités à préserver entre «France des métropoles » et « France périphérique » (cf Giully) afin de compenser des disparités territoriales de plus en plus flagrantes.
Il s’agit de créer une véritable péréquation verticale, jamais mise en place jusque là ! Pour moi, la question de l’équité est essentielle tant elle a été bafouée, et doit être remise au coeur des critères d’attribution des dotations et aides de l’Etat surtout lorsque la situation budgétaire est contrainte !

L’Etat doit tenir compte des recettes des collectivités, dans un autre registre pour illustrer ce propos, est il utile par exemple, que les communes les plus riches (Issy les Moulineaux, Neuilly sur Seine) bénéficient pour la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, au regard des difficultés budgétaires du pays, du même montant d’aides financière par enfant que des communes moins fortunées (au hasard Trilport ou des villages du 77, sans locaux, moyens ou logistiques pour cette mise en place) ? Permettez moi d’en douter …

Pour résoudre, malgré les difficultés rencontrées, la problématique complexe et douloureuse de la fracture territoriale, nous devons passer d’une culture de l’égalité formelle, de plus en plus théorique, à une culture de l’équité concrète.

 

Investir aujourd’hui pour économiser aujourd’hui, demain et après demain

Rappelons que nous importons chaque année, 70 milliards d’euros d’énergies fossiles, en économiser 30% se traduirait par un gain annuel de 20 à 25 milliards d’euros pour notre balance commerciale dont une part importante d’économies pour les budgets de nos collectivités.

Des économies à la fois structurelles et surtout cumulatives, autrement dit plus vite et plus le pays investira, plus il économisera. D’autant que tous les spécialistes s’accordent sur un point, le prix de l’énergie ne va pas cesser d’augmenter dans les prochaines années.

Autre élément d’analyse, social, celui de la précarité énergétique qui ne cesse de croitre vu la crise. Selon l’INSEE 3,8 millions de ménages ont un taux d’effort énergétique supérieur à 10 % de leur revenu, 3,5 millions déclarent souffrir du froid dans leur logement et 621 000 ménages souffrent des deux formes de précarité.
Ajoutons pour être complets que beaucoup vivent dans des secteurs ruraux et péri urbains, des territoires très touchés par les baisses de dotations.

Ajoutons à ces arguments, financiers et sociaux, l’état de la planète et la part prépondérante dans le mix énergétique des énergies carbonées, principales sources des émissions de gaz à effet de serre et reconnues de ce fait comme les principales perturbateurs climatiques.

Il est urgent et stratégique pour des raisons économiques, sociales et environnementales d’investir massivement pour renforcer l’efficacité énergétique du pays, surtout dans les secteurs les plus énergivores. Paradoxalement les baisses de dotations engagés obèrent les capacités d’investissement de leurs collectivités.

L’Association des Petites Villes de France propose que le Fonds de Compensation de la TVA (compensation de 15,761 % versées aux communes de la charge de TVA des dépenses réelles d’investissement faites 2 ans auparavant) soit versé immédiatement et en intégralité aux collectivités afin de les inciter à investir dés 2015, notamment dans les dépenses liées à l’efficacité énergétique.
Ces sommes pourraient être complétées utilement par des fonds européens et diriger vers des investissements liés à la transition écologique autour de dépenses  fléchées : isolation, implantation de chaudières ultra performantes, installation de réseaux de chaleur, mais aussi renouvellement du parc d’éclairage public.
L’éclairage public constitue le premier poste de dépense d’une commune en énergie, en moyenne la moitié de sa consommation électrique (soit 23 % de sa facture énergétique globale et 39 % de sa facture d’électricite)?.

Dans ce registre je tiens à saluer le dispositif d’emprunt vert à 40 ans et à 1,75% de la Caisse des Dépôts et Consignations intégrée à la loi sur la transition énergétique.

Dans le cas ou le gouvernement poursuivrait les baisses de dotation,  il pourrait dédier une part des 11 milliards d’économies prévues à un fonds d’investissement consacrée à l’accompagnement de la Transition énergétique, en privilégiant les axes d’action abordés précédemment.

De telles mesures relanceraient l’activité économique locale, faciliteraient le développement de nouvelles filières (matériaux bio sourcés, énergies …), et le soutien de la Banque Publique d’Investissement permettrait d’avoir un effet multiplicateur et levier.
D’importantes économies structurelles seraient ainsi réalisées dans chaque collectivité, et ce dés 2016, permettant de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et le déficit commercial du pays.
Je suis persuadé qu’en les adoptant le pays réaliserait des économies conséquentes permettant sans doute dans le moyen terme (20 à 40 ans) de faire plus d’économies que  la baisse des dotations initiée, tout en armant économiquement le pays dans des industries environnementales de pointe, un éco système économique stratégique aujourd’hui et surtout pour  les prochaines années.
La croissance verte n’est pas qu’une figure rhétorique !

 

 

Trois principes selon moi doivent mener à des inflexions sérieuses de la politique initiée :

  • Les vraies économies sont par essence structurelles et doivent être réfléchies, pérennes, efficaces et inscrites dans le long terme, non désordonnées, conjoncturelles et « courtermistes ».
    Mener un effort massif et urgent sur les économies d’énergie est un axe fort d’action qui donner axes résultats économiques, sociaux et environnementaux, visibles et concrets dés 2016
  • Nous devons placer l’équité au cœur de notre politique territoriale. Il ne peut y avoir une France à plusieurs vitesses et des citoyens de seconde zone, relégués, déclassés ou pire invisibles. Ce serait faire le lit du Front National et être aux antipodes des valeurs que nous portons.
    Il est vital de préserver dans ces territoires les liens de proximité et de solidarités entretenus par les politiques publiques locales.
  • Il faut remettre de la confiance, de la stabilité et de la sérénité dans les relations entre Etat et collectivités. Les élus pour participer à l’effort de redressement du pays, contribuer à la relance économique et agir au quotidien au service de la cohésion sociale, doivent savoir où ils vont et les moyens dont ils disposent pour mener leur action. Ce n’est pas possible actuellement.

 

Le gouvernement doit prendre toute la mesure des conséquences du mouvement qu’il vient d’initier.

L’idée d’un moratoire suite au budget 2015, permettant de dresser plus sereinement et objectivement un état des lieux de la « santé budgétaire des collectivités » (notamment de celles aux ressources les plus faibles) constitue une piste de réflexion constructive.
Ce moratoire permettra d’adapter ou d’infléchir certaines décisions si nécessaire, mais donnera également le temps  de mettre en place de nouveaux dispositifs de péréquation plus équitables, selon moi indispensables.
Sinon je crains le pire, et la tentation d’une fuite en avant afin de ne pas voir la réalité du terrain, entrainera un effet domino qui pourrait déstabiliser dés 2016 beaucoup de collectivités, et déclencher de fait un véritable tsunami territorial que nous pouvons encore éviter.