L’innovation,quête du Graal ou posture?

decentralisation.jpgMarylise Lebranchu, Ministre de la Décentralisation a confié à Akim Oural, Maire-adjoint de Martine Aubry à Lille, un rapport sur les conditions du développement de l’innovation territoriale avec l’objectif de “sortir de la conceptualisation et concrétiser l’innovation territoriale”, rien de moins …
Participant à cette étude coordonnée par le Secrétariat Général à la Modernisation de l’Action Publique (SGMAP) au titre de l’Association des Petites Villes de France,  dont je suis un des référents (au titre du numérique), il me semblait utile d’esquisser quelques pistes de réflexion concernant une thématique qui inspire l’action quotidienne de beaucoup d’élus locaux.

Il est heureux pour nos concitoyens que les collectivités n’aient pas attendu cette initiative, utile au demeurant, pour innover. Si les communes ne sont pas des acteurs exclusifs des dynamiques territoriales, elles en constituent cependant des acteurs majeurs et reconnus; y compris lorsqu’elles doivent s’adapter à un contexte inédit, en « mode complexe », où se cumulent la perte drastique de ressources financières  pourtant indispensables à leur action quotidienne (moins 1/3 des dotations de l’Etat en 4 ans, excusez du peu)  pénalisant principalement celles qui disposent du moins de ressources, impactant economie et emploi local, l’augmentation des difficultés sociales des habitants, l’abandon des services de l’Etat, la mise en place des rythmes scolaires (prés de 200 euros par enfant) et l’aggravation croissante des fractures territoriales.

Si l’action territoriale se déroulait jusqu’à ces dernières années dans un contexte régulé, hiérarchisé, structuré, aux repères pérennes et identifiés, cette époque est désormais révolue et a laissé place à un environnement composé d’écosystèmes locaux soumis à des tensions multiples, aux dynamiques parfois divergentes et des contraintes nouvelles à surmonter entrainant de nécessaires régulations permettant d’arriver à de nouveaux équilibres plus ou moins durables …

Nos territoires sont confrontés à l’accélération et à la multiplication des mutations en cours, ceci dans un contexte de crise budgétaire qui laisse les plus démunis, exsangues. Il faut malgré tout apporter des réponses concrètes, en temps réel, aux habitants comme à l’Etat.
Problématique que l’on pourrait résumer on ne peut plus simplement : comment gagner en agilité, réactivité, solidarité et durabilité avec des ressources moindres et des contraintes supplémentaires ?

Si une des réponses est l’innovation territoriale, chacun sait qu’elle ne pourra tout résoudre, loin s’en faut ! Comment la planifier ou la prévoir, alors que par nature elle est imprévisible rt que c’est le plus souvent en dehors des sentiers battus (« outside the box ») qu’elle apparaît ?
Il n’est pas possible de la décréter du sommet vers la base (On / Off), tant elle émerge du terrain (logique ascendante, « bottom up ») apportant des réponses concrètes et adaptées à une problématique qui concerne d’abord un bassin de vie.

 

Voici quelques propositions destinées à la favoriser …

 

 

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SNCF : La « P », ligne de fracture

gare de Trilport.jpgJe me suis rendu à l’invitation de  Guillaume Pepy, Président de la SNCF,  à un repas qui se tenait au siège social de l’entreprise à Saint Denis, avec les élus Seine et marnais des villes abritant des gares de la ligne P conviés dans ce cadre, à un dialogue informel et direct. Il était pour l’occasion entouré de son état major et de Mme Bardy Directrice d’exploitation du STIF.

La ligne P est représentative des contrastes portaient par l’Ile de France. Partant de Paris Est, elle dessert 36 gares localisées dans 3 départements, transporte 85 000 voyageurs / jour sur 252 km de ligne et s’étire à plus de 90 km de Paris, allant jusqu’à Provins, Chateau Thierry ou La Ferté Milon; autant dire qu’elle traverse de bout en bout notre Région pour se rendre jusqu’à ses franges les plus lointaines, aux confluences des régions voisines.

Je ne peux imaginer ce qu’en tirerait le chercheur  Emmanuel Vigneron célèbre pour ses travaux sur les variations de l’espérance de vie le long du RER B (« la ville, la vie, la mort dans Paris et ses banlieues au long du RER B »), une enquête sur cette ligne apporterait certainement des résultats également surprenants, sur les espaces de solidarité, les bassins de vie, les réalités quotidienne du transport en mode urbain, péri urbain ou rural.

Réalité qui n’a manifestement ni les mêmes contours, ni la même saveur, entre ceux disposant d’un train tous les quart d’heure pour un voyage de 15 minutes pour se rendre au coeur de Paris et les autres. Pour faire simple, sans être caricatural pour autant, plus le voyage est long, plus les conditions de transport sont galères et plus le ticket coute. Grand merci à la région d’avoir enfin décidé un Pass Naviro à prix unique sur l’Ile de France dés septembre prochain. Au moins cette inégalité disparaitra !

Les difficultés évoquées lors de ce repas sont à l’unisson de ces différences géographiques, plus que des nuances d’appréciation.

Pour vous en convaincre, poursuivez la lecture de cette note, plongée dans l’Ile de France profonde …

 

 

 

 

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France des métropoles et France périphérique 

Les « indicateurs de performance » de l’entreprise, face à de tels contrastes sont tous sauf signifiants. Ils pourraient même apparaitre pour certains usagers (Ferté Milon notamment) pour de la provocation; ne révèlant pas la même réalité, ils ne peuvent servir de thermomètre ou de balise pour guider les actions prioritaires ou les correctifs à mener. Illustration : 78% des clients sont à priori satisfaits, ce qui est bien au dessus de la moyenne transilienne, à pondérer lorsque l’on sait que  6 gares sur 36 (Chelles à Trilport) concentrent 50% des voyageurs; résultat qui provoquerait pour le moins des réactions agacées d’usagers utilisant tous les jours ce mode de transport.

Entre les élus bien lotis dont les demandes portent sur les services additionnels à implantés dans des gares déjà bien desservies et totalement accessibles et ceux qui confrontés aux réalités concrètes de la France « périphérique » espèrent simplement disposer de trains réguliers, ponctuels, si possible confortables, propres, chauffés et complets pour affronter les 50 minutes quotidiennes qui les séparent de Paris (sans oublier le retour SVP),  il y a plus qu’un monde de différence !

Soulignons que la ligne P est la dernière en Ile de France à disposer de lignes non électrifiées (Gretz / Troyes et Trilport / La Ferté Milon). Situation qui impose à la SNCF des contraintes quotidiennes de gestion de parc complexes et couteuses, le recours plus que raison à des navettes bus pour remplacer les rames en panne (aprés une journée de boulot, c’est super) et trop souvent à une gymnastique s’apparentant quelquefois à du « bricolage » pour constituer une rame complète, trouver une motrice en ordre de marche, en désabillant une ligne déjà mal en point au bénéfice de l’autre, selon la pression des usagers ou des élus.

Cette situation anachronique ne correspond ni aux objectifs de développement , notamment démographique, exigés par l’Etat au titre de la loi SRU et la Région, dans son Schéma Directeur ni à la vision d’espace de solidarité qu’ont les élus régionaux de l’Ile de France. D’autant que deux paramètres sont en constante augmentation chaque année le nombre d’usagers et le nombre d’habitants.

 

A l’est rien de nouveau ou si peu 

Force est de constater que la plupart des annonces concrètes faites lors de ce repas ont surtout concerné l’Ouest, ce qui ne surprendra pas les Seine et Marnais avec l’arrivée du Grand Paris et le prolongement d’Eole à la Défense, en plaçant Chelles à 34 minutes et Tournan à 53 minutes.

Il est d’ailleurs pour le moins paradoxal de voir son nouveau Maire, Brice Rabaste, rappeler l’importance pour la Seine et Marne d’avoir obtenu deux gares du Grand Paris, dont celle de Chelles (grand merci à Jean Paul Planchou) alors qu’il a décidé de tourner le dos à ce département pour rejoindre Paris Métropole … Mais c’est une autre histoire …

Le responsable des infrastructures présent a abordé le scénario, à priori à l’étude, d’introduire un matériel alternatif aux rames inox, dans une hypothèse de « non électrification ».  Cette évocation m’a amené à intervenir et à préciser que ni les élus locaux, ni les usagers n’accepteraient un tel scenario, nous ne demandons pas l’aumone, mais simplement d’être traité comme tout francilien. Notre horizon futur ne peut se limiter au seul grand Paris …

Ce qui est un fait établi est que l’unité de mesure des annonces concernant le Grand Paris ou Eole est le milliard d’euros alors que celle des électrifications des deux dernières lignes francilienne est la dizaine de millions.

 

La disparition de Réseau Ferré de France (ou RFF)

Autre évocation beaucoup mieux ressentie,  celle de la réunification de la gestion des infrastructures en une seule entité, aucun élu ne regrettera la disparition de Réseau Ferré de France. Cette entreprise, pour faire simple était un facteur de blocage sur la plupart des dossiers d’aménagement dans lesquels elle intervenait (pôles gares notamment); sa volonté de « valoriser » son foncier, quasi obsessionnelle, s’illustrait par des positionnements pour le moins dicutables.

Sa responsabilité sur le retard du dossier du pôle gare de Trilport est largement engagée. Elle se faisait représenter lors de réunions portant, excusez du peu, sur l’amélioration des accés à la gare afin de la transformer en Pôle multi modal,  par Nexity, avec quelquefois des demandes carrément caricaturales.

C’est désormais du passé et comme le dit une chanson, faisons en table rase

 

Merci à la SNCF d’avoir organisé ce moment de dialogue direct, ou j’ai pu, entre poire et fromage, faire valoir notre détermination à obtenir l’électrification jusqu’à La Ferté Milon, remonter les problèmes de stationnement rencontrés dans nos villes et villages, des pistes sont à l’étude, comme celle d’intervenir sur les quais des différentes gares jusqu’à la Ferté sous Jouarre afin de permettre à leurs habitants de connaitre les délices du Francilien.

Des engagements ont été pris et des messages ont été émis, mais comme Saint Thomas …

 

 

 

La ligne « P » en bref

36 gares sur 3 départements, 42 communes desservies

85 000 voyageurs / jour

252 km de ligne, elle va jusqu’à 94 km de Paris

2 branches non électrifiées

6 gares sur 36 (Chelles à Trilport) concentrent 50% des voyageurs

Statistiques moyennes

78% des clients satisfaits en 2014, 10 pts au dessus de la moyenne Transilien. Ce n’est pas forcemment le sentiment qu’en ont les voyageurs de la Grande couronne !

 Travaux

2014 : 2eme phase de modernisation Trilport / La Ferté Milon, Trilport / Chateau Thierry : remplacement de 5 OOO metres de rails.

2015 : dernière phase de modernisation (renouvellement voies, ballast et traverses) de Trilport / La Ferté Milon

 

 

Laïcité, j’écris ton nom

Charlie-Hebdo-La-laicite-cest-par-où.jpgLes tragiques évènements du mois de janvier ont révélé la gravité des fractures qui fissurent notre société ; si le pays est en guerre, il l’est surtout avec lui même, se proclamant égalitaire malgré les ségrégations multiples qu’il génère depuis des décennies.
Deux France s’éloignent ostensiblement l’une de l’autre, fracture territoriale et sociale qui se double d’une crise identitaire douloureuse, car existentielle, auprès de ceux qui se sentent rejetés et exclus de la communauté nationale.
Les images de la fierté et de la joie collective de la France métissée de 98 fêtant la victoire de l’équipe « Black blanc, Beur » qui ont marqué nos jeunesses, sont remplacées depuis dans l’inconscient collectif par celles des émeutes de la France « karchérisée » de 2005. Aujourd’hui les jeunes issus de l’immigration ont toujours autant de difficulté à trouver une place dans la société et à intégrer les valeurs d’une République qui n’est égalitaire qu’en apparence et discriminatoire au quotidien.
Le non respect de la minute de silence qui a tant fait débattre, condamnable, n’est que la conséquence de cette réalité sociale trop longtemps ignorée.

La laïcité, hier encore considérée comme ringarde par beaucoup, a pris une toute autre dimension depuis le 7 janvier ; encore faut il ne pas la réduire à un concept fourre tout, vide de contenu, et entretenir une ambigüité qui ne satisfait plus personne : pour certains elle constitue une forteresse nous « protégeant » de l’Islam, pour d’autres transmettre les valeurs républicaines est totalement inutile ! D’autant que la laïcité qui constitue une quasi «anomalie» en Europe, ce mot n’existant ni en anglais, ni en allemand, suscite à l’étranger beaucoup d’incompréhension.

Comment exiger des enseignants qu’ils soient des « passeurs de valeurs » pour remplir une mission que la société a désertée depuis des lustres, pour laquelle ils n’ont pas été formés et dont les contours changent à chaque nouveau Ministre de l’Education ? Ils sont  pour le moins démunis. Dans une salle des profs, si l’on demande à chacun de définir ce que représente concrètement la laïcité, les copies risquent fort d’être toutes différentes !

La laïcité n’est pas un talisman immuable, elle s’adapte au fil du temps et de l’évolution de la société dépassant le cadre des manifestations d’appartenance religieuse, trop réducteur, pour poser la question essentielle de la transmission des valeurs communes à partager, problématique qui concerne l’ensemble d’une société en panne d’intégration.

L’école doit retrouver son rôle de creuset de citoyenneté républicaine autour de la laïcité, véritable  «fabrique à faire du commun», en intégrant que la France de 2015 n’est plus celle de 1905 !

Car là est bien la difficulté …

 

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Notre pays abrite les plus importantes communautés islamiste et israélite d’Europe, ce qui pose nécessairement la question des relations entre religions (au pluriel) et Etat.
Contrairement à ce que beaucoup écrivent, cette question s’est posée à tous les cultes, aucun ne se révélant spontanément laïque et tous ayant besoin d’un temps nécessaire d’adaptation plus ou moins long. Il a fallut plus d’un siècle pour la seule religion catholique ! Si la loi n’interdit pas aux cloches des églises de sonner, elle en précise les conditions.

Rappelons que ces dernières sont entretenues par les collectivités, contrairement aux autres lieux de culte, ce qui pose un sérieux problème d’équité républicaine. La France doit s’interroger sur sa relation particulière avec l’Islam, afin d’assumer cette religion avec raison, dignité et surtout respect, arrêtant de la sous traiter à l’étranger, que ce soit à l’Arabie Saoudite, au Quatar ou à d’autres états.

Nous avons besoin d’un Islam de France, pour remplacer celui des caves, des émirats et des obscurantistes en provenance directe des califats. Les imams et aumôniers des prisons doivent être recrutés et formés ici et parler notre langue ! Il n’existe pas au niveau national de communauté musulmane organisée autour d’une  autorité religieuse reconnue par tous. Absence préjudiciable qui se traduit par un manque de régulation, de médiation ou de transparence sur les modes de financement. L´Islam n’est présent en France que depuis peu, aussi nous devons intégrer que ce culte, comme les autres avant lui, doit «se formater à la laïcité à la française » et adapter ses pratiques. Encore faut il proposer un cadre concret et non un « entre deux » ambigüe.

Nous devons être vigilants et veiller à protéger la liberté de croire ou non, défendre la liberté d’expression dans toute sa plénitude, réprimer toute acte raciste, anti sémite ou islamophobe et fixer des repères clairs, en définissant une laïcité adaptée à la France de 2015,  multiculturelle et multiconfessionnelle, autour de règles de vie partagées et respectées par toutes les communautés. Ne pas agir dans ce sens est faire le lit du communautarisme. 

Les attentats du type ceux de janvier dernier, quelque soit leurs motivations, doivent interpeller notre société sur sa capacité à proposer de réelles perspectives aux jeunes générations afin de résoudre la grave crise spirituelle qu’elles traversent.
La question du sens est effectivement essentielle. On ne peut se réduire le projet de toute une vie à l’amélioration de la compétitivité ou de la croissance et à la réduction de déficits.

Les douleurs humaines ne sont pas virtuelles, mais bien concrètes. L’homme a besoin de foi, au sens laïc et philosophique du terme, pour être en capacité de se projeter dans l’avenir, il a aussi besoin de liens sociaux qui lui permettront de se retrouver dans un projet commun et partagé avec d’autres …  Ctête aptitude lui a permis de s’élever, puis ensuite d’entamer sa longue marche, pas à pas.
La nature a horreur du vide, y compris spirituel, si rien n’est proposé, le pire peut arriver, d’autant que les jeunes générations sont conditionnées dés le plus jeune âge à la violence la plus extrême, souvent virtuelle, ou l’on oublie que le sang est douleur, que le sang est malheur, que le sang est terreur.

Se poser la question de la laïcité, s’est s’interroger avant tout sur la question du sens à donner à une société qui en manque cruellement et qui peine tant  « à faire corps », s’est aussi proposer une vision du monde et une vision de l’humain, conçu et bâti autour de l’émancipation, du respect d’autrui, dans ce qu’il est et dans ce qu’il pense, « délimitation profonde entre temporel et spirituel ». 

 

 

 

 

 

Il y a un autre monde, mais il est dans celui ci

pollution.jpgL’heure au PS est à la préparation du Congrés … Grande effervescence devant l’éternel s’il en est … pour certains c’est le moment de se la jouer « tactique », histoire d’influer  « les rapports de force », comme ils l’ont appris dans une vie antérieure, chassez le naturel, il revient au galop !
Nous sommes nombreux à penser qu’un Congrés est  le moment privilégié d’exprimer des idées de fond et de traiter de l’essentiel, et non destiné à se limiter à  l’écume médiatique, à l’accessoire ou à la promotion des plans de carrières de quelques uns.
Il est grand temps d’ouvrir, non des parenthèses mais bien, les fenêtres pour se confronter à un monde qui mute, à une société qui se délite, une planète qui se fait la malle et se dérègle chaque jour un peu plus, et de proposer de nouvelles perspectives, car là est l’essentiel …

Les repères que nous proposons ne peuvent plus être ceux d’hier, ils sont pour beaucoup, même si on peut le regretter, obsolètes, l’ardente obligations qui nous incombe devant une société en plein bouleversement et de construire les nécessaires balises d’un présent qui conditionne notre avenir proche et la survie même de l’espèce humaine. Nous savons désormais que comme l’a si bien écrit Paul Eluard, s’il y a un autre monde à construire, ses racines sont dans celui ci.

Le Parti Socialiste doit faire sa mue idéologique autour de la question écologique, tant elle est centrale. Il n’est plus question de sous traiter la problématique environnementale ou de « verdir » un discours de portée « généraliste » bâti sur les idées du XIX eme siècle et la redistribution des richesses d’une croissance productiviste.
Nous pensons que l’urgence environnementale est la matrice qui s’impose désormais à tout projet politique dont la réelle ambition est de transformer la société aujourd’hui et encore plus demain : que ce soir sur les enjeux (ils sont vitaux pour l’espèce humaine), le périmètre (la planète tout simplement) mais aussi les contraintes à venir (cumulatives et irréversibles) qui toucheront d’abord les plus fragiles …

Pour nous, l’urgence environnementale doit être la matrice du socialisme du XXI eme siècle que nous devons collectivement construire en prenant le pouls d’un monde qui avance et se transforme un peu plus chaque jour, c’estle sens de notre motion :

Agir pour construire une planète plus durable et plus solidaire.

 

 

Texte de notre motion

L’urgence environnementale, matrice du socialisme du XXI eme siècle.

« L’heure n’est plus au subtil équilibre théorique entre les trois piliers historiques au cœur du rapport Brundtland ; ce modèle a vécu.

L’état de la planète exige un changement de cap radical au regard de l’accélération du réchauffement climatique et des menaces pesant sur la biodiversité. Nous sommes confrontés aux limites physiques d’une planète qui n’est plus en capacité de se régénérer et se dérègle : l’activité humaine consomme les ressources naturelles plus rapidement que la terre ne peut les régénérer et émet plus de CO2 que l’écosystème ne peut en absorber. Un point de non retour a été sans doute atteint.

Maintenir la hausse globale des températures sous le seuil de 2°C d’ici la fin du siècle nécessite de diminuer les émissions de GES de 40 à 70% d’ici 2050 et de les faire disparaître totalement en 2100, ce qui n’empêchera pas pour autant des perturbations climatiques majeures sur toutes la planète.

Notre développement se caractérise par une consommation quasiment sans limite : infrastructures, énergie, consommation d’espaces naturels et agricoles (pour la France en 5 ans c’est l’équivalent d’un département comme la Seine-et-Marne qui a disparu), ressources naturelles…

L’eau douce dont l’essentiel est stocké sous forme de glace ou de neiges éternelles ne représente que 2,5% des réserves d’eau de la planète ; il ne reste que 0,75% d’eau disponible pour la consommation, dont 2/3 consacrés à l’agriculture. L’eau est une de nos ressources les plus précieuses et les plus menacées ; plus d’1 milliard ½ d’humains n’y aura pas accès d’ici 2030 ; pénurie qui concerne également les régions où il pleut trop ; la part de la population mondiale en situation de stress hydrique passera de 40 à 60% en 2020.

Outre le changement climatique, les principales limites planétaires transgressées concerne le changement d’usage des sols (il faudrait conserver 75 % de couvert forestier, aujourd’hui il est estimé sur la planète à un peu plus de 60 %) et la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore assurant la fertilité des sols agricoles (utilisation excessive d’engrais, effluents des exploitations animales …) et il en va de même pour l’érosion de la biodiversité, menacée sur terre comme en mer du fait des pollutions, du réchauffement climatique et des  prélèvements excessifs dus à la pêche intensive. Comment tenir compte de l’irréversibilité et évaluer son cout pour la planète ?

 

Le Développement Durable, une matrice qui s’impose à tous  

Pour les socialistes, il n’est plus question de sous traiter la problématique environnementale ou de « verdir » un discours de portée « généraliste ». L’urgence environnementale est la matrice qui s’impose désormais à tout projet politique dont l’ambition est de transformer la société aujourd’hui et demain : sur les enjeux (ils sont vitaux pour l’espèce humaine), le périmètre (la planète) mais aussi les contraintes (cumulatives et irréversibles).

Définir un nouveau modèle de croissance

Nos pays se sont développés sans se préoccuper du coté périssable des ressources consommées et des conséquences des émissions de Gaz à effet de serre (GES); plusieurs phénomènes se télescopent : impact cumulatif des émissions de GES, développement des pays émergents désirant accéder au mode de vie « occidental », poussée démographique la terre comptera en 2050, 10 milliards d’habitants et beaucoup plus de pays développés.

Si l’idée d’une croissance exponentielle infinie a constitué jusqu’à aujourd’hui un moteur puissant, elle est révolue ; cependant Les caractéristiques de la planète ne sont pas celles de l’économie, une croissance peut être qualitative, et ses limites sont plus « intellectuelles » que « physiques ». Un autre mode de croissance, respectueux de la planète et des plus fragilisés favorisant l’émergence d’une économie durable est possible. Il peut contribuer à nous permettre de retrouver sens, optimisme en l’avenir et perspectives d’aller enfin vers des horizons plus sereins …

Assurer la transition énergétique

La politique énergétique, caractérisée par l’omniprésence des énergies carbonées entre dans une nouvelle phase : diminution des stocks sédimentaires facilement accessibles, contraintes liées à l’exploitation des nouveaux gisements, conventionnels ou non. Conséquence, le prix de l’énergie augmentera dans les prochaines années comme les émissions en GES. Nous devons reconsidérer notre politique énergétique pour des raisons économiques, sociales, géo politiques et environnementales, en privilégiant deux pistes : la sobriété et le mix énergétique.

Renforcer notre sobriété énergétique

L’énergie la plus écologique est celle que l’on ne consomme pas. Plus le pays investira en ce domaine, plus il économisera et moins il émettra de GES. Agir donnera des résultats concrets à court, moyen ou long terme, tant localement que globalement ; autant de raisons qui en font le préalable à toute politique énergétique.

Le bâti : Le secteur résidentiel et tertiaire produit plus de 20% des émissions globales de GES provenant principalement du parc ancien, énergivore. Vu son faible taux de renouvellement (1 % l’an), la priorité est la rénovation des vieux logements. Les raisons en sont également sociales, de nombreuses familles fragilisées y vivent, dont beaucoup en situation de précarité énergétiqueet dans l’incapacité de financer toute rénovation.

La réflexion doit dépasser le seul bâti et porter également sur l’organisation urbaine  (habitat bio climatique, intensité urbaine) afin de rendre la ville désirable et l’associer à l’idée d’épanouissement individuel ou collectif (architecture, place de la nature, qualité des espaces publics). L’efficacité énergétique d’un territoire se doit d’être abordée globalement : énergie grise des matériaux utilisés, cycle de vie après utilisation (recyclage, énergie renouvelable), usages de la ville …Les avancées de la domotique, des objets connectés ou de l’analyse des données étant autant d’opportunités pour améliorer la maitrise de l’énergie, coté consommateurs et fournisseurs (capacités prédictives de production…). 

Les mobilités : La capacité de se déplacer constitue un marqueur social et territorial. Si pour l’habitant d’une métropole se déplacer ne présente aucune difficulté, pour d’autres cela s’apparente à un parcours du combattant quotidien, énergivore, dispendieux en temps, stress et émissions de GES ; le transport en est le 1er secteur émetteur (prés de 30%). L’essentiel en provenance de la route (90%, 57% pour les seuls véhicules particuliers).

Développer l’utilisation des transports en commun dans tous les territoires, surtout là où ils sont le plus déficients (péri-urbain et rural) constitue une priorité qui nécessite la mise en place de solutions innovantes, souples, intégrées, interopérables permettant à l’usager de passer d’un mode de transport à un autre sans difficulté. Il est indispensable de greffer aux réseaux ferrés structurants, système centralisé de transport de masse (aux lourdes infrastructures à mettre en place et entretenir), des éco systèmes locaux adaptés à chaque territoire allant au plus prés du domicile (« le dernier kilomètre ») ; nos concitoyens consommant la mobilité de plus en plus comme un service, aujourd’hui de plus en plus, « l’usage vaut possession ». Il faut mettre en place une gouvernance efficiente et réactive qui s’affranchit des périmètres (commune, intercommunalité, région) en lui substituant une approche « réseau » permettant de fluidifier la chaine de décision, de traiter l’ensemble de la problématique, de l’amont à l’aval. Pour le transport des marchandises, il est impératif également de s’engager dans le ferroutage et le transport fluvial en créant de véritables « backbones » innervant les grands axes structurants européen.

Les mobilités sont aujourd’hui, en partie, virtuelles ! L’économie numérique permet de limiter les déplacements physiques lors des heures de pointe. Il est nécessaire d’aménager le droit du travail, de faciliter de nouvelles pratiques professionnelles (travail à distance), de déployer les infrastructures nécessaires au développement des usages numériques les plus innovants (« tuyaux » et nœuds ou « synapses » : tiers lieux, fab labs …) afin de faire bénéficier du dividende numérique tous les territoires, sans exclusive.

Agir localement en pensant global : Le GIEC considère que la majorité des mesures de lutte contre le changement climatique doit être «mise en œuvre à l’échelon infranational» par des acteurs locaux, dont les collectivités : émissions de GES directes, politiques mises en œuvre (habitat, d’aménagement, urbanisme, transports), capacité à inciter d’autres acteurs à agir.Toute stratégie territoriale contre les émissions de GES devra être pilotée par un opérateur régional puis déclinée localement afin de s’adapter aux différents contextes (territoire, réseau de transport…).

La gravité de la situation nous impose d’être « en anticipation » et non plus en «réaction » en intégrant différentes échelles de temporalité, le présent étant directement connecté au futur proche ou lointain. Deux objectifs prioritaires : diminution massive et urgente des émissions de GES, adaptation au réchauffement climatique.

Constituer un nouveau mix énergétique

La hausse de la demande énergétique, la raréfaction des ressources, les aléas liés aux variations de prix du pétrole ou du gaz, les conséquences du changement climatique constituent de vraies tendances de fond. Chaque nation dispose de son propre mix énergétique qui évolue au fil du temps et des évènements ; notre mix repose principalement sur le pétrole, le gaz et l’électricité d’origine nucléaire. Cette dernière permet à la France de produire l’essentiel de son électricité sans émission de gaz à effet de serre et à un prix défiant toute concurrence ; mais l’atome étant l’énergie du temps long, ce prix ne prend pas en compte la maintenance, le stockage des déchets radio actifs, le démantèlement des centrales nucléaires. Notre système énergétique est composé d’infrastructures sophistiquées aux réseaux de distribution centralisés de type descendant (« top down »), et privilégie deux principes : l’effet volume, le concept de consommateur passif.

Le prochain mix énergétique sera en rupture totale ; organisé en réseaux inter connectés, proche des producteurs d’énergie, usagers et territoires, basé sur une production d’énergie décentralisée alimentée par des « éco systèmes » locaux (« passer d’une économie pastèque à une économie groseille » selon l’expression de P. Radanne), il privilégiera les énergies renouvelables et sera en capacité de recevoir l’énergie produite comme de la distribuer grâce à des réseaux intelligents. Il s’agit dans un cadre contraint, de privilégier une approche décentralisée et circulaire  qui repose sur les potentiels locaux : émergence de filières courtes, mise en place d’un bouquet énergétique d’énergie « intermittentes » (solaire, éolien) et régulières (hydraulique, biomasse, géothermie, méthanisation…). Cette politique doit se poursuivre dans la durée afin d’éviter tout effet d’aubaine ou bulle spéculative et favoriser la mise en place de filières pérennes.

Deux principes à appliquer progressivement : abandon des énergies carbonées (refus d’exploiter gaz et huiles de schistes…), limitation de la dépendance au « tout nucléaire », principe prudentiel anticipant les conséquences qu’une nouvelle catastrophe de type Fukushima aurait sur la législation européenne.

Développer l’économie verte

La qualité et la diversité de ses espaces naturels maritimes, montagnards, agricoles ou forestiers et la richesse de ses ressources font de la France une véritable terre d’opportunités pour l’écologie. Ces facteurs contribuent à l’émergence d’un nouveau modèle économique, plus en phase avec les exigences du temps : réchauffement climatique et révolution numérique.

Il serait cependant réducteur de limiter cette mutation à ces seuls domaines, tant l’économie verte porte en elle les germes de nouveaux modes de production et consommation bâtie autour de tendances sociétales de fond : économie circulaire (circuits courts, analyse de cycle de vie, valorisation des déchets), mutation d’une économie de produit vers une économie de la fonctionnalité qui valorise l’usage à la possession et révolution numérique qui « colonise » tous les secteurs d’activités avec pour principaux moteurs de croissance : objets connectés, exploitation des données (big data).

Une nouvelle géographie économique émerge, à la fois planétaire et locale, car l’économie circulaire est liée à une approche territoriale contextualisée.  Il est vital de mettre en place une stratégie industrielle qui privilégie la création locale de valeur ajoutée, la qualification d’une main d’œuvre non délocalisable, qui s’appuie sur les potentiels des territoires et la préservation de nos ressources naturelles grâce au développement des circuits courts, à la mise en place d’écosystèmes économiques locaux, à l’accompagnement de « jeunes pousses » et filières émergentes axées sur les potentialités proposées par la transition énergétique et le numérique.

La recherche et le développement sont des secteurs absolument stratégiques qui doivent faire l’objet d’un véritable engagement européen ; dans les domaines clés liés directement à la question énergétique (sources d’énergie, stokage, « smarts grids ») mais aussi et surtout à ses conséquences : adaptation au réchauffement afin notamment afin d’en limiter les conséquences dramatiques pour les habitants ou la planète.

Autre axe d’action, le dividende territorial. Devant une planète soumise aux aléas climatiques, la faculté de résilience des territoires constitue un avantage déterminant : qualité et efficience des infrastructures, formation des habitants, stabilité et dynamisme de la vie démocratique et sociale, autant de paramètres dont les entreprises tiendront de plus en plus compte.

Le village mondial est un ensemble d’éco systèmes interconnectés, inter opérables et le plus souvent convergents, réalité systémique qui s’est imposée et explique l’ampleur et la vitesse de prolifération des crises successives, toutes planétaires. L’économie ne se limite pas aux seuls facteurs de production, elle est soumise à la combinaison d’autres facteurs qui contribuent à réduire délais décisionnels, aléas, incertitudes, ou points de conflit potentiels (transaction sociale).

Placer la dimension sociale au cœur de la démarche environnementale

La question sociale est au cœur des préoccupations environnementales, les inégalités dépendent principalement du territoire dans lequel l’on vit. Les ressources naturelles étant de plus en plus limitées, les problématiques liées à leur accès ou à leur répartition sont cruciales, le réchauffement climatique touchant principalement les régions et populations les plus défavorisées.

Au niveau national
L’époque des « trente glorieuses » est révolue, une réalité douloureusement ressentie par beaucoup : croissance, promotion sociale et redistribution deviennent peu à peu de lointains souvenirs.
Nos concitoyens se replient sur eux mêmes, devenant plus individualistes, et le pays se transforme en société de la défiance qui peine « à faire corps ».

Cette situation risque d’empirer vu les contraintes liées au réchauffement climatique et aux modes de vie. Il est urgent de (re)construire un modèle social qui soit en phase avec la France de 2015, adapté aux contraintes du présent comme à celles d’un futur proche, le changement climatique n’étant pas la moindre.

La fracture territoriale se double d’une fracture sociale qu’amplifient les contraintes liées à la vie quotidienne ; beaucoup de familles ont le sentiment d’être « laisser pour compte », abandonner, déclasser, elles ressentent l’écologie aujourd’hui comme une inégalité supplémentaire, pourtant la précarité énergétique concerne près de 11% des Français. Il faut agir et vite, tant les conséquences du changement climatique se fond déjà sentir, retisser le lien social aujourd’hui distendu et le placer au centre de nos politiques.

Le « vivre ensemble » n’est pas un du, encore moins un automatisme. L’égalité théorique « factice » d’aujourd’hui qui externalise risques, incertitudes et aléas sur les populations fragilisées, doit être remplacée par une équité concrète, construite « non de manière transcendante, mais de façon immanente, du bas vers le haut » (P. Dubet). Il en va du devenir de la cohésion sociale politique du pays. Le discours politique ambiant est discrédité, démonétisé car déconnecté de la vie réelle, de plus en plus considéré par nos concitoyens comme une posture rhétorique voulant masquer une iniquité sociale et territoriale croissante.

Toute démarche écologique doit être sociale avant toute chose, afin de permettre à tous, surtout aux plus fragiles, où qu’ils vivent, de se projeter positivement dans un avenir qu’ils soient en capacité d’atteindre réellement.

Au niveau planétaire
La question environnementale est par nature globale : les pollutions s’affranchissent des frontières et le changement climatique concerne l’ensemble du village mondial. La planète est un patrimoine commun à l’humanité, aux générations actuelles comme à celles à venir,  nul n’en est le propriétaire exclusif et chacun doit être en capacité d’y avoir accès. Si les pays riches transfèrent nuisances et pollutions aux pays pauvres afin de limiter les émissions planétaires de GES, ils freinent leur développement, unique moyen pourtant pour ces populations d’accéder à un niveau de vie simplement décent.

Comment rendre ce monde plus équitable ? Aujourd’hui, chaque pays définit ce qu’il tient pour juste, selon ses frontières, sa culture, son histoire, ses valeurs, ses lois ou son contexte politique. Nos sociétés se sont transformées peu à peu en « société du risque » ; la  généralisation et la nature des risques rencontrés transcendent les sphères nationales et brouillent les repères sociaux, spatiaux et temporels. Un gouvernement seul ne peut combattre le terrorisme, le dérèglement climatique ou une catastrophe financière.

Le changement climatique est global ; si pour certains une justice globale mondiale n’a pas de sens, l’unique réalité concrète étant celle de l’état, pour d’autres la planète est un patrimoine commun à partager. Une opposition entre « citoyens d’un pays » et « citoyens du monde » trop manichéenne. Si une gouvernance unique au niveau mondial ne semble ni réaliste, ni atteignable, il est impératif de mettre en place des instances de régulation dépassant le seul cadre national. L’Europe peut et doit y contribuer.

Nos destinées sont liées, les choix de vie des plus riches influent directement et indirectement le devenir des plus pauvres. Cette situation ne peut durer, sous risque de rendre le monde invivable face à la multiplication de problèmes qui se multiplieront : phénomènes climatiques extrêmes, pandémies, mouvements migratoires incontrôlés, terrorisme, conflits environnementaux et régionaux, pollutions.

Restaurer la confiance et redonner de l’espoir

La crise économique que nous traversons ne suffit pas à expliquer les fractures de notre société : nous vivons une crise de confiance, une véritable crise de valeurs ; c’est pourquoi plus que jamais, partager des références communes est essentiel. Des références qui constituent autant de balises indispensables face à un monde en turbulence et de refuges devant la crainte du déclassement et la peur de l’avenir.

Du sens et de la solidarité
Nous vivons dans une société de la connexion généralisée où chacun est en permanence connecté. Pour un m

L’après Charlie

charlie-1.jpgLes évènements dramatiques de ces dernières semaines ont frappé de plein fouet notre pays ; des femmes et des hommes ont été assassinés parce qu’ils symbolisaient la liberté d’expression, la défendaient, ou du fait de leur appartenance religieuse, ce qui est intolérable.

Les français ont su réagir, retrouvant leurs réflexes républicains et le sens des valeurs communes à défendre, quelque soit leurs opinions politiques ou leurs confessions.
La communauté nationale a fait bloc, elle sort plus forte et unie d’un tel drame, une unité  à mettre au crédit du chef de l’état et du gouvernement qui ont eu les gestes qu’ils fallaient et les mots justes,  ni surenchère, ni effet de manche superflu. Nos concitoyens se sont levés massivement pour dire non à la haine, aux anathèmes, à l’obscurantisme et oui aux libertés.

Notre responsabilité désormais est d’agir collectivement pour que cette véritable ferveur citoyenne ne retombe comme un soufflet, à l’image de celle de la France réunie fêtant la victoire de l’équipe « Black blanc, Beur » de 1998.

Chacun cependant mesure que plus rien ne sera désormais comme avant, aussi nous devons absolument apporter des réponses concrètes aux questions de fond que soulèvent cette tragédie : ici et ailleurs …
La menace extérieure est bien réelle; notre pays est présent au Moyen Orient et en Afrique pour combattre aux racines l’Etat Islamique afin d’éviter une véritable pandémie. Cet objectif impose une nouvelle grille de lecture géo politique (vis à vis de l’Iran, de la Turquie ou de la Russie) tant l’implosion de pays comme la Lybie, l’Irak ou Syrie bouleverse toute la Région, et constitue une véritable poudrière… L’engagement militaire des français participe à la protection de toutes les démocraties notamment européennes,  il serait bon que Bruxelles en tienne compte dans son calcul de notre déficit budgétaire.

Plus que jamais la vigilance s’impose. L’Etat Islamique reprend à son compte les codes du « Choc des civilisations » (Huntington) et s’en sert pour frapper les opinions publiques occidentales : mises en scène macabre des «exécutions», attentats, crimes et exactions contre tout ce qui près ou de loin symbolise la culture.
Pour eux abattre les artistes, les intellectuels, c’est aussi abattre la pensée, la création, le libre arbitre, c’est éteindre les lumières de l’esprit par la terreur et l’intimidation pour la remplacer par l’obscurantisme totalitaire.

Dans quel but ?

 

 

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L’intention de l’état islamique est double : internationaliser le combat pour prendre le leadership des djihadistes (notamment vis vis d’Al Qaïda) et miner nos sociétés de l’intérieur en jouant sur leurs et les communautarismes.
Une véritable guerre planétaire asymétrique ; le nombre de jeunes européens partant faire le  djihad se comptabilise en milliers, réalité qui impose d’adapter nos dispositifs de sécurité et de renseignement en moyens humains, logistiques et règlementaires mais aussi en coordination internationale. Le paradoxe est quasi schyzophrénique mais résume tout l’enjeu démocratique. Nos états doivent assurer la sécurité de leurs citoyens, sans pour autant brider leurs libertés. La démocratie est une éternelle tension entre liberté et sécurité. Les USA de Bush ne sont pas sortis grandis du Patriot Act et de Guantanamo !

 

Mais la menace est malheureusement aussi intérieure. Les trois terroristes qui ont commis ces atrocités étaient français, comme Mohamed Merah. Leurs parcours respectifs sont révélateurs des fractures du pays, aussi abominable que cela soit, ces assassins sont  le produit de notre société.
Constant difficile qui ébranle les fondements mêmes de la communauté nationale ; le « vivre ensemble » est une réalité fragile à préserver et à protéger, il ne se décrète pas mais se construit tous les jours et ne peut se réduire à  une posture théorique ou simplement rhétorique.

Nous devons préciser quel contenu concret donner à quelques concepts clés afin qu’ils ne restent pas lettre morte ou ne deviennent des mots valises sans fond. Nous devons également nous interroger sur nos relations à toutes les religions, mais aussi  les interpeller si nécessaire (et il y a nécessité) sur leurs rapports à la laïcité.
Nous devons, enfin et plus que tout, proposer aux jeunes générations de réelles perspectives afin qu’elles sachent quel sens donner à une société qui en manque cruellement  …