Je suis soulagé , comme des millions de français, considérant que le pays a échappé au pire, mais jusqu’à quand ?
Il faut saluer toutes celles et ceux qui se sont mobilisés pour faire barrage à l’extrême droite, suite à une dissolution irresponsable qui aurait pu précipiter le pays dans une situation dramatique aux multiples conséquences, du fait de la décision irréfléchie d’un seul homme.
Nous avons collectivement surmonté cette épreuve démocratique grâce à deux faits majeurs : la mobilisation exceptionnelle des électeurs et un front républicain qui a tenu. Ce front républicain ne peut être assimilé à une quelconque adhésion aux programmes des diverses formations politiques présentes au second tour, mais au rejet clair est net du rassemblement national.
Autre élément à prendre en considération, l’assemblée issue des urnes est divisée en trois grands blocs partageant une même spécificité, aucun ne détient la majorité absolue.
Conséquence : nul ne peut faire voter une loi sans l’accord d’une des deux autres composantes. Cette situation impose, ce que n’a pas su ou voulu faire la majorité précédente, d’obtenir des compromis. Cette réalité s’impose à tous
S’il est évidemment logique et légitime que le futur Premier Ministre soit issu(e) de la gauche, il doit tenir compte, avec humilité et esprit de responsabilité de ce contexte particulier : le succès électoral est dû au front républicain (cf les résultats du 1er tour et ceux des européennes pour ceux qui en douteraient) et l’obligation d’avoir des majorités pour faire voter les lois de son gouvernement.,Une autre réalité se profile également et qui se rappellera à tous : la situation économique, sociale et budgétaire du pays.
C’est pourquoi j’ai été, comme beaucoup de français, surpris par les déclarations des leaders des formations du Nouveau Front Populaire, excepté André Gluksman qui ont déclaré faire fi de ces réalités et vouloir appliquer « le programme », « rien que le programme » , « tout le programme » … Rappelons tout de même que ce dernier a été conçu en trois jours suite à l’annonce de la dissolution et à une campagne des européennes (durant laquelle, chacun a fait connaitre ses différences), vu le « délai » plus que resserré imposé par le Président.
Attitude très proche de fait, de celle d’Emmanuel Macron « oubliant » au second tour de l’élection présidentielle de 2022 que les votes qui avaient permis sa réélection n’étaient pas des votes d’adhésion à ses réformes (retraites, assurance chômage, immigration …) mais bien le rejet explicite de Marine Le Pen.
Il est essentiel que chacun soit à la hauteur de la situation et des enjeux pour le pays, sinon le pire est à craindre dans les prochaines semaines, d’autant que le vote des 9 millions de français qui se sont exprimés, en connaissance de cause, pour l’extrême droite n’est pas une fatalité mais doit tout de même être pris en compte.
Nous devons absolument les convaincre qu’une autre voie est possible.
Il nous faut apaiser le pays, brutalisé par des réformes venues d’en haut, imposées sans concertation ni dialogue et le réconcilier avec lui même.
Il faut s’adresser à tous les territoires, sans exclusive, surtout ceux dits « périphériques », les espaces ruraux et péri urbains.
Les élus locaux le savent bien, car en première ligne, en relation directe avec leurs habitants, et pour tout dire les résultats du 1er tour ne les ont guère surpris. C’est aussi pour cela qu’ils étaient si inquiets.
Le futur gouvernement devra aborder les problèmes du quotidien, les traiter en priorité (l’accès aux soins et aux service publics, l’éducation, la sécurité … ) et accompagner les transitions que le pays se doit de surmonter qu’elles soient numériques, écologiques ou climatiques.
Il devra le faire en concertation, en s’appuyant sur les acteurs du terrain, en veillant à ne pas cliver et opposer les français, ce qui fait le jeu et le lit de l’extrême droite, mais en fédérant les uns et les autres.
Cela commence à l’assemblée.