Depuis 1962, le scrutin présidentiel constitue la « mère de toutes les élections » et détermine le cap du pays pour les cinq prochaines années avec des incidences directes très concrètes sur la vie quotidienne de chacun d’entre nous .
Encore faut il pour se positionner en connaissance de cause pouvoir choisir un projet permettant de répondre aux enjeux que devra relever le pays pour les cinq ans à venir.
Il est regrettable que trop de nos politiques ne soient pas à la hauteur de ce rendez vous avec l’histoire et les français. Comment le préparer décemment en seulement quelques semaines et limiter ses propositions à de vagues slogans, quelques truismes ou idées générales ?
Toute alternative pour être crédible doit reposer sur une alliance politique et un programme de gouvernement, tant l’importance de ce scrutin exige de rassembler et fédérer énergies et talents en amont autour d’un projet mobilisateur commun plutôt que de se diviser sur l’accessoire.
Si dans nos vies « l’essentiel est sans cesse menacé par l’insignifiant », il est dommageable que le débat politique ces dernières années se soit concentré sur l’insignifiant et les questions d’égo de seconds couteaux en mal de notoriété se rêvant calife à la place du calife. L’essentiel semble trop souvent aux abonnés absents, considéré apparemment comme une « inaccessible étoile » ou quantité négligeable.
Bâtir une alternance crédible et sérieuse impose un travail collectif de fond et une analyse globale de la société et du monde, nécessite écoute, respect et dialogue plus collaboratif qu’itératif. Il faut identifier à la racine les manques et besoins du pays, de ses habitants, comme les potentialités et leviers en présence, prendre en compte les conséquences de l’évolution du monde et de la planète qui influent nécessairement sur l’hexagone. Sans oublier les transitions auxquelles le pays fait face et les fractures qu’elles provoquent, climatiques, énergétiques, numériques, démographiques, alimentaires, territoriales ou sociales.
Face au retour du tragique dans l’histoire, l’essentiel s’ invite de nouveau et brutalement au centre des préoccupations des français et du débat politique. Les calculs politiciens à la petite semaine, les états d’âme de quelques donneurs de leçons riches de leurs seules certitudes, apparaissent soudain surannés, décalés et totalement déconnectés de l’urgence et du monde réel.
L’essentiel se rappelle à nous, et avec gravité : crise sanitaire, accélération du réchauffement climatique et guerre en Ukraine, ici même en Europe.
Que nous le voulons ou non, le désirons ou pas, un nouveau monde émerge, c’est ainsi. Ce contexte nous place face à nos responsabilités individuelles et collectives. Nous vivons une période de « métamorphose » qui impose de bâtir des perspectives d’avenir avec les repères du monde d’aujourd’hui, dont le doute; non avec ceux du monde passé, basés sur des certitudes dépassées. Notre société devenue complexe doit être traitée comme telle.
Si l’homme de gauche que j’étais, suis et serais demain encore, soutiens aujourd’hui la candidature d’Emmanuel Macron, ce n’est pas par défaut mais bien par conviction, sur la base d’une analyse politique et d’une réflexion de fond, que je tiens à partager.
J’ai la parole d’autant plus libre et libérée, que je n’ai jamais transiger sur mes valeurs et refusé jusque là de rejoindre la majorité gouvernementale, y compris si j’avais soutenu la candidature d’Emmanuel Macron en 2017. J’ai gardé distanciation et regard critique sur l’action des gouvernements Philippe et Castex, ce blog s’en faisant régulièrement l’écho …
Je soutiens cependant la candidature d’Emmanuel Macron, en européen convaincu, en élu local d’une petite ville péri urbaine, en homme de gauche appellant de ses vœux une refondation de l’offre politique sociale-démocrate (cette dernière nécessitant le préalable de « comprendre le réel »pour tendre vers l’idéal), mais plus simplement comme un citoyen lambda plaçant au premier plan de ses préoccupations, ainsi que nous y invite dramatiquement et malheureusement l’actualité, l’essentiel.
De l’Europe
Dans ce monde globalisé, réel ou virtuel qui ne nous attend pas, il nous faut, et faudra encore plus demain, défendre notre culture, les valeurs républicaines que nous partageons, sans doute également une partie de notre identité. Nous devrons porter l’idéal européen et démocratique qui est le notre car si « la France est notre nation, l’Europe représente notre avenir ».
Force est de constater que paradoxalement et tragiquement, Trump et Poutine auront plus fait pour construire « l’Europe puissance » que quiconque ces dernières années. L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe constitue un point de non retour qui exige des réponses à la hauteur de la gravité d’une agression intolérable et inacceptable. Des réactions qui ne seront pas sans conséquence sur nos vies quotidiennes.
Il ne faut plus que « les pacifistes soient à l’Ouest et les missiles à l’Est » mais agir pour que l’Europe soit respectée, et mettre en place les conditions de nouveaux rapports de force afin qu’émerge enfin une véritable souveraineté européenne.
Si la pandémie a souligné nos dépendances logistiques et numériques, la guerre en Ukraine pointe tragiquement nos dépendances énergétiques et militaires auxquelles nous devons collectivement apporter des réponses concrètes, urgentes, qui n’oublient pas de tenir compte de l’accélération du réchauffement climatique.
Il faut saluer l’action de la Commission Européenne en ces domaines, celles de pays comme la France, l’Allemagne ou l’Italie. Nous n’avions jamais obtenu jusque là autant de résultats concrets. En quelques mois, l’Europe a pris une nouvelle dimension, notamment dans les domaines où se jouent et se joueront les souverainetés de demain.
Européen convaincu, par mes convictions et mon histoire familiale, du fait des liens d’amitié noués toutes ces années avec nos villes jumelées et amies, qu’elles soient allemande, hongroise ou italienne, je mesure la qualité de l’action européenne initiée depuis ce quinquennat et à laquelle Emmanuel Macron a contribué. Elle commence à porter incontestablement ses fruits aujourd’hui.
Des territoires
La verticalité initiale, la défiance envers les corps intermédiaires exprimée par Emmanuel Macron au début de ce quinquennat, que ce soit avec des syndicats comme la CDFT ou les élus locaux, une certaine arrogance également et quelques maladresses ont contribué à allumer l’étincelle qui a provoqué la crise sociale des gilets jaunes. Séquence qui reconnaissons le augurait mal de la suite. Cependant en prolongement au Grand Débat, les choses ont peu à peu évolué et une nouvelle conception de l’action publique territoriale, bien plus disruptive, a émergé.
L’alpha et l’oméga que représentait jusque là le « very big is beautiful » (intercommunalités XXL, métropoles, très grandes régions) aux yeux des gouvernements précédents a démontré toutes ces limites sur le terrain au moment de la crise sanitaire et du confinement.
Le retour au réel a souligné l’efficacité et l’utilité de l’action publique de proximité, tant au niveau des solidarités que des dynamiques initiées. Nous avons vu émerger progressivement de « nouveaux acteurs » comme l’Agence Nationale de Cohésion des Territoires, la Banque des Territoires et apparaitre des dispositifs aussi disruptifs qu’ « Action Cœur de Ville » et « Petites Villes de Demain » co construit avec les associations d’élus.
Je peux à titre personnel témoigner de la qualité du dialogue noué avec des Ministres et leurs équipes comme Jacqueline Gouraux, Amélie de Montchanin, Emmanuelle Wargon ou Cédric O pour ce qui concerne le numérique. Nous pouvons parler réellement de co construction.
La nouvelle approche plus systémique et collaborative de problématiques autrefois abordées verticalement en mode descendant / condescendant et par silo, apparait comme adaptée aux enjeux et à la complexité des situations rencontrées. Celle initiée sur la transformation numérique des territoires et du pays par exemple, enfin centrée sur le traitement des causes, qui n’oublie pas d’agir cependant sur les conséquences, pourrait être déclinée pour traiter des problématiques aussi aiguës que celle de la santé notamment.
Élu local de cette France périphérique trop souvent ignorée et méprisée, maire d’une petite ville, très impliqué et mobilisé sur les problématiques liées aux transitions que notre société se doit de relever, qu’elles soient sociales, environnementales et numériques, j’ai la conviction que l’action publique territoriale commence par nos collectivités. Elles se doivent d’être agiles, innovantes, numériques. La nouvelle approche initiée par Emmanuel Macron en matière d’action territoriale m’apparait constituer une belle promesse pour construire des territoires plus solidaires, collaboratifs, résilients et circulaires.
De la gauche de gouvernement à reconstruire
Au fil de mes responsabilités politiques, j’ai mesuré l’écart, puis la déconnexion totale, entre les états-majors nationaux parisiens de partis politiques qui se rétrécissent comme peau de chagrin, et le monde réel.
Conséquence évidente d’un entre soi qui isole, assèche, appauvrit, éloigne de la réalité du terrain et des priorités de ceux qui y vivent, d’un « effet bulle » dont on mesure aujourd’hui à chaque élection les conséquences.
Tant et tant ont fait carrière toutes ces années sans mettre un pied dans la vraie vie, celle que partage au quotidien la majorité de nos concitoyens, notamment dans les territoires les plus éloignées, considérés trop longtemps comme invisibles, .
A trop confondre insignifiant et essentiel, à se tromper d’adversaire depuis cinq ans, à remplacer le débat d’idée par la guerre des petits égos, la vague par l’écume, à oublier fondamentaux, fondations et identité au profit d’alliances plus que discutables sans lendemain, à ne pas travailler en profondeur analyses, propositions et projet, on récolte au final ce que l’on a semé et le réveil peut être violent.
Au-delà des discours, des envolées lyriques des grands soirs de quelques phraseurs en mal d’auditoire, des effets de tribune ou la posture rejoint trop souvent l’imposture, rappelons que « changer la vie » nécessite le préalable pour être en capacité réelle de pouvoir le faire réellement et concrètement tout d’abord et simplement de la connaitre.
Ces héritiers, le plus souvent apparatchiks de toujours, ont dilapidé le capital confiance accumulé durant des décennies :
– par toutes ces générations de militants, humbles, motivés non par leur plan de carrière mais par un engagement politique au service de vrais idéaux, animés par le sens du débat d’idées, du collectif et du respect que l’on se doit entre camarades,
– par ces élus locaux semant et cultivant leur sillon sans relâche, jour après jour, donnant toutes ses lettres de noblesse au mot « populaire » et qui ont tant fait pour les solidarités de proximité, le lien social, l’accès à la culture et les dynamiques territoriales de et dans nos villes et villages …
Il faudra que la gauche reconstruise une alternative politique crédible, en rassemblant autour d’un projet de société issu du terrain, améliorant concrètement le quotidien de ceux qui y vivent, mais surtout qu’elle soit en capacité de proposer des perspectives claires autour d’un développement solidaire responsable et d’une société qui innove, émancipe et inclut, ouverte au monde et à l’Europe .
Du simple citoyen que je suis
Jamais depuis la seconde guerre mondiale, la situation de la France, de l’Europe et de la planète n’auront été aussi critiques. L’élection présidentielle dans ce contexte, atteint une nouvelle dimension, ce que nos compatriotes mesurent.
Il savent, ou pressentent, que les cinq années qui viennent sont et seront déterminantes à plus d’un titre et non seulement pour cette génération, qu’il nous faudra effectuer des choix difficiles qui inévitablement impacterons notre quotidien.
Qu’on apprécie ou non Emmanuel Macron, que l’on considère son bilan comme « pas assez » ou « un peu trop », à minima contrasté, à chacun de se positionner. Je n’oublie pas que durant la pandémie, durant le « quoiqu’il en coute », durant la gestion de la crise ukrainienne, il a fait le job.
La nouvelle donne internationale ne sera pas sans conséquence sur la vie quotidienne de chacun, d’autant que l’accélération du réchauffement climatique aggrave un tableau déjà dramatique. Si nous devrons à titre individuel et collectif effectuer des sacrifices, autant que le capitaine soit à la hauteur des enjeux pour arriver sinon à bon port du moins ne pas nous abimer en mer.
La question du prochain scrutin est de cet ordre. Qui devons nous placer à la barre par gros temps et avis de tempête signalé. Cela fait peut être un peu bateau, ou effet drapeau dirait les sondeurs, mais c’est la question essentielle qui se posera à chaque citoyen dans l’isoloir.
J’ai la conviction que cela passe par un choix clair pour cette élection, celui d’Emmanuel Macron.