Ce samedi 18 septembre j’ai eu la trés grande joie d’accueillir en gare de Trilport, une des cinq nouvelles rames équipant désormais la ligne autrefois sinistrée « La Ferté Milon / Meaux » avec à son bord de nombreuses personnalités (voir vidéo) de la SNCF et du monde politique, dont Jean Paul Huchon, venus pour inaugurer ces nouvelles rames.
Ne jouons pas les modestes, j’ai particulièrement gouté ce moment, tant je l’ai attendu et souhaité. Cette inauguration est le fruit d’une mobilisation exemplaire des usagers, je pense surtout à l’association AOUT, de quelques élus, trop peu à l’époque, dont je faisais partie. Nous défendions une position commune, refuser l’extinction de la ligne de chemin de fer de la Ferté Milon, une mesure que certains décideurs nous présentaient comme une fatalité incontournable.
Je me souviens avec précision d’un fait, vieux de six ans. Le jeune Maire que j’étais (tout juste quelques semaines), menait à l’époque un combat que beaucoup m’annonçait perdu d’avance : l’amélioration des transport en commun sur ce secteur particulièrement sinistré de l’Ile de France.
J’avais à ce titre rencontré les représentants de l’association AOUT, un collectif d’usagers de la ligne, en leur apportant tout mon soutien, vu leurs demandes légitimes: retards plus que fréquents, suppression de train au dernier moment sans information préalable, pannes nombreuses …
AUjourd’hui, heureusement la ituation change, qu’en est il ?
Cette ligne, n’ayons pas peur des mots, était littéralement à l’abandon, avec pour conséquence directe pour ma commune, outre les problèmes liés à la qualité des transports, une recrudescence des voitures d’usagers de cette ligne stationnant à Trilport. Leur nombre constituant d’ailleurs un thermomètre indiscutable de l’état de santé de cette ligne.
Un matin, excédés par les semaines de galère et l’absence de perspective, les usagers ont occupé les voies SNCF en gare de Trilport, bloquant la circulation de cet axe essentiel du réseau Est. Ils n’ont accepté finalement de ne lever ce blocage que contre la promesse d’une entrevue immédiate dans le bureau du Sous Préfet, en ma présence. Demande qui m’avait particulièrement touché à l’époque, car reconnaissant de fait ma mobilisation sur ces questions. Lors de l’entrevue j’avais souligné à l’autorité préfectorale comme aux représentants des transporteurs qu’il était hors de question d’accepter l’abandon de cette ligne et que nous étions mobilisés du coté des usagers.
J’ai rencontré fréquemment ensuite le Président de Région Jean Paul Huchon, qui n’était pas alors encore Président du STIF, afin de lui faire des points réguliers sur la dégradation continue des conditions de transport en grande couronne, notamment sur ce secteur. Je n’oublierais jamais que les premières décisions du nouveau Président du STIF qu’il est devenu courant 2006, ont concerné immédiatement et directement la grande couronne et qu’en quatre ans, les mesures prises par son équipe ont littéralement changé la donne pour le quotidien des usagers (rénovation de quais, de gares, nouveau cadencement multipliant le nombre de train, mise en place de nouveaux matériels roulants …), la vitalité de nos territoires et la lutte contre les gaz à effet de serre, soulignée depuis par le Grenelle II.
je n’ai entendu personne ce samedi, ma parlait de fatalité, mais d’atout pour nos communes, notre territoire, ses entreprises et ses habitants, l’électrification de cette ligne est meme sur les rails …
Cet exemple revêt aujourd’hui une nouvelle dimension. Il démontre la force du politique et d’une volonté collective, lorsqu’elle répond aux demandes légitimes du terrain. Il souligne à la fois l’importance pour nos habitant de l’action politique de terrain, au sens large et noble du terme, de l’engagement financier et décisionnaire des collectivités publiques, au premier rang, la Région et l’intérêt pour la vitalité de nos territoires et de leurs entreprises d’avoir des infrastructures de qualité.
Ces mesures, ne l’oublions pas, ont un cout mais elles constituent de fait un investissement pour notre pays et un atout pour son économie.
Mais ces nouvelles rames ne sont qu’un élément dans une stratégie de reconquête plus globale qui va peu à peu améliorer enfin le quotidien de milliers d’usagers (lire la suite) …
Ces nouveaux trains sont des AGC (comme Automotrices à grande capacité), avec la particularité d’être bi modes : diesel et électrique (à partir de la gare de Trilport, direction Paris). Ces nouveaux matériels circuleront en mode électrique jusqu’en limite d’équipement puis en traction diesel au-delà.
Ces rames proviennent de l’usine Bombardier de Crespin (Nord) et marquent le début du renouvellement de l’ensemble du parc des trains Transilien. Cette dotation constitue une rupture totale avec les pratiques ayant eu cours jusque là envers les usagers de la grande couronne, la SNCF et la Région dotant ces lignes de matériel ancien recyclé.
Cette mise en service est utile également pour l’environnement, les nouvelles rames réduisant considérablement les émissions diesel générées autour de la gare de Paris Est ainsi que sur le tronçon non électrifié de la ligne (- 78% de monoxyde de carbone, – 70% d’hydrocarbures imbrûlés, – 54% d’oxydes d’azote et – 32% de gaz carbonique).
Des mesures qui ont un cout et démontre l’importance pour nos collectivités d’avoir de smoyens financiers pour investir, le coût total des vingt-quatre AGC Transilien (déployé sur l’ensemble des lignes en étant dotée) est de 136 millions d’euros, (le tiers d’un airbus), investissement financé à 65% par la SNCF et à 35% par le STIF.
Cette arrivée met fin à une vraie hémorragie, jusque là encouragée, celle des usagers fuyant la galère de ces conditions de transport indignes.
Cette ligne perdait depuis 2005, du fait de sa mauvaise qualité 50 % des usagers entre Trilport / La Ferté Milon, et était classé au dernier rang des lignes Transilien de toute l’Ile de France (enquête SOFRES). Comme quoi, cette arrivée n’est pas du luxe, n’est pas une dépense inconsidérée mais répond à un impératif absolu.
Elle n’est que le reflet d’un effort sans précédent mené sur la ligne P, grâce à l’action conjuguée du STIF (sur ce sujet la priorité assumée par Jean Paul Huchon vis à vis de la grande couronne est sans équivoque) et de la SNCF dont les services et les dirigeants, il faut le souligner, ont effectué depuis 6 ans une véritable révolution culturelle …
Quelques indicateurs illustrent cette tendance : 6 % de trains supplémentaires depuis juin 2007, une régularité qui devient presque un point fort de la ligne ( 89 % de trains à l’heure en pointe et plus de 90 % des trains à l’heure sur l’ensemble de la journée), deux fois moins de trains supprimés qu’en 2007, notamment sur l’axe Meaux La Ferté Milon où les voyageurs reviennent, des rames dont la capacité totale en voyageurs est plus souvent respectée (1,4% des trains en composition non – conforme contre 2,2% en 2007) et qui tombent moins souvent en panne, 1/4 de pannes en moins sur les rames à deux étages et sur les « petits gris » …
Une tendance qui devrait se confirmer et s‘amplifier dans les prochains mois puisque le plan stratégique d’actions 2012-2015 de la SNCF, grâce à l’arrivée notamment sur la ligne P de la nouvelle automotrice francilienne, vise l’objectif de 93% de régularité des trains pour l’ensemble de la ligne.
L’objectif est ambitieux, mais qui vivra verra … En tout cas la donne a bien changé et ce sont les usagers qui s’en félicitent chaque jour de la semaine … Nous ne manquerons pas de revenir sur la problématique des transports, car il y a tant et tant à faire dans un contexte de raréfaction de l’argent public, que forcement des arbitrages seront à effectuer, notamment avec les projets autour du Grand Paris …
La suite donc, au prochain numéro …
Le détail des 130 M€ d’engagements financiers 2008-2012 :
– Amélioration de l’infrastructure:
- 90 M€ (RFF) pour rénover les lignes de Tournan à Coulommiers et de Gretz à Provins, 2 M€ sur du remplacement de traverses entre Trilport et la Ferté Milon
- 2,1 M€ (SNCF) pour fiabiliser la signalisation et les alimentations électriques sur l’ensemble des axes de la ligne P
- 7,75 M€ (convention SNCF-STIF-RFF) pour accélérer le programme de modernisation de l’infrastructure notamment le système d’espacement des trains entre Villiers sur Marne et Tournan,
– Amélioration de la maintenance du matériel :
- 10M€,financés par la SNCF dans le cadre du plan de relance de l’économie pour moderniser le site de Noisy en créant un bâtiment d’intervention rapide
– Amélioration de l’information et du confort des voyageurs :
- 4,8 M€ sur la sonorisation des gares
- 5,8 M€ pour moderniser la signalétique et le mobilier (normes transiliennes) des gares situées au-delà de Meaux et Gretz
– renforcement de la sécurité
- 9 M€ pour étendre la vidéosurveillance à toutes les gares