Je suis intervenu lors du meeting organisé à Lognes pour les européennes, comme 1er seine et marnais de la liste Ile de France et en 4eme position, ce qui correspond sans doute à un double signal :
– vers la Seine et Marne, véritable Finistère de l’Ile de France : là ou finit la ville-métropole et ou débute, sinon l’Océan, du moins d’immenses espaces agricoles et forestiers, ponctués d’archipels péri urbains ou ruraux, disséminés sur les franges franciliennes … Patchwork de paysages multiples, le « 7.7 » constitue une terre d’avenir pour l’Ile de France, mais condense l’essentiel des défis que l’Europe doit surmonter, aujourd’hui et demain.
– en direction des élus locaux, dont je suis. Une reconnaissance du travail de terrain réalisé dans des conditions de plus en plus difficiles sur des terres de conquête délicates pour la gauche, les dernières municipales nous l’ont rappelé douloureusement.
En première ligne, nous faisons le job, tentant de mettre en musique la partition écrite par des compositeurs n’ayant pas toujours le sens du rythme ou de la mesure, quelquefois même l’oreille musicale !
Notre rôle actuel est de tenter de contenir la détresse sociale qui monte avec les digues de solidarité et de proximité entretenues avec passion mais de plus en plus fragilisées, un message que Bruxelles se doit d’entendre. S’il y a une Europe des villes, il y a aussi, une Europe des champs et du péri urbain, avec des habitants qui y vivent et ont quelquefois le sentiment d’être devenus des laissés pour compte …
L’Europe a toujours eu pour moi une résonnance particulière … Je suis né espagnol, mes parents et grands parents, bergers républicains ayant fuit la dictature franquiste comme tant d’autres … Je suis un Européen « puissance 2″ en quelque sorte !
Elu local, j’ai saisi l’opportunité de mettre cet idéal en pratique, grâce au jumelage de Trilport, la ville dont je suis Maire, avec la ville allemande d’Engen, liée aux villes de Pannonhalma en Hongrie et Moneglia. Des partenariats à l’origine de multiples échanges, qui nous ont permis toutes ces années de ressentir la dimension de nos cultures respectives, la géographie particulière d’un continent qui nous est commun, l’histoire tumultueuse et souvent entremêlée de nos pays depuis des siècles …
J’ai ainsi touché du doigt, en Hongrie notamment, une Europe que je ne devinais pas, bien différente de mes manuels d’histoire et de géographie, située de l’autre coté du mur, du miroir allais je dire. Autant de rencontres qui ont modifié en profondeur ma perception et incité à élargir queljque peu la focale : moins de vérités et plus de doute …
Il est erroné de réduire l’Europe au seul prisme français, l’Europe est une confluence avant que d’être une matrice.
Aussi elle doit s’adresser à tous, y compris à ceux qui s’en sentent exclus, et faute d’exister concrètement «charnellement » l’Europe est aujourd’hui en danger !
Force est de constater que depuis le départ de Jacques Delors, elle est désincarnée, sacrifiée à l’autel des égos des dirigeants nationaux, qui ont mis en place un Barroso pour la représenter ! C’est dire, sur qu’il ne leur fait pas d’ombre …
La « maison commune » est désormais vide et sans âme …
Il lui faut au plus vite de véritables porte-voix, en lieu et place des technocrates qui la symbolisent et la personnifient depuis trop de temps aux yeux de nos concitoyens. Situation que Wim Wenders, le grand réalisateur allemand, a résumé parfaitement
« L’idée européenne est incontestée, mais l’idée est devenue l’administration et les gens prennent l’administration pour l’idée »
Pour nos concitoyens l’Europe doit redevenir l’idée et retrouver souffle et vigueur … Il y a urgence, tant nous avons besoin de passion, de ferveur et de fraicheur,
Mais elle doit surtout avoir un vrai visage, celui de Martin Shulz.
Et ce pour plusieurs raisons …
Du fait de son parcours personnel et politique, Martin Schulz porte le rêve européen qui nous fait tant défaut aujourd’hui. Né 10 ans après la seconde guerre mondiale, au coeur de l’Europe, dans une famille nombreuse et modeste, il a gravi tous les échelons par son travail et sa volonté : apprenti, puis libraire, ensuite Maire durant 11 ans d’une ville jumelée avec Morlaix.
Son engagement politique a amené ce militant de base à devenir député Européen, puis Président du groupe socialiste durant 8 longues années, il y a parcouru le continent et découvert une Europe enfin réconciliée et en paix avec elle même. Il a rencontré tous ses dirigeants, lorsque l’on parle cinq langues c’est plus simple, avant d’accéder à la Présidence du Parlement Européen, responsabilité dans laquelle il a démontré des valeurs qui nous sont communes.
Ses repères sont les nôtres, il compte encore en milliers et non en milliards d’euros, et parle une langue audible de tous, étant issu de la meilleure grande école qui soit, celle de la vie !
Pour l’Europe
Selon Mme Merkel « l’Europe c’est 7 % de la population mondiale, 25 % de la production mondiale et 50% des prestations de sécurité sociale dispensées dans le monde », elle oublie d’ajouter, surtout après les évènements d’Ukraine, que c’est aussi 100% de démocratie »
Comment admettre que l’Union Européenne, forte de ses 500 millions d’habitants, détentrice du plus grand produit intérieur brut du monde, compte 26 millions de personnes au chômage, dont un quart de jeunes, et 120 millions d’habitants vivant au niveau ou en-deçà du seuil de pauvreté ?
Il faut initier une politique européenne de relance pour soutenir croissance et création d’emplois. Nos pays ont besoin d’une Europe qui avance, protège, agit, se batte au niveau international, c’est le sens du Manifesto, le programme adopté par le Parti Socialiste Européen en mars dernier, commun à nos vingt huit pays : les libertés économiques ne doivent pas l’emporter sur les droits sociaux !
Ce document, Pervenche Beres, notre tête de liste en Ile de France, y a contribué grandement ! Eurodéputée depuis 20 ans, elle préside une des commissions les plus actives du Parlement, celle de l’Emploi et des Affaires sociales, véritable supplément d’âme de l’institution européenne !
C’est grâce à l’implication, au travail de députés comme Pervenche, que le Parlement a donné corps et consistance à l’Europe, ce que la Commission n’a jamais fait depuis Delors !
Que ce soit pour : l’union bancaire, l’Accord Multilatéral sur l’investissement, la défense du fonds d’aide aux plus démunis, la sanctuarisation de la politique sociale des fonds structurels, la création de la garantie jeunesse, 1ere prestation sociale européenne, même si nous la jugeons encore insuffisante : 6 milliards d’euros c’est tellement peu comparé aux 1 000 milliards injectés pour sauver les banques. Et que dire de la directive des travailleurs détachés, victoire contre le dumping social, souvenons nous du plombier polonais, cher au FN !
Tout n’est pas parfait, certes et qui le nie ! Il est plus difficile de construire le consensus à 28 à Bruxelles, que de critiquer l’Europe à Paris devant les médias nationaux ou fustiger le manque d’ambition de telle ou telle mesure, surtout lorsque l’on intervient si peu au Parlement dont on est un ou une des députés !
Ne pas réagir, soit en laissant faire, soit en demandant l’accord impossible à obtenir, c’est délibérément laisser la logique du marché détruire notre modèle social.
Qui améliore la vie au quotidien de nos concitoyens et fait avancer concrètement l’Europe ? Ceux se dorent la pilule devant les sunlights des médias en train de bercer leur égo et leur sens de la communication ou ceux qui se tapent le plus dur à Bruxelles ?
Pour la France
Etudes et sondages l’attestent, la France en état dépressif regarde son passé avec espoir et le futur avec effroi … Attention, torticolis assuré !
Nous habitions un grand pays dans un monde petit, désormais le monde est devenu grand et la France, pays moyen désormais, se sent dépossédée de son destin, quasi déclassée, comme ses habitants …
Un sentiment de déclassement payé cash dans les urnes en mars dernier et devenu le principal terreau du vote extrême et populiste, très tendance aujourd’hui en Seine et Marne !
L’extrême droite a toujours surfé, notamment lors des heures les plus sombres de notre histoire, sur les doutes, les peurs, quelquefois légitimes, de nos concitoyens en difficulté qui constituent son principal fonds de commerce …
La terre a beau tourner, les remèdes miracles proposés sont toujours les mêmes : le chacun chez soi, le nationalisme, la sortie de l’euro, la peur de l’autre, l’intolérance …
D’autres entretiennent l’illusion qu’il serait possible de se soustraire aux nécessaires mutations que nous devons entreprendre. Toute seule, la France convertirait ses partenaires à une autre politique, la leur ! lls semblent ignorer, une fois de plus, que l’Europe est un tout qu’on ne peut réduire à la seule France. 28 n’est pas égal à 1 mais à 28 fois un !
Que penser, dans un tel contexte, de l’attitude irresponsable et inacceptable des médias publics, qui refusent d’accorder à ce scrutin majeur et décisif pour notre avenir, la place qu’il mérite, privilégiant les télé réalité ou télé crochet en « prime time » à l’organisation d’un débat avec les différentes têtes de liste …
La mondialisation n’est malheureusement pas une option, mais un environnement ! Elle ne peut plus être considérée comme une crise, mais plutôt comme une transformation à initier, accompagner, mener à bien, en veillant soigneusement à préserver nos valeurs et à protéger les plus faibles afin qu’ils soient en capacité de rebondir.
Seule une politique européenne peut aujourd’hui relever ce défi et Martin Schulz comme Pervenche le porter légitimement et efficacement.
Pour renouer avec nos concitoyens nous devons retrouver une simplicité qui n’est plus de mise, alors qu’elle ne constitue que la marque du respect et de la proximité que l’on doit à chacun.
Ce que Martin Schulz a magnifiquement compris, il nous faut :
- faire simple, pas simpliste,
- être proche pas sachant,
- s’engager pas se défausser,
- assumer, non chercher de bouc émissaire,
- mais, plus que tout, fixer clairement le cap à suivre, y compris lorsqu’il est exigeant, difficile, en indiquant les difficultés d’une traversée rendu chaotique du fait d’aléas climatiques ou météo …
Proximité qui est l’enjeu de ces européennes, mais celui aussi désormais de chaque élection, tant le vote populiste et l’abstention se développent, marqueurs d’une société qui doute et souffre au plus profond d’elle même. Il y a trop d’attentes, trop de frustrations, il y a eu trop d’espoirs déçus …
L’Europe est un modèle unique sur la planète de démocratie, de richesse et de protection sociale, elle représente une véritable oasis pour la planète mais le paradoxe est qu’elle ne fait plus recette auprès des européens, notamment des plus jeunes, premiers concernés pourtant.
Ce qui d’autant plus dommageable que la génération d’après guerre disparait peu à peu, emportant avec elle, le souvenir des démons d’antan, de cette peste brune qui revient, d’autant que les nouvelles générations n’ont plus les mêmes balises temporelles et mémorielles.
La baisse de participation à ces élections est constante, plus le Parlement a de pouvoir, plus l’abstention est importante !
Il nous faut absolument retrouver la voie de la passion et d’un grand dessein européen à accomplir …
Je ne suis ni technocrate, ni expert des questions européennes, ma perception est juste celle d’un petit élu local de base. Toutes ces années, j’ai cependant acquis la conviction que la sauvegarde de notre modèle culturel, économique et social passe nécessairement par l’émergence d’une citoyenneté européenne et celle d’une Europe politique enfin assumée …
Depuis que l’homme est homme, l’Europe est un continent,
Durant plus de 1000 ans elle aura été un idéal, politique, philosophique, de paix, de monde meilleur …
Depuis la tragédie de la 2eme guerre mondiale, elle s’est construite pas à pas, pour que plus jamais la guerre ne revienne,
La chute du mur de Berlin lui a permis de retrouver enfin ces deux jambes,
Il faut désormais qu’elle poursuive sa longue marche en avant, qu’elle existe concrètement, surtout plus que tout, quelle fasse enfin sens …
Elle doit pour cela s’affranchir des populismes, clore définitivement la parenthèse de Yalta et du mur de Berlin, mais aussi et surtout faire tomber d’autres murs, dont ce mur technocratique qui l’éloigne tant du citoyen.
Tout dépendra des résultats du 25 mai, de notre capacité à mobiliser, à inciter malgré le vent mauvais, nos concitoyens à se déplacer et à voter « Pour une autre Europe », afin que que Martin Schulz soit le prochain président de la Commission Européenne et que Pervenche conduise la délégation francilienne la plus nombreuse possible …