Cette cérémonie du 11 novembre s’est déroulée quelques jours après la mort du dernier Compagnon de la libération Hubert Germain, le dernier des 1038, à qui le pays a rendu l’hommage qu’il méritait … Elle est dédiée désormais à tous les « morts pour la France », des poilus de la Grande Guerre aux soldats qui depuis sont tombés ici ou là, sur des sols lointains, algériens, indochinois ou lors de ce qui est qualifié pudiquement d’opérations extérieures et ce n’est que justice à leur rendre.Nous nous sommes réunis dans ce beau parc « Ponton d’Amécourt » où les arbres ont mis comme à chaque fois leurs habits rougeoyants d’automne. Le cortège s’est arrêté afin de rendre hommage, composé des anciens combattants, des musiciens de l’harmonie, des pompiers, des élus, des enfants des écoles et de nombreux habitants et cette année des poilus de l’’Association « Seine et Marne 1914 » qui perpétue le souvenir de ce temps lointain et proche tout à la fois, qui a marqué au plus profond une terre de Brie nourrie du sang de ceux qui sont tombés et dont le nom gravés de lettres d’or ornent nos monuments aux morts.
Derrière chacun de ces noms, le souvenir d’un jeune ou d’un moins jeune qui n’est jamais revenu.
Qu’importe le dieu qu’il célébrait, la couleur de sa peau ou la sonorité de son prénom … Beaucoup « n’avaient pas de goutte de sang français, mais la France coulait dans leurs veines » comme l’a si bien écrit Romain Kacew, juif lituanien naturalisé français, plus connu sous le nom de Romain Gary né en 1914, aviateur combattant, grand résistant et romancier, ou tel le russe d’origine polonaise, Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, plus connu sous le nom de Guillaume Apollinaire, ce fameux poète à la tête bandée suite à l’éclat d’obus reçut au Chemin des Dames, qui a écrit tant de poèmes sur la grande guerre dont notamment ces vers
« Qui donc saura jamais que de fois j’ai pleuré
Ma génération sur ton trépas sacré
Prends mes vers ô ma France Avenir Multitude »
Commémorer le 11 novembre, c’est célébrer la république et ses valeurs dans le respect de nos différences …
Ce pays s’est construit sur le socle de différences se complétant et s’entre mêlant jusqu’à devenir confluences, du sang mêlé de tous ceux qui sont tombés pour la France et les valeurs qu’elle porte depuis toujours, Liberté, égalité, fraternité, ciment fédérateur s’il en est d’une France multitude arc en ciel …
Désormais, et plus que jamais il nous faut veiller à transmettre …
C’est aussi pour cela que je suis extrêmement sensible à la présence de tous ceux qui font de tels moments de recueillement des instants précieux durant lesquels se forgent la citoyenneté des plus jeunes,
Les musiciens de l’harmonie qui apporte une touche de grâce musicale, de gravité et d’émotion,
Les pompiers, pour leur action constante au service de notre territoire et des habitants qui y vivent, de jour et de nuit, été comme hiver,
Les anciens combattants, indispensables passeurs de mémoire, car eux savent encore, le prix de la guerre et la douleur qu’elle peut provoquer, entre pleurs et fureurs
Les enseignants de nos écoles, transmetteurs de valeurs et de citoyenneté pour leur action continue et constante auprès de leurs élèves,
Et les enfants qui illuminent de telles cérémonies et y apportent fraîcheur, innocence et sens
Rien n’est jamais acquis … rien n’est immuable …
Ces derniers mois nous l’ont encore démontré avec la crise sanitaire et ses contraints dont le confinement.
Si l’on prend Saint Exupéry au pied de la lettre, « La vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier. »
L’homme est faillible, tout peut s’effondrer du jour au lendemain, notamment le bonheur, moment de grâce dont il faut savoir apprécier le prix et la saveur, tant ils peuvent être éphémères et fugitifs …
Il nous faut donc transmettre pour nous souvenir afin d’éviter que l’histoire ne bégaie encore et encore, de manière si tragique …
Transmettre afin que tous ces morts donnent un sens à nos vies