
» Si l’abeille venait à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quelques années à vivre » …
Albert Einstein
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le blog de Jean Michel Morer, journal de bord d'un élu local
» Si l’abeille venait à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quelques années à vivre » …
Albert Einstein
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Je tiens à réagir à l’article d’un quotidien local relatif à la « non application » de l’article 55 de la loi SRU par ma commune. Il est vrai que dans un monde ou la communication et l’éphémère brouille tous les messages, le travail de fond effectué et non seulement ingrat mais peu « vendeur » car non visible instantanément. Alors sus au baudet, deux phrases suffisent pour qualifier Trilport comme une des villes qui « semblent n’en avoir cure malgré les sanctions financières … » et « continuent de jouer les cancres« … Fermer le ban !
J’ai beau avoir l’habitude des raccourcis ravageurs et réducteurs comme du rôle de bouc émissaire assigné aux élus locaux (obligation de résultat sans moyens nécessaires, chercher le hiatus), ce style d’article fait toujours mal ! Bien évidemment aucun des auteurs n’a pris la peine de m’interroger au préalable ou même de consulter les quelques notes de ce blog consacrées à ce sujet, pas le temps certainement, de toute manière le bouc émissaire était tout trouvé …
Facile, trop facile … Injuste, trop injuste … Mais surtout faux, totalement faux …
Alors : qu’en est il exactement ? Ou en sommes nous réellement sur la question délicate du logement social ? Quelles sont les difficultés rencontrées sur le terrain ?
Sans vous infliger la relecture de mes précédentes notes (notamment loi SRU où en est Trilport, de la Zone 2 à la Zone 1 ), il me semble opportun vu les réactions suscitées par l’article, de rappeler le sens du combat mené pour un logement social de qualité respectueux de son environnement, mais également les freins et obstacles rencontrés sur le terrain … La part de vérité du cancre que je suis , en quelque sorte !
Campons le décor dans son contexte concret et réel : la problématique du logement social ne date pas d’hier, cependant la loi SRU est récente (décembre 2000) et ses décrets d’application encore plus …Est-il utile de préciser que si nous étions une des rares villes de l’agglomération (hors Meaux) à disposer de locatifs sociaux (constat toujours d’actualité) nous n’avions aucune expertise en interne sur cette problématique complexe. Autre rappel utile, Trilport n’est pas Neuilly sur Seine (au hasard), et n’a pas les moyens financiers de cette ville, détail certainement mais influant directement sur notre capacité d’action et réactivité; désolé, il faut avoir les moyens pour agir vite !
Mon engagement sur ce dossier s’explique à la fois par la détresse des personnes reçues régulièreement lors de mes permanences recherchant un toit accessible, mais aussi pour une raison simple , j’ai vécu moi même dans un logement social de longues années; et j’ai la conviction d’agir juste en faisant de la qualité une exigence préalable. Nous ne parlons pas ici d’objets que l’on entassent mais d’hommes, de femmes et d’enfants qui devront vivre et surtout s’épanouir dans ces quartiers …
Maire depuis 2004, il me semble ne pas avoir chomé en ce domaine; tout cancre que je suis !
Il m’a fallut dans un premier temps renforcer nos moyens d’action , rencontrer les différents partenaires, acquérir une réelle connaissance des enjeux, moyens et contraintes. Puis choisir nos partenaires, étendre le périmètre de préemption, solliciter les services domaniaux (ce qui n’est pas le plus rapide), entamer les procédures d’acquisition avec les notaires et agences immobilières, rétrocéder les terrains acquis au bailleur social pressenti, solliciter les emprunts nous permettant d’agir, lancer les travaux du nouveau Plan Local d’Urbanisme qui intégrera cette exigence comme priorité.
Bien sur, cela n’est rien … Si ce n’est un minimum de temps, de réflexion, de moyens financiers, d’énergie … Sans laisser de coté la gestion quotidienne de la commune, le lancement du programme d’équipements qui nous permettra de disposer des infrastructures nécessaires (notamment au niveau des écoles) et surtout de faire face au contexte budgétaire « délicat » que nous connaissons vu le désengagement croissant de l’État inversement proportionnel à ses demandes et à celles de nos concitoyens …
Nos efforts portent enfin leurs fruits … Le premier programme a été livré la semaine dernière avec quelques semaines de retard, les appels d’offre du prochain sont en route et notre Plan Local d’Urbanisme devrait être voté avant la fin de l’année. Il intègrera notamment l’obligation pour chaque nouveau programme d’intégrer 30% de logements sociaux. Nous lançons en parallèle un éco quartier (j’y reviendrais) dont le logement aidé est un objectif central !
Une autre démarche était possible : préempter un terrain en périphérie de ville et y bâtir les locatifs sociaux manquants; c’était plus simple, rapide, moins couteux et surtout respectueux des objectifs quantitatifs de la loi SRU ! Une méthode choisie par nombre de collectivités et d’élus, évidemment exemplaires … Nous avons choisi une autre voie, plus complexe à mettre en route mais nous semble t’il plus durable afin de ne pas reproduire demain les ghettos d’aujourd’hui … Une leçon tirée de novembre 2005 !
Si vous avez le courage de lire jusqu’au bout du bout la suite de cette note (je vous rassure trés synthétique), vous disposerez d’un état de notre action des dernières années et des principaux obstacles rencontrés sur le terrain. Les auteurs de l’article pourront toujours s’en inspirer pour nuancer quelque peu leur analyse, car tout n’est pas aussi simple et manichéen qu’ils ont l’air de l’écrire et peut être de le croire !
Autant le dire tranquillement, j’ai quelquefois le sentiment d’être un peu isolé dans mon combat en faveur d’un logement social de qualité !
Notre contrainte majeure demeure le prix du foncier, ce qui n’est guère original !
La commune ne disposant d’aucune emprise foncière, elle doit avant toute chose pour agir, acquérir du foncier. Deux solutions : l’expulsion ou la préemption. Cette dernière nécessite au préalable qu’il y ait une vente effective (certains propriétaires devant notre volonté de préempter ont retiré leur vente) et qu’ensuite nous ayons les moyens nécessaires d’acquérir, ce qui est possible avec les accords des bailleurs ou l’action d’organsimes comme l’établissement foncier régional ou par un prêt relais passé avec la Caisse des Dépôts et la Région (dernier mécanisme que nousa vons mis en place d’ailleurs) Après l’extension de périmètre de préemption, nous avons réalisé trois préemptions qui engagent financièrement la commune. Ceux qui réclame à corps et à cri que nous nous acquittions une amende savent ils que nous avons déjà en cours une addition conséquente prise directement sur notre budget ?
Deuxième contrainte et non des moindres, une anomalie qui nous pénalise durement et injustement. : le zonage imposé à Trilport.
Des 18 communes de l’agglomération, 4 sont classés en zone 2 (la plus défavorable) 14 en zone 1. Situation absurde nous sommes classés en zone 2 ! Classement qui complique le montage de toute opération : en investissement comme en fonctionnement (montants de loyers moins rémunérateurs).Nous demandons depuis prés de trois ans un zonage plus conforme à la réalité locale : sans résultat, si ce n’est un courrier en en janvier 2008 soulignant la légitimité de notre demande, mais rien de plus …
Pour le citoyen ce classement ne signifie pas grand chose, mais pour un bailleur il a une conséquence financière directe, équivalant à un surcout de 20% pour toute opération engagée et d’une moins value de 20% mensuelle sur le montant des loyers … Il a la possibilité de jouer sur trois paramètres pour neutraliser cet effet : qualité du bâti, densification de la parcelle de terrain achetée ou participation financière de la commune.
Arrêtons la langue de bois, chacun de ces points a un impact direct sur la commune !
Enfin, dernière contrainte qui ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir : le droit du sol. Notre Plan Local d’Urbanisme devrait être bientôt applicable et nous permettra de lancer de nouvelles opérations, dont certaines liées au logement social !
Très rapidement et synthétiquement, voici un rapide rappel de l’action engagée par la commune en faveur du logement aidé.
Année 2006
Opération concrètes
Effort financier de la commune
Il peut être estimé à 192 138 € (nous en avons récupéré 182 841,36 € avec la revente d’une propriété à FSM).
Opérations concrètes
Effort financier de la commune
Il peut être estimé à 248 119,98 €.
Opérations concrète
– Effort financier de la commune
Il est estimé ce jour à 100 000 euros.
Le Développement Durable devient enfin une préoccupation majeure de la grande majorité des élus, félicitons en nous, c’est une bonne nouvelle, y compris la conversion subite et récente de certains d’entre eux intégrant avec quelques métros de retard l’importance de cette thématique pour nos concitoyens. Même si cet engagement n’est pas totalement désintéressé, ne faisons pas la fine bouche et ne boudons pas notre plaisir; les postures prises par ces nouveaux évangélisateurs sont sans doute affaire de « comm. », mais les mesures prises vont dans le bon sens et c’est bien là l’essentiel !
Cette onde de choc amène les professionnels du BTP et du Génie civil à revoir leur métier de A à Z. Une adaptation pour beaucoup douloureuse, mais les nouvelles priorités des élus sont sans appel, il faut s’adapter ou disparaitre !
Ce mouvement va s’accélérer et la concurrence est désormais internationale, vu le retard conséquent de notre pays dans ces filières, il va falloir accélerer la cadence, il s’agit ici, non seulement du futur de la planète, mais également de la survie de filières professionelles de premier plan dont le devenir dépendra de plus en plus de leur savoir faire dans le domaine environnemental.
Du coup, les labels, normes, démarches et certifications relatifs au Développement Durable se multiplient, que ce soit en France, en Europe, à un point tel que le décideur est placé face à un trop plein de sigles, dans lequel il a bien du mal à retrouver ses petits, notamment au niveau des résultats tangibles. Alors comment discerner le vrai du faux, l’essentiel de l’accessoire, un choix quelquefois délicat, voir cornélien.
Autre évolution et non des moindres, le Développement Durable s’adresse désormais à l’aménagement des territoires … Un niveau plus que pertinent puisque prospectif, dynamique, transversal , stratégique, une telle réflexion devant intégrer les mouvements de population (transports …), les usages et leurs impacts sur le territoire tant au niveau du réchauffement climatique, du respect de la bio diversité que de la consommation d’espace …
Trilport s’est lancé dans cette voie depuis 2002, voici un point d’étape. Attention, il porte plus sur le chemin qui nous reste à parcourir que celui parcouru car dans le domaine de l’environnement, surtout pas d’autosatisfaction, vu l’action qu’il reste à mener pour simplement agir avec efficacité contre le réchauffement climatique et sortir de cette spirale infernale …
Avez-vous déjà entendu parler d’AEU ? Non …
L’Approche Environnementale sur l’Urbanisme (AEU) a été développé par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) afin de faciliter l’intégration des politiques environnementales dans l’aménagement du territoire.
Une démarche particulièrement adaptée à l’élaboration de documents d’orientation et de planification : Schéma de Cohérence Territoriale (Scot) pour les intercommunalités, Plan Local d’urbanisme (PLU) pour les communes, la mise en œuvre d’opération d’aménagement de lotissements ou tout autre type de réflexion stratégiques concernant les usages d’un territoire Plan de Déplacement Urbains (PDU), Programme Locaux de l’Habitat (PLH), schémas d’Equipement Commercial …
Désormais l’approche environnementales ne s’adresse plus uniquement au bâtiment mais aussi à l’aménagement du territoire ! L’AEU n’est pas une révolution en soi, l’apparition des Plans Locaux d’Urbanisme en lieu et place des anciens Plans d’Occupation des Sols avec l’obligation d’élaborer un Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) a mis le Développement Durable au cœur de la réflexion sur l’urbanisme (pour exemple le PADD de Trilport).
Malheureusement, pour encore trop d’élus le PADD demeure une figure de style imposée à réaliser au plus vite avant de passer à l’étape suivante. Une vision révélatrice de vieilles habitudes bien ancrées ! Concernant les anciens Plans d’Occupation des Sols (ou POS), deux conceptions se sont longtemps opposées. Pour faire simple, voir simpliste, il y avait d’un coté les POS de géomètre (pour certains liés à des lotisseurs) et les POS d’urbanistes ; j’ai encore en mémoire certaines auditions lors d’appels d’offres très révélatrices.
Les nouveaux textes de loi avec l’obligation d’élaborer un PADD insiste sur l’importance d’élaborer un projet de territoire à partir d’une vision prospective, stratégique et planificatrice. Il y a nécessité au préalable d’établir un diagnostic exhaustif, réfléchir sur les dysfonctionnements constatées, définir les priorités d’action, respecter la nature profonde et les caractéristiques du territoire, terre d’histoire, de patrimoine et d’usages et d’analyser les impacts sur l’environnement à court, moyen et long terme..
Force et de constater que nos villes manquent d’accessibilité, sont peu économes en énergie, portent trop souvent atteinte à la bio diversité, ne favorisent pas les mode de déplacement doux … Ces défauts sont les conséquences directes du mode de développement territorial développé ces vingt dernières années qui apparait de plus en plus en décalage voir incompatible avec les enjeux planétaires d’aujourd’hui : consommation d’espace, manque d’accessibilité, étalement urbain, absence de liaisons douces… La liste est longue …
Nous avons initié ce type de réflexion dans ma commune à partir de 2000, profitant d’une étude menée à l’occasion pour la signature d’un partenariat avec le département de Seine et Marne (projet dit CONTACT). Habituellement une telle étude a une portée limitée et vise à co financer des équipements ou aménagements. Nous avons voulu aller plus loin et saisir l’occasion d’établir un état des lieux permettant d’analyser les dysfonctionnements constatées. Une réflexion collective et partagée basée sur une profonde concertation qui a été le déclencheur d’une série d’initiatives par la suite : Contrat Régional, Agenda 21, révisions simplifiées du POS. Quatre priorités communes au coeur de ces démarches : privilégier la polyvalence et la mutualisation des équipements, favoriser les liens multi générationnels, agir pour une meilleure accessibilité des équipements publics et promouvoir la Haute Qualité Environnementale.
Nous nous sommes ensuite lancés dans l’élaboration d’un Plan Local d’Urbanisme dans l’esprit de la démarche AUE (depuis 2005) et travaillons actuellement à la réalisation d’un éco quartier sur un secteur stratégique du Centre Ville.
Le commun dénominateur de toutes ces initiatives est bien le Développement Durable ; c’est dire si je suis persuadé du bien fondé de l’approche Environnementale comme support méthodologique des projets de développement de territoire. Avec quelques précautions cependant : privilégier la transversalité des démarches , avoir une vue globale et l’ambition qualitative d’un territoire (qui est un ensemble ne se limitant pas aux seuls habitants du présent), privilégier l’esprit sur la lettre …
Pour éclairer ce dernier point, il me semble utile d’effectuer un rapide retour sur l’action que nous avons mené en faveur de la Haute Qualité Environnementale.
Rappelons que la HQE n’est ni une norme, ni un label, ni une réglementation, mais une marque déposée basée sur une démarche reposant sur 14 cibles à atteindre parmi les items suivants : maîtriser les impacts sur l’environnement extérieur (éco construction, éco gestion) et créer un environnement intérieur satisfaisant (confort, santé).
En 2002, afin d’entrer dans le concret et de bâtir les équipements projetés dans le cadre de notre projet de développement, nous avons sélectionné avec l’aide du CAUE 77 un panel d’une dizaine architectes sensibilisés à l’environnement pour nous proposer des projets reposant sur la démarche HQE. Rapide constat, un seul possédait l’habilitation HQE. Plus encore, au moment des appels d’offres qui se sont étalés sur trois ans pour la réalisation d’un centre de loisirs, un réfectoire scolaire et un gymnase, nous avons eu toutes les peines du monde à trouver les professionnels ayant le savoir faire nécessaire !
Après livraison de deux équipements (le 3eme est en construction), force est de constater que celui signé par l’architecte habilité, n’est pas obligatoirement plus respectueux de la démarche HQE que le premier livré réalisé par un architecte n’ayant pas cette «qualité ». L’essentiel dans la problématique de l’éco construction est bien de favoriser la cohérence entre les objectifs du bâtiment et les diverses contraintes du terrain (urbaines, orientation, insertion dans le site …) mais également l’efficacité énergétique du bâtiment. e qui a été fait lors de la réalisation de cet équipement par une collaboration trés étroite entre maitre d’ouvrage et maitre d’oeuvre !
Autre élément de réflexion, aucun des architectes sélectionnés, au jour d’aujourd’hui n’est capable de me donner la consommation (efficacité énergétique) des bâtiments construits au mètre carré. Car bien évidemment il est important d’obtenir des bâtiments harmonieux, au propre comme au figuré, les règles de saine gestion (rapport entre surcout à l’investissement et économie réalisées dans le fonctionnement du bâtiment : énergie maintenance …) comme la lutte contre le réchauffement climatique impose d’avoir des indicateurs d’efficacité énergétique fiables. Force est de constater notre faiblesse dans ce domaine.
Le Développement Durable doit reposer avant tout sur des actions concrètes et efficaces, rappelons tout de même que le secteur du bâtiment est, parmi les secteurs économiques, le plus gros consommateur en énergie, il représente plus de 40% des consommations énergétiques nationales, et cause près de 20% des émissions de CO².
D’autres types de démarche venant de l’étranger intègrent la nécessité de ce principe de réalité (BREEAM PASSIVHAUS MINERGIE, Maisons passives …), des démarches qui mérient toute notre attention à plus d’un titre, vu notre retard dans ce domaine. Elles ont notamment porté leur fruit dans la réalisation d ‘éco quartier qui font aujourd’hui référence.
Dans le même temps, le cadre réglementaire évolue, une tendance qui va s’accélérer après les accords de Grenelle. Les pouvoirs publics « réactualisent » les exigences réglementaires tous les 5 ans, l’apparition de la Règlementation Thermique 2005 (ou RT 2005) marque une nouvelle étape. Elle s’applique désormais à toutes les constructions neuves dont le permis de construire a été déposé à partir du 1er septembre 2006 et fixe une limite de consommation énergétique de référence à ne pas dépasser. L’objectif est de parvenir en moyenne à une consommation moyenne d’énergie primaire par an et par m² chauffé ou climatisé de moins de 70 kWh (dont 35 kWh pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire) mais également de tenir compte de l’orientation des ouvrages, des performances d’isolation des bâtiments également en été, et de la situation géographique de l’ouvrage.
La prochaine étape sera la RT 2010, pour laquelle le BTP devra préparer des solutions acceptables architecturalement et économiquement. N’oublions pas que l’objectif est d’atteindre un renforcement de 40% en 2020, c’est dire les efforts à fournir !
Mais au bout du bout, l’indicateur ultime, celui qui permet peut être de visualiser le plus globalement l’impact de la vie de l’homme sur la planète est bien l’empreinte écologique.
Quelle superficie est nécessaire pour subvenir aux besoins d’un habitant, d’un quartier, d’une commune, d’une région ?
Rappelons que notre planète a une taille et des ressources limitées, et nous ne parlons pas que du pétrole ! Cet indicateur sera certainement de plus en plus utilisé et affinné. Rappelons qu’un Européen a besoin de 5 ha pour maintenir son niveau de vie (ce qui signifie que si tout le monde consommait autant que lui, il faudrait l’équivalent de deux planètes supplémentaires), un Américain du Nord de 10 ha, (soit l’équivalent de 5 planètes), si l’asiatique est encore au-dessous de ces niveaux, il est intéressant de se demander jusqu’à quand, vu les taux de croissance enregistrés ces dernières années.
Cet indicateur a comme mérite de globaliser les différents modèles de développement et de démontrer (plus que tout autre) les inégalités régionales, son coté universel, il est facilement compréhensible et transposable où que l’on soit sur la planète car il s’afffranchit des contraintes de langue, âge ou culture.
Le moindre de ses paradoxes est que pour l’instant, plus un pays est « développé » plus il détruit de ressources et a d’impact négatif sur les éco systèmes. Ce modèle de développement ne doit pas être une fatalité ; nous devons créer les conditions d’une croissance vertueuse.
C’est le pari de ces prochaine années et il commence par le Développement Durable
La semaine dernière les déclarations de Nicolas Sarkozy et de Patrick Devidjan député et Président du Conseil général des Hauts de Seine sur le RER A ont mis le feu aux poudres. Ces deux personnes ont plusieurs points communs : ils sont UMP, élus des Hauts de Seine depuis des décennies et ne s’étaient jamais penché auparavant sur l’état des lignes du RER et leur financement.
Que le Président de la rupture et du Pouvoir s’achat, s’émeuve enfin de la situation pitoyable des transports en commun dans la région, notamment en grande couronne est une bonne chose, encore ne faudrait il pas limiter cette problématique au seul RER A ; mais au-delà des mots, où est l’action, car c’est bien là que le bas blesse !
Les déclaration présidentielles relayées dans la foulée par les propos de Devidjan apparaissent plus comme une provocation, qu’une inflexion de la politique gouvernementale sur la problématique du transport en commun, ce qui aprés les accords de Grenelle est regrettable. Le sens de l’intérêt général de ces deux élus des Hauts parait être à géométrie variable, nous y reviendrons.
Alors pourquoi tant de haine ? Quelle réalité se cache derrière ses effets de manche ? Où est le grand dessein présidentiel pour les transports publics, après le Grenelle de l’Environnement ?
Car en définitive, c’est de bien cela qu’il faudrait parler et qui importe aux franciliens !
Une vie ne vaut rien, rien ne vaut une vie André Malraux Si… Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie Si tu peux être amant sans être fou d’amour, Si tu peux supporter d’entendre tes paroles Si tu peux rester digne en étant populaire, Si tu sais méditer, observer et connaître, Si tu sais être dur, sans jamais être en rage, Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire Rudyard Kipling 10 années déjà … cela représente beaucoup à l’échelle d’une vie d’homme, mais théoriquement peu dans l’histoire d’un pays. Pourtant certains évènements accélèrent singulièrement le fil de l’histoire, illustration géo politique de l’effet papillon cher aux météorologues (voir note ). C’est aussi cela ce jumelage ! La chute du mur de Berlin, évènement attendu s’il en est, est la résultante d’une véritable vague de fond qui a secoué l’Europe de l’Est, dont les tragédies de Budapest de 1956 et de Prague en 1968, où tant d’hommes et de femmes ont péri, sont l’illustration. J’ai eu la chance il y a deux ans de découvrir le magnifique pays, qu’est la Hongrie lors d’un voyage qui reste pour moi, mémorable (cf note précédente). Je comprends mieux depuis pourquoi les magyars sont si fiers de leur culture, qu’elle soit celle des mots ou des notes de musique et l’incidence de celle ci sur la notre. Nous en avons encore eu l’illustration ce week end avec une presation remarquable de trois solistes hongrois : orgue, guitare et piano. Ce grand écrivain, rescapé de l’holocauste et survivant d’Auschwitz, ayant vécu de longues années sous le régime communiste, a déclaré simplement, le jour où il a reçu son prix à Stokholm, que son histoire personnelle mêlée à celle de son grand pays, l’avait rendu plus lucide. Les histoires de nos trois pays sont sans nul doute différentes, nos langues également, mais nos cultures beaucoup moins, car l’Europe a toujours été terre de rencontre et de mélanges …La lucidité commune (pour reprendre l’expression d’Imre Kertesz) qui nous anime à Pannonhalma, Engen ou Trilport, repose en grande partie sur les moments douloureux traversé par l’Europe le siècle dernier et qui ont touché au plus profond nos pays. Cette expérience constitue un ciment fort, permettant après un long cheminement millénaire, à une citoyenneté européenne, celle de nos enfants, d’émerger … Elle est d’autant plus solide qu’elle est bâtie sur des valeurs partagés, basées sur le respect de la vie humaine, de la liberté d’expression, de nos cultures respectives et d’un patrimoine naturel dont la Planète a tant besoin … Rainer Maria Rilke, européen d’avant-garde s’il en est, l’avait si bien écrit : « La destinée ne vient pas du dehors à l’homme, elle sort de l’homme même. » Nous sommes européens car c’est notre destinée commune. Nous devons y travailler comme les abeilles font leur miel, inlassables, chacune à sa place, butinant et découvrant ici et là, des saveurs et des odeurs nouvelles qui permettront d’obtenir un miel meilleur car riche en parfum et saveurs plurielles, Que de chemins parcourus en 10 ans ! Que d’échanges, de visites communes, de moments heureux passés, ensemble …Souvenons nous, 1998 c’était au siècle dernier et l’an 2000 n’était pas encore passée … Il faut saluer le rôle d’hommes comme Johanes Moser, le maire d’Engen et d’Ulrich Scheller, responsable de ses jumelages, pour avoir su initier ce formidable mouvement d’amitié qui permet de créer d’innombrables passerelles entre France, Allemagne et Hongrie … Cet anniversaire est un heureux évènement, la réalité des faits démontre chaque jour un peu plus, l’urgence de bâtir l’Europe du concret et des citoyens … Extrait du discours d’Imre Kertesz, prix Nobel de littérature, en Novembre 2002, à Stokolm. « D’anciennes prophéties disent que Dieu est mort. Il ne fait aucun doute, qu’après Auschwitz, nous sommes restés livrés à nous-mêmes. Il nous a fallu créer nos valeurs, jour après jour, par un travail éthique opiniâtre mais invisible qui finira par produire les valeurs qui donneront peut-être naissance à la nouvelle culture européenne. Que l’Académie Suédoise ait jugé bon de distinguer précisément mon œuvre prouve à mes yeux que l’Europe éprouve à nouveau le besoin que les survivants d’Auschwitz et de l’Holocauste lui rappellent l’expérience qu’ils ont été obligés d’acquérir. Mais ce qui a été révélé à travers la solution finale et « l’univers concentrationnaire » ne peut pas prêter à confusion, et la seule possibilité de survivre, de conserver des forces créatrices est de découvrir ce point zéro. Pourquoi cette lucidité ne serait-elle pas fertile ? Au fond des grandes découvertes, même si elles se fondent sur des tragédies extrêmes, réside toujours la plus admirable valeur européenne, à savoir le frémissement de la liberté qui confère à notre vie une certaine plus-value, une certaine richesse en nous faisant prendre conscience de la réalité de notre existence et de notre responsabilité envers celle-ci. »
29 avril 2008 …
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être que penseur ;
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !Engen Pammonhalma, 10 ans …
J’étais ce week end en Allemagne, invité par la ville de Engen (notre ville jumelée) à fêter le 10 eme anniversaire de son jumelage avec la ville hongroise de Pannonhalma (cf note précédente)..
L’époque récente fourmille de telles dates, dont celle du 9 novembre 1989, qui a tant changé de vies. La chute du mur de Berlin a marqué pour l’Europe une nouvelle naissance, notre continent a enfin pu retrouver son deuxième poumon, celui de l’Est, dont il avait tant besoin pour être de nouveau lui même !
J’ai toujours en tête les images noires et blancs du poste de télévision de l’époque et le bruit des chars russes envahissant les rues de Prague. Des souvenirs amplifiés par la suite, par la lecture lors de mes années lycées d’oeuvres telles « Le zéro et l’infini (Darkness at noon) », de d’Arthur Koesler, et de l’intérêt sucité par la destinée d’hommes comme Imre Nagy en 1956 et Dubcek en 1968,
Cette nation n’est pas seulement la patrie de Sandor Petöfi, poète de légende et héros de la Guerrre d’indépendance de 1848, auteur d’un vers prémonitoire : « Liberté, amour, voici ce qu’il me faut, Pour mon amour je sacrifierais ma vie,Pour la liberté, je sacrifierais mon amour ! », mais également celle de Ferenz Lizt et de tant d’autres, dont, plus prés de nous, Imre Kertesz, prix Nobel de littérature en 2002.
Une lucidité fertile avait il précisé, dans laquelle « réside la plus admirable valeur européenne« , il avait également souligné le «frémissement de la liberté, qui donne à notre vie sa richesse » (voir plus loin).