Ecole, l’heure de la casse a t’elle sonné ?

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Retour sur une rentrée scolaire qui risque de laisser quelques traces. Les congés de la Toussaint arrivent cependant à point pour apaiser, sans doute momentanément, l’inquiétude suscitée par ces premières semaines, due principalement aux mesures prises par le Ministre Darcos.

Un mal être généralisé, s’est instauré dans nos écoles et concerne tous les acteurs de la Communauté éducative : enseignants, parents d’élèves, personnel municipal et de manière plus inquiétante bien évidemment les élèves. Gardons nous d’omettre de cette liste, nombre d’inspecteurs et d’administratifs, chargés d’appliquer des réformes sur lesquelles beaucoup en privé se montrent pour le moins « réservés » :  vague de suppression de postes sans précédent, instauration d’un soutien scolaire improvisé et déstabilisateur entrainant une gabegie incroyable dans les écoles, semaine de quatre jours, risque de démantèlement des RASED …

Entre les plateaux de télé où le Ministre  joue au réformateur zélé et la réalité du terrain, l’abîme se creuse inexorablement …  A trop confondre vitesse et précipitation, négliger la moindre concertation, privilégier la communication et la démagogie de l’instantanée et des slogans, à, la réalité concrète du terrain et du quotidien des écoles de France et de Navarre, le Ministre est en train de désorganiser en profondeur l’école primaire. Pourtant chacun sait que la croissance de demain, proviendra de notre capacité à bien former les générations futures, qui auront à se positionner demain dans un monde en mouvement ou nombre de pays émergents font de la Connaissance la rampe de lancement de leur développement.

Attention éducation en péril …. SI le démantèlement amorcé par Darcos se poursuit les conséquences risquent d’être fort graves pour notre pays …  Revue d’effectifs des sujets qui fâchent et description d’une situation qui pourrait rapidement devenir explosive …

 

D’autant que d’autres dossiers vont rapidement s’inviter sur la table (lire la suite …) …

 


Le remplacement de deux heures de classe, par deux heures de soutien (24+2 au lieu de 26) et l’instauration de la semaine de quatre jours, a non seulement changé la donne mais provoqué quelques remous, et causé  quelques incohérences, que je voudrais ici souligner :

Sur trois écoles présentes sur la commune,  chacune a choisi une modalité différente de soutien scolaire, aux services municipaux de s’adapter ! Sauf que plus personne n’y comprend rien et les  enfants se retrouvent ballotés.
Concernant le soutien effectué le midi, force est de constater, ce n’est pas une caricature, que les élèves sont plus fatigués, surtout ceux en difficulté. Chacun peut comprendre pourquoi : remplacer le moment de détente du midi, ou du soir, par une heure de soutien, n’est pas neutre. Pour les élèves d’ailleurs et leurs enseignants !
Où sont les progrès ? ce risque avait été en son temps signalé au ministre et à ses conseillers …

La fatigue et la « rancœur » de mesures prises sans concertation engendrent une réelle tension dans les écoles, où les enseignants sont de plus en plus excédés : classe plus difficile à gérer, parents d’élèves un peu déboussolés s’interrogeant et demandant des explications légitimes, collectivité ayant des difficultés à tout mettre en musique afin d’assurer à la fois le quotidien (nettoyage, maintenance, cantine) et l’exceptionnel (les murs de nos cantines ne sont pas extensibles …). Ce malaise, ou mal être, concerne également le périscolaire, d’autant que les professeurs sont de plus en plus réticents à s’impliquer dans les études surveillées, au plus grand déplaisir des parents. Cette nouvelle organisation du temps scolaire à l’école primaire va en outre à l’encontre des préconisations sur le respect des rythmes de l’enfant et sur  la prise en charge de la difficulté scolaire.

 

D’autres nuages noirs pointent à l’horizon

Après examen rapide de certaines pistes du budget 2009, toujours en discussion (le fameux 1 point de croissance !), la décision soudaine de la mise en place des heures de soutien dés cette rentrée, fait apparaitre d’autres motivations beaucoup plus comptables et mercantiles que pédagogique. A priori le Ministre envisage tout simplement de supprimer les  réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficultés (ou Rased), ni plus, ni moins … « remplacés » selon lui, par la mise en place de l’aide individualisée. L’annonce officielle (26 septembre) de la réaffectation dés 2009 de 3 000 maîtres spécialisés, des RASED (sur 9 000) dans des classes normales, afin de compenser les suppressions démontre l’urgence d’aborder ce sujet.  Une décision difficilement conciliable avec l’objectif ministériel de « diviser par trois » l’échec scolaire, lourd en primaire.

La situation risque à terme de se révéler catastrophique. Chaque enseignant rencontré confirme qu’autant le soutien est utile aux élèves ayant des lacunes, sous réserve de tenir compte bien évidemment de sa capacité de concentration et de sa fatigue, autant il se révèle contre productif avec ceux ayant des difficultés particulières : comportement, retards scolaires trop importants … L’intervention de maitres spécialisés, qu’ils soient maîtres E (en charge de l’aide pédagogique), ou maîtres G (rééducateurs) s’avère alors indispensable. Ils prennent le relais de l’enseignant traditionnel, utilise d’autres démarches, sont formés à ce public particulier …

En fait l’économie budgétaire à court terme, réalisé avec la suppression du dispositif des RASED, risque fort d’avoir une facture salée non seulement pour les élèves en difficulté. Les professeurs étant de plus en plus seuls face aux difficultés quotidiennes pouvant se révéler dans certains cas insurmontables.

Autre sujet abordé par X. Darcos, celui des maternelles. Son intervention au Sénat, a eu le mérite de la clarté. «  »Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits de l’État, que nous fassions passer des concours à bac+5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? « . Des propos tenus au moment ou la députée UMP Tabarot remettait son rapport sur l’enseignement maternel. Si cette élue reconnait que l’accueil d’un enfant à l’école maternelle, se révèle moins couteux que tout autre mode de garde, elle souligne  notamment pour les jeunes âges l’inadéquation entre organisation scolaire traditionnelle et besoins des parents : amplitude, flexibilité … Il faut s’adapter à un monde du travail où tout bouge …  Solution abordée, le jardin d’éveil … Comme le signale avec un certain humour le Café pédagogique c’est finalement une école maternelle sans maîtres que propose M. Tabarot … Des économies à venir pour l’état, ces jardins d’éveil devant très certainement passé un jour sous le giron des collectivités territoriales !

 

Le discours gouvernemental ambiant est en décalage avec ce qui se fait actuellement dans les pays en pointe. Privilégier uniquement l’économie budgétaire à l’efficacité pédagogique, risque à moyen terme de ne plus être une économie réelle : remise en cause de la lutte contre l’exclusion et de la valorisation du capital humain dès le plus jeune âge. D’autant que ces mesures touchent en priorité les publics déjà en difficulté. C’est ce qui expliquait pourquoi dans les zones de ZEP, les priorités jusque là affichées étaient la scolarité dés 2 ans. L’école première (dénomination de l’école maternelle selon  Philippe Meirieu) permet d’apporter une rupture avec un milieu quelquefois difficile et permet une meilleure transition avec la scolarité à venir et l’appropriation d’un socle de connaissances minimum. Tous les spécialistes (pédagogues, sociologues, économistes) soulignent l’importance des 6 premières années de la vie dans le  développement d’un enfant.

Un point de vue désormais partagé partout dans le monde. Des ghettos des États-Unis aux faubourgs indiens, chacun sait que le développement futur des uns et des autres dépendra de e la qualité de la formation des pays. Avant de parler de dépense, il faut parler d’investissement public dans la connaissance. La crise que nous traversons démontre l’importance vitale pour un pays d’avoir une économie réelle solide. Dire cela est enfoncer une porte ouverte, les recherches démontrant li lien de causalité entre scolarisation maternelle et réussite des élèves à l’école élémentaire, notamment dans les quartiers défavorisés.

 

 

Enfin, abordons un nouveau venu dans le paysage institutionnel français, l’Établissement Public d’Education Primaire (EPEP), qui devrait apparaître dès 2009 et dont trop peu de personnes ont entendu parler.

Une vraie révolution ! Cette création me  rappelle une note que j’avais commis il y a quelques mois sur la RGPP, sur la base d’un article de Médiapart, où certains spécialistes en économies avaient proposé la suppression des écoles dans les petits villages. L’idée à priori de ce nouvel OVNI est de regrouper les écoles rurales au chef-lieu de canton avec un seul Directeur, sous couvert de l’inspecteur de circonscription et assisté d’un conseil d’administration, sorte de super Conseil d’école

Le projet de loi prévoit que tout école actuellement à 15 classes passerait automatiquement au statut d’EPEP (doté d’un statut juridique car Établissement public) par arrêté du Préfet, les communes pourraient décider de regrouper les petites écoles pour atteindre le seuil de 13 classes pour sa création. Aucune information, bien évidemment n’a filtré aupr »és des communes, suivant les habitudes de Monsieur Darcos. Il est vrai que cela ne sera qu’en 2009 !

 

 

Comme l’a écrit Jean Peyrelade dans un ouvrage récent « La fausse réforme ne permet pas de faire l’économie du vrai changement. » … S’il est sain et utile d’ optimiser la dépense publique, il est essentiel que le moteur de cette dynamique soit la recherche du meilleur rapport qualité prix mais en termes d’investissement. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’investissement immatériel … La formation et la recherche sont les points de croissance de demain, qui nous font tellement défaut aujourd’hui. L’état c’est aussi cela !

Apparemment tous nos décideurs n’ont pas enregistré es conséquences du cataclysme que nous venons de subir et dont l’onde de choc riswque fort de se poursuivre. L’économie budgétaire à courte vue de petit épicier d’aujourd’hui peut amener le déclin de notre pays et la récession demain.

Oui à la réforme, oui à l’optimisation de la dépense publique, mais avec méthode, efficience et dialogue …

Sinon la facture sera lourde …

Victor Hugo n’écrivait il pas « ouvrir une école, c’est une prison que l’on ferme »  … aujourd’hui Monsieur Darcos et Mme Dati se donne le mot … Mais lorsque l’on voir l’état des prisons françaises, permettez moi d’avoir peur en demain !

Pourquoi un éco quartier en coeur de ville ?

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Rapide retour sur la réunion publique consacrée à l’éco quartier « Cœur de ville » qui s’est déroulée la semaine dernière.

Avant de revenir sur une thématique passionnante qui va nous servir de fil rouge quelque temps, il y a de quoi faire, je vous propose un résumé trés synthétique des épisodes précédents, histoire de comprendre comment nous en sommes arrivés à un tel projet … Ou chronique du développement d’un petit bourg seine et marnais au fil des siècles …

Trilport s’est développée depuis son origine, le long de la route royale numéro 3 (dénommée depuis D603) et de routes transversales qui la traversent avant de se rejoindre au niveau du gué, puis du pont de la  commune qui en font depuis un nœud de communication incontournable sur la route d’Allemagne et depuis quelques années un goulot d’étanglement qui attend impatiemment la réalisation d’une déviation.
Une zone d’activité s’y est implantée, avec des hauts et des bas, certaines entreprises au moment des « années crises » fermant leurs portes en laissant derrière elles des friches industrielles en déshérence, situées non loin du centre ville et de la gare.

Ces dernières décennies, la ville s’est étendue, surtout en périphérie, du fait de l’implantation de plusieurs lotissements construits sur les terres agricoles, illustration concrète de l’étalement urbain si caractéristique de notre région. Aucune évolution urbaine notable par contre, n’a concerné le vieux bourg, qui a gardé ses caractéristiques traditionnelles : habitat vétuste, rues étroites, cours communes, impasse, enclavement, absence de liaisons douces, trottoirs quasi inexistants, manque d’espaces publics … Des vestiges d’une organisation urbaine n’étant plus adaptée aux nécessités et aux besoins (liaison douces, accessibilité, stationnement) de notre temps.

Nous avions prévu de profiter des travaux du Plan Local d’Urbanisme pour étudier la destinée de la friche industrielle lorsqu’une série d’occupations successives de gens du voyage a provoqué des nuisances considérables aux riverains. Devant une certaine « passivité » du  propriétaire et refusant de laisser la situation se dégrader, j’ai lancé une étude sur ce secteur afin d’explorer différentes pistes d’aménagement.

 

Quelques faits nouveaux sont également à prendre en compte :

l’obligation de respecter l’article 55 de la loi SRU et l’objectif fixé par l’Etat et le Plan Local d’Urbanisme de l’agglo de construire 17 logements aidés par an sur 20 années, afin d’aboutir aux 20% de logements sociaux.Nous voulons répondre à cette demande légitime, en privilégiant la qualité du bâti et la taille humaine des opérations lancées.

Le projet de transformer la gare de Trilport en pôle d’échange intermodal (bus / train), mutation qui permettra de favoriser l’utilisation des transports en commun, de désenclaver la gare et de limiter les problèmes de stationnement sur le secteur. Nous travaillons sur ce dossier avec la Région, le STIF, la SNCF et la commun auté d’agglomération.

L’engagement de Trilport pour le Développement Durable depuis 2002, date du lancement du projet de  développement de territoire mené avec le Département et la Région. Certains jalons témoingent de cette volonté : 2005, Trilport est la première commune francilienne de moins de 5 000 habitants à se lancer dans un Agenda 21, suscitant d’ailleurs à l’époque quelques railleries aux alentours, 2006 : inauguration de notre première réalisation H.Q.E … Un effort qui ne s’est pas interrompu, loin s’en faut, les fidèles lecteurs de ce blog le savent !

Autant d’initiatives, de réflexions, d’échanges avec des acteurs du territoire, d’objectifs poursuivis, d’expériences passées, qui en s’entrecroisant prennent du sens et nous incitent à privilégier une réflexion durable, globale et transversale avec le Développement Durable au centre des arbitrages et des priorités …

 

Ce projet d’éco quartier est le fruit de cette réflexion, mais pas seulement car …

 

 


 

La vraie mission de RFF

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Il y a quelques semaines, j’ai visité les travaux de modernisation effectués par Réseau Ferré de France (RFF) sur la ligne Trilport / Chateau Thierry. Chantier imposant vu les moyens humains et matériels déployés : 44 km de rails renouvelés, 40 000 traverses de béton posées et 50 000 tonnes de ballast remplacé …

Une visite bienvenue qui m’a permis de rencontrer des responsables RFF, histoire de débloquer quelques dossiers en souffrance, et d’entrevoir la vraie vocation d’une entreprise considérée par les élus surtout comme un empêcheur de tourner en rond . Combien de dossiers d’aménagement de gare, de problèmes fonciers perdus depuis de longs mois dans les arcanes de RFF ? Exemple parmi d’autres, le blocage du projet de rénovation des gares de Trilport et de Meaux, plus de  18 mois déjà, que nous attendons des réponses claires de RFF sur un point technique !

Une situation qui est la conséquence directe de la réforme de 1997 qui en créant RFF a partitionné la SNCF avec une redistribution des rôles à la clé. A RFF la responsabilité  du réseau, à la SNCF la gestion des trains et des gares ! Rappelons cependant que la Cour des Comptes a épinglé le gouvernement sur ce sujet explosif, car dans le même temps l’Etat s’est délesté sur RFF de 28 milliards d’euros de dettes, soit plus de 1,3 millions de charges financières annuelles, excusez du peu !

Autant dire que depuis, les budgets de rénovation du rail sont plombés, avec des retombées directes sur la qualité du service : retards, allongements des trajets, limitation de la vitesse de trains, arrêts des trains, sécurité …

 

Alors, quels pistes de réflexion pour l’usager ? Voici, pêle mêle quelques pistes de réflexion (lire la suite …)

 

 

Selon les syndicats  pour 30 000 kilomètres de voies ferrés, seuls 1 800 km de lignes TGV seraient neuves. Autre anomalie et non des moindres,  si RFF a en charge le réseau, c’est la SNCF qui gère les 55 000 cheminots chargés de l’entretien des voies et de la circulation des trains !

Deux, trois choses encore … L’état a demandé à RFF, de limiter l’augmentation du  coût du sillon (paiement de l’utilisation du réseau par un train), afin d’éviter la flambée des prix des billets (ce cout en représentant 30% ). Dilemme cornélien, RFF malgré sa dette, vu l’état du réseau doit trouver les moyens financiers d’effectuer les travaux de maintenance qui s’imposent et doit dans le même temps developper  son réseau grande vitesse (2000km de nouvelles lignes pour 2020 selon le Grenelle) . Problème, vu la conjoncture et les choix politiques de ce gouvernement, les financements publics seront de plus en plus incertains dans les prochaines années.

N’oublions pas que si la SNCF depuis 4 ans réalise des bénéfices grâce au TGV (plus d’un milliard de benef pour 2007), elle doit également intervenir pour améliorer ses prestations : trains, accessibilité des gares …  et renouveler bientôt la majeure partie du parc TGV. Une situation qui devrait évoluer et se compliquer avec l’arrivée de nouveaux opérateurs, certains déjà en place, comme la Deutsche Bahn, d’autres en lice pour 2010  : Virgin, Air France, AIR France…

Pourtant la multiplication des problèmes techniques rencontrés ces derniers temps sur le réseau démontre ls’il en est l’urgence d’intervenir; et je n’aborde pas le remplacement des passages à niveaux ! Jusqu’à aujourd’hui, les incidents du fait du réseau, n’ont eu comme conséquences que des retards, espérons qu’aucun accident dramatique  ne survienne !
Car pour les politiques adeptes de la Com’ et de l’écume, l’entretien du réseau est une dépense d’un très mauvais rendement Communication / Prix … Pour la « lisibilité » de l’action, mieux vaut mieux en effet investir dans des nouveaux trains ou des aménagements perceptibles directement par les usagers que sur un entretien, pourtant indispensable mais peu spectaculaire …

Ce qui explique pourquoi depuis plus de 20 ans, l’entretien et la maintenance sont devenus  de plus en plus frequemment des variables d’ajustement, un constat qui ne se limite malheureusement pas au seul transport ferré.

 

Réalité cruelle et problématique pour la sécurité de chaque usager, non ?

 

 

Pour une Laïcité … républicaine !

file_351775_350479.jpgL’accueil réservé par le Président de la république au Très Saint Père (TSP), après la controverse suscitée par ses discours de Latran et de Ryad a remis au premier plan le débat sur la laïcité. Le pape Benoit XVI (B16) a pris position, personne ne s’en étonne,  pour la  «laïcité positive» prônée par Sarkozy qui à Latran en référence aux « racines chrétiennes « de la France avait souhaité que la République s’enrichisse d’une « réflexion morale inspirée de convictions religieuses » ayant « des liens avec la transcendance » … Ni plus, ni moins …

Ne revenons pas sur la  pseudo analyse historique, devant plus aux images d’Epinal (Clovis, Jeanne d’Arc …) qu’à la réalité des faits et sur une vision plus proche du Concordat de Napoléon que de la loi de 1905 ; signalons simplement que cette position est partagée par B16, dont le discours de Ratisbonne (2006), portait sur la « menace pour l’Occident » représentée par l’islam après les attentats du 11-Septembre.
Lecture pour le moins réductrice et amnésique de l’histoire de ces derniers siècles (aucune allusion aux périodes délicates de l’inquisition, de la colonisation ou des guerres de religion …) qui ne peut surprendre du  cardinal Ratzinger (l’actuel B16), proche des catholiques traditionalistes, hostile à l’avortement, la contraception, le divorce, le mariage des prêtres et l’ordonnancement de femmes prêtres …

La laïcité fait aujourd’hui débat, et qui s’en plaindra ?

 

Pourtant certains arguments développés méritent qu’on les examine de plus prés  (lire la suite) …

 

 

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J’ai participé il y a quelques mois à une conférence débat organisée par l’église réformée de France sur la thématique «  La Laïcité, une anti religion ? », qui avait attiré un nombreux public, très attentif …  La question du sens, interpelle et il est tout à l’honneur des protestants français, attachés viscéralement au concept de laïcité de mener une telle réflexion plus d’un siècle après les lois de 1905, …  autour de la table des catholiques, des protestants, des élus et des universitaires … Point de représentant du culte judaïque ou musulman cependant …

 

Alors quel est le dessein poursuivit par Nicolas Sarkozy ?

Politique, afin d’aboutir à une coalition d’intérêt entre tenants de la droite traditionnelle française, attachée à ses «racines chrétiennes» et représentants communautaires islamiques, ou pour remettre « la question religieuse au centre de la vie publique» et occulter ainsi «la question sociale» pour le moins douloureuse actuellement ?

ou spirituel ?

Sans  vouloir tomber dans la caricature, ou la paranoïa, il convient d’être extrêmement vigilant sur la volonté du Président français de « toiletter » la loi de 1905 … L’influence qu’à sur lui l’Amérique baptiste de Bush, son soutien explicite à la théorie du choc des civilisations de Samuel Huntington, la lutte du bien (l’Occident) contre le mal défendue encore en Afghanistan il y a peu, porte à croire que sa volonté est de « reconfessionnaliser »  la société française.

Car même si la donne depuis 1905 a bien changé ce texte de loi, fondateur de notre société actuelle s’il en est, repose sur un équilibre bien fragile qui jusqu’à aujourd’hui nous a préservé du communautarisme …

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Afghanistan, le sens d’une présence

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La mort des 10 soldats français nous interpelle. Chaque citoyen qu’il soit ou non spécialiste de l’art militaire ou de géo politique, s’interroge. Ce drame exige de vraies réponses pour comprendre ce qui s’est réellement passé afin que ces morts ne soient pas inutiles.
Espérons que le débat parlementaire apporte toutes les clarifications nécessaires, sans tabous, ni récupération, surenchère ou démagogie.

Il est sain que notre pays s’interroge sur le sens de son engagement en Afganistan et ses modalités. Si pour certains il ne peut exister de guerre sans victimes, il est heureux qu’en France le sang versé ait un prix qui ne soit pas simplement celui des larmes et des honneurs.

Contrairement aux dirigeants qui « n’ont pas de doute et referais les mêmes choses », j’estime salutaire de se demander si ces morts étaient évitables : nature des moyens engagés, pertinence de la nouvelle stratégie de notre pays … Le remplacement des forces spéciales par de jeunes soldats, peu expérimentés est il par exemple adapté dans ce champ d’opérations, certainement un des plus dangereux au monde ?

Les talibans, ne sont pas les soldats « moyenâgeux » décrits par d’éminents stratèges de salon, rappelons qu’ils n’ont jamais perdu une guerre, que ce soit contre les russes ou les américains. Ces derniers y ont pour la première fois en juin perdus plus d’hommes qu’en Irak. La région peut se révéler très rapidement un véritable bourbier.

Mais autant le dire, être absent de cette région, véritable plaque tournante du terrorisme mondial, avec deux pays voisins  munis de l’arme nucléaire (Pakistan, Iran) dont un pour le moins instable, peut se révéler périlleux pour nos sociétés. Encore faut il ne pas se tromper de combat, ni de siècle : cette guerre n’est pas le choc des civilisations décrit par Bush et ses affidés, la lutte entre les forces du mal et celles du bien a pour le moins démontré tragiquement ses limites, en Irak comme sur ce terrain. Au regard de la situation militaire actuelle, il serait sans doute opportun d’opter pour une autre stratégie.
Les Occidentaux, comme le souligne Vedrine ont perdu le monopole de l’histoire (l’ont ils seulement eu ?), il est plus qu’urgent qu’ils réfléchissent aux politiques à adopter face à ce bouleversement « tectonique » , faute de quoi ils s’enferreront dans des politiques de force simplistes et vouées à l’échec.

Je voulais souligner la pertinence de deux contributions utiles, celle du journaliste de Libération, « spécialiste » des questions de défense, Jean Dominique Merchet (cf son blog : « secret défense ») et le remarquable article paru dans le Figaro (comme quoi …) dont l’auteur est François Sureau (cf article).

 

En voici d’ailleurs un extrait … C’est à la fois digne, émouvant et juste

 

 

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 » Il y a une guerre en Afghanistan, et cette guerre tue. Nous devons aux soldats du 8e RPIMa qui y ont trouvé la mort les armes à la main de réfléchir à ce que cela signifie. Nous devrions d’ailleurs nous abstenir de parler de leur «sacrifice» avant d’être sûrs des raisons de leur mort. Nous ne devons pas d’abord aux soldats tombés l’émotion et les larmes, mais l’effort de l’intelligence et celui du souvenir, afin de pouvoir leur rendre lucidement les honneurs qui leur sont dus.

Ces morts devraient  nous apprendre à nous méfier de ces mots trop grands, trop vagues, que nous répétons à l’envi. Il n’y a pas de «présence française» dans un monde guetté par le chaos qui ne soit susceptible d’entraîner la mort de nos soldats : par dizaines aujourd’hui, par centaines peut-être demain. Il n’y a pas de participation effective à la lutte du monde libre contre le terrorisme qui puisse être assurée aujourd’hui sans le risque de telles épreuves. Il n’y a pas de «rang», de «place» de la France qui puissent être maintenus sans comporter, à la fin, ces souffrances-là.

… / …

S’il existe en Afghanistan des raisons de se battre et des chances de vaincre de se battre, et non pas d’assurer, abstraitement, une «présence» limitée aux communiqués de la publicité politique , alors il faut se préparer à cette guerre, qui sera dure comme elles le sont toutes. Il faut se préparer aux embuscades, aux revers, aux morts nombreux d’une guerre, et ne pas s’en étonner avec cette inconscience de vieux enfants qui est souvent la nôtre, qui découvrent avec surprise que le reste du monde ne joue pas.

Alors il faut que les troupes s’entraînent, que le commandement commande et que les politiques fassent des choix, y compris budgétaires, qui correspondent à la réalité des engagements. Alors il ne faut pas se demander à chaque épreuve si les morts ne sont pas morts «pour rien», si tel objectif limité justifiait les pertes, si l’on n’aurait pas pû procéder autrement. Dans une guerre, les soldats qui tombent dans les batailles décisives ne sont pas plus nombreux, et cela ne signifie nullement que la mort des autres ait été vaine. La nation doit autant au dernier tué de la Grande Guerre qu’aux morts de Verdun.

… / …

La question de savoir si, pour l’Afghanistan, la stratégie de l’Otan est la bonne et si elle correspond à nos intérêts dépasse ma compétence. Je sais simplement que s’il n’est pas possible d’y répondre de manière convaincante, aucun effort de guerre durable ne pourra être poursuivi. Le soldat peut mourir, mais pas en victime de la figuration internationale « 

 

Le pays des droits de l’homme

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En 2008 pour être bien accueilli en France mieux vaut s’appeler Kadhafi ou Assad qu’être Prix Nobel de la Paix.

L’accueil fait à Tenzin Gyatso, Dalaï Lama de son état, en visite dans notre pays est à des années lumière des fastes réservés à Khadafi, en décembre dernier lors de sa visite d’état tapageuse ou des honneurs rendus sur les Champs Elysées au Président syrien Assad lors des cérémonies du 14 juillet !

Malheureusement ce cas de figure ne s’est pas limité pas au seul exécutif, la France a été au delà des espérances chinoises …
La ville de Nantes, par exemple, a été sommée par le Préfet de Région de retirer de son fronton ledrapeau Tibétain installé pour la visite dans cette ville du Dalaï Lama, au motif que cela gênait l’Etat français » (‘il n’était ni obligatoire, ni souhaitable, ni opportun de pavoiser !).
Si une délégation de parlementaires a pu finalement recevoir le chef spirituel des Tibétains dans un bureau (bien que ce Palais ne manque pas de salons surtout au mois d’aout), il a fallu que les élus négocient auprès du Président Poncelet, 3eme personnage de l’Etat garant des traditions démocratiques du Parlement, pour que l’encombrant visiteur entre par « la cour d’honneur et non par la cave ou les égouts! ».

Huis clos retentissant qui a provoqué une prise de conscience et causé un profond malaise relayé par les médias; du coup et après avoir appris que le Dalaï Lama serait reçu officiellement par des élus de l’opposition, le Président de la République a trouvé une date dans sans son agenda 2008, Bernard Kouchner et Ramada Yade, Secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme (ça ne s’invente pas ! ) se sont enfin réveillés !

Le choix de la non violence, la sagesse et le rayonnement international de ce personnage le place dans l’inconscient collectif au niveau d’un Gandhi ou d’un Martin Luther King. Contrairement aux dictateurs du Proche Orient désireux de s’approprier le nucléaire que la France est prête à leur vendre, le 14 eme Dalaï Lama n’a rien à acheter lui.

 

Sur ce dossier, Nicolas Sarkozy a multiplié les impairs vis à vis du Dalaï Lama, bien évidemment mais aussi de la Chine  …

 

 

 

 

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Quelle ligne directrice entre les paroles du 10 juillet : « Ce n’est pas à la Chine de fixer ni mon agenda ni mes rendez-vous » et les actes ? Pourquoi poser des conditions pour venir à la cérémonie d’ouverture des Jeux et ne pas en tenir compte ? A quoi sert de bomber le torse si c’est pour s’allonger ensuite ?

Signalons que Le Dalaï Lama (« Océan de sagesse » en Tibétain) a été reçu en Europe par Angela Merkel ou Gordon Brown, sans aucune vague ; il est vrai que le Chancelier Allemand et le Premier Ministre britannique n’ont pas multiplié les déclarations médiatique, ni les effets de manche, n’ont donné aucune leçon à qui que ce soit, ils ont simplement reçu le chef spirituel Tibetain en toute indépendance, ce qu’au final les Chinois ont respecté … Sur la planète, chacun sait désormais quel crédit à accorder aux « exigences » françaises, notre pays y a perdu en crédibilité.

D’autant que la sagesse de Tenzin Gyatso booste l’audience du boudhisme (4eme religion en France) sur la planète, notamment dans les pays occidentaux qui compteront de plus en plus sinon d’adeptes du moins de sympathisants, nous y reviendrons. Faut il rappeler que Gandhi ce «fakir à moitié nu», selon Churchill a déplacé des montagnes ?
Tenzin Gyatso est de cette veine, et c’est pourquoi cet homme de plus de 70 ans inquiète une super puissance comme la Chine.
En toute lucidité, il soutient pourtant, malgré la répression qui s’abat sur son pays, les Jeux Olympiques que selon lui la Chine mérite d’organiser. En encourageant l’Occident à s’y rendre, il donne de l’echo aux paroles de Deng Xiaoping : « Si la Chine ouvre ses portes, des mouches entreront forcément ».

Si Nicolas Sarkozy est tout à la fois complaisant avec les puissants et dur avec les faibles, il doit certainement avoiir du mal à comprendre un homme qui déclare : « Le vrai bonheur ne dépend d’aucun être, d’aucun objet extérieur. Il ne dépend que de nous… »

Sarkozy sera t’il un jour réellement heureux …