Pour une Laïcité … républicaine !

file_351775_350479.jpgL’accueil réservé par le Président de la république au Très Saint Père (TSP), après la controverse suscitée par ses discours de Latran et de Ryad a remis au premier plan le débat sur la laïcité. Le pape Benoit XVI (B16) a pris position, personne ne s’en étonne,  pour la  «laïcité positive» prônée par Sarkozy qui à Latran en référence aux « racines chrétiennes « de la France avait souhaité que la République s’enrichisse d’une « réflexion morale inspirée de convictions religieuses » ayant « des liens avec la transcendance » … Ni plus, ni moins …

Ne revenons pas sur la  pseudo analyse historique, devant plus aux images d’Epinal (Clovis, Jeanne d’Arc …) qu’à la réalité des faits et sur une vision plus proche du Concordat de Napoléon que de la loi de 1905 ; signalons simplement que cette position est partagée par B16, dont le discours de Ratisbonne (2006), portait sur la « menace pour l’Occident » représentée par l’islam après les attentats du 11-Septembre.
Lecture pour le moins réductrice et amnésique de l’histoire de ces derniers siècles (aucune allusion aux périodes délicates de l’inquisition, de la colonisation ou des guerres de religion …) qui ne peut surprendre du  cardinal Ratzinger (l’actuel B16), proche des catholiques traditionalistes, hostile à l’avortement, la contraception, le divorce, le mariage des prêtres et l’ordonnancement de femmes prêtres …

La laïcité fait aujourd’hui débat, et qui s’en plaindra ?

 

Pourtant certains arguments développés méritent qu’on les examine de plus prés  (lire la suite) …

 

 

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J’ai participé il y a quelques mois à une conférence débat organisée par l’église réformée de France sur la thématique «  La Laïcité, une anti religion ? », qui avait attiré un nombreux public, très attentif …  La question du sens, interpelle et il est tout à l’honneur des protestants français, attachés viscéralement au concept de laïcité de mener une telle réflexion plus d’un siècle après les lois de 1905, …  autour de la table des catholiques, des protestants, des élus et des universitaires … Point de représentant du culte judaïque ou musulman cependant …

 

Alors quel est le dessein poursuivit par Nicolas Sarkozy ?

Politique, afin d’aboutir à une coalition d’intérêt entre tenants de la droite traditionnelle française, attachée à ses «racines chrétiennes» et représentants communautaires islamiques, ou pour remettre « la question religieuse au centre de la vie publique» et occulter ainsi «la question sociale» pour le moins douloureuse actuellement ?

ou spirituel ?

Sans  vouloir tomber dans la caricature, ou la paranoïa, il convient d’être extrêmement vigilant sur la volonté du Président français de « toiletter » la loi de 1905 … L’influence qu’à sur lui l’Amérique baptiste de Bush, son soutien explicite à la théorie du choc des civilisations de Samuel Huntington, la lutte du bien (l’Occident) contre le mal défendue encore en Afghanistan il y a peu, porte à croire que sa volonté est de « reconfessionnaliser »  la société française.

Car même si la donne depuis 1905 a bien changé ce texte de loi, fondateur de notre société actuelle s’il en est, repose sur un équilibre bien fragile qui jusqu’à aujourd’hui nous a préservé du communautarisme …

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Afghanistan, le sens d’une présence

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La mort des 10 soldats français nous interpelle. Chaque citoyen qu’il soit ou non spécialiste de l’art militaire ou de géo politique, s’interroge. Ce drame exige de vraies réponses pour comprendre ce qui s’est réellement passé afin que ces morts ne soient pas inutiles.
Espérons que le débat parlementaire apporte toutes les clarifications nécessaires, sans tabous, ni récupération, surenchère ou démagogie.

Il est sain que notre pays s’interroge sur le sens de son engagement en Afganistan et ses modalités. Si pour certains il ne peut exister de guerre sans victimes, il est heureux qu’en France le sang versé ait un prix qui ne soit pas simplement celui des larmes et des honneurs.

Contrairement aux dirigeants qui « n’ont pas de doute et referais les mêmes choses », j’estime salutaire de se demander si ces morts étaient évitables : nature des moyens engagés, pertinence de la nouvelle stratégie de notre pays … Le remplacement des forces spéciales par de jeunes soldats, peu expérimentés est il par exemple adapté dans ce champ d’opérations, certainement un des plus dangereux au monde ?

Les talibans, ne sont pas les soldats « moyenâgeux » décrits par d’éminents stratèges de salon, rappelons qu’ils n’ont jamais perdu une guerre, que ce soit contre les russes ou les américains. Ces derniers y ont pour la première fois en juin perdus plus d’hommes qu’en Irak. La région peut se révéler très rapidement un véritable bourbier.

Mais autant le dire, être absent de cette région, véritable plaque tournante du terrorisme mondial, avec deux pays voisins  munis de l’arme nucléaire (Pakistan, Iran) dont un pour le moins instable, peut se révéler périlleux pour nos sociétés. Encore faut il ne pas se tromper de combat, ni de siècle : cette guerre n’est pas le choc des civilisations décrit par Bush et ses affidés, la lutte entre les forces du mal et celles du bien a pour le moins démontré tragiquement ses limites, en Irak comme sur ce terrain. Au regard de la situation militaire actuelle, il serait sans doute opportun d’opter pour une autre stratégie.
Les Occidentaux, comme le souligne Vedrine ont perdu le monopole de l’histoire (l’ont ils seulement eu ?), il est plus qu’urgent qu’ils réfléchissent aux politiques à adopter face à ce bouleversement « tectonique » , faute de quoi ils s’enferreront dans des politiques de force simplistes et vouées à l’échec.

Je voulais souligner la pertinence de deux contributions utiles, celle du journaliste de Libération, « spécialiste » des questions de défense, Jean Dominique Merchet (cf son blog : « secret défense ») et le remarquable article paru dans le Figaro (comme quoi …) dont l’auteur est François Sureau (cf article).

 

En voici d’ailleurs un extrait … C’est à la fois digne, émouvant et juste

 

 

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 » Il y a une guerre en Afghanistan, et cette guerre tue. Nous devons aux soldats du 8e RPIMa qui y ont trouvé la mort les armes à la main de réfléchir à ce que cela signifie. Nous devrions d’ailleurs nous abstenir de parler de leur «sacrifice» avant d’être sûrs des raisons de leur mort. Nous ne devons pas d’abord aux soldats tombés l’émotion et les larmes, mais l’effort de l’intelligence et celui du souvenir, afin de pouvoir leur rendre lucidement les honneurs qui leur sont dus.

Ces morts devraient  nous apprendre à nous méfier de ces mots trop grands, trop vagues, que nous répétons à l’envi. Il n’y a pas de «présence française» dans un monde guetté par le chaos qui ne soit susceptible d’entraîner la mort de nos soldats : par dizaines aujourd’hui, par centaines peut-être demain. Il n’y a pas de participation effective à la lutte du monde libre contre le terrorisme qui puisse être assurée aujourd’hui sans le risque de telles épreuves. Il n’y a pas de «rang», de «place» de la France qui puissent être maintenus sans comporter, à la fin, ces souffrances-là.

… / …

S’il existe en Afghanistan des raisons de se battre et des chances de vaincre de se battre, et non pas d’assurer, abstraitement, une «présence» limitée aux communiqués de la publicité politique , alors il faut se préparer à cette guerre, qui sera dure comme elles le sont toutes. Il faut se préparer aux embuscades, aux revers, aux morts nombreux d’une guerre, et ne pas s’en étonner avec cette inconscience de vieux enfants qui est souvent la nôtre, qui découvrent avec surprise que le reste du monde ne joue pas.

Alors il faut que les troupes s’entraînent, que le commandement commande et que les politiques fassent des choix, y compris budgétaires, qui correspondent à la réalité des engagements. Alors il ne faut pas se demander à chaque épreuve si les morts ne sont pas morts «pour rien», si tel objectif limité justifiait les pertes, si l’on n’aurait pas pû procéder autrement. Dans une guerre, les soldats qui tombent dans les batailles décisives ne sont pas plus nombreux, et cela ne signifie nullement que la mort des autres ait été vaine. La nation doit autant au dernier tué de la Grande Guerre qu’aux morts de Verdun.

… / …

La question de savoir si, pour l’Afghanistan, la stratégie de l’Otan est la bonne et si elle correspond à nos intérêts dépasse ma compétence. Je sais simplement que s’il n’est pas possible d’y répondre de manière convaincante, aucun effort de guerre durable ne pourra être poursuivi. Le soldat peut mourir, mais pas en victime de la figuration internationale « 

 

Le pays des droits de l’homme

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En 2008 pour être bien accueilli en France mieux vaut s’appeler Kadhafi ou Assad qu’être Prix Nobel de la Paix.

L’accueil fait à Tenzin Gyatso, Dalaï Lama de son état, en visite dans notre pays est à des années lumière des fastes réservés à Khadafi, en décembre dernier lors de sa visite d’état tapageuse ou des honneurs rendus sur les Champs Elysées au Président syrien Assad lors des cérémonies du 14 juillet !

Malheureusement ce cas de figure ne s’est pas limité pas au seul exécutif, la France a été au delà des espérances chinoises …
La ville de Nantes, par exemple, a été sommée par le Préfet de Région de retirer de son fronton ledrapeau Tibétain installé pour la visite dans cette ville du Dalaï Lama, au motif que cela gênait l’Etat français » (‘il n’était ni obligatoire, ni souhaitable, ni opportun de pavoiser !).
Si une délégation de parlementaires a pu finalement recevoir le chef spirituel des Tibétains dans un bureau (bien que ce Palais ne manque pas de salons surtout au mois d’aout), il a fallu que les élus négocient auprès du Président Poncelet, 3eme personnage de l’Etat garant des traditions démocratiques du Parlement, pour que l’encombrant visiteur entre par « la cour d’honneur et non par la cave ou les égouts! ».

Huis clos retentissant qui a provoqué une prise de conscience et causé un profond malaise relayé par les médias; du coup et après avoir appris que le Dalaï Lama serait reçu officiellement par des élus de l’opposition, le Président de la République a trouvé une date dans sans son agenda 2008, Bernard Kouchner et Ramada Yade, Secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme (ça ne s’invente pas ! ) se sont enfin réveillés !

Le choix de la non violence, la sagesse et le rayonnement international de ce personnage le place dans l’inconscient collectif au niveau d’un Gandhi ou d’un Martin Luther King. Contrairement aux dictateurs du Proche Orient désireux de s’approprier le nucléaire que la France est prête à leur vendre, le 14 eme Dalaï Lama n’a rien à acheter lui.

 

Sur ce dossier, Nicolas Sarkozy a multiplié les impairs vis à vis du Dalaï Lama, bien évidemment mais aussi de la Chine  …

 

 

 

 

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Quelle ligne directrice entre les paroles du 10 juillet : « Ce n’est pas à la Chine de fixer ni mon agenda ni mes rendez-vous » et les actes ? Pourquoi poser des conditions pour venir à la cérémonie d’ouverture des Jeux et ne pas en tenir compte ? A quoi sert de bomber le torse si c’est pour s’allonger ensuite ?

Signalons que Le Dalaï Lama (« Océan de sagesse » en Tibétain) a été reçu en Europe par Angela Merkel ou Gordon Brown, sans aucune vague ; il est vrai que le Chancelier Allemand et le Premier Ministre britannique n’ont pas multiplié les déclarations médiatique, ni les effets de manche, n’ont donné aucune leçon à qui que ce soit, ils ont simplement reçu le chef spirituel Tibetain en toute indépendance, ce qu’au final les Chinois ont respecté … Sur la planète, chacun sait désormais quel crédit à accorder aux « exigences » françaises, notre pays y a perdu en crédibilité.

D’autant que la sagesse de Tenzin Gyatso booste l’audience du boudhisme (4eme religion en France) sur la planète, notamment dans les pays occidentaux qui compteront de plus en plus sinon d’adeptes du moins de sympathisants, nous y reviendrons. Faut il rappeler que Gandhi ce «fakir à moitié nu», selon Churchill a déplacé des montagnes ?
Tenzin Gyatso est de cette veine, et c’est pourquoi cet homme de plus de 70 ans inquiète une super puissance comme la Chine.
En toute lucidité, il soutient pourtant, malgré la répression qui s’abat sur son pays, les Jeux Olympiques que selon lui la Chine mérite d’organiser. En encourageant l’Occident à s’y rendre, il donne de l’echo aux paroles de Deng Xiaoping : « Si la Chine ouvre ses portes, des mouches entreront forcément ».

Si Nicolas Sarkozy est tout à la fois complaisant avec les puissants et dur avec les faibles, il doit certainement avoiir du mal à comprendre un homme qui déclare : « Le vrai bonheur ne dépend d’aucun être, d’aucun objet extérieur. Il ne dépend que de nous… »

Sarkozy sera t’il un jour réellement heureux …

Dégustons l’huitre de Marennes Oléron

huitre marennes.jpgDe passage sur l’île d’Oléron lors de mes congés d’été, je n’ai pas résisté au plaisir de déguster la production locale d’huitres et de découvrir plus en profondeur l’activité ostréicole.
Cette industrie a fait la une des journaux en juillet dernier, du fait d’une surmortalité record des naissains (jeunes huitres de un à deux ans). Si les réveillons de fin d’année ne sont pas menacés, cette disparition soudaine et massive ne sera pas sans conséquence pour les années à venir (dés 2010-2011); rappelons qu’il faut trois à quatre années pour qu’une huitre (après une période variable d’affinage dans les claires) ne soit consommable.

Une surmortalité qui a décimé en l’espace de quelques mois l’ensemble des bassins ostréicoles français, avec des taux de mortalité allant de de 40 à 100 % des naissains d’huîtres creuses, tous ou presque d’origine japonaises, soit 99% de la production française.

Une véritable catastrophe pour les milliers de personnes vivant de cette industrie, vitale pour l’économie de leurs territoires ; avec 130.000 tonnes par an la France est le premier producteur européen et le quatrième mondial derrière la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Une activité qui est également un argument touristique de premier plan pour ces régions !

Le plus paradoxal est que l’huitre est à la fois robuste, elle est de loin antérieure à l’arrivée de l’homme sur terre, et fragile.  Sa survie est totalement liée à l’équilibre et la vitalité d’un éco système complexe, qu’il ne faut surtout pas limiter à l’Océan, notamment dans le cas de l’huitre de Marennes, car bien des paramètres interviennent y compris terrestres : température de la mer, apports en eau douce, salinité, prédateurs, algues, pollution des effluents et affluents …

La crise traversée aujourd’hui par le monde ostréicole est une illustration parfaite des problématiques actuelles. Ou comment concilier développement vertueux de nos territoires, interrelations entre nos différentes activités et le milieu, gérer le risque sanitaire et protéger notre environnement …

Car tout est lié !

 

 

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Si autrefois pour déguster des huitres, il fallait les « cueillir » sur les bancs naturels en mer, la production d’huitre est désormais une véritable industrie de pointe, qui présente beaucoup de similitudes avec celle du vin : vocabulaire (en bouche, affinage …), importance du site et des paramètres naturels, suivi sanitaire, poids économique pour les régions productrices …

Chaque huitre dégustée possède des spécificités gustatives propres en fonction de son lieu d’élevage, les ostréiculteurs français n’élèvent principalement qu’un type d’huitre, dite « japonaise »,  ce qui n’a toujours pas été le cas, ce choix dépendant de la capacité de l’huitre à résister aux attaques de parasite ou de virus …
L’huitre native de nos côtes, toujours produite, est le « belon » (Ostrea edulis) qui a laissé progressivement à l’huître portugaise (ou Crassostrea angulata) rejetée dans l’estuaire de la Gironde en 1868 et qui s’était acclimaté à merveille aux charmes de nos côtes jusqu’au mois d’aout 1970, où elle a quasiment été éradiquée après une épizootie qui a détruit l’ensemble des élevages de la côte atlantique française. Depuis les ostréiculteurs ont importé en masse l’huître creuse « japonaise » (Crassostrea gigas) résistant à cette maladie, qui subit aujourd’hui une surmortalité qui fait redouter le pire aux producteurs.

Car l’huitre est un produit naturel dont la survie est intimement liée à la qualité de son éco système et aux phénomènes naturels : vents forts, tempêtes (telle celle 1999), changements de courant, bancs de sables, vases … La moindre variation de paramètres aussi divers que la température, la turbidité, la salinité, la diversité phytoplanctonique influe directement  sur la qualité de la production.
L’huitre subit également la concurrence de « compétiteurs » comme les moules, ou de prédateurs tels le bigorneau ou l’étoile de mer … Autant dire que le métier d’ostréiculteur n’est pas de tout repos et que cette activité demande un suivi et des interventions quasi quotidiennes qui ne se limitent pas à la seule collecte, notamment à Marennes-Oléron.
Ce parc ostéicole possède des spécificités bien étables : milieu protégé des courants et des fortes marées, importance de l’apport en eau d

ouce, période d’élevage dans les claires (marais) occasionnant beaucoup de manipulation aux producteurs des pousse de claires et fines de claires, ce qui leur fait dire, d’ailleurs que leur huitre est un fruit de mer et de terre …

Les scientifiques ont cerné la cause principale de la surmortalité qui a touché les parcs français. Il s’agirait d’un virus : l’Ostreid Herpes virus 1, ou OsHV-1, connue pourtant par les spécialistes depuis de longues années mais qui aurait trouvé en 2008 un ensemble de conditions favorables pour se développer : . conditions climatiques particulières de l’hiver, printemps pluvieux, remontée rapide des températures, présence d’alg

ues …

Les chercheurs de l’IFREMER ont du pain sur la planche pour garantir la qualité et la pérennité de la production française, d’autant que le réchauffement

climatique risque de perturber la donne actuelle … En influant la qualité de notre production mais en permettant également à de nouveaux pays situés plus au nord de devenir concurrentiels (les Pays Bas)… La tentation de recourir à des OGM risque également d’apparaitre, ici ou là bas (USA ?)

Car tout en réfutant une telle piste, la recherche a débouché sur une nouveauté : l’huître triploïde, dite également huitre des quatre saisons, obtenues en écloseries par croisements. Des huitres stériles, ne fabriquant pas de gametes, et ne dépensant leur énergie qu’à grandir ! Elles ne sont pas laiteuses en été, poussent plus vite et se consomment à toute saison, car non concernées par le cycle habituel de la vue. Une huitre discutée par nombre d’ostréiculteurs ne désirant pas élever de produits non naturels, dont les naissains sont élevés exclusivement en écloserie (c’est tout de même un système de dépendance similaires aux semences OGM de Monsanto par exemple) et en milieu confiné afin d’éviter tout risque de contamination …

Voilà qui nous éloigne du plaisir simple offert par la dégustation de ce cadeau de la mer qu’est l’huitre naturelle  !

 

Qiu Xiaolong ou le Petit dragon

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Le moment est particulièrement bien choisi pour vous faire découvrir un de mes romanciers favoris, l’écrivain chinois Qiu Xiaolong (petit dragon en chinois) : les vacances d’été sont propices à la découverte de  livres policiers dépaysant, et les siens le sont à plus d’un titre, l’intérêt grandissant pour la Chine, ce pays continent qui accueille les jeux olympiques, la série de ses nouvelles inédites que Le Monde publie …

Maisplus encore,  l’originalité de cet auteur que j’ai découvert il y a plus de 5 ans et la très grande qualité de ses romans qui ont le bon gout d’être publié en poche.

Quelques mots sur son itinéraire : il est né à Shanghai en 1953, où il grandit, sa famille est victime des gardes rouges durant la Révolution culturelle, lors de ses études il intègre l’Institut des Sciences Sociales de Shanghai. Remportant une bourse d’études, il part aux Etats-Unis en 1988, afin de rédiger son doctorat sur l’auteur T.S. Eliot. Les évènements de Tienanmen éclatent, il écrit des articles, en faveur des étudiants et devant la répression décide de rester aux Etats Unis.
Il enseigne alors à l’université de Saint Louis et se met à écrire en anglais. Devant le succès rencontré, il se consacre uniquement à cette activité.
Publié dans une vingtaine de pays, il retourne depuis 1997 en Chine pour de courts séjours, ce qui lui permet d’être très informé sur l’état de son pays d’origine et de ses habitants.

Une acuité que l’on retrouve dans tous ses romans.Ses livres sont bâtis autour d’un personnage principal récurrent, l’inspecteur Chen Cao, tout à la fois cadre du Parti,  membre de l’Union des écrivains et policier.

L’intrigue policière est le prétexte pour nous plonger dans le véritable Tsunami subit par la Chine depuis l’ouverture économique initiée par Den Xiaoping. Un bouleversement sans précédent.

Comme l’écrit Xiu  » La transition, c’est que le pire des deux s’est uni : le pouvoir du parti unique avec le capitalisme le plus sauvage. »

C’est dire …

 


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Période charnière que ses romans décrivent à merveille. C’est en 1996 que l’idée lui est venue de laisser de coté la poésie pour se lancer dans le polar. Un parti pris qui lui permet grâce à ses intrigues et à ses personnages de décrire la réalité de son pays.
Cette volonté explique la profondeur et la complexité de ses personnages, notamment l’inspecteur Chen qui permet d’avoir une analyse assez complète des  traumatismes subis par la Chine et les Chinois :  culture, politique, vie quotidienne…

Autre raison de ce choix, « combattre la  vision caricaturale qu’ont les américains des chinois et de la Chine ; je voulais à travers mon personnage faire voir que nous étions beaucoup plus complexe que ce qu’ils pensaient (des chinois pauvres, illettrés, aux idées simplistes…) et leur amener une réflexion nouvelle face aux Chinois ».

La galaxie de personnage qui peuplent ses romans permettent également de multiplier les points de vue et les analyses croisée et de décrire ainsi toutes les affres qui secouent un pays ou l’argent est devenu le seul standard de la réussite.
Une période difficile pour les lettrés et les poètes, ce qui explique l’atmosphère particulière des romans de cet auteur attachant que l’on sent également un peu perdu. Fort heureusement, Chen est un épicurien, qui aime la cuisine, est sensible à la beauté féminine et qui s’il combat la corruption demeure un fin politique …

Les livres de Qiu Xiaolong ont bien d’autres arguments : leur rythme, la place prise par les allusions poétiques et les citations d’érudits chinois, les analyses sans concession de la tradition confucéenne et du Maoisme, l’humanité des personnages, quelque soit leur coté : criminel ou justicier …

Mais le mieux c’est de lire ses intrigues au fil du cheminement du personnage principal et de son évolution dans la société et dans ses rencontres … Donc de commencer par « Mort d’une héroïnerouge » puis « Visa piur Shangaï » puis …

http://www.qiuxiaolong.com/

Bibliographie :

La Danseuse de Mao, Liana Levi (2008)

De soie et de sang (Éditions Liana Levi, 2007)

Le très corruptible mandarin (Éditions Liana Levi, 2006)

Encres de Chine (Éditions Liana Levi, 2004)

Visa pour Shangaï (Éditions Liana Levi, 2003)

Mort d’une héroïne rouge (Éditions Liana Levi, 2001)