9 novembre 1989

mur berlin rostro.jpg

 

Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté,

 

Paul ELuard
Poésie et vérité 42

(voir la suite)

 

Liberté

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

– 1942 –

 

Paul Eluard
 » Poésie et vérité 42 « 

 

Vous avez dit PDUIF ?

pduif.jpgIl y a quelques jours, j’ai répondu sur Internet à l’enquête organisée par le STIF à l’occasion de la révision du Plan de Déplacement Urbain d’Ile de France (ou PDUIF), une première illustrant la qualité de la concertation engagée sur une problématique qui nous concerne au premier chef; j’ai renseigné les deux questionnaires, celui destiné aux usagers, comme celui s’adressant aux collectivités.

Ce dialogue inédit est la conséquence directe de la loi « Libertés et Responsabilités locales », confiant depuis 2004 au STIF, donc aux élus, la responsabilité du dossier des transports franciliens. Ne reste plus qu’à espérer, vu les projets gouvernementaux sur la Région Capitale, que cette concertation ne soit pas un chant du cygne ! Aucune relation de cause à effet pensez vous peut être ? Et pourtant …

Les projets de Nicolas Sarkozy et de Christian Blanc sur le Grand Paris (notamment son fameux grand 8), lancé sans aucune concertation réelle avec les collectivités et les usagers risquent fort d’impacter lourdement, au regard des besoins en structures et infra structures exigés, les moyens financiers déjà engagés pour l’amélioration des conditions de transport des 11 millions de franciliens que nous sommes, dont ceux vivant en grande couronne ! D’autant que la gouvernance de ce « grand machin » qu’est la Société du Grand Paris, échappera aux élus  … L’inquiétude est grande, mais nous aurons l’occasion de revenir sur ce dossier !

Goutons pour l’heure, la démarche partenariale exemplaire initiée par le STIF qui associe à cette réflexion l’ensemble des acteurs et décideurs des transports franciliens. Soulignons que le questionnaire a été précédé d’un diagnostic alimenté des travaux de 15 groupes d’experts et d’acteurs du terrain, qui ont servi de base à son élaboration.

Piqure de rappel utile …
Le Plan de Déplacements Urbains (ou PDU) est le document d’orientation et de programmation qui coordonne les politiques de transport (collectifs, individuels, doux, stationnement, marchandises,  livraisons …), abordant également les liens entre aménagement urbain et du territoire et les besoins de mobilité, au sens large. Son contenu et ses objectifs fixés par deux textes (Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie 1996, Loi Solidarité et Renouvellement Urbains 2000) ont été précisés dans la Loi d’Orientation des Transports Intérieurs, la fameuse loi LOTI.
Le premier PDUIF élaboré en 2000 par l’État, a marqué une rupture profonde avec le « tout automobile » qui prévalait jusqu’alors. Depuis 2004 (voir plus haut), c’est le STIF en qualité de chef de file qui a mené son évaluation. Les conclusions de cette évaluation justifient la révision en cours : évolution du paysage institutionnel avec l’irruption des intercommunalités, Grenelle de l’environnement, insuffisances du plan d’actions engagé (actions peu applicables, calendrier impossible à ternir, modes de financement ambigu, manque de concertation en amont …).

Certains des constats dressés justifient les inquiétudes sur les conséquences potentielles induites par les réalisations du Grand Paris, sur notre quotidien. Car l’argent par les temps qui courent devient une ressource des plus rare …

Mais, paradoxalement pourtant les besoins à satisfaire vont croissants …

 

L’équilibre entre besoins en mobilité, protection de l’environnement et moyens financiers est loin d’être atteint aujourd’hui. Une certitude cependant, les conséquences d’ici 2020 du réchauffement climatique (le fameux facteur 4) induisent une (r)évolution forte non seulement des conditions de déplacements mais surtout des comportements individuels et collectifs.
C’est un des fondements du nouveau PDUIF qui s’articulera pour répondre à cette urgence sur neuf défis complémentaires, accompagné chacun d’une série d’orientations soumises au débat public.
Ne restera plus qu’à définir ensuite, contenus, chefs de file, modes et clés de financement de chaque action. Ce qui nécessite cependant quelques préalables, dont des expertises intégrant la nature et la territorialisation de chacune des actions prévues, car l’ile de France demeure une terre de contrastes ! Comparons pour nous en convaincre, les moyens financiers des collectivités du « 9 ». « 2 » avec celles de la grande couronne seine et marnaise …

Une évidence aujourd’hui, le PDUIF 2000 poursuivait des objectifs ambitieux (diminution de 3 % du trafic automobile, limitation à 85 % de la part de la voiture particulière dans la grande couronne, augmentation de 2 % de l’usage des transports en commun, de 10 % de la part de la marche, doublement du nombre de déplacements à vélo, augmentation de 3 % de la part de marchandises acheminées par la voie d’eau et le rail …)mais qui malheureusement à l’expérience, se sont avérés irréalisables !

Cependant ce document a marqué une véritable rupture, avec l’abandon du « tout voiture », accompagnant l’émergence d’une nouvelle culture de la mobilité francilienne, illustrée par quelques symboles : velib, tramway, pistes cyclables, renouvellement du parc ferré  …
L’horizon 2020, s’il est plus lointain, demeure cependant plus réaliste que le précédent. D’autant que cette révision est une démarche dynamique (« révision-action ») conjuguant autour de la concertation engagée, la relance des actions opérationnelles engagées dans le PDUIF précédent : comités d’axes, comités de pôles et Plans locaux de déplacements.

 

Les objectifs poursuivis sont connus : favoriser l’attractivité de l’Île-de-France, renforcer la cohésion sociale de la région et préserver l’environnement en luttant efficacement contre le réchauffement climatique.

Force est de constater qu’aujourd’hui encore, se déplacer est un objectif lointain pour trop de franciliens, que ce soit pour des raisons d’équité sociale (difficultés financières ou physique dans le cas des publics à mobilité réduite) ou territoriale (notamment au niveau de la Grande couronne et des villages), concernant le transport de marchandises, le « tout routier » demeure l’unique solution, malgré les cours d’eau et les voies ferrés présents sur notre territoire …

Nous faisons face aujourd’hui, à une forte croissance de la demande en déplacements, que ce soit au cœur de l’agglomération, à sa périphérie, proche et lointaine.

Quelles priorités établir, les moyens à dégager et caldnrier à tenir ? Des problématiques qui nécessitent non seulement, concertation, analyse croisée et  partagée, mais également des plans d’actions complémentaires, car mieux vaut aborder cette problématique dans sa globalité en ayant le souci de l’euro utile. C’est aussi en cela que la méthode choisie sur le Grand Paris est condamnable !

Mais bien d’’autres interrogations demeurent, et ceux aux différents échelons du territoire  …

  • Sommes-nous toujours capables de satisfaire les besoins de vie et de développement de nos différents territoires sans réguler ou limiter la demande de mobilité ?
  • Comment éviter que la hausse des prix du carburant et la taxe carbone ne pénalise les plus vulnérables ?
  • Comment concilier déplacements de personnes et transports de marchandises ? Et dans le même ordre le développement des lignes à grande vitesse et celui des transports régionaux ?
  • Comment orienter les usagers vers les modes de transport les plus respectueux de l’environnement, de la santé et du cadre de vie ?

 

Enfin, et surtout, ce qui risque fort d’être le déterminant principal : Quelle adéquation entre les besoins en financement identifiés, pourtant colossaux, (et je n’aborde pas encore les infrastructures prévues dans le Grand Paris) et les moyens financiers de nos territoires aux ressources financières de plus en plus limitées ?

 

 

HQE : Comment essaimer utile …

hqe_3.jpgCe blog a souvent fait référence à la démarche HQE (ou Haute Qualité Environnementale) du fait du programme d’équipements mené depuis 2004, premier du genre au niveau régional à  respecter une telle démarche pour l’ensemble des équipements réalisés, ce qui pour une commune de moins de 5000 habitants n’était pas si évident.

Les trois équipements (centre de loisirs, réfectoire scolaire et gymnase) issus de ce programme, aux signatures architecturales et choix techniques très différents fonctionnent désormais tous les jours pour le plus grand intérêt de leurs utilisateurs. Depuis l’inauguration du premier équipement, le Centre de Loisirs le « Petit Prince » nous avons effectué un point après chaque réalisation afin de faire évoluer nos pratiques, solutions et priorités techniques.

Deux considérations générales sur la HQE. Elle présente l’avantage de viser des cibles différentes  (eco construction, eco gestion, confort et santé) complémentaires, donc d’agir sur un spectre plus large, mais à contrario, son inconvénient est de ne pas donner d’obligation de résultat (indicateur objectif), ce qui peut poser problème, notamment lorsque l’on aborde l’efficacité énergétique. D’autant que les architectes français contrairement à leurs homologues allemands étaient jusqu’à peu, peu sensibilisé sur ce point. Une situation qui change vitesse grand V, et tant mieux !

Ecueil à éviter, ne pas tenir compte du chant des sirènes et résister à l’effet de mode, afin de se concentrer sur les fondamentaux. Certains choix moins clinquants et visibles extérieurement, sont de fait, en terme d’efficacité beaucoup plus déterminant sur l’empreinte écologique d’un équipement. Pour faire simple, entre panneaux solaires et isolation, c’est généralement le deuxième point, même s’il est moins « fun » et visible  qui est le plus efficace.

Pour aller au delà de la démarche H.Q.E, je vous propose, à partir de notre modeste « retour d’expérience », de dégager synthétiquement, donc de manière réductrice et arbitraire, quelques caractéristiques communes aux trois équipements pouvant être considérées de fait comme de véritables « invariants ».
Ce type d’analyse présente l’intérêt de dégager des invariants, qui ont la capacité d’être « reproductibles » dans d’autres contextes (site, choix technique ou typologie d’équipement), facilitant ainsi l’essaimage de pratiques environnementales vertueuses expérimentées concrètement sur le terrain.

 

Quelles sont elles ?

 

 

 

Ni scoop, ni écume, tout simplement l’application de règles de bon sens, pour certaines remontant à la nuit des temps et remis au gout du jour, il y a peu.
J’ai dégagé après analyse cinq invariants, de la prise de décision politique à la construction qui s’adressent à tout type de projet d’équipement public, quelque soit sa taille où sa localisation. Si le dernier peut paraitre anecdotique, à nos yeux il est symbolique d’un décalage entre situation de la planète et frilosité de certaines règles y compris aprés le Grenelle de l’Environnement.

5 invariants pour 3 équipements


Privilégier la polyvalence : 1+1=3 au moins, souvent plus

Le mètre carré de bâti revient cher, financièrement, foncièrement et de plus consommateur d’espace naturel. Il est donc essentiel dés le lancement de la réflexion autour de la réalisation d’un équipement public, de réfléchir à une éventuelle mutualisation des espaces (techniques, sanitaires …) et de sensibiliser les différents utilisateurs à la nécessité de privilégier une réelle polyvalence.
Cela permet de faire plus, mieux et au bout du bout moins cher. Il est cependant indispensable, en amont, de bien intégrer les différentes problématiques d’utilisateurs  puis de les croiser avant d’apporter le schéma de fonctionnement proposé. Jouer le pari de la polyvalence permet souvent d’aboutir à un ouvrage de meilleure facture.
Pour le décideur public, comptable des dépenses présentes mais également à venir, comme pour l’éco citoyen, un équipement doit être conçu avant tout comme un process, qui se poursuit jusqu’à destruction. Il est indispensable désormais de réfléchir et ce dés sa conception  au devenir « possible » d’un équipement et d’anticiper une réversibilité éventuelle. Qu’elle concerne le public cible, la destination et fonction future.  Elément qui peut influer sur certaines décisions, notamment emplacements sur le site futur et architecture.

La force de la concertation : 1+1=3, au moins, souvent plus
Une large concertation menée très en amont, dés l’élaboration du cahier des charges permet de cerner avec beaucoup de précision les besoins actuels et à venir. Les échanges entre différents utilisateurs et services dédiés à la maintenance et à l’entretien enrichissent le référentiel des priorités, ce qui n’exclut pas l’arbitrage lorsque nécessaire.
Cette démarche pour être plus efficace doit intégrer également des visites sur le terrain d’équipements déjà réalisés, afin de bénéficier d’un retour d’expérience partagé utile car provenant d’une expertise collective. Concertation qu’il est bon de poursuivre par la suite, que ce soit pour le choix de l’implantation du futur équipement sur le site, ou sur celle du schéma de fonctionnement futur. Cette démarche présente de nombreux avantages, dont celui d’obtenir un équipement co produit, souvent plus fonctionnel, évolutif et mieux utilisé.
Impératif cependant, la concertation doit réunir tous les utilisateurs et services chargés de la maintenance et de l’entretien, comme elle doit tenir compte de priorités claires, fixées bien en amont (exemple : accessibilité, efficacité énergétique …) et considérés comme des points incontournables.


L’intégration au site : 1+1=1

Privilégier la relation entre l’environnement extérieur et le bâtiment, incite maitre d’ouvrage et le maitre d’œuvre à travailler ensemble, sur le fond, aux racines du projet comme à son intégration dans le tissu urbain ou naturel existant. L’objectif étant de tendre vers une réelle « harmonie architecturale » reposant à la fois, sur les points forts ou caractéristiques du site, mais également les fonctions futures de l’équipement.

Cette volonté induit plusieurs conséquences vertueuses : elle privilégie comme angle d’attaque, l’accessibilité (au sens large) de l’équipement, mais également elle permet de mettre en perspective le fonctionnement futur, quitte à remettre en cause l’existant. Une démarche collaborative qui influe certainement le croquis voir l’épure de l’homme de l’art, notamment sur la fluidité des lignes.

 


L’efficacité énergétique : 1-1=0

Elle est la résultante d’une somme de paramètres techniques, certes, mais elle est surtout largement conditionné par un élément central, celui de  l’implantation du bâtiment. La construction « bio climatique » commence avant tout par ce facteur.
Dans l’ensemble des considérants techniques, un choix s’avère déterminant, celui de l’isolation et des performances des matériaux et solutions techniques employés. Rappelons un principe simple, l’énergie la plus propre et la plus économique est bien celle dont on a pas besoin et que l’on ne consomme pas !

Viennent ensuite toutes les solutions techniques liées au mode de chauffage ou d’éclairage, il y a pléthore. Soulignons sur ces deux points, tout l’intérêt de l’utilisation du solaire, tant pour l’éclairage que pour le thermique, cette solution ayant été choisie pour nos deux derniers équipements. Un préalable cependant, l’intégrer en amont afin qu’il fasse partie du cahier des charges présenté à l’architecte afin que celui-ci l’intègre à son projet comme paramètre important.


La gestion de l’eau : 1

Une constante pour ces trois équipements, avec deux directions.

  • Privilégier l’infiltration naturelle, la gestion du pluvial vu l’évolution climatique devient un élément préoccupant,
  • Récupérer l’eau de pluie, afin d’alimenter les chasses d’eau des sanitaires et de limiter la consommation de cette précieuse ressource. Une remarque, qu’ils fassent chaud ou froid, été comme hiver, les sanitaires jouent leur rôle. Si récupérer de l’eau a une utilité, elle est ici évidente.

 

Eco quartier : Trilport laureat de l’appel à projets régional

nqu.jpgIl y a un peu plus d’un an, j’avais consacré une note à notre projet d’éco quartier, je me rends compte que pas mal d’eau a coulé depuis sous les ponts de la Marne, sans que j’ai donné d’informations sur l’évolution d’un projet qui mérite pourtant qu’on s’y arrête quelque peu.
L’occasion de vous proposer, au travers de ce blog,  de suivre au fil de l’eau la longue gestation d’un éco quartier, une aventure certes environnementale mais surtout et avant tout humaine, car traitant de liens sociaux. Cette gestation durera certainement plus de neuf mois avant d’arriver à terme, mais reconnaissons que dans ce type de problématique, les prématurés sont rarissimes, et les aléas pré natals au contraire nombreux.

Retour sur images. L’idée fondatrice est issue de la concertation menée autour du PLU. Des riverains d’une friche du centre ville (composée essentiellement de délaissés industriel et agricoles) lassés des multiples nuisances rencontrées nous ont demandé d’intervenir, ce que nous avons fait en lançant un diagnostic urbain sur ce secteur. Les conclusions de cette étude, la proximité immédiate avec la gare SNCF et le Centre Ville, les caractéristiques et potentialités du site, nous ont conduit à privilégier la création d’un nouveau quartier.
Nous avons alors esquissé une ébauche de projet dont la spécificité est d’agir sur les trois piliers du Développement Durable : social (renforcement des solidarités et de la mixité sociale et multi générationnelle …), environnemental (développement des transports en communs et des moyens de transports économes en énergie,  habitat bio climatique,  bio diversité, production d’énergie renouvelable …) et économique (création d’emplois locaux et pérennes). Un ensemble et une cohérence qui nous ont amené tout naturellement à opter pour un éco quartier.

Si certains nous reprochent d’avoir perdu prés d’un an avant d’aller plus loin, l’explication est simple. C’est le délai qu’il nous a fallu pour rechercher, puis obtenir les ressources logistiques nécessaires à l’ambition environnementale du projet  …
Pour ce faire, nous avons postulé aux appels à projets relatifs à cette thématique trés en vogue actuellement, avec l’objectif de réunir une aide financière. Soulignons que de tels  dispositifs constituent, de fait, une réelle chasse gardée des grandes villes; ces dernières ont les moyens de faire travailler des bureaux d’études spécialisés leur permettant de monter les dossiers.

Nous avons mis toute notre énergie, notre passion et les quelques comptétences dont nous disposons en interne pour atteindre notre objectif, les vents nous ont été favorables, Trilport et ses quelques 4 868 habitants, petit poucet du concours (et de loin !) est effectivement un des neuf lauréats de l’appel à projet régional « Nouveaux Quartiers Urbains » !

Mais pour y arriver, nous n’avons pas chômé !

 

 

Je m’intéresse à la problématique des éco quartiers depuis quelques années, car ils sont un complément naturel de l’Agenda 21 et de la démarche d’Aménagement Environnementale de l’Urbanisme que nous avons initié pour notre PLU et vont bien plus loin que la Haute Qualité Environnementale.

Le retard de notre pays dans cette thématique environnementale, malgré la communication officielle, n’est pas un scoop, la France ne possède ni  éco quartier « emblématique », ni définition officielle du concept, ce qui explique le flou régnant sur un sujet pourtant dans l’air du temps. Le moindre lotissement TPHE, devient dans la bouche de ses aménageurs ou élus, un « éco quartier », y compris lorsque ses objectifs sont aux antipodes de ceux recherchés, notamment sur l’étalement urbain, la nécessité de « rétro agir » sur la ville, de limiter les déplacements de ses habitants ou la place de la voiture.

La France veut cepednant rattrapper ce retard, c’est heureux. Un référentiel relatif aux éco quartiers est actuellement en élaboration, un espace thématique du site du Ministère de l’Environnement (ou MEDDAT) est dédié à cette problématique. L’objectif principal des premières vagues d’appels à projets régionaux ou nationaux qui ont été lancés au premier semestre 2009 est bien de déterminer le cadre de références et les invariants de cette démarche, afin de créer un label « éco quartier ».

Une certitude cependant, un éco quartier doit permettre de réduire efficacement et durablement l’empreinte écologique, en agissant notamment sur deux cibles principales : l’habitat et la mobilité. Limiter sa portée à la seule efficacité énergétique est réducteur voir dommageable, car il doit être bien plus …  Un éco quartier doit s’inscrive dans le contexte  local et si possible permettre l’essaimage des bonnes pratiques; il ne doit pas constituer un îlot isolé, mais au contraire, prendre toute sa place dans le tissu urbain et social déjà constitué  et apporter des réponses appropriées à dives enjeux territoriaux

 

Pour faire avancer le dossier et et mettre le plus de chances de notre coté, nous avons candidaté à trois appels à projets, dont deux au titre de l’agglomération.

Notre projet a été retenu comme action du Contrat de Projets 3 (ou GP3), contracté entre Etat  / Région et Communauté d’Agglomération, ce qui lui permettra de bénéficier de subventions intéressantes. Cet éco quartier constituant d’ailleurs une des très rares actions non localisées sur la ville centre,

Nous avons répondu également au concours national « Quartiers Durables » organisé par le Ministère de l’Environnement du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire (ou MEDDAT). Trilport est un des 160 projets déposés sur la France entière. Originalité interessante, une candidature déposée conjointement avec l’éco quartier de la ville de Meaux qui nous a rejoint dans cette démarche. Nous sommes dans l’attente des résultats de cette consultation nationale.

 

Enfin, nous avons postulé à l’appel à projet « Nouveaux  Quartiers Urbains » initié par la Région Ile de France. Un dispositif destiné à encourager la création d’éco quartiers innovants et à constituer peu à peu un réseau d’échanges qui permettra de valoriser les expériences exemplaires réalisées par les collectivités initiatrices.

Sans langue de bois, cette candidature était certainement la plus importante, vu que la Région accompagne financièrement chaque projet lauréat d’une enveloppe prévisionnelle significative, calculée selon le nombre de logements projetés (350 pour Trilport) et la qualité du projet présenté (un coefficient de majoration attribué par le jury). Autre avantage et non des moindres, un taux de subvention des opérations retenues s’élevant à 80%, un contexte qui simplifie la donne initiale.  Pour l’anecdote, Trilport avec ses quelques 4 868 habitants est une des neuf villes lauréates de la première vague de candidatures (la deuxième est en préparation) bien que  plus petite ville postulante (sur une trentaine de candidatures).

Cet appel à projet s’est révélé trés exigeant et a duré prés d’une année en alternant des séquences pour le moins intensives, permettant aux postulants et au jury d’aller réellement au fond des choses.
La première séquence, d’octobre 2008 à janvier 2009, nous a permis d’élaborer notre dossier de candidature, qui a été étudié au microscope par un Comité Technique d’une quarantaine de membres (Directions de la Région, Institut d’Aménagement et d’Urbanisme, (IAU),  Agence Régionale de l’Environnement et des Nouvelles Energies (ARENE), Syndicat des Transports d’Ile de France (STIF), Caisse des Dépôts et Consignations), plus 8 experts … ).

Suite à un examen attentif des 27 dossiers, début mars, le jury retient 10 candidatures. Mais va beaucoup plus loin dans sa tâche, identifiant pour chacun points forts ou faibles, les interrogations à lever, les marges de progression à apporter par les candidats …  Ces derniers disposant d’un mois pour élaborer un second dossier complémentaire et apporter les éclaircissements demandés. Autant dire que le travail a été ardu d’autant que le temps nous était compté …
Aprés analyse de ce second dossier, le jury a convoque courant mai, chaque collectivité à un oral d’une vingtaine de minutes (synthèse, problématique, compléments …) permettant de juger de la qualité globale du projet, du bien fondé des améliorations proposées … Un vrai grand oral, intense, ayant donné lieu parfois à des échanges animés.

Au bout du bout, à l’issue de sa délibération finale, le jury a retenu 9 dossiers. Une décision validée par la Commission permanente du Conseil Régional qui a validé l’aide financière apportée à chaque projet lauréat, en fonction de la qualité technique du dossier présenté au jury. A l’arrivée, pour Trilport c’est potentiellement une subvention de 1 300 000 euros qui a été retenu, correspondant à une subvention par logement créé de 3800 euros. Si l’on classe le taux de majoration obtenue correspondant à la qualité du dossier, notre commune, malgré sa petite taille,  se classe 5eme ! (voir plus loin, l’article de la région Ile de France).

Que retenir de tout cela ? Nous disposons désormais des moyens financiers qui nous permettrons de nous entourer de compétences externes et de disposer ainsi, en amont, d’une expertise, notamment environnementale qui nous permettra d’élaborer un cahier des charges exigeant et d’être un acteur éveillé, maître de sa destinée, garant de la qualité environnementale de l’éco quartier, de sa création à sa réalisation.
Prochaine étape, le 23 novembre, date à laquelle la Commission permanente du Conseil Régional validera les premiers programmes d’action des projets lauréats.

La première étape de notre plan d’action comprend 7 initiatives :

En premier lieu, le choix d’un bureau d’études « pilote de l’éco quartier » (appel d’offres en cours), auquel nous confierons une «Mission d’assistance au Maitre d’ouvrage en Urbanisme ». Un rôle pivot, celui d’assister et de conseiller la commune durant toute la démarche : pilotage administratif et technique, suivi animation et évaluation de la réalisation de l’éco quartier, élaboration des prescriptions architecturales, urbaines, paysagères, énergétiques  et environnementales, assistance au choix des aménageurs, programmation des équipements et espaces publics, études urbaines sur les interactions de l’éco quartier avec les quartiers limitrophes …

Ensuite pour placer la qualité environnementale au cœur du projet, lancement d’une série d’études sur la gestion de l’eau pluviale et de l’assainissement, la robustesse écologique locale, la qualité paysagère et la cohérence parcellairele. A nos yeux, c’est le bâti et l’organisation urbaine de l’éco quartier qui doivent intégrer les contraintes environnementales et non l’inverse !

Enfin, afin de préparer la venue des nouveaux habitants, il est essentiel de doter l’éco quartier d’outils de concertation performants et réactifs mais également, les enfants des nouveaux arrivants devant fréquenter les écoles existantes, étudier la faisabilité d’adapter ces écoles à la future donne …

 

 

A suivre …

 

Nouveaux quartiers urbains : les neuf premiers lauréats (article site région)

Pour réussir l’aménagement de son territoire, la Région a créé une aide novatrice dont les premières villes bénéficiaires ont été désignées en juillet.
Dispositif d’aide régional destiné à faciliter la mise en œuvre du nouveau Schéma directeur de l’Île-de-France (voir Sur notre site), « Nouveaux quartiers urbains » réinvente l’aménagement urbain. Pour garantir un succès total aux projets auxquels il s’applique, il exige qu’ils aient été conçus d’une manière partenariale au sens très large (collectivités, sociétés de transports publics, entreprises, habitants…) et prend la forme, au-delà d’un soutien financier, d’un accompagnement à tous les stades de leur réalisation (conseils, mises en relation avec des institutions comme le Syndicat des transports d’Île-de-France ou l’Agence régionale de l’environnement et des nouvelles énergies).
Sur les 27 dossiers reçus lors du premier appel à projets, d’octobre 2008 à janvier 2009, la Région en avait présélectionné dix en mars (voir Sur notre site). Depuis, en juillet, elle a fait son choix. Et ce sont finalement neuf de ces projets – tous créateurs de logements d’ici à 2013 – qui ont été retenus. En voici la liste :
Ces projets devaient répondre à cinq grands critères : affirmer la cohérence territoriale ; répondre à la crise du logement ; organiser la mixité des fonctions urbaines et la compacité ; intégrer la qualité environnement au cœur du projet ; faire preuve d’innovation.
Le montant des subventions a été calculé sur la base d’un forfait de 1.300 euros par logement, modulé selon la capacité financière des collectivités bénéficiaires et la situation des populations concernées.

– Quartier de la Porte de Saint-Germain à Argenteuil (95), projet porté par la Ville d’Argenteuil, créateur de 600 logements (subvention régionale : 2.040.000 euros)
– Quartier Clause Bois Badeau à Brétigny-sur-Orge (91), projet porté par la Ville de Brétigny, créateur de 800 logements (subvention régionale : 3.920.000 euros)
– Quartier Fluvial de l’Île Saint Denis (93), projet porté par la Communauté d’agglomération de la Plaine Commune et la Ville de Saint-Denis, créateur de 500 logements (subvention régionale : 2.350.000 euros)
– Quartier « Foch-Roosevelt » à Meaux (77), projet porté par la Ville de Meaux, créateur de 1.120 logements (subvention régionale : 3.584.000 euros)
– Quartier « Gare de Pantin » à Pantin (93), projet porté par la Ville de Pantin, créateur de 900 logements (subvention régionale : 3.150.000 euros)
– Quartier des Docks de Ris à Ris-Orangis (91), projet porté par la Communauté d’agglomération d’Évry Centre Essonne et la Ville de Ris-Orangis, créateur de 715 logements (subvention régionale : 3.146.000 euros)
– Quartier « Gare Confluence » à Saint-Denis (93), projet porté par la Communauté d’agglomération de la Plaine Commune et la ville de Saint-Denis, créateur de 625 logements (subvention régionale : 2.875.000 euros)
– Quartier des Docks de Saint-Ouen à Saint-Ouen (93), projet porté par la Ville de Saint-Ouen, créateur de 1.100 logements (subvention régionale : 3.074.500 euros)
– Quartier « Cœur de Ville » à Trilport (77), projet porté par la Ville de Trilport, créateur de 350 logements (subvention régionale : 1.330.000 euros)

Huchon denonce le « siphonage » du STIF !

huchon_stif.jpgLe coup de sang de Jean Paul Huchon, pourtant d’un naturel conciliant, vendredi dernier au  Congrès des Maires de Seine et Marne, a fait beaucoup de bruit auprès des élus départementaux, surpris de ce ton inhabituel chez lui. L’objet de la colère du Président du Conseil Régional est le vote, en catimini, d’un amendement à la loi sur l’organisation des transports ferroviaires par les députés de la majorité « délestant » en quelques minutes, le STIF d’un patrimoine de plusieurs milliards d’euros, au profit de la RATP  …  certaines secondes valent leur pesant d’or …

Cet amendement indique que les infrastructures liées à l’activité de la RATP (stations, voies, garages…), aujourd’hui propriétés du Stif, « appartiennent en pleine propriété à la RATP dès le 1er janvier 2010 et soient transférées à titre gratuit », pour information ces actifs sont estimés de  8 à 10 milliards d’euros !

Tant pour la forme que pour le fond, cette décision inacceptable a des conséquences qui risquent de se révéler extrèmement pénalisantes pour la modernisation à venir des  transports publics franciliens, notamment en Grande Couronne…

Sur la forme, tout d’abord …
Aucune concertation n’a été effectuée en amont avec les élus du STIF pour un amendement qui n’est pas sans conséquence sur la gestion actuelle et à venir de l’autorité organisatrice des Transports franciliens. Une méthode qui non seulement ne grandit pas l’Etat républicain, mais va à l’encontre des lois de décentralisation, car impactant directement les compétences confiées au STIF par la loi du 13 aout 2004. D’un coup de plume, sans pouvoir dire quoique ce soit selon les mots de Jean Paul Huchon « L’état a siphonné 8 milliards d’euros d’une structure dirigée par des élus locaux (le STIF), au profit d’une entreprise, pour l’instant étatique (la RATP) ».

Et sur le fond, qu’en est il ?

Rappelons, et c’est essentiel, que la valeur du patrimoine d’une entreprise, détermine également sa capacité d’investissement …  Quand le patimoine du STIF subit une diminution soudaine de 8 milliards d’euros, cela impacte nécessairement sa capacité d’emprunt !
Contracter des emprunts est pourtant une condition indispensable pour développer le réseau des transports franciliens et mettre en œuvre les opérations du plan de mobilisation des transports qui planifient  18 milliards d’euros d’investissements sur 10 ans.

Les actifs sont du coup attribués à la RATP. D’un coup de baguette « magique », cette soulte « providentielle » permet d’éponger les 5 milliards de dettes de cette entrerpise, la rendant ainsi plus attractive et concurrentielle sur les marchés internationaux, notamment aux Etats-Unis, pays dans lequel son président Pierre Mongin a des véléités de développement.

Les franciliens seront heureux d’apprendre qu’ainsi ils participeront au développement des infrastructures de transport outre atlantique …

 

Mais en fait qu’elles peuvent être les raisons profondes d’une telle décision  ?

 

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Officiellement, le gouvernement estime que ce transfert était nécessaire, du fait d’un règlement européen sur l’organisation des transports publics. L’argument ne résiste pas à l’analyse, le STIF ayant proposé nombre de réunions de travail au gouvernement afin d’apporter les réponses adaptées et équilibrées (notamment sur la dette de la RATP) et les pistes étaient multiples …

Unilatéralement, l’Etat confie à la RATP ce qu’il a refusé à la SNCF : « détenir et d’entretenir les infrastructures de transport« , ce qui garantira à la régie publique « un modèle économique soutenable« , indique le communiqué de presse qui rajoute, sans doute ironiquement « Le syndicat des transports d’Ile-de France (STIF), pour sa part, va se voir transférer la propriété des matériels roulants et des équipements de transport qui appartiennent aujourd’hui à la RATP »

Le STIF était propriétaire des infrastructures de transport qui apparaissent au bilan de la RATP ( immeubles, terrains, gares, stations, dépôts ), patrimoine considérable, payé par le seul contribuable. Désormais la RATP, simple opérateur technique va occuper une place dominante sur le transport francilien, d’autant qu’elle apparait de plus en plus, comme l’opérateur de référence choisi par l’éxécutif (son ancien PDG n’est il pas Secrétaire d’Etat en charge du dossier ?) pour conduire le volet transport du futur «Grand Paris », nous aurons l’occasion d’en reparler prochainement.

Nombre de spécialistes estiment que l’actuel gouvernement prépare activement la RATP à la privatisation, ce qui explique la volonté d’expansion internationale, notamment aux USA, manifestée par ses dirigeants : Pierre Bailly (l’actuel « privatiseur » de la Poste) qui avait déjà obtenu le droit de développer l’activité de l’entreprise hors Ile-de-France et Pierre Mongin depuis.
Un heureux coup du sort parlementaire qui ressemble fort à une martingale, apportant les fonds propres nécessaire à sa modernisation et à ses projets de développement, que son actionnaire principal, l’Etat, endetté jusqu’à plus soif, n’avait pas les moyens de lui offrir. il lui fallait bien prendre l’argent quelque part, non ?
Du coup, le gouvernement effectue une opération coup double, « Up » pour la RATP, « down » pour le STIF, c’’est ce que l’on appelle le principe des vases communicants ou du « siphonage », pour reprendre l’expression de Jean Paul Huchon.
Cerise sur la gateau, juste histoire d’équilibrer théoriquement l’opération, en compensation l’Etat a confié au STIF le matériel roulant, bien usagé … sans commentaire …

Les élus se retrouvent mal payés des efforts consentis dans le transport public depuis 3 ans, il est bon de rappeler que ce n’est que depuis 2006 (cf note précédente) que les élus sont aux manettes du Syndicat des Transports d’Ile-de-France (STIF), clé de voûte du système de transport de la région capitale. Auparavant certes ils payaient mais c’est l’Etat qui dirigeait …

Faut il souligner, au risque de paraitre désagréable, que le Plan d’urgence des Transports (18 milliards d’euros) qui a tant fait parler notre Président de la République devant les médias (rendez vous compte, il a même emprunté le RER pour l’occasion, c’est dire !) est essentiellement  financé par les collectivités locales, dont principalement la Région.
L’Etat jusque là n’a fait que promettre beaucoup et toujours plus  … D’autant que d’autres projets se sont glissés depuis dans les cartons gouvernementaux, notamment le « grand 8 » cher à Michel Blanc (le secrétaire d’Etat, pas l’acteur). Le grand drame de l’histoire, et la morale en quelque sorte, est que l’Etat structurellement déficitaire, détenteur d’un déficit record, n’a plus les moyens de donner le « la », une situation qui doit déplaire grandement en haut lieu.
Mais de manière objective, reconnaissons rétrospectivement que les gouvernements qui se sont succédés ces 20 dernières années (gauche y compris)  ont toujours considéré les transports en communs franciliens comme la variable d’ajustement à leur politique de transport public : Meteor, TGV, autant d’infrastructures innovantes dévoreuses de moyens financiers considérables, qui du coup plombaient la modernisation des trains, voies ferrés et gares de l’Ile de France. Nous pensions que cette manière de faire avait vécu, surtout aprés les lois Raffarin, manifestement il n’en est rien !

Je ne veux pas croire qu’une des raisons de cette décision inique, prise à 6 mois des régionales, pourrait être la réussite évidente de la décentralisation. Comme pour les Lycées, il y a quelques années, les franciliens, et singulièrement ceux de la Grande couronne, perçoivent le changement de management initiée par l’executif régional et les nouvelles perspectives qu’il induit. Il faut reconnaitre que Jean Paul Huchon et son équipe n’ont pas chômé, leur seul handicap tient au calendrier, car trois années, en ce domaine, cela est extrêmement bref : détermination des besoins, sélection des priortiés, lancement et attribution des appels d’offres, commandes, livraisons  … Pour mémoire les premières rames commandées arrive seulement depuis peu, mais le mouvement de fond est initié !

Cet amendement, tel qu’il a été voté, à la va vite, sans concertation est un mauvais coup porté à la décentralisation, il présage mal de la séquence qui va suivre :  Grand Paris, Société du Grand Paris …
Il y a pourtant un autre chemin plus consensuel et respectueux de la volonté des urnes … Si les parlementaires, lors de la Commission Mixte paritaire ne réagissent pas et laisse ce texte en l’état, nous assisterons à un brusque retour en arrière, la vison bonapartiste de l’organisation territoriale française, certainement avant-gardiste en 1800 ne correspond plus aux défis de la société mondialisée d’aujourd’hui,

Les usagers franciliens, surtout en Grande couronne, savent ce qu’ils doivent depuis trois ans au STIF et il y a encore tant et tant à faire ! Je me méfie du modèle économique poursuivit par certaines entreprises nationales, hier publiques, qui a dramatiquement démontré ses limites depuis quelques mois en nous plongeant dans une crise profonde dont nous ne sommes pas encore sortie !

La quête inlassable et insatiable de la rentabilité à court terme s’affranchit mal de la nécessité de créer des structures et infrastructures performantes et pérennes, surtout dans le domaine du transport et de la mobilité, pour mettre en place une réelle compétitivité territoriale internationnale, afin d’avoir comme avantage concurrentiel d’autres arguments que le simple cout du travail. L’Angleterre et la Californie ont prouvé, tant dans le domaine de l’energie que dans celui du transport,  que la sécurité des infrastructures et la performance globale d’un système (énergie, transport …) ne pouvaient être considéré simplement comme des charges.

A l’heure du Grand Paris, nous avons plus que besoin d’un STIF qui soit en capacité d’investir pour la modernisation et l’amélioration des transports en commun de toute l’Ile de France : de la Grande couronne à la capitale; il serait tout de même paradoxal que les franciliens qui habitent le plus loin et passent le plus de temps dans les transport aient les conditions les moins bonnes et les tarifs les plus élevés, une situation qu’ils ne connaissent que trop bien !

 

Le bien être peut il être soluble dans un indicateur ?

city calculator.jpgIl n’a fallut pas moins de 22 spécialistes, deux prix Nobels d’économie, et pas des moindres (Joseph Stiglitz et Amartya Sen) plus un économiste reconnu (Jean-Paul Fitoussi), pour constituer la « commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social » lancée apr Nicolas Sarkozy, himself.
Unique obsession de toutes ces têtes pensantes : élaborer l’indicateur miracle permettant de déterminer la performance qualitative d’un pays, afin de détrôner l’unique étalon de performance utilisé depuis les années 30, le produit intérieur brut ou PIB.
Cette quête du graal peu commune est destinée sinon à révolutionner l’économie, du moins son ressenti en réintégrant notamment dans l’analyse, les cotés obscurs de la force que demeurent encore pour les décideurs  le volet social et l’écologie !

Mais peut-on réellement mesurer la qualité d’une société avec une colonne de chiffres ?
C’est ce que l’équipe hollandaise de Winy Maas (MVRDV), une des dix équipes retenues pour plancher sur le grand Paris, a tenté de mettre en place, avec son «City Calculator», application informatique permettant à partir de données dites « objectives » de définir des schémas d’optimisation de l’urbanisme … Le futur Grand Paris pourra ainsi devenir «une des villes les plus qualitatives, vertes et compactes au monde» …CQFD ….

Aujourd’hui, tout économiste sérieux sait que le PIB ne peut raisonnablement indiquer la qualité de vie des habitants d’un pays, qui peut fort bien connaitre à la fois une croissance exponentielle de son PIB et une détérioration importante de la qualité de la vie de sa population. Car le noeud du problème est bien la répartition des fruits de la croissance obtenue ! Celle ci, jusque à l’an dernier était au rendez vous. Cela n’est plus le cas désormais, et trop souvent les statistiques sont  annonciatrices de mauvaises nouvelles mettant à plat les stratégies de communication les plus sophistiquées; pour beaucoup de politiques, la tentation de briser le thermomètre est forte …

Sur le fond une interrogation simple, changer l’indicateur du bien être, améliorera t’il le bien être lui-même ? Problématique sans doute plus philosophique qu’économique …

Ceci étant pour les politqiues s’interroger sur l’évaluation du « bien être » des habitants est fondamental, n’est ce pas la finalité de leur action ?
Encore faut il dans le même temps, ne pas oublier quelques points secondaires aux yeux de certains, la santé de notre planète vu les dégâts croissants causés par l’empreinte écologique et ne pas oublier dans la foulée  « l’empreinte sociale », donnée importante s’il en est  !

 

 

La crise est la preuve par 9, de la faillite des indicateurs utilisés jusque là par le marché. Ils n’ont jamais annoncé les prémices de la poussée de fièvre soudaine qui a saisi l’économie planétaire et l’a plongé en zone rouge. Soulignons en passant que la responsabilité de l’économie du virtuel, voir de l’illusion qui a provoqué cette catastrophe d’abord financière puis par un effet domino, économique et sociale est avérée. EN ayant dit cela, nous ne devons pas oublier que cela touche aux fondations mêmes de l’organisation économique mondiale et à ses repères.

Il est heureux que l’ensemble de nos dirigeants, ou presque, s’accorde désormais pour indiquer que l’heure n’est plus au court terme, mais au « Soutenable », conséquence, le PIB n’est désormais plus en phase car trop axé sur le court terme et le trop global …

Faut il rappeler qu’un autre indicateur existe depuis 1990,  l’indice de développement humain (ou IDH). Développé pour les Nations unies par l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq et Amartya Sen, décidemment un habitué de la question, il est basé sur trois critères : espérance de vie à la naissance, niveau de scolarisation et « revenu réel corrigé », ou « standard de vie » (basé sur Parité du pouvoir d’achat ).

Gros inconvénient cependant, il repose sur les statistiques nationales officielles, quelquefois à prendre avec des pincettes. Il offre cependant un instantané intéressant du degré de développement de l’ensemble des pays … Pour l’anecdote, signalons que l’IDH n’a pas peur du froid puisque l’Islande a pris la place de leader à la Norvège qui la détenait depuis six ans (c’était avant la crise financière !), la France étant 10 eme de ce classement et Guinée-Bissau, le Burkina Faso et le Sierra Leone bon derniers (17 pays n’étant pas pris dont l’Afghanistan, l’Iraq et la Somalie, faute de données fiables). Mais l’IDH ne tient pas compte non plus des critères environnementaux, sociaux ou démocratiques …

Reconnsaissons que beaucoup des recommandations émises par la « Commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social » valident des options que ne peuvent renier les progressistes (place des services publics, politique sociale, inégalités …), et qui doivent passablement agacer les tenants d’un certain libéralisme économique, jugeons en plutôt  :
Se référer aux revenus et à la consommation plutôt qu’à la production marchande, privilégier l’angle de vue des habitants, tenir compte des prestations fournies par l’Etat (santé, éducation), se référer à la répartition de la richesse et non à une simple moyenne, mieux évaluer les dépenses liées à la santé, l’éducation, l’environnement, le logement, tenir compte des inégalités : sexes, origines, générations …

Aujourd’hui plus que jamais, l’écart entre pays réel et pays « ressenti » se creuse … La « réalité supposée » de l’état du pays est de plus en plus éloignée de celle percue par les habitants, le hiatus est là, bien réel, et s’accentue avec la détresse sociale causée par les crises successives que nous traversons. L’écart croissant entre le premier décile (les 10% de la population les plus favorisés) et le dernier est sur ce point instructif, il prouve bien que réfléchir en termes de moyenne n’a pas de sens. Comme l’écrivait un journaliste récemment « aucun individu ne peut se reconnaître dans une moyenne statistique ».

Les indicateurs de la boite à outils ne sont plus adaptés, ils sont basés sur les critères d’une société qui n’est plus la notre. La planète a tourné, nous avons changé de millénaire et d’objectifs. Il y a obligation urgente à répondre aux impératifs environnementaux, question de vie ou de mort, mais également sociaux. Doit on rappeler que le Développement Durable a trois piliers : environnemental, économique et social ?

Taxer la mauvaise croissance (pollutions, exploitation sociale …) et encourager la bonne est une question de bon sens, encore faut il que les plus faibles disposent réellement de la liberté de choisir !
Lorsque l’on taxe le tabac ou l’alcool, et que dans le même temps, la société met en place des structures de remédiation, peu ou pas trop de problème. Mais à contrario, les ménages à faibles revenus qui se chauffent au fuel et sont obligé de se déplacer en voiture pour aller au travail, peuvent ils faire réellement autrement ?  Il faut avoir les moyens d’être écolo et habiter dans des terrtioires où cela est possible : inégalités sociales et géographiques incontournables !
Comment prendre en compte à sa juste valeur, le coté « subjectif » des situations,  la détresse sociale, le stress en entreprise… Une personne poussée au chomâge perd beaucoup plus qu’un revenu financier, c’est une perte de repères, de statuts, souvent une détresse identitaire ..

 

Un an de réflexion intense, de ces pointures mondiales pour confirmer la véracité d’un adage bien connu de mes grands parents, « l’argent ne fait pas le bonheur » !  Le rapport remis à son commanditaire, le Président français, un an jour pour jour après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers (point de départ officiel d’une crise dont les causes sont bien plus profondes et anciennes), tout juste avant le sommet du G20 arrive à point nommé dans une stratégie de communication murement planifiée pour donner à Nicolas Sarkozy, une stature planétaire … Mais qui est dupe ?

La conversion soudaine de cet « ancien » évangélisateur libéral à la sauvegarde de l’environnement et à la « soutenabilité », laisse pantois …  La période du Fouquet’s et du Bling bling semble révolu, mais jusqu’à quand ?
Cependant la nature profonde de l’animal politique que demeure Nicolas Sarlozy laisse sceptique sur cette conversion expresse. Cet homme est avant tout un aspirateur de tendances ou du moins de symboliques, pour le contenu, prière de repasser ! Il est paradoxal de l’entendre aujourd’hui du haut d’une tribune dénoncer la « religion du chiffre », alors qu’il est un apôtre des plus zélés de cette religion.
Un journal du soir en a dressé un inventaire évocateur, on n’est plus à une contradiction prés et les exemples sont légions : « Travailler plus pour gagner plus. », « taux d’élucidation des affaires » (exit la police de proximité), primes au « résultat » dans les commissariats (sans tenir compte de la nature des délits et de la durée des enquêtes importantes), le mot quota devient un générique : retours à la frontière, quota  de publications, « taux de mortalité » pour classer les hôpitaux idem …

Il est réconfortant de voir celui qui promettait, « d’aller chercher la croissance avec les dents », de vouloir instaurer le bien être pour tous …
Mais est ce une nouvelle étape dans sa stratégie de communication ou l’amorce d’une autocritique, voir d’une révolution intellectuelle, culturelle ou existencielle ?

 

Si oui, alors tout est possible sinon …