Déviation : l’heure est à la mobilisation

 

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La longue et interminable procession de milliers d’automobiles et de poids lourds qui paralyse chaque jour Trilport et l’ensemble du pays de Meaux aux heures de pointe du matin et du soir, risque non seulement de perdurer au delà de 2030 mais bien de s’aggraver.
La déviation de Trilport n’est en effet  pas inscrite au Schéma Directeur Régional : « Ile de France, objectif 2030 » proposé à l’enquête publique, ce que nous ne pouvons accepter !

Le Schéma Directeur Régional d’Ile de France (ou SDRIF) fixe dans le temps et l’espace« les moyens de protection et de mise en valeur de l’environnement, la localisation des grandes infrastructures de transport et des grands équipements, détermine la localisation préférentielle des extensions urbaines, ainsi que des activités industrielles, artisanales, agricoles, forestières et touristiques. ».
C’est ensuite aux collectivités, via leurs documents d’urbanisme locaux respectifs de traduire concrètement les grandes orientations d’aménagement fixées. C’est dire son importance, d’autant que le SDRIF s’impose aux documents de planification « locaux » que sont le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) pour les intercommunalités ou le Plan Local d’Urbanisme (PLU) pour les communes. Tous doivent être compatibles avec le document régional.

Nous attendions légitimement que soit intégré la déviation de Trilport, dernier maillon du contournement de Meaux à ce schéma, d’autant que sa réalisation était inscrite dans le précédent document régional de 2008. C’est le refus du gouvernement Fillon de valider le projet adopté par les élus régionaux qui à l’époque avait bloqué l’évolution d’un dossier, pourtant sur orbite. Malheureusement, force est de constater qu’elle n’est aujourd’hui pas inscrite dans le nouveau Schéma Directeur régional soumis à l’enquête publique.

Que penser d’une telle omission ? Est il possible de  changer encore cette donne ?
Nous le pensons, c’est la raison de l’initiative  « La déviation c’est aussi votre affaire ».

Notre objectif est de mobiliser élus locaux et citoyens à participer activement à cette enquête publique, et de signer une pétition demandant à ce que la déviation de Trilport soit de nouveau inscrite au Schéma Directeur de la Région …

 

Pourquoi ?

 

 

 

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Il est bon de rappeler la procédure d’élaboration du SDRIF

Le document en vigueur est toujours celui de 1994 suite au refus du gouvernement précédent de valider le schéma élaboré par la région en 2008. L’émergence « soudaine » du Grand Paris avait été alors invoqué par le gouvernement Fillon, même si en filigrane apparaissait surtout une manoeuvre politique contre la Région Ile de France et la ville de Paris.
Son élaboration, sous la conduite éclairée de Mireille Ferri, avait fait l’objet d’une concertation inédite jusqu’alors, saluée pour sa qualité et son esprit d’ouverture par tous les acteurs, tant le document final respirait d’intelligence collective et stratégique et aboutissait à un consensus constructif, porteur de potentialités et de dynamique territoriale.
C’est une vision grand angle qui avait été privilégiée, ne négligeant ni la grande couronne, ni les franges franciliennes, sentiment renforcé par les résultats de l’enquête publique. 

Consensus délibérément ignoré par Christian Blanc, Ministre en charge du suivi de ce dossier; car pour qu’un Schéma Directeur Régional devienne effectif, l’intervention de l’Etat est indispensable : du décret de lancement de la procédure à celui de sa validation, suite à l’adoption du document définitif par l’assemblée régionale. C’est l’Etat avec ce décret, aprés avis du Conseil d’Etat, qui donne toute sa valeur juridique au nouveau Schéma Directeur et l’impose aux autres collectivités, afin de respecter le principe d’égalité entre collectivités.

Une élaboration qui respecte une longue procédure associant de multiples acteurs à différentes étapes de son déroulement. En premier lieu les acteurs associés (dont les chambres consulaires et les conseils généraux) invités à émettre des propositions si nécessaire. Aprés quelques aller et retour, le texte arrété est soumis au vote de l’assemblée.
Puis enfin arrive une étape cruciale, celle de l’enquête publique, durant laquelle l’implication directe des citoyens et des collectivités peut intervenir sans détour et directement. Nous en sommes à ce stade, et ce jusqu’à fin avril, c’est dire l’importance des semaines qui vont suivre …

 

Faut il souligner l’importance de cette déviation ?

Le trafic automobile (dont de plus en plus de poids lourds en transit) sur notre secteur est en augmentation constante et génère des nuisances multiples (environnement, bruit, temps perdu … ), Trilport constitue en effet l’unique point de franchissement de la Marne du secteur pour 5 départementales ! Un véritable goulot d’étranglement qui n’est pas qu’un problème Trilportais ou néo meldois, mais concerne tout un secteur qui s’étend sur plusieurs bassins de vie : de l’est à l’ouest (Communauté du Pays Fertois / Communauté d’Agglomération du Pays de Meaux notamment) ou du nord au sud (Communauté de Communes du Pays de l’Ourcq et du Pays Créçois). 

Oubli d’autant plus incompréhensible que la Région Ile de France et le Département de Seine et Marne avaient, vu l’importance de cette infrastructure, intégré les études techniques de cette déviation au Contrat particulier Région et Département (montant 4,3 millions d’euros : financés à 50% par le Conseil général et 50% par le Conseil régional) voté en 2007 par les deux assemblées.
Décision restée sans suite après le refus du gouvernement Fillon de transmettre le projet de SDRIF voté par l’Assemblée régionale au Conseil d’État en prétextant les lois sur le Grand Paris apparus pourtant bien aprés.

Faut il rappeler le développement de nos territoires, qui va s’amplifier encore vu les objectifs en production de logements fixés par l’Etat et la Région, via notamment ce Schéma Directeur Régional afin de répondre aux besoins de l’Ile de France et de nos habitants !
Une étude de circulation récente réalisée par la Communauté d’Agglomération du Pays de Meaux dans le cadre de son Plan Local de Déplacement apporte un éclairage particulier sur les conséquences de la réalisation ou non de ce contournement d’ici quelques années.
Si rien n’est fait, la situation deviendra dramatique pour tout un territoire qui risque alors la paralysie. Une perspective intolérable pour la vie quotidienne de milliers d’habitants et le dynamisme territorial et économique de nos collectivités !

Aussi il apparaît essentiel, compte tenu de ces perspectives, de faire inscrire cet aménagement comme une des priorités structurantes au prochain Schéma Directeur de la Région Ile de France.

 

Pourquoi une telle omission ?

Chacun peut comprendre vu le contexte budgétaire contraint actuel que le tour de table pour financer une infrastructure de plus de 50 millions d’euros ne soit pas immédiat, mais cependant d’ici 2030, bien des évènements peuvent se produire !
Ne pas l’inscrire aujourd’hui, condamne ce projet jusqu’en 2030 et un statu co que nous ne pouvons accepter. Le présent ne doit pas hypothéquer l’avenir et le Grand Paris ne doit pas interdire aux territoires de la Grande Couronne de se développer harmonieusement.

 Si un élément caractérise ce nouveau Schéma Directeur, c’est effectivement l’importance prise par le Grand Paris et la métropole parisienne dans la réflexion régionale, prisme quelque peu déformateur. Faut il  souligner que l’Ile de France c’est également la Seine et Marne, département à fort potentiel qui représente prés de la moitié de sa superficie ! 
Si certains pensent que l’ambition des seine et marnais et de faire de leur territoire, une terre de rélégation, condamnée à accueillir décharges ou autres servitudes les plus diverses, gaspiller leurs espaces naturels et agricoles, ils risquent fort de déchanter. Ce territoire porte en lui les ferments d’un développement original qui apportera dans les prochaines années une véritable valeur ajoutée à cette région. Encore faut il réduire certaines fractures qui s’aggravent : territoriale, numérique, sociale et celle liée au transport.
L’actuelle infrastructure de transport, routier et ferré qui maille ce département date des années 1970, c’est dire son sous dimensionnement et son inadaptation aux enjeux de la Seine et Marne d’aujourd’hui et encore plus à celle de 2030, qui se trouvera confronté au développement exigé par la région en production de logements ou en développement d’activités.

Excepté les gares concernées par le Réseau du Grand Paris, peu de nouvelles infrastructures sont projetés dans le nouveau document.
Développer un territoire ne se limite pas simplement à construire de l’habitat, mais également à dimensionner l’offre en transport et les infrastructures pouvant porter et accompagner une telle dynamique territoriale, et qu’on le veuille ou non, la route dans le 77 est un vecteur important de transport, notamment de transit, ne serait ce que pour assurer une bonne intermodalité avec le Grand Paris.

 

 
 
L’enquête publique
 
L’enquête publique est la traduction du principe de participation inscrit dans la Charte constitutionnelle de l’environnement.
 
Article L 123-1 du Code de l’Environnement : « L’enquête publique a pour objet d’assurer l’information et la participation du public ainsi que la prise en compte des intérêts des tiers lors de l’élaboration des décisions susceptibles d’affecter l’environnement mentionnées à l’article L. 123-2.
Les observations et propositions recueillies au cours de l’enquête sont prises en considération par le maître d’ouvrage et par l’autorité compétente pour prendre la décision.»
 
L’enquête publique est donc ouverte jusqu’au 28 avril et chacun peut y participer (pour en savoir plus
 
 
 Permanences en Seine et Marne du Commissaire Enquêteur 
 
 
Mairie de Melun 
Espace Saint Jean : 26 place Saint Jean
Permanence le Samedi 27/04 de  9H à 12H
En dehors de cette permanence le dossier d’enquête est consultable à l’hôtel de ville, 16 rue Paul Doumer.
Permanences : Mardi 2/04 de 14H30 à 17H30 – Jeudi 11/04 de 14H30 à 17H30 – Jeudi 18/04 de 9H à 12H
 
Mairie de Meaux
2 Place de l’hôtel de ville
Permanences : Jeudi 28/03 de 9H à 12H – Vendredi 05/04 de 9H30 à 12H30 – Lundi 08/04 de 15H à 18H – Samedi 20/04 de 9H à 12H – Lundi 22 avril de 15H à 18H00
 
Mairie de Coulommiers
13 Rue du Général de Gaulle
Permanences : Vendredi de 29/03 de 14H30 à 17H30 – Vendredi de 05/04 de 14H30 à 17H30 – Lundi 15/04 de 9H à 12H – Vendredi de 19/04 de 14H à 17H – Mardi 23/04 de14H30 à 17H30
 
Mairie de Provins
5, place Maréchal Leclerc
Permanences : Samedi 30/03 de 9H à 12H – Mercredi 03/04 de 9H à 12H – Lundi 08/04 de 9H à 12H – Lundi 15/04 avril de 14H30 à 17H30 – Jeudi 25/04 de 14H à 17H  
 
Mairie de Torcy
Place de l’Appel du 18 juin 1940,Torcy
Permanences : Samedi 06/04 de 8H45 à 11H45 – Vendredi 12/04 de 8H45 à 11H45 – Mardi 16/04 de 14H à 17H – Lundi 22/04 de 14H à 17H – Vendredi 26/04 de 8H45 à 11H45
 
Mairie de Fontainebleau
40 Rue Grande
Permanences : Jeudi 28/03 de 14H30 à 17H30- Mercredi 3/04 de 14H30 à 17H30 – Mardi 9/04 de 14H30 à 17H30 – Jeudi 18/04 de 14H30 à 17H30 – Mardi 30/04 de 14H30 à 17H30
 

Pour 2013 « transforme ta main ! »

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La longue farandole des vœux est lancée et durera jusqu’à la fin du mois de janvier. Le moral n’y est pas forcément au beau fixe,  bien que les élections nationales ont marqué 2012 et se sont traduites par le retour d’une alternance attendue de beaucoup. Mais ces scrutins ont également révélé le trés mauvais état du pays
Ni scoop, ni polémique, tous les clignotants, ou presque, sont au rouge et l’heure n’est plus à rechercher les responsables de ce triste bilan, les français ont tranché la question avec leur vote clair.

Notre énergie doit être consacrée à trouver les solutions qui nous permettront de sortir de cette mauvaise passe, collectivement et surtout rassemblé. Chacun pressent que redresser le cap prendra de nombreux mois, voire quelques années et que des sacrifices s’imposeront à tous, l’heure n’est plus pour les élus ou les décideurs aux promesses inconsidérées ou aux plans sur la comète !

Ce constat concerne également les collectivités. Pourtant nos concitoyens ont besoin, non de promesses sans lendemain, ils ont déjà donné, mais de réponses trés concrètes. Force est de constater que la seule porte qui leur soit réellement ouverte, y compris pour exprimer leur mal être, est celle de la Mairie.

Pourtant la situation financière de nos collectivités est de plus en plus tendue. La poursuite du gel des dotations de l’État et la crise immobilière diminuent nos recettes, alors qu’il nous faut répondre aux demandes croissantes de nos concitoyens, aux conséquences des mesures d’économie prises par l’Etat et d’autres partenaires, sans omettre d’investir pour préparer l’avenir.

Le coup du mille feuille territorial, je le laisse à d’autres élus, qui oublient généralement de souligner, que nos collectivités sont parmi les mieux gérées et les moins endettées d’Europe. A contrario, notre pays a besoin d’elus disponibles, qui ne cumulent pas les responsabilités entre Paris et leur circonscription, par exemple. Je suis de ces français qui attendent avec impatience la fin d’un cumul des mandats qui n’a que trop duré !

Lors de mes permanences, beaucoup de demandes remontent, la détresse est de plus en plus présente dans nos communes, le plus souvent du à un accident de la vie : décès, perte d’emploi, ou séparation du couple aux conséquences souvent dramatiques pour les enfants.

Comment agir et allermalgré tout de l’avant dans un tel contexte ?

quadrature du cercle ou non ?

 

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Plutôt que se lamenter et attendre une intervention divine ou un retournement de tendance miraculeux, l’équipe municipale a choisi d’innover et d’aller de l’avant.

En réalisant des équipements utiles, mais en suivant une démarche différente : éco construction, polyvalence, accessibilité et mutualisation. Les critiques de certains n’avaient pourtant pas manqué : montant, mode de financement, choix environnementaux, y compris même sur la durée et les contraintes des travaux !
Ces réalisations se sont pourtant révélés à l’usage comme de vraies réussites :  fréquentation, satisfaction des usagers … chacun quelque soit sa génération ou quelquefois son handicap, se les ait approprié, c’est notre plus belle victoire !

Cependant améliorer la vie au quotidien des habitants, ne peut se limiter à la réalisations d’équipement, y compris emblématiques. C’est surtout une suite continue de petit pas, d’aménagements, de travaux qui s’ils ne changent pas la vie, du moins rendent le quotidien plus agréable !
Chaque année nous agissons afin de mieux éclairer la ville, la rendre plus accessible, aménager un cadre de vie harmonieux et surtout faciliter les liens de proximité …

La qualité d’une ville repose aussi sur les liens sociaux qui l’animent … Ils sont le fruit d’une énergie collective (membres d’une association, bénévoles, parents d‘élèves, commerçants, artisans, agents de la ville, ou partenaires de l’action municipale …) qui alimente et fait vivre un lien fragile, ténu, mais essentiel au « vivre ensemble ». mais également des politiques publiques :

  • Mise en place d’un service animation au sein des services municipaux, a permis de professionnaliser les animateurs intervenant dans les écoles et au centre de loisirs, et de mettre en place un service d’accueil périscolaire qui fonctionne de 7 heures à 19 heures, pour les maternelles comme les primaires. Un savoir faire qui sera utile pour réussir une réforme des rythmes scolaires qui s’avère délicate à  mettre en place.
  • Création dans les locaux rénovés de la villa Bia, d’un pôle social composé du Centre communal d’action sociale et d’un Relais d’assistantes maternelles. Cette structure qui fonctionne depuis deux ans, est portée par la CAF, le Conseil général et la ville. Elle apporte un soutien concret aux parents et à la cinquantaine de professionnelles travaillant sur la commune et beaucoup de vie dans la ville. Sa fréquentation croissante est la meilleure preuve de son utilité.
  • Nouveau site internet, prolongeant l’action des services municipaux afin de faciliter la vie des habitants. Depuis septembre, toutes les démarches administratives liées au périscolaire sont accessibles à partir d’Internet sur un portail famille qui acceptera dés les prochains mois le télépaiement.

Des liens qu’il faut parfois défendre …

La loi et les règles de vie en commun doivent être respectées, tout le monde en convient, du moins en théorie, pourtant trop souvent lorsque l’on aborde le domaine du concret, les élus se retrouvent seuls pour assurer cette mission républicaine.
Tout repose sur le Maire et ses services : respect du droit, règles de police, d’hygiène, logement, applications des règles d’urbanisme puis accueil, suivi, constat, réprimande, instruction de procédures administratives fastidieuses et chronophages … Les élus locaux, notamment les Maires ont besoin de l’Etat et de la justice pour les aider à faire appliquer, simplement le droit.

Que ce soit en se réunissant afin de définir un plan d’action, à ce titre la création en 2012 d’un Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance sur l’agglomération que nous réclamions avec insistance depuis 2002 est une bonne chose. Il est essentiel que l’ensemble des acteurs territoriaux, institutionnels ou associatifs se rencontrent, débattent pour agir en complémentarité sur tous les volets liés à cette problématique. Encore faut il avoir une capacité d’action.

Que ce soit en se dotant de nouveaux outils. Sur la vidéo protection (enregistrement d’images) par exemple, beaucoup a été dit ou écrit. Il ne faut ni idéaliser, ni diaboliser ce qui n’est qu’un outil, mais l’utiliser avec efficience, en tenant compte de ses atouts, manques, limites, coût et contraintes. Nous allons l’expérimenter et avons lancé une étude conduite par un cabinet spécialisé pour anlyser les conditions de son déploiement sur la voie publique.

Voilà, c’est tout cela, Trilport : une réelle ambition collective, de l’innovation (du système D aussi quelquefois), la priorité donné à l’humain et au partage, mais aussi de lourdes contraintes, qui nous incitent au pragmatisme, par conviction et raison.

C’est  l’esprit qui anime cette ville et la marque de fabrique de notre équipe.

La crise que nous traversons ne doit être en aucun cas un prétexte au renoncement, mais au contraire, au renouvellement ! Nous devons continuer à faire vivre nos valeurs, en étant plus solidaires, en préparant l’avenir, en inventant des solutions nouvelles pour répondre aux interrogations mais également aux contradictions nombreuses de notre société, malgré un contexte financier tendu.

Un Maire n’est rien tout seul, une ville n’est rien isolée, un territoire n’est rien sans les communes qui le compose, toutes lui apportent, mais aussi sans lien avec les autres territoires …

Ce qui est vrai pour les villes, l’est aussi pour chacun d’entre nous …

C’est pourquoi nous voulons  « créer des nouveaux liens »  afin d’être plus proche, le nouveau site internet illustre notre volonté.

Eluard n’écrivait il pas : « On transforme sa main en la mettant dans une autre. » ce que Charles De Gaulle a interprété à sa manière lors d’un célèbre « Mano en la mano »

Je souhaiter qu’en 2013, nous transformions nos mains en créant de nouveaux liens, entre nous …

Bonne et heureuse année 2013 à toutes et à tous.

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Petites Villes de France, « 30 ans de décentralisation »

201209151536_w350.jpgCastelnaudary, capitale mondiale du cassoulet accueillait les 15 eme assises de l’Association des Petites Villes de France (APVF), avec pour thématique 2012  un retour sur  « 30 ans de décentralisation » !

Un rendez vous annuel auquel je suis fidèle tant ces journées sont enrichissantes … Les tables rondes, ateliers, rencontres organisés durant ces journées apportent des informations importantes sur les tendances qui se profilent, notamment budgétaires, les signaux faibles ou quelquefois lourds à surveiller, des idées d’initiatives à engager, et au regard de la qualité des intervenants, les débats de fond, qu’ils soient budgétaires, juridiques ou sociologiques, des plus instructifs. Il y a de la matière et c’est bien ainsi !
Ce temps d’échange permet en outre de sortir  la tête du guidon, histoire de mieux voir la route et le cap à suivre,  et  d’échanger entre élus de toutes latitudes, qu’elles soient géographiques ou politiques, et ce sans stratégie préméditée ou calcul à la petite semaine.

Il y a incontestablement, et c’est une caractéristique identitaire forte de notre pays, un fait « petites villes ».  La France comme le souligne Jean Viard dans son dernier ouvrage  «se partage presqu’en deux entre ceux qui vivent dans des communes de plus de 10 000 habitants et ceux qui vivent dans des villes de moins de 10 000 habitants», elles représentent même, au regard des dernières  tendances démographiques, non seulement le présent du  notre pays mais également une partie de son avenir, « small is beautiful » !

Si entre villages, petites métropoles , communes de la périphérie de grande ville intégrées à une communauté urbaine ou d’agglomération (rurbaine ou suburbaine), les réalités sont très différentes, toutes ces collectivités ont la même volonté d’exister, notamment autour d’un projet de territoire ayant du sens et dans lequel leurs administrés puissent se retrouver pleinement, sans esprit de rélégation. Il s’agit ni plus, ni moins de développer proximité, efficacité, complémntarité et surtout, humanité, nous y reviendrons.
En marge de ces assises, j’ai été interviewé avec d’autres Maires par un journaliste du Monde sur les conséquences de la crise sociale. Il y a des signaux faibles (ils le sont de moins en moins) qu’il faut savoir percevoir,  révèlant des fractures sociétales profondes et des détresses humaines réelles. Plus que jamais notre société a besoin de repères, de liens mais aussi et surtout de sens, la commune est trés souvent la seule porte accessible …

Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique, et Anne-Marie Escoffier, ministre déléguée , chargée de la Décentralisation ont participé à ces deux journées de travaux, et fait preuve à l’occasion  d’une qualité d’écoute remarquées de tous, tranchant singulièrement avec l’attitude des Ministres ayant assisté aux assises des années précédentes, l’alternance est aussi passée par là !

Les élus ont la « gueule de bois » face aux conséquences des ravages de la RGPP (révision générale des politiques publiques) et de la crise sociale : disparition de commissariats, tribunaux, hôpitaux, de classes scolaires,  déliquescence des services de l’Etat (Équipement notamment), baisse des ressources budgétaires, augmentation du poids des normes à respecter (accessibilité,  sobriété énergétique, encadrement de personnel …), diminution des aides et de l’action du département et de la Région, comptes à rendre …
Ce triste panorama témoigne combien « les territoires sont en souffrance » aprés le  « retrait de l’Etat dans les territoires ». Trop souvent les élus des petites villes se retrouvent seuls, en première ligne, (mais y a t’il d’autres lignes dans cette bataille ?) pour faire vivre leur commune, appliquer tant bien que mal l’Etat de droit, rendre des comptes sur des décisions inapplicables sur le terrain faute de moyens, soutenir  leurs administrés …
Ils se sentent isolés, voir abandonnés, pire quelquefois même pris en otage, parfait bouc émissaire d’une société qui va de l’avant et refuse obstinément de voir la vérité en face. Pourtant face au mauvais temps, ils sont encore vent debout et ne lachent pas l’affaire !

Lors de ces 15 eme assises, les sujets de discussion ou de débats concernant l’organisation territoriale et le contexte de l’action municipale n’ont pas manqué, certaines perspectives apparaissent enfin, comme une lueur infime et fragile au fond d’un tunnel, jusque là des plus sombres …

Jugez en plutôt …

 

 

 

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Les Maires connaissent la gravité de la situation économique dans laquelle le pays est plongé, du fait des déficits qui s’accumulent (budget et commerce extérieur), de la récession qui apparait, de la recrudescence forte du chômage de la désinsdustrialisation qui perdure, conséquences d’une gestion calamiteuse dont il nous faut bien aujourd’hui régler la facture !
Ils ne demandent pas à l’Etat, la lune,  juste un peu de considération et une stabilité budgétaire leur permettant de cadrer et calibrer  leur action dans le temps. Participant  à l’effort national de redressement, plus que tout autre étant en première ligne, ils veulent être considérés comme des partenaires à part entière, responsables, et non des empêcheurs de tourner en rond, inutiles et dépensiers, il faut arrêter la démagogie du gouvernement précédent, la France n’est pas à l’image de Neuilly sur Seine !

C’est dire qu’ils ont écouté avec beaucoup d’intérêt les deux ministres prôné « une autre méthode de gouvernement, celle de l’écoute et du dialogue » et souligner que  « les élus de terrain, c’est la force des territoires». Connaissant Marilyse Lebranchu, je sais que ses paroles ne sont pas des effets de tribune, mais des mots ayant un sens, mieux une intention et qu’ils vont d’ici peu recevoir une traduction concrète bienvenue.
Les deux ministres ont rappelé également, devoir de réalité oblige, la réalité d’un contexte budgétaire pour le moins trés « tendu ».

 «Aujourd’hui, les élus ne demandent pas le Pérou. Ils savent la situation dans laquelle la France se trouve mais ils veulent savoir jusqu’où ils peuvent aller dans les années qui viennent. On peut leur faire confiance. Ils ne sont pas les élus irresponsables et dépensiers que certains grands titres veulent laisser penser», a résumé le président du Sénat Jean-Pierre Bel dans son discours, dans l’attente des prochains  Etats généraux de la démocratie territoriale qui se tiendront les 4 et 5 octobre au Sénat.

Outre la disparition du Conseiller Territoiral, à priori pleuré par aucun élu présent, tant cette décision absurde démontrait une méconnaissance totale des besoins de cohésion du terrain et de l’action quotidienne de ces deux collectivités, l’urgence  pour beaucoup d’élus présents est celle d’être en capacité de trouver de l’argent à emprunter, et devant l’état atone du marché financier, l’intérêt d’une banque publique d’investissement, permettant de limiter les conséquences négatives de « Bâle 3 » apparait comme une évidence …

 

Les 10 propositions de l’APVF

A l’issue de ces 2 journées, les élus réunis ont votéà l’unanimité  une résolution finale, qui regroupe 10 propositions pour réussir une nouvelle phase de la décentralisation, contractuelle, sereine et respectueuse de chacun …

  • Clarifier la répartition des compétences au sein d’une « Conférence Territoriale » qui regrouperait les représentants des différentes collectivités. Une des missions de cette instance serait d’aboutir à un Schéma régional d’intervention public, afin de déterminer le qui faitquoi, comment, où et combien …
  • Inscrire l’évolution des concours financiers de l’etat dans un cadre stable et juste, intégrant notamment une clause de bonne fortune (inflation, reprise de la croissance)
  • Créer un Haut Conseil des Territoires. Aucune réelle instance de dialogue n’existe à l’heure actuelle entre l’Etat et les collectivités. La Conférence Nationale des exécutifs, si peu utilisés par l’ancien gouvernement, a vécu. Il faut désormais mettre en place une structure pérenne, avec des règles formelles de fonctionnement.
  • Réduire le poids des normes dans les budgets. Soit l’Etat assure la compensation financière des conséquences des normes qu’il exige, soit il tient compte dans les calendriers imposés des ressources budgétaires déclinantes des collectivités  et de la faisabilité d’appliquer concrètement ces normes
  • Mettre en place des outils de concertation sur l’avenir des services publics. Les restructurations engagées ont été faites jusqu’à présent sans l’ombre d’une concertation avec les élus relatives aux conséquences de ces décisions.
  • Boucler dans la concertation, la réforme de la carte intercommunale (Schéma Départementaux de Coopération Intercommunale), dans certains départements la transparence n’a pas été de mise et laisse certains élus amers devant de petits calculs politiciens, y compris en Seine et Marne où cette carte ne fait pas l’unanimité
  • Accroitre l’autonomie fiscale des départements et des régions qui n’en disposent plus
  • Améliorer la réforme de la péréquation. La mise en place du Fonds de péréquation des ressources intercommunales et communales monte en puissance, le système actuel a révélé des anomalies qui remettent en cause le bien fondé de cette décision (communes pauvres membres d’une communauté riche devant s’acquitter de ce prélèvement, des communes riches d’agglomérations pauvres se voyant dotés de nouvelles enveloppes financières …)
  • Moderniser les conditions d’exercice des mandats locaux. La prochaine limitation de cumul des mandats, attendu par beaucoup de citoyens, doit s’accompagner d’une réforme sur le statut de l’élu local, notamment des petites villes.
  • Défendre une politique européenne de cohésion en simplifiant les procédures d’accés aux fonds européens …

Les facteurs rêvent ils de voiture électrique ?

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François, le personnage inoubliable créé par Jacques Tati dans ses deux films (« L’École des facteurs » et surtout « Jours de fête ») qui a fait connaitre dans toute la planète ce personnage central pour nos villes et nos vies qu’est le facteur,  doit remuer dans sa tombe devant la mort annoncée d’un métier qu’il chérissait tant.

La distribution du courrier devient aujourd’hui un véritable sujet d’inquiétude, tant pour les habitants confrontés à une dégradation croissante des conditions de distribution, que pour les facteurs eux mêmes; ce que l’actualité de ces derniers jours a souligné tragiquement.

J’ai reçu, il y a quelques semaines, à leur demande, des représentants de la Direction Départementale de la distribution de La Poste, souhaitant me rencontrer.
Demande inhabituelle, qui ne m’a guère surpris au demeurant, ayant ces derniers mois joué un rôle de médiateur entre la hiérarchie et les facteurs confronté à un conflit du travail pour le moins compliqué et délicat.

Notre discussion a débuté assez cordialement par le rappel de l’engagement de La Poste en faveur de la voiture électrique. Jean Paul Bailly leur PDG, a annoncé un programme d’acquisitions sur 4 ans, portant sur plus de 3 000 véhicules 2 places de Peugeot, et 15 000 utilitaires Renault Kangoo. Ils ont soulignél’engagement responsable et citoyen de l’entreprise et sa  contribution à la lutte contre les émissions de Gaz à Effet de Serre. Voilà pour la version coté pile, car cette mesure cache d’autres initiatives, moins sympathique coté face  …

Selon ces responsables, l’introduction massive des véhicules électrique nécessite de facto l’installation de bornes de raccordement électrique qui ne peuvent être implantées que sur des plates formes industrielles centralisées.

Personne ne voit le rapport ? Elémentaire pourtant cher lecteur …

Les facteurs basés actuellement sur des bureaux de distribution déployés sur le territoire, tel celui de Trilport qui dessert aujourd’hui 14 communes, se retrouveront de fait déplacés en totalité sur un site unique, ce qui signifie la disparition totale de ces bureaux.

La ficelle est un peu grosse, l’innovation environnementale et citoyenne apparaissant du coup plutôt comme un prétexte destiné à camoufler une opération de restructuration qui bouleversera en profondeur l’organisation de la distribution du courrier et qui n’est pas sans poser de nombreuses interrogations, tant logistiques que de fond …

 

 

 

Une  des contraintes majeures des véhicules électriques actuels est une autonomie plus que relative. Un constat qui devant l’étendue du secteur envisagé pour cette restructuration et les difficultés de circulation multiples que nous connaissons chaque jour (nombreux bouchons notamment), fait de la réorganisation proposée par les dirigeants, un modèle tout à fait théorique qui devrait avoir un certain mal à affronter des aléas prévisibles.

Il apparait judicieux de prévoir des bornes de recharge déployés sur les sites excentrés afin d’être en capacité d’alimenter les véhicules en cas de problème d’autonomie, l’autre solution étant tout simplement de garder l’organisation actuelle en se contentant de remplacer  les véhicules à essence actuels, par les électriques.

Le paradoxe serait que devant les contraintes rencontrées, les vehicules « carbonés » ne connaissent une nouvelle vie, ce serait vraiment le bouquet…

 

Sur le fond, de beaucoup d’interrogations subsistent …

La nouvelle organisation sacrifie le rôle éminent de lien social de proximité remplit par les facteurs qui travaillent sur des secteurs quotidiens déterminés. Un rôle trés apprécié des habitants comme des élus qui admettent tout l’apport de ces véritables arpenteurs du quotidien à la proximité comme au maintien du lien social et leur en sont reconnaissant.
Elle marque également la fin de la distribution à vélo, et encore plus celle des tournées à pied; les prochaines devant, selon le nouveau modèle proposé, partir d’un site centralisateur lointain. Au niveau commercial, elle banalise l’importance pourtant stratégique du «dernier kilomètre», véritable valeur ajoutée pourtant de l’enseigne. Une chaîne logistique complète, telle celle de la distribution du courrier pour être efficiente, nécessite à la fois un traitement de masse trés automatisé au niveau des centres de tri mais aussi des facteurs ayant la connaissance de leur secteur respectif et qui souvent nouent d’authentiques liens de confiance avec les habitants, notamment agés.
Sinon pourquoi choisir La Poste par rapport à UPS ou d’autres sociétés concurrentes ?

Tout spécialiste de la logistique, le sait, le segment financièrement et logistiquement le plus lourd à organiser et à « porter » est toujours le dernier maillon, qui ne peut être automatisé et exige un travail quasi individualisé, nécessitant moyens humains, attention, méthode, connaissance du terrain, fiabilité et temps.
C’est aussi toute la force de La Poste, ce depuis sa création …

Il est dommageable pour l’enseigne de perdre tout le capital sympathie et confiance accumulé depuis tant de décennies,  dont jouissent les facteurs dans nos Territoires. D’autant qu’une partie de la population, notamment âgée, ne pratique pas ou peu Internet.

Selon les responsables rencontrés, la réorganisation ne se limitant qu’au changement du point de départ de la tournée (une paille), elle ne devrait pas remettra en cause les conditions de qualité de distribution des courriers  et colis. Nous sommes quelques élus et usagers cependant, à en douter, vu la dégradation incontestable (amplitude, fréquence, régularité…) subie ces dernières années.

Si un élu local ne peut intervenir dans l’organisation interne d’une entreprise, il se doit d’être intraitable sur la qualité du service du à tous les usagers, notamment les plus faibles. Rappelons que l’exclusion est aussi numérique et que notre société a encore besoin du courrier. La baisse tendancielle du volume des plis et colis du au développement d’internet, est cependant limité par la croissance démographique considérable de nos territoires.

Pour toutes ces raisons, nous seront trés attentifs à la suite des évènements.

 

 

 

 

Info

Depuis mars 2010, la Poste est une société anonyme à capitaux publics. Le dernier secteur protégé (distribution des plis inférieurs à 50g) est ouvert à la concurrence depuis le 1er janvier 2011.

Pour amortir les effets de la baisse tendancielle du volume du courrier, la Poste s’évertue à améliorer sa productivité tout en réduisant ses effectifs. Ce qui n’est pas sans conséquences, tant sociales qu’au niveau de l’efficience du service rendu.

Le Grand Paris, a t’il besoin d’espaces ouverts ?

espace-ouv1.jpgJ’ai participé, il y a quelques semaines, à la 2eme table ronde des  «Conversations Métropolitaines » (cf note précédente) dont l’intitulé évocateur : « Les espaces ouverts sont-ils l’avenir du Grand Paris ? », nous rapproche  du poème d’Aragon, mais aussi paradoxalement de la thèmatique abordée lors du débat précédent, qui était consacré lui à l’intensité urbaine.

Rapide rappel. Un « espace ouvert » est un espace non construit, qui n’est ni altéré, ni imperméabilisé, autrement dit le terme regroupe les espaces agricoles et naturels. Il est bon de savoir que dés qu’une parcelle est bâtie et imperméabilisée, il lui faut des siècles, avant qu’elle ne puisse se reconstituer. Malgré cette réalité qui interpelle, beaucoup de professionnels de l’aménagement persistent à les considérer comme des réserves foncières ! Est il utile de souligner que la réversibilité est dans ce cas à sens unique !

J’en veux pour preuve, un constat simple. Depuis quarante ans, la consommation d’espace naturel s’intensifie, une tendance que rien ne semble stopper. En 5 ans c’est l’équivalent d’un département comme la Seine-et-Marne, un des plus étendus du pays, qui a disparu, soit 24 m2 chaque seconde (Chambre d’agriculture).
Conséquence directe du modèle culturel dominant de « l’american way of life » dont le style de vie est basé sur le développement de la voiture et de la maison individuelle avec jardin, l’étalement urbain, la multiplication de grands pôles commerciaux (« malls ») en périphérie.
Autant d’éléments qui induisent le développement  d’une « ville consommatrice » (foncier, énergie, pierre, temps), dévoreuse d’espaces ouverts.
Si nous voulons encore préserver des espaces naturels et agricoles significatifs, nous devons donc sortir de ce modèle, mais par le haut. Les urbanistes, élus, promoteurs, architectes, acteurs de l’aménagement  doivent s’y atteler au plus vite, avec un prélable,  rendre la ville durable désirable ce qui nécessite de faire évoluer les représentations culturelles liées à l’épanouissement personnel et familial, mais également la qualité de vie dans les villes.

C’est ce qui est ressorti d’interventions fortes lors de ce débat. Notamment celle de Jean Yves Chapuis (voir plus loin) reprécisant qu’il est important d’anticiper les mutations, de ne pas figer une ville qui doit se faire, se défaire et se refaire de manière quasi continue.
Si les espaces naturels et agricoles, sont d’ores et déjà un atout considérable pour notre pays, nous y reviendrons, leur formidable potentiel nous permettra demain de surmonter bien des défis, à condition bien évidemment d’avoir pu et su protéger leur intégrité.
Aujourd’hui la menace de les voir disparaitre ou se dégrader est réelle a rappelé  Mireille Ferri (voir plus loin). Elle a souligné que la question centrale de leur survie est bien celle de leur valorisation. Une réalité économique qui doit s’imposer à tous, tant lors de l’élaboration des documents d’urbanisme, les espaces ouverts constituant  le « contre point » du bourg urbanisé, que dans les choix économiques : agriculture vivrière, éco matériaux …

Pour les préserver deux pistes doivent être explorées au plus vite :

  • limiter l’étalement urbain, et décourager toute spéculation, altération et fragmentation concernant ces espaces
  • valoriser lers produits issus de l’agriculture afin de maintenir une activité économique significative ayant de réelles perspectives de développement

 

Vous en doutez ?

 

 

 

 

 

 

 

 

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Avant d’aborder certaines des thématiques débattues, quelques mots sur la forme.

Malgré l’animation tonique et dynamique de Cyrille Poy, journaliste animateur, il est difficile pour un participant à la table ronde de ne pas ressentir un minimum de frustation tant les sujets abordés sont passionnants, mais c’est la règle du jeu, du fait du temps imparti pour chaque intervention, limité du fait du nombre de participants à chacune des deux tables rondes. Faut il en avoir deux d’ailleurs ?

Pour avoir une idée plus complète de cette soirée débat, vous pouvez réecouter les deux tables rondes sur un des sites de France Culture.

Alors comment répondre à la question initiale :  les espaces ouverts sont ils réellement l’avenir du Grand Paris ?

L’espace ouvert, élément central de notre bio capacité 

Fait indiscutable, les espaces ouverts  sont absolument incontournables pour l’équilibre de notre écosystème : maintien de la biodiversité, préservation des ressources naturelles qu’ils épurent ou enrichissent (eau, air, sol) … Ils sobt des composantes essentielles de notre biocapacité, élément moteur s’il en est de l’empreinte écologique, qui n’est ni plus ni moins que la capacité du système à se régénérer.

Bien d’autres arguments s’imposent :

La croissance démographique en cours, 9 milliards d’habitants en 2050, impose de préserver pour les prochaines années, une agriculture performante, respectueuse des cycles de saison et de la biodiversité. Un constat qui concerne également mer, lacs et cours d’eau dont l’intégrité est aujourd’hui menacée. L’agriculture est d’ores et déjà un enjeu stratégique essentiel pour les générations futures.

La France possède la plus grande forêt d’Europe, avec cependant une particularité qui constitue une vraie opportunité pour l’émergence de filières courtes, elle est disséminée sur tout le territoire. Pourtant paradoxalement l’industrie du bois n’est pas très développée dans notre pays, tant au niveau des matériaux de construction que de la production de bois de chauffage. Signalons un potentiel énergétique commun entre agriculture et monde sylvicole (forêt) : la bio masse.

La présence des trames vertes et bleues permettent également de réguler la température locale, de limiter les effets du réchauffement climatique, et de capturer le carbone, ce qui actuellement n’est pas négligeable !

Mais les espaces ouverts contribuent également à la quête identitaire de l’homme. Dans une société de plus en plus mondialisée, voir standardisée, les paysages naturels font partie intégrante du patrimoine d’un territoire et de ses habitants : cours d’eau, forêt, champs … Ils constituent également des lieux privilégiés pour notre recherche d’équilibre intérieur, tant physiques que psychiques : promenade, accès à la nature, ressourcement, imaginaire, pratiques de sport et de loisirs, lieu de rencontre …

 

Les vertiges du Développement Urbain 

Aujourd’hui, pourtant ils sont en danger du fait de l’urbanisation croissante. Pour illustrer cette consommation foncière, rappelons qu’en Île-de-France, il ne reste plus que 2 espaces entiers qui dépassent les 5000 ha (l’équivalent du domaine vital du cerf), alors qu’en 1994 notre région en comptait 13 !

Mais la consommation foncière n’est pas le seul problème rencontré. Deux autres conséquences liées directement au développement urbain, impactent les espaces ouverts :

leur fragmentation, due à la multiplication des besoins en infrastructures (route, énergie…) permettant de connecter les zones d’habitat éloignées aux pôles de transport collectif ou aux entreprises, le mitage qu’ils subissent,

l’altération des sols, « coté obscur » de la présence humaine : sur fréquentation, bouleversement de l’écosystème, pollutions terrestre ou aquatique (algues vertes en Bretagne…). …

Pour protéger efficacement les espaces ouverts, il faut impérativement renforcer leur robustesse,  ce qui nécessite comme pré requis de respecter leur taille critique, d’éviter morcellement, mitage, dégradations liées notamment aux conflits d’usage.

Autre action importante : travailler qualitativement les « zones tampon et de transition » entre espace urbain et espace ouvert (notion de front urbain) afin de faciliter les relations et l’harmonie entre deux « mondes » aux logiques différentes mais complémentaires.

 

Repenser la relation économique avec l’agriculture

Mireille Ferri, Conseillère Régionale, spécialiste reconnue et appréciée de la problématique francilienne, qui a piloté avec beaucoup de doigté la réflexion autour de son Schéma Directeur est revenue sur un élément, incontournable : pour que les espaces soient durables écologiquement, il faut qu’ils soient viables économiquement, et ce, dés aujourd’hui. Toute la question du maintien et du devenir futur d’une agriculture, d’une sylviculture ou des activités liées au monde aquatique en dépend.

Les documents de planification des dernières décennies ont démontré qu’il ne suffisait pas de préserver le foncier pour assurer la pérennité de ces espaces. Il est indispensable de permettre un développement économique viable des activités agricoles ou forestières, un fonctionnement durable des écosystèmes, de donner les moyens aux structures en place (SAFER, AEV …) afin de protéger de la spéculation foncière les espaces ouverts.

Un nouveau jeu d’acteurs doit se déployer, de nouvelles alliances se nouer afin de ne plus considérer l’espace ouvert comme une simple réserve foncière, mais tout simplement de le valoriser pour ce qu’il est.

Il faut inverser la tendance, repenser la destinée de chacun des espaces, urbains ou ouverts, tant ils sont complémentaires et qu’ils ont besoin l’un de l’autre. Comme l’a précisé Mireille, ils doivent apprendre à dialoguer.

C’est ce qu’a souligné également Jean Yves Chapuis en précisant qu’il fallait interpeller les compétences des uns et des autres, et accepter que chacun accepte d’intervenir dans la compétence de l’autre. Il a indiqué aussi qu’en France, il n’y avait plus réellement de culture rurale, nos concitoyens étant de plus en plus  en demande d’une nature bien propre et bien sage

Il est crucial que nous prenions en compte les spécificités mais aussi la fragilité de ces espaces, ce qui doit nous inciter à intégrer la responsabilité que nous avons à défendre et protéger ce patrimoine commun….

Compte rendu de la 1ere table ronde

Repérage francilien

Armature paysagère : ¼ du territoire (600 000 ha)

80%, du territoire est en espaces ouverts

96% des habitants vivent en espace urbain

50% territoire : agriculture

 2/3 des forêts sont privées

Petites Villes : sens de la vie ou sens de la ville ?

jean-viard-photo-2009-07-06-VIII-universite-d-ete-310.JPGLors des assises de l’APVF (cf note précédente) les Maires des Petites Villes, ont été interpellé par l’intervention de Jean Viard, chercheur (CNRS, CEVIPOF), éditorialiste (JDD, Terra Eco …)  à ses heures perdues et élu local également. Il a esquissé en quelques traits le portrait d’une société en pleine (®)évolution, dans laquelle la carte n’est plus liée à un seul territoire mais bien à plusieurs, dont certains, virtuels et globaux.

 Constat positif cependant, nous vivons de plus en plus longtemps :

« En un siècle, nous avons gagné vingt-cinq ans d’espérance de vie. Onze ans depuis 1945. Cinq ans depuis 1981. Trois heures par jour actuellement. C’est d’ailleurs pour cela que nous serons bientôt neuf milliards …

Si vous avez la chance d’avoir du travail pendant 42 ans et 35 heures par semaine, vous travaillerez en tout 63 000 heures dans votre vie, mettons 70 000, avec les heures sup et autres compléments. La vie en France dure en moyenne 700 000 heures. Le travail égale donc moins de 10% de la vie en 2010.

En 1900, on travaillait 40% de sa durée de vie. Nous avons bâti une société de vie longue et de travail court et nos enfants vivront 100 000 heures de plus que nous. »

 

Si l’espérance de vie s’allonge, paradoxalement dans le même temps la société devient de plus en plus pessimiste en l’avenir, et fait face à une crise profonde, qui n’est pas seulement financière et sociale, mais plus globale, concernant également le politique, la quête de sens et de valeurs.

Plus que jamais, nos concitoyens ont besoin d’horizon, de perspectives, car pour  Jean Viard, aujourd’hui si les français se rattachent tant au présent, c’est bien par peur du futur … Même les afghans sont plus optimistes, c’est dire  !

Que penser d’une telle analyse ?

 

 

 

La carte et les territoires

Incontestablement, les  modes de vie évoluent, « The times they are a changing » chantait prophétiquement Dylan dans les années 60, une chanson prémonitoire que l’on peut s’en peine coller  à notre époque, tant elle en est également le reflet …

Le nomadisme s’impose peu à peu, que ce soit au niveau des objets usuels de consommation (Smartphone, tablettes …), que dans  nos modes de vie quotidiens, nos représentations, nos envies ou nos imaginaires.
La mobilité caractérise nos vies, deux illustrations : 61% des citoyens ne vivent pas là ou ils travaillent, et nous effectuons en moyenne 45 km / jour, pour nous y rendre …

L’espace géographique des français se distend chaque année, notamment en Ile de France, et les temps de transport diminuent, de manière inéquitable cependant, créant de fortes disparités  territoriales : il y a les territoires « in » et les territoires « out ».

La carte de France des temps de transport en train illustre les bouleversements en cours qui bousculent nos repères et les équilibres économiques et politiques locaux. La Province, même lointaine, devient du coup, plus proche de Paris que sa propre banlieue !

 

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Autre évolution le développement des villes, une tendance planétaire et quasi universelle. Si beaucoup de nos concitoyens habitent des villages ou des petites villes (un habitant sur trois), souvent pour des raisons liées au prix du foncier, ils aspirent à y bénéficier de toutes les commodités du citadin. Leur culture est en apparence celle des espaces et des campagnes, pourtant l’urbanité est au cœur de leurs modes de vie quotidiens.

Conséquence, notre société devient selon Jean Viard une société d’infidélités : il y a le territoire où l’on vit, de moins en moins longtemps du fait des exigences liées à la  mobilité professionnelle, le territoire où l’on travaille, celui où quelquefois on va en vacances ou en week end, et tous les autres … jusqu’aux plus virtuels, notamment lorsqu’ils sont réseaux sociaux.
Dans ce maelstrom, le territoire local possède toujours des vertus identitaires auxquelles désespéremment beaucoup se raccrochent, y compris même s’il s’agit plus d’identité mémorielle, plus liées au « où es tu né ? » qu’au « où vis tu ? ».

L’organisation territoriale du pays évolue également,  rien de plus normal. La carte et le territoire nécessitent une gouvernance pour fonctionner et être en résonnance et cohérence. Rappelons que les départements sont liées à la mobilité depuis l’origine de leur création par les Révolutionnaires de 1789, étant destinés à rompre avec le centralisme territorial de la monarchie, la révolution a donc créé 83 départements organisés autour d’un chef-lieu (la « préfecture ») accessible en une seule journée de cheval. Depuis 1789, l’eau a coulé sous les ponts, la journée de cheval ne signifie plus grand chose, et l ’échelle des proximités locales a également évolué, différemment selon les lieux …

L’interrogation sur le mode de gouvernance d’un territoire donné, doit être complété par une autre question à mon sens et d’une actualité brulante :  quelle proximité pour quelles solidarités, et quelles ressources pour ces solidarités ?

 

 

La quête de sens

D’autres fondamentaux plus existentiels et plus matérialistes influent sur les envies, frustrations, imaginaires et perspectives des uns et des autres et sont à l’origine de cette angoisse en l’avenir. En France, 45 % des personnes pauvres ont moins de 25 ans soit, mais les « jeunes des quartiers » sont deux fois plus chômeurs que les autres.
Dans le même temps l’écart de revenus entre les générations ne cesse de croître, les jeunes retraités gagnent plus que les actifs de 35 ans, qui eux mêmes gagnent plus que les plus jeunes. La  précarité dans laquelle se retrouve trop de jeunes explique pourquoi ils ont manifesté pour les retraites ! Où sont les lendemains qui chantent !

Pourtant globalement l’avenir est à la jeunesse, car la planète est de plus en plus jeune, le printemps arabe est sur ce point révélateur, cependant la France et l’Europe vieillissent, la France plutôt moins d’ailleurs que le reste du continent. Une réalité et des perspectives qui inquiètent beaucoup de nos concitoyens et ferait bien d’être analysé à sa juste valeur par les politiques qui condamnent l’immigration, dans beaucoup de pays européens, notamment l’Allemagne, c’est elle qui fait de plus en plus fonctionner l’économie nationale.

Nous consommons également chaque jour de plus en plus de produits manufacturés venant de plus en plus loin et coûtant de moins en moins, tuant dans l’œuf toute velléité de production locale dans l’état actuel de l’échelle des motivations de l’acheteur, le prix. Une réalité particulièrement perceptible dans l’alimentaire et qui subsistera, tant que le prix du transport sera aussi infime … La carte et les territoires, là encore…

Autant de faits qui font que le sentiment de déclassement  et de peur du lendemain s’étend …

 

Et le politique dans tout ça ?

Un état d’esprit qui avait fait le lit du candidat Nicolas Sarkozy lors des dernières présidentielles,  Incontestablement ses slogans « travailler plus pour gagner plus », « Une France de propriétaires », « le Tout est possible » avaient fait écho aux  attentes, inquiétudes, frustrations ou interrogations de beaucoup de nos concitoyens.

Ces citoyens auxquels Alain Souchon devait penser lorsqu’il chantait « Foule Sentimentale » :

« On nous fait croire,

Que le bonheur c’est d’avoir

De l’avoir plein nos armoires

Dérisions de nous dérisoires »

Le ressenti du pays est aujourd’hui à la hauteur des espérances déçues, tant le bilan du candidat est accablant : accroissement des inégalités, développement des individualismes, atteintes à la cohésion sociale,  accroissement de la dette publique, dégradation des services auprès des habitants (santé, sécurité, éducation …), dans le même temps les contributions des plus hauts revenus à la dépense publique ont diminué  comme jamais du fait d’une politique fiscale inéquitable, dure avec les faibles et complaisante avec les puissants .

Le sentiment d’inégalité et d’impuissance s’étend, avec pour conséquence, une méfiance croissante envers le politique, dont la montée des extrêmes et de l’abstention sont deux illustrations évidentes.

Jean Viard l’a rappelé, le risque d’arriver à une démocratie « quasi familiale », celle des élus, face à celle du grand nombre qui s’abstient est bien réel, avec tous les risques que ce scénario implique : développement des populismes, désintérêt de la chose publique, démobilisation …

Il développe sur ce point une formule percutante, surtout pour un laïque comme moi : « il n’y a pas de citoyens dans nos églises, il n’y a que des prêtres ».

Exigence absolue : changer de cap, afin de redonner absolument du sens, des perspectives, de l’horizon et réinviter le plus grand nombre dans le débat public et politique.

Il faut également ne plus tricher et travailler sur les représentations et modèles dominants. La représentation du bonheur individuel jusque là mis en exergue, véritable « American way of life » était basée sur l’individualisme et l’esprit consumériste. Elle a vécu, et ne correspond plus aux défis présents et futurs auxquels nous devons répondre.
Plus grave, elle induit un modèle culturel incompatible avec les enjeux environnementaux, à l’exemple de la maison individuelle accentuant étalement urbain, atteintes à la bio diversité et émissions de gaz à effet de serre.

Si ce qui compte dans la vie de chacun est de progresser, et c’est bien le propre de l’homme, encore faut il définir un but à atteindre qui fasse sens et écho avec les besoins réels, de l’individu certes mais également de la société et de la biosphère.

Ce sont les imaginaires territoriaux qui font sens, pas leur gouvernance dit Jean Viard. Son constat n’est pas faux, les politiques doivent travailler avec humilité dans cette direction, et privilégier des logiques de projets, plutôt que des approches de frontière, de territoire ou de petit marquisat.
Il faut répondre non en surfant sur les frustrations et les égoïsmes individuels, mais bien au contraire apporter des réponses concrètes aux besoins réels d’aujourd’hui et de demain, comme à la nécessaire cohésion que la gravité de la situation que nous rencontrons impose.

Encore faut il que le passeur, le politique, soit à la hauteur et donne de la valeur à soin action et aux enjeux qu’il poursuit : humilité, proximité, écoute, efficacité …