Retrouver le fil de l’humanité

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Si la crise des migrants est emblématique, elle est révèlatrice des fractures profondes que traversent notre société.
Cette situation doit nous interpeller pour nous amener, au delà des belles déclarations de principe, à mettre en oeuvre des actions concrètes et adaptées, et travailler à élaborer des réponses plus globales.

Cette crise touche à des valeurs humanistes et républicaines essentielles, avec lesquelles il n’est pas possible de transiger, tant elles sont identitaires. Rappelons que la France, dans son ADN même, est une terre d’accueil dont le droit d’asile constitue un des fondements principaux. Notre pays s’est aussi construit depuis des siècles autour des vagues migratoires successives qui ont traversé son histoire.
Elle confronte également les élus locaux à la vision qu’ils ont et de leur action et de leur responsabilité. Médiateurs du quotidien et de la proximité, ils contribuent, en première ligne, à tisser les liens qui font société, qui favorisent cohésion sociale et « vivre ensemble »; encore faut il qu’ils soient considérés par l’Etat comme de véritables partenaires et associés à ce titre le plus en amont possible à un dialogue respectueux et constructif sur les meilleures conditions de mise en place d’une politique d’accueil locale.

S’il faut soutenir sans réserve le plan national d’accueil des refugiés et migrants initié par le gouvernement et la décision courageuse de démanteler la jungle de Calais comme tous les ghettos indignes qui subsistent encore sur notre territoire, un constat s’impose : assurer un traitement juste des conditions d’accueil et des demandes d’asile, nécessite de replacer l’humanité au cœur de notre démarche. Nous en sommes trés éloignés aujourd’hui, confrontés à l’urgence, souvent même à l’improvisation, ce contexte pré conditionne une approche technocratique et quantitative de problématiques complexes qui touchent à l’intime et au collectif.
Un accueil digne de populations fragilisées, nécessite pourtant sérénité, anticipation, prise en compte des priorités humaines et des réalités locales.

Nous ne pouvons plus désormais considérer les épisodes migratoires comme de simples accidents géo politiques ou des aléas de l’histoire, mais bien comme un processus continu qui ne s’arrêtera pas de si tôt, au regard de la multiplication des conflits régionaux et des conséquences dramatiques du changement climatique …

Autant de perspectives qui imposent de définir une stratégie autour de nos politiques d’accueil, un cadre d’action, la mise en place de véritables éco-systèmes, tant nous sommes confrontés avant tout à une problématique éminemment humaine, avec un objectif clair, aboutir à une inclusion sociale et territoriale épanouie.

Si rien ne change, c’est notre cohésion sociale même qui risque d’être déstabilisée par la moindre poussée migratoire, y compris modeste, tant ce phénomène, somme toute naturel, les migrations font partie de l’histoire de l’humanité, est exploitée sans vergogne, ni scrupule par la droite la plus extrême, utilisant la période d’incertitude collective que nous traversons comme un véritable terreau afin de susciter ou attiser les peurs et les fantasmes les plus éculés, en clivant, divisant, excluant au lieu de fédérer et d’unir.

C’est bien notre cohésion sociale qui aujourd’hui est en jeu …

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Habitat social, où en sommes nous ?

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L’opération des logements sociaux de FSM inaugurée rue de Montceaux cette semaine, me donne l’occasion de faire un point sur notre situation en ce domaine et le partenariat initié avec ce bailleur.

Je ne l’apprendrais pas aux lecteurs de ce blog, l’article 55 de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain, impose à toute commune francilienne de plus de 1500 habitants d’avoir d’ici 2020, 20% de logements sociaux et 25% en 2025 (loi ALUR). Rappelons que si les décrets d’application de la loi SRU ne datent que de 2002, la pénurie de logements en France est une vieille histoire.
L’état demande aux élus en un ou deux mandats de réparer plus d’un demi siècle d’immobilisme sur une telle question ; or pour appréhender et maitriser les ressorts d’une problématique que chacun s’accorder à reconnaitre comme complexe, il est nécessaire d’acquérir un minimum d’expertise et de savoir faire dans des domaines aussi divers que le foncier, l’habitat ou l’urbanisme. Le but d’une mixité réussie étant d’offrir aux habitants les conditions d’un véritable épanouissement. Ce qui veut signifie que même pour un élu convaincu de l’intérêt de ce texte, comme je le suis, lancé une telle action, véritable politique publique, lexige un minimum de temps, notamment au début.
J’ai la conviction que s’il faut bien évidemment suivre à la lettre cette loi légitime, notamment répondre aux exigences quantitatives, il est également important d’en respecter l’esprit et de se fixer des priorités qualitatives ; ce qui est techniquement un peu plus compliqué à réaliser … Aussi, j’ai le sentiment d’avoir agit juste en faisant de la qualité de l’habitat, au sens global, une exigence préalable, et de tout avoir mis en œuvre pour y arriver.
Il est vrai qu’une autre démarche etait possible : préempter un terrain en périphérie de ville, y bâtir en nombre les locatifs sociaux manquants … Loin des yeux, loin du cœur … Méthode simple, rapide, apparemment moins couteuse, respectant les objectifs quantitatifs de la loi SRU, mais pour le moins court termiste.
J’assume de ne pas avoir été sur ce point exemplaire et d’avoir pris le temps de bien faire ; ce qui en son temps m’a valu des échanges pour le moins directs avec les représentants de l’Etat.

 

Quelques convictions tout d’abord.

Un Maire n’est pas l’élu d’une ville mais d’un territoire, ensemble complexe composé d’entités urbaines, agricoles et naturelles qui doivent dialoguer ensemble en bonne intelligence. Notre volonté est de préserver l’intégrité des espaces naturels et agricoles, afin qu’ils gardent toute leur potentialité, en prenant prendre le contre pied du modèle urbain dominant, celui de l’étalement urbain, basé sur le développement de la ville «longue distance», consommatrice de foncier, d’énergie, de pierre, de temps et grande dévoreuse d’espaces …

Depuis 2005 nous avons considérablement renforcé nos moyens d’action, acquis un réel savoir faire, initié un projet de développement durable du territoire (notamment avec l’éco quartier), réuni des partenaires indispensables, dont les services de l’état avec lesquels nous travaillons en toute transparence et l’Etablissement Public Foncier, qui déploie toute son expertise pour nous aider à construire du logement social ; et ce malgré les diverses difficultés rencontrées : foncières, financières, règlementaires, dont une spécifique à Trilport, un zonage absurde, inéquitable, illégitime pénalisant le montage de toute opération de création de logement sociaux. Nous agissons pour :

  • promouvoir un logement social de qualité, notamment en centre ville : afin de rapprocher les habitants des équipements publics, de développer les mobilités douces, afin de faire de Trilport une ville « courte distance ». Les appartements inaugurés sont lumineux, connectés à la fibre optique, dotés d’outils de suivi mobiles individuels …
  • diminuer les charges des locataires en participant à la lutte contre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre (performances thermiques et isolation très performante), en privilégiant le plus possible les matériaux bio sourcés,
  • privilégier les opérations à taille humaine, l’éco construction, l’accessibilité, la signature architecturale du bâti et son intégration au site.
  • Développer une mixité multi générationnelle et sociale dans toute la ville, afin d’éviter ghettoïsation ou sentiment de déclassement et proposer également des solutions de logement adaptées tant aux séniors, qu’aux jeunes
  • Intégrer dans chaque opération les problématiques du stationnement, afin d’apporter des réponses non doctrinales mais bien concrètes

Mais au delà du rationnel, du technique, des données statistiques, je voudrais surtout et plus que tout parler d’humain, d’affect, de pathos, de désir. Trop peu d’acteurs s’en préoccupent, c’est pourtant essentiel.

Une feuille de route s’impose : rendre la ville durable, aimable et désirable, en travaillant sur la qualité des espaces, du bâti, des services de proximité mis en place … Vivre en ville, c’est avant tout habiter sa ville et même si possible être habiter par elle.

Il est grand temps de faire évoluer dans l’inconscient collectif les représentations liées à la ville, à l’épanouissement personnel, familial et collectif, en améliorant concrètement la qualité de vie, les aménités, l’intensité urbaine et placer l’humain et la préservation de la nature au centre de nos réflexions.

La ville est un tissu vivant qui doit se régénérer, se reconstruire sur lui même, mais être également en capacité de procurer de l’émotion et d’avoir une dimension évocative. S’il est nécessaire de développer une ville plus intense, elle doit dans le même temps être surtout, paradoxalement, plus humaine … C’est la vision que nous partageons avec nos partenaires.

 

Pourquoi avoir choisi FSM, et où en sommes nous vis à vis de la loi SRU ?

 

 

 

 

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Pourquoi FSM ?

Dés mon élection comme Maire (2004), j’ai recherché durant de longs mois, le bailleur social partageant nos priorités et pouvant nous accompagner. Avec cet objectif, j’ai rencontré beaucoup d’acteurs de l’habitat social, visité plusieurs sites, que ce soit en Seine et Marne ou non, et pas mal échangé avec des locataires et des élus.

C’est ainsi que nous nous sommes rapprochés des Foyers de Seine et Marne dont le positionnement volontariste sur l’éco construction et les performances énergétiques, (il en sont un des pionniers), le sens de l’innovation, environnementale et surtout sociale (dimension humaine des réalisations, publics cibles …), la culture d’entreprise correspondaient à la politique que nous voulions initier sur Trilport.
Autre argument de poids, le travail conjoint sur les dossiers d’attribution, mené très en amont qui nous permet de les préparer et de réussir à attribuer à peu prés la moitié des logements à des familles Trilportaises dans le respect des priorités préfectorales ou du 1%.

C’est aujourd’hui 42 logements qui ont été livré, 41 logements en cours de réalisation (soit un total de 83) sur 5 opérations situées à des endroits différents de la ville, pour 4 d’entre elles, en Centre Ville à moins de 5 minutes de la gare (la plus importante faisant 17 logements) et deux projets à l’étude.

Dans chaque réalisation, FSM adapte 2 logements sur 10 au public senior ou doté d’un handicap. Nous agissons pour anticiper les conséquences du vieillissement progressif du pays et proposer à nos seniors des solutions leur permettant de poursuivre leur vie dans leur ville.
Rappelons qu’en 2050, prés d’un tiers des habitants auront plus de 60 ans (contre 20 % en 2005) et les 75 ans et plus passeront de 8% en 2000 à plus de 15% en 2050. Cet allongement de l’espérance de vie est une bonne nouvelle, mais nous impose de penser autrement la ville et les relations inter générationnelles en favorisant le prolongement de l’autonomie résidentielle.

C’est l’objet du label Habitat Seniors services que nous développons avec FSM.

 

 

Ou en sommes nous vis à vis de la loi SRU ?

AU 1er janvier 2016, nous devions construire 246 logements sociaux afin d’atteindre 20% (43 logements sont actuellement en constructions), nous atteignons à peu prés à 10%, avant le lancement de l’éco quartier de l’Ancre de lune.
Le contrat triennal de construction 2014 / 2016 fixe à la commune un total de 67 Permis de Construire à accorder avant le 31 décembre 2016. Notre programmation est établie, la plus grande majorité de cet objectif devant venir, enfin, de l’éco quartier.

Je profite de ce billet, pour souligner l’importance du partenariat noué depuis 2009 avec l’Etablissement Public Foncier d’Ile de France. Ses collaboratrices et collaborateurs effectuent sur Trilport un véritable travail de dentelle urbaine, respectueux de nos priorités comme des spécificités du territoire, notamment concernant la question de la densité, qui nous permet de mener sereinement, une véritable réflexion urbaine sur la ville, articulé non sur l’immédiateté mais le moyen terme et de garantir ainsi au mieux l’intérêt général.

 

 

 

Notes du blog relatives à cette question sensible

Beaucoup de billets du blog, traite du logement et de l’urbanisme, voici les liens menant aux différents articles écrits ces dernières années relatifs à des questions littéralement essentielles pour un élu de Petite Ville …

 

Pour que le 115 ne soit plus aphone

 

Elle était à l’écoute du bien être des gens

 

De la ville durable au Territoire Durable

 

Le Grand Paris a t’il besoin d’espaces ouverts

 

 Vous avez dit Habitat Seniors Services ?

 

Grand Paris, l’intensité urbaine à l’ordre du jour

 

Conversations urbaines autour du (très) Grand Paris

 

Contrat de Mixité Sociale, où en est on ?

 

SRU, enfin du contractuel

 

SRU, la réponse du cancre

 

De la Zone 2 à la Zone 1 …

 

Loi SRU, où en est Trilport ?

 

SRU, trop c’est trop …

 

SRU, comment je suis devenu un Maire « hors la loi »

 

 

 

 

 

 

 

Pour que le 115 ne soit plus aphone

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La publication du rapport annuel de la Fondation de l’Abbé Pierre est l’occasion chaque année de faire le point sur la situation du logement dans notre pays. Ce document exhaustif est désormais la référence sur cette problématique essentielle située à la confluence de beaucoup des fléaux qui touchent notre société. Son édition 2016 (21eme du nom) bénéficie des données de l’enquête INSEE sur le logement qui démontrent l’aggravation d’une situation impactant de plus en plus de personnes vulnérables, dont les sans domicile fixes.
Rappelons que si deux millions de personnes attendent toujours l’attribution d’un logement social, notre pays ne parvient toujours pas à héberger plus de la moitié des sans abris, dont le nombre a quasiment doublé en dix ans pour la seule Ile-de-France (+ de 85 % de 2001 à 2011). Une nouvelle tendance inquiétante se confirme, de plus en plus de familles avec enfants sont concernées et se retrouvent sans logis.

La question des réfugiés a donné lieu à une mobilisation tout à fait exceptionnelle (cf billet précédent), qui a permis d’explorer et de découvrir de nouvelles pistes, dont certaines tout à fait appropriées à l’accueil des personnes sans domicile fixe.
La récupération et l’exploitation politique qu’en a fait un parti comme le Front National, que j’ai vécu en direct lors d’un débat en Conseil Communautaire avec une de leurs élues, laisse pantois. Les représentants de ce mouvement idéologique qui ne s’étaient jamais préoccupés jusque là du sort des exclus, bien au contraire, dénoncent désormais, la « concurrence » entre sans-abri français et réfugiés étrangers et « l’abandon » des SDF de souche au profit de clandestins. La ficelle est un peu grosse …
Plutôt qu’une récupération politicienne indigne et pour tout dire assez minable, la question des SDF exige des réponses concrètes et urgentes, tant le système actuel apparait totalement à bout de souffle : centres d’appel saturés, lieux d’hébergement débordés, seulement une personne sur deux qui appelle le 115 se voit offrir une solution pour la nuit, mais également des conditions d’hébergement très préoccupantes, voir indignes et sans aucun traitement social de fond à la clé.

Il faut arrêter le bricolage social, repenser de manière globale notre politique d’accueil, la refonder, tant il est indispensable de donner à ses familles très fragilisées la possibilité de rebondir et leur permettre effectivement et réellement de sortir de ce qui est devenue une spirale infernale, afin de pouvoir s’intégrer dans la société.

Pour cela un seul impératif, assumer de faire de la question de l’hébergement des sans abris, une véritable priorité, en y apportant des réponses structurelles sur le court, le moyen et le long terme.

 

C’est ce que ce billet vous propose d’explorer, en commençant par un état des lieux quelque peu décapant, qui n’est que le reflet d’une triste réalité.

 

 

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En matière d’hébergement d’urgence, aujourd’hui, c’est le court terme qui s’impose, avec le recours quasi systématique à l’hôtel, tant les 40 000 places des structures d’urgence (centres d’hébergement et d’insertion sociale) gérées par les associations humanitaires et sociale, ne peuvent plus répondre à la demande et ne sont pas non plus adaptées le plus souvent à accueillir des familles, de plus en plus nombreuses dans la rue (couples, mères célibataires avec enfants…).
Ce contexte a amené les acteurs sociaux à recourir à l’hôtel. Ce sont désormais 40 000 chambres qui sont louées chaque nuit pour un coût annuel de 400 millions d’euros;  solution comparée par les travailleurs sociaux à une véritable «drogue dure». Pourquoi ?

  • Réserver des chambres est beaucoup plus facile et rapide que de construire des centres, l’offre immédiatement disponible et souple permet de se d’adapter à la demande, mais inconvénient majeur, cette solution empêche de fait, tout travail social de fond, car l’hébergement hôtelier est par définition provisoire, précaire et réversible.
  • Quand à l’économie réalisée si elle semble évidente, pas d’investissements (aucune structure à créer), peu de masse salariale, elle n’est qu’apparence. Si le coût de 17 euros par nuit et par personne semble raisonnable pour une chambre d’hôtel (notamment à Paris), soulignons que la majorité de ces chambres se trouvent en banlieue, souvent en grande couronne, et que la véritable facture s’élève plutôt à 17 euros multipliés par 2,3 ou 4 (si familles) par nuitée, soit 50 euros voire plus. Nous ne sommes pas dans le cadre d’hébergements ponctuels, mais avec des durées de plusieurs mois (parfois même des années) ; chaque chambre rapporte à l’hôtelier prés de 1500 euros / mois. Voilà pour l’économie.

 

L’ile de France qui est une des régions les plus touristiques au monde, héberge 35 000 personnes sans domicile dans plus de 530 hôtels (soit 15 % de l’offre hôtelière régionale).
Le seul Samu social de Paris loue des chambres dans 78 hôtels de diverses chaînes (Formule 1, Campanile, Première Classe, Balladins…), ce qui représente une dépense annuelle de 180 millions d’euros (totalement financée par l’état) sur les 212 millions de son budget.
En matière de logement d’urgence, les hôtels ont le vent en poupe : 2 500 nuitées en 2005, 14 fois plus aujourd’hui. Le SAMU social a même créé depuis 2007, un « Pôle d’Hébergement et de Réservation Hôtelière » qui gére en temps réel les demandes du 115, et trouve chaque nuit les chambres d’hôtels nécessaires, tant l’offre varie selon chaque chaîne, les périodes de l’année ou évènements du calendrier, au regard de l’attractivité de certaines infrastructures (dont le Stade de France).

Conséquence indirecte et inattendue, ce mode de gestion plonge beaucoup de petites communes, notamment seine et marnaises, dans la détresse et la difficulté.
Certains des hôtels affrétés par le 115, sont implantés pour des raisons économiques (prix du foncier, taxes locales…) dans des petites villes ne disposant d’aucune logistique ou infrastructures adaptées et se retrouvant dans l’incapacité d’agir auprès de familles en difficulté, dont une grande majorité ne parle pas notre langue. Ces municipalités, se retrouvent, totalement désemparées et abandonnées, dans des situations impossibles à gérer, n’ayant ni les services nécessaires, ni les structures adéquates, que ce soit au niveau de la scolarisation des enfants, l’accueil et le suivi de familles vivant dans des conditions souvent inacceptables au niveau sanitaire ou de l’hygiène, ces hôtels n’étant pas aménagés pour ce type de public.

 

Les familles hébergées sont le plus souvent plongées dans des situations administratives difficiles, voir inextricables, loin de tout, autant dire que le contexte ne les place pas dans les meilleures conditions pour rebondir, que ce soit dans les démarches à accomplir, l’accompagnement social des familles, la recherche de travail, la scolarité des enfants…

Nous voilà confrontés à un véritable cercle vicieux qui alimente une filière économique, quelquefois même parallèle. Constat implacable, beaucoup de ces «hôtels sociaux» ne fonctionnent que grâce au 115, proposant des conditions d’accueil dans certains cas dignes des livres de Zola, prosmicuité souvent limite, conditions d’hygiènes notamment pour l’accueil d’enfants déplorables, localisations lointaines, autant de paramètres qui aggravent les drames humains, sur les mobilités, l’emploi, la scolarité, le suivi médical et sanitaire, l’encadrement et le travail social. Une politique d’hébergement qui fait vivre de véritables marchands de sommeil, investissant dans des « appartements » dédiés au logement social, des propriétaires de camping, mais aussi, encore plus incroyable, des intermédiaires dont l’activité principale est de trouver des chambres pour le compte des opérateurs sociaux institutionnels (le SAMU de Paris achetant environ 45% de son « offre hôtelière » via des réservataires), tout cela aux frais de l’Etat.

Conséquence évidente : les familles hébergées à l’hôtel ont le plus grand mal à reprendre une vie autonome, construire après tant d’années d’assistanat un parcours social, régulé, équilibré, stable, d’autant que trop souvent aucun accompagnement de fond n’a pu être effectué.

 

Quelles solutions pour sortir de cette spirale infernale ?

Le système actuel d’hébergement d’urgence produit trop de misère sociale. Il faut lui substituer une nouvelle architecture basée sur un principe central : lier le toit à l’accompagnement social, mais aussi à un contexte local favorisant le développement d’une forme de résilience.
Ce contexte doit proposer des lieux, un tissu urbain, des acteurs locaux en capacité de porter un véritable parcours destinée à inclure les exclus, à leur enseigner notre langue, à protéger et éduquer les enfants, à faire bénéficier les familles d’un encadrement médical sanitaire minimum, afin de les sortir de leur précarité, et de réduire progressivement les freins à l’adaptabilité à notre société.

Il faut changer à la fois de logique et de système, ce qui demandera du temps, assumer le fait de construire un réseau de Centre d’Accueil et de structures relais différentes et complémentaires, pouvant proposer des solutions adaptées aux différentes familles. L’hébergement hôtelier, doit rester seulement ce qu’il aurait du toujours être, une simple variable d’ajustement éphémère à la marge, et non un des piliers du système.

L’organisation mise en place pour l’accueil des réfugiés, recèle de vraies pistes de réflexion, n’y manque que l’essentiel, le lien humain. Nous avons la chance, en France de bénéficier d’associations humanitaires de qualité qui peuvent être autant d’opérateurs. S’il faut effectivement construire et bâtir, le territoire national dispose de locaux scolaires, maisons de retraite, foyers de jeunes travailleurs ou d’apprentis, sous-utilisés, et même de logements HLM vacants dans certains villes petites et moyennes que les bailleurs sociaux envisagent de détruire (au rythme de 9 000 à 16 000 appartements par an, parce inutile).

 

Il est grand temps de tout mettre à plat et de changer littéralement la donne, il ne s’agit plus ici de charité ou d’assistanat mais bien d’organiser le Service Aprés Vente d’une société qui produit de plus en plus d’exclus du système, d’apporter enfin des réponses dignes, humaines, respectueuses des femmes et des hommes, soucieuses du devenir des enfants et plus que tout efficace, mais plus que tout enfin efficaces, permettant aux accidentés de la vie de rebondir.

 

 

 

Annexes

Factuel

D’après l’enquête INSEE logement 2013, 5,1 millions de personnes ont connu au moins un épisode sans logement dans leur vie. Plus de 2 millions ont déclaré avoir eu une absence de logements pendant au moins un an et 440 000 pendant plus de 5 ans.

Hébergement institutionnel : 800 000 y ont eu recours à un moment de leurs parcours de vie. En dernier recours, des lieux non prévus pour l’habitation sont sollicités : 340 000 personnes ont déclaré y avoir vécu dans leur vie.

Pour l’INSEE est sans abri toute personne qui ne dispose pas d’un lieur couvert pour se protéger des intempérieset dort soit à l’extérieur, soit dans un lieu non prévu pour l’habitation.

 

Les résultats du rapport annuel 115 pour 2014 de la FNARS sont sur la même longueur d’onde. Durant l’année 2014, 97 600 personnes ont appelé le 115 dans l’espoir d’être hébergées dans une structure sociale. Si les hommes seuls restent les principaux demandeurs, la FNARS observe une sollicitation croissante des familles avec enfants (+16 % depuis 2012, les familles représentant 39 % des appels en 2014), des femmes seules (+12% depuis 2012) et des travailleurs pauvres (10% des appelants déclarent avoir un emploi). La précarité des enfants s’intensifie également avec plus de 20 600 mineurs dont les parents ont appelé le 115 cette année, ce phénomène est en hausse : +18% entre 2012 et 2014.

Le recours au numéro d’urgence est en progression ces deux dernières années, avec une hausse de 4% du nombre de personnes qui demandent un hébergement d’urgence, sur les 37 départements du baromètre de la FNARS.

Le rapport annuel 2014 montre une nouvelle fois que le droit à l’hébergement d’urgence pour toute personne en détresse sociale reste en grande partie inappliqué faute de places suffisantes : 48 000 personnes ont eu une réponse négative à chacun de leur appel au 115.

La hausse du nombre de places, surtout en hôtels (+78%) n’a pas pu compenser la hausse des demandes. L’absence d’offres d’hébergement suffisantes éloigne le numéro d’urgence de ses missions premières et génère l’épuisement et le non-recours des personnes, tout comme une perte de sens et une frustration des professionnels.

La FNARS a réalisé une enquête auprès des 115/SIAO de 18 départements entre le 15 décembre 2015 et le 10 janvier 2016 pour proposer un état des lieux de la situation de l’hébergement et du logement des personnes sans-abri et mal-logées.

Les 3/4 des places créées l’ont été en hôtel (6 450 places), contre 2 250 places supplémentaires en centres d’hébergement d’urgence ou en hébergement d’urgence dans le logement.

Les places d’hôtel supplémentaires ont été ouvertes, en volume, essentiellement à Paris et en Seine-Saint- Denis (à 84 %).

L’augmentation du recours hôtelier concerne cependant plus largement d’autres départements. Ainsi, le volume de places d’hôtel a augmenté de 50 % à plus de 90 % dans quatre départements (Haute-Garonne, Loire-Atlantique, Gironde et Rhône).

Dans les départements enquêtés, les places d’hôtels représentent 60 % du parc d’hébergement d’urgence. Dans neuf départements, l’hôtel est résiduel et représente moins de 25 % des places. Dans cinq départements, il représente entre 26 et 60 % du parc (33, 37, 44, 68, 95), et dans deux départements plus de 75 % (75, 93).

Dix départements sur les 18 déclarent que leur territoire s’est engagé dans le plan de résorption des nuitées hôtelières, annoncé par le gouvernement en février 2015. Pour les départements franciliens, l’objectif poursuivi est celui de la baisse du flux du recours à l’hôtel, soit une réduction de l’augmentation. Pour les autres, l’objectif est celui d’une baisse du stock – soit une diminution des nuitées hôtelières avec la mobilisation parallèle d’alternatives en hébergement ou en intermédiation locative. »

 

Liens

L’hôtellerie sociale : un nouveau marché de la misère ? Le cas de l’Île-de-France [Erwan Le Méner / Politiques sociales et familiales Année 2013 Volume 114 Numéro 1 / Lien 

France Inter : « Hébergement d’urgence : la spirale infernale » /’émission du vendredi 15 janvier 2016 / Lien

FNARS / Rapport annuel 115 pour l’année 2014 / Lien 

 

et bien sur

Fondation de l’Abbé Pierre : 21 eme Rapport sur l’Etat du mal logement / Lien

Etranges étrangers et réfugiés …

 

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Photo : R. Maalouf


« Tout homme a droit à une vie qui lui permette de se construire. »

Albert Jacquard

Avec Nicole Bricq, Sénatrice de Seine et Marne et Rita Maalouf (Secrétaire Nationale du PS à l’humanitaire et aux droits de l’homme) nous sommes allés à la rencontre des réfugiés syriens et irakiens hébergés au Centre d’Accueil pour demandeurs d’asile de Champagne sur Seine. La logistique mise en place par la Croix Rouge, la proximité nouée avec les familles de réfugiés, dont une dizaine d’enfants, malgré l’obstacle de la langue, permettent à ces familles, dans un endroit préservé, de se réparer peu à peu.
Ils nous ont raconté, sans en rajouter, une partie de leur périple : les milliers de kilomètres effectués, les pays franchis, la traversée pour le moins rude de la Méditerranée, les exactions et exécutions commises par  DAECH à Alep, comme leur désespoir de voir la Syrie abimé durablement, sans perspectives d’avenir immédiates.

Elu d’une ville volontaire pour accueillir une famille de réfugiés, cette rencontre me semblait utile, en qualité de Président de l’UDESR de Seine et Marne il était  également important de dialoguer avec le Maire de Champagne sur Seine, l’humanisme de sa médiation ayant contribué à tisser un réseau de solidarités dans toute sa ville.
Cette visite m’a marqué, la question de l’asile politique est ancrée au plus profond de moi, je n’oublie pas d’où je viens; comme tant de français, descendants de « ritals », « polaks », « hongrois » ou « viets », mes origines sont d’ailleurs, nous mesurons tout ce que nous devons à la France, accueillir aujourd’hui des réfugiés est un devoir d’humanité et de solidarité, mais en ce qui nous concerne, également de mémoire.
Deux visions de la société s’affrontent sur une telle question. Celle qui assume et revendique cet accueil, au nom des valeurs républicaines, d’humanisme et de solidarités qui font la France, l’autre toute différente, basée sur le repli, l’égoïsme, l’individualisme et le rejet de l’étranger qui le condamne, ses défenseurs comparant la vague migratoire à un « tsunami », ce faisant ils travestissent, une fois de plus, la vérité, tant la réalité des chiffres s’impose : la France, 5 ou 6eme puissance mondiale va accueillir 24 000 réfugiés en deux ans, soir 1000 personnes par mois, ou 10 par département.
Souvenons nous des 500 000 Espagnols accueillis à la fin de la guerre d’Espagne, des 120 000 boat people de 1979 nous venant du Vietnam, du Cambodge ou du Laos, des 15 000 chiliens de 1973 ! Point commun, toutes ces familles fuyaient la mort pour délit d’opinion !

Cette crise n’est pas européenne, mais régionale, et concerne en premier lieu les pays du sud. Sur les 5 millions de syriens fuyant leurs pays, 98 % vivent dans les pays limitrophes : prés de 2 millions en Turquie (pays de 75 millions d’habitants) et plus d’un million au Liban (pays de 4 millions), le reste se répartissant entre Jordanie et Irak.

Nous devons reconnaitre qu’en ce qui concerne l’accueil d’urgence,  la France n’était jusque là guère à la hauteur. Pas de scoop ici, chacun sait que  le pays galère chaque hiver pour proposer un simple toit à nos «réfugiés de l’intérieur», alors comment accueillir ces nouveaux arrivants ?
Un préalable, crucial, souligné avec raison et gravité par Louis Gallois, Président de la Fedération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS) lors de la réunion du 12 septembre organisé par Bernard Cazeneuve : il ne peut y avoir de « concurrence entre pauvres », pour être clair, ce qui est «donné» aux réfugiés ne peut être pris à ceux qui galèrent. Je suis persuadé, paradoxalement, que tout ce qui est entrepris aujourd’hui, de manière tout à fait exceptionnelle, permettra demain d’apporter des réponses dignes, humaines et surtout plus efficace, à tous ceux qui en France, trop nombreux, ont recours aux services du 115. N’oublions pas que la période d’hiver approche. J’y reviendrais, tant cette crise, laisse entrevoir de nouvelles pistes.

Le pays a mis la démultipliée ces dernières semaines : mobilisation de l’ensemble des acteurs (associations, bailleurs sociaux, collectivités) permettant de libérer des milliers de places de logements décents (anciens foyers logement désaffectés, anciennes maisons de retraite, bâtiments en attente de démolition, casernes inoccupées … ), délais d’obtention du statut de réfugié raccourcis, afin de permettre à ceux qui l’obtiendront de prétendre à un logement social au plus vite, en laissant la place à d’autres arrivants, le gouvernement assumant enfin une « logique de flux », plutôt que la « logique de stock » qui prévalait jusque là.

Bien sur, après reste le plus délicat : l’insertion… Impossible de ne raisonner qu’en terme capacitaire, quantitatif, techno, tant cette problématique doit s’appréhender de manière transversale, qualitative et surtout humaine …
Réussir une intégration est la résultante d’une longue chaine de solidarités, dans laquelle chaque maillon, aussi infime et fragile soit il, a un rôle essentiel : collectivités, Etat, associations, particuliers …  C’est à ce stade que d’autres acteurs, dont les collectivités interviennent, d’ou l’intérêt de visiter le Centre d’Accueil de Champagne en amont …

La compassion née d’un cliché, d’un interview, ne dure trop souvent qu’un temps éphémère, c’est ce que rappelait le Maire de Champagne sur Seine, celui de l’émotion …
Il faut en ce domaine, être efficace, humain, collectif mais plus que tout, tenace, d’autant que cette question des réfugiés risque de devenir une constante des prochaines décennies, et ce pour plusieurs raisons …

 

 

 

 

 

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Le parcours d’un demandeur d’asile

Bernard Cazeneuve le 12 septembre a présenté les procédures mises en place par le gouvernement pour faciliter   le parcours d’un demandeur d’asile, déjà dument balisées par les accords internationaux et la Convention de Genève.
Il a souligné les évolutions initiées par la réforme de la loi asile de l’été, qui donne les moyens légaux et règlementaires d’instruire plus vite, au plus prés, afin de favoriser un parcours d’insertion plus serein et apaisé. Indiquant dans son propos qu’aucune démagogie ne pouvait exister en ce domaine, condition sine qua none pour que les français acceptent l’effort engagé, dans un contexte économique et social contraint; précisant que serait reconduit à la frontière avec fermeté mais humanisme ceux, ne pouvant être  considérés comme des réfugiés politiques, et de ce fait acquérir ce statut.

 

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Quand la géo politique rejoint l’humanitaire

La très grande majorité des réfugiés syriens et irakiens fuient l’Etat islamique dont leurs pays sont les premières victimes. Si nous ne les accueillons pas, comment les, mais surtout comment nous protéger ?
Il en va effectivement de la sécurité de nos états, les rejeter comme le demandent certains, c’est aussi assumer de contribuer au développement du terrorisme.

Cette nouvelle poussée de l’émigration a plusieurs raisons objectives :

Un des syriens rencontré à Champagne, la cinquantaine affirmée, patron de société, nous a indiqué qu’avec sa famille, il s’était installé en Turquie pour attendre  la fin du conflit. Après 5 ans de guerre, devant l’absence de perspectives, comprenant qu’il ne reviendrait pas de sitôt chez lui, il a décidé alors d’émigrer en Europe afin d’offrir un cadre de paix et un nouvel avenir à sa famille.
Attitude compréhensible, surtout lorsque l’on assiste aux derniers développements des bras de fer diplomatiques engagés, non plus entre  seulement Assad et l’Etat Islamique, mais également entre la Russie, l’Iran et le camp occidental !

Ces dernières semaines l’annonce par la Turquie de la fermeture prochaine de ses frontières a entrainé une vague de nouveaux réfugiés, qui fuyaient également les enrôlements de force des islamistes ou de l’armée d’Assad (conscription).
De tous les pays riverains, la Turquie est celui qui s’est montré le plus généreux, le plus accueillant, mais l’augmentation du nombre de réfugiés, le prolongement de leur séjour, l’évolution du conflit kurde, comme la progression de l’islamisme, explique une lente détérioration du climat, tant une certaine saturation des pays d’accueil limitrophes apparait peu à peu …

Pour l’Europe, ne pas agir, c’est prendre le risque prendre de contribuer à terme, à la déstabilisation, non seulement la Turquie, mais également de pays comme le Liban, la Jordanie, ou la Tunisie (pour les Lybiens), et de voir une radicalisation larvée à laquelle travaille les extrémistes se développer.
Cette région est non seulement une vraie poudrière, rien de bien nouveau, mais aujourd’hui ertaines mèches allumées menacent de tout faire sauter. Les conséquences en seraient terribles et déclencheraient une réaction en chaine allant jusqu’à Israël, pays voisin du Liban; la rencontre de son premier ministre il y a quelques jours avec Poutine prouve leur inquiétude face à une évolution de la situation pour le moins préoccupante.

Selon le Monde « La longueur du conflit influe également sur les organisations humanitaires, le montant des coupons alimentaires distribués chaque mois par le programme alimentaire mondial (PAM) est passé de 40 dollars à 13 dollars, alors que les besoins n’ont cessé d’augmenter». Il faut soulager leur action, en les aidant mais également en prenant notre part de réfugiés.

 

Quid de la solidarité européenne ?

L’Europe est confrontée aujourd’hui à une crise migratoire sans précédent depuis la signature de la Convention de Genève (1951). Les situations de crise s’y multiplient et alimentent les médias d’images chocs : noyades de réfugiés traversant la Méditerranée, asphyxies dans des camions de trafiquants d’êtres humains, situation de Calais …
La violence de telles images ne sont que le reflet d’une réalité dramatique, trop longtemps ignorée. Certains spécialistes avancent le chiffre de 30 000 morts en Méditerranée depuis 2000 ! Pour l’agence européenne de contrôle des frontières extérieures de l’Europe, ce sont 283 000 entrées illégales qui ont eu lieu en Europe en 2014 (dont 220 000 par mer).

Deux éléments sont également à prendre en considération. Ils expliquent, outre les valeurs et principes moraux qu’il ne faut pas mettre en doute, la position allemande : les émigrés syriens sont pour la plupart, en pleine force de l’âge, déjà formés, pour beaucoup diplômés et issus des classes aisés. Pour arriver en Europe, le ticket à un prix, entre 3000 et 5000 euros par personne.
Il n’échappera à personne que la démographie allemande a quelques faiblesses.  Cela fait déjà plus de dix huit mois, que les collectivités allemandes préparent avec soin l’arrivée des « chrétiens de Syrie ».

L’Europe objet de migrations mixtes mêlant réfugiés politiques et économiques, est désormais la plus grande destination migratoire au Monde, record qu’elle doit à sa situation vis à vis du bassin méditerranéen : Irak, Syrie, Lybie mais aussi Afrique. Devant ces arrivées massives, elle se doit d’apporter plusieurs types de réponse, même s’il est bon de relativiser quelque peu les chiffres : que pèsent les 430 000 réfugiés syriens devant 500 millions d’habitants (dont 0,1 % de réfugiés) ?

Il lui faut :

  • soutenir les pays périphériques d’accueil et les ONG encadrant les camps,
  • contribuer à trouver des solutions diplomatiques ou militaires en Syrie même,
  • Définir un cadre d’accueil et de solidarité respecteux des valeurs humanistes que portent l’Europe.

Aussi la décision de la Hongrie de Monsieur Orban, non seulement de fermer ses frontières nationales, mais  «de faire la guerre aux migrants», en donnant à l’armée l’autorisation de tirer à balles réelles, et donc de tuer est une atteinte inacceptable à ce qui constitue le socle de l’engagement européen. Il ne s’agit plus ici d’économie ou de déficit, mais de valeurs ce qui est d’autant plus grave, il y a ici rupture de contrat ! L’histoire balbutie, faut il rappeler à Monsieur Orban que c’est plus de 200 000 hongrois qui ont fui ce pays en 1956 et qui ont été accueilli partout dans le monde, 200 000 !

Cette séquence, est un crash test pour les règles de Schengen. Pour l’instant celles ci tiennent, des contrôles pouvant être réinstaurés dans le cas de circonstances jugées exceptionnelles, la période maximale prévue est cependant de 2 mois, quid après ce délai ?
Si la tentation pour certains pays de l’Est est de durcir le contrôle et le blocage de leurs frontières, ils restent paradoxalement attachés aux accords de Schengen. L’incidence économique, sociale et politique sur la libre circulation des biens et des marchandises mais aussi de leurs habitants seraient considérables.

Tout n’est pas si simple, mais l’Europe ne progresse t’elle pas mieux, et c’est bien malheureux, qu’en période de crise !
Mieux vaut d’ailleurs qu’elle progresse, car les conflits régionaux, mais également les aléas climatiques risquent de multiplier les migrations de populations sur la planète. Il lui faudra savoir apporter des réponses solidaires tant au niveau local, que global, cela ne vous rappelle rien ?

Cela commence effectivement avec la Conférence Climat qui se déroule à Paris, dans quelques semaines !

 

Le désarroi des « oubliés » des villes péri urbaines

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Un journaliste du Monde m’avait interviewé en novembre  2013 avec d’autre Maires, toutes tendances politiques confondues, dans le cadre d’un article élaboré en prévision des Municipales de Mars 2014 intitulé  « Ile de France : le désarroi des oubliés de la zone 5″  centré sur les difficultés des communes péri urbaines franciliennes.

Cet article prend aujourd’hui une autre dimension après les résultats des derniers scrutins municipaux ou européens, qui ont largement confirmé les craintes que nous avions émises, mais également, après l’annonce par le gouvernement d’une nouvelle baisse des dotations aux collectivités qui s’ajoutera à celles prévues pour 2014 et 2015 !
Une annonce qui plonge les élus dans une très forte inquiétude dont je me ferais l’écho dans deux jours  aux Assises des Petites Villes de France qui se tiendront à Annonay.

Je vous propose de revenir sur des extraits de l’article d’Eric Nunes publié dans le Monde du 5 novembre.

« Dans le contexte d’un Etat exsangue, l’effort budgétaire de 1,5 milliard d’euros réclamé par le gouvernement aux collectivités territoriales se traduira par une baisse des investissements des communes…

Parallèlement, la Cour des comptes, dans un rapport sur les finances des collectivités territoriales publié en octobre, engage les élus locaux à contrôler davantage leurs dépenses de fonctionnement. « Mais on ne peut pas presser un citron qui est vidé. C’est quoi nos marges de manoeuvre, quand 95 % de nos dépenses sont incompressibles ? », interroge Philippe Rio, maire communiste de Grigny (Essonne), 26 000 habitants. Dans cette ville pauvre, surendettée, « les jeunes n’ont ici plus de rêves, plus d’espoir. Mais nous sommes sans marge financière pour maintenir une politique locale. La fracture territoriale ne cesse de se creuser », déplore-t-il. en difficulté ? »

Pour beaucoup d’élus, le rappel à l’orthodoxie budgétaire des magistrats de la Cour des comptes agace.
« Je les invite dans ma municipalité et qu’ils m’indiquent où ils voient de la gabegie de deniers publics ! », lance Jean- Michel Morer, maire socialiste de Trilport (Seine-et-Marne), 5 000 habitants. « L’Etat me contraint à mettre en place la réforme des rythmes scolaires, je dois également financer une police municipale et batailler seul pour protéger des zones agricoles contre des constructions illégales. On ne cesse de charger notre barque tout en nous enlevant toujours plus de moyens. »

Les territoires périurbains de l’Ile-de-France figurent parmi les plus fragiles, soulignent leurs édiles. A cinq mois des municipales, les conséquences pourraient se payer. « Les jeunes qui n’ont pas de boulot finissent par voter FN », avertit Jacques Profit, maire divers gauche de Fontenay-Trésigny, 5 000 habitants (Seine-et-Marne).

« Mener sur ce territoire une politique locale, c’est mener la guerre au sentiment de déclassement, poursuit Jean-Michel Morer. La capacité d’écoute, d’action et la proximité du maire et de ses services sont la dernière digue de cohésion sociale.

Le FN l’a très bien compris. En 2012, Marine Le Pen en campagne est venue à Trilport soutenir des facteurs dont les postes étaient menacés. Elle a parlé proximité et service public. C’est très habile. » La candidate du FN a recueilli plus de 22 % des voix à Trilport lors de la présidentielle. « La France de la périphérie ne doit pas être une terre de relégation », conclut le maire socialiste de Trilport. »

 

Autant dire que les derniers résultats n’ont fait que confirmer nos inquiétudes d’alors. Soulignons que les premières baisses de dotations impactent directement nos budgets dés cette année, et se révèlent critiques pour les communes sans trop de moyens comme Trilport. Nous ne taillons plus dans le gras, depuis de nombreuses années, ni dans le muscle d’ailleurs, mais nous en sommes réduits désormais  à tailler carrément dans l’os, alors que l’État annonce de nouvelles baisses qui devraient se prolonger jusqu’en 2017.
Dans le même temps, il impose la mise en place des rythmes scolaires, sans nouveaux moyens financiers pérennes, l’application de la loi SRU qui se traduira par l’arrivée de nouveaux habitants (rien de plus normal vu les besoins en logements de tant de nos concitoyens) nécessitant obligatoirement la mise en place de nouveaux services et la création d’équipements et d’infrastructures qu’il faudra bien financer !

Je n’ose penser au prochain budget 2015, à chaque jour sa peine, car je reste persuadé que le bon sens l’emportera sous peine d’une catastrophe sociale majeure et d’un effet domino systémique …

Les habitants et les élus peuvent compter sur mon entière détermination pour agir en faveur de nos territoires, il s’agit ici seulement de défendre l’égalité territoriale et la justice sociale pour des habitants qui n’ont pas la chance, ni les moyens, d’habiter et de vivre dans les grandes villes.

 

Parrainage républicain, 6 ans après, enfin …

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Nous avons fêté ce samedi avec beaucoup de joie mais aussi d’émotion, la régularisation de la famille B. pour laquelle j’avais écrit un billet en 2006 … A sa relecture, je me souviens et m’indigne encore plus  …

Je me souviens, c’était un lundi d’octobre 2006, le 23 plus exactement; ce soir là, nous avions avec le Bureau Municipal et des élus de toutes sensibilités, « franchit le Rubicon » selon la Préfecture d’alors, en célébrant tout simplement, et en conscience, un « Parrainage Républicain » pour une famille de Trilportais tout à fait intégrée, menacée, du jour au lendemain, d’expulsion.

L’élu que je suis est plutôt connu pour faire avancer ses dossiers sans exposition médiatique superflue et excessive, notamment et surtout quand ils concernent des personnes, c’est dire qu’avant cette cérémonie, des démarches nous en avons fait, cependant force est de constater que lorsque il n’y a plus d’issue ou de marge de négociation possible, les médias peuvent être un outil efficace, souvent ultime et désespérée !

Outil peut être, mais surtout pas une fin. Il est quelquefois facile d’endosser de manière éphémère l’habit du super héros en surfant sur la détresse humaine ou l’indignation légitime et immédiate, puis lorsque les feux de l’actualité sont passés, laisser faire, oublier d’agir ou de réparer les dégâts causés … Certains s’en sont fait une spécialité, presqu’un fonds de commerce …

Mais peut on laisser commettre en France, la patrie des droits de l’homme et contre tous les principes que nous ont inculqué notre famille et notre éducation, une injustice manifeste ?

Est il concevable qu’en France aujourd’hui, deux familles aux liens de parenté évidents (les épouses sont sœurs), arrivés le même jour dans notre pays, dans le même avion de surcroit, sont pour l’une, régularisée puis naturalisée car vivant dans un département voisin, pour l’autre menacée d’expulsion pour la simple raison qu’elle a le malheur d’habiter en Seine et Marne ?

D’autant que cette famille, absolument sans histoires, loue son logement, paye charges et impôts; le père détenteur d’une carte vitale, cotise à une mutuelle complémentaire, son employeur lui propose même un CDI; la  fille de 11 ans scolarisée depuis son arrivée en France en janvier 2003 est bien intégrée, fréquente diverses associations locales et son frère, âgé de 2 ans et demi, né en France, est inscrit en classe maternelle. C’est dire son intégration !

Comment expliquer une telle différence de traitement dans notre république, selon la lecture et l’interprétation qu’un haut fonctionnaire fait d’une même circulaire ?

Qu’en penser ?

 

 

 

 

Je veux oublier le Préfet d’alors, trop connu par ici pour ses décisions iniques, dont la lecture pour le moins partisane de la circulaire Sarkozy a plongé tant de familles dans l’embarras et trop souvent malheureusement, dans la marginalité,
je veux encore moins évoquer l’éphémère médiateur nommé par Nicolas Sarkozy, Arnaud Klarsfeld, plus connu dans les salons parisiens et les soirées de la jet set qu’auprès des gens nécessiteux et dont la nomination a été un vrai scandale.

A contrario je tiens à mettre en lumière

  • la volonté inlassable d’un citoyen anonyme, qui un jour s’est indigné du sort réservé à une famille de voisins, devenue depuis amie, s’est levé et a réagit, m’a rencontré en me demandant comme à tant d’autres élus d’intervenir. Il n’était pas animé par ses convictions politiques mais par un simple sentiment d’humanité, en faisant tout simplement ce qui lui semblait juste,
  • la présence continue des réseaux de solidarité comme Réseau Education Sans Frontière, qui ont relayé l’action engagée et n’ont jamais ménagé leurs efforts, sur ce dossier comme dans tant d’autres,
  • l’action désintéressée et au combien efficace de Nicole Bricq, Sénatrice de Seine et Marne alors, qui n’a pas compté sa peine et m’a prodigué tant de bons conseils, et a suivi le dossier jusqu’à ce que la régularisation administrative arrive. Faut il souligner tant ce détail est lourd de sens, qu’elle est arrivée trois jours aprés le second tour de législatives (!!!)

L’élu que je suis, n’a fait que son job, avec peut être dans cette affaire, comme dans beaucoup d’autres que nous suivons avec Danielle ma première adjointe aux solidarités, l’humanité indispensable qui permet encore de s’indigner, réagir puis agir lorsqu’une injustice manifeste se déroule devant nos yeux.

Depuis 2006, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la Marne. La famille B. a payé plus que raison les conséquences d’une décision administrative sans fondement au regard de ce que doit être la République. Il ne peut y avoir en France deux vérités, selon que l’on vive dans un département ou dans un autre lorsque l’on aborde les questions de citoyenneté … Que penser d’une circulaire floue, imprécise et à géométrie variable, qui fait que lorsque l’on l’on réside en Seine et Marne ou dans le Val de Marne, on naturalise l’un et exclue l’autre.

Beaucoup trop de choses ont été cassées, brisées et ne seront jamais réparées. Faut il décrire le quotidien d’une famille qui du jour au lendemain, du fait d’un fonctionnaire pour le moins tatillon, partisan et sans esprit d’écoute, a basculé dans l’illégalité.
Durant six années, 2 190 jours et 2190 nuits, chacun d’entre eux a vécu la peur au ventre … Le boulot que l’on perd, l’indignité qui colle à la peau, et l’angoisse omniprésente, continue … la crainte du contrôle de trop, de la police, de l’administration, de l’autre … l’adolescence brisée, les conditions de vie dégradantes, le système D pour subsister, le logement indigne, les perspectives de jours meilleur effacées …

Beau gachis tout de même, non ?

 

 Je me souviens, c’était hier, en  octobre 2006 …  Aujourd’hui est un autre jour, fort heureusement, il est temps désormais de penser au présent et même de se projeter à demain  …

Il m’a semblé important, en ce jour joyeux, de rappeler certains faits, pas forcément glorieux, qui nous replongent dans un passé douloureux, celui de notre pays, ou quelquefois, plus intimement celui de nos familles …

Il y a 70 ans deux familles parmi tant d’autres, sont arrivées en terre de France, après avoir traversé les Pyrénées à pied, en ayant tout laissé derrière elles : maisons, souvenirs, cousins et cousines, passé, afin de fuir une dictature sanglante soutenue par les nazies. Marino, Miguel, Salvadora, Alba, Balbina, Nouria, Joaquim et bien d’autres ont été accueillis par ce magnifique pays et ses habitants.

L’école républicaine a appris à leurs enfants une nouvelle langue, avec des accents et une prononciation différentes qu’ils vivent à Nimes dans le Gard, ou à Villeneuve la Guyard dans l’Yonne, leur a transmis jour aprés jour, ce véritable trésor qu’est la citoyenneté, équilibre curieux, précieux et fragile entre droits et devoirs. Avec ce terreau mes parents se sont construits peu à peu de nouvelles racines, et m’ont légué trois principes  :

– avoir confiance dans la démocratie, la loi, la justice et l’Etat,

– respecter les valeurs fondamentales et essentielles qui ont fait notre république depuis 1789 : Liberté, Egalite et Fraternité mais aussi laïcité

– aimer cette terre d’accueil, de cultures (avec un s) et d’histoire qu’est la France.

Ils auraient pu venir d’Italie, du Portugal, de Pologne, de Hongrie, du Chili, du maghreb, d’Europe de l’Est ou de l’Afrique Noire … Qu’importe …

Le souhait que j’exprime afin que soit tourné cette page une bonne fois pour toute, est que la famille B. accède à cette nationalité qu’elle mérite tant.
Car leur pays aujourd’hui et demain,  quoiqu’en pense certains esprits chagrins ou quelques hauts fonctionnaires, c’est surtout, et plus que tout, cette terre que nous aimons tant, et qui nous réunit aujourd’hui, la France.