Pourquoi commémorer le 11 novembre ?

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Ce 11 novembre, dans toutes les villes de France, des commémorations se sont déroulées, non seulement pour célébrer le 94e anniversaire de l’Armistice de Novembre 1918 institué « Journée de la victoire et de la paix » depuis 1920, mais également tous les « Morts pour la France ».

Concernant la victoire de 1918, rappelons simplement que Roland Dorgeles, dans le magnifique roman qu’il a écrit, « Les croix de bois » inspiré de son expérience personnelle dans les tranchées qui l’a marqué à vif et à vie, fait dire à son personnage principal :

« J’trouve que c’est une victoire, parce que j’en suis sorti vivant…. »

Ce témoignage poignant relativise toute la portée d’une telle victoire … Et la réhabilitation du soldat Champelant fusillé sur son brancard pour « capitulation en rase campagne » arrive à point nommé pour nous rappeler les conditions de cette « victoire » et les décisions discutables d’un l’Etat major pour qui la vie des soldats n’avait que peu de valeur.

La commémoration du 11 novembre est désormais dédiée à tous les « Morts pour la France », des poilus de 1914 / 1918, à tous les soldats disparus depuis, qu’ils soient tombés sur les sols algérien, indochinois, ou afghan et c’est bien ainsi …

 

Cette commémoration est utile pour se recueillir d’abord.

Le poids d’une vie humaine, ce n’est pas rien. Il est normal et légitime de rendre hommage aux noms qui ornent chaque monument aux morts de nos villes, et Trilport n’a pas été épargné. Derrière chaque nom, il y a un jeune anonyme parti un beau matin, quelquefois la fleur au fusil, afin de défendre ce pays qu’il chérissait tant, et qui n’est jamais revenu, ni n’a revu les bords de Marne, le clocher de l’église ou simplement sa famille et les personnes aimées.

 

Cette commémoration est utile pour se souvenir ensuite,

Dix millions de morts, ce n’est pas rien … La grande guerre est avant tout un abominable et invraisemblable gâchis de militaires mais aussi de civils … Tombés pour quoi, pour qui ? Un soldat mort, n’a plus d’uniforme, il a rejoint un monde sans frontière ni avenir, celui des ombres qui errent à n’en plus finir …

 

Cette commémoration est utile enfin et surtout pour transmettre,

aux jeunes générations toute la valeur de la paix et de l’amitié entre les pays et les peuples et ce n’est pas rien. La paix n’est pas un cadeau du ciel mais une responsabilité partagée et un instant de grâce fragile qu’il faut savoir apprécier, mais aussi protéger c’est quelquefois un paradoxe.

Etre citoyen c ‘est cela aussi. Savoir se recueillir, se souvenir afin d’agir au présent et transmettre aux générations futures. C’est pour cela qu’il est dommage et dommageable que les enseignants et éducateurs ne s’impliquent pas plus dans ces commémorations, vu leur évolution au fil des ans. On y parle désormais plus de paix que de guerre, plus d’amitié que de haine. Il y a des valeurs qu’il faut savoir contribuer à transmettre afin qu’elles constituent de véritables fondations pour l’émergence d’une nouvelle citoyenneté.

Un des poilus de 14, Jacques Meyer, lieutenant au 329 Régiment d’Infanterie,  l’a écrit avec des mots simples et forts à la fois  …

« La guerre, mon vieux, tu sais bien ce que c’était, mais quand nous serons morts, qui donc l’aura jamais su ? La guerre, mon vieux, c’est notre jeunesse ensevelie et secrète… »

Dédions ce 11 novembre  à tous ces jeunes qui auraient pu être nos grands parents et qui sont tombés, ici,  en Europe et partout dans le monde.

 

14 juillet 2012, sous le signe de l’unité nationale


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Une célébration marquée de ce coté ci du pays, son coté « nord », par une météo capricieuse. Notons avec plaisir cependant que la pluie a respecté une trêve bienvenue à Paris (pas d’effet « rain man » ce coup ci) et Trilport durant les cérémonies, ce qu’ont apprécié tous les participants à ces festivités.

Un 14 juillet particulier intervenant après une année électorale marquée de deux élections nationales majeures qui ont divisé les français, arrivant à point nommé pour permettre à chacun de se réunir autour de valeurs communes dépassant les clivages politiques.

Signalons que la volonté d’unité nationale est à l’origine de cette célébration républicaine, puisque la toute première cérémonie remonte à 1790, année durant laquelle la Commune de Paris, sous l’impulsion de Lafayette (illustration), invite les représentants des fédérations venant de toutes les provinces du pays, un 14 juillet pour célébrer la prise de la Bastille un an auparavant, et de défiler sur le Champ de Mars devant le roi. L’intention à l’époque de « refonder l’unité nationale » et de réconcilier les français paraît louable, mais chacun sait ce qu’il advint par la suite.

Le désordre tumultueux que va connaître ensuite le pays fait rapidement tomber dans l’oubli cette célébration, qui n’est reprise qu’en 1880, sous la IIIe République. Là encore, il s’agit de réconcilier le pays avec lui même, après les terribles ravages de la Commune et ses 30 000 morts, véritable et dramatique guerre civile. Du coup, on ne lésine pas sur les symboles républicains : La Marseillaise devient hymne officiel et le 14 juillet fête nationale, mais en fait c’est 1790 que l’on célèbre, la fête de la Fédération, et non la prise de la Bastille de 1789, du fait du sang versé lors de cette journée plus sanglante qu’il n’y semble.

 

Mais pourquoi un tel souci d’unité nationale aujourd’hui ?


 

 

 

Si la France et les Français ont besoin aujourd’hui de se retrouver, c’est bien pour relever ensemble, les défis qui s’annoncent et s’amoncèlent, la France étant plus forte rassemblée que divisée.

Cette célébration du 14 juillet arrive à point nommé, comme un moment de respiration citoyenne, précieux et intemporel, témoin de l’attachement commun de générations successives de français aux valeurs qui, au fil de l’histoire, ont forgé non seulement notre République, mais essaimé partout sur la planète, des graines de France, patrie des lumières et  de la liberté et des droits de l’homme, qui depuis ont fleurit sur tous les continents.

Ce que représente ce pays dépasse effectivement la seule question de la nationalité, car au delà d’une carte d’identité, il y a surtout une citoyenneté, faite de droits mais aussi de devoirs.

C’est par ce que ce pays est une terre d’accueil qu’il est devenue la France, mais c’est également parce que nos compatriotes respectent des valeurs communes, quelque soit leur race, leur couleur de peau, leur origine, leur statut social, leur confession, ou leurs idées politiques qu’ils sont des citoyens français d’abord et avant tout. La question n’est pas celle de la nationalité, mais bien de la citoyenneté et du respect : d’autrui, du pays, du maillot pour les sportifs, des valeurs surtout, car c’est bien la France de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité que nous célébrons chaque 14 juillet, depuis 1790.

Sur le fronton de chaque Mairie, trois simples mots nous rappellent d’ou nous venons, qui nous sommes et où nous allons … Liberté, égalité, fraternité … Des valeurs qui prennent encore plus de sens lorsque les temps sont durs; à défaut d’être absolument frère, restons du moins solidaires devant l’adversité.

Certes, l’état de la planète inspire inquiétude, le temps est à l’orage sinon à la pluie,  les infos à la télé font plus grimacer que sourire, l’époque est rude, surtout lorsque l’on pense à des pays subissant des conflits ou aux ouvriers d’Aulnaye sous Bois ! Nous attendons tous le retour de lendemains qui chantent …

Chacun à notre place, nous pouvons et devons contribuer, à ce que ce pays, pour qui des générations de nos parents et grands parents, toutes couleurs de peaux et origines confondues, ont versé leur sueur, quelque fois leur sang ou même sacrifié leur vie, sorte d’une crise qui ne constitue en fait qu’une épreuve de plus, excusez ce relativisme mais depuis 1790, ce pays, on peut dire qu’il en a vu, combien de guerres, de catastrophes naturelles, d’épidémies, de famines a t’il surmonté ? 

Pour se sortir d’une telle situation, le pays doit revêtir de nouveau le bleu de chauffe (le bleu France ?) et conquérir de nouvelles Bastilles, histoire de remettre les pendules à l’heure et la France dans les rails… Encore faut il que les français se réconcilient avec eux mêmes afin de redonner à leurs enfants foi dans l’avenir.

Nous devons impérativement retrouver des perspectives de monde meilleur et un projet de société pour avancer de nouveau mais nous n’y arriverons que rassemblés …

Décidemment, ce 14 juillet est un moment d’unité nationale, rare, à savourer sans modération.

 

Pourquoi lier les célébrations du 8 et du 9 mai ?

h-4-2068467-1273510558.jpgChaque année dans toutes les villes de France, le 8 mai, nous célébrons la fin de la 2eme guerre mondiale et de l’horreur nazie. Il est bon de se souvenir que le nazisme est né d’une victoire mal assumée par des vainqueurs trop dominateurs, de l’humiliation de tout un peuple et d’un pays vaincu, qu’il s’est développé au fil d’une crise économique, sociale et politique profonde et que cette idéologie a prospéré non seulement sur un nationalisme exacerbé, et le repli des peuples sur eux mêmes mais aussi sur la recherche de boucs émissaires.

Plus qu’une guerre, cette victoire a mis fin à une tragédie et une abomination …

Personne ne doit oublier les camps de concentration, le port de l’étoile jaune, la Shoah, la solution finale, tous ces morts, civils et militaires, qu’ils soient allemands, anglais, américains, russes, français, de la métropole ou des colonies d’Afrique du Nord, d’Asie, d’Afrique, tout ce sang versé et mélé …
La culture, religion, race, langue ou couleur de peau même de chacun de ces morts était sans doute différente, mais un idéal commun les animait : terrasser l’ignominie nazie afin que règne la liberté des pays, des hommes  et des consciences… 

Célébrer cette tragédie et ce sacrifice commun est un devoir de mémoire incontournable tant nous sommes redevables de ce combat pour un monde meilleur. Sans toutes ces volontés, tous ces sacrifices notre présent serait aujourd’hui sans aucun doute différent …
C’est une obligation morale que de transmettre aux générations futures, non seulement toute la symbolique d’une telle journée, mais aussi et surtout le souvenir de toutes ces horreurs vécues et subies. 
Pourtant, il me semble bon de lier la commémoration du 8 mai à celle du 9 mai, jour de l’Europe, tant nous devons paradoxalement, la lente émergence de l’Europe politique à la nécessité absolue de nos peuples de se réconcilier afin de tirer toutes les leçons d’un passé tumultueux dont celui des deux dernières guerres mondiales …

Une filiation directe, lié à tout ce sang versé durant les siècles écoulées dans tous nos pays. Filiation que François Mitterand a souligné dans un de ces tout derniers discours …

 


« II se trouve que les hasards de la vie ont voulu que je naisse pendant la Première Guerre mondiale et que je fasse la seconde.

J’ai donc vécu mon enfance dans l’ambiance de familles déchirées qui toutes pleuraient des morts et qui entretenaient une rancune et parfois une haine contre l’ennemi de la veille.

L’ennemi traditionnel !

Mais, nous en avons changé de siècle en siècle ! Les traditions ont toujours changé. J’ai déjà eu l’occasion de dire que la France avait combattu tous les pays d’Europe, à l’exception du Danemark, on se demande pourquoi !  Mais ma génération achève son cours, ce sont ses derniers actes, c’est l’un de mes derniers actes publics.

II faut donc absolument transmettre. Vous êtes vous-mêmes nombreux à garder l’enseignement de vos pères, à avoir éprouvé les blessures de vos pays, à avoir connu le chagrin, la douleur des séparations, la présence de la mort, tout simplement par l’inimitié des hommes d’Europe entre eux. II faut transmettre, non pas cette haine, mais au contraire la chance des réconciliations que nous devons, il faut le dire, à ceux qui dès 1944-1945, eux-mêmes ensanglantés, déchirés dans leur vie personnelle le plus souvent, ont eu l’audace de concevoir ce que pourrait être un avenir plus radieux qui serait fondé sur la réconciliation et sur la paix. C’est ce que nous avons fait.

Ce que je vous demande là est presque impossible, car il faut vaincre notre histoire et pourtant si on ne la vainc pas, il faut savoir qu’une règle s’imposera,  : le nationalisme, c’est la guerre ! 

La guerre ce n’est pas seulement le passé, cela peut être notre avenir,

C’est nous, qui sommes désormais les gardiens de notre paix, de notre sécurité et de cet avenir ! »

François Mitterand
Président de la République 

 

A Lazare Ponticelli, ce 11/11/11

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Ce 11 novembre 2011 est un moment  particulier pour notre ville et l’agglomération …

Particulier pour Trilport avec la venue d’une délégation de nos amis d’Engen, notre ville jumelée, située dans un pays, l’Allemagne, qui lors de la Grande Guerre a partagé les mêmes peurs et les mêmes douleurs, mais de l’autre coté des tranchées,

particulier aussi et surtout pour l’agglomération du Pays de Meaux, du fait de l’inauguration du Musée de la Grande Guerre, sur les lieux mêmes où tant de vies humaines furent sacrifiées.

En ce jour, au moment des nombreuses célébrations qui accompagnent l’inauguration du musée, n’oublions jamais le bilan de cette terrible tragédie …
Plus de 10 millions de morts sont tombés « Sous cette pluie de fer, De feu d’acier, de sang » et dans quelles attroces souffrances …

La seule question qui vaille et que l’on doit à l’histoire est de savoir pourquoi …
Pourquoi tant de morts, tant de haine, tant de dégâts  humains et matériels ? et tant de conséquences par la suite ?
L’écrivain autrichien anti nazie Stephan Sweig nous apporte quelques éléments de réponse …

 » Si aujourd’hui on se demande à tête reposée pourquoi l’Europe est entrée en guerre en 1914, on ne trouve pas un seul motif raisonnable, pas même un prétexte.

Il ne s’agissait aucunement d’idées, il s’agissait à peine de petits districts frontaliers ; je ne puis l’expliquer autrement comme une conséquence tragique de cet excès de puissance qui s’était accumulé durant ces quarante années de paix et voulait se décharger violemment. Chaque État avait soudain le sentiment d’être fort et oubliait qu’il en était exactement de même du voisin ; chacun en voulait davantage »

 

Effectivement, rien ne justifie cette guerre ou si peu …  Aucune idéologie, sinon celle du profit des marchands de fer, de canon et de feu, et des différents impérialismes européens qui en voulaient toujours plus en jouant sur l’enthousiasme de militaires en mal de testostérone désirant plus que tout une revanche sur 1870 …

Qu’en retenir …

Une génération sacrifiée, des régions et des économies entièrement détruites, des années de malheur pour le plus grand nombre, des sentiments nationaux exacerbés, et au bout du bout, des vaincus humiliés !
Une humiliation qui conduira au nazisme, et sera à l’origine d’un conflit encore plus horrible …

Autant dire que je suis plus que réservé de faire de cette journée, un « memorial day » à l’américaine. Il y a contre sens. Chaque date qui compose le tryptique 11 novembre, 8 mai, 14 juillet à sa logique, et ses enseignements, encore faut il les retenir et ne pas faire de contre sens.
Ce n’est pas la « victoire de nos couleurs » qu’il faut exalter, mais bien une tragédie mondiale qui a secoué durablement et dramatiquement ce continent : que l’on soit allemands, prussiens, anglais, français ou d’une toute autre nationalité.
Il n’y a pas de hiérarchie dans les morts, chacune a son poids de malheur et de souffrance, mais peut on, à l’aune de l’histoire, comparer le cataclysme terrible qui a secoué le monde en ce début de XXeme siècle, sacrifié une génération entière de nos jeunes, celle des Lazare Ponticelli, le dernier poilu français à disparaitre, un sur trois n’est pas revenu et aucun n’en est sortit indemne, à une opération militaire extérieure, comme celle de l’Afganisthan dont chaque jour nous montre l’inutilité.
Non bien évidemment non, et ce n’est pas faire injure aux soldats qui tombent aujourd’hui si loin de chez eux, que dire ou penser cela.
Il y a des guerres et des morts inutiles;  les 10 milllions de cadavres qui ont jonché l’Europe entre 1914 et 1918 étaient ils si utiles … Je les aurai préféré alerte, plein de vie et d’entrain …

C’est le temps qui constitue le tamis de l’histoire pas la décision politique d’une seule personne. Le fait qu’il n’y ait plus de poilu en vie, que Lazarre Ponticelli ne soit plus parmi nous, ne doit pas nous faire perdre de vue la nécessité de ce remémmorer toute la tragédie qu’a constitué cette guerre.

Car ce sont les hommes, c’est bien notre démocratie qui a rendu ce cataclysme possible.

 

 

 

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La « der des Der »  doit nous amener, nous français, à ce moment précis de notre présent, à réfléchir sur la nécessité absolue de contruire l’Europe politique, en prenant bien garde de n’humilier aucune nation, la crise grecque est sur ce point révélatrice. Elle doit aussi rappeler la nécessité pour nos états et gouvernements de ne pas devenir le jouet docile et complaisant d’acteurs économiques tout puissants et de se prémunir de tout esprit de domination des uns sur les autres …

La guerre ne doit pas être un marché, ni pour les marchands de canons, ni pour les états.

Ce conflit, première guerre moderne s’il en est,  doit surtout nous rappeler, ce qu’est effectivement une guerre et ce qu’elle entraine comme douleur et désolation.
Toute vie humaine mérite considération, que l’on soit civil, simple soldat ou généralissime.

C’est cette douleur qui n’apparait pas assez, me semble t’il, dans ce magnifique musée au fonds documentaire et historique impressionnant, l’oeuvre de toute une vie, et Jean Pierre Verney doit être salué et remercié pour cela.
C’est grâce à sa ténacité que le sacrifice de millions de personnes, il y a prés de 100 ans, trouve un nouvel écho aujourd’hui et nous rappelle que cette tragédie n’est pas une superproduction virtuelle en technicolor mais qu’elle s’est déroulée sur cette terre même au début du siècle dernier …
Mais où sont la douleur et les larmes, le poids de l’année 1917, les mutineries, les charniers, les décisions criminelles de certains sabreurs se fichant éperdumment du prix du sang et du poids d’une vie, les suites politiques pour un continent qui vacille, l’expression des nationalités, les mots de Céline et ceux des poilus crevant comme des chiens dans les tranchées ?

Permettez moi pour en guise de conclusion, rappeler ces quelques vers, écrits par ce passeur d’émotion incomparable qu’était Jacques Brel, désirant dans son dernier album rappeler, non seulement le combat d’un homme politique français, premier mort de cette guerre qui s’annonçait et qu’il dénonçait, Jean Jaures, mais aussi le sort de toute une génération sacrifiée au nom d’un nationalisme douteux et exacerbé.

« Ils étaient usés à quinze ans

Ils finissaient en débutant

Les douze mois s’appelaient décembre

Quelle vie ont eu nos grand-parents

Entre l’absinthe et les grand-messes

Ils étaient vieux avant que d’être

Quinze heures par jour le corps en laisse

Laissent au visage un teint de cendres

Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

On ne peut pas dire qu’ils furent esclaves

De là à dire qu’ils ont vécu

Lorsque l’on part aussi vaincu

C’est dur de sortir de l’enclave

Et pourtant l’espoir fleurissait

Dans les rêves qui montaient aux cieux

Des quelques ceux qui refusaient

De ramper jusqu’à la vieillesse

Oui notre bon Maître, oui notre Monsieur

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

Si par malheur ils survivaient

C’était pour partir à la guerre

C’était pour finir à la guerre

Aux ordres de quelque sabreur

Qui exigeait du bout des lèvres

Qu’ils aillent ouvrir au champ d’horreur

Leurs vingt ans qui n’avaient pu naître

Et ils mouraient à pleine peur

Tout miséreux oui notre bon Maître

Couverts de prèles oui notre Monsieur

Demandez-vous belle jeunesse

Le temps de l’ombre d’un souvenir

Le temps de souffle d’un soupir

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? »

11 septembre …

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Pleure : les larmes sont les pétales du coeur.

 

 

Eugène Émile Paul Grindel

dit Paul Eluard 

 

 

En souvenir des 11 septembre 1973 et 2001 … Adieu tristesse …


 

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Adieu tristesse

Bonjour tristesse
Tu est inscrite dans les lignes du plafond
Tu es inscrite dans les yeux que j’aime
Tu n’es pas tout à fait la misère
Car les lèvres le plus pauvres te dénoncent
Par un sourire

Bonjour tristesse
Amour des corps aimables
Puissance de l’amour
Dont l’amabilité surgit
Comme un monstre sans corps
Tête désappointée
Tristesse beau visage


Paul Eluard

Eugène Emile Paul Grindel

 

 

J’avais déjà un flow de taré lorsque les tours jumelles se sont effondrées,
J’avais déjà un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes.
Je fus choqué dans mon intime et je vous jure que si j’n’avais pas eu la foi j’aurais eu honte d’être muslim.
Après ça, fallait qu’on montre aux yeux du monde
Que nous aussi nous n’étions que des hommes,
Que s’il y avait des fous, la majorité d’entre nous ne mélangeaient pas
La politique avec la foi.

J’avais déjà un flow de taré lorsque les tours jumelles se sont effondrées,
J’avais déjà un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes.
Après c’la on a tous été pointés du doigt, ils se sont demandés « peut-être qu’y sont tous comme ça » ?
Les canons s’mirent à bombarder Bagdad
Et des corps s’effondrèrent en Espagne.
Nos leaders se mirent à geindre et la Suisse sur un plateau de télé, face à un homme d’Etat, mélangea
La politique avec la foi.

J’avais déjà un flow de taré lorsque les tours jumelles se sont effondrées,
J’avais déjà un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes.
Je découvris la suspicion, c’est quand un homme a peur et que l’autre en face ne le rassure pas,
C’est quand celui qu’on croyait connaître devient soudain celui qu’on n’connaît pas.
Les Pays-Bas assassinèrent le descendant d’un peintre de renom.
La France continua à dire non,
L’Europe se scinda en deux, les uns et les autres qui n’voulaient pas qu’on confonde
La politique avec la foi.

J’avais déjà un flow de taré lorsque les tours jumelles se sont effondrées,
J’avais déjà un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes.
J’avais la conviction intime ce Septembre 2001
Que comme avant il n’y aurait plus rien et en un sens c’était sublime,
Le grain disait adieu à l’ivraie alors une parole de paix j’allais pouvoir délivrer.
Ainsi tous se reconnaîtraient dans la grande famille de l’humanité
Qui naturellement, viscéralement, ne confondrait pas
La politique avec la foi.

J’avais déjà un flow de taré lorsque les tours jumelles se sont effondrées,
J’avais déjà un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes.
On allait tout déconstruire, déconstruire avec trois « D »
Comme Deleuze, Derida et Debray.
Ni fondamentaliste ni extrémiste de l’Islam ou d’la laïcité
Mais là, ça d’vient lourd j’crois, trop compliqué en tout cas,
et puis moi je n’mélange pas
La politique avec la foi.

J’avais déjà un flow de taré lorsque les tours jumelles se sont effondrées,
J’avais déjà un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes.
Et au fait ce mois-là et l’mois qu’a suivi
Y a eu l’album de Jay-Z « Blue print », une leçon,
Et l’premier classique de Wallen « A force de vivre » avec « Celle qui a dit non »,
Et l’bouquin d’Jonathan Franzen « Les corrections »,

Et moi, moi qui ne f’sais rien, qui galérais à la maison, ah si, je changeais les couches de mon fiston ah ah ah …

 

Abd del Malik


14 juillet 2011

affiche.jpgFêter le 14 juillet c’est poursuivre la longue chaine des commémorations de la fête nationale qui se sont succédées depuis 1790, mais aussi et surtout célébrer les trois valeurs républicaines qui ont fait de nous, ce que nous sommes et de notre pays, la France et qui au fil de l’histoire se sont diffusées comme autant de signes d’espoir en un monde meilleur.

« Liberté, égalité, fraternité », valeurs intemporelles et universelles s’il en est, complémentaires aussi, tant la fraternité fédère les deux premières. Lorsque la  société est morcelée, fragmentée, éclatée, que l’individualisme se développe, la fraternité prend alors tout son sens, sinon à quoi sert de vivre ensemble ?
La solidarité est la mission première des collectivités et notamment de nos communes, car si elle ne s’en préoccuperaient pas qui le ferait ?

En ce 14 juillet 2011, l’atmosphère est maussade, es temps paraissent difficiles et les français sont carrément pessimistes. La faute à une crise interminable dont personne ne voit la fin et la transformation de nps repère habituels, trés certainement, mais aussi sans doute à l’absence de perspectives politiques immédiates, en  attendant 2012.

Ceci étant, il faut relativiser, dans la passé de notre pays bien des 14 juillet ont été plus dramatiques, les conflits mondiaux du siècle dernier en attestent. Sous d’autres latitudes également ce 14 juillet est plus rude.
Comment ne pas penser en ce jour aux 6 soldats tombés en Afghanistan pour défendre l’idée qu’ils se faisaient de la France et de ses valeurs. J’avoue cependant avoir du mal à comprendre l’utilité d’un engagement militaire dont la justification ne semble plus qu’être la défense du régime corrompu d’Hamid Kharzaï, de plus en plus isolé et rejeté des afghans. J’ose espèrer que le sacrifice de nos 70 soldats tués ne soit pas vain, et que ce conflit ne se révèle pas constituer une impasse dramatique.

Mais cette journée était également placée à Trilport sous le signe Napoléonien, du fait de la présence des grognards qui étaient parmi nous, histoire de commémorer le 14 juillet …

 Pourquoi, pourriez vous vous demander ?

 

 

 

 

Ces grognards sont  les premiers volontaires recrutés afin de constituer un corps d’armée qui devrait en rassembler plus de 600. Une association (les Grognards de la Marne) s’est constituée afin d’organiser la reconstitution grandeur nature de la  bataille napoléonienne qui s’est déroulée en mars 1814, entre Trilport et Montceaux les Meaux, l’un des derniers combats de Napoléon. 

Les armées napoléoniennes étaient composées à l’image de la France, multiple. Une multitude, bâtie au fil des siècles par les  générations de belges, polonais, italiens, espagnols, portugais, arméniens, africains, algériens qui se sont progressivement installés puis assimilés, devenant enfin citoyens français.

Ces femmes et ces hommes ont désiré ardemment et plus que tout devenir français. Pour eux, plus qu’une reconnaissance, une nouvelle identité et une responsabilité individuelle et collective, à l’image de la France que l’on aime et qui aime : terre d’accueil, de liberté, d’égalité, de fraternité mais aussi de révolte, de courage, d’innovation, de progrès et d’espoir … 

Il nous faut aujourd’hui retrouver l’idéal qui a animé et porté les citoyens de la première république, affamés de pain mais aussi de justice et d’espoir en un monde meilleur.
C’est ensemble que nos compatriotes depuis 1789 ont surmonté toutes les épreuves, conquis bien des Bastille, c’est ensemble qu’une fois de plus, ils rebondiront.

Car la France ce n’est pas simplement du bleu, du blanc et du rouge, c’est aussi et surtout une formidable espérance collective qui s’est constituée au fil des siècles, grâce à des valeurs indémodables et incontournables qui ont forgé son identité et constitue le socle républicain : liberté, égalité, fraternité et laïcité.