PISA, tous concernés !

doisneau_preview.jpgLa publication des résultats de l’étude PISA (Programme international de suivi des acquis des élèves) de l’OCDE a fait sensation, et tant mieux, l’éducation constitue pour tous les pays une priorité absolue.
C’est dire que les résultats de cette édition doivent nous interpeller tant ils sont lourds de signification, nous payons aujourd’hui la facture de 10 ans d’inaction en ce domaine, car il s’agit bien de la décennie 2002-2012, n’en déplaise à certains amnésiques !

Avant d’aller plus loin dans le commentaire, revenons sur ce qui est désormais LE LABEL scolaire mondial indiscutable et incontournable : l’étude PISA.
Des premiers balbutiements de 1962 à aujourd’hui, que de chemin parcouru  : 12 pays en 1962, 32 en 2000, 65 en 2013 et la Chine rejoindra ce club dés 2015. Si jusqu’aux années 2000, PISA a reçu son lot de critiques, notamment de France, cette évaluation s’est imposée du fait de la robustesse et de la rigueur de ses analyses. L’évaluation mesure non les programmes scolaires nationaux mais la capacité des jeunes de 15 à 16 ans à utiliser les connaissances et compétences scolaires acquises dans des situations concrètes de la vie quotidienne.

Tous les 3 ans, elle donne la température, passant au crible un socle de 3 disciplines considérées comme centrales : la maitrise de la langue, les maths et les sciences.
Point fort, elle permet les comparaisons internationales (510 000 jeunes issus de 65 pays ont participé à l’édition 2013), mais également rétrospectives. Il est ainsi possible de dégager les tendances qui font sens. En 13 ans l’OCDE a rendu la planète accro à son évaluation livrée clés en main aux politiques, médias, spécialistes de l’éducation, mais aussi de plus en plus au grand public dont de nombreux parents d’élèves ! Masochisme ? On peut se le demander parfois, tant les résultats peuvent être douloureux pour les gouvernements et que sa mise en œuvre coûte (plus de 500 000 euros à la France pour la dernière étude).

Ces résultats interpellent toute la société, et non uniquement les spécialistes « es éducation ». Outre sa mission de former des citoyens éclairées et instruits, un système éducatif doit leur donner également la capacité de trouver un emploi dans une économie de plus en plus compétitive et concurrentielle et celle de s’adapter aux évolutions à venir.
C’est dire que la problématique de l’échec scolaire est essentielle, elle ne concerne pas que les  élèves qui en sont victimes ou leurs familles, mais bien le pays tout entier avec des conséquences globales, qu’elles soient sociales ou économiques : perte de compétivité, marginalisation, cohésion sociale, chômage …

Dans la société planétaire de la connaissance, un pays comme la France ne peut se contenter d’être moyen, son développement futur dépend des capacités qu’auront ses habitants à innover, entreprendre, créer, découvrir…
Pourtant, de 2002 à 2012, non seulement les résultats de l’éducation à la française ont continué à se dégrader, mais les inégalités ont augmenté fortement, tel est le constat de l’enquête PISA 2013, il est clair, net mais surtout sévère et justifié.

Voyons de plus prés les résultats obtenus  et changer une donne bien mal engagée …

Il y a urgence …

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Michel Rousseau, in memoriam

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Michel Rousseau nous a quitté ce 3 aout 2012. Ce Proviseur de Lycée Professionnel passionné par son métier a attendu les vacances pour tirer sa révérence avec élégance, on ne change pas sa nature …
Il avait commencé sa carrière en 1980 comme Professeur d’Allemand au Lycée Charles Baudelaire,  et l’a terminé cet été comme Proviseur du même établissement, son Lycée de coeur.

Voici quelques mots, non pour atténuer notre peine, mais pour rappeler et saluer l’itinéraire d’un de ces anonymes qui sont la grandeur de l’Education Nationale, héritier légitime des hussards noirs qui à partir des écoles de quartier ou de province ont construit notre République. L’enseignement professionnel fait partie intégrante de cette grande et belle  histoire …

Son Lycée et l’institution lui ont rendu l’hommage qu’il méritait, en présence du Recteur de Créteil, William Marois, de la Directrice Départementale des Services de l’Education, de ses proches et de nombreux amis qui l’ont accompagné dans son itinéraire professionnel : Gué à Tresme, Thorigny et Meaux.

 

 

 

baudelaire.jpg« Michel a débuté ici, au sortir de l’école normale de Saint Denis dans laquelle ce Marseillais bon teint avait été admis aprés sa réussite au concours national. Il est passé de Marseille à Saint Denis et de Saint Denis à Meaux, sans perdre son accent   …

Il a commencé sa carrière, dans les plâtres, en septembre 1980, au Lycée Professionnel Charles Baudelaire de Meaux,  établissement flambant neuf, comme professeur d’Allemand. Il a permis à des générations d’élèves de CAP puis de BEP de s’imprégner de la langue de Goethe dans laquelle il excellait. J’ai le souvenir ému d’un de nos duos, moi à la guitare, lui au chant interprétant Lili Marlene, lors d’une des fêtes innombrables données au Lycée avec élèves et enseignants.

Il avait compris que pour avoir des élèves en allemand, il lui fallait travailler certaines capacités relationnelles et développer les aménités surprenantes de cette matière, derrière les langues, notamment étrangère et même l’allemand, il y a surtout et avant tout l’échange, de l’humanité, et plus simplement de l’humain … Dés son premier cours, il s’est investit pleinement dans son métier d’enseignant et d’éducateur, d’animateur mais au sens premier du mot, celui de «donner la vie», ou plutôt de la redonner, car Baudelaire est avant toute chose, un Lycée Professionnel.
Michel effectivement vivait, respirait, vibrait pour ce secteur de l’Education Nationale, trop souvent ignoré de beaucoup de nos décideurs et éloigné des sunlights de la renommée. Il était de ses hussards noirs de l’Enseignement, comme beaucoup d’entre nous. Notre mission, notre vocation plutôt, est de réparer, de redonner à des élèves sinistrés par les accidents ou les aléas de la vie, l’envie de se réconcilier avec eux mêmes, de se relever, pour mieux rebondir, et devenir ensuite des citoyens accomplis et de vrais professionnels, le plus incroyable est qu’on y arrive …

Il a été des professeurs qui ont contribué à créer, porter, développer « l’état d’esprit Baudelaire » qui résume si bien la particularité et la richesse de l’Enseignement Professionnel. Si beaucoup sont aujourd’hui à la retraite, prés du soleil et de la mer le plus souvent, ils sont singulièrement présents ici aujourd’hui avec nous … Ces passeurs ont réussit à transmettre ce qui faisait le sel de leur vie et de leur passion professionnelle à une nouvelle génération d’enseignants prometteuse, perpétuant, avec les mots d’aujourd’hui, les méthodes nouvelles que nous permettent les technologies de la communication, ces invariants et fondamentaux que sont l’humilité, la qualité d’écoute, le sens de l’équipe, la fraicheur, l’enthousiasme et surtout la confiance en la jeunesse.

Son choix de carrière comme personnel de direction était pour lui évident. Plutôt que surfer d’établissements en établissements … toujours plus gros, toujours plus loin, il a préféré creuser son sillon afin de voir les graines qu’il avait contribué à semer, l’enseignement est avant tout affaire d’équipe surtout en Lycée Professionnel, sortir de terre, puis pousser et grandir, avant de fleurir et de donner de beaux fruits riche de promesses.

Il était revenu dans son Lycée de cœur il y a trois ans, une nouvelle fois dans les plâtres, du fait d’une   rénovation lancée grâce à la Région, il a retrouvé alors un établissement qui avait gardé dans ses gènes et dans son cœur qui bat singulièrement aujourd’hui, la même ferveur, la même passion, les mêmes valeurs qui l’animait en 1980 …

Baudelaire est avant toute chose, un Lycée Professionnel, et notre mission, notre vocation plutôt, est de réparer, de redonner à des élèves sinistrés par les aléas et les accidents de la vie, tout simplement l’envie … »

 

Meaux, le 18 octobre 2012

 

 

 

Un powerpoint sinon rien !

 

Powerpoint_slide.jpgPowerpoint, le logiciel de Microsoft est dans la tourmente, suite à la publication du livre de Franck Frommer consacré à l’incroyable succès de ce logiciel qui a causé un véritable tsunami médiatique et lui a valu des articles éloquents dans la presse parisienne : le Monde, Télérama, les Inrocks, l’Express …
Le sujet passionne littéralement les éditorialistes, et pour cause, Powerpoint s’impose partout (réunion, enseignement, internet …) et est utilisé par tous. 

Apparu en 1987, le premier des logiciels de Présentation Assisté par Ordinateur (PréAO) est devenu en quelques années un outil incontournable , un passage obligé pour tout décideur désirant communiquer un minimum.

La révolte a commencé au début des années 2000 aux USA. Notons que la réalité américaine n’est pas la notre, problème de culture, de forme d’esprit et d’éducation de nos élites, mais soulignons qu’outre atlantique l’utilisation de Powerpoint dépasse l’entendement.
Un succés qui déborde le simple territoire de l’informatique et de l’entreprise ou les arcanes  de la communication et du management pour s’étendre à tous les espaces sociaux et lieux de pouvoir. Pourtant beaucoup de présentations proposées présentent la caractéristique commune d’être longues, monotones, inintéressantes, confuses, vides de sens et souvent sans originalité !

Faut-il pour autant renoncer à Powerpoint ou apprendre à bien s’en servir ?

Plus grave encore semble t’il, l’utilisation quasi hégémonique de Powerpoint a une conséquence majeure : la forme conditionne désormais le fond de la pensée exprimée.
Une situation qui amène beaucoup de spécialistes à se mobiliser contre la  « powertisation » rampante des esprits, tant il apparaît que ce logiciel en canalisant les idées, réduit la portée de la pensée et s’affranchit de toute complexité, afin d’offrir un raisonnement linéaire éloigné de toute contradiction. 

Alors faut il réellement se révolter, instruire le procès de Powerpoint et de le bruler sur l’autel de nos valeurs ?

Tout n’est pas si simple cependant,

 

Focus sur ce logiciel et son utilisation …

 

 

 

 

Itinéraire d’un enfant trop gaté

Les créateurs de Powerpoint (Robert Gaskins et Dennis Austin) en 1987, désiraient proposer aux utilisateurs du Mac, un logiciel destiné à afficher des supports de présentation. Séduite par le potentiel du produit, la société Microsoft le rachète et  dés 1989 une version PC apparaît. C’est le début d’un formidable essor, il  se développe peu à peu malgré le coté peu fun du PC, jusqu’à s’imposer et devenir omniprésent dans le monde informatique des années 2000, suscitant l’arrivée d’un nouveau périphérique, le vidéo projecteur promit à un bel avenir depuis.

Le monde informatique passe d’une « culture Word », basée sur l’écrit avec une argumentation textuelle solide, argumentée, détaillée, à une « culture PowerPoint », de l’image, beaucoup plus évocatrice, synthétique et in fine réductrice.

Ce succès incroyable a plusieurs raisons : 

  • directement liées au logiciel, les utilisateurs mettant en avant ses qualités intrinsèques : simplicité, efficacité, mise en valeur de l’orateur et des points clé de son argumentaire, 
  • ou au contexte professionnel. Powerpoint apparaît à un moment clé du développement de l’entreprise et des méthodes de management. Cette dernière, autrefois compartimentée et hiérarchisée, se transforme, devient décloisonnée, collaborative, auto apprenante et évolue au rythme des nombreuses réunions mêlant tous les services. Powerpoint apporte un support de communication commun, accessible à tous, fédérateur, intégrateur qui permet de travailler dans la même direction.

Le succès est tel que le logiciel devient omniprésent, avec pour conséquence négative : l’augmentation des « présentations » (ou keynotes) de mauvaise qualité ou standardisés. Situation qui amène de nombreux consultants en  management à réagir et remettre quelquefois violemment en cause l’utilisation même du logiciel : Seth Godin (Really bad Powerpoint), Edward Tufte, (Wired «  Powerpoint est démoniaque ») … 

Soulignons qu’aux USA, Powerpoint est un phénomène de société, le logiciel s’imposant jusque dans les états-majors de l’armée américaine (c’est l’heure des « powerpoint rangers »), une importance dont témoigne les séries télévisées (experts, 24 heures …).
Les anecdotes sur le sujet sont multiples, Powerpoint rejoint même le champ de l’Histoire aprés la prestation de Colin Powell, secrétaire d’Etat à la défense, aux Nations Unies qui a utilisé un Powerpoint pour démontrer l’existence supposée d’armes de destruction massive en Irak, à l’aide de moult effets graphiques, transitions, schémas et cartes.
En avril dernier, un général des marines en Afghanistan s’est même révolté après une présentation effectuée par un officier supérieur : « PowerPoint nous rend stupides ! ».

Dans le même ordre d’idée, le rapport d’enquête sur l’accident de la navette Columbia a dénoncé l’utilisation récurrente du logiciel par la Nasa et l’inadéquation de l’outil au traitement d’informations aussi sensibles et complexes. Des éléments d’une diapositive (ou slide), argumentaire et illustration, aurait amené certains experts à ignorer ou sous estimer un élément essentiel, entrainant la catastrophe dramatique que chacun connaît … 

 

La standardisation des approches

Cette hégémonie interpelle, questionne et devient problématique. Ses détracteurs reprochent au logiciel de  « formater » la pensée, d’anesthésier l’esprit critique, d’altérer la capacité à raisonner ou s’interroger et de neutraliser le débat d’idée. 

Car pour être efficace un bon powerpoint se doit d’être court,  linéaire, hiérarchisé, sans alternative, en éloignant toute contradiction, et en s’affranchissant de toute complexité superflue, qui fait perdre de la percussion au message.
Powerpoint invite aux raccourcis, la forme devient peu à peu le fond, l’accessoire devient l’essentiel, l’outil transforme la substance, et incite à penser le contenu différemment.
Problème de taille, notamment lorsque l’esprit créatif et critique manque ou répond aux abonnés absents, les argumentaires deviennent vite des slogans, souvent  vides de sens, ou des tautologies, lorsqu’ils ne se limitent pas à un simple visuel destiné à jouer sur le facteur émotionnel.

Dans l’Education, les slides remplacent  les polycopiés et les étudiants sont de plus en plus évalués sur leur capacité à présenter un argumentaire plutôt qu’à disserter. Le schéma traditionnel « thèse/antithèse/synthèse » qui a formaté des générations d’élites, laisse place à d’autres capacités : celle d’exposer une problématique, simple à retenir, courte, percutante, qui utilise l’image, la couleur, l’émotion et le talent de l’orateur.

Cette  tendance est tout sauf un effet de mode, le livre « l’homme au deux cerveaux » (Daniel Pink) indiquant notre entrée dans une ère « conceptuelle », dans laquelle la sensibilité, l’émotion et la capacité à conceptualiser deviennent déterminantes …
Des qualités apparemment issues du cerveau droit contrairement aux qualités dominantes jusqu’alors plus tournées sur le calcul, la rationalité, la logique et l’analyse et supportées apparemment par le cerveau droit.

 

L’arme fatale de la pensée unique 

Powerpoint est devenue dans l’arsenal des décideurs, une arme de choix, « le lavdur de cerveaux », l’arme ultime, celle qui permet de faire avaler le non comestible ou l’impensable  : business plan, restructuration, réforme, RGPP…   autant d’occasions de ne démontrer qu’une seule issue est possible … 

L’exemple de France Telecom est éloquent : une société de Consultants répondant à la commande de la Direction a réalisé un argumentaire en 50 diapos afin d’apporter  aux 4 000 managers de France Telecom les éléments de langage et l’argumentaire leur permettant de justifier la mobilité de 10 000 salariés et le départ de 22 000 autres. Dans ce cos, un cas d’étude a été évoqué et a donné lieu à un slide particulier « la résistance d’un salarié au changement », avec un titre explicite : « Le positionnement du salarié et les phases de deuil ». Chacun appréciera comme il se doit les conséquences dramatiques d’un tel diaporama et un humour noir dont beaucoup de familles se seraient passé…

Autre critique évoqué, l’importance donnée à l’orateur, placé dans une position dominante face à un public passif, captif d’un discours qu’il ne peut interrompre, à l’abri de tout débat ou controverse, certains évoquant le coté « hypnotique » du média … d’autres son reflet narcissique, très adapté à l’époque et à l’attitude de certains de nos décideurs.

 

Faut-il pour autant brûler PowerPoint ? 

Si  Powerpoint n’est qu’un outil, il est révélateur de tendances, débats ou contradictions qui secouent notre société, mais ne peut en aucun cas en être jugé responsable. Ce logiciel est à la fois un outil mal utilisé et le baromètre d’une époque ou trop souvent le superficiel d’un message remplace le fond …

 La finalité de PowerPoint est d’être simple et schématique. Dans chaque diapositive la place est comptée, le champ lexical très limité et nécessite de résumer l’argumentaire ou la pensée en quelques mots, moins de 6 disent les spécialistes. Par définition, une telle présentation ne peut qu’appuyer un argumentaire ou un exposé, en aucun cas être l’exposé. Pourtant dans la majorité des cas, les intervenants se militent à lire leurs slides, avec plus ou moins de conviction et de talents pour les distribuer ensuite comme des documents de référence. 

Le problème est simple, aujourd’hui, PowerPoint ne sert plus à appuyer un discours, il est devenu le discours … y compris lorsque le support multimédia n’est pas approprié au sujet abordé et nécessite un document plus détaillé.

Rappelons simplement qu’un exposé oral n’a pas la même fonction qu’un document bien rédigé. Certaines problématiques complexes nécessitent un temps d’analyse, quelquefois même un temps de méditation et non une adhésion immédiate, suggérée ou spontanée. Toutes les problèmatiques  ne peuvent se réduire  à quelques  diapos (slides).

Une liste à puces, telle que proposée par le logiciel ne peut décrire, attester ou rendre compte de relations complexes et croisées entre forces politiques, économiques, ethniques. 

Comme l’écrit joliement Garr Reynold dans son livre « Présentation Zen » (voir après)

« la technique n’est pas une fin, surtout en communication. Le logiciel est le pinceau qui suit la main du maitre, non l’inverse » 

L’auteur pour fqire sens, compare d’ailleurs les « keynotes » (présentations publiques) de deux monstres de l’informatique : Steve Jobs d’Apple et Bill Gates de Microsoft. Autant la prestation du premier est un évènement attendu de tous, qui est un vrai show (« think different ») autant celle du second, est un évènement de plus sans saveur …

Avant de jeter ce logiciel, rappelons que l’art de la présentation transcende la technique et demande talent, savoir faire, sens de l’écoute et quelquefois même humilité … 

 

En guise de conclusion

Signalons que ce débat ressemble fort à un débat du passé, nous sommes déjà dans l’aprés Powerpoint … le web 2.0, mais surtout les réseaux sociaux et  les médias collaboratifs  apportent une nouvelle dimension dans la communication en général, et dans l’entreprise en particulier,

mais ceci est déjà une autre histoire …

 

 

Présentation Zen

 

Garr Reynold est un designer américain, professeur de marketing qui vit au Japon, et propose depuis 2005 des méthodes, et réflexions sur les différentes manières de créer des présentations de qualité. Son livre « Présentations Zen » propose des conseils pratiques faciles à appliquer et des concepts théoriques qui demanderont du temps pour être approfondis. Son livre ne se focalise pas sur la technique des logiciels de préPAO, mais sur l’esprit des présentations réussies, Avertissement cependant, ce livre est truffé de « zenitude ».

C’est une vision décalée, utile et pour tout dire très rafraichissante.

 

Les 14 commandements de Présentation Zen

Saisir l’essence du zen n’est pas chose facile. Cette liste peut vous servir d’aide mémoire au moment de préparer votre prochaine présentation PowerPoint.

1. Le zen des présentations est une approche, non une liste de règles rigides à suivre uniformément, non un livre de recettes.

2. Souvent, il ne s’agit pas d’un problème d’outils ni de techniques complexes à maitriser mais principalement de mauvaises habitudes à perdre.

3. Les contraintes ne sont pas un ennemi mais constitue un allié de poids.

4. Pendant la préparation de l’exposé, faites preuve de retenue en conservant toujours ces trois notions à l’esprit : simplicité, clarté et concision.

5. Trouvez-vous un moment seul pour prendre du recul.

6. Si le public ne doit retenir qu’une chose, que doit-il retenir ?

7. Faites preuve de retenue durant tout l’exposé et ramenez tout au message central.

8. Une présentation va au-delà du simple exposé des faits.

9. Pensez à supprimer plus qu’à ajouter.

10. On peut simplifier en réduisant soigneusement le non-essentiel.

11. Attention, le design compte.

12. Exploitez le principe du contraste pour marquer nettement les différences entre éléments différents.

13. Pensez « effet maximal avec minimum de moyens »

14. Lors de votre prestation, tel un maître d’épée, vous devez être pris par l’action sans penser au passé, au futur, à la victoire ou à l’échec.

 

 

 

 

Echange d’expérience franco allemand

visite-.jpgNous avons accueilli une délégation de 20 Maires du land de Constance, à l’occasion d’un voyage d’études qu’ils consacraient à l’Education et aux inter relations entre collectivités, famille et éducation. Dans ce cadre, ils ont visité un Collège, une école primaire, un Lycée et participé à deux tables rondes en présence de divers acteurs éducatifs ou institutionnels.

S’il peut paraître surprenant de voir les élus d’un pays cité le plus souvent en exemple, venir s’inspirer de ce qui est en place ici, ne doutons pas une seconde que ce voyage d’études est tout sauf du tourisme.
Les allemands ont un sens pragmatique redoutable, et surtout la volonté de répondre concrètement à deux challenges majeurs pour leur pays : le défi démographique et l’amélioration de leur système scolaire.

Alors, pourquoi la France ?

 

 

Si notre pays a un problème avec son économie, l’Allemagne, elle, a un gros souci avec sa démographie. Jugez plutôt : l’accroissement naturel* en Allemagne est négatif -112,7 (contre + 280,7 en France),  le taux de fécondité* de 1,37 (contre 1,91  pour la France) et le taux de natalité* de 8,6 (12,8 pour notre pays).  Dés que l’on aborde le sujet des retraites, chacun mesure l’importance de ce type d’indicateur.

L’éducation comme les structures péri scolaire ou de la petite enfance ont certainement un cout, mais elles ont surtout une utilité économique, sociale et sociétale à court, moyen et long terme. Dans ce cadre on peut réellement parler d’investissement immatériel.
Lorsque des politiques critiquent l’immigration excessive, faut il leur rappeler que près de 80 % de l’accroissement de la population européenne est dû au solde migratoire du fait même de la faiblesse du solde naturel (différence entre naissances et décès) ? Rare exception cependant, la France.
Soulignons l’importance d’un indicateur comme celui du taux de fécondité. Pour simplement permettre le renouvellement générationnel, il doit atteindre 2,1 enfants/femme. La France est proche de ce seuil, contrairement à l’Allemagne qui en est fort éloigné et se trouve menacé par un vrai crash démographique à moyen terme (2025-2040) sauf redressement important de la fécondité ou l’arrivée d’une immigration massive.

Cette visite avait pour autre objet l’amélioration du système scolaire d’outre rhin. Ce dernier a subit une véritable révolution culturelle après le traumatisme causé par les résultats de la 1ere évaluation internationale du programme PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) en 2000. Ce programme de l’OCDE lancé en 2000 évalue tous les trois ans les performances des systèmes éducatifs des pays membres (la publication de l’enquête menée en 2009 est attendue pour décembre 2010).
Les résultats de la 1ere enquête avait causé un véritable choc outre Rhin, le journal Der Spiegel titrant même en une « Les élèves allemands sont-ils des imbéciles ? ».
Ce pays a revu considérablement sa copie et depuis le vent du changement souffle : organisation de la journée des élèves sur une journée complète, amélioration des pratiques pédagogiques au sein de la classe grâce à une meilleure formation initiale et continue des enseignants, individualisation du suivi de l’élève …

Aujourd’hui afin de mieux se préparer à affronter la concurrence planétaire, et de soigner leur(s) avantage(s) comparatif(s), l’Allemagne réinvestit dans son système d’enseignement,  d’encadrement de la jeunesse et sa politique familiale !

Voilà de quoi faire méditer nos dirigeants, d’autant que nous allons dans les prochaines semaines, beaucoup entendre parler de convergence franco allemande, dans le but de faire disparaître le trop fameux bouclier fiscal, sans que la majorité actuelle ne perde la face pour autant, ce qui parait tout de même difficile sur le sujet  !

Revenons sur les principaux sujets abordés par nos amis allemands et les conclusions, à porter ou non, concernant l’évaluation PISA ?

 

 

Les élus allemands nous ont surtout interrogé sur l’organisation péri scolaire, le cout d’une journée d’élève et la charge financière et logistique représentait pour les collectivités par ces structures.
Ils ont découvert avec surprise lors de leur visite, les réfectoires et cantines équipant collège et écoles comme  les services proposées aux familles, notamment l’amplitude des services d’accueil péri scolaire en place sur la commune : 7h / 19h.

En écoutant les différents intervenants (Inspectrice de l’Education Nationale, élus, responsables sociaux), ils ont perçu l’importance, mais aussi les difficultés du travail de réseau entre les différents acteurs et ce que cette organisation nécessite comme complémentarité, concertation et sens du compromis.
Ils se sont déclaré impressionné par l’intérêt pour les familles, mais également la vitalité d’un pays et de son économie de disposer de telles structures, qui constituent une véritable clé de voute de la politique familiale. L’autre intérêt souligné et qu’elles favorisent également le développement du travail des femmes.

A l’analyse, la politique familiale issue de la seconde guerre mondiale avec l’apport notamment du Conseil National de la Résistance apparaît comme une chance considérable pour notre pays, un véritable avantage comparatif à ne pas sous estimer et à sauvegarder absolument comme un facteur important de dynamisme.

 

PISA

Concernant PISA, bien des avis diffèrent, vu la difficulté à comparer des systèmes éducatifs différents, animés de philosophies et d’objectifs tout aussi différents à un moment « T ». L’enquête menée par l’OCDE propose d’évaluer régulièrement, tous les 3 ans, des compétences d’un échantillon représentatif des élèves de 15 ans dans trois domaines : compréhension de l’écrit, culture mathématique, culture scientifique.

Au cours du premier cycle d’évaluation (2000 à 2006), plus d’un million d’élèves ont été évalués à l’aide de tests écrits, prise d’information complétée par divers apports complémentaires (élèves, chefs d’établissements) sur la base de  questionnaires permettant d’établir les liens de causalité entre performances relevés et environnement des élèves, notamment informatique.

Première interrogation : l’âge de 15 ans marque t’il un palier ou la fin de la scolarisation ?
Ce débat est tout sauf théorique, cet âge marquant dans la plupart des pays de l’OCDE, la fin de la scolarité obligatoire. PISA est centré non sur la qualité des acquis des élèves dans la perspective d’une poursuite d’études, mais sur leur aptitude à appréhender de manière autonome les situations de la vie de tous les jours. Mais peut on réduire la finalité d’un système éducatif à un socle minimum à atteindre à 15 ans, la question mérite d’être posée ?

Deuxième interrogation : quel socle commun évalué ?
PISA n’évaluent que des compétences communes correspondant aux  «compétences et qualités générales utiles à tout citoyen européen pour réussir dans sa vie quotidienne ». Ces dernières évoluent cependant en fonction du développement de notre société, qui est tout sauf statique (au développement d’une compétence clé peut s’opposer la nécessité de cultiver également une compétence  «opposée» ou différente), la vérité d’un jour n’étant pas celle forcement du lendemain.
Ce débat peut paraître artificel mais il est central, notamment au niveau de la définition des compétences génériques à développer et au rôle de plus en plus déterminant des savoirs (savoir être, savoir faire) et habiletés (terme canadien) dans les apprentissages spécifiques permettant d’accomplir les tâches les plus complexes.
Remarque essentielle, l’approche pédagogique des compétences transdisciplinaires (ou « cross-curricular competencies ») est surtout développé de manière inductive, on ne peut les évaluer par écrit !

Troisième interrogation : Quelle finalité ?
Beaucoup reprochent à cette étude de susciter et encourager l’esprit de compétition entre pays, à partir des standards du seul développement politique et économique préconisé par l’OCDE.
Les besoins immédiats de la société actuelle sont-ils adaptés pour autant aux capacités de cette société à faire face aux défis du présent et surtout du futur ? Vaste débat car l’éducation est également un investissement à moyen terme sur le futur …

Quatrième interrogation : Portée de l’analyse comparative ?
Nous devons demeurer prudent sur l’analyse comparative des résultats de ces enquêtes (« comparaison n’est pas raison ») et ne comparer que ce qui peut l’être, en tenant compte des disparités  entre les systèmes éducatifs et pays.
Si l’enquête PISA possède son lot de détracteurs, reconnaissons cependant qu’une telle évaluation permet de dégager de vraies tendances, ce qui est un des rôles dévolu à  toute évaluation. Ayant eu l’honneur de travailler avec Claude Thelot au sein de la « Division de L’Évaluation et de la Prospective » au Ministère de l’Éducation Nationale, je suis persuadé qu’en matière d’éducation, l’évaluation est non seulement utile , mais nécessaire, encore faut il ne pas vouloir lui faire dire ce pourquoi elle n’a pas été créée ! Soulignons  que PISA n’évalue pas les élites, mais se concentre sur le plus grand nombre d’élèves disposant d’un « potentiel académique de base », l’enquête porte sur les plus faibles, ce qui est loin d’être inintéressant, et délimite le périmètre des actions correctives à mettre en place.

Cinquième interrogation : Où en sont la France et l’Allemagne ?
Chaque évaluation PISA met l’accent sur une compétence particulière : 2000 la lecture, 2003 les mathématiques. A partir de tests réalisés auprès de 400 000 élèves de 15 ans dans 57 pays en 2006, la dernière enquête PISA met l’accent sur la capacité des élèves à comprendre les problèmes scientifiques et leur résolution.

Force est de constater que les élèves finlandais sont une nouvelle fois en tête du classement, ce qui est loin d’être le cas des français. Si en 2003, nous étions à la 10e place pour les sciences, nous voilà désormais au 19e rang sur les trente pays de l’OCDE, un décrochage confirmé dans deux autres domaines étudiés depuis 2000, la compréhension de l’écrit (lecture) et les mathématiques. En attendant les résultats de l’enquête 2009.
Certains pays ont initié des réformes éducatives suite aux mauvais résultats obtenus. En Allemagne la réforme en cours est la conséquence directe du « choc PISA » déjà évoqué, avec l’adoption d’un programme fédéral qui s’étend progressivement dans tout le pays et la prise en charge des enfants l’après-midi, avec la participation des lands (d’où le voyage d’étude des Maires allemands).
Les résultats 2006, confirment une réelle progression même si ce pays n’a toujours pas rejoint la Finlande, (en tête du classement depuis 2000) il occupe le 8e rang des pays de l’OCDE, alors qu’il se situait en bas du classement en 2000 (20e) et en 2003 (15e).

Dans le même temps, la France recule …  les résultats de 2006 sont moins bons que ceux de 2001 et 2003 pour nos élèves. En sciences, la France passe du 10e au 19e rang, en lecture du 14e au 17e rang et en mathématiques, du 13e au 17e rang. Un recul qui devrait nous inciter la France, à l’image de ce qui s’est passé en Allemagne, à nous interroger sur les raisons de ces mauvaises performances .

Pourtant l’enseignement français était considéré comme l’un des meilleurs au monde (enquête internationale menée par L’IEA comme International Project for the Evaluation of Educational Achievement) en 1981-82, autant dire qu’il est plus que temps de réinvestir dans l’Education … A moins que cela ne devienne urgent après la publication des résultats PISA de 2009 !

Définition des termes démographiques (INSEE)

Le solde naturel (ou accroissement naturel ou excédent naturel de population) est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période..

Le taux de fécondité est le nombre d’enfants nés vivants des femmes au cours de l’année, rapporté à la population moyenne de l’année des femmes de même âge. Par extension, le taux de fécondité est le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année à l’ensemble de la population féminine en âge de procréer (nombre moyen des femmes de 15 à 50 ans sur l’année).

Le taux de natalité est le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année à la population totale moyenne de l’année.

Marianne, ton école va mal (1)

 

Doisneau_07.jpgLe malaise dans l’Education Nationale s’étend et touche désormais de plein fouet les Lycées, illustration supplémentaire de la grave crise traversée par le système scolaire dans son ensemble, dont ce blog s’est déjà fait l’écho avec les mesures gouvernementales concernant l’enseignement primaire.

Avant de décrire la situation dans une prochaine note d’un Lycée parmi d’autres, symptomatique des problèmes affrontés actuellement qui amènent les équipes de nombreux établissement de l’académie de Créteil à se mettre en grève, quelques remarques de portée générale.

La violence croissante, désormais publique, qui fait depuis quelques semaines la une des médias, n’est que la conséquence logique et malheureusement prévisible de décisions à courte vue, prises pour des raisons comptables, sans aucune vision et visée stratégique.
Selon Alternatives Economiques, en 2004 : 50 000 personnes étaient chargées d’encadrer lycéens et collégiens (sous différents statuts), en 2008 ils n’étaient plus que 28 000, quasiment moitié moins, cherchez l’erreur, la situation relationnelle entre élèves, parents d’élèves et institution ne s’étant pas amélioré  …
Vu la proximité des élections, certains ministres, candidats eux mêmes aux régionales, certainement effrayés par l’impact médiatique de tels évènements (ils font désordre …), ont tenté d’allumer un contre feu en relançant  la question de la vidéo surveillance. Objectif simple : mettre dans l’embarras les exécutifs régionaux actuels, mais force est de constater qu’ils ont fait choux blanc, les citoyens n’étant pas dupes. Sans entrer dans un débat qui n’en est plus un depuis longtemps, encore faudrait il que ces Lycées,  dont de nombreux sont équipés déjà de tels équipements, disposent  dans le même temps du personnel nécessaire afin de visionner les images et intervenir de manière adaptée si besoin s’en fait sentir ! Nous en sommes effectivement à ce point, c’est dire …

Quoiqu’en dise nos ministres, la question des moyens est centrale, en terme quantitatif, mais également qualitatif, que ce soit au niveau de la médiation avec des élèves de moins en moins réceptifs et en révolte croissante, ou de l’enseignement en lui même : dédoublements, individualisation des parcours, étérogénéité des parcours … Nous sommes à des années lumière du « coaching individualisé » prôné et défendu par les élus les plus éminents de la majorité présidentielle  lorsqu’ils abordent les questions de « l’employabilité » (expression barbare s’il en est) des publics fragilisés. A chacun sa vérité du moment !

Ce ne sont pas les mesures supprimant les périodes de formation des futurs professeurs devant les élèves qui arrangeront la donne ( erreur évidente condamnée de tous les spécialistes), loin s’en faut. Il existe de fausses économies, lourdes de conséquences pour l’avenir, et à contrario d’autres à réaliser … Afin d’être constructif et d’apporter ma pierre à la recherche nationale en matière d’économies, grande cause nationale 2010, je pense qu’il serait bon d’explorer la piste des sondages d’opinion du Palais Présidentiel (voir note précédente).

La part du produit intérieur brut consacrée aux dépenses d’éducation ne cesse de diminuer. Elle était de 6,6% en 2008, contre 7,6% en 1996. Il manque aujourd’hui environ « 20 milliards d’euros pour que l’effort de la nation soit équivalent à ce qu’il était il y a quinze ans, soit 15% du budget actuel » (Alternatives Economiques).
Pourtant 16 000 suppressions nouvelles de postes sont encore annoncées cette année pour l’Education nationale (sur les 30 000 annoncés de la fonction publique) la situation promet d’être explosive sous peu !

Ce qui serait grandement dommageable, car …

 

Au regard de  la mondialisation, le choix gouvernemental est discutable et ne sera pas sans incidence sur notre devenir économique, culturel et social. Si certains pensent que les deux variables d’ajustement principales sur lesquelles il faut agir pour être compétitif est le prix du travail et celui de l’Education,  ils risquent fort de déchanter très vite et nous avec !

Rappelons un principe simple : pour produire de la valeur ajoutée,  notre pays et nos entreprises doivent disposer d’infrastructures qui fonctionnent (énergie, mobilité, communication), de populations en bonne santé et bien formées. Paradoxalement les politiques publiques donnent à nos économies un avantage concurrentiel déterminant, et sont également synonyme de puissance économique !

Certes l’Education doit se réformer, continuellement, afin de pouvoir répondre aux défis et aux évolutions d’une société en mouvement et  de permettre à chaque citoyen d’évoluer et progresser dans son parcours professionnel. J’observe sur ce sujet que la formation continue elle même des enseignants, point central s’il en est pour une institution dont c’est la vocation, est toujours aussi problématique et mal planifiée. Faut il souligner que pour un pays évolué telle que le notre, l’éducation est avant tout un investissement pour le futur avant que d’être une charge, une sorte de « grand emprunt immatériel ».

Le vrai moteur d’une réforme ambitieuse de l’éducation, son objectif majeur doit être l’amélioration de la formation de nos citoyens et son adaptation aux besoins émergents et actuels de notre société, quitte bien évidemment,chacun en conviendra, à en diminuer la charge financière pour la collectivité ! Mais le moteur d’une pseudo réforme ne peut être en aucun cas, la réalisation à court terme pour des raisons idéologiques et dogmatiques, de petites économies, de toute façon insuffisantes, qui auront sur le terrain des conséquences catastrophiques à contrario de toute idée de vraie réforme. L’addition pour la collectivité n’en sera que plus lourde et les conséquences gravissimes, tant pour l’économie nationale que pour notre cohésion sociale, c’est bien de cela qu’il s’agit …

Du lien de causalité en matière d’éducation

exam_correction.JPGQuelquefois une ouverture de classe proposée par l’Inspection Académique peut être ressentie amèrement par la Communauté éducative locale; cela peut sembler paradoxal mais c’est pourtant  le cas, après la proposition de réouverture définitive faite ces derniers jours pour une  école ayant subi à la rentrée une fermeture définitive de classe (pour seulement quatre élèves)…
Décision se révélant catastrophique au fil des jours pour les élèves  : l’ensemble des classes de l’école à double niveau, des absences d’un enseignant remplacées par une kyrielle de remplaçants, eux mêmes quelquefois absents … Illustration : depuis septembre, une classe a eu jusqu’à 8 professeurs différents ! Autant dire que les conditions ne sont pas réunies pour permettre à ces élèves de suivre une scolarité normale !

J’ai écrit à l’Inspecteur d’Académie afin de lui faire part des inquiétudes légitimes suscitées par ces conditions de scolarité, issues d’une mesure de carte scolaire discutable. Cette réouverture était selon nous, prévisible au regard de l’évolution des effectifs, ce qui ne fait qu’amplifier l’impression de gâchis, le terme n’est pas trop fort, inspiré par cette année. Réouverture dont nous avions indiqué la trés forte probabilité lors de nos multiples entretiens avec les services académiques, I’inspecteur d’Académie puis le représentant du Ministre afin de les convaincre.

Je ne peux que constater aujourd’hui avec amertume les conséquences de cette décision et en évaluer les dommages. Elle a gravement impacté la qualité de l’enseignement prodigué dans une école jusque là sans souci, une dynamique d’équipe est cassée, l’enseignante en poste a été déplacée dans un autre établissement malgré un investissement personnel conséquent non seulement auprés de ses élèves mais de l’école. Nous espérons avec les parents, sans trop y croire,  qu’une telle année n’aura pas de conséquences négatives sur la scolarité future de leurs enfants.

Situation à des années lumière des objectifs officiels (et théoriques) de réussite affichés par le Ministre lors de ses points presse. Ici point de communication médiatique, le principe de réalité prévaut et il est brutal !

Certains parents d’élèves et enseignants, chacun peut comprendre leur désarroi, parlent de « casse généralisée » de l’école publique. Soulignons dans le même temps  le travail remarquable et la conscience professionnelle exemplaire des enseignants de cette école qui exercent leur mission sans coup férir depuis septembre dernier, malgré des conditions matérielles et morales plus que délicates et qui honorent leur institution.

Analyse, cette fois ci plus politique. Il existe bien un lien de causalité direct entre suppression de postes au niveau national et situation locale, ceux qui pouvait en douter, en sont désormais convaincus. Il faut dénoncer le double langage d’élus qui devant les parents d’élèves sont « scandalisés » de telles fermetures, alors que dans le même temps ils soutiennent les mesures de suppressions de postes décidés au niveau national, qui sont pourtant directement à l’origine d’une telle fermeture et des problèmes de remplacement constatés ! Un gand écart idéologique dont certains sont coutumiers, la démagogie n’a quelquefois pas de limite …

Je déplore que la question de l’éducation fasse l’objet d’une contreverse dogmatique et politicienne, il en va pourtant de l’avenir de notre pays. Il faut réformer bien sur, mais pour améliorer l’efficacité d’un système, pas pour réaliser de fausses économies qui à teme se révèleront négatives pour le pays, y compris et surtout au niveau économique. Autant l’education nationale ne doit pas être un tonneau des Danaïdes, autant elle doit être considérée pour ce qu’elle est, un investissement pour le futur.
Je constate avec intérêt l’évolution de groupes de réflexion tel l’institut Montaigne, pourtant classée trés à droite et plutôt catalogué comme chantre du néo libéralisme (bien qu’une révolution culturelle se déroule sous nos yeux, au regard de la crise que nous traversons) qui dans une étude consacrée aux ZEP, démontre l’acuité des problèmes rencontrés au quotidien dans les écoles : « Il y a urgence. Sans égalité assurée très tôt au quotidien, et dès l’école primaire, la société française risque de s’étonner encore longtemps des maux dont elle souffre aujourd’hui » …

Une telle conclusion me va, c’est dire ! Elle démontre l’importance et la légitimité de combats visant à soutenir l’activité de structure comme celui du RASED ou de protester contre des suppressions de classe pour deux à quatre élèves manquant selon le département dans lequel ils vivent et les dotations de postes glanées par l’Inspection Académique chaque année.

L’institut Montaigne ira t’il jusque là dans son aggornamiento politique ?

 

Permetttez moi sinon d’en douter du moins de l’espérer …